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L'APÔTRE JEAN (6)
 
 
LE DISCIPLE QUE JESUS AIMAIT
 
 
            Comme nous l'avons vu, Jean ne se nomme jamais dans son évangile. Mais il est clair que « l'autre disciple » est la même personne (20 : 2) que « le disciple que Jésus aimait », celui qui a écrit l'évangile (21 : 24).
            Jésus a-t-il aimé Jean plus que les autres ? Aucun des disciples ne pouvait le ressentir. Tous étaient aimés du même amour. Jean était pénétré de l'amour du Seigneur pour lui : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ». Comment a-t-il pu m'aimer, moi, Boanergès, l'intolérant, qu'il a dû maintes fois reprendre ? Jean est confondu de ce que Jésus l'aimait. Marie de Béthanie aussi avait été pénétrée de cet amour. Paul à son tour parle du « Fils de Dieu qui m'a aimé » (Gal. 2 : 20).
            N'avons-nous pas encore compris qu'aujourd'hui Jésus nous aime du même amour, malgré nos faiblesses, nos caractères, nos inconséquences, nos manquements ? Et cet amour ne change jamais.
            L'amour véritable, l'amour du Seigneur ne cherche pas son propre intérêt, comme l'amour d'Isaac pour Esaü parce que le gibier était sa viande, ou de Rebecca pour Jacob parce qu'il aimait habiter les tentes.
            « Nous, nous aimons parce que Lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4 : 19). La louange s'élève vers « Celui qui nous aime... à lui la gloire… » (Apoc. 1 : 5-6).
 
 
               1. A la table de la Pâque (Jean 13 : 23-27)
           
                        Les douze étaient là. Jean tout près de Lui. Judas aussi (puisque Jésus lui a tendu le morceau). D'un côté l'amour, de l'autre la haine. Pierre est plus éloigné. Déjà, dans son coeur, il pense beaucoup plus à son amour pour son Seigneur, qu'à l'amour du Seigneur pour lui (13 : 37). Sa confiance en lui-même le conduira au reniement.
                        Jean dit : Seigneur, lequel est-ce ? Dans un autre évangile (Matt. 26 : 25) Judas dit -Est-ce moi, Rabbi ? « Nul ne peut dire Seigneur Jésus, si ce n'est par l'Esprit Saint » (1 Cor. 12 : 3).
                        Le traître avait marché trois ans avec le Fils de Dieu sur la terre. Quelqu'un parmi nous a-t-il seulement l'apparence d'être à Lui ? Jésus en est profondément troublé dans son esprit (v. 21). Et, chose terrible, « après le morceau, alors Satan entre en lui ». Le Seigneur Jésus l'avait dit : Il eût mieux valu pour cet homme qu'il ne fût pas né. Judas sort aussitôt dans la nuit profonde, dans la nuit éternelle.
                        Quel soulagement lorsqu'il est parti (v. 31) ! « Maintenant le fils de l'homme est glorifié ». Sa gloire morale va briller tout spécialement à la croix :
 
                                     Dans la honte a brillé ta gloire
                                     Sur la croix.
                                     A toi, Jésus, fut la victoire
                                     Sur la croix.
 
                        Dans les autres évangiles, Jésus institue alors un nouveau mémorial. Il avait « fort désiré » de manger la Pâque avec ses disciples, mais ce désir allait certainement au-delà, vers le repas qui pendant les siècles de son absence parlerait de tout son amour : « Ceci est mon corps... donné pour vous... Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang... versé pour vous » (Luc 22 : 19-20). Répondrons-nous : « Le désir de notre âme est après ton Nom et après ton souvenir » ? (Es. 26 : 8)
                        Dans l'intimité où il se trouve avec Jésus, sur la poitrine duquel il s'est même penché, quels sentiments profonds remuent le coeur de Jean ! L'amour de Jésus va-t-il vraiment jusqu'à donner son corps, jusqu'à verser son sang ? Dans quel but ? Soixante ans plus tard, l'apôtre écrira : « Le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché » (1 Jean 1 : 7).
 
 
               2. Chez Caïphe (Jean 18 : 15-16)
    
                        Simon Pierre et « l'autre disciple » ont suivi Jésus jusqu'au palais de Caïphe. Jean, qui est connu du souverain sacrificateur, entre avec Jésus dans la cour. Pourquoi n'est-il pas appelé ici le disciple que Jésus aimait, mais simplement l'« autre disciple » ? (dans l'original, sans article au v. 15 ; pourtant on a tout lieu de penser que c'était bien Jean, au v. 16 avec article). Il entre ; Pierre se trouve devant la porte fermée (18 : 16). Jésus l'avait averti qu'il allait Le renier. Dieu plaçait cet obstacle sur le chemin de la chair. Fallait-il forcer cette porte ? On peut avoir de bons désirs, et Dieu permet qu'une porte se ferme, qu'une perspective n'aboutisse pas. Ne faut-il pas l'accepter de sa main jusqu'à ce qu'il en ouvre une autre ou l'ouvre quand même ?
                        Jean croit être obligeant envers son ami en utilisant ses relations pour lui faire ouvrir la porte ; sans le vouloir (il avait pourtant entendu Jésus avertir Pierre), il lui rend involontairement un mauvais service en l'exposant à une chute. Simon a négligé l'obstacle que la providence divine avait placé sur son chemin ; sûr de lui, il entre, et devra apprendre amèrement à ne pas se confier dans la chair.
                        Jean semble bien être resté dans la cour et avoir assisté au reniement. Il n'en dit rien et décrit la défaillance de son compagnon dans des termes aussi brefs et simples que possible (18 : 25-27), au contraire de Marc qui en souligne la gravité.
 
 
               3. A la croix (Jean 19 : 26-27)
    
                        « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère ». Dans ce lieu, où de tous côtés règne la haine, l'amour ne manque pas : l'amour du Rédempteur qui donne sa vie ; l'amour aussi de l'Homme parfait qui pense à sa mère ; l'amour de la mère pour son fils qui va mourir. Lors de sa naissance, elle l'avait déposé dans la crèche ; maintenant, avec tout son coeur maternel, sans peur, elle est venue et se tient debout devant la croix. Siméon avait dit : « Une épée transpercera ta propre âme » (Luc 2 : 35) ; l'épée est là ! Sa soeur l'accompagne, puis Marie de Magdala, si attachée à son Seigneur que, ressuscité il apparaîtra à elle premièrement. D'après Marc, Salomé, la mère de Jean, est présente : l'heure de la gloire du royaume n'est pas venue, mais celle de la honte, de l'opprobre, de cette mort horrible entre deux brigands. D'autres femmes les accompagnent ; elles avaient suivi Jésus et l'avaient servi lorsqu'il était encore en Galilée ; aussi longtemps qu'elles l'avaient pu, elles avaient eu à coeur d'être avec lui, de l'assister de leurs biens. Mais maintenant... Seul des disciples, Jean s'est joint au petit groupe. Jésus, qui a déjà promis le paradis au brigand repenti, se met de nouveau à parler : « Femme, voilà ton fils ». Puis il dit au disciple : « Voilà ta mère ». Les liens terrestres vont se dénouer par la mort. « Si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi » (2 Cor. 5 : 16). La mère de Jésus va-t-elle rester seule ? La tendresse du Seigneur la confie au disciple qu'il aimait, qui la prend chez lui (selon toute apparence il n'était pas marié). Un nouveau lien se forme entre ceux qu'il aime : c'est la famille de Dieu, qui sera tout particulièrement le sujet du ministère de Jean. Dans cette relation nouvelle, un fils est confié à une mère, quand l'Autre s'en va.
                        De qui les deux vont-ils parler, sinon de Celui que leur coeur aime ? Marie peut rappeler tant de choses depuis l'apparition de l'ange : « Tu appelleras son nom Jésus... l'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre ; c'est pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1 : 31, 35) ; tout le déroulement de la naissance, la fuite en Egypte, le retour à Nazareth, la Pâque à Jérusalem, l'humble atelier du charpentier. Et Jean sans doute peut relater tant de souvenirs des trois années passées avec son Maître et de la transformation que Son amour a opérée en lui.
                        Le petit groupe se retire en arrière pendant les heures de ténèbres et « se tient loin, regardant ces choses » (Luc 23 : 49). Ils auront pourtant entendu, avec soulagement, Jésus dire : « C'est accompli », et, l'oeuvre achevée, remettre son esprit à son Père.
 
                                     Que ta mort, ô sainte Victime,
                                     Sois toujours présente à nos yeux !
                                     Ton sang a lavé notre crime,
                                     Seul, ton sang nous ouvrit les cieux.
 
 
               4. Au sépulcre (Jean 20 : 2-10)
    
                        Il fait encore nuit quand Marie de Magdala vient au sépulcre, voit la pierre ôtée, et tout effrayée court vers Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait : « On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l'a mis ». C'est le premier jour d'une nouvelle semaine, le premier jour d'une nouvelle ère, celle de la grâce. Le sabbat de la Loi fait place à la journée « dominicale » (Apoc. 1 : 10) qui appartient au Seigneur.
                        Malgré le reniement de Pierre qu'il connaît, Jean ne va seul au sépulcre ; il ne laisse pas de côté son frère coupable. Ils courent les deux ensemble. Il va plus vite que Pierre, et le premier, s'étant baissé, voit les linges à terre. Ici, voir c'est simplement regarder. Au verset 6, Pierre considère de près ces linges et le suaire plié à part. Au verset 8, Jean regarde attentivement. Les linges sont intacts, ce ne sont pas les bandes de Lazare qu'il faut « délier » (11 : 14). Comme Jésus est sorti du tombeau sans que la pierre soit roulée - l'ange l'a fait pour démontrer que le sépulcre était vide. 
                        Jean a vu et suivi l'Agneau de Dieu. Pendant des années il a entendu et contemplé et touché... Il a vu son Maître sur la croix. Mais quand il voit de près le tombeau vide et les linges, il croit. Jusque-là, il ne connaissait pas l'Ecriture qu'il devait ressuscité d'entre les morts. L'absence du corps est une révélation. Ce n'est plus un corps mort que l'on va chercher, comme Marie de Magdala ; mais dans son coeur profondément, sa foi saisit qu'il est ressuscité. L'épanouissement se poursuit... jusqu'à ce que la venue du Saint Esprit l'achève.
                        Marie de Magdala reste au sépulcre, dans le deuil et les pleurs ; tout va changer quand, dans la gloire de ce matin, une voix aimée lui dit : Marie ! Elle se retourne, elle Le reconnaît, elle reçoit le message : Va vers mes frères et dis-leur... Mais Marie, avant de transmettre aux disciples les paroles de Jésus, laisse éclater la joie qui remplit son coeur : « Elle a vu le Seigneur » (v. 18).
                        Et le même soir, portes fermées, Lui-même vient et se tient au milieu d'eux. Jean, avec les autres, se réjouit quand il vit le Seigneur.
 
 
               5. La deuxième pêche miraculeuse (Jean 21 : 2-7)
    
                        Les disciples sont allés de Jérusalem à la mer de Tibérias, en Galilée. Ils sont sept, cinq sont nommés, deux autres les accompagnent. « Je m'en vais pêcher », dit Pierre. Eux de répondre : « Nous allons aussi avec toi ». On va reprendre l'ancien métier : nous aurons ainsi la nourriture dont nous avons besoin. Ces pêcheurs expérimentés, cette nuit-là ne prirent rien !
                        Dans l'aube du matin, Jésus se tient sur le rivage et les interpelle : « Petits enfants... » (cf. 1 Jean 2 : 18) : ils ont encore beaucoup de progrès à faire ! Toute l'affection du Sauveur se montre dans cette question : « Avez-vous quelque chose à manger ? ». Il faut confesser : Non. On était parti à la pêche sans lui, même en l'oubliant, et l'on n'a rien pris !
                        A sa parole, comme autrefois (Luc 5), ils jettent le filet, qui s'emplit d'une quantité de poissons. L'amour de Jean reconnaît alors son Seigneur, non d'après son aspect physique, mais parce qu'il a parlé à son coeur. C'est « le même Jésus » qui autrefois a fait déborder leur filet, et maintenant va les nourrir : « Venez, dînez » (v. 11). Au bord du Jourdain, il avait dit, dans une toute première étape : « Venez, voyez » (1 : 40). Et ils avaient « vu ».
                        C'est là que Jésus va opérer la restauration publique de Simon.
 
 
               6. Suivre Jésus (Jean 21 : 20-25)
           
                        En l'avertissant au soir de la nuit fatale, Jésus avait dit à Simon : « Tu ne peux pas me suivre maintenant ». Depuis lors, Pierre a appris à juger sa confiance en lui-même, il a pleuré, Jésus l'a restauré, d'abord seul à seul, puis publiquement. Il conclut l'entretien en lui disant : « Suis-moi » (21 : 19). Maintenant Pierre peut suivre : c'est la grâce ! Quand le Saint Esprit sera descendu sur lui, avec puissance il présentera l'évangile.
                        Mais voilà, Pierre « se retourne » ; il voit suivre le disciple que Jésus aimait, mentionné pour la cinquième fois. « Seigneur, et celui-ci que lui arrivera-t-il ? ». Au lieu de « suivre », Pierre se préoccupe des autres. Et celui-ci ? Et celle-là ? N'est-ce pas souvent notre attitude ? Au lieu d'avoir « les yeux fixés sur Jésus », on regarde à droite et à gauche, on est occupé de la manière dont son frère ou sa soeur marche, si même on ne les critique pas.
                        Pierre a encore une leçon à apprendre. « Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? Toi suis-moi », lui dit le Seigneur. « Sois attentif à toi-même », dira Paul à Timothée (1 Tim. 4 : 16). Maintenant Pierre ne suivra plus dans la conscience de ses capacités propres, mais par amour pour le Sauveur qui lui a pardonné et l'a restauré.
 

            En considérant encore une fois les cinq occasions où Jean est appelé « le disciple que Jésus aimait », demandons-nous quel réconfort elles ont représenté pour le coeur du Seigneur lui-même.
 
            La première mention est à la table de la Pâque : « L'un d'entre ses disciples, que Jésus aimait était à table dans le sein de Jésus » (13 : 23). Jésus connaissait bien le coeur des autres, en particulier de Pierre et de Judas ; quel baume pour le sien d'avoir ainsi tout près de lui « l'un d'entre ses disciples », tandis qu'il doit dire : « L'un d'entre vous me livrera ».
 
            La seconde occasion se passe « près de la croix de Jésus » ; « le disciple qu'il aimait se tient là » (19 : 25-26). Où se trouvent les autres ? Quelle consolation pour le coeur du Crucifié dans ces heures terribles de pouvoir confier sa mère à un tel ami.
 
            Marie de Magdala vient tout éplorée « vers l'autre disciple que Jésus aimait » et parle du sépulcre vide. Jean a sous les yeux la preuve de la résurrection. Pourtant il rentre « chez lui ». Il a « vu et cru ». Mais il faudra le rassemblement de la soirée, et Jésus au milieu, pour qu'avec les autres, il puisse se réjouir en voyant le Seigneur, et certainement réjouir Son coeur.
 
            Jésus ressuscité se « manifeste » aux disciples (21 : 1). Ressuscité, il ne se « présente » pas, mais se « manifeste ». Qui va le reconnaître ? Quelle joie pour Lui d'entendre le disciple qu'il aimait dire : « C'est le Seigneur ».
 
            Quand enfin l'évangile va se clore, de lui-même, sans y être appelé, « le disciple que Jésus aimait » se met à Le suivre. Quelle joie pour Son coeur !
            Nous aimons à penser - et c'est très bien ainsi - aux soins du Seigneur pour nous. Pensons-nous assez à ce qui dans notre vie peut réjouir le coeur du Seigneur ? La fiancée du Cantique des Cantiques dit d'abord : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui », pensant à son amour à elle pour lui, et ensuite au sien pour elle (2 : 16). Plus tard elle inversera les termes : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi », pensant d'abord à son amour pour elle (6 : 3). Enfin elle dira : « Je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi » : elle est toute à lui et ne pense qu'à son amour pour elle.
            Jésus s'éloigne. Jean le suit, et Pierre également (l'ascension n'est pas mentionnée dans ce livre). « Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et, où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » (12 : 26). Ainsi l'évangile se termine au seuil du ciel.
 
 
 
                                            G. André – extrait de la brochure : « L'apôtre Jean »