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« Amenez-moi un joueur de harpe » (2 Rois 3 : 15)
 
 
            A cause de la présence du péché dans ce monde, les enfants de la foi ont toujours trouvé la scène présente hostile à la vie spirituelle que la grâce divine a implantée en eux. L'atmosphère morale existant autour des hommes pieux ne favorise pas le caractère céleste ; la communion avec Dieu n'est pas aidée, au contraire. Par conséquent, l'âme du croyant, qui apprécie vraiment ces choses invisibles et éternelles qui lui appartiennent, doit se placer, autant qu'elle le peut, en dehors de son environnement existant. En 2 Rois 3, dans le récit que nous aimerions considérer, l'Esprit de Dieu place devant nous une leçon instructive à ce sujet.
 
            Joram (le roi d'Israël, fils du méchant Achab) préparait une expédition pour soumettre le roi de Moab qui s'était révolté contre lui. Il chercha la coopération de Josaphat, le roi de Juda, qui, accompagné de son vassal, le roi d'Edom, consentit à l'accompagner à la guerre. Quelle triste alliance pour Josaphat ! Tout serviteur de Dieu qu'il fût, c'était la troisième fois qu'il se laissait piéger par la communion avec un impie (1 Rois 22 : 10 ; 2 Chron. 20 : 35-37). Comme lors d'une occasion précédente, ayant encore des scrupules de conscience au sujet de ce qu'il envisageait de faire, Josaphat voulut chercher la pensée de l'Eternel en consultant l'un de ses prophètes. Les trois rois descendirent donc vers Elisée à Samarie. Le prophète dit sévèrement au roi d'Israël : « Qu'y a-t-il entre moi et toi ? Va vers les prophètes de ton père et vers les prophètes de ta mère ». Et il ajouta : « L'Éternel des armées, devant qui je me tiens, est vivant, que si je n'avais égard à la personne de Josaphat, roi de Juda, je ne te regarderais pas, et je ne te verrais pas» (2 Rois 3 : 13-14). Le prophète de l'Eternel fit ainsi une nette distinction entre Joram et Josaphat, même si ce dernier suivait à ce moment-là un chemin de désobéissance.
            « Et maintenant amenez-moi un joueur de harpe», demanda ensuite Elisée. Pourquoi ? La raison en est donnée aussitôt : « Et il arriva comme le joueur de harpe jouait, que la main de l'Éternel fut sur Élisée » (2 Rois 3 : 15). La présence du roi impie d'Israël était une offense à l'esprit d'Elisée. Il se sentait retenu et gêné par elle. La sainte atmosphère de communion avec Dieu dans laquelle le prophète était habitué à vivre était troublée par le fait même que Joram était devant lui. « La voix douce et subtile», caractéristique du ministère de grâce d'Elisée, ne pouvait pas être entendue au milieu du bruit des méchants (1 Rois 19 : 12). Il dut donc retrouver la sérénité dans son esprit, élever son âme hors de cet environnement hostile, afin de s'assurer de la pensée de l'Eternel. Le prophète était alors prêt à transmettre la communication divine au seul homme pieux qui l'appréciait : « Ainsi dit l'Éternel, ...» (2 Rois 3 : 16-19).
            Balaam n'a jamais connu une telle expérience. Nous savons qu'il a exprimé certaines pensées parmi les plus excellentes de l'Ecriture sainte, mais il a été simplement l'instrument d'une puissance supérieure à la sienne. Ses propres affections n'étaient nullement engagées dans le service; en effet, il aurait plus volontiers exprimé l'opposé de ce qu'il a été contraint de dire au sujet du peuple de Dieu, si Dieu le lui avait permis. Il est évident que la présence de l'impie ne l'affligeait pas ; ce devin (Jos. 13 : 22) n'éprouvait aucun besoin de s'éloigner de l'influence de l'environnement mauvais afin d'entrer dans la pensée de Dieu. Mais quand l'Eternel vint à sa rencontre, Il « mit une parole dans sa bouche, et dit : Retourne vers Balak, et tu parleras ainsi » (Nom. 23 : 16).
            Nous comprenons l'intérêt de l'attitude d'Elisée. Nous pouvons tous faire l'expérience jour après jour des nombreux obstacles à la communion avec Dieu dont ce monde est plein. « Les soucis de la vie » (Luc 21 : 34) ou « la tromperie des richesses » (Matt. 13 : 22) en affectent certains, même parmi les vrais saints de Dieu. Ils entravent leur marche, ils obscurcissent leurs yeux, ils pèsent sur leurs esprits. Ils maintiennent à un bas niveau spirituel, si on les laisse faire. Mais la foi sait fort heureusement s'élever au-dessus des influences environnantes, de telle sorte qu'elle goûte parfaitement son plaisir dans un Christ invisible. Une expérience merveilleuse fut accordée à l'apôtre des Gentils. Il ne se nomme pas, mais parle « d'un homme en Christ »,  qui a été ravi jusqu'au troisième ciel, pour y entendre des paroles qui ne pourraient probablement pas être communiquées aux hommes dans leur condition purement terrestre. Il fut alors si complètement soustrait au monde qui l'environnait, qu'il affirme par deux fois qu'il était incapable de savoir s'il était alors dans le corps ou hors du corps (2 Cor. 12 : 2). Tout en reconnaissant absolument l'élément miraculeux dans l'expérience heureuse de l'apôtre, n'y a-t-il pas là une voix pour nos âmes ? Ne fait-elle pas partie des choses qui sont écrites pour notre instruction ?
            La vie que nous avons en Christ est essentiellement céleste. Certes, nous ne pourrons pas jouir pleinement de cette vie avant de réaliser toute la pensée de Dieu à notre sujet, lorsque nous serons dans la maison du Père. Alors nos corps seront façonnés à la ressemblance du corps du Fils Premier-né, tout ce qui est mortel sera absorbé par la vie (2 Corinthiens 5 : 4). Mais dès maintenant, la vie éternelle est vraiment à nous ; beaucoup de déclarations divines nous en donnent l'assurance ! Pourtant, elle est un élément étranger dans ce monde ; nous avons donc besoin de vivre en esprit en dehors du domaine terrestre, si nous voulons apprécier en quelque mesure la riche portion spirituelle que Dieu nous a donnée dans son Fils.
            Les paroles de l'apôtre, en 1 Corinthiens 7 : 35, m'ont souvent fortement impressionné : « pour que vous vaquiez au service du Seigneur sans distraction ». Que connaissons-nous de cette exhortation qui suppose que l'âme vit par la foi dans l'enceinte du sanctuaire céleste ? Là, sans fardeau et sans souci, elle réalise de façon constante la communion avec le Seigneur. C'est le désir de l'Esprit pour nous tous. Il est le lien divin, toujours présent, entre nos âmes ici-bas et Christ là-haut. Ne veut-Il pas déjà nous faire entrer par la foi dans ces choses éternelles dont nous jouirons pleinement quand le Seigneur reviendra ?
 
            Ne pensons pas que ces réflexions soient de peu d'intérêt pour notre vie pratique de chrétiens sur la terre ! C'est dans l'occupation avec les choses invisibles que nos âmes recueillent la force pour toutes les circonstances du chemin ; c'est ainsi seulement que nos coeurs sont rendus joyeux au milieu de tout ce qui nous survient nécessairement dans un monde mauvais et une Eglise en ruine.
 
 
                                                                                   W.W.Fereday
                                                            (Truth for the Last Days, Vol. 4 - 1905, p.124.)
 
                                              
                        Vers toi, Jésus, vers ma patrie, je vais guidé par l'Esprit Saint ;
                                  
                        Cependant, le long de la route, fermant l'oreille à tout vain bruit,
                        En silence mon âme écoute la douce voix de ton Esprit.