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L'eau du puits de Bethléem
 
« Et trois des trente chefs descendirent et vinrent au temps de la moisson vers David, dans la caverne d'Adullam, comme une troupe de Philistins était campée dans la vallée des Rephaïm. Et David était alors dans le lieu fort, et il y avait alors un poste des Philistins à Bethléhem. Et David convoita, et dit : Qui me fera boire de l'eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte ? Et les trois hommes forts forcèrent le passage à travers le camp des Philistins, et puisèrent de l'eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte, et la prirent et l'apportèrent à David ; et il ne voulut pas la boire, mais il en fit une libation à l'Éternel. Et il dit : Loin de moi, Éternel, que je fasse cela ! N'est-ce pas le sang des hommes qui sont allés au péril de leur vie ? Et il ne voulut pas la boire. Ces trois hommes forts firent cela » 2 Samuel 23 : 13-17.
 
         Ce beau récit  est précédé de celui des grands exploits de trois hommes forts (Adino, Eléazar et Shamma), parmi les trente hommes forts de David. Il n'est pas certain qu'il s'agisse ici des mêmes hommes mais il n'est probablement pas utile de le savoir. Par contre, il est important de faire la différence entre leurs grandes actions et le service rendu à David en obtenant de l'eau du puits.
 
          Adino était chef parmi les capitaines. Son nom signifie « ornement. » Il avait sans doute obtenu cette position élevée par le  crédit qu'il avait auprès du roi, car il avait attaqué avec succès huit cents ennemis de David, en une fois (2 Sam. 23 : 8).
           Eléazar défia les Philistins le jour où les hommes d'Israël tournaient le dos. Il se leva et frappa l'ennemi. Quand la victoire fut assurée, le peuple d'Israël, qui avait laissé Eléazar seul face à l'ennemi, « revint après lui », mais « seulement pour piller». L'Eternel opéra une grande victoire par Eléazar, et les Israélites en recueillirent les fruits (23 : 9-10).
            Shamma est connu pour s'être placé au milieu d'un champ de lentilles et l'avoir sauvé, le jour où les autres fuyaient (23 : 11-12).
             Dans les combats du peuple du Seigneur, nous voyons ces différentes formes de service. Il y a des moments où le Seigneur appelle pour une attaque contre les forces de l'ennemi, comme l'a fait Adino. Il y a des occasions où il y a du butin à obtenir à travers le conflit, comme au jour de la victoire d'Eléazar. Il y a des occasions enfin où nous sommes appelés à tenir notre terrain et à le défendre contre l'ennemi, comme lors de l'exploit de Shamma.
 
             Combien ont été importants, en leur temps, ces exploits. Cependant, au jour de David comme encore aujourd'hui, une chose caractérise de telles actions : elles sont pour le bénéfice du peuple, aussi bien que pour la gloire du roi. Mais, avec les trois hommes forts qui puisèrent de l'eau du puits, nous avons une forme de service toute différente. Si les victoires précédentes avaient en vue la bénédiction du peuple, cette nouvelle action était entièrement pour le bénéfice du roi. Ces trois hommes forts « descendirent et vinrent au temps de la moisson vers David, dans la caverne d'Adullam » (23 : 13). Il semble qu'ils quittèrent le monde au jour de son abondance, pour s'identifier avec David au jour de sa pauvreté et de son opprobre.
               David était dans le lieu fort, pendant qu'un poste des Philistins occupait le lieu de sa première demeure. Alors, pensant au puits près de la porte de Bethléem (où il était certainement  souvent venu puiser dans sa jeunesse), le roi exprime le désir d'obtenir une gorgée de son eau rafraîchissante. « Qui me fera boire de l'eau du puits de Bethléhem, qui est près de la porte ? ».  Ce n'est pas un commandement qui demande l'obéissance, ce n'est pas non plus un appel au service, c'est seulement l'expression d'un désir profond. Et pourtant ce désir exprimé produit cet acte d'amour dévoué,  qu'aucun commandement n'aurait pu obtenir. Beaucoup auraient été prêts à risquer leur vie en accomplissant quelque service pour le bien de tout le royaume ; mais ces hommes vaillants furent prêts à affronter la mort dans le but de faire quelque chose qui était seulement pour la satisfaction du désir de David. Ils forcèrent le passage à travers le camp des Philistins, puisèrent de l'eau du puits et l'amenèrent à David. Cet acte de dévouement remplit de joie le coeur de David et il vit là un sacrifice dont seul l'Eternel était digne. Refusant donc de boire l'eau, il la répandit devant l'Eternel.
 
           Aujourd'hui, engagés dans ce combat spirituel que le chrétien fidèle est appelé à connaître (Eph. 6 : 10-20), nous pouvons à l'occasion expérimenter l'attaque contre les puissances du mal, obtenir même du butin de l'ennemi, et nous tenir sur la défensive dans le combat pour la vérité. Nous pouvons participer au « bon combat » (1 Tim. 1 : 18 ; 6 : 12), mais que connaissons-nous de ce service plus élevé qui fait quelque chose pour le coeur de Christ seul ? « Qui me fera boire... ? », interroge David. N'y a-t-il pas des occasions où nous pouvons donner quelque chose à Celui qui a tout donné pour nous ? A Béthanie, au jour du Seigneur, il a été fait quelque chose pour Celui qui avait tellement fait pour cette maison : « on lui fit là un souper » (Jean 12 : 2). Estimons-nous comme un privilège rare de pouvoir donner à Christ ce qui procurera de la joie à son coeur ?
           Le service de Marie n'avait-il pas ce caractère élevé, alors que six jours avant la Pâque elle oignit les pieds du Seigneur avec un parfum de grand prix et les essuya avec les cheveux de sa tête ? N'était-elle pas, en face de la haine des ennemis et des murmures des disciples, en train de rafraîchir le coeur du Fils de David méprisé et rejeté ? N'avait-elle pas su saisir ce moment fugitif pour honorer Celui contre lequel, à ce moment même, le monde conspirait avec une haine meurtrière ? Comme l'eau recueillie et préservée par les hommes dévoués de David, le parfum de l'onction de Marie monta devant le Seigneur comme une bonne odeur. Elle remplit toute la maison dans laquelle ils étaient.
             Les paroles de David : « Qui me fera boire… ? », ne sont-elles pas une faible anticipation de la dernière requête du Seigneur : « Faites ceci en mémoire de moi » ?
            Quand nous donnons satisfaction à une telle  demande, nous ne combattons pas les combats de l'Eternel, nous ne prenons pas de butin, nous ne défendons pas seulement la vérité, mais avant tout nous faisons quelque chose pour Christ. Nous remplissons son coeur en répondant à son amour. Que nous puissions mieux connaître ce que c'est que de « puiser de l'eau du puits » et la répandre devant le Seigneur pour la joie de son coeur.
 
                                                                                  D'après Hamilton Smith