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NOTES SUR LE LIVRE DU PROPHETE ESAIE (9)



D – PARENTHESE HISTORIQUE


            Les chapitres 36 à 39 forment un intermède historique intercalé dans la prophétie d'Esaïe. Outre l'importance, au point de vue pratique, des faits qui nous sont rapportés, ils ont également un caractère allégorique bien marqué.
            Les livres des Rois et des Chroniques relatent des événements qui se sont déroulés sous le règne du roi pieux Ezéchias ; le prophète nous en parle encore ici. Que Dieu se donne la peine de nous informer par trois fois des mêmes choses, en indique toute l'importance. Entre autres, Il veut nous faire connaître sa puissance en faveur de ceux qui, sentant leur misère et leur incapacité devant leurs adversaires, crient à lui et se confient en lui. Il éprouve leur foi, mais il est leur délivrance ; celle-ci est d'autant plus appréciée que ceux qui en sont les objets ont senti leur dépendance de Dieu plus absolue et entière. C'est lui qui délivre les siens de tous leurs ennemis, même du « roi des terreurs » (Job 18 : 14).

            Au point de vue allégorique, nous avons en figure, dans ce récit, la destruction de l'Assyrien des derniers jours, la mort et la résurrection du Fils de David et enfin le travail moral qui s'accomplira bientôt dans le coeur d'Israël lorsqu'il sera comme ressuscité et que tous ses péchés lui seront pardonnés.


            1- L'épreuve de la foi du roi Ezéchias : chapitre 36 

                      Ezéchias fut un roi fidèle dès le début de son règne. Il montra, par sa manière de faire, qu'il avait à coeur la gloire de l'Eternel. Au premier mois de la première année de son règne, il ouvrit les portes de la maison de l'Eternel et les fit réparer. C'est le premier acte qui est rapporté de lui dans le second livre des Chroniques (29 : 2-3). Mais voici soudain sa foi soumise à rude épreuve. Sankhérib, roi d'Assyrie, monte et prend les villes fortes de Juda. Il envoie de grandes forces contre Jérusalem. Le Rab-Shaké, qui les commande, se tient près de l'aqueduc de l'étang supérieur, sur la route du champ du foulon, un lieu bien connu des lecteurs du livre du prophète Esaïe. C'était là que le prophète s'était tenu avec son fils Shear-Jashub et avait fait entendre des paroles pleines de grâce à l'impie roi Achaz : « Prends garde et sois tranquille ; ne crains point, et que ton coeur ne défaille pas ! » (Es. 7 : 4). Cependant, ni lui ni le peuple n'avaient cru la parole de l'Eternel communiquée par la bouche du prophète. C'est donc dans cet endroit même que l'ennemi vient camper avec son armée et insulter l'Eternel et son roi pieux. Les paroles de paix, antérieurement prononcées par le prophète au roi infidèle, seront-elles de même adressées à son fils intègre ? Les serviteurs du roi jugent préférable que le peuple n'entende pas les paroles arrogantes du Rab-Shaké ; mais ils oubliaient que l'Eternel, lui-même, les entendait de sa demeure sainte. Si eux-mêmes n'avaient rien à dire, l'Eternel se chargeait de donner une réponse digne de Lui à l'insolent qui le méprisait, ainsi que son fidèle serviteur Ezéchias. Nous voyons ici la sagesse de ce dernier. Il commande, disant : « Vous ne lui répondrez pas » (v. 21). Il laisse à l'Eternel le soin de le faire.



            2 – L'humiliation d'Ezéchias et la délivrance : chapitre 37


                      Si le Rab-Shaké ne savait pas que l'Eternel lui-même entendait ses paroles, il ignorait aussi que ce même Dieu outragé par lui avait une maison à Jérusalem, la ville contre laquelle il campait avec son armée.
                      Ezéchias, au contraire, connaissait bien cette maison ; elle occupait une grande place dans la vie de ce roi pieux. Ceux qui aiment le Seigneur aiment aussi le lieu de la demeure de sa gloire. Au jour de la détresse, ils savent y trouver un sûr abri. A l'exemple du psalmiste qui avait désiré habiter dans cette maison tous les jours de sa vie, Ezéchias aurait pu dire : « Au mauvais jour, il me mettra à couvert dans sa loge ; il me tiendra caché dans le secret de sa tente ; il m'élèvera sur un rocher. Et maintenant, ma tête sera élevée par-dessus mes ennemis qui sont à l'entour de moi, et je sacrifierai dans sa tente des sacrifices de cris de réjouissance ; je chanterai et je psalmodierai à l'Eternel » (Ps. 27 : 5-6).

                      Ezéchias connaissait Celui qui habitait dans ce sanctuaire et il se réfugie auprès de lui dans sa détresse, vêtu de vêtements de deuil. C'est là qu'il va déployer la lettre de l'adversaire. Il connaît aussi la valeur de la prière : il envoie dire au prophète de faire monter une prière en faveur du résidu qui se trouvait encore à Jérusalem. Sa foi est fortifiée par la parole de l'Eternel avant même qu'Il intervienne en délivrance. Il en est toujours ainsi pour la foi. Ezéchias et les fidèles qui sont avec lui peuvent se moquer de leurs ennemis, les mépriser et secouer la tête contre eux. Ils voient leur destruction avant qu'elle ait lieu. Ezéchias n'a nul besoin de préparer des armes et des moyens de défense, car ce n'est pas à lui de combattre. Sa tête est déjà élevée au-dessus de ses ennemis, lors même qu'ils sont nombreux et puissants. L'Eternel intervient. Il les anéantit en grande partie dans une seule nuit et contraint ceux qui restent à se retirer, la honte au visage.
                      Sankhérib, battu, humilié, s'en retourne à Ninive pour y mourir ignominieusement par la main de ceux qu'il avait engendrés, dans la maison même de son dieu qui ne lui avait été d'aucun secours, un dieu bien différent de celui d'Ezéchias. Dans la maison de l'Eternel, celui-ci avait trouvé délivrance et consolation tandis que Sankhérib n'a rencontré que la honte et la mort dans la demeure de son dieu.

                      Au point de vue prophétique, nous avons ici une image de ce qui aura lieu à la fin des temps, quand le grand adversaire du peuple de Dieu sera anéanti par la main du Seigneur sous les murs de Jérusalem. Pour chacun, ces pages sont pleines d'encouragements et d'enseignements importants. Puissions-nous en faire notre profit !



            3- La maladie et la guérison d'Ezéchias : chapitre 38

                                    3.1 Ezéchias en face du « roi des terreurs »

                      Les deux chapitres précédents nous présentent Ezéchias ayant affaire au roi d'Assyrie ; dans celui-ci, il se trouve devant « le roi des terreurs » (Job 18 : 14).
                      Dans l'un et l'autre cas, il se tourne vers l'Eternel et, chaque fois, il est délivré par la puissante main de Dieu. Le voile du temple n'avait pas encore été déchiré à la croix. Le Fils de l'homme n'était pas encore sorti victorieux du tombeau et tous les hommes, même les plus fidèles, étaient pendant leur vie entière assujettis à la servitude par crainte de la mort (Héb. 2 : 15). Ils ne pouvaient pas encore pousser le cri de triomphe de la foi : « Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô mort, ta victoire ? » (1 Cor. 15 : 55). Sans aucun doute, ces âmes pieuses avaient la vie et elles ressusciteront, le sépulcre de Macpéla le proclame hautement. Mais l'Au-delà était, pour elles, un inconnu rempli de ténèbres. Un brigand, le premier, apprit que, le jour même où il quitterait son corps, il serait dans le paradis de Dieu (Luc 23 : 43), vérité aujourd'hui connue de tous les croyants.

                      Ezéchias avait été fidèle et pensait qu'il éprouverait une perte en quittant la terre des vivants. Pour lui, la mort était encore « le roi des terreurs ». En cette circonstance, se tournant vers Dieu, il est délivré et peut monter à la maison de l'Eternel comme il l'avait désiré (v. 22). Cette maison avait tant de prix pour lui ! Là, son coeur reconnaissant pouvait faire vibrer à l'unisson toutes les cordes de sa harpe.

                                    3.2 Double type présenté par la guérison d'Ezéchias


                      Cette scène de la guérison d'Ezéchias, considérée sous un autre aspect, nous présente un double type :

                                    - La résurrection de Christ d'entre les morts
                      Le Fils de David, qui, seul, avait été fidèle, doit mourir. Ne contemplons-nous pas ici les rayons de la gloire de notre Seigneur qui, avec de grands cris et avec larmes, a adressé des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort et qui a été exaucé à cause de sa piété ? « Sondez les Ecritures », a-t-il dit, « ce sont elles qui rendent témoignage de moi ». Il y a là un vaste sujet de méditation pour toute âme pieuse.

                                    - La résurrection nationale du peuple d'Israël
                      Nous avons certainement encore ici une image des exercices par lesquels le résidu fidèle devra passer à la fin des temps. Avant de pouvoir jouir de la bénédiction, il devra sentir dans son âme tout le poids de la mort, conséquence inévitable d'une loi violée, salaire du péché. IL devra en sentir toute l'horreur avant sa délivrance, comprenant alors que le Fils de David, son Messie, est venu en grâce subir les conséquences des transgressions de son peuple et en porter lui-même le châtiment. Ce résidu saisira le pardon de l'Eternel, qui a jeté tous ses péchés derrière son dos afin de redonner la vie à ceux qu'Il a rachetés, et il comprendra que jamais ceux-ci ne descendront dans le shéol. Alors ils loueront l'Eternel dans son temple, avec les instruments à cordes.

                      Les vivants, aujourd'hui, n'ont-ils pas dû traverser de semblables exercices de coeur pour exprimer les mêmes sujets de louange ?


            4- L'ambassade de Babylone : chapitre 39


                      Ezéchias entre en rapport avec un troisième roi, le roi de Babylone. Celui-ci ne se présente pas comme un ennemi, mais comme un ami, avec un présent et une lettre. Ezéchias s'en réjouit, mais, cette fois, il ne monte pas à la maison de l'Eternel avec cette lettre et s'abstient de la déployer devant Lui. Victorieux en présence du roi d'Assyrie et même de la mort, il succombe devant le roi de Babylone.
                      Ezéchias abandonne la glorieuse position qu'il avait maintenue jusqu'alors et descend au niveau de ceux qui ont leur part aux choses de ce monde. Il montre aux envoyés son arsenal qui ne lui avait été d'aucune utilité en présence de ses adversaires, leur fait voir aussi ses trésors dont il ne devait pas jouir bien longtemps ! (v. 2). Pourquoi ne leur a-t-il pas montré le cadran d'Achaz et ne leur a-t-il pas parlé des cent quatre-vingt-cinq mille Assyriens qui avaient été frappés sous les murs de Jérusalem ? Et pourquoi pas du Dieu puissant qui habitait dans Sa maison à Jérusalem ?
                      Les flatteries d'un roi étranger ont fait oublier à Ezéchias la dépendance de l'Eternel et celui-ci l'a abandonné pour un instant, afin de lui apprendre à connaître ce qui était dans son coeur. Si le monde vient comme un ami, il est plus dangereux que lorsqu'il vient avec toutes ses armées. Puissions-nous nous en souvenir !

                      Averti par le prophète, Ezéchias reconnaît que la parole de l'Eternel est bonne (v. 8). La paix et la vérité sont des trésors plus précieux que tous les biens destinés à être emportés à Babylone.