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APPRENDRE LE CHRIST (6)
 
 
 
 
Sa douceur et sa débonnaireté
 
           
            Douceur et débonnaireté sont des vertus peu prisées dans notre monde égoïste et dur ; on les attribue volontiers à de la faiblesse de caractère. Débonnaire a pris couramment le sens péjoratif de « bon jusqu'à la faiblesse ». La douceur dont Paul faisait preuve servait déjà de prétexte à certains Corinthiens pour le mépriser et pour déprécier son ministère. Aussi l'apôtre rappelle-t-il que ces traits, qu'il s'attachait lui-même à reproduire, étaient ceux du Christ lui-même. « Je vous exhorte par la douceur et la débonnaireté du Christ... », dit-il aux croyants (2 Cor. 10 : 1).
 
            L'Ancien Testament ne manque pas d'exemples remarquables pour illustrer cette belle vertu de la douceur.
            Moïse est désigné comme étant « très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre » (Nom. 12 : 3). Pourtant dans toute l'Ecriture, nous ne voyons aucun homme se mettre en colère aussi souvent que lui : chaque fois que les droits de Dieu l'exigent, son indignation s'exprime avec véhémence. En revanche, lorsqu'il s'agit d'une atteinte à sa propre dignité, ce serviteur sait se taire et s'effacer.
            David est, en sa génération, le « doux psalmiste d'Israël ». Que d'épisodes dans sa vie où brillent la débonnaireté et la douceur, souvent soulignées par l'attitude inverse des fils de Tseruïa, « trop durs pour lui » (2 Sam. 3 : 39 ; 16 : 9 …).
 
            Cependant chacun de ces hommes de Dieu  a eu ses défaillances. Moïse a tué un Egyptien ; plus tard, il a frappé par deux fois le Rocher auquel il aurait dû parler. David a été arrêté dans son expédition punitive contre Nabal...
            Pour nous le seul modèle infaillible est bien celui que nous a laissé Jésus, lui qui, « lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas d'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais s'en remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 13).
 
            Une telle douceur sait se taire : observer un mutisme et une surdité de circonstances (Ps. 38 : 12-15). En ce cas le coeur n'est pas muet : l'affligé « s'en remet à Celui qui juge justement ». « Car je m'attends à toi, Eternel ! Toi, tu répondras, Seigneur, mon Dieu ! » (Ps. 38 : 15). Il manifeste une entière soumission : « je suis resté muet, je n'ai pas ouvert la bouche, car c'est toi qui l'as fait » (Ps. 39 : 9). Tel fut l'Agneau de Dieu devant ses juges et ses bourreaux.
 
            La douceur sait aussi parler. « Une réponse douce détourne la fureur » (Prov. 15 : 1).
            Quand on insulte Jésus, l'accusant de chasser les démons par le chef des démons, comment répond-Il ? Très calmement, en montrant le non-sens de cette affirmation.
            Parfois aussi Il pose une question qui parle à la conscience :
                        - quand les Juifs ramassent des pierres pour le lapider : « Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres... pour laquelle me lapidez-vous ? ». Et il argumente en les invitant à croire (Jean 10 : 31-32).
                        - à ceux qui l'interrogent avec perfidie au sujet du tribut à César, Il répond : « Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ? » (Matt. 22 : 18)
                        - lorsque le traître Judas s'avance avec la troupe agressive : « Ami pourquoi es-tu venu ? » (Matt. 26 : 50)
                        - quand le souverain sacrificateur le presse de questions : « Pourquoi m'interroges-tu ? » (Jean 18 : 21)
                        -  lorsqu'un des huissiers lui donne un soufflet : « Pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18 : 23).
             Son but est toujours de nous amener à examiner nos motifs. N'est-ce pas là cette « douceur de la sagesse » recommandée par Jacques, laquelle devrait imprimer son cachet sur le langage et sur le comportement de chaque enfant de Dieu ?
 
            La douceur sait redresser celui qui « s'est laissé surprendre par quelque faute » (Gal. 6 : 1). Lorsque, dans un moment de découragement, Jean le Baptiseur envoie deux de ses disciples demander à Celui qui pourtant lui avait été désigné du ciel : « Es-tu celui qui vient ? » -c'est avec un tact infini que le Seigneur inclut dans sa réponse une discrète mais sérieuse répréhension (Matt. 11 : 2-6).
             La même délicatesse s'attache à faire pénétrer la leçon sans heurter la susceptibilité. Il fait précéder le reproche d'un appel à l'attention : « Simon, j'ai quelque chose à te dire » (Luc 7 : 40). Quand Pierre s'est engagé étourdiment vis-à-vis des receveurs des didrachmes, Jésus commence par l'interroger : « Que t'en semble, Simon... ? » (Matt. 17 : 24-27).
 
            Jamais Jésus n'insiste sur ses droits ; jamais il ne résiste au mal. Il met en pratique son propre enseignement (Matt. 5 : 39), en même temps que l'injonction de 2 Tim. 2 : 24-25 : « Il ne faut pas que l'esclave du Seigneur conteste, mais qu'il soit doux envers tous... ayant du support ; enseignant avec douceur les opposants ». Jésus se fait ainsi reconnaître comme le serviteur annoncé par le prophète : « Voici mon serviteur que j'ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a trouvé son plaisir... Il ne contestera pas, et ne criera pas... il ne brisera pas le roseau froissé » (Matt. 12 : 18-20 ; Es. 42 : 1-4).
             Quand deux disciples veulent faire descendre le feu du ciel sur un village de Samaritains : « Vous ne savez – leur dit-il – de quel esprit vous êtes animés » (Luc 9 : 55).
            Et lorsqu'au jardin des Oliviers un autre disciple impulsif frappe l'esclave du souverain sacrificateur, il reçoit l'ordre de remettre l'épée dans le fourreau. « Penses-tu que je ne puisse pas maintenant prier mon Père... ? », prend la peine d'expliquer Jésus, dans un moment comme celui-là. Après quoi il guérit l'oreille arrachée (Matt. 26 : 51-53).
 
            Certaines personnes sont douces par tempérament. Elles se plient docilement à la volonté d'autrui plutôt que de provoquer des heurts. Mais dans la parfaite « offrande de gâteau » que constitue la vie de Jésus, le « sel » n'a jamais fait défaut, tandis que le « miel » précisément n'y avait pas sa place.
            La douceur et la débonnaireté du Christ n'excluent pas la plus grande fermeté de caractère et n'acceptent aucun compromis. Une juste colère l'anime en voyant les conducteurs du peuple égarer celui-ci ou fouler aux pieds les droits de Dieu. Il chasse du temple les marchands profanes, renverse les tables des changeurs. Mais comme pour souligner ce que cet acte a d'inusité, sitôt après, dans ce même temple, il guérit des aveugles et des boiteux et justifie les petits enfants (Matt. 21 : 12-16).
 
            Requise de « l'esclave du Seigneur », la douceur l'est aussi du surveillant. L'homme de Dieu est invité à la poursuivre (1 Tim. 3 : 3 ; 6 : 11). Elle fait partie du fruit de l'Esprit (Gal. 5 : 22) et du vêtement dont les élus de Dieu ont à se revêtir (Col. 3 : 12). Le vêtement correspond à ce qui se voit, au témoignage extérieur du croyant. Notre douceur doit être connue de tous les hommes. Nous n'aurons plus d'ailleurs à l'exercer longtemps, car « le Seigneur est proche » (Phil. 4 : 5). En attendant, apprenons-la de Celui qui est « débonnaire et humble de coeur ». Oui, « apprenez de moi », nous dit ce bien-aimé Sauveur (Matt. 11 : 29).
 
 
(A suivre)
 
 
                        D'après J.K. – article paru dans le « Messager évangélique » (1969)