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L'ASSEMBLEE DU DIEU VIVANT (1)


Introduction
1ère partie - LES PRINCIPES DU RASSEMBLEMENT CHRETIEN
          1- L'Église selon la pensée de Dieu
         
 
            L'objet de cette étude, écrite en 1948 par A. Gibert, était de replacer devant les chrétiens l'enseignement de la Parole de Dieu concernant « l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et la soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15).
            Aujourd'hui encore, sa lecture sera profitable à tout lecteur croyant désirant connaître la pensée de Dieu concernant Sa « maison » sur la terre et savoir comment il faut s'y « conduire ».
 
 
Sommaire de l'étude :
Introduction
Première partie : principes du rassemblement chrétien
            1- L'Église selon la pensée de Dieu
                        1.1 Son prix
                        1.2 Le propos de Dieu à son égard
                        1.3 Sa place distincte
                        1.4 Sa composition
                        1.5 Comparaisons exprimant cette unité sous divers aspects
                        1.6 Pourquoi l'Église ici-bas ?
                        1.7 Excellence de ces prérogatives
                        1.8 Ressources et moyens
                        1.9 Responsabilité
            2- Ce que les hommes ont fait de l'Église
                        2.1 Les débuts
                        2.2 Des apôtres à nos temps
                        2.3 Chrétienté et Église
            3- Que faire dans l'état présent des choses ?
                        3.1 Les différentes catégories de groupements chrétiens
                                    - Églises d'affirmation catholique
                                    - Églises partielles
                                    - Hors du camp
                        3.2 Une chimère : le retour de la chrétienté à son état du temps des apôtres
                        3.3 Ce qui demeure
                        3.4 Les caractéristiques permanentes d'une assemblée de Dieu
                        3.5 Prise de position que ces caractères entraînent
 
Deuxième partie : pratique du rassemblement selon Dieu
            1- La question du nom
            2- L'«oeuvre du service»
                        2.1 Clergé et ministère officiel
                        2.2 Les « dons de grâce »
                        2.3 Les « charges »
                        2.4 Liberté et dépendance
                        2.5 Le ministère des femmes
            3- Les réunions
                        3.1 Réunions convoquées et réunions d'assemblée
                        3.2 L'assemblée s'adressant à Dieu
                                   - La prière
                                   - Le culte
                        3.3 L'assemblée recevant de Dieu
            4- La marche de l'assemblée
                        4.1 « Étant vrais dans l'amour... »
                        4.2 L'assemblée exerçant l'autorité au nom du Seigneur
                                   - La sphère d'administration de l'assemblée
                                   - L'admission à la Table du Seigneur
                                   - La « discipline »
                                   - Valeur universelle des décisions d'assemblée
                        4.3 Les « divisions »
Conclusion
 
 
 
 
Introduction
 
« Qui n'assemble pas avec Moi, disperse » (Matthieu 12 : 30)
 
            Les deux termes « église » et « assemblée » sont équivalents. Ils seront employés indifféremment dans ces pages. Celui d'assemblée a l'avantage que sa forme même rappelle sans cesse sa signification, plus facilement perdue de vue avec le mot église. D'autre part, ce dernier peut prêter à équivoque, en ce qu'il est revendiqué par des dénominations religieuses particulières ; il est vrai que maintenant d'autres se disent, aussi abusivement, « les assemblées de Dieu ».
 
            Longtemps méconnu, l'enseignement relatif à l'assemblée de Dieu a été remis en lumière lors du grand Réveil que l'Esprit de Dieu opérait dans toute la chrétienté il n'y a guère plus de cinq générations. Des croyants de différents pays furent amenés à cette époque à se réunir simplement au nom du Seigneur Jésus, sans autre autorité que la Bible. De ces rassemblements beaucoup se sont perpétués ; d'autres analogues se sont formés. Le présent petit ouvrage a été rédigé surtout à leur intention. Mais le sujet en est apparu si actuel, il est d'une importance si capitale, qu'il a paru propre à intéresser, moyennant de minimes retouches, bien des âmes qui cherchent où et comment se rencontrer en dehors de tout formalisme religieux, comme frères et soeurs dans la foi chrétienne.
 
            L'état du monde christianisé n'est plus exactement le même, en effet, qu'en ce temps où des serviteurs de Dieu qualifiés faisaient renaître les vérités méconnues dont nous parlons. Elles ont été, depuis, trop souvent diluées avec artifice dans une multitude d'erreurs pernicieuses et il n'est pas toujours aisé de démêler ce qui est fondé sur la Parole de Dieu et ce que ne peut recevoir quiconque veut lui obéir. En vain sommes-nous mis en garde contre les « nouveautés » ; celles-ci ont souvent belle apparence, et elles nous assaillent de tous côtés, dans les conversations, les lectures, les prédications, que les croyants ne mettront jamais trop de diligence à s'instruire et à s'exhorter mutuellement en vue de garder « le bon dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous » (2 Tim. 1 : 14). La vérité demeure, immuable. Encore faut-il que nous nous appliquions à la rechercher, et que nous nous y tenions, nos coeurs étreints par l'amour du Christ.
 
            D'autre part, bien souvent on insiste sur la seule « pratique » d'une marche dont on oublie d'assurer le terrain. Le danger est grand de nous rabattre sur une observation à peu près satisfaisante d'habitudes considérées comme orthodoxes uniquement parce qu'elles étaient celles de nos prédécesseurs, et de nous contenter, sans l'avouer, d'une sorte de code. L'important est non de copier d'anciens conducteurs, mais de revenir à la source où ils ont puisé. C'est « leur foi » que nous avons à imiter, en considérant « l'issue de leur conduite » (Héb. 13 : 7). Leur conduite découlait de leur foi. Pourrions-nous toujours justifier par la Parole — dans son Esprit et pas simplement dans sa lettre — des manières de faire qui autrement, si bonnes fussent-elles, n'auraient d'autorité que la tradition et conduiraient à la routine ?
 
            Que cette Parole et cet Esprit nous instruisent eux-mêmes dans la recherche présente de la pensée de Dieu touchant le rassemblement des croyants.
 
 
 
 
1ère partie - LES PRINCIPES DU RASSEMBLEMENT CHRETIEN
 
            Les instructions et les exhortations du Nouveau Testament considèrent rarement le chrétien à l'état isolé, mais comme faisant partie d'un ensemble, celui des « saints » (Rom. 1 : 7 ; 1 Cor. 1 : 2 ; 14-33 ; 16 : 1 ; Jude 1 …). Cette qualité de « saints » n'est pas, du reste, le résultat de mérites quelconques en eux ; ils sont saints par l'appel de Dieu, et en vertu de l'oeuvre parfaite de Christ. Ils sont tous des « frères saints, participants à l'appel céleste » (Héb. 3 : 1). La portée de ces enseignements est le plus généralement collective. Même quand Paul ordonne à quiconque prononce le nom du Seigneur de se retirer de l'iniquité ou qu'il stimule Timothée en lui répétant : « Mais toi... », il dirige la pensée du fidèle vers une compagnie avec laquelle il peut et doit servir le Seigneur : les termes de l'injonction de 1 Timothée 6 : 11 : « fuis... poursuis...» se retrouvent en 2 Timothée 2 : 22, mais accompagnés, pour un temps de ruine plus accentuée, de cette précieuse indication : « avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur ».
            Aussi est-il de toute importance de savoir pourquoi, où, comment, avec qui, nous avons à nous rassembler selon Dieu.
 
            Trop souvent on suit simplement à cet égard les habitudes de sa famille, de son milieu ou de son pays. Le monde christianisé se compose de très nombreux groupements qui tous se qualifient de chrétiens, et dont certains portent expressément, officiellement même, le nom d'églises (ou assemblées), avec une appellation caractéristique : églises catholiques diverses, églises anglicane, réformée, luthérienne, presbytérienne, méthodiste, évangélique libre, baptiste, etc. La liste de toutes les dénominations serait longue.
 
            Beaucoup d'esprits sincères, émus de cette dispersion, travaillent actuellement de divers côtés en vue de faire ce que l'on appelle l'unité de l'Eglise. Cela consiste à réunir des membres d'« églises » différentes pour se mettre d'accord sur un certain nombre de points communs. Malheureusement ces points se trouvent n'être pas toujours les points essentiels, c'est-à-dire les vrais points de doctrine. Les promoteurs les plus convaincus de ce mouvement oecuménique (autrement dit universel) s'entendraient-ils même entièrement sur la définition du « chrétien » ? Comment alors définir cette « Eglise universelle » dont se réclament pourtant nombre de liturgies ? Que dire des divergences d'opinion sur l'inspiration des Ecritures, sur la divinité de Jésus, sur la réalité de sa résurrection ? Aura-t-on même une conception de Dieu valable pour tous ? Alors, que reste-t-il ?
 
            Certes, nous voulons nous réjouir de tout ce qui tend à rapprocher pacifiquement les hommes. Nous reconnaissons qu'il est humainement très estimable de proclamer un commun attachement aux enseignements du Christ dans l'espoir d'améliorer le monde, à le supposer améliorable ! Nous sommes plus heureux encore à la pensée que beaucoup de ceux qui travaillent à cette oeuvre avec une bonne volonté incontestable sont de vrais et chers enfants de Dieu. Mais en de telles matières la bonne volonté ne suffit pas. Le moins que l'on puisse dire de ces généreux efforts est que, appliqués à élaborer des compromis qui respectent les convictions profondes de ceux qui en ont, et à édifier une Eglise tout en laissant subsister des églises disparates, ils ne se réfèrent point franchement aux enseignements de la Parole de Dieu sur la véritable unité chrétienne et le rassemblement selon Lui.
 
            C'est à cette Parole qu'il faut nous adresser.
 
            Une première et essentielle constatation à faire est que jamais l'Ecriture n'envisage des « églises » différentes entre lesquelles les croyants se trouveraient répartis et qu'il faudrait unir. Elle parle d'eux, comme faisant partie d'une seule et même Eglise, dont il peut y avoir un certain nombre de manifestations locales sans doute, mais dont chacune de ces assemblées locales n'est qu'une expression. Elle ne reconnaît point d'autre Eglise que celle-là. C'est l'authentique Eglise universelle.
 
            De graves confusions proviennent de ce qu'on mélange sans cesse deux points de vue très différents : d'une part l'Eglise telle qu'elle est aux yeux de Dieu, d'autre part la forme que sur la terre les hommes ont donnée à cette Eglise. Le dessein et la pensée de Dieu d'un côté ; de l'autre la responsabilité de l'homme et les résultats de son travail propre. Mais pour savoir comment nous conduire au sein de l'Eglise telle qu'elle existe sur la terre il faut avoir d'abord une idée juste de ce qu'elle est aux yeux de Dieu.
 
 
            1- L'Église selon la pensée de Dieu
 
 
                                   1.1 Son prix
 
                        Nous ne saurions trop nous arrêter, avant toute chose, devant ce que la Parole nous dit du prix que l'Eglise a pour Christ pour Dieu.
 
                        Christ l'appelle mon Assemblée (Matt. 16 : 18), et cela seul montre la présomption des hommes lorsqu'ils veulent bâtir leur Eglise à eux. Elle est l'Eglise de Christ. Il la bâtit. Il a des droits sur elle, elle est à Lui. Le passage bien connu d'Ephésiens 5 : 25 nous définit ces droits, qui sont ceux de l'amour ; il nous dit à quel prix Il l'a acquise : « Christ a aimé l'Assemblée et s'est livré lui-même pour elle ». Le marchand de la parabole a vendu tout ce qu'il avait pour acheter la perle de grand prix (Matt. 13 : 45), mais Christ a payé bien davantage : Il a donné sa vie pour l'Assemblée.
 
                        La Parole emploie cependant moins l'appellation d'Assemblée de Christ que celle d'Assemblée de Dieu, et cela rehausserait encore, s'il était possible, la place que lui assignent les pensées et les affections divines, car « le chef du Christ, c'est Dieu » (1 Cor. 11 : 3). Paul recommandait aux anciens d'Ephèse de « paître l'assemblée de Dieu », et il ajoute aussitôt : « laquelle Il a acquise par le sang de son propre Fils » (Act.  20 : 28).
 
                        Que chacun de nous pèse de telles expressions. Le sujet de l'Eglise n'est pas laissé à notre propre appréciation, ce n'est pas un sujet de controverses sans portée. Voilà à quelle valeur l'Eglise est estimée par Christ, par Dieu. Et nous ne mettrions pas tous nos soins à nous enquérir de ce qu'elle est, de la façon dont nous avons à nous conduire à son égard, du rôle et de la place que la Parole lui assigne ici-bas, de son espérance, de son avenir ? Des hommes la façonneraient à leur gré ?
 
                        Il est grave de « mépriser l'Assemblée de Dieu » (1 Cor. 11 : 22). Toute légèreté, toute indifférence là-dessus prouverait que nous ne sommes pas intéressés à ce que Dieu aime, à ce que Christ aime (Apoc. 3 : 9). Le sang du Fils de Dieu, le sacrifice de Christ, l'amour de Christ ne nous toucheraient-ils point ? Ou nous contenterions-nous égoïstement de nous savoir sauvés, sans que ce qui est cher au coeur de notre Sauveur ait de valeur pour nous ?
 
 
                                   1.2 Le propos de Dieu à son égard
 
                        Ne craignons pas d'élargir un tel sujet. On ne peut avoir une vue juste de tout ce qui se rapporte à l'Eglise si l'on ne prête pas attention à ce que l'Ecriture révèle du dessein de Dieu envers elle, pour Sa gloire à Lui.
 
                        L'Eglise est, de toute éternité, destinée à partager la gloire de Christ, cet Homme qu'est devenu le Fils de Dieu afin de mourir pour nous et qui, ressuscité d'entre les morts, est maintenant assis à la droite de Dieu dans le ciel. Bientôt, selon « le mystère de sa volonté », Dieu réunira « en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, en lui... » (Eph. 1 : 9-10). L'Eglise sera associée à ce dominateur. Il lui est donné « pour être chef sur toutes choses », et pour qu'elle lui soit unie comme étant son corps même, « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous » (Eph. 1 : 22-23). Adam n'était pas complet sans Eve. Le glorieux Ressuscité ne le serait pas sans l'Eglise. C'est pour cet avenir qu'elle est formée.
 
 
                                   1.3 Sa place distincte
 
                        De là vient la place distincte qui est assignée ici-bas à l'Eglise. Le croyant n'est pas du monde parce que Christ n'en est pas (Jean 17 : 14) ; elle non plus par conséquent.
 
                        Cette mise à part est clairement effectuée, en pratique, vis-à-vis de Jérusalem (Act. 2 : 47 ; 5 : 14), puis, à l'égard des Juifs en général (Act. 18 : 7 et 19 : 9) ; quant à la séparation d'avec les païens, elle s'imposait d'elle-même (Gal. 1 : 4 ; 1 Cor. 12 : 2 ; etc...). On trouve en 1 Corinthiens 10 : 32 une distinction aussi nette que possible : « Ne devenez une cause d'achoppement ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'assemblée de Dieu ». Les Juifs étaient le peuple terrestre de Dieu, en voie de ne plus être reconnu comme tel pour un temps, les Grecs représentaient le reste des hommes ; l'« assemblée de Dieu » comprend, elle, des gens qui ne sont plus ni Juifs, ni Grecs, mais « un dans le Christ Jésus » (Gal. 3 : 28).
 
 
                                   1.4 Sa composition
 
                        L'Eglise est formée en effet de ceux qui possèdent la vie nouvelle en Christ, la vie de Dieu, et de ceux-là seuls. « Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit » (1 Cor. 12 : 13). Ces « nous » sont évidemment, avec l'apôtre, ceux auxquels s'adresse son épître, savoir les « sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés » (1 Cor. 1 : 2). Ils appartiennent à Christ, Il est « leur Seigneur et le nôtre ». Il les a acquis pour Dieu par son sang, et son Esprit habite en eux. Ils sont « de Christ » (Gal. 3 : 29). Ils sont tous acceptés de Dieu au même titre, comme des enfants. Leur position devant Lui est celle même de Christ ; mais comment Dieu accepterait-Il quelqu'un qui serait en dehors de Christ ?
 
                        Tous les croyants sans exception font à jamais partie de l'Église, leur position à cet égard est aussi ferme que leur salut. Mais quand des non-croyants se réclament de l'Eglise chrétienne, ou qu'une « église » qui se nomme chrétienne range parmi ses membres et associe à sa vie des inconvertis notoires, c'est là assurément prendre une responsabilité très grave. Or ce ne sont pas des rites ou des formes extérieures, comme le baptême, qui sauvent, mais la foi personnelle en Jésus Christ (Rom. 10 : 9). Le Saint Esprit met son sceau sur cette foi et la manifeste.
 
                        L'Eglise est formée de tous les croyants, disons-nous. Aussi pouvons-nous l'envisager dans sa plénitude, comprenant l'ensemble de tous les croyants depuis l'envoi du Saint Esprit lors de la Pentecôte jusqu'à la venue du Seigneur ; c'est cet ensemble complet que Christ se présentera à Lui-même comme l'Assemblée glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable (Eph. 5 : 27). Mais jusqu'à ce moment-là les enseignements que donne la Parole concernent l'Église sur la terre, formée de chrétiens qui vivent leur existence d'ici-bas, mais dont Christ s'occupe (Eph. 5 : 26) : l'Eglise ainsi considérée est évidemment l'ensemble des croyants existant sur la terre au même moment. Ils ne sauraient tous se connaître, mais Dieu, Lui, connaît tous ses enfants, ils sont tous au même degré partie constituante de son Assemblée. L'unité de celle-ci vient de ce qu'ils ont tous la même vie, celle d'un Christ ressuscité.
 
 
 
                                   1.5 Comparaisons exprimant cette unité sous divers aspects
 
                        Le Nouveau Testament emploie différentes figures pour nous présenter l'Assemblée. Elles traduisent toutes, mais en se plaçant à des points de vue différents, l'unité de tous les « nés de nouveau » (Jean 3 : 7 ; 1 : 13).
 
                                               - L'Épouse, une avec l'Epoux dont elle procède comme Eve d'Adam, «os de ses os et chair de sa chair», elle est l'objet de sa tendre affection. Nulle relation n'est plus intime ni plus douce. Le couple terrestre n'en offre qu'une pâle image ; on est mari et femme sur la terre seulement (Matt. 22 : 30), mais l'Église sera Épouse éternelle de Christ dans le monde nouveau, comme le montrent avec tant de relief les derniers chapitres de l'Apocalypse. Les soins actuels de Christ pour l'Assemblée sont ceux de l'Epoux qui attend le moment de venir chercher son Epouse, avec une sainte affection à laquelle Il veut qu'elle réponde. « Que celui qui entend dise : Viens » (Apoc. 22 : 17).
 
                                               - Mais les maris sont exhortés à aimer leurs femmes parce qu'elles sont « leur propre corps », comme l'Eglise est le Corps de Christ. Cette expression, employée de façon si saisissante (Eph. 1 : 23 ; 4 : 12 ; 5), l'est aussi en 1 Corinthiens 12 : 12, 27, et, quoique de façon moins significative, en Romains 12 : 5. On sait que ce terme est particulier à l'enseignement de Paul ; cet apôtre avait été spécialement mis à part pour mettre en lumière ce point, tant il est important. Rien, en effet, ne peut approcher de la force d'un tel mot : le corps de Christ. Il y a là plus qu'une relation, si étroite soit-elle, mais bien une unité vitale, assurée par un même Esprit qui lie Tête et Corps. « Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel » (Eph. 4 : 4). Cela suppose la vie : ceux qui font partie du corps ont la vie de Dieu, la vie de Jésus dans les siens, et ils ont pour espérance le moment où ce qui est encore mortel en eux sera absorbé par la vie. Déjà lorsque Christ glorifié « saisit » Paul, Il met cette unité en évidence : « Je suis Jésus que tu persécutes » en persécutant les miens. « Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (1 Cor. 12 : 27). Il n'est pas parlé de membres de l'Assemblée, encore moins de membres d'une Assemblée particulière, mais des membres du corps de Christ. « Ce mystère est grand... »
 
 
 
                                               - Le même Esprit qui assure et entretient l'unité vitale de Christ glorifié et de son corps encore sur la terre, en chacun de ses membres comme dans l'ensemble, habite effectivement sur la terre. Chaque croyant est « le temple du Saint Esprit », qui est en lui et qu'il a de Dieu (1 Cor. 6 : 19). Et l'Eglise entière est « le temple de Dieu » (1 Cor. 3 : 16). Elle est « une habitation de Dieu par l'Esprit » (Eph. 2 : 22). Elle est la Maison de Dieu (1 Tim. 3 : 15). Bâtie sur un fondement solide, le Roc de la Personne glorieuse confessée par Pierre comme le Christ, le Fils du Dieu vivant, et bâtie par Lui-même, elle est formée de pierres vivantes, à commencer par Pierre, mais avec lui tous les croyants (1 Pier. 2 : 5). Pas plus lorsqu'il est question de la Maison de Dieu que lorsqu'il est question du Corps de Christ, la réalité de la vie divine chez ceux qui font partie de l'Assemblée de Dieu ne peut être mise en doute ni oubliée.
 
                                               L'édifice parle de quelque chose de stable, et la solidité de l'Église est telle que « les portes du hadès » — la plus forte puissance ici-bas, celle de la mort —, « ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16 : 18). Christ bâtit : rien n'est à craindre.
 
                                               Mais c'est la maison de Dieu, le temple saint dans le Seigneur. Tout doit donc y répondre au caractère divin ; le nom de Dieu y est connu, honoré, loué, et Dieu veille à ce que la façon de vivre de ceux qui sont là soit en rapport avec la sainteté de ce nom. C'est le lieu du service divin, une sainte sacrificature.
 
 
 
                                               - Epouse, corps, maison, l'Eglise est tout cela dès l'instant qu'elle existe. Mais, de même que le chrétien pris individuellement est dès ici-bas tout à la fois « accompli en Christ », donc propre pour la gloire, et formé progressivement au cours de sa carrière en vue de sa manifestation au jour de Christ, de même l'Eglise, ensemble des croyants, est déjà vue en Christ dans sa perfection, et en même temps formée peu à peu, par tout le travail de l'Esprit Saint durant le temps de la grâce, en vue du ciel. Christ purifie l'Assemblée par le lavage d'eau par la Parole ; le corps de Christ croît, par les grâces spirituelles qui viennent du Chef, et, « bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement » produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, son « accroissement... pour l'édification de lui-même en amour » (Eph. 4) ; et enfin « l'édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur » (2 : 21). L'achèvement sera vu dans le ciel, mais il est là pour ainsi dire en puissance ; ainsi un bon ouvrier voit déjà dans sa pensée son travail tel qu'il demeurera, et voit en même temps tout ce qui sera nécessaire pour l'amener à ce terme.
 
                                               Quand l'Eglise prendra effectivement place dans les lieux célestes avec Christ, chacun de ceux qui la composent ayant revêtu un corps semblable à Christ, elle apparaîtra comme son Epouse unie à Lui, comme son Corps, plénitude de Celui qui remplit tout en tous (Eph. 1 : 23). Et l'édifice alors, l'habitation de Dieu par l'Esprit, devient la sainte Cité, la nouvelle Jérusalem, à laquelle s'attache ce titre « de l'Epouse, la femme de l'Agneau ». Ainsi seront manifestées ses perfections éternelles, fruit du travail et de l'amour de Christ, aux yeux des habitants de la terre milléniale, puis des nouveaux cieux et de la nouvelle terre (Apoc. 21 : 2-6, 9-27).
 
                                               En attendant, au milieu du monde actuel, qui a rejeté et rejette Christ, elle ne peut être qu'une étrangère. La nouvelle création à laquelle elle appartient est une anomalie dans l'ancienne. L'Eglise n'est pas, contrairement à ce que certains semblent estimer, une partie — la plus noble, pensent-ils — de ce monde ; elle en a été tirée, et elle se trouve normalement opposée à lui par son caractère céleste, comme l'était Christ quand Il cheminait ici-bas.
 
                                               Elle n'est pas, en définitive, l'Eglise des hommes, elle est l'Assemblée de Dieu.
 
 
                                   1.6 Pourquoi l'Eglise ici-bas ?
 
                        Nous sommes amenés à nous demander pourquoi elle est ainsi laissée ici-bas, et quelles fonctions elle est appelée à y exercer.
 
                        On pourrait dire d'un mot que l'Assemblée est placée sur la terre pour glorifier Dieu en glorifiant Christ. Telle est la vocation individuelle du chrétien, temple du Saint Esprit, telle est celle de l'Eglise, habitation de Dieu par l'Esprit. Elle est là « afin que la sagesse si diverse de Dieu soit... donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l'assemblée » (Eph. 3 : 10). Elle anticipe l'éternité. « Or, à Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à Lui gloire dans l'Assemblée dans le christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen » (v. 20).
 
                        Les attributions de l'Assemblée en vue de répondre à ce grand objet sont multiples.
 
                                   - D'abord, manifester cette unité d'essence divine, sans équivalent dans les choses humaines. L'existence même de l'Eglise doit ainsi montrer la grâce et la puissance de Dieu.
 
                                         Le Seigneur Jésus avait en vue un tel témoignage lorsque, dans sa prière de Jean 17, Il demandait « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m'as envoyé » (v. 21). Telle est la haute efficacité que le Seigneur attachait à la manifestation par les siens de cette unité de la famille du Père : le monde croirait. Quand Il la manifestera Lui-même en gloire, le monde la connaîtra, elle sera rendue évidente (v. 23) même pour les ennemis ; mais en attendant qu'Il nous « consomme en un », Il nous met au milieu du monde pour que celui-ci voie la vie nouvelle dans sa preuve la plus évidente, savoir l'unité de la famille de Dieu, qu'il en recherche la source, et qu'il croie. Il n'y a pas de plus puissante évangélisation.
 
                                         Mais ce n'est pas seulement l'unité de la famille qui est appelée à paraître, mais bien l'unité du corps ; elle se montre quand les croyants gardent « l'unité de l'Esprit » (Eph. 4 : 3) par le lien de la paix. Tel est le rôle que tous ils ont à tenir, parce que tous ont été appelés du même appel, font partie du même corps, sont animés du même Esprit.
 
                                         Ce témoignage rendu dans l'amour (Eph. 4 : 2) ne peut l'être aussi que dans la séparation du mal. Cette sainteté pratique est requise de tout ce qui porte le nom de Dieu : « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pier. 1 : 16). Elle est figurée, à propos de l'Assemblée, par la « pâte sans levain » (1 Cor. 5 : 7).
 
                                   - Témoin de la puissance de la grâce de Dieu pour unir dans la sainteté, l'Assemblée est ici-bas le dépositaire de la vérité : « l'Assemblée du Dieu vivant » est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15). Elle est établie telle. Elle n'est pas la source de la vérité, la vérité ne procède pas de l'Église : la Parole de Dieu est la vérité, Jésus est la vérité, le Saint Esprit est la vérité (Jean 17 : 17 ; 14 : 6 ; 1 Jean 5 : 6) ; mais non l'Assemblée. Elle l'a reçue ; il lui appartient de la rendre publique et de la maintenir intacte. Dieu habite dans l'Assemblée qui est sa maison, mais la vérité doit être vue en elle, portée par elle comme par une colonne ; elle ne doit pas permettre qu'elle tombe dans l'oubli, ni en laisser affaiblir ou altérer la portée.
 
                                   - La maison de Dieu est une maison de prières. Ainsi en était-il pour le peuple terrestre, ainsi pour l'Assemblée de Dieu. Matthieu 18 : 19 l'établit, en donnant aux «  deux ou trois » assemblés au nom de Jésus l'assurance d'être exaucés parce que Lui-même est là au milieu d'eux.
 
                                   - L'Assemblée, sainte sacrificature, a le service de la louange. Elle adore son Seigneur comme il convient à l'Épouse du Roi de gloire (Ps. 45), mais Lui-même, ressuscité, chante au milieu d'elle les louanges du Père (Héb. 2 : 12). Par Lui elle loue Dieu le Père. Elle rend culte. « A Lui gloire dans l'Assemblée dans le Christ Jésus » (Eph. 3 : 21). Les relations individuelles de l'âme avec Dieu pour le célébrer et lui rendre grâces, si précieuses soient-elles, s'effacent, en s'y fondant, devant ce service collectif sans prix.
 
                                         Au centre de ce culte se place le souvenir de la mort du Seigneur. C'est dans l'Assemblée qu'est dressée la Table du Seigneur, où elle célèbre la Cène (1 Cor. 10 : 16-21 ; 11 : 20-34). Elle parle de son oeuvre, proclame la valeur de celle-ci pour sauver et pour rassembler. Elle le fait dans le souvenir, rendu visible dans un mémorial ordonné par Lui-même, du Seigneur donnant sa vie. « Faites ceci en mémoire de moi... » (Luc 22 : 19). Et cela encore est un témoignage : la mort du Seigneur est annoncée.
 
                                   - Tournée vers le passé pour commémorer le sacrifice unique, elle se tourne vers l'avenir pour attendre le Seigneur. A elle il appartient de dire avec amour : « Viens, Seigneur Jésus », par l'Esprit qui est au milieu d'elle et avec elle (Apoc. 22 : 20).
 
 
                        Voilà quelques-unes des précieuses fonctions pour l'accomplissement desquelles l'Assemblée est ici-bas. Il y en a d'autres sans doute. Il faudrait parler de tout ce que les âmes y peuvent trouver d'encouragement et de réconfort, dans une communion fraternelle qui a sa source dans l'amour du Seigneur pour les siens. Elle est le refuge de quiconque, lassé de ce monde, vient chercher la paix auprès du Sauveur. Elle reconnaît, approuve, soutient les ouvriers que le Seigneur envoie. Toutes les épîtres de Paul nous montrent à quel point ce puissant serviteur de Dieu, qui ne dépendait de personne, comptait sur le soutien spirituel de l'Assemblée en tous lieux, et combien il était reconnaissant pour les soins matériels dont on l'entourait. Avec quels accents il se réjouit de la part que les Philippiens prenaient à l'Évangile ou reconnaît comment la conduite des Thessaloniciens renforçait en tous lieux sa propre prédication !
 
 
                                   1.7 Excellence de ces prérogatives
 
                        Mais quand nous parlons de fonctions, et de devoirs qui en découlent, c'est privilèges qu'il faudrait dire. Les saints de l'Ancien Testament ne les connaissaient pas, parce qu'il fallait pour que ce trésor s'ouvrît que Christ eût été glorifié après être mort et ressuscité. Ils n'avaient en partage ni le seul corps ni le seul Esprit ni la seule espérance de l'appel. Maintenant, « béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3).
 
                        L'Eglise est établie afin que, jouissant de ces bénédictions célestes, elle en apporte ici-bas le rayonnement et le parfum, dans un témoignage collectif qui honore son Chef connu et aimé, auteur du salut et seul centre de rassemblement de tous.
 
 
                                   1.8 Ressources et moyens
 
                        Pour exercer réellement ces prérogatives et rendre ce témoignage, l'Eglise ici-bas est pourvue de toutes les ressources, comme le croyant n'est pas laissé à lui-même, par la grâce de Dieu.
 
                        C'est « toute la grâce variée de Dieu ». Reconnaître effectivement l'autorité du Seigneur, laisser agir librement le Saint Esprit, dont la mission est de glorifier Jésus exalté (Jean 16 : 14), obéir à la Parole, voilà qui devait suffire en tout temps.
 
                        Christ glorifié « donne » en grâce tout ce qui est nécessaire, tous les ministères voulus pour appeler des personnes à Lui et pour nourrir l'Assemblée (Eph. 4 : 7-16) ; l'Esprit distribue avec sagesse la diversité des services (1 Cor. 12). Il en aura été ainsi pendant toute l'histoire de l'Eglise. Christ montrera, à sa gloire, combien Il aura été fidèle en s'occupant de celle qu'Il a aimée.
 
                        En face de l'action divine se développent, hélas, toutes les offensives de Satan et du monde pour disperser, détruire et corrompre. C'est pour le chrétien une lutte constante. L'Assemblée dispose, pour se préserver, d'une arme particulière : une autorité est placée en elle, du fait de la présence du Seigneur au milieu d'elle.
 
                        C'est ce que nous trouvons dès Matthieu 18 : 17-20, en vue d'assurer l'ordre et la paix parmi des frères — les enfants de Dieu. La présence du Seigneur au milieu des siens est affirmée là en rapport avec la prière des « deux ou trois », mais cette prière elle-même est en rapport avec le pouvoir de « lier et délier » en matière de relations fraternelles. Le but est évidemment que « des frères habitent unis ensemble », ce qui est « bon et agréable » (Ps. 133 : 1), une source de bénédiction et un témoignage rendu à l'unité de la famille de Dieu.
 
                        Le pouvoir conféré à l'Assemblée est présenté de façon plus ample et plus solennelle en 1 Corinthiens 5. Il s'agit d'ôter le vieux levain, le levain du péché, pour être une nouvelle pâte. Autrement dit l'Assemblée, tenue de se purifier du mal, doit exercer une discipline allant jusqu'à l'exclusion du « méchant ». Mais comme en Matthieu 18 l'autorité mise dans l'Assemblée se lie de la façon la plus exclusive à la présence du Seigneur (v. 4), et à la puissance de son nom. Elle est exercée de la part du Seigneur, au nom du Seigneur, non point à la manière d'un tribunal humain, mais en vue du bien de tous et en particulier du défaillant (2 Cor. 2 : 5-9).
 
 
                                   1.9 Responsabilité
 
                        La grandeur de ces privilèges, la réalité de ces ressources, dépassant ce que les témoins plus anciens possédaient, font peser sur l'Eglise une responsabilité plus grande qu'aucune autre.
 
                        Elle n'a pas pu répondre à ce qui lui était demandé. Elle n'a pas su employer ces ressources. Elle a prouvé une fois de plus que l'homme n'est pas capable de garder intact ce que Dieu lui confie. Le dépôt que l'Eglise avait en mains était plus précieux qu'aucun autre, et elle l'a laissé glisser à terre. Il s'agissait du nom de Christ glorifié. Et sans doute il en a été ainsi pour qu'à la fin toute gloire soit rendue à Dieu qui, malgré notre infidélité, accomplira ses desseins par Christ : c'est en Lui seul que Dieu aura trouvé son « bon plaisir dans les hommes » (Luc 2 : 14). Mais tant que l'histoire de l'Eglise sur la terre n'est pas terminée, quiconque a les vrais intérêts de Christ à coeur doit rechercher où est, pour lui, le chemin de la fidélité.