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LE MESSAGE   DU PROPHETE AGGEE
 

 Une prophétie adressée, avec celle de Zacharie, au résidu revenu de la captivité à Babylone, à un moment crucial relaté par le livre d'Esdras

Un message destiné à atteindre la conscience et le coeur d'un peuple qui cherche ses aises

Un message qui a aussi une voix pour nous, chrétiens


« Ainsi dit l'Eternel des armées : Considérez bien vos voies » (Agg. 1 : 5, 7 ; 2 : 15, 18).
 
            Aggée fait partie, avec Zacharie et Malachie, des trois prophètes suscités durant la période qui suit la captivité de Juda pendant soixante-dix ans à Babylone. Nous ne connaissons rien de son histoire personnelle Il est mentionné deux fois dans Esdras. S'il avait connu le premier temple (« la première gloire » - 2 : 3), il avait au moins 80 ans au moment où il prophétise. Il était certainement plutôt âgé, mais il partageait son service avec Zacharie, qui est appelé un jeune homme (Zach. 2 : 4). Le ministère que Dieu leur a confié avait pour but de réveiller les affections du résidu pour le Seigneur. C'était expressément pour bâtir la Maison de Dieu qu'un résidu avait été délivré de Babylone. Le désir constant de Dieu d'habiter au milieu de son peuple ressort dans toute l'Ecriture.
 
            Le premier appel d'Aggée date de la seconde année du roi Darius. Deux mois après, Zacharie, dont le message a une portée plus étendue, commence également à se faire entendre. En se référant aux dates indiquées, on comprend que toutes les prophéties d'Aggée ont été prononcées pendant une courte période de quatre mois. Il s'adresse d'abord aux responsables, à Zorobabel, le gouverneur et à Joshua, le premier grand sacrificateur après l'exil (il est souvent parlé de lui dans Zacharie). Ils sont des types prophétiques du Seigneur, qui Lui seul exercera simultanément la royauté et la sacrificature (Zach. 6 : 13).
 
 
 
Une prophétie adressée, avec celle de Zacharie, au résidu revenu de la captivité à Babylone, à un moment crucial relaté par le livre d'Esdras
 
            L'étude soigneuse du livre d'Esdras permet de comprendre à quel moment Aggée a été envoyé (Esd. 5 : 1). Après le retour d'un résidu relativement peu nombreux (un peu moins de cinquante mille personnes), l'autel a été reconstruit avant tout, sur le même emplacement et les fêtes sont à nouveau célébrées ! La seconde année, ils posent les fondements d'un nouveau temple, forcément beaucoup plus restreint. La comparaison que les plus âgés sont en mesure de faire avec la beauté du premier temple provoque des larmes de tristesse qui se mêlent à celles de la joie générale en voyant le nouveau temple s'ébaucher (Esd. 3 : 12-13) ! Mais le grand danger était qu'il devienne, après un engouement initial, « comme rien » à leurs yeux. C'est un danger très actuel ! Il est toujours difficile pour nos coeurs d'admettre que le travail de Dieu s'accomplit dans la faiblesse, en sorte « que personne ne se glorifie devant Dieu…  celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (1 Cor. 1 : 29-31).
            Bientôt, hélas, le travail de construction va être, et pour longtemps, interrompu : seize ans au moins, semble-t-il. Un manque d'énergie, une certaine apathie, se manifestent au milieu du peuple de Dieu, confronté en même temps à l'opposition déterminée de ses ennemis. Ceux-ci ont commencé par proposer au résidu de Juda de l'aider, mais celui-ci a refusé noblement (Esd. 4 : 3) ; alors ces Samaritains (Esd. 4 : 1, 9-10) - le verset 2 permet de les identifier - rendent lâches les mains du peuple de Juda, afin qu'ils aient peur de bâtir. De faux rapports sont envoyés au roi de Perse dans le but avéré d'arrêter le travail de la reconstruction. Ils répètent même avec mensonge que les murailles s'achèvent (Esd. 4 : 12, 13, 16), signe que la révolte est proche. Ils affirment : « à cause de cela, tu n'auras plus de possession de ce côté du fleuve » (Esd. 4 : 12, 13, 16). Ces Samaritains avaient pourtant été eux-mêmes déportés, mais ils montrent la même lâcheté que ces Juifs qui disaient : « Nous n'avons pas d'autre roi que César » pour obtenir de Pilate qu'il permette la crucifixion de Jésus (Jean 19 : 17). En fait, il faudra attendre l'intervention de Néhémie, 13 ans après, pour que les murailles soient enfin réparées.
            Au bout de quelque temps, les intrigues de ces ennemis sont couronnées de succès : Artaxerxès donne l'ordre de cesser de bâtir le temple (Esd. 4 : 21-24).  
            Toutefois, Dieu permet qu'un roi plus favorable, Darius, monte bientôt sur le trône. C'est à ce moment-là que l'Esprit de Dieu appelle Aggée et Zacharie à commencer leur service prophétique. Ils doivent s'occuper d'une chose primordiale : l'état moral du peuple. L'un et l'autre vont engager les hommes du peuple à juger leur conduite et à reprendre, repentants, la construction. Les menaces dont ils ont été les objets ne sont qu'un mauvais prétexte : les prophètes ne les mentionnent même pas.
 
 
 
Un message destiné à atteindre la conscience et le coeur d'un peuple qui cherche ses aises
 
 
                        - un message de reproche propre à réveiller le résidu de sa somnolence
 
            En fait le résidu s'était montré très négligent depuis le commencement de la reconstruction du temple. Ce peuple – Dieu ne dit pas « mon peuple » - devenu apathique, déclare, peut-être à voix basse : « Le temps n'est pas venu, le temps de la maison de l'Eternel pour la bâtir » (Agg. 1 : 2). Combien de fois, de nos jours,  entend-on ce genre d'excuse au milieu de la profession chrétienne !
            Les Juifs qui en avaient les moyens usaient de leurs ressources et de leurs capacités personnelles pour s'édifier de belles demeures soigneusement décorées (Phil. 2 : 21). Or la maison de l'Eternel était dévastée (1 : 4) ; elle restait inachevée. Leur conduite égoïste était la preuve de leur indifférence à l'égard des intérêts divins, conduite si différente de celle de David (Ps 132 : 3-5).
            En conséquence, la bénédiction du Seigneur, un élément essentiel pour la prospérité spirituelle dans notre vie, faisait défaut ; même le fruit de leur travail sur la terre s'en ressentait (Ps. 127 : 1-3). Leurs récoltes, en particulier, étaient devenues très médiocres. Aggée les avertit que ces signes de malédiction étaient consécutifs au déplaisir que l'Eternel éprouvait en voyant sa maison délaissée, à l'abandon. Il leur fait remarquer : « Vous avez semé beaucoup et vous rentrez peu ; vous mangez et vous n'êtes pas rassasiés ; vous buvez mais vous n'en avez pas assez (Deut. 28 : 38-39) ; vous vous vêtez, mais personne n'a chaud ; et celui qui travaille pour des gages, travaille pour les mettre dans une bourse trouée (1 : 6). Beaucoup d'activité, d'efforts, mais une très maigre récolte ; la rosée et la pluie étaient retenues ! Que de désappointements !
            Si la Maison de Dieu est négligée, la faim spirituelle n'est pas apaisée, la soif spirituelle n'est pas étanchée ; les affections pour Christ sont refroidies et finalement, comment pourrait-on escompter une « riche entrée » (2 Pier. 1 : 11) ? La négligence dans les choses de Dieu conduit toujours à la même déception. Mais n'oublions jamais que le Seigneur discipline celui qu'Il aime (Héb. 12 : 5-6).
            Chers lecteurs chrétiens, c'est aujourd'hui le temps de bâtir la maison de Dieu, l'Assemblée du Dieu vivant (1 Tim. 3 : 15). Il faut s'occuper des âmes, de ces pierres vivantes édifiées sur le seul fondement, Jésus Christ. Or, que de fois notre manque de zèle et d'amour va de pair avec le souci excessif de notre confort, un désir de se ménager, d'éviter le plus possible l'opprobre de Christ ! Comme ceux auxquels Aggée s'adresse, nous avons grand besoin de bien considérer nos voies (1 : 5, 7 ; Lam. 3 : 40).). La Parole adresse  cette exhortation à chacun d'entre nous.
            Dieu s'était proposé d'atteindre, par le moyen de ses prophètes, la conscience et le coeur de son peuple attiédi, occupé à rechercher ses aises et devenu de ce fait négligent (Amos 6 : 4-6). Mais la portée de ce message dépasse de beaucoup la période où Aggée vivait ; ses exhortations gardent la même valeur pour le peuple de Dieu jusqu'à la venue du Seigneur !
 
 
                        - l'assurance de la présence du Seigneur donnée au peuple qui a obéi à l'appel divin
 
            Le prophète a repris les fils de Juda et, chose remarquable et enviable, ils ont tous écouté « la voix de l'Eternel leur Dieu ». Pas de voix discordante ! Heureux ceux qui se comportent comme eux, aujourd'hui encore. Leur esprit a été réveillé et ils reviennent travailler à la maison de l'Eternel des armées, leur Dieu, assistés par les prophètes (Esd. 5 : 2 ; Agg. 1 : 12). Tout ceci a lieu exactement « le vingt-quatrième jour du sixième mois, en la seconde année du roi Darius » (Agg. 1 : 14-15). Tout est soigneusement noté dans les annales du ciel ; rien n'échappe à notre Dieu : Il retient tout ce qui a son approbation.
            « Je suis avec vous, dit l'Eternel » (v. 13 ; Matt. 28 : 20). Que de bénédictions sont contenues dans cette courte déclaration !  Le résidu reçoit ainsi l'assurance du secours divin et de sa délivrance ; il en résulte un puissant réveil pour travailler à la Maison de Dieu.
 
 
                        - un encouragement à « être fort », à persévérer en pensant à la venue du Messie
 
            Une nouvelle révélation est alors faite à Aggée, « le messager de l'Eternel », un mois plus tard. Il leur transmet cette fois des exhortations, mais aussi des encouragements. Ils doivent monter à la montagne, apporter du bois. Tout cela suppose des efforts : ils pourraient se décourager à nouveau !
            Soyez forts ! Travaillez ! Bâtissez ! recommande l'Eternel. Il s'agit de Sa gloire, Il y prend plaisir. « Je suis avec vous », leur redit-Il : promesse suprême qui soutient leur foi - et la nôtre - au milieu de la faiblesse la plus grande qui soit (Agg. 2 : 4).
            La Parole, selon laquelle Il a fait alliance avec eux à leur sortie d'Egypte, et son Esprit demeurent avec eux. Ils n'ont pas lieu de craindre (Agg. 2 : 5 ; Esd. 5 : 5). Ces ressources bénies sont aussi les nôtres. Ne vivons-nous pas, comme Aggée, dans un temps de ruine ? Or le Saint Esprit, Personne divine, est venu habiter dans chaque membre du corps de Christ (Eph. 2 : 22). Il les guide dans toute la vérité, leur annonce ce qui va arriver et prend de ce qui est à Christ pour le leur communiquer (Jean 16 : 16). Ce n'est pas un Esprit de crainte, mais de puissance, d'amour et de conseil (2 Tim. 1 : 7).
            Le prophète leur parle du Messie - qui est aussi notre Seigneur – comme étant « l'objet du désir de toutes les nations », notre espérance (Agg. 2 : 7). Dans peu de temps, Il ébranlera toutes ces nations, tous leurs majestueux édifices, religieux ou non. Par contre Sa Maison sera remplie de la gloire de Dieu, elle reviendra y habiter (Ezé. 43 : 2, 4-5). Cette dernière gloire sera plus grande que la première - celle du temple de Salomon - admiré par tous ceux qui montaient adorer à Jérusalem ! Même les disciples du Seigneur se montrent sensibles à ce qui avait une si grande apparence et Il les reprend : le temple, devenu une caverne de voleurs, allait être détruit (Marc 13 : 1-2).
            Ce passage est cité dans l'épître aux Hébreux (12 : 25-29). La terre et le ciel actuels vont passer, mais le peuple de Dieu est lié à un royaume inébranlable. Auparavant, le Seigneur reviendra - il s'agit ici de son apparition en gloire et de son règne millénial - et dans ce lieu, « il donnera la paix » (Agg. 2 : 9).
 
 
                        - un appel à la conscience du résidu afin qu'il manifeste la sainteté pratique et l'obéissance
 
            Dans un nouveau message, le prophète parle de la sainteté pratique, sans laquelle Dieu ne peut approuver aucun travail. Une double question est posée aux sacrificateurs (v. 11-13). Elle confirme ce principe général. Nos contacts, parfois délibérés et sans précaution, avec un monde entièrement souillé par le péché ne le purifieront pas ! N'est-ce pas pourtant une idée courante ? Tout au contraire, nous serons inévitablement contaminés, si nous nous attardons ou formons des liens dans ce monde mauvais (1 Cor. 15 : 33 ; Nom. 19 : 11). L'exhortation est la même aujourd'hui : cessons de mal faire, apprenons à bien faire. Il faut se retirer de l'iniquité (2 Tim. 2 : 19).
            Le peuple avait constaté que son refus de consacrer son temps au service du Seigneur avait eu des conséquences douloureuses (Agg. 2 :16-17 ; Deut. 28 : 22). Or maintenant l'Eternel annonce un changement complet « dès ce jour et dorénavant. Il a lieu le vingt-quatrième jour du neuvième mois », car le temple a été fondé (v. 18) ! Dès ce jour, je bénirai, promet l'Eternel : la prospérité est assurée, malgré l'absence de semence, qui pourtant semble indispensable, du point de vue humain, pour espérer une récolte, qui sera même abondante (v. 19)  
            Mais là où les droits divins sont respectés, là où se tient un enfant de Dieu qui s'applique à marcher dans la justice pratique, la promesse du Seigneur Jésus aux siens s'accomplira. Recherchons donc premièrement le royaume de Dieu et toutes ces choses – celles qui sont nécessaires à la vie présente - nous seront données par-dessus (Matt. 6 : 33).
 
 
                        - un dernier encouragement, apportant des certitudes à Zorobabel et au peuple
 
            Un dernier message, reçu le jour même, contient des paroles de grâce adressées à Zorobabel. C'était un instrument dans la main de Dieu pour amener le peuple à obéir à Sa Parole. Son nom signifie : « né à Babylone » et son nom chaldéen, Sheshbatsar, se traduit, paraît-il par : « joyeux dans la tribulation » (Esd. 1 : 8).
            L'Eternel a des promesses en réserve pour ce pauvre réchappé de l'exil. Il avait dû être réveillé deux fois, ce qui est aussi souvent notre cas (Esd. 1 ; 5 : 1-2 ; Agg. 1 : 14) ! Le Seigneur va ébranler les cieux et la terre, renverser et détruire, mais « en ce jour-là », Il prendra Zorobabel, qu'Il appelle : « Mon serviteur ». Il sera mis à l'abri, entouré de soins particuliers. Dieu mettra sur lui comme un cachet, car Il l'a choisi. En Orient, un cachet est un objet de valeur (Cant. 8 : 6). Il porte le signe de l'identité de son possesseur ou même son image.
            On peut reconnaître dans ce descendant de David, un type de Christ, le libérateur établi par Dieu pour régner sur Israël. Au-delà de Zorobabel, l'Esprit de Dieu a en vue l'exaltation du Seigneur Jésus. Portons-nous de manière évidente devant tous l'empreinte de Christ ?   
 
 
 
Un message qui a aussi une voix pour nous, chrétiens
 
            Il y a un parallèle entre l'histoire de ce résidu et les jours actuels. Pendant de longs siècles, l'Eglise a été moralement dominée par l'esprit de ce monde. Certes, il y a eu un grand nombre de vrais croyants, fidèles selon la lumière qu'ils avaient reçue ; dans un jour à venir, ils marcheront avec Christ en vêtements blancs et recevront leur récompense. Toutefois l'Eglise professante, dans son ensemble a été et reste assujettie aux principes corrupteurs de ce monde, semblables à ceux de l'idolâtrie qui régnait à Babylone.
            Toutefois, par un travail remarquable de l'Esprit de Dieu, au début du dix-neuvième siècle, le peuple de Dieu a retrouvé les grandes vérités concernant Christ et l'Eglise. Un certain nombre de croyants, avec le désir de marcher selon la vérité, se sont séparés des systèmes humains qui, à des degrés divers, mettent de côté la vérité quant à Christ et à l'Assemblée. Ils ont abandonné les traditions, les coutumes des hommes, et tous les rites et les cérémonies inventés par eux. Ils se sont rassemblés autour de Christ, reconnaissant sa place comme chef de l'Assemblée et au Saint Esprit, la sienne, comme habitant au milieu de cette Assemblée. Mais leur prospérité spirituelle dépendait entièrement de la manière dont ces vérités seraient maintenues.
            Or l'énergie spirituelle a beaucoup diminué. Délivrés des hérésies grossières, nous risquons fort de ne plus respecter les grands principes de la Maison de Dieu. Nous pouvons sortir de la corruption de la chrétienté et pourtant ne pas sortir vers Lui hors du camp (Héb. 13 : 13). Ainsi se forment des rassemblements de croyants indépendants. Alors on ne marche pas dans la reconnaissance du seul Corps, dont Christ est la tête, et de la Maison où l'Esprit habite. Ainsi, on peut même devenir une simple mission évangélique, en laissant échapper peu à peu toutes les vérités retrouvées par grâce.
 
            Construire est une activité positive. Il est juste de se séparer de ce que la Parole de Dieu condamne, de se retirer du mal et de se purifier des vases à déshonneur. Mais il faut aussi poursuivre « la justice, la foi, l'amour et la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur » (2 Tim. 2 : 22). Mettons en pratique les grandes vérités concernant la Maison de Dieu : la sainteté, la dépendance et la soumission à Dieu. Un témoignage positif sera alors rendu à la grâce de Dieu ; Lui-même alors sera adoré « en esprit et en vérité » (Jean 4 : 24).
 

            La Parole de Dieu, telle qu'Il la fit entendre par le prophète Aggée, s'adresse à nous aussi, « encore maintenant » (Joël 2 : 12). Si nous prenons conscience de nos manquements, elle aura sûrement une voix pressante pour notre conscience et notre coeur.
 
            Adressons à Dieu cette requête :
 
                                   Que ton divin Esprit nous enseigne et nous guide,
                                   Par ta sainte Parole agissant dans nos coeurs !
 
 
                                                                                         Ph. L.   07-02-08