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GEDEON : DANGERS ET PIEGES APRES LA VICTOIRE
 

 L'appel et la formation de Gédéon, avant le combat : (Juges 6)
 Le combat et la victoire : (Juges 7)
 Les difficultés et les pièges après la victoire : (Juges 8)
 
 
            « Or, sans la foi, il est impossible de Lui plaire... Que dirai-je davantage ? Car le temps me manquera si je discours de Gédéon, de Barac, et de Samson et de Jephté...  qui par la foi subjuguèrent des royaumes, accomplirent la justice, obtinrent les choses promises... de faibles qu'ils étaient, furent rendus vigoureux, devinrent forts dans la bataille, firent ployer les armées des étrangers » (Héb. 11 : 6, 32-34).
            Que d'enseignements on trouve dans l'histoire de Gédéon ! Nous sommes au temps des Juges, un temps qui ressemble beaucoup au nôtre : « en ces jours-là... chacun faisait ce qui était bon à ses yeux » (Jug. 17 : 6 ; 21 : 25). Dans de telles conditions, tout allait mal. Israël recommençait toujours à faire « ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel » (4 : 1 ; 6 : 1).
 
 
 
L'appel et la formation de Gédéon, avant le combat : (Juges 6)
 
            Pour discipliner son peuple, l'Eternel se sert de Madian : il « livre » les fils Israël en la main  de cet ennemi (v. 1). Les hommes de Madian, Amalek et les fils de l'Orient, nombreux comme des sauterelles, pillent et ravagent le pays.
            Ainsi Satan s'efforce constamment d'affaiblir le croyant, en le privant de la nourriture spirituelle indispensable, du « pain vivant qui est descendu du ciel » (Jean 6 : 51, 58). Imitons Gédéon : malgré les circonstances très difficiles, il se donne beaucoup de peine pour assurer sa subsistance et celle de sa famille. Il bat du froment dans un lieu tout à fait insolite, un pressoir, sans doute par crainte d'être surpris par un ennemi toujours aux aguets.
Or, Dieu regarde« pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent, qui recherche Dieu »(Ps 14 : 2) ; l'Ange de l'Eternel apparaît au fils de Joas et lui dit : « L'Eternel est avec toi, fort et vaillant homme » (v. 12). Montrons-nous la même vertu dans notre vie quotidienne ?
            En s'examinant lui-même, Gédéon ne trouve pas trace de cette force, tout au contraire (v. 15) ! Il a besoin de celle que Dieu fournit (1 Pier. 4 : 11). Ainsi il pourra dire, avec Paul, l'apôtre : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12 : 10).
            Gédéon élève ensuite un autel à ce « Dieu de paix » qui vient de se faire connaître à lui (v. 24). Sitôt après, il apprend qu'il y a des choses à renverser, à démolir, à couper pour être vraiment fort ! (v. 25). N'y a t-il pas une idole dans notre coeur où, pourtant, si nous sommes croyants, habite le Saint Esprit ? Celui-ci devrait en être le seul habitant !
            On sent qu'avant d'obéir, Gédéon passe par de grands tourments d'esprit : il connaît les risques, même en agissant la nuit. Toutefois Dieu le soutient et change les dispositions d'esprit de Joas et celles des hommes de la ville.
            Dieu a travaillé en Gédéon, il va pouvoir maintenant se servir de lui. Dans sa grâce, devant la faiblesse de son serviteur, Il consent à lui donner encore le double signe demandé : celui de la toison (v. 36-40). Nous sommes émerveillés par la patience divine : si nous nous adressons à Lui avec droiture, Il nous montrera clairement sa volonté.
 
 
 
 
Le combat et la victoire : (Juges 7)
 
            Devant la multitude de Madian, d'Amalek et de tous les fils de l'Orient, la petite armée sous les ordres de Jerubbaal, qui est Gédéon, paraît négligeable. Or voilà que l'Eternel la déclare trop nombreuse ! (Jug. 7 : 2) ! La délivrance doit venir uniquement de Lui, personne ne doit pouvoir s'en vanter.
            S'appuyant sur Deut. 20 : 8, Gédéon doit engager tous ceux qui ont peur à retourner chez eux. Plus des deux tiers s'éclipsent : il en reste dix mille ! « Le peuple est encore trop nombreux... je te les épurerai » (v. 4), déclare Dieu à son serviteur. Le verbe hébreu exprime habituellement une purification par le feu, comme pour l'or dans le creuset !
            La foi personnelle du serviteur est mise grandement à l'épreuve, mais il obéit ! Il fait descendre le peuple vers l'eau pour une nouvelle « épuration » des combattants : seuls ceux qui ont bu à la hâte, avec leurs mains, sans prendre leurs aises, sont retenus. Les autres auraient été facilement surpris par l'ennemi : il faut être toujours sur ses gardes (Eph. 5 : 15). Sans attendre que Gédéon lui exprime son inquiétude, l'Eternel lui dit, près de cette source de Harod : « Par les trois cents hommes qui ont lapé l'eau, je vous sauverai et je livrerai Madian en ta main » (v. 7).
            Le camp ennemi se déploie toujours dans la vallée : ils sont environ 135 000 ! Gédéon obéit en tremblant... Alors Dieu qui le connaît bien, comme chacun des siens, condescend à l'enseigner encore : Il lui demande de descendre dans la nuit vers le camp, pour entendre ce que diront les ennemis. S'il craint d'y descendre, il peut prendre avec lui Pura, son jeune homme ; « ensuite », ajoute l'Eternel, « tes mains seront fortifiées » (v. 10-11).
            Justement, deux Madianites s'entretiennent ; Gédéon est tout près d'eux et il peut les écouter ! L'un d'entre eux raconte un songe qu'il vient d'avoir : un gâteau de pain d'orge qui roule vers le camp, et la tente est renversée ! Alors son compagnon en donne aussitôt l'interprétation : « Ce n'est pas autre chose que l'épée de Gédéon, fils de Joas, homme d'Israël : Dieu a livré Madian et tout le camp en sa main » (v. 14). Gédéon se prosterne et adore (v. 15).
            La dernière leçon est peut-être la plus importante, puissions-nous la comprendre également : Jerubbaal, malgré son surnom flamboyant, reconnaît qu'il n'a pas plus de valeur qu'un pauvre pain d'orge ! Alors la bataille peut commencer sous les ordres de l'Eternel.
            Observons les armes de ces étranges soldats : un flambeau allumé à l'intérieur d'une cruche et dans l'autre main, une trompette, comme à Jéricho. Pas d'épée ni de lance ; c'est l'Eternel qui combat ! L'explication est donnée dans 2 Corinthiens 4 : 6-7 : c'est afin que l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous. Le même passage de l'Ecriture compare les croyants à de fragiles vases de terre : notre volonté doit être brisée pour que le trésor, Christ, resplendisse chez le croyant.
            Gédéon leur dit : « Regardez ce que je vais faire et faites de même » (v. 17). Ils doivent agir exactement comme lui, et sonner de la trompette, en criant : « L'épée de l'Eternel et de Gédéon » (v. 20). Gardons notre regard sur Christ et imitons-Le.
            Alors tout le camp s'éveille, épouvanté : c'est bientôt la panique, les ennemis d'Israël s'entretuent et fuient en tous sens. Suit une des pages glorieuses de l'histoire d'Israël (Ps. 83 : 11 ; Es. 11 : 26) : au cours de la poursuite des ennemis, deux des rois sont tués, par Ephraïm, semble-t-il : Oreb au rocher qui porte son nom, et Zeëb, à proximité de son pressoir.
 
 
 
Les difficultés et les pièges après la victoire : (Juges 8)
 
            Après cette victoire, de nouvelles difficultés vont surgir, venant tout d'abord de l'intérieur. Des pièges subtils sont successivement tendus par Satan à cet homme de Dieu. L'exhortation est toujours d'actualité : « Prenez l'armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et après avoir tout surmonter, tenir ferme » (Eph. 6 : 13).
 
                        - la jalousie d'Ephraïm :
            Ce sont d'abord les Ephraïmites qui viennent se plaindre devant Gédéon. A la demande de ses messagers, ils avaient barré le passage du Jourdain. Pourtant, ils contestent maintenant fortement avec Gédéon : « Que nous as-tu fait, de ne pas nous avoir appelés lorsque tu es allé faire la guerre contre Madian ? » (v. 1 ; voir 12 : 1). Le ton de leurs récriminations est plein d'arrogance. Ephraïm se considère comme le chef de file des tribus, et pourtant il n'a pris aucune initiative pour s'opposer aux pillards madianites.
            Finalement, leur colère s'apaise devant la réponse pleine de douceur de Gédéon (Prov. 15 : 1). Ce dernier a appris la leçon que nous devons tous apprendre, c'est-à-dire qu'en réalité, par nous-mêmes, nous ne sommes rien (Gal. 6 : 3). Il amoindrit modestement son rôle et grandit au contraire celui des hommes d'Ephraïm, ce qui a pour effet de les calmer. Il suggère : « Les grappillages d'Ephraïm ne sont-ils pas meilleurs que les vendanges d'Abiézer » ? Abiézer, c'est la famille de Gédéon. « Dieu a livré en votre main les princes de Madian », dit-il à Ephraïm (v. 3).
            Dans cette situation tendue, loin de vouloir nourrir une querelle inutile (2 Tim. 2 : 24-26), Gédéon, à la différence de Jephté plus tard (Jug. 12 : 1-4), préfère, s'il le peut, ne pas se laisser arrêter par des contestations et compléter la victoire.
            Faire ressortir le travail des autres, mettre en évidence leurs qualités, au lieu d'insister sur notre travail et sur nos qualités, est un fruit de la vie divine. Ce fruit n'a rien de commun avec l'hypocrite diplomatie humaine.
            Aujourd'hui, tous les membres dans le corps de Christ sont utiles à la place que Dieu leur a attribuée. Prenons garde de manifester de la jalousie. N'envions pas la place accordée à un autre par le Seigneur. Cherchons soigneusement à remplir le service qui nous a été confié (1 Cor. 7 : 7) : chacun devra rendre compte de son administration.
 
                        - le mépris de Succoth et de Penuel :
            Dieu avait bien choisi Gédéon et ses trois cents combattants ! Dans leur ardente poursuite, ils ne tiennent pas compte maintenant de leur fatigue, pas davantage qu'ils n'avaient cherché à satisfaire leur soif ou un désir de confort à la source d'Harod. Ils ont un but, et poursuivent leur chemin sans se laisser distraire (Phil. 3 : 14).
            La fatigue de ces combattants « poursuivant toujours » (v. 4) était pourtant bien réelle ; la force physique est moindre quand le travail est intense ou que l'âge se fait sentir. L'exhortation du Seigneur est toujours de saison (Marc 6 : 31). Mais il faut souvent poursuivre, malgré la fatigue ; si notre activité reçoit l'assentiment du Seigneur, Il peut renouveler nos forces, s'Il le juge bon. Mais attention ! Un homme fatigué est plus facilement irritable ou découragé. C'est dans cet état d'esprit que Gédéon rencontre les hommes de Succoth qui refusent cyniquement de donner du pain à ses guerriers affaiblis (v. 15). Ceux-ci n'avaient eu aucun repos depuis la veille. De fait, les hommes de Succoth soutenaient l'ennemi (Matt. 12 : 30).
            Gédéon fait la même expérience à Penuel. Mais il ne se laisse pas arrêter, Dieu pourvoit aux besoins de ses serviteurs et la victoire escomptée est remportée (v. 10-12).
La spiritualité et la sagesse d'en Haut sont nécessaires dans de telles circonstances. Gédéon a montré un esprit doux et paisible devant les attaques personnelles d'Ephraïm. Après avoir combattu pour la délivrance de tout le peuple, il doit au contraire juger avec sévérité les habitants de ces deux cités : à Succoth, les anciens sont châtiés (v. 16), tandis qu'à Penuel, il détruit la tour et tue les hommes de la ville (v. 17). Ils ont méprisé la grande délivrance que Dieu opérait par le moyen de Gédéon.
 
                        -  Gédéon est flatté par les rois de Madian, puis par ses frères :
            La flatterie est un piège subtil que l'enfant de Dieu rencontre plus d'une fois sur son chemin. Elle est susceptible de gâter plus d'une victoire (Prov. 29 : 5 ; Ps. 12 : 2). Zébakh et Tsalmunna comparent habilement le visage de Gédéon à la figure d'un roi ; ils vantent aussi sa force (v. 18, 21). Vont-ils réussir à le séduire ? Il n'en est heureusement rien.
            Gédéon a-t-il oublié ses propres craintes et la patience de Dieu à son égard ? Il présume de la force de son premier-né, en l'encourageant à tuer ces deux rois. Or, Jéther n'est encore qu'un jeune garçon : c'est à un homme fait qu'il appartient de le faire. Gédéon prend ensuite (déjà !) les « petites lunes » (Es. 3 : 18) qui sont autour du cou de leurs chameaux  (v. 21) : on voit bien que la semence de l'idolâtrie a germé dans son coeur !
            Quel danger de flatter un serviteur de Dieu, de lui donner une place au-dessus de celle qui convient. Montrer une admiration excessive pour celui qui n'est qu'un instrument dans la main du Seigneur, c'est oublier ce que dit l'Ecriture : « Qu'as-tu, que tu n'aies reçu » (1 Cor. 4 : 7 ; Matt. 23 : 8-10).
            Ensuite, le piège de la flatterie est à nouveau tendu à Gédéon, par ses frères israélites eux-mêmes... Rien de plus naturel, semble-t-il après une telle victoire, s'il domine sur Israël : « car tu nous as sauvés », disent-ils ! Ce qu'ils lui proposent, c'est même une royauté héréditaire. Le désir inné de l'homme est d'avoir un chef visible, auquel il peut regarder.
            La réponse de Gédéon est belle : « Je ne dominerai point sur vous ...  l'Eternel dominera sur vous » (v. 23 ; Ex. 19 : 5-6). Il résiste à la demande de ses frères de dominer sur le peuple de Dieu, mais il va, hélas, céder au piège de l'idolâtrie !
 
 
                         - le piège de l'idolâtrie, fatal à Gédéon:
             Après avoir dit à ses frères : « Je ne dominerai point sur vous », pourquoi Gédéon commet-il une faute lourde de conséquences, en ajoutant : « Je vous ferai une demande : Donnez-moi chacun de vous les anneaux de son butin » (v. 24) ? Quelle différence avec l'attitude d'Abraham ! (Gen. 14 : 18-24 ; Job 22 : 24).
            Le peuple est tout disposé à répondre à la convoitise de Gédéon. Le poids de tout l'or amassé représente une somme considérable : mille sept cent sicles (environ 24 kg) ! Gédéon, issu de la tribu de Manassé, avait eu des relations difficiles avec cette tribu d'Ephraïm où se trouvait alors le sanctuaire, à Silo. Est-ce une des raisons qui le pousse à placer dans sa ville, à Ophra, un éphod, tissé peut-être avec de l'or ? Est-ce dans sa pensée un vêtement de sacrificateur comme celui que David portait (1 Chr. 15 : 27), ou réellement une statue semblable à celle de Michée ? (Jug. 17 : 5). Voilà qui évoque ce que l'Ecriture appelle « la forme de la piété » (2 Tim. 3 : 5). Prenons garde de ne pas introduire à notre tour dans l'assemblée de Dieu ce qui n'a pas la sanction de l'Ecriture, et qui ne serait que le fruit de notre imagination !  
            A quoi pouvait servir cet éphod, sans un sacrificateur et sans aucune relation avec le sanctuaire où se trouvait l'Arche ? Pourtant « tout Israël se prostitua après cet éphod ; et cela devint un piège pour Gédéon et pour sa maison » (v. 27). C'était devenu une véritable idole, qui « pavait » en quelque sorte le chemin par lequel les fils d'Israël allaient retourner se prostituer après les Baals, dès que Gédéon serait mort (v. 33-35).
            Quelle tristesse de voir ce conducteur tomber dans la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie ! Peu après, il sera séduit aussi par un autre « élément du monde », la convoitise de la chair (Col. 2 : 20 ; 1 Jean 2 : 16-17) : Gédéon eut beaucoup de femmes et soixante-dix fils (v. 30). Il eut aussi une concubine dont le fils, Abimélec devait, après avoir tué tous les autres, excepté Jotham qui s'était caché, être établi roi sur Israël !
     
             Tragique fin d'une noble vie, longtemps consacrée exclusivement aux intérêts du Seigneur. Une exhortation pour chacun de nous à veiller, en remettant tout ce qui nous concerne entre les mains du Seigneur, qui seul peut nous garder pour Lui jusqu'à la fin de notre course (Jude v. 24).
 
 
 
                                                                                    Ph. L.      le 19. 10. 07