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LE SERVICE DE JEREMIE, LE PROPHETE (2)
 

3- La hardiesse de Jérémie  
 
 
3- La hardiesse de Jérémie :
 
 
 
            La hardiesse n'était pas naturelle à Jérémie, bien au contraire. Il a fallu toute la puissance de Dieu et de son Esprit agissant en lui, pour qu'il délivre, au cours de tant d'années, les messages que l'Eternel destinait à son peuple et à ses chefs.
 
 
                        3.1 : La proclamation publique des paroles de l'Eternel
 
              Quelle épreuve, pour ce jeune homme timide, de transmettre publiquement à ses auditeurs la parole que l'Eternel lui avait donnée pour eux. Citons-en quelques exemples :
                        - au chapitre 2, Jérémie doit aller et crier aux oreilles de Jérusalem : « Ainsi dit l'Eternel… » (v. 1-2).
                        - au chapitre 7, la mise à l'épreuve est encore plus prononcée, puisque le prophète doit se tenir dans la porte de la maison de l'Eternel, et là, crier cette parole : « Ecoutez la parole de l'Eternel, vous, tout Juda, qui entrez par ces portes pour vous prosterner devant l'Eternel » (v. 1-2).
                        - au chapitre 26, bien des années plus tard, après dix-neuf ans de ministère, Jérémie est appelé, au commencement du règne de Jéhoïakim, à se tenir dans le parvis de la maison de l'Eternel, et dire à toutes les villes de Juda, qui viennent pour se prosterner dans la maison de l'Eternel, toutes les paroles que l'Eternel lui avait commandé de leur dire. L'ordre sonne, précis : « N'en retranche pas une parole » (v. 1-2).
 
            Il ne s'agissait donc pas de conversations privées, d'entretiens à quelques-uns, mais d'une proclamation publique et générale, afin que chacun, à Jérusalem et dans les villes de Juda, entende l'avertissement divin.
 
            Dans les Proverbes, la Sagesse crie et fait retentir sa voix. « Au sommet des hauteurs, sur le chemin, aux carrefours, elle se tient debout. A côté des portes, à l'entrée de la ville, là où l'on passe pour entrer, elle crie … Ecoutez, car je dirai des choses excellentes… » (Prov. 8 : 2-3).
            Il nous est dit du Seigneur Jésus : « Il ne criera pas, et il n'élèvera pas sa voix, et il ne la fera pas entendre dans la rue » (Es. 42 : 2) ; mais lorsque l'occasion le demandait, Il pouvait se tenir là et crier : «  Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive » (Jean 7 : 37).
 
            Quelle différence de pouvoir proclamer le message de la grâce, au lieu d'annoncer sans cesse le jugement, comme devait le faire Jérémie !
 
 
                        3.2 : Les messages adressés au peuple
 
            Au chapitre 2, le prophète rappelle les bénédictions d'autrefois : « Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l'amour de tes fiançailles, quand tu marchais après moi dans le désert... Israël était saint à l'Eternel, les prémices de ses fruits » (v. 2-3). Souvenirs de la délivrance de l'Egypte, de la joie du peuple et de la fraîcheur de son amour, comparables à ce que nous avons pu connaître lors de notre conversion.
            Le peuple avait ensuite été établi en Canaan : « Moi je t'avais plantée, un cep exquis, une toute vraie semence » (v.  21). Esaïe, déjà, avait rappelé les soins du Seigneur pour sa vigne (Es. 5 : 1-2). Jésus lui-même soulignera, dans la parabole des cultivateurs, les efforts du maître pour la sienne (Marc 12 : 1).
            De la part du Seigneur, Jérémie insiste avec sollicitude : « Tu as abandonné l'Eternel ton Dieu, dans le temps où il te faisait marcher dans le chemin…Connais, et vois que, c'est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l'Eternel, ton Dieu, et que ma crainte ne soit pas en toi … » (v. 17, 19). Le peuple n'en avait pas conscience ; aussi, le prophète l'amène à considérer ses voies : « Regarde ton chemin dans la vallée, reconnais ce que tu as fait, dromadaire légère, qui vas çà et là croisant tes chemins » (v. 23).
            A toute époque de la vie, ne convient-il pas de porter ainsi nos regards en arrière, et de considérer le chemin parcouru ? Quelles traces avons-nous laissées ? Sont-elles droites à la suite du Seigneur, ou avons-nous erré çà et là, recherchant notre propre intérêt et non le sien ?
 
 
            Au chapitre 7, le prophète met en lumière la double vie du peuple. D'un côté, ses prétentions à posséder le sanctuaire de l'Eternel : « Ne mettez pas votre confiance en des paroles de mensonge, disant : C'est ici le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel, le temple de l'Eternel ! » (v.  4). Avec quelle solennité cingle ce reproche : « Vous venez, et vous vous tenez devant moi dans cette maison qui est appelée de mon nom et vous dites : Nous sommes délivrés pour faire toutes ces abominations. Cette maison qui est appelée de mon nom, est-elle une caverne de voleurs à vos yeux ? (v. 10-11).
            Ils avaient toutes les apparences de la piété ; ils se rassemblaient même dans le lieu choisi par Dieu. Pourtant, hélas, qu'en était-il de la conduite pratique ? Que d'injustices, d'oppression, d'attachement à d'autres dieux ! A cause de ces actions si contraires à leur apparence extérieure, le jugement allait venir sur eux et sur leur temple.
            N'y a-t-il pas une analogie avec la vie de quelques-uns parmi nous ? On a été élevé dans un milieu chrétien, on en a conservé les habitudes, la fréquentation des réunions autour du Seigneur, une certaine allure chrétienne. Mais, comme les vierges de la parabole, on a une lampe, mais pas d'huile dedans ; on vit une autre vie, parallèle à la précédente, qui laisse une large place au monde et à ses convoitises. Quel danger de se trouver un jour devant une « porte fermée » ! (Matt. 25 : 8-10).
 
            Aussi Jérémie devait-il délivrer un message de jugement. Au chapitre 6, il engageait ses concitoyens à revenir aux « sentiers anciens… Marchez-y, et vous trouverez du repos pour vos âmes », leur conseillait-il (v. 16) ; mais ils s'en défendaient. Il rappelait que des sentinelles avaient été établies sur eux pour les avertir, mais ils refusaient d'y être attentifs. Alors le prophète d'ajouter : « Ecoute, terre, voici je fais venir un mal sur ce peuple, le fruit de leurs pensées... Voici un peuple vient du pays du nord, et une grande nation se réveille des extrémités de la terre… » (v. 19, 22-25). Inexorablement le pot bouillant allait se renverser, et, du nord, viendraient la détresse, l'angoisse, la terreur (1 : 13-16).
 
            Dans une inconscience provocante, le peuple demande : « Pourquoi l'Eternel dit-il contre nous tout ce grand mal, et quelle est notre iniquité, et quel est notre péché que nous avons commis contre l'Eternel, notre Dieu ? » (16 : 10).
            Combien de personnes entendent l'évangile, mais ne veulent pas se reconnaître coupables, perdues ; elles estiment avoir mené une vie rangée et convenable, oubliant que le péché le plus grave qu'un homme puisse commettre est de rejeter Christ et son oeuvre : « Vos pères m'ont abandonné et sont allés après d'autres dieux... et vous… vous voilà marchant chacun suivant le penchant obstiné de son mauvais coeur,  pour ne pas m'écouter » (v. 11-12).
 
            Ce jugement, Jérémie devra continuer à l'annoncer toute sa vie. Au chapitre 25, en la première année de Nebucadnetsar, en l'an 606, la première déportation a lieu. Daniel est emmené à Babylone, les ustensiles du temple sont partiellement emportés. Jérémie rappelle alors au peuple : « Depuis la treizième année de Josias, jusqu'à ce jour, ces vingt-trois ans, la parole de l'Eternel m'est venue, et je vous ai parlé, me levant de bonne heure et parlant ; et vous n'avez pas écouté » (v. 3). L'Eternel a suscité d'autres prophètes, Sophonie par exemple, mais ils n'ont pas voulu prendre garde à eux non plus, ni revenir de leurs mauvaises voies. Le jugement est à la porte, mais ils refusent toujours d'écouter.
 
            Avec cette année 606, débutent les soixante-dix ans (25 : 11) annoncés par le prophète pour la captivité à Babylone, après lesquels un résidu remonterait avec Zorobabel, pour reconstruire le temple ; les premiers chapitres d'Esdras nous en donnent le récit. Les vases sacrés transportés à Babylone, profanés par le roi Beltshatsar (Dan. 5 : 1-4), reviennent en partie, à la suite de l'édit de Cyrus, afin d'être replacés dans le temple restauré (Esd. 1 : 7-11). Ces ustensiles symbolisaient le culte rendu à l'Eternel ; leur grande importance est soulignée par le fait que leur absence et leur retour marquent cet intervalle de soixante-dix ans annoncé par le prophète.
 
 
                        3. 3 : Des images frappantes pour parler au peuple
 
            Pour rendre plus sensible au peuple le message de l'Eternel, Jérémie a été conduit à diverses « actions illustratives » qui devaient frapper ses auditeurs.
 
                        - la ceinture de lin : Jérémie 13 : 1-11
 
            Jérémie doit acheter une ceinture de lin et la garder sur ses reins, sans la laver. Dieu lui ordonne ensuite d'aller la cacher dans le creux d'un rocher près de l'Euphrate. Jérémie entreprend ce long voyage sans discuter. Longtemps après, il lui faut retourner chercher la ceinture, toute gâtée. L'allégorie aurait dû être claire pour les habitants d'Anathoth, et pour tout le peuple : Dieu s'était attaché à eux « comme une ceinture s'attache aux reins d'un homme » (v. 11) ; mais leur orgueil, leur refus d'écouter les paroles des prophètes, l'obstination de leur coeur et leur idolâtrie, leur vaudront d'être, comme la ceinture, transportés sur les rives de l'Euphrate.
            S'ils s'étaient repentis, Dieu aurait écouté leurs supplications et aurait encore fait d'eux « un renom, et une louange, et un ornement » pour lui-même (v. 11).
 
                        - le vase du potier : Jérémie 18 : 1-6 
 
            Un autre jour, le prophète doit aller à la maison du potier, observer son ouvrage. « Le vase qu'il faisait fut gâté » dans la main de l'artisan. De la même masse, il façonne alors un autre vase, « comme il plut aux yeux du potier de le faire » (v. 4).
            Jérémie en tire cette leçon : Dieu peut, si le peuple se détourne du mal qu'il a fait, se repentir du jugement qu'Il pensait leur faire subir ; inversement, la bénédiction prévue peut être perdue, si finalement l'on se détourne. De la part de Dieu, ce changement de pensée n'implique pas un regret de la première décision, mais démontre toute Sa grâce et Sa justice. Lorsqu'Il discerne chez le coupable le moindre signe de repentance, Il suspend l'exécution de son jugement.
 
            Cette patience de Dieu est rappelée à maintes reprises dans l'Ecriture. Par exemple :
                                    - dans les jours de Noé, l'apôtre rappelle que « la patience de Dieu attendait » (1 Pier. 3 : 20) 
                                   - à l'époque de la royauté, à propos d'un homme aussi impie qu'Achab, roi de Juda, l'Eternel dit à Elie : « Vois-tu comment Achab s'est humilié devant moi ?... Je ne ferai pas venir le mal en ses jours (1 Rois 21 : 27-29) 
                                   - dans l'histoire de l'Eglise, même de « la femme Jézabel qui se dit prophétesse » et qui amène la corruption dans l'église, il est écrit : « Je lui ai donné du temps afin qu'elle se repentît » (Apoc. 2 : 20-21).
 
                        - le vase brisé : Jérémie 19 : 1-13
 
            Une autre fois, Jérémie doit acheter un vase de potier. Aux yeux des anciens du peuple et des anciens des sacrificateurs, descendus avec lui dans la vallée du fils de Hinnom, le prophète brise le vase. Ainsi dit l'Eternel : « Je briserai ainsi ce peuple et cette ville comme on brise un vase de potier qui ne peut être raccommodé » (v. 11).
 
                        - des liens et des jougs : Jérémie 27 : 1-11
 
            Se soumettre à Babylone, tel fut de plus en plus le thème de la prédication de Jérémie. Le chapitre 27 nous parle des liens que Jérémie devait confectionner et des jougs qu'il était  appelé à donner à divers rois, et à porter lui-même, en signe de l'esclavage auquel tous devaient être soumis. « Et la nation qui mettra son cou sous le joug du roi de Babylone et le servira, je la laisserai dans sa terre, dit l'Eternel, et elle la labourera et y demeurera (v. 11).
           
            Mais pas plus que sa prédication, ses illustrations pratiques n'ont eu d'effet réel sur le peuple.
 
           
                        3. 4 : Les messages aux chefs 
 
 
            A diverses occasions, Jérémie doit s'adresser aux conducteurs du peuple représentés par :
 
                        - les délégués du roi Sédécias : Jérémie 21 : 1-7
 
                                   Le roi Sédécias avait envoyé deux délégués en espérant que, par l'intervention du prophète, Dieu délivrerait Juda du roi de Babylone. Mais Jérémie, sans se laisser impressionner par l'importance de ses interlocuteurs, ne peut que leur confirmer le jugement qu'il avait annoncé.
           
                        - le roi Jéhoïakim : Jérémie 22 : 1-18
 
                                    Une autre fois, Jérémie s'adresse au roi Jéhoïakim lui-même et ne craint pas de relever combien celui-ci était orgueilleux et dur, cherchant son propre intérêt, sa propre gloire, sans se préoccuper du bien de son peuple (v. 13-17). Josias, qui avait craint l'Eternel, était mort ; il ne convenait pas de se lamenter sur lui (v. 10). Joakhaz, emmené captif, ne reverrait plus le pays de sa naissance (v. 10-12). Quant à Jéhoïakim lui-même, il n'y aura pas de lamentations sur lui lors de sa mort violente mais, « il sera enseveli de l'ensevelissement d'un âne – traîné et tiré par-delà les portes de Jérusalem ». Malgré cette terrible prophétie, le roi refuse d'écouter (v. 19)
 
                        - les pasteurs : Jérémie 23 : 1
 
                                   Jérémie s'en prend aussi aux pasteurs qui détruisaient et dispersaient le troupeau, au lieu de visiter les brebis et d'en prendre soin. Les rois de Juda, les prophètes et les sacrificateurs sont désignés ensemble ici comme les pasteurs, ceux qui avaient la charge de paître le peuple de l'Eternel.
                                   Ezéchiel, prophète de la captivité, a eu le même message pour les pasteurs d'Israël. Ils n'ont pas fortifié les brebis faibles, n'ont pas guéri la malade, ni bandé la blessée, ni ramené l'égarée, ni cherché la perdue. « Vous les avez gouvernées avec dureté et rigueur. Et elles ont été dispersées...et il n'y a eu personne qui les ait recherchées, personne qui se soit enquis d'elles » (Ezé. 34 : 4, 6).
                                   Toutes proportions gardées, de tels manquements ne se sont-ils pas reproduits au travers de l'histoire de l'Eglise, et parfois même, au sein du témoignage du Seigneur ? La dureté et la rigueur ont amené la dispersion. Il n'y a pas eu tous les soins que demande un troupeau où toutes les brebis ne sont pas grasses et fortes, mais certaines aussi malades, blessées, égarées.
 
                        - les prophètes : Jérémie 23 
 
                                   Jérémie fait aussi des reproches aux prophètes. Au lieu de transmettre la parole de l'Eternel, « ils disent la vision de leur coeur » (v. 16). Au lieu de « se tenir dans son conseil secret, de faire entendre ses paroles à son peuple », ils vont de l'avant selon leurs propres pensées. « Je n'ai pas envoyé ces prophètes, et ils ont couru ; je ne leur ai pas parlé, et ils ont prophétisé », doit déclarer l'Eternel (v. 21).
                                   Quel danger de ne pas transmettre fidèlement le message de la Parole de Dieu, de le déformer par des vues personnelles, voire de l'altérer par de faux enseignements !
 
                        - les sacrificateurs : Jérémie 27 : 16
 
                                   Jérémie s'adresse aux sacrificateurs, chefs religieux responsables, et les avertit en particulier au sujet des « ustensiles de la maison de l'Eternel ». Ceux-ci n'allaient pas revenir de Babylone, comme l'annonçaient les faux prophètes ; au contraire, ceux qui restaient dans le temple seraient à leur tour emportés. Une telle déchéance ne devait-elle pas amener les responsables du culte à la repentance ? Mais ils ne firent rien de cet avertissement.
 
                        - le roi Sédécias : Jérémie 27 à 38
 
                                   A plus d'une reprise, le prophète n'a pas craint d'interpeller directement le roi Sédécias. Son message n'est plus le même que du temps des rois précédents, où la repentance aurait suspendu le jugement. Plus d'une déportation a déjà eu lieu ; l'injonction de l'Eternel est maintenant de se soumettre au châtiment : non pas se rebeller contre Nebucadnetsar, mais accepter le joug, se rendre, et servir le roi de Babylone. Au lieu de s'humilier, Sédécias et le reste du peuple s'obstinent à résister.
                                   Dès son avènement, Jérémie parle à Sédécias : « Prêtez vos cous au joug du roi de Babylone, et servez-le, lui et son peuple, et vous vivrez » (27 :12).
                                   Pendant le siège de Jérusalem, il réitère la même exhortation : si tu ne te soumets pas, « certainement tu seras pris, et tu seras livré en sa main, et tes yeux verront les yeux du roi de Babylone…et tu iras à Babylone » (34 : 3).
 
                                   Peut-être Sédécias avait-il été néanmoins un peu impressionné par l'insistance du prophète. « Quand Jérémie fut entré dans la maison de la fosse et dans les caveaux, et qu'il fut resté là bien des jours, le roi Sédécias envoya, et le prit ; et le roi l'interrogea en secret dans sa maison, et dit : Y a-t-il quelque parole de par l'Eternel ? ». Jérémie venait de traverser des mois terribles ; pour être délivré, il aurait pu, en quelque mesure, adoucir son message ; mais, fidèle à la mission que Dieu lui avait confiée, il répond : « Il y en a une ; et il dit : Tu seras livré en la main du roi de Babylone » (37 : 16-17).
                                   Peu après, Sédécias se fait amener secrètement le prophète à la troisième entrée qui était dans la maison de l'Eternel (38 : 14). Une dernière fois, Jérémie exhorte le roi à sortir franchement vers les princes de Babylone, et à accepter le châtiment de Dieu, l'assurant qu'on ne le livrerait pas aux mains des Juifs qui s'étaient déjà rendus aux Chaldéens : « Ecoute, je te prie, la voix de l'Eternel dans ce que je te dis, et tout ira bien pour toi » (v. 20). Le roi hésite, mais ne peut se décider.
 
                                    La neuvième année du règne de Sédécias, au dixième mois, Nebucadnetsar met le siège contre Jérusalem ; seize mois plus tard, la brèche est faite à la ville (39 : 1-2). Le roi de Juda et ses hommes de guerre s'enfuient ; l'armée des Chaldéens les poursuit, capture Sédécias et ses compagnons, et les fait monter vers Nebucadnetsar à Ribla, où le jugement est prononcé ; « le roi de Babylone égorgea les fils de Sédécias… devant ses yeux ; et le roi de Babylone égorgea tous les nobles de Juda ; et il creva les yeux à Sédécias, et le lia avec des chaînes d'airain, pour le mener à Babylone » (v. 6-7). Jérusalem est prise ; la maison du roi et les maisons du peuple sont brûlées ; les murailles, abattues ; le temple est pillé et détruit ; et le peuple, transporté à Babylone (2 Rois 25 : 9-11). Dans son accablement, Jérémie en est réduit à écrire ses « Lamentations ».
 
 
                        3.5 : Le poids de l'affliction porté par Jérémie, sous la colère de l'Eternel : les Lamentations de Jérémie
 
            « Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée !... Elle pleure, elle pleure pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues... Juda est allé en captivité... Il habite parmi les nations, il n'a pas trouvé de repos » (Lam. 1 : 1-3). Dieu a donné libre cours à sa colère contre « la fille de Sion » (Lam. 2 : 1-2). L'autel a été rejeté ; le sanctuaire, répudié ; les murs des palais ont été livrés à la main de l'ennemi. On a poussé des cris dans la maison de l'Eternel ; les remparts et la muraille sont détruits, les portes sont enfoncées ; les princes sont transportés parmi les nations… La loi n'est plus, les prophètes ne trouvent pas de vision de la part de l'Eternel. Les anciens assis par terre gardent le silence et ont mis de la poussière sur leur tête ; les vierges de Jérusalem baissent leur tête vers la terre (2 : 7-10).
            Le prophète rappelle aussi combien le siège de Jérusalem a été terrible. Les petits enfants demandaient du pain, personne ne le rompait pour eux. Ceux qui naguère mangeaient des mets délicats périssaient dans les rues, ceux qui étaient élevés sur l'écarlate embrassaient le fumier. Les habitants tués par l'épée ont été plus heureux que ceux qui ont dépéri et sont morts par la famine ; les femmes ont été jusqu'à manger leurs propres enfants (4 : 4-10).
            Tout est détruit, tout est fini, tout a sombré dans le désespoir : « Notre coeur a cessé de se réjouir ; notre danse est changée en deuil. La couronne de notre tête est tombée. Malheur à nous, car nous avons péché » (5 : 15-16).
 
            Quand tout s'effondre, que reste-t-il ? « Toi, ô Eternel ! tu demeures à toujours » (5 : 19). C'est ce verset que, dans les ruines d'une mission en Chine, une de nos soeurs découvrait sur un pan de mur : malgré la révolte qui chassait tous les chrétiens du pays, le Seigneur lui-même demeurait !
 
            « Toi…  tu demeures » : l'espérance suprême de Jérémie, la certitude qui, malgré tout, restait dans son coeur, n'est-elle pas placée devant nous, pour qu'à travers le mal qui nous entoure et les jugements qui s'annoncent, notre confiance reste en Celui qui demeure et qui vient bientôt ?
 
                                                          D'après « Jérémie, le prophète » de G. André