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 La confiance d'Ebed-Mélec  en l'Eternel


            Le ministère de Jérémie, prophète suscité par l'Eternel en faveur de Juda, s'est étendu sur plus de quarante ans, à la fin de ce royaume. Il va beaucoup souffrir de la part de son peuple et montrer la profondeur de l'amour qu'il lui porte. Sa douleur est augmentée du fait qu'il doit constater leur refus continuel d'écouter. Il porte moralement la charge de leur culpabilité qu'il confesse comme sienne, mais il doit aussi la dénoncer ouvertement. Il ressemble en cela à Christ dans les jours de sa chair : persécuté par les Juifs, dénonçant leur état, Il pleurait sur Jérusalem, à la perspective du jugement qui allait tomber sur elle (Luc 19 : 41).

Jérémie persécuté et maltraité
            A l'indifférence, aux menaces, succèdent pour Jérémie les mauvais traitements. Les complots que l'on voyait se tramer contre lui (Jér. 11 : 19 ; 18 : 18) vont aboutir. Paskhur, sacrificateur et premier intendant, entend le témoignage adressé par le prophète au peuple, pour lui annoncer l'imminence du jugement. Il frappe Jérémie avec des verges et le met aux fers publiquement, à la porte de la ville. Son cou est entravé, il est maintenu par les mains et les pieds dans une position très pénible. Cette scène rappelle celle de la croix, où le Seigneur, lié par son amour, a subi toute la méchanceté de sa créature déchue.
            Jérémie, qui est seul à proclamer la vérité, est devenu un objet de dérision et d'opprobre. Ses familiers guettent sa chute. Les princes, du temps de Jéhoïakim, semblaient avoir de meilleures dispositions que le roi (Jér. 36 : 19). Pendant le règne de Sédécias, c'est le contraire ; il n'y a plus aucun doute qu'ils font partie de ce « panier de mauvaises figues » posé devant le temple que le prophète avait découvert en vision (Jér. 24 : 1-3).

Jérémie opprimé par les princes et emprisonné (Jér. 37)
            Profitant d'une trêve, Jérémie cherche à se rendre dans le territoire de Benjamin. Il est arrêté et accusé d'avoir voulu se rendre aux Chaldéens (Jér. 37 : 13). Considéré comme un traître, il est amené devant les princes. On le bat ignominieusement, puis il est emprisonné dans la maison de Jonathan, le scribe (Jér. 37 : 15). Son cachot est si insalubre qu'il s'attend à y mourir. Pourtant le roi Sédécias, anxieux et faible de caractère, se ménage une entrevue secrète avec lui. A la question de Sédécias : « Y a t-il quelque parole de par l'Eternel ? », Jérémie répond avec toujours le même courage. Son message est bref et solennel : « Tu seras livré en la main du roi de Babylone » (Jér. 37 : 17). Désormais Jérémie sera gardé dans la cour de la prison. Il y reçoit un pain par jour, jusqu'à ce que soit consommé tout le pain de la ville.
           
Jérémie descendu dans la citerne (Jér. 38 : 1-6)
            Par un nouveau message, le prophète avertit encore tout le peuple de la part de l'Eternel : seul, « celui qui sortira vers les Chaldéens vivra, et aura sa vie pour butin... cette ville sera certainement livrée en la main de l'armée du roi de Babylone » (Jér. 38 : 2-3). Ce ne sont pas ces « choses douces » que l'on aime à entendre, envers et contre tout (Es. 30 : 10-11) !
            Pourtant, quelle honte, il se trouve des princes pour se lever et l'accuser de haute trahison ; ils sont quatre et leurs noms sont conservés dans l'Ecriture. Ils affirment devant le roi : « Cet homme ne cherche point la prospérité de ce peuple, mais le mal ». Ils prétendent que, par ses paroles, Jérémie rend lâches les mains des soldats et celles de tout le peuple.  « Qu'on fasse donc mourir cet homme ! », s'écrient-ils (Jér. 38 : 4 ; Lam. 3 : 52).
            Si le coeur de Sédécias est rempli de la crainte des hommes, la crainte de Dieu ne s'y trouve pas (Jér. 38 : 5, 19, 25 ; Prov. 29 : 25). Comme Pilate, il cherche à dégager sa responsabilité. Il répond aux princes : « Voici il est entre vos mains ; car le roi ne peut rien contre vous ». Pilate n'aurait pas voulu que Christ meure, mais il voulait avant tout ne souffrir aucun dommage (Jean 19 : 12). C'est pourquoi il livre finalement le Seigneur à la volonté des Juifs (Luc 23 : 25). Dans cette scène Jérémie est encore un type de Christ.
            Forts de l'assentiment du roi, ces hommes descendent Jérémie, avec des cordes, dans la fosse de Malkija où il n'y avait point d'eau, mais de la boue ; le prophète y enfonce, condamné, dans la pensée de ses tortionnaires, à une mort lente et cruelle dans ce cachot. Sa foi est mise à l'épreuve : Dieu l'avait pourtant assuré qu'Il serait avec lui (Jér. 1 : 8, 19) ! Ne pouvait-il pas alors se demander si Dieu n'était pas après tout une source qui trompe ? (Jér. 15 : 18). Mais quelle grâce, un Dieu fidèle veillait sur lui ! (Deut. 32 : 18). 
            Pendant ce temps, après avoir laissé volontairement Jérémie entre les mains des princes, « le roi était assis à la porte de Benjamin » (Jér. 38 : 7), apparemment insensible à ce qui venait d'arriver. Il est bien loin de ressembler à ce roi des nations, Darius, contraint par son entourage à envoyer Daniel à ce qui semblait être une mort certaine. Ce roi ne connaît plus de repos et se hâte, au point du jour, de courir à la fosse aux lions. Quelle joie il manifeste d'apprendre que le Dieu vivant a délivré son serviteur. Il a envoyé un ange fermer la gueule des lions (Dan. 6 : 14, 18, 20-23 !
            Grande est la détresse du prophète dans ce puits immonde et bourbeux. La fin du verset 6 fait penser aux paroles du psalmiste : « Je suis enfoncé dans une boue profonde, et il n'y a pas où prendre pied... Je suis las de crier » (Ps. 69 : 2-4). C'est une image des souffrances et de la mort de Christ, enfoncé dans la boue profonde du péché, et souffrant de la part des hommes.

L'intervention d'Ebed-Mélec auprès du roi pour secourir Jérémie (Jér. 38 : 7-13)
            Cependant le serviteur de Dieu n'était pas dans la main des princes, mais dans celle de son Maître. Dieu choisit pour sa délivrance un homme auquel nul n'aurait pensé, un étranger : c'est l'eunuque Ebed-Mélec, dont le nom signifie serviteur (ou esclave) du roi. Mais il se révèle être d'abord serviteur du Roi des rois ! Il est sensible au traitement honteux réservé à Jérémie. Son courage contraste vivement avec la lâcheté du roi Sédécias, auquel il déclare, au péril de sa vie : « 0 roi, mon seigneur ! Ces hommes ont mal fait dans tout ce qu'ils ont fait à Jérémie le prophète, qu'ils ont jeté dans la fosse ; il mourra là où il est, à cause de la famine » (Jér. 38 : 9). Pour faire une telle démarche, il a dû vaincre sa peur et aussi son égoïsme naturel (Jér. 39 : 17). Sommes-nous prêts à agir comme lui, quoiqu'il puisse nous en coûter ?
            Sédécias fait à nouveau volte-face (Prov. 21 : 1) : il accorde à son serviteur la grâce demandée. Il lui commande de prendre trente hommes pour l'aider à remonter Jérémie de la fosse ! Cette opération laborieuse souligne le dévouement d'Ebed-Mélec. Les cordes dont se sert cet homme ne sont-elles pas avant tout des liens d'amour ? (Osée 11 : 4). Les vieux lambeaux d'étoffes et les vieux haillons qu'il fait parvenir à Jérémie, pour les mettre sous ses aisselles et diminuer ainsi sa souffrance, disent assez le soin avec lequel ce sauvetage est opéré. Ces choses sans apparence ont la riche valeur de l'amour ; elles ne perdront pas leur récompense. Pour notre monde, épris de technicité, il s'agit de moyens misérables ; on pourrait en dire autant au sujet de la corbeille (2 Cor. 11 : 33), de l'aiguillon de boeufs (Jug. 3 : 31), ou encore des cinq pains d'orge et des deux poissons (Jean 6 : 9) employés dans d'autres circonstances.
            Jérémie est ramené dans la cour de la prison. Là, son ministère d'amour se poursuit jusqu'à la prise de la ville. Il peut adresser un dernier appel à la conscience de Sédécias. Il le supplie en vain d'écouter la voix de l'Eternel (Jér. 38 : 14-28).

La récompense d'Ebed-Mélec
            Aussitôt après avoir délivré Jérémie, Ebed-Mélec s'efface, ce que nous avons souvent le plus de peine à faire. Mais ce n'est pas en vain qu'il a été « celui qui comprend le pauvre » (Ps. 41 : 1). Il sera, à son tour, délivré au mauvais jour. L'Eternel confie à Jérémie, encore captif, un message pour lui : « Va, et tu parleras à Ebed-Mélec, l'Ethiopien » (Jér. 39 : 15). Dieu lui confirme qu'Il va « faire venir ses paroles sur cette ville pour le mal » et cela aura lieu en sa présence. Puis Il ajoute : « Je te délivrerai en ce jour-là...  tu ne seras point livré en la main de ces hommes dont tu as peur...  certainement je te sauverai... tu auras ta vie pour butin, car tu as eu confiance en moi, dit l'Eternel » (Jér. 39 : 16-18). Il est précieux de voir comment Dieu attribue aux siens ce qu'Il a lui-même produit dans leurs coeurs.
            Il n'est jamais en reste avec les hommes de foi. Dieu n'est pas injuste pour oublier leur oeuvre et l'amour qu'ils ont montré pour son Nom en servant les saints (Héb. 6 : 10).   
            Tel est le secret de la bénédiction pour cet homme ; elle sera partagée avec le fidèle Baruc (Jér. 45 : 5), au moment où tout croule autour d'eux. A la différence du roi Sédécias, il a su placer sa confiance en Dieu qui regarde aux motifs du coeur. Etranger aux promesses faites à Israël, comme Rahab ou Ruth, il a trouvé son « asile » en l'Eternel qui, Lui-même, a été « sa  confiance » (Ps. 32 : 7 ; Jér. 17 : 7-8).

                                                                                       Ph. L  25-09-07
 

                        Tes paroles toujours fidèles, Seigneur, ne passeront jamais
                        Et mon âme qui croit en elles, n'a rien à craindre désormais.

                        Je le sais, ô douce pensée ! Oui, je le sais, de tes brebis,
                        Nulle ne sera délaissée : puissant Berger, tu l'as promis.