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Abraham à Guérar

            En lisant le chapitre 20 de la Genèse, on s'étonne de voir Abraham tomber chez Abimélec à Guérar dans la même faute que jadis auprès du Pharaon en Egypte, au début de sa carrière (Gen. 12 : 9-20). Depuis que, remontant de ce pays, il avait retrouvé sa tente et son autel, n'avait-il pas joui d'une pleine communion avec son Dieu, en l'honorant d'une entière confiance à l'égard de ses promesses ? « Il crut Dieu, et cela lui fut compté à justice » ; d'où ses titres « d'ami de Dieu » et de « père des croyants ». Cependant sa foi était exercée ; il n'avait pas encore reçu le fils, objet de la promesse divine. Le moment approchait, mais Dieu savait qu'il restait quelque chose à faire dans le coeur du patriarche pour qu'il fût en état de recevoir ce fils et de Le glorifier ensuite, sans exposer le témoignage divin à quelque opprobre.
Abraham gardait dans son coeur une tendance non jugée. Elle pouvait sous l'effet des circonstances réapparaître et ternir son témoignage, en déshonorant l'Eternel. Aussi, Dieu a permis qu'il descende à Guérar pour y être éprouvé de la même manière qu'en Egypte, quelque vingt-cinq ans auparavant.
            Devant Abimélec, Abraham renie à nouveau le lien qui l'unit à Sara ; mais ce qui nous intéresse, c'est de savoir pourquoi. Pour quelle raison Dieu permet-il parfois que nous retombions dans la même faute ? N'est-ce pas pour nous faire confesser et juger définitivement un mal qui peut demeurer dans le coeur à l'état latent, sans nous troubler, aussi longtemps qu'une circonstance favorable n'occasionne pas sa manifestation ? C'est ce qui
a eu lieu pour Abraham à ce moment-là.
            Aux versets 12 à 13 de ce chapitre, le patriarche confesse qu'au début de son pèlerinage, il avait convenu avec sa femme de dire qu'elle était sa soeur. Cet aveu humiliant, il ne l'avait pas fait lorsqu'il était remonté d'Egypte. En même temps, il juge ici son manque de foi dans la pratique. Celui qui l'avait appelé hors de son pays et de sa parenté était puissant pour le garder du danger qu'il redoutait ! S'il pensait, ce qui était vrai, qu'il n'y avait pas de crainte de Dieu chez les gens de Guérar, il devait s'en trouver chez lui pour laisser Dieu intervenir.
            N'est-ce pas un tableau de notre manière d'agir souvent ? Nous comptons sur Dieu à l'égard de ses promesses célestes, nous savons qu'elles s'accompliront. Mais dans les détails de la vie journalière nous usons d'expédients humains. Nous agissons comme si Dieu était étranger aux circonstances de la vie présente, ou indifférent de nous voir chercher du secours en Egypte, c'est-à-dire dans le monde.
            Mais Dieu est fidèle ; il veut nous délivrer de tout ce qui, à un moment ou à un autre, peut nous être nuisible. Il veut nous mettre en état de recevoir toujours plus abondamment ses précieuses bénédictions. Combien facilement nous conservons nos penchants naturels, sans les juger à fond, parce qu'ils ne se manifestent pas, les circonstances ne s'y prêtant pas.
            Mais, dès que nous y sommes exposés, comme Abraham à Guérar, nous sommes à la merci d'un mal qui n'attendait qu'une occasion pour se montrer dans toute sa laideur, pour souiller notre témoignage et déshonorer le Seigneur. Dans sa grâce, Dieu veut nous mettre à l'abri de telles chutes et nous faire croître dans une vie de sainteté et de communion, sur laquelle sa bénédiction peut reposer librement.
            C'est ce que nous voyons au chapitre suivant. Abraham et Sara ont pu recevoir le fils de la promesse. Il leur est envoyé dans un milieu moral purifié de ce qui pouvait les exposer à une nouvelle chute. Ils ont pu savourer en paix les douceurs
d'une si grande bénédiction.
            Cependant Dieu voulait encore plus pour cet heureux patriarche. Nous sommes son ouvrage, et Il nous façonne en vue du but glorieux qu'Il veut atteindre. Après la naissance d'Isaac, Abraham devait encore être délivré de la présence d'Agar et de son fils. Ils étaient les conséquences de son manque de foi en deux occasions. Agar était une acquisition faite en Egypte, et Ismaël le résultat de l'action de la chair incrédule en vue d'obtenir par ses propres moyens ce que Dieu avait promis. Après cette épuration intérieure et extérieure, la bénédiction de Dieu pouvait enfin reposer librement sur le bienheureux dépositaire des promesses.
            A notre avis, il semble que Dieu ne pouvait rien donner de plus à Abraham qu'Isaac, Cependant Il se proposait de faire encore davantage pour lui. Il est écrit, au chapitre 22 : 1 : « Et il arriva, après ces choses, que Dieu éprouva Abraham ». Après que Dieu eut terminé l'éducation d'Abraham, et après qu'il lui eut donné Isaac, il fallait encore prouver qu'il ne restait pas la plus
petite paille dans le précieux métal de sa foi. Les perfections de celle-ci pouvaient être manifestées sans crainte que les résultats de l'épreuve ne répondent pas à ce que Dieu en attendait. C'était « l'épreuve de la foi plus précieuse que celle de l'or qui périt ». Dieu demande à Abraham de lui offrir son fils en sacrifice. Mais qu'allaient devenir alors les promesses qui reposaient sur Isaac ? Abraham savait qu'elles reposaient avant tout sur la parole de l'Eternel
Il pouvait sacrifier son fils : il savait que la parole de l'Eternel à son égard était immuable comme Dieu lui-même.
ll reçoit Isaac comme s'il était ressuscité. Quel triomphe de la foi ! Quelle gloire pour Dieu ! On peut voir dans un homme faillible, mais que Dieu a formé pour se glorifier en lui, une foi sans réserve en sa Parole !
            Il est merveilleux de considérer les voies de Dieu pleines d'amour et de sagesse envers les siens ! Nous les voyons dans l'histoire des croyants du passé, et nous avons l'assurance qu'il en va de même pour nous maintenant. Peut-être ne les comprenons-nous pas maintenant, mais nous pouvons nous confier en Dieu : Il les fera aboutir dans la gloire. Pour nous, chrétiens, le temps actuel est celui de l'épreuve ; mais le moment approche où nous jouirons de ses résultats glorieux et éternels.
            Dieu montre dans sa Parole que, par l'épreuve, il se propose d'atteindre des buts divers. En 2 Chroniques 32 : 31, Dieu abandonne Ezéchias « pour l'éprouver afin qu'il connut ce qui était dans son coeur ». Le résultat est humiliant ; mais le but de Dieu, comme aussi dans le cas de Job, était qu'il connaisse son propre coeur, pour apprendre à mieux connaître celui de Dieu.
            Par le moyen d'autres épreuves, Dieu nous amène à une entière dépendance de lui-même, au sentiment de notre néant, comme dans le cas de Paul, en 2 Corinthiens 12 : 9. Dieu a toujours en vue de nous faire porter sur nous-mêmes le même jugement que Lui, afin de pouvoir ensuite nous bénir. L'épreuve de la foi est de toutes la plus glorieuse. Elle ne peut avoir lieu qu'au moment où Dieu juge que notre foi peut la supporter. Il arrive souvent que nous
souffrions sous les conséquences de nos fautes ; dans ce cas il s'agit plutôt du jugement de Dieu, quoique l'épreuve de la foi puisse aussi en faire partie.
            Quel encouragement on découvre dans toutes ces dispensations de Dieu à notre égard. On sait qu'Il est toujours actif derrière la scène. Il veut que tout aboutisse à sa gloire, laquelle Il nous appelle à partager. Apprenons à endurer l'épreuve avec patience et confiance en attendant de jouir, dans la gloire, de tous les résultats que Dieu en aura obtenu. Nous verrons Christ face à face et que nous connaîtrons comme nous avons été connus !


                 S. Prodhom - Article revu, paru dans le « Messager Evangélique » (année 1925)


                        Père, nous comprendrons, là-haut devant ta face,
                        Ton immense bonté pour chacun des élus ;
                        Dans les siècles sans fin nous bénirons ta grâce
                        Déployée envers nous dans l'oeuvre de Jésus.