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L’ÉCOLE DE DIEU DANS LE LIVRE DE DANIEL (ch. 7-9)


DANIEL (ch. 7)
DANIEL (ch. 8)
DANIEL (ch. 9)


           L’auteur n’a pas eu pour but d’expliquer en détail les prophéties contenues dans les chapitres 7 à 12. Il s’est contenté d’en indiquer les grandes lignes. Des explications utiles sur ces chapitres se trouvent dans les « articles suivis » sur ce livre de Daniel : « Daniel, le prophète » de E. Dennet.


DANIEL (ch. 7)

          Jusqu’ici, Daniel a été l’interprète des visions et des songes que Dieu avait donnés à quelqu’un d’autre. Maintenant les communisations divines lui sont directement adressées ; elles lui révèlent d’une manière plus complète et plus détaillée ce qui avait été annoncé dans ses grandes lignes à Nebucadnetsar.
          Une partie de ces révélations sont confiées à Daniel par des visions (ch. 7 et 8), d’autres lui sont données en détail par des communications verbales (ch. 11).
       La grande statue qu’avait vue en songe Nebucadnetsar préfigurait simplement la suprématie des nations succédant à celle d’Israël, en indiquant une unité constituée de quatre empires successifs.

                        La vision des quatre bêtes, quatre monarchies successives

        Le chapitre 7 montre à Daniel ces différentes monarchies sous les symboles de quatre animaux sauvages, avec leurs traits caractéristiques : un lion, un ours et un léopard, puis « une bête effrayante et terrible » (v. 7). Cette dernière, tout en gardant le caractère d’un animal, se présente à la fin sous une forme qui symbolise l’intelligence et le défi, plutôt que la brutalité et la férocité : elle a « des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche proférant de grandes choses «  (v. 8). Des royaumes successifs sont évoqués, s’élevant au plus haut point sous le contrôle de la volonté de Dieu, pour être ensuite réduits en miettes devant les armées victorieuses de la monarchie suivante. Il s’agit de l’empire babylonien, puis de celui des Mèdes et des Perses, auquel succède l’empire grec d’Alexandre, et finalement l’empire romain.
          Mais la vision révèle aussi des éléments prophétiques supplémentaires : le jugement final qui sera remis au « fils d’homme » par « l’Ancien des jours » (v. 13), d’une façon qui identifie le Fils de l’homme à Celui qui est Dieu de toute éternité. La vision annonce aussi le retour de la domination des nations à Israël (v. 22-27).

                        Le profond effet sur l’esprit de Daniel

          Ces merveilleuses révélations ont un effet bien remarquable sur Daniel. L’intensité des exercices de son âme produit des effets physiques que l’Esprit de Dieu a jugé bon de nous rapporter. « Moi, Daniel, je fus troublé dans mon esprit au-dedans de mon corps, et les visions de ma tête m’effrayèrent » (v. 15). « Quant à moi, Daniel, mes pensées me troublèrent beaucoup, et ma couleur fut changée en moi. Mais je gardai la chose dans mon cœur » (v. 28). Il s’agit d’une révélation divine sans précédent faite à un vase de terre. Les vases utilisés par Dieu pour être les dépositaires d’une telle révélation ne sont pas de simples automates recevant et répétant mécaniquement ce qu’ils ont entendu. « De saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pi. 1 : 21).


DANIEL (ch. 8)

                        Le royaume des Mèdes et des Perses et le royaume grec

          La vision du chapitre 7 avait eu lieu la première année du règne de Belshatsar, roi de Babylone. Celle du chapitre 8 se situe la troisième année de ce même règne. Elle se limite aux monarchies médo-perse et grecque, qui avaient été représentées au chapitre 7 par l’ours et le léopard.
          Ici, au chapitre 8, ces royaumes sont vus sous la figure d’un bélier ayant deux cornes, puis d’un bouc ayant une corne de grande apparence qui renverse le bélier et le foule aux pieds. Le bélier avec ses deux cornes, ce sont les rois de Médie et de Perse, tandis que le bouc représente l’empire grec (v. 20-21). La grande corne désigne le premier roi, Alexandre le Grand. Cette corne est rapidement brisée et quatre autres cornes s’élèvent à sa place. À la mort d’Alexandre, son vaste empire a été partagé en quatre grands territoires, sur lesquels ont régné ses quatre généraux. Sur les restes – ou le renouveau – de l’un de ces territoires, celui du nord-ouest, « au dernier temps de leur royaume, quand les transgresseurs auront comblé la mesure », il surgira « un roi au visage audacieux » (v. 23). « Il se lèvera contre le prince des princes, mais il sera brisé sans main » (v. 25). Il est dit expressément que la vision se rapporte à une période qui n’est pas immédiate ; elle doit s’accomplir après « beaucoup de jours » (v. 26), et bien sûr, lorsque le « Prince des princes » sera révélé.
         De nouveau, le serviteur de Dieu est profondément touché et affecté physiquement par la vision. Le corps naturel est un vase bien fragile pour recevoir des communications aussi extraordinaires, qui apportent à l’esprit du prophète la ferme conviction de leur origine divine. « Et moi, Daniel, je défaillis, et je fus malade quelques jours ; puis je me levai, et je m’occupai des affaires du roi. Et je fus stupéfié de la vision, mais personne ne la comprit » (v. 27).


DANIEL (ch. 9)

        Jusqu’ici, les révélations faites à Daniel ont été liées à des songes et à des visions. Les premiers ont été des communications directes de Dieu à Nebucadnetsar, et leurs interprétations ont été confiées à Daniel par des communications spirituelles. Ensuite, Daniel a eu lui-même des visions, dont l’interprétation a été donnée par des agents célestes en communication directe avec lui.

                        L’annonce de la fin de la déportation

         Le chapitre 9 présente un autre genre de communication divine. Ce qui en fournit l’occasion, ce sont les circonstances des Juifs à ce moment de leur captivité, et leur retour dans leur pays. Ce sont ici les Écritures - en fait le livre de Jérémie - qui contiennent des annonces prophétiques concernant le gouvernement de l’Éternel (v. 2). Ce troisième moyen de communication dirige d’une manière absolue l’esprit de Daniel. Les moyens varient, mais la source en est unique. C’est l’Éternel lui-même qui condescend en grâce à faire connaître à sa créature sa pensée et sa volonté. Le cœur de Daniel a parfaitement répondu à ces révélations, sous quelque forme qu’elles lui aient été faites.
          Moïse, les Psaumes et les prophètes, dans la mesure où ces récits lui étaient accessibles, ont dû fournir à Daniel une source inépuisable de méditation et un grand encouragement dans cette période sombre de la dispersion d’Israël. Or Jérémie avait écrit quelque chose au sujet de la durée de la captivité de Juda. Les recherches de Daniel dans les Écritures ont mis en lumière une parole prophétique liée à cette captivité, et cela au moment le plus opportun, dans les voies remarquables de Dieu qui conduit toutes choses. Cette période de captivité était limitée à 70 ans et allait bientôt se terminer – probablement cinq ou six ans plus tard (voir Jér. 25 : 12 ; 29 : 10). La liberté du peuple et sa restauration étaient heureusement proches.

                        La confession de Daniel et l’appel à la miséricorde de Dieu

           La découverte de l’accomplissement prochain de cet événement glorieux a-t-elle produit en Daniel une explosion de jubilation et de réjouissance ? On aurait pu s’y attendre. Mais au lieu de réjouissances bien compréhensibles, c’est dans le jeûne et l’humiliation que nous trouvons Daniel. « Et je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, pour le rechercher par la prière et la supplication, dans le jeûne, et le sac et la cendre » (v. 3).
           Oppressé en pensant à l’état moral d’Israël qui avait amené la discipline et la dispersion, ce fidèle serviteur répand alors son cœur devant Dieu. Il commence sa prière en reconnaissant le caractère de l’Éternel qui garde son alliance. Il confesse le péché d’Israël, sa méchanceté et sa rébellion, qui, sous la main d’un Dieu juste, l’ont privé de toute bénédiction liée à l’obéissance. Bien que personnellement juste et droit, Daniel s’identifie à l’état misérable qui fait la honte de la nation. Les commandements et les ordonnances de la loi de Moïse avaient été abandonnés. Le peuple avait fait la sourde oreille aux appels réitérés des prophètes. La « justice » avait caractérisé les voies de l’Éternel tout au long de l’histoire d’Israël ; pour les hommes de Juda, les habitants de Jérusalem et tout Israël, il n’y avait maintenant, dit Daniel, que la « honte sur nos visages » (v. 7). Se faisant la bouche du peuple, Daniel exprime une confession nationale : rois, princes, hommes du peuple ou leurs pères, tous sont également coupables. Il n’y a rien de positif à produire. Il ne reste qu’à crier à Dieu pour implorer sa miséricorde et son pardon (v. 9). Au cours des siècles précédents, le juste jugement de l’Éternel – ainsi que l’annonçait la loi de Moïse – avait été bien des fois exercé sur la nation coupable, mais il n’avait pas ramené les cœurs vers l’Éternel, ni produit en yeux la repentance et la confession (v. 13). C’est pourquoi, au lieu de veiller sur eux pour les bénir, Dieu avait « veillé sur le mal », et l’avait fait venir sur eux (v. 14).
           La puissance de l’Éternel qui avait autrefois racheté Israël de la servitude des Égyptiens fournit à Daniel une base pour le supplier en faveur de son peuple et de son « sanctuaire désolé » (v. 17). Il répand les sentiments de son cœur dans la douleur et la repentance, ne s’appuyant que sur la fidélité de l’Éternel : « Seigneur, écoute ; Seigneur, pardonne ; Seigneur, sois attentif et agis ; ne tarde pas, à cause de toi-même, mon Dieu ; car ta ville et ton peuple sont appelés de ton nom » (v. 19).
            Il vaut la peine de remarquer comment Moïse, les prophètes et les psaumes se relient dans la supplication de Daniel en faveur de son peuple. Sa connaissance de la durée de la captivité venait des écrits inspirés des prophètes. Les psaumes fournissaient le langage approprié aux circonstances de ce moment (comparer le v. 5 avec Ps. 106 : 6). Et il était bien à propos de rappeler que la loi de Moïse indiquait les terribles conséquences de l’éloignement du Dieu vivant et de l’oubli de la puissance et de la bonté qu’il avait déployées en leur faveur (v. 13).

                        La réponse de l’Éternel par l’ange Gabriel

          Alors, ce fidèle Israélite obtient sans délai une récompense du travail qui a été produit dans son âme. Il reçoit une réponse de l’Éternel, comprenant un message qui lui est adressé personnellement et des révélations prophétiques supplémentaires au sujet de l’histoire future de la nation.
         Une requête si fervente et si appropriée reçoit une réponse immédiate de la part de Dieu. « Je parlais encore en priant, et l’homme Gabriel que j’avais vu dans la vision au commencement… me toucha… Et il me fit comprendre, et me parla, et dit :… Au commencement de tes supplications la parole est sortie, et je suis venu pour te la déclarer, car tu es un bien-aimé » (v. 21-23). Dans sa grâce, Dieu donne à son serviteur oppressé les paroles de réconfort et de consolation dont il a besoin. En effet, la promptitude de la réponse, la dignité du messager céleste et l’assurance de la place qu’il avait dans le cœur de l’Éternel ne pouvaient manquer de fortifier le cœur de Daniel et d’approfondir le fondement de sa confiance dans les voies du Dieu d’Israël envers son peuple, quels que soient leurs résultats.
            L’Éternel a plus d’une fois fait connaître son approbation de l’un de ses serviteurs par une expression particulière :
                 - Il est écrit au sujet de Noé qu’il « trouva grâce aux yeux de l’Éternel » (Gen. 6 : 8) ;
               - Il est dit au sujet d’Abraham qu’il était « l’ami de Dieu » (Es. 41 : 8 ; Jac. 2 : 23) ;. - De Moïse, Dieu dit : « Mon serviteur Moïse... est fidèle dans toute ma maison ; je parle avec lui directement » (Nom. 12 : 7-8) ;
                 - David est désigné par Dieu comme « un homme selon mon cœur, qui fera toute ma volonté » (Act. 13 : 22) ;
                - De manière analogue, une expression spéciale de l’approbation divine était réservée pour Daniel : de la part de l’Éternel, le messager céleste lui déclare ici : « Tu es un bien-aimé » (v. 23).

       Ces paroles nous font penser à celles que nous entendons de la bouche du Père, à travers les cieux ouverts, concernant le Fils de son amour, devenu homme sur la terre : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » (Luc 3 : 22).
           Quelle profondeur de grâce, quelle consolation, quelle compensation se trouvaient dans un tel message adressé à un homme dont le cœur était submergé par la tristesse !

                        Les 70 semaines d’années

          Mais Dieu avait en réserve encore une autre consolation pour Daniel. Il fait de lui le dépositaire de ses pensées concernant l’avenir de la nation, pour une période de 70 semaines d’années (v. 24). Cette période se divise en trois : sept, 62 et une. Son point de départ est le moment de « la sortie de la parole pour rétablir et rebâtir Jérusalem » (voir. Néh. 2 : 3-8).
       Les sept premières semaines – 49 années – se rapportent à la reconstruction de la ville, qui devait se passer « en des temps de trouble » (v. 25). Les 62 semaines suivantes – 434 années – indiquent le temps qui doit s’écouler ensuite jusqu’à ce que « le Messie, le Prince », soit « retranché » (v. 26), c’est-à-dire jusqu’à la crucifixion du Christ. La dernière semaine – 7 années – est encore future. La période de l’Église ne fait pas partie des « 70 semaines déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville « (v. 24), mais s’intercale entre les deux dernières subdivisions. Les 70 semaines ont été « déterminées… pour clore la transgression, et pour en finir avec les péchés, et pour faire propitiation pour l’iniquité, et pour introduire la justice des siècles, et pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le saint des saints » (v. 24). C’est l’établissement du Millénium.

 

D’après M. C. Gahan (« Messager évangélique » année 2009 p. 93-96 ; 116-119 ; 150-157)

 

À suivre