La hardiesse
Lecture proposée : Actes 3 et 4
Un miracle notoire vient d’être accompli à Jérusalem : un homme, impotent dès sa naissance au point de ne pouvoir se tenir debout, a été vu marchant et sautant. Guéri par la puissance du nom de Jésus Christ le Nazaréen, il loue Dieu qui lui a donné la capacité de marcher comme ses semblables (3 : 8).
Les chefs du peuple, haineux et jaloux, se sont saisis des apôtres, instruments de cette guérison, et les gardent sous surveillance pour les interroger le lendemain. Après avoir entendu la réponse assurée de Pierre (4 : 12), et « considérant la hardiesse de Pierre et de Jean » (v. 13), ils décident de les relâcher, non sans leur avoir interdit au préalable, avec menaces, de parler encore de Jésus (v. 17-18, 21).
Leur liberté retrouvée, ils viennent vers leurs frères, et ensemble, d’un commun accord, ils s’en remettent à Dieu. Ils s’adressent à Celui qui est souverain, au Créateur de toutes choses (v. 23-24). Que sont ces quelques hommes, méchants et violents, en présence de Celui qui par sa puissance a fait la terre, qui a établi le monde par sa sagesse et qui, par son intelligence, a étendu les cieux ? Celui qui « a tout formé » (Jér. 10 : 16) domine sur eux comme Il domine sur toutes choses. – Aussi demandent-ils avec supplication : « Et maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces, et donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse (v. 29).
Plusieurs passages du livre des Actes des apôtres montrent que cette prière a été exaucée, que Dieu a accordé cette hardiesse à ses serviteurs. Elle avait pour but la gloire de Celui qui veut que « tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2 : 4). Au sujet des apôtres, à Jérusalem tout d’abord, il est dit qu’ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse (v. 31). Ils n’ont pas terminé leur supplication, semble-t-il, que déjà ils en voient l’exaucement.
Antioche de Pisidie
Plus tard, dans cette ville, Paul est laissé libre par les chefs de la synagogue de dire au peuple quelque parole d’exhortation ; il rappelle alors succinctement les dispensations de Dieu à l’égard d’Israël jusqu’à l’arrivée - dispensation suprême - de Jésus, le Sauveur. Remplis de jalousie, les Juifs contredisent et se répandent en blasphèmes. Paul et Barnabas s’enhardissent alors et leur répondent que, puisqu’ils rejettent la parole de Dieu, ils se tourneront désormais vers ceux des nations (13 : 46).
Iconium
Les apôtres rencontrent ici la même opposition, ce qui ne les empêche pas de parler hardiment. L’Esprit de Dieu indique la source de leur hardiesse : « parlant hardiment, appuyés sur le Seigneur » (14 : 3). Ils ne s’appuyaient pas sur eux-mêmes, sur quelque capacité naturelle, ni même sur les dons de grâce qu’ils avaient reçus. Ils comptaient sur le Seigneur et, avec la force que donnent la confiance et la tranquillité, ils pouvaient, malgré l’hostilité des Juifs, parler de Lui en toute hardiesse. Il est même dit qu’ils « séjournèrent là assez longtemps » et que plus tard ils y retournèrent, estimant que « c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (v. 22).
Éphèse
Apollos a été un autre serviteur qui a rendu témoignage avec hardiesse au Seigneur. « Homme éloquent et puissant dans les l'Écritures », « fervent d’esprit », il vient à Éphèse pour « enseigner avec exactitude ce qui concernait Jésus » et « parler avec hardiesse dans la synagogue » (v. 24-26). Il n’y a pas seulement chez lui éloquence et hardiesse ; il y a aussi ferveur d’esprit et diligence. Cette association des qualités tant prisées par l’homme naturel mérite d’être soulignée. S’il n’y avait eu qu’éloquence et hardiesse, il n’aurait pas « contribué beaucoup » à l’avancement des croyants (v. 27).
Nous retrouvons l’apôtre Paul à Éphèse. Il y parle avec hardiesse, persuadant ses auditeurs pendant trois mois « de ce qui concerne le royaume de Dieu » (19 : 8). Puis se séparant de ceux qui se montrent endurcis, rebelles et médisants, il poursuit son activité pendant deux ans, afin que tous les Juifs et les Grecs d’Asie puissent entendre la parole du Seigneur.
Césarée
Tandis que Paul prononce son apologie devant le roi Agrippa et la reine Bérénice, nous l’entendons encore parler hardiment ; et il le fait d’autant plus qu’il est persuadé qu’Agrippa n’ignore rien de ces choses (26 : 26). Il ne craint même pas de s’adresser à lui personnellement : « Roi Agrippa ! crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois » (v. 27). Agrippa, quelque peu gêné, répond : « Bientôt, tu vas me persuader de devenir chrétien ! » (v. 28). Et Paul, prisonnier méprisé, mais combien élevé au-dessus de ce roi venu en grande pompe, éprouve une immense joie d’appartenir au Sauveur mort pour ses péchés et ressuscité pour sa justification ; aussi souhaite-t-il avec amour que cette société, qui n’avait que l’éclat extérieur, devienne comme lui, « à part ses liens » (v. 29). C’est là le tableau d’une hardiesse pleine de dignité et de grandeur.
Rome
Le livre des Actes se termine par la mention de la hardiesse. « Paul… recevait tous ceux qui venaient le voir. Il prêchait le royaume de Dieu et enseignait tout ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, avec toute hardiesse, sans empêchement » (28 : 30-31). Le serviteur du Seigneur est retenu à Rome, mais « la parole de Dieu n’est pas liée » (2 Tim. 2 : 9). Indissolublement attaché à un Christ glorifié qui est sa force, sa vie, son tout, il demeure capable de parler, avec toute hardiesse, des conseils magnifiques de la grâce de Dieu « depuis le matin jusqu’au soir » (Act. 28 : 23) !
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La hardiesse est cette énergie que donne une totale confiance en Dieu pour parler de Lui, librement et avec assurance, envers et contre tout. Le terme grec de l’original (parrhêsia), qui est le même dans tous les passages cités, donne l’idée de parler librement, et les auteurs latins, détail intéressant, ont jugé bon de le rendre par un mot qui donne l’idée de foi, de confiance (fiducia).
La source de la hardiesse des apôtres était dans le Seigneur, et s’ils pouvaient parler hardiment de Lui, c’est qu’ils étaient remplis de Lui et qu’ils n’avaient qu’un but : sa gloire. Les apôtres à Jérusalem n’ont devant eux que le nom de Jésus, le saint serviteur de Dieu. Paul, à Antioche de Pisidie, démontre que toutes les voies de Dieu en Israël devaient aboutir à la manifestation de Jésus, le Sauveur. À Iconium, nous les voyons appuyés sur le Seigneur. Apollos enseigne avec diligence les choses qui concernent Jésus et Paul prêche à Éphèse que c’est en Celui qui vient après Jean le Baptiseur, c’est-à-dire en Jésus, qu’il faut croire. Devant la cour, à Césarée, il rappelle que le roi Agrippa croit aux prophètes, lesquels ont annoncé la mort et la résurrection du Christ, et les choses qu’il enseigne durant sa captivité à Rome sont les choses qui concernent le Seigneur Jésus Christ.
Combien il est à désirer que nous qui sommes jeunes nous montrions plus de hardiesse dans les jours d’indifférence, de lassitude, de nonchalance, que nous vivons. Si nous aimions davantage le Seigneur, nous userions aussi de plus de hardiesse comme dit l’apôtre Paul : « que, quand j’ouvrirai la bouche, la parole me soit donnée pour faire connaître avec hardiesse le mystère de l’évangile, pour lequel je suis un ambassadeur lié de chaînes, afin que j’aie la hardiesse d’en parler comme je le dois » (Éph. 6 : 19-20).
Plus de hardiesse pour parler de Lui :
- dans le cercle de famille où il est peut-être plus difficile qu’ailleurs de rendre un bon témoignage ;
- dans le domaine de l’assemblée où la faiblesse doit nous inciter à travailler pour son bien ;
- dans le monde, là où le Seigneur nous a placés, où parfois l’opprobre est pénible à supporter.
Recherchons cette hardiesse auprès de Lui avec confiance : Il nous la donnera comme Il l’a donnée à ces frères dont l’apôtre parle dans l’épître aux Philippiens, qui un jour eurent « beaucoup plus de hardiesse pour annoncer la Parole sans crainte » (1 : 14).
D’après G. André