PENSÉES SUR LE PSAUME 22 (3)
« Car des chiens m’ont environné, une troupe de méchants m’a entouré ; ils ont percé mes mains et mes pieds ;
Je compterais tous mes os. Ils me contemplent, ils me regardent ;
Ils partagent entre eux mes vêtements, et sur ma robe ils jettent le sort.
Mais toi, Éternel ! ne te tiens pas loin ; toi qui es ma force ! hâte-toi de me secourir.
Délivre mon âme de l’épée, mon unique de la patte du chien.
Sauve-moi de la gueule du lion » (v. 17-22a).
Ces versets nous font discerner la délicatesse inégalable du Seigneur et les souffrances qui ont été les siennes à cet égard. Extérieurement Il était un homme comme les autres, mais, entre autres différences, il y avait chez Lui une noblesse et une distinction morales infinies. Elles sont présentées ici foulées aux pieds par ces « chiens » qu’étaient les hommes déchaînés contre Lui. Quel aveuglement était le leur, le nôtre, pour oser seulement porter les mains sur le corps du Seigneur ! Il s’est offert à cette humiliation sans se protéger, là non plus.
S’ils avaient eu eux-mêmes la moindre délicatesse, ils ne se seraient pas permis de Le regarder sur la croix. Il y a des choses qui ne se regardent pas. Un minimum d’égards veut que l’on détourne les yeux de quelqu’un qui souffre, avec un sentiment de confusion. Eux au contraire sont là, cyniques, à ne rien ménager. Ils Le regardent, ils Le touchent, ils partagent ses vêtements sans la moindre retenue. Il est dit à plusieurs reprises : ils m’ont « environné », ils m’ont « entouré », pour bien souligner la violence et la méchanceté de ces hommes impurs. Ils étaient tous ligués contre le Saint et le Juste. Ils étaient tous unanimes dans leur acharnement contre le Crucifié.
Ces expressions de la Parole sont extrêmement parlantes ; elles évoquent la hargne, la cruauté sauvage des « chiens », cette lâcheté aussi manifestée à l’égard de Celui qui était là sans défense. Tel était le cœur de l’homme débordant de haine contre son Créateur venu vers lui, et venu pour lui faire du bien : une véritable meute de chiens, hurlant contre Lui qui était parfait, qui était l’expression même de la douceur et de la bonté. On sait ce que peuvent être les réactions de férocité d’une foule où les instincts les plus bas se révèlent et se donnent libre cours parce qu’ils sont anonymes.
Combien le cœur du Seigneur a été meurtri ! Ces foules hostiles qu’une curiosité impure attirait au « spectacle » de la crucifixion (Luc 23 : 48), étaient, on peut le penser, spécialement nombreuses pendant ces jours de la Pâque ; elles étaient celles que Jésus, avec sollicitude et compassion, avait enseignées, guéries, nourries au désert, les mêmes qui voulaient Le faire roi ou qui L’acclamaient quelques jours plus tôt lorsqu’Il entrait dans sa ville royale de Jérusalem. Combien cette ingratitude a dû Lui être sensible ! On comprend que son cœur soit « fondu comme de la cire » devant une telle haine de l’homme contre Lui. Les expressions employées ici sont extraordinaires : « Mon cœur est fondu au-dedans de mes entrailles » ; « je suis répandu comme de l’eau » (v. 15). Il y a eu la violence, il y a eu la haine, l’ingratitude et la moquerie ; tout a été contre Lui. Tout ce que le cœur de l’homme est en méchanceté s’est manifesté entièrement à la croix.
Sur la base des sentiments naturels on peut constater quelques différences entre les hommes quant à leur manière d’agir. Certains, devant la honte d’un autre, feront un geste pour la couvrir dans la mesure où ils le pourront. Mais ici tous indistinctement sont ignominieux, et on ne pourrait plus, après cette scène, faire fond en aucune manière sur la délicatesse morale du cœur humain ni sur la perception des convenances que l’homme aurait dû avoir vis-à-vis de Dieu, et vis-à-vis du Bien parfait. Le Bien parfait s’étant offert, l’homme, sans en convenir, en a profité de la manière la plus totale, pour se révéler ensuite tel qu’il est. Il n’est plus hypocrite ici.
La ruine entière de l’homme est ainsi définitivement démontrée, de même que l’impossibilité d’un contact avec Dieu. Il n’y a qu’un contact possible entre l’homme dans son état de nature et Dieu, c’est le jugement, si l’on peut appeler cela un contact. Nous ne disons pas cela pour abaisser l’homme, mais si les souffrances du Seigneur et sa gloire morale sont un côté de la vérité, il y en a un autre qui en est inséparable, à savoir le triste état de l’homme. Dieu n’avait pas besoin, pour en être convaincu, de mettre l’homme à l’épreuve en présentant son Fils ; Il connaissait cet état depuis la chute. Mais nous, nous avions besoin de cela, et de voir ainsi notre portrait. Croyants, quelles gens devrions-nous être à cet égard devant les hommes qui nourrissent une si haute pensée d’eux-mêmes ! Combien nous devrions nous en distinguer et ne pas craindre de dire à l’occasion ce qu’est l’homme aux yeux de Dieu ! Qu’on ne parle donc pas de tact ou de délicatesse naturelle ; sur ce plan-là, l’homme est classé. Dans les relations des hommes entre eux cela peut avoir sa valeur, mais Dieu a éprouvé, Christ a éprouvé ce que peut faire l’homme au point de vue de la délicatesse morale : se réjouir avec malice de la honte de Jésus. Et ce que le Seigneur dit ici, car c’est toujours Lui qui parle, montre combien Il y est sensible : « Ils me contemplent, ils me regardent » (v. 18b). Il le sentait beaucoup plus que nous parce qu’Il était parfait ; le péché n’avait pas émoussé sa sensibilité, une sensibilité divine.
« Je compterais tous mes os » (v. 18a) ; n’est-ce pas la déclaration de sa honte physique déployée devant tous les regards ? Tous ses os étaient visibles. Le labeur, la fatigue, les souffrances avaient été la part du Seigneur et son corps en portait le témoignage. Et c’est aussi une expression de foi puisque, d’après l’Écriture, pas un de ses os ne devait être cassé (Ps. 34 : 21). Il semble que les os sont le symbole de la volonté de l’homme. Un homme peut résister parce qu’il a des os, et on trouve dans plusieurs passages de l’Écriture, en figure ou en réalité, que Dieu est obligé de briser les os pour pouvoir bénir. « Il me brisait tous les os… » dit Ézéchias (És. 38 : 13). Mais chez le Seigneur il n’y avait rien à briser, à cause de cette absence de volonté, ou plutôt à cause de cette volonté profonde qui était de faire celle du Père jusqu’à la mort, inclusivement.
On sent bien qu’il n’a jamais existé un homme qui, ayant le pouvoir de se soustraire à de tels regards, ne l’aurait employé. Personne ayant ce pouvoir ne supporterait la douleur d’une pareille humiliation de la part des hommes, et de quels hommes ! Oui, nous, qui sommes si portés à nous entourer d’honneur, à nous orner et à nous parer, lisons ce qui est dit là : « ils partagent entre eux mes vêtements » (v. 19) ; et nous savons ce que rapporte à ce sujet l’Évangile. Le Seigneur parle comme Celui qui, conscient de tout, l’accepte, parce qu’il le fallait. Il peut dire ailleurs : « Tu connais mon opprobre, et ma honte, et ma confusion : tous mes adversaires sont devant toi. L’opprobre m’a brisé le cœur » (Ps. 69 : 20-21).
Il y a en général dans nos cultes, dans nos méditations et dans nos sentiments, place pour le souvenir de cela. Certes ce n’est pas l’expiation, mais sans cette perfection pour ainsi dire préalable de Christ devant ces outrages, l’expiation n’aurait pas été possible. S’il y avait eu la moindre pensée fâcheuse dans son cœur en présence de tant de choses épouvantables qui sont dans tous nos cœurs à nous, Il n’aurait pas pu être la sainte victime. Pourquoi Christ, venu ici-bas essentiellement pour accomplir l’œuvre de l’expiation, a-t-Il dû connaître également les trois premières heures de la croix pendant lesquelles Il n’avait pas affaire encore avec la colère de Dieu ? Pourquoi, puisque c’est dans sa mort que la rédemption devait être acquise, avons-nous dans la Parole le récit de sa vie « d’homme de douleurs » (És. 53 : 3), et en particulier de ces derniers moments dans lesquels la haine des hommes se déversait contre Lui sans mesure ? Cela n’aurait-il pas pu Lui être épargné ? Non ; entre autres motifs il fallait que Jésus soit manifesté comme un sacrifice parfait, et toutes les épreuves traversées avant les terribles heures de la colère ont eu ce merveilleux résultat. Au creuset de la souffrance un or parfaitement pur a été mis en évidence. Tout s’est conjugué d’un côté pour mettre en valeur sa perfection et d’autre part pour chercher à l’empêcher d’être parfait. C’est une scène inouïe et devant laquelle nos âmes restent confondues.
Dans ces deux paragraphes (v. 13-16 et 17-22a), on voit en quelque sorte se manifester les deux traits du péché : la violence d’une part, de l’autre la corruption et ses effets : la vilenie, la bassesse. Que de fois tels hommes qui auraient honte apparemment de donner un coup à leur prochain, se montrent moralement bas dans leur façon de faire et de parler. Nous avons tous à prendre garde à cette perfidie de notre nature humaine. La bassesse morale de l’homme se trouve partout, rien ne la change. Il y a des choses qui la dissimulent plus ou moins ; elle s’affichera plus facilement peut-être dans certains milieux qualifiés effectivement de bas, mais elle se découvre aisément dans tous les milieux. L’éducation, même chrétienne, n’y fait rien. Elle la freine mais ne la détruit pas. Il n’y a que la nature divine donnée à l’homme lors de sa conversion qui soit à même d’avoir les caractères de cette nature. Sans la nouvelle naissance il n’y a rien de bon dans un homme. Et même lorsque la conversion est intervenue, si la chair n’est pas tenue pour morte, tôt ou tard il faudra qu’elle se manifeste.
Un affreux sentiment est mis ici en évidence, c’est la haine à l’égard de tout ce qui nous dépasse moralement. Caïn a été un meurtrier parce que les œuvres de son frère étaient justes et que les siennes étaient mauvaises (1 Jean 3 : 12). Nous trouvons cela chez ces « chiens » comme chez ces « taureaux » ; nous trouvons cela dans notre cœur aussi, n’est-il pas vrai ? C’est une sorte de vengeance à l’égard de ceux dont la perfection nous juge. Et c’est bien ce que le monde fait sentir au croyant dans la mesure où ce dernier est fidèle, exactement la même haine contre tout ce qui est saint, contre tout ce qui manifeste la bonne odeur de Christ. « Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (2 Tim. 3 : 12).
Nulle part comme dans cette scène de la croix la preuve n’est donnée qu’il n’existe aucune communion entre la lumière et les ténèbres. On ne pouvait rien reprocher à Jésus, au contraire ; alors on s’en est vengé. Eh bien, le Seigneur a donné à ses témoins, au cours des siècles, de supporter quelque chose de semblable et même de mourir dans la honte ! L’apôtre Paul dit : « En peine et en labeur, en veilles souvent, dans la faim et la soif, dans les jeûnes souvent, dans le froid et le dénuement » (2 Cor. 11 : 27). Ce sont là des mots que nous ne pesons pas beaucoup. Il y a des martyrs auxquels le Seigneur a donné d’être offerts en spectacle dans une profonde humiliation et de mourir en L’honorant sans avoir de mauvaises pensées vis-à-vis de leurs bourreaux. Tel a été Étienne (Act. 7). Voilà un homme qui meurt ignominieusement, lapidé, ensanglanté, brisé, jeté par terre. Mais cette mort est un vrai triomphe ; Étienne ressemble à Jésus.
Quand Adam et Ève sont tombés, ils n’ont pas pu supporter leur état et se sont couverts de feuilles de figuier (Gen. 3 : 7). Moralement c’est ainsi que nous faisons, nous le savons bien. Mais Christ ici, en contraste total avec le premier homme, dépouillé de tous ses vêtements, supporte à tous égards et devant tous les yeux la conséquence de leur faute. Cet abaissement de Jésus, qu’il nous faut savoir lire entre ces lignes, cette humiliation publique, cette absence de tout ce qui pouvait le cacher, le croyant l’adore parce qu’à travers cette ignominie acceptée la foi discerne toute la beauté morale qui était le secret de la force déployée pour prendre une telle place.
Comme cela nous change de tout ce avec quoi nous avons, tous les jours, un contact inévitable, et de tout ce que nous pouvons trouver en nous-mêmes ! Comme cela nous fait comprendre aussi que nous ne pouvons pas chercher un chef ou un modèle ailleurs qu’en Lui !
Le voici notre chef, notre Seigneur, notre Dieu ! Il est sur une croix, dépouillé, humilié, navré, rejeté de tous, un objet de haine, de mépris, de moquerie et de répulsion. En sommes-nous fiers ? Nous glorifions-nous d’appartenir à un tel Maître et d’adorer, à la face du monde, un homme crucifié ? Et cherchons-nous dans ce même monde une autre place que la sienne ?
À l’effroi de ton âme, à l’angoisse profonde,
À ton front ceint d’épine, à l’outrage cruel,
À la haine, au mépris dont t’accabla le monde,
Répond, Seigneur Jésus, ta gloire dans le ciel.
(Hymnes et cantiques n° 11)
Après les versets 17 à 19, si remarquables dans leur précision prophétique, dont Christ devait connaître l’entière réalité « afin que l’Écriture soit accomplie » (Jean 15 : 25), Il en appelle à Celui qui avait été sa force pendant toute sa vie : « Mais toi, Éternel ! ne te tiens pas loin ; toi qui es ma force ! hâte-toi de me secourir. Délivre mon âme de l’épée, mon unique de la patte du chien. Sauve-moi de la gueule du lion » (v. 20-22a). En Gethsémané, Il avait « offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Héb. 5 : 7). C’est à Lui encore qu’Il s’adresse, à l’heure même où Il devra s’écrier : « Mon Dieu, mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Nous l’avons déjà entendu dire, au verset 12 : « Ne te tiens pas loin… ». Il répète cette supplication au verset 20 : « Mais toi, Éternel ! ne te tiens pas loin… ». Il ne dit pas : « Mon Dieu », mais : « Éternel », - toi qui ne changes pas, toi qui as toujours été fidèle, toi qui as toujours été ma force et ma délivrance ! Ces ardentes prières du Seigneur, qui pourra les sonder ? Qui pourra mesurer l’angoisse et l’effroi de son âme pendant ces heures ténébreuses ? « Éternel ! ne te tiens pas loin… ». Il réalisait que l’Éternel s’éloignait de Lui, qu’Il était obligé de s’éloigner de Lui.
On voit quel terrible assaut l’Ennemi livrait contre Christ pendant ces heures au sujet desquelles le Seigneur avait dit aux hommes, instruments de Satan, venus pour L’arrêter : « C’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres » (Luc 22 : 53). Comme autrefois le Philistin revêtu de toutes ses armes (1 Sam. 17), l’Ennemi s’avance ici avec un arsenal entier de violence, de méchanceté, de malice et de corruption. Quel cri de douleur s’échappe du cœur du Seigneur à ce moment-là ! Il sent toute la fureur de Satan, sa rage, sa haine aux multiples formes. Alors Il s’écrie : « Sauve-moi de la gueule du lion ».
Il ne semble pas que l’on puisse, à proprement parler, appeler un combat ce qui s’est passé à la croix entre Christ et Satan. Il n’y a pas en effet de lutte ici, comme au désert où Jésus répondait à l’adversaire par l’irrésistible « épée » de la Parole de Dieu (Éph. 6 : 17), ou comme à Gethsémané où l’angoisse du combat faisait découler sa sueur comme des grumeaux de sang sur la terre (Luc 22 : 44). Satan L’assaille, certes, et désespérément, mais il s’acharne contre un Christ sans défense qui n’a plus de bataille à livrer, ayant accepté la coupe, et qui ne lui oppose aucune résistance. Les flèches et les dards enflammés du prince des ténèbres s’épuisent en vain contre la perfection de notre Seigneur Jésus Christ. Et c’est de cette manière extraordinaire qu’a été remporté le plus éclatant des triomphes, une victoire qui n’est pas consignée dans les annales des peuples, mais qu’exaltera pendant l’éternité le cantique des rachetés. « À toi, Jésus, fut la victoire, sur la croix ! »
Bien qu’il faille être prudent dans l’interprétation des expressions qui dépeignent les diverses souffrances du Seigneur, il semble qu’on puisse voir dans l’épée, la patte du chien et la gueule du lion ce que Christ a enduré respectivement de la part de Dieu, de l’homme et de Satan. L’épée de l’Éternel s’est alors réveillée contre l’homme qui était son compagnon (Zach. 13 : 7). Nous nous rappelons que le cri du premier verset a été exprimé à la fin des trois heures sombres, vers la neuvième heure. Lorsque le Seigneur, aux prises avec les douleurs de la part des hommes et de Satan, crie à Dieu, c’est pour constater que de ce côté-là non plus il n’y a rien pour lui ; et non seulement il n’y a rien pour lui en se tournant vers Dieu, mais il a Dieu contre lui. Et c’est bien là ce qui a pu être appelé « le mystère des mystères ». Son cri vers Dieu en présence de la souffrance a reçu comme réponse l’abandon et la colère. Au cours de sa vie, comme cela a été maintes fois remarqué, Christ, tout humble et dépouillé qu’Il ait été - car Il a été un homme dépouillé, sa vie entière est celle d’un homme qui n’avait rien -, Il avait Dieu avec Lui, et Il a donné des preuves de force et de puissance en accomplissant d’innombrables miracles. Mais ici, sur la croix, il n’y a pas le moindre déploiement de puissance extérieure de sa part, il n’y a aucun miracle, c’est la faiblesse. C’est pourquoi il dit « ma force », en réalisant la faiblesse humaine d’une manière absolue. La croix était cela pour Christ, le sentiment d’une faiblesse complète et d’une faiblesse acceptée. Il a été crucifié, est-il écrit, « en faiblesse » (2 Cor. 13 : 4). Nous ne voyons, pendant ces heures, ainsi que nous l’avons déjà quelque peu considéré, aucun exercice de pouvoir, aucun trait d’héroïsme quelconque, aucun sursaut de volonté comme les hommes en ont, mais l’abandon de toute volonté, l’acceptation consciente de tout ce qu’Il devait rencontrer ; et quand on pense que le Seigneur qui était Dieu, créateur de tout, tenant dans ses mains tout pouvoir, fait, ici, l’aveu de sa faiblesse ! C’est une merveille morale s’ajoutant aux autres. Il ne cache pas plus sa faiblesse qu’Il ne cachait sa honte. Là aussi brille son entière perfection.
Comme on l’a dit, il y a des fidèles qui ont pu connaître au cours des âges quelque chose de cette honte dans une mort ignominieuse, mais il y avait entre eux et le Seigneur, en dehors même de la perfection, une différence immense : c’est que les saints peuvent toujours, au moment de l’épreuve, compter sur le secours de Dieu, tandis que Christ a dû éprouver que Dieu était contre Lui. C’est même à cause de cela que tous les chrétiens peuvent être assurés que Dieu ne leur manquera jamais ; Il ne leur manquera jamais parce qu’Il a manqué à Celui qui seul méritait de ne pas être abandonné. Nous n’avons pas fini de méditer sur ce point puisque nous le ferons éternellement. Il est de toute importance que l’Église, en chaque assemblée, ne l’oublie pas.
Tu vins, ô très saint Agneau !
Souffrir une mort cruelle ;
Mais, triomphant du tombeau
Par ta puissance éternelle,
Tu détruisis tout l’effort
De Satan et de la mort.
(Hymnes et cantiques n° 8)
Notes de réunions d’étude de la Parole de Dieu (Paris - 1957)
À suivre