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 Nadab et Abihu : le feu étranger (Lévitique 10)


 
Le péché et le jugement de Nadab et d'Abihu (Lév. 10 : 1-7)
Les instructions données par l'Eternel et leur portée spirituelle pour le chrétien (Lév. 10 : 8-20)
 
            La sacrificature était une des plus hautes dignités en Israël et le plus saint des services rendus à Dieu. L'entrée en activité commençait par un lavage d'eau, par des offrandes et par une onction de sang et d'huile. La cérémonie, en présence de toute l'assemblée, avait un caractère solennel. Chacun pouvait alors contempler le grand sacrificateur, une préfiguration de Christ lui-même. Ce jour-là, tous pouvaient le voir revêtu de ses saints vêtements, de gloire et de beauté (détaillés dans Exode 28). Chacun, désormais, se savait  porté sur le pectoral et sur les épaules du grand sacrificateur, et donc représenté devant Dieu. A toutes ses dignités, les fils d'Aaron étaient associés, comme le croyant l'est aussi à celles du Seigneur.
            Issus de cette tribu de Lévi, qui avait l'Eternel pour héritage (Deut. 10 : 9), les sacrificateurs avaient de grands privilèges et une importante responsabilité. Tout d'abord, Moïse avait fait aspersion du sang de l'alliance sur le peuple tout entier. Puis Nadab et Abihu, avec leur père Aaron et les soixante-dix anciens, avaient eu la part inestimable de monter vers l'Eternel, de se prosterner de loin, et même de voir le Dieu d'Israël : savoir « - sous ses pieds comme un ouvrage de saphir transparent, et comme le ciel même en pureté » (Ex. 24 : 8-11) !  
            Dans le chapitre 9 du Lévitique, Aaron présente les premiers sacrifices. D'abord il s'agit d'un veau, comme sacrifice pour le péché. En effet, « pris d'entre les hommes », Aaron se savait pécheur (Héb. 5 : 1 ; 7 : 27). Il devait donc offrir des sacrifices pour lui-même, avant de le faire pour les autres ! Ensuite, il offrait le bélier de l'holocauste « selon l'ordonnance » et une grande variété de sacrifices, pour le peuple, selon le commandement de Moïse (Lév. 9 : 16-21).
            Alors Moïse et Aaron bénissent le peuple et la gloire de l'Eternel apparaît ! Le feu sort spontanément de devant l'Eternel et consume l'holocauste et les graisses placés sur l'autel. Il était ainsi évident que Dieu acceptait les sacrifices offerts et la sacrificature elle-même ! Un cri de joie et d'adoration s'élève alors, poussé par tous les assistants, à la vue de cette merveilleuse scène (Lév. 9 : 23-24).
            De même, à plusieurs reprises, l'Eternel montre son approbation, en envoyant lui-même le feu pour consumer les sacrifices. Déjà, en voyant le sacrifice d'Abel se consumer, Caïn pouvait comprendre que son offrande n'était pas agréée (Gen. 4 : 4-5). Le feu de l'Eternel tombe aussi plus tard sur le sacrifice d'Elie au Carmel (1 Rois 18 : 38), ainsi que sur les sacrifices offerts en grand nombre par Salomon, au moment de la dédicace du Temple (2 Chr. 7 : 1).
            Tous les fils d'Aaron ont assisté à cette scène de la consécration de leur père et ils y ont participé. Quel effet pratique et durable va-t-il en résulter dans leur vie ? Quelle impression est produite sur nos coeurs quand il nous est accordé de prendre part à l'adoration ? Sacrificateurs pour notre Dieu, nous Lui présentons les perfections de son Fils bien-aimé, dans sa vie et dans son oeuvre unique à la Croix ?
            Les événements solennels relatés aussitôt après n'en sont que plus tragiques. Toutefois ils sont particulièrement utiles dans la période actuelle, marquée par le déclin spirituel. On comprend en particulier que dans l'adoration, les inventions de l'esprit humain doivent être soigneusement évitées (Lév. 10 : 1).
 
 
Le péché et le jugement de Nadab et d'Abihu (Lév. 10 : 1-7)
 
            Les deux aînés d'Aaron, Nadab et Abihu, prennent chacun son encensoir et ils y mettent du feu. Mais ce feu n'a pas été pris sur l'autel ! Ils placent ensuite de l'encens dans leur encensoir et présentent un feu étranger devant l'Eternel, « ce qu'Il ne leur avait pas commandé » (Ex. 30 : 9) !
            Ce verbe « commander » se retrouve quatorze fois dans les chapitres 8 et 9 de ce livre, ce qui montre toute l'importance de la stricte obéissance à la pensée divine. Or l'attitude de ces deux sacrificateurs dans cette scène est en désobéissance flagrante à la pensée de Dieu.
            Peu auparavant, le feu était sorti de devant l'Eternel en vue de bénir le peuple. Mais ici, quand ce feu sort à nouveau, c'est pour exécuter un terrible jugement  (Deut. 32 : 22) ! Dans le texte en langue hébraïque, il n'y a pas de césure entre ces deux récits.
            La gravité du péché de ces deux jeunes gens est clairement établie. Le drame se déroule peu de temps après que le Seigneur ait allumé son propre feu sur l'autel. Ces deux fils d'Aaron s'efforcent d'allumer le leur pour faire fumer l'encens à leur manière. Ils se servent d'un feu étranger, venu d'ailleurs, et se détournent donc de ce qui convient à la sainteté de Dieu. Ont-ils oublié qu'ils doivent Lui rendre compte de leur service ?
            L'ordre que l'adorateur est tenu de respecter soigneusement est méprisé. Ils prétendent introduire leurs propres pensées en lieu et place de ce que Dieu a établi !
            Recherchons toujours l'approbation divine : le Seigneur ne peut jamais accepter qu'un feu étranger lui soit présenté. Il y a eu probablement une concertation préalable entre ces deux jeunes sacrificateurs. Ils ont pris ensuite chacun leur encensoir, mais le feu avait la même origine. Ils cherchaient à introduire une nouvelle façon d'adorer, plus originale peut-être, pensaient-ils ; en tout cas moins traditionnelle ! Cette manière d'agir ne tenait aucun compte de la volonté du Seigneur. Sans doute les sacrificateurs n'avaient-ils reçu aucun ordre précis à ce sujet. Pourtant, agir autrement, sans indication formelle de l'Eternel, était un péché.
            Les idées élaborées par l'imagination de l'homme souillent inévitablement l'adoration. Nadab et Abihu ont été immédiatement frappés, de façon exemplaire : « le feu sortit de devant l'Eternel et les dévora, et ils moururent devant l'Eternel » (Lév. 10 : 2).
            Moïse comprend la signification profonde de ce qui se passe et il déclare : « C'est là ce que l'Eternel prononça, en disant : Je serai sanctifié en ceux qui s'approchent de moi, et devant tout le peuple je serai glorifié » (Lév. 10 : 3 ; lire Ex. 19 : 22). Le Seigneur sait ce qu'Il peut accepter dans l'adoration et nos innovations, nos inventions n'en feront jamais partie !
 
 
Les instructions données par l'Eternel et leur portée spirituelle pour le chrétien (Lév. 10 : 8-20)
 
            On s'est demandé ce qui avait pu pousser ces jeunes gens, jusqu'ici richement bénis, à apporter un feu étranger à Dieu. Certains, en lisant les versets suivants (Lév. 10 : 8-11), ont pensé qu'ils s'étaient enivrés, d'où la défense prononcée par l'Eternel touchant les sacrificateurs, appelés à remplir un service dans le tabernacle. Peut-être en effet, étaient-ils ivres ; toutefois, la Parole ne le précise pas. Ce serait une erreur de penser qu'il fallait qu'une telle faute soit commise pour amener Dieu à fixer une nouvelle règle de conduite pour ceux qui entraient dans la tente d'assignation.
            Certes les sacrificateurs d'un Dieu saint auraient dû comprendre la nécessité impérieuse d'avoir toujours une conduite digne en Sa présence, en restant sobres ! Il y a au moins une référence scripturaire à ce sujet. Le cas de Noé montre les conséquences d'un tel manquement à la sobriété. Il avait bâti un autel et offert des sacrifices acceptables : « L'Eternel Dieu flaira une odeur agréable » (Gen. 8 : 20-21), mais ensuite Noé s'est enivré (Gen. 9 : 20-21). Avec une telle conduite, il n'était plus en mesure de servir Dieu !
            D'ailleurs beaucoup d'autres choses, en dehors des boissons fortes, peuvent entraîner la chair religieuse à toutes sortes de débordements, car elle est toujours prête à se manifester. Des manquements plus ou moins accentués se retrouvent un peu partout, hélas, dans les milieux chrétiens. Par exemple, même des chants, rédigés à l'origine par et pour des chrétiens, connus sous le nom de « Gospels » (c'est-à-dire : Evangile), sont maintenant repris à tort et à travers, de façon profane. Or rien ne peut avoir une place dans le culte offert à Dieu, si ce n'est sous la direction du Saint Esprit.
 
            Cet épisode de Nadab et d'Abihu et les instructions de l'Eternel à Aaron peuvent être rapprochés de 1 Corinthiens 11. Là aussi, les effets délétères de la boisson dans le déroulement du culte sont condamnés par l'apôtre Paul. Les conséquences dans l'assemblée à Corinthe rappellent le jugement tombé sur Nadab et Abihu : « plusieurs sont faibles et malades parmi vous et un assez grand nombre dorment » (1 Cor. 11 : 30). La conclusion de l'apôtre n'est pas de s'abstenir de participer à la cène, mais de s'éprouver personnellement pour éviter d'être châtié par le Seigneur. Comment pouvons-nous rendre culte sans offrir de feu étranger ? Paul l'explique quand il écrit : « Nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu » (Phil. 3 : 3). L'Esprit nous conduit à « glorifier le Christ Jésus » et à ne pas laisser place à une action charnelle, que ce soit en innovant sans raison spirituellement fondée ou que ce soit la routine, les prières toutes faites, ou encore une liturgie tacite mais bien présente.    
            L'Ecriture met en garde : « Ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution, mais soyez remplis de l'Esprit » (Eph. 5 : 18). Et l'apôtre poursuit en exhortant les croyants à s'entretenir en chantant des cantiques spirituels, ce qui est tout autre chose que des chants aux relents mondains.
            Il est solennellement rappelé que le rôle du sacrificateur est de « discerner entre ce qui est saint et ce qui est profane, et entre ce qui est pur et ce qui est impur » (Lév. 10 : 10 ; Jér. 15 : 19 en contraste avec Ezé. 22 : 26). Sa responsabilité était d'enseigner tous les statuts aux fils d'Israël. Aussi, pour éviter le péché lié à l'intempérance, les sacrificateurs, comme le nazaréen, devaient renoncer à toute boisson forte. Il est licite de boire du vin comme une joie terrestre que Dieu nous accorde, mais avec modération. Souvenons-nous des conseils de l'apôtre Paul, toujours actuels (1 Tim. 4 : 3 ; 5 : 23).
 
            Cette terrible scène aurait pu inciter Aaron et ses fils à renoncer à la sacrificature. Pour réconforter leurs coeurs meurtris, et les nôtres qui le sont aussi souvent, la nourriture reçue est abondante et variée. L'offrande de gâteau est l'image de la vie de parfaite obéissance de Christ ici-bas, notre modèle ! Ils devaient manger aussi la poitrine tournoyée et l'épaule élevée (Lév. 10 : 14-15).
            Cette poitrine tournoyée met particulièrement en évidence le dévouement rempli d'amour du Seigneur pour le Père et son désir profond d'achever le travail qu'Il lui avait donné à faire. Il est venu pour accomplir Sa volonté, et ce désir L'a conduit jusqu'à la Croix. Son amour profond, éternel pour le Père, l'a rendu capable d'endurer toutes les souffrances. Tandis que les sacrificateurs se nourrissaient de cette poitrine, leurs affections étaient, elles aussi, accrues.
            L'épaule élevée était également mangée dans le lieu saint. Cette portion met l'accent sur la force qui contrôle le mouvement et la direction vers laquelle on se dirige. Le Seigneur a tourné résolument sa face pour aller à Jérusalem (Luc 9 : 51). Il a ainsi révélé son dévouement jusqu'à la mort, la mort de la croix.
 
            Cherchons à nous nourrir continuellement d'une part aussi précieuse ! Les ressources qui ont été celles du Seigneur ici-bas sont aussi les nôtres au milieu des épreuves. Il faut manger également dans un lieu saint les sacrifices de prospérité. C'est une image de la communion goûtée avec Dieu, au sujet de l'excellente grandeur de la sainte Victime. Ce privilège concerne toute la famille du sacrificateur : « toi et tes fils et tes filles avec toi » (Lév. 10 : 14). Personne n'était exclu de ce repas, accompagné de pains sans levain ! L'influence du levain (Lév. 10 : 12) est bien connue. Certains cherchent pourtant à lui trouver une autre signification, en s'appuyant sur Matthieu 13 : 33. Or la mention du levain revêt toujours au contraire un sens fâcheux. Mêlé à de la pâte, le levain envahit rapidement l'ensemble, avec pour effet de tout faire enfler. Le Seigneur en interdit l'usage aux sacrificateurs durant leur service. Tout ce qui a pour effet de mettre l'homme en évidence et de lui donner de l'importance (Gal. 6 : 3) est intolérable devant Dieu ! Le levain semble être souvent une figure des fausses doctrines, qui donnent beaucoup de place à l'homme dans la chair.
            L'homme est entièrement mis de côté dans la Parole. La seule attitude qui lui convient pour s'approcher de Dieu est une réelle soumission et une profonde humilité. Dieu veille sur Sa gloire : tout ce qui voudrait lui refuser l'honneur qui lui est dû, est banni loin de Sa sainte présence. En donnant des instructions touchant Sa maison, Dieu déclare que l'on ne doit pas monter à son autel par des degrés  (Ex. 20 : 26) ! Approchons-nous toujours avec modestie. Pour se tenir devant Dieu, il faut avoir été purifié. Esaïe, voyant le Seigneur assis sur « un trône haut et élevé », ressentait vivement son impureté (Es. 6 : 5). Et Job, au sujet duquel pourtant l'Eternel avait rendu témoignage, en disant qu'il était « parfait, droit, craignant Dieu et se retirant du mal » (Job 1 : 1), a horreur de lui-même quand il se trouve dans la présence divine (Job 42 : 6-7) ! Nous avons une petite idée de notre état de souillure, mais le Dieu saint la connaît vraiment (Jér. 17 : 9) ! Les expressions employées dans ce chapitre 10 du Lévitique font saisir la nécessité de la pureté dans notre service pour Dieu et dans l'exercice de l'adoration : « une chose très sainte » (v. 12) ; « un lieu saint » (v. 13) ; « un lieu pur » (v. 14). C'est une pensée odieuse que de chercher à introduire les pratiques corrompues du monde environnant dans le culte rendu à Dieu.
 
            L'adoration doit rester exempte de toute infirmité humaine (v. 19). Aaron et ses deux fils survivants ont aussi négligé de remplir leur service touchant le sacrifice pour le péché dans cette triste circonstance (v. 16). Le sang n'a pas été porté à l'intérieur du lieu saint et ils n'ont pas mangé la chair de ce sacrifice dans le même lieu. Moïse cherche diligemment ce bouc et il doit réaliser avec peine qu'il a été brûlé. Aaron et sa famille ont traversé une épreuve qui les a certainement grandement affectés, mais ils avaient reçu des instructions à ce sujet. Du fait de leurs fonctions particulièrement élevées, de leur proximité habituelle avec Dieu, ils ne devaient pas montrer les signes habituels de la tristesse chez les hommes. Ils devaient rester dans les limites de l'enceinte de la maison de Dieu (v. 6-7). Il leur est rappelé, de façon significative, que l'onction sainte est sur eux. Même sous les effets d'un si grand deuil, ils devaient se conduire comme il appartenait aux sacrificateurs oints de le faire. Ils ne devaient pas laisser les sentiments naturels se manifester et troubler l'exercice de leur activité dans la sainte présence de Dieu. Avons-nous mesuré les conséquences de la présence de Dieu le Saint Esprit en nous ? (Eph. 1 : 13 ; 1 Cor. 6 : 19).
Toutefois Moïse, après s'être d'abord mis en colère contre son frère et ses deux plus jeunes neveux, Eléazar et Ithamar, se laisse apaiser. Il se souvient probablement de sa propre fragilité et de ses fautes. Mais le récit montre que ce qu'ils ont négligé de faire, était vraiment le commandement du Seigneur. On voit la difficulté de se maintenir à la hauteur d'un privilège reçu. Ils auraient dû s'y conformer, quelles que soient les circonstances.
            Ainsi les deux fils qui étaient morts n'avaient pas agi selon le commandement de l'Eternel. De même, Aaron et ses autres fils ne s'étaient pas non plus comportés selon l'ordre divin. L'infirmité humaine, même si nous la comprenons et si nous y participons, n'a pas de place dans le service qui doit être rendu à Dieu.
 
            La merveilleuse nourriture pour tous les sacrificateurs est aussi la nôtre, depuis que nous sommes devenus sacrificateurs pour notre Dieu et Père ? (Apoc. 1 : 6 ; 6 : 10). Si nous marchons comme le Seigneur Jésus a marché (1 Jean 2 : 6), nos affections ne seront-elles pas ainsi maintenues pour Lui et la direction de notre sentier ne sera-t-elle pas approuvée de Dieu ?   
                                                                                    
 
                                                                                              Ph. L     26.06.07