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DÉTRESSE, DÉLIVRANCE ET CANTIQUE DE LOUANGE

PSAUME 30


En-tête : Psaume. Cantique de dédicace de la maison. De David.

            Un psaume (« tehillim » : louanges, en Hébreu) est un poème qui est chanté avec l’accompagnement d’un instrument à cordes. Le Psaume 30 est désigné comme étant un « cantique » (c’est-à-dire plus spécifiquement un chant de louange – voir v. 12) ce qui semble mettre l’emphase sur le chant et sur ce qui est exprimé par les paroles de ce psaume, plus que sur la musique qui le rythme et l’accompagne. Au Psaume 18 déjà, l’en-tête précise l’importance des paroles de ce cantique de la délivrance dont David avait été l’objet de la part de l’Éternel. Nous trouvons ainsi 30 psaumes qui sont plus particulièrement des « cantiques ». Nous connaissons par exemple le Psaume 45 : « Un cantique du bien-aimé » ; le Psaume 92 : « Cantique pour le jour du sabbat » ; et puis, bien sûr les Psaumes 120 à 134, intitulés « Cantique des degrés ».
            Nous avons donc ici un cantique. Jacques nous dit : « Quelqu’un est-il joyeux, qu’il chante des cantiques » (Jac. 5 : 13). Il y aura donc des expressions de joie dans ce psaume, bien que son auteur ait connu la détresse, des circonstances où il a souffert profondément. Mais il a trouvé malgré tout sa joie dans son Dieu. Ce sera la part de Paul et de son compagnon, Silas, dans la prison de Philippes. Ils avaient été fouettés, puis jetés en prison, les pieds sûrement entravés, mais « vers minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu » (Act. 16 : 22-25). C’est après avoir fait de telles expériences que l’apôtre, une fois encore en prison, pourra écrire et répéter aux croyants de cette même ville : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je vous le dirai encore : réjouissez-vous » (Phil. 4 : 4 ; 3 : 1).
            La joie de David délivré de sa détresse s’exprime par le chant (v. 5), et se réalise par le fait que l’Éternel Lui-même l’a entouré de joie (v. 11).


« Éternel ! je t’exalterai parce que tu m’as délivré, et que tu n’as pas réjoui mes ennemis à mon sujet » (v. 1)

            David se tourne vers l’Éternel. C’est vers Lui qu’il regarde, c’est à Lui qu’il adresse son cantique, car c’est Lui qui est intervenu en sa faveur. Neuf fois, sur les douze versets de ce psaume, il s’adressera à « l’Éternel », ou il s’exclamera : « Éternel, mon Dieu ! ». Objet d’une grande délivrance de la part de l’Éternel, David l’exalte, le loue, le célèbre (v. 1, 12).
            L’Éternel n’abandonne pas le juste entre les mains du méchant (Ps. 37 : 32-33) et n’a pas permis que les ennemis de David se réjouissent en triomphant de lui. C’est un motif de reconnaissance de la part de David qui ainsi n’a pas été rempli de honte et de confusion - ce qui n’a pas été épargné à notre divin Sauveur (Ps. 69 : 19). Nous pouvons penser à ce que le Seigneur Jésus a pu éprouver sur la croix, lorsque ceux qui étaient à tort ses ennemis et le haïssaient sans cause, se réjouissaient de Le voir là : « Ils ont élargi leur bouche contre moi ; ils ont dit : Ha ha ! ha ha ! notre œil l’a vu » (Ps. 35 : 19, 21). Le Seigneur a connu l’opprobre et la honte comme personne ne les connaîtra. Mais Il lui a été « répondu d’entre les cornes des buffles » (Ps. 22 : 21b) – de la puissance de la mort. Le salut de Dieu L’a élevé « en un lieu de sûreté » et Il a pu louer son Dieu : « Je louerai le nom de Dieu dans un cantique, et je le magnifierai par ma louange » (Ps. 69 : 29b-30) ; « Il m’a fait monter hors du puits de la destruction, hors d’un bourbier fangeux ; et il a mis mes pieds sur un roc, il a établi mes pas. Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre Dieu » (Ps. 40 : 2-3a).


« Éternel, mon Dieu ! j’ai crié à toi, et tu m’as guéri » (v. 2)

            Maintenant, David s’adresse non seulement à l’Éternel – Jéhovah, Celui qui était depuis toujours et qui est à toujours (Ex. 3 : 14) - mais aussi à Celui qui est son Dieu, ce Dieu qu’il connaît, avec lequel il est intime, qu’il recherche ardemment et dans la compagnie duquel il désire se trouver : « O Dieu ! tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour ; mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi… pour voir ta force et ta gloire, comme je t’ai contemplé dans le lieu saint » (Ps. 63 : 1-2).
            Sur la croix, vers la neuvième heure, dans ce moment d’une souffrance indicible pour Lui, l’Homme parfait, qui avait pu dire : « Tu es mon *Dieu dès le ventre de ma mère », s’est écrié : « Mon *Dieu ! Mon *Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné… ? » (Ps. 22 : 10, 1). « *Dieu », c’est ici « El », le Fort, qu’Il appelle à son secours : « Ma Force ! hâte-toi de me secourir » (Ps. 22 : 19), alors que son Dieu, le Dieu saint (Ps. 22 : 3), « ferme l’accès à sa prière » et détourne sa face de Celui qui est « fait péché pour nous » (Lam. 3 : 8 ; 2 Cor. 5 : 21).
            David peut témoigner : « J’ai crié à toi et tu m’as guéri ». La prière ardente reçoit une réponse de la part de Dieu qui use de grâce envers son serviteur qui se tourne vers Lui, sa seule ressource. On pense à la prière du roi Ézéchias qui, dans le repos de ses jours, est averti par Ésaïe, de la part de l’Éternel, qu’il va mourir. Il prie l’Éternel, il pleure, il gémit (És. 38 : 2, 5, 10-18). Et l’Éternel renvoie Ésaïe vers lui avec ces paroles : « J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes ; voici, je te guérirai… et Ézéchias se rétablit » (2 Rois 20 : 5, 7).


« Éternel ! tu as fait remonter mon âme du shéol ; tu m’as rendu la vie, d’entre ceux qui descendent dans la fosse » (v. 3).

            Le mot « shéol » désigne le lieu invisible où les âmes des hommes vont après la mort. Le terme correspondant employé dans le Nouveau Testament est « hadès ». David a donc été délivré d’une détresse extrême, comme hors de la mort dont il avait senti la proximité et l’emprise, comme il l’écrit dans le Psaume 18 : « Les cordeaux du shéol m’ont entouré, les filets de la mort m’ont surpris » (v. 5). Mais Dieu a fait « remonter » son âme descendue jusque dans le séjour des morts, Il lui a « rendu » la vie alors qu’il était comme dans la compagnie des morts, de ceux qui ont perdu la vie ; il est « revenu à la vie ». C’était le cas du fils de la parabole de Luc 15, qui, ayant obtenu de son père sa part d’héritage, était parti dans un pays éloigné pour dissiper son bien dans la débauche ; mais il est « revenu à lui-même » (v. 17), il est retourné vers son père qui l’a reçu à bras ouverts. « Celui-ci… était mort et il est revenu à la vie », a pu dire le père au sujet de son fils perdu et retrouvé (v. 32).
            Dans le Psaume 16, cité en Actes 2 : 27 par l’apôtre Pierre, l’homme pieux affirme : « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption » ; et il ajoute : « Tu me feras connaître le chemin de la vie » (v. 10-11). L’homme pieux par excellence, le Seigneur Jésus, est descendu au plus profond de la mort, mais Il « n’a pas été laissé en hadès » : Dieu l’a ressuscité et l’a « exalté par sa droite », ce dont les apôtres étaient les témoins (Act. 2 : 31-32). L’affligé qui avait pu prier son Dieu en disant : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours », a reçu la réponse à son cri : « Tes années sont de génération en génération ! » (Ps. 102 : 24).
            Ézéchias avait dit : « Au méridien de mes jours, j’irai dans les portes du shéol ; je suis privé du reste de mes années » (És. 38 : 10), mais l’Éternel a fait « remonter » son âme du shéol et le roi pourra dire avec reconnaissance : « Toi, tu as aimé mon âme, la retirant de la fosse de destruction » (v. 17).
            Nous-mêmes, qui étions « morts dans nos fautes et dans nos péchés », nous avons été « vivifiés… avec le Christ » (Éph. 2 : 1, 5) ; « d’entre les morts », nous avons été « faits vivants » (Rom. 6 : 13). Mesurons-nous ce que Dieu a fait de nous et pour nous par sa grâce, et d’où Il nous a sortis ? Sommes-nous étreints par l’amour du Christ en pensant qu’Il a dû mourir pour nous qui étions morts, afin que maintenant nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais pour « Celui qui pour nous est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5 : 15) ?
            Et puis, dans les circonstances de notre vie sur la terre, combien de fois avons-nous été délivrés de la détresse, de l’épreuve, de situations qui nous paraissaient désespérées… et notre Dieu nous a sauvés, nous a guéris !


« Chantez à l’Éternel, vous, ses saints, et célébrez la mémoire de sa sainteté » (v. 4).

            Le psalmiste invite maintenant tous les saints à faire monter leurs chants de reconnaissance vers Dieu. Les « saints » sont les hommes pieux, ceux qui connaissent pour eux-mêmes la bonté de Dieu et montrent de la piété envers Lui. On les trouve déjà en 2 Chroniques 6 où ils sont invités à se réjouir dans la bonté de Dieu (v. 41 – voir note). Ce sera la part éternellement bénie des rachetés de chanter le cantique nouveau à la gloire de Celui qui a été immolé et qui a acheté au prix de son sang des hommes pour Dieu (Apoc. 5 : 9-10). Et dès maintenant, nous qui par grâce avons connu la bonté de Dieu en Jésus et son salut, nous pouvons élever nos cœurs et nos voix lorsque nous sommes réunis en assemblée et chanter : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang – et il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père -, à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! » (Apoc. 1 : 5-6 ; Hymnes et cantiques n° 225).
            La sainteté de Son nom doit aussi être rappelée et exaltée par les saints qui Lui appartiennent. Le Dieu d’amour qui a donné son Fils unique pour nous sauver est en même temps le Dieu saint qui a dû L’abandonner sur la croix et faire tomber sur Lui le châtiment que méritaient les pécheurs que nous étions (Ps. 22 : 3). Il est, Lui, le Dieu saint, et nous qui Lui appartenons en vertu de l’œuvre de Christ à la croix, nous sommes appelés à être saints, séparés du mal dans notre conduite sur la terre (1 Pier. 1 : 15-16).


« Car il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur… » (v. 5a)

            Ces caractères de Dieu, sainteté et bonté, sont rappelés ici dans leurs manifestations : la colère et la grâce. Lorsque le Seigneur Jésus a déroulé le livre du prophète Ésaïe dans la synagogue de Nazareth (Luc 4 : 17), Il a lu devant les Juifs le début du chapitre 61. Mais Il a arrêté sa lecture à la fin du verset 1 où Il est présenté comme Celui qui « apporte de bonnes nouvelles » et qui proclame « l’année de la faveur de l’Éternel », sans poursuivre au verset 2 qui annonce « le jour de la vengeance de notre Dieu ».
            La colère du Dieu saint aura pour conséquence le jugement. De terribles jugements tomberont sur le peuple d’Israël lorsque Dieu reprendra ses relations avec eux après l’enlèvement au ciel de l’Église. Ces jugements, une « grande tribulation », vont se dérouler sur une courte période de temps (3 ans et demi) qui sera raccourcie par la grâce du Seigneur, sinon personne ne pourrait être sauvé (Matt. 24 : 21-22). À l’issue de cette terrible épreuve, lorsque le résidu (le reste fidèle) sera revenu vers son Messie, qu’ils L’auront appelé et reconnu, ils recevront de Lui vie et faveur pendant toute la durée du Millénium.
            Pour les hommes des nations, c’est aujourd’hui « l’année de la grâce » et de l’appel à accepter le salut offert en Jésus Christ (2 Cor. 6 : 2 ; Héb. 3 : 13). Mais pour ceux qui refusent ce grand salut, demain sera le « jour de la vengeance », le « grand jour de sa colère » (Apoc. 6 : 17), dans lequel les jugements tomberont sur les hommes des nations, « ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 8 : 13).
            Pour nous, croyants, le jugement que nous méritions a été détourné et il est tombé sur notre Substitut (notre Remplaçant) qui en a porté toute la peine à la croix. Il a connu là toute la colère de Dieu en jugement contre le péché, au moment où Il était « fait péché pour nous » (2 Cor. 5 : 21). Justifiés par le sang de Christ, nous sommes « sauvés de la colère par lui » (Rom. 5 : 9). Le Seigneur Jésus a dit : « Celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5 : 24). Nous avons maintenant par Lui et en Lui la vie éternelle et nous jouissons en paix de la grâce de Dieu, ayant « trouvé accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes » (Rom. 5 : 1-2). Et, par sa venue pour nous prendre auprès de Lui, Il nous délivrera de « la colère qui vient » (1 Thes. 1 : 10).
            Quoi qu’il en soit, nous constatons que les jugements ne sont qu’une courte période - « un moment », « un jour ». C’est, pour Dieu « son œuvre étrange… son travail inaccoutumé » (És. 28 : 21), alors que la « faveur » de l’Éternel est mesurée en « une vie » - c’est « la surabondante grâce de Dieu » (2 Cor. 9 : 14).
            Que notre Seigneur permette que beaucoup d’hommes perdus acceptent le salut offert gratuitement aujourd’hui par la grâce de Dieu, et que ceux qui appartiennent au Seigneur Jésus soient toujours reconnaissants pour cette grâce divine qui les accompagne dans leur vie sur la terre.


« Le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie » (v. 5b).

            Le temps du soir, c’est celui qui annonce la nuit, l’obscurité ; le soleil se couche et sa lumière disparaît progressivement (Jér. 6 : 4). C’est un moment où parfois la vie paraît plus sombre, un temps qui peut être synonyme de tristesse (Ps. 119 : 28a). De tels moments sont nombreux dans la vie du chrétien sur la terre, lorsqu’il connaît l’épreuve, la souffrance. Mais, dans la peine et les pleurs, il y a toujours la ressource de la prière, comme David l’a expérimenté : « L’Éternel a entendu la voix de mes pleurs ; l’Éternel a entendu ma supplication ; l’Éternel a reçu ma prière » (Ps. 6 : 8-9). « Mets mes larmes dans tes vaisseaux ; ne sont-elles pas dans ton livre ? » (Ps. 56 : 8). Les larmes de ses saints Lui sont précieuses, Il les voit et Il y répond : « J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes ; voici, je te guérirai » (2 Rois 20 : 5).
            La nuit passe, aussi longue soit-elle et le jour la remplace. Il en sera ainsi « tant que seront les jours de la terre » (Gen. 8 : 22). Au matin, la lumière revient, la tristesse fait place à la joie. Pour le résidu juif croyant qui aura traversé la grande tribulation, « se lèvera le soleil de justice ; et la guérison sera dans ses ailes » (Mal. 4 : 2). Dans le cœur du croyant d’aujourd’hui s’est déjà levée « l’Étoile brillante du matin » (2 Pi. 1 : 19 ; Apoc. 22 : 16), l’espérance du jour qui va poindre, qui évoque Celui qui sera « comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages » (2 Sam. 23 : 4). Oui, le Seigneur vient nous chercher et va nous prendre auprès de Lui dans le ciel ! Et là, Dieu « essuiera toute larme de [nos] yeux » (Apoc. 21 : 4). Ne pouvons-nous pas chanter de joie à cette perspective heureuse et bénie ?
            Pour Ézéchias, combien la joie qui a succédé à ses larmes a été grande lorsque la mort qu’il redoutait a laissé la place à la vie ! « Le vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd’hui… L’Éternel a voulu me sauver ! Et nous jouerons de mes instruments à cordes tous les jours de notre vie, dans la maison de l’Éternel » (És. 38 : 19-20).
            Pensons aux larmes que le Seigneur Jésus a versé quand Il était sur cette terre. Dans son chemin de souffrances (Luc 19 : 41 ; Jean 11 : 35), puis d’une manière plus intense encore à Gethsémané (Héb. 5 : 7) dans son angoisse et sa tristesse « jusqu’à la mort » (Marc 14 : 34), lorsqu’Il avait devant Lui la coupe de la colère de Dieu contre le péché dont Il allait subir dans sa Personne sainte toutes les conséquences ; enfin à la croix, alors qu’Il allait entrer dans les ténèbres des trois heures sombres du jugement : « J’ai pleuré, mon âme était dans le jeûne ; et cela m’a été en opprobre » (Ps. 69 : 10) ; « J’ai mêlé de pleurs mon breuvage, à cause de ton indignation et de ta colère » (Ps. 102 : 9).
            Mais, une fois l’œuvre achevée et la victoire sur la mort remportée, une fois ressuscité, quelle joie pour Lui : « Éternel ! le roi se réjouira en ta force, et combien s’égayera-t-il en ton salut ! » (Ps. 21 : 1). Béni et loué soit Celui qui « à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (Héb. 12 : 3) !


« Et moi, j’ai dit dans ma prospérité : Je ne serai jamais ébranlé. Éternel ! par ta faveur, tu as donné la stabilité et la force à ma montagne… » (v. 6-7a). 

            Le psalmiste considère les bénédictions qu’il a reçues de Dieu, la prospérité qui lui a été accordée. Il se confie dans cette faveur de Dieu à son égard et trouve en elle une pleine stabilité : « Je ne serai jamais ébranlé ». Au Psaume 62, nous le voyons faire progressivement l’expérience que la solidité de sa position est en Dieu seul. Il exprime tout d’abord le fait qu’il ne sera « pas beaucoup » ébranlé (v. 2). Son âme n’est pas totalement affermie en Dieu, bien qu’il affirme que Dieu seul est son « rocher ». Ce sont les expériences faites aux versets 3 et 4 qui l’amènent à une confiance plus grande en Dieu Lui-même, et il peut alors affirmer : « Je ne serai pas ébranlé » (v. 6). « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement » (v. 1). Il a éprouvé et trouvé en Lui ce que sont salut, haute retraite, force et refuge.
            Mais ici, dans le Psaume 30, David jouit de la prospérité et s’appuie sur elle. Il réalise bien que c’est la grâce de Dieu qui l’a établi fermement et lui a donné puissance et protection : « par ta faveur, tu as donné… ». Cependant, c’est « ma montagne », ma force, ma sécurité ; il regarde à ce qu’il a reçu plutôt qu’à Celui qui lui a donné ces bénédictions, et il perd de vue son Dieu.
            Il pourrait nous arriver de nous glorifier de ce que nous avons reçu de Dieu et d’avoir une opinion de nous-même plus haute que celle que nous devrions avoir (Rom. 12 : 3). Mais le Seigneur veut nous rappeler alors que tout nous vient de Lui (Jac. 1 : 16). La question nous est posée par l’apôtre Paul : « Qu’as-tu, que tu n’aies reçu ? » ; et il ajoute : « Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor. 4 : 7). C’est bien de Dieu, et de Lui seul, que nous avons tout reçu – ne l’oublions jamais et que cela nous maintienne dans l’humilité devant notre Dieu et devant nos frères.


« Tu as caché ta face, j’ai été épouvanté » (v. 7b).

            Nous pouvons être bien assurés que Dieu n’abandonne jamais les siens (Ps. 37 : 25 ; Héb. 13 : 5). Le seul Juste qui ait été abandonné, c’est le Seigneur Jésus lorsqu’Il était sur la croix, portant en son corps nos péchés devant le Dieu saint et juste. Il a dû alors s’écrier : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné, [te tenant] loin de mon salut, des paroles de mon rugissement ? » (Ps. 22 : 1). Lui seul, à Golgotha, a pu véritablement éprouver ce que le psalmiste exprime au Psaume 88 : « Éternel, pourquoi as-tu rejeté mon âme, et me caches-tu ta face ?... Les ardeurs de ta colère ont passé sur moi, tes frayeurs m’ont anéanti ; elles m’ont environné comme des eaux tout le jour, elles m’ont entouré toutes ensemble… » (v. 14-18).
            Mais, si David n’est pas abandonné de son Dieu, Sa face lui est toutefois cachée, la communion est interrompue pour un temps. Il a perdu cette précieuse place dans la présence intime de Dieu, « le lieu secret de ta face » (Ps. 31 : 20). Le psalmiste réalise alors ce qui lui manque et dont il a réellement besoin : Dieu en tout et pour tout dans sa vie. Il est beau de voir comment David éprouve ici que, s’il n’est plus sous les yeux de Dieu, il n’a plus rien. Sa prospérité, ses bénédictions, ne peuvent remplacer le regard de son Dieu sur lui.
            Avons-nous cet ardent désir de nous tenir constamment devant le Seigneur, sous ses yeux en tout temps, dans sa communion à chaque instant de notre vie ? Il y a tant de choses dans le monde ou en nous-mêmes qui peuvent attirer notre cœur et nous éloigner du Seigneur ; nous savons un peu quelle est notre faiblesse pour résister aux tentations. Parfois notre Dieu, dans sa sagesse et sa bonté envers nous, doit nous ôter quelque chose qui nous est cher, mais qui peut occulter la Personne de notre Seigneur. Le Seigneur Jésus veut avoir la première place dans nos cœurs et en toutes choses dans notre vie (Col. 1 : 19) – n’a-t-Il pas payé le prix fort pour cela ?


« Éternel ! j’ai crié à toi, et j’ai supplié le Seigneur » (v. 8).

            Encore une fois, la ressource est là, toujours la même, toujours disponible : la prière. « Tout homme pieux te priera au temps où l’on te trouve » (Ps. 32 : 6). Ici, comme au verset 2, elle prend la forme d’un cri, d’un appel au secours dans la détresse de l’âme du psalmiste. Mais à ce cri se joint une supplication ardente dans son grand besoin d’être délivré de l’angoisse. Véritablement, David a « soif » de son Dieu (Ps. 63 : 1-2) ; il désire voir, contempler à nouveau Celui qui a caché pour un moment sa face de son serviteur afin qu’il revienne à Lui.
            Jonas, du fond du ventre du poisson, alors que son âme « défaillait » en lui, s’est souvenu de son Dieu (Jon. 2 : 8). Il a recherché de toute son âme Celui dont il s’était éloigné mais qui était sa seule ressource dans le terrible moment qu’il vivait : « J’ai crié à l’Éternel du fond de ma détresse, et il m’a répondu. Du sein du shéol, j’ai crié ; tu as entendu ma voix » (Jon. 2 : 3).
            La prière de Jonas nous fait penser à la prière d’un bien plus grand que Lui, au cri du Seigneur Jésus sur la croix. Il a pu s’écrier : « Mon Dieu ! je crie de jour et tu ne réponds pas ; et de nuit, et il n’y a pas de repos pour moi » (Ps. 22 : 2). Il a été seul sur la croix, sans qu’un cœur vienne répondre à son cri douloureux (Hymnes et cantiques n° 11, str. 3). Mais la réponse est venue une fois l’œuvre accomplie en perfection, et Dieu l’a délivré hors de la mort, car il n’était pas possible qu’elle retienne le grand vainqueur de Satan et de la mort (Act. 2 : 24 ; Héb. 2 : 14).


« Quel profit y a-t-il en mon sang, quand je descendrais dans la fosse ? La poussière te célébrera-t-elle ? Annoncera-t-elle ta vérité ? » (v. 9).

            On retrouve là les accents de la prière du roi Ézéchias : « Ce n’est pas le shéol qui te louera, ni la mort qui te célébrera ; ceux qui descendent dans la fosse ne s’attendent plus à ta vérité » (És. 38 : 18). Héman, l’Ezrakhite, un homme pieux aura des paroles semblables dans la détresse de son âme : « … les trépassés se lèveront-ils pour te célébrer ? Racontera-t-on ta bonté dans le sépulcre, ta fidélité dans l’abîme ? Connaîtra-t-on tes merveilles dans les ténèbres, et ta justice dans le pays de l’oubli ? » (Ps. 88 : 10-12). Et David lui-même, dans un autre psaume, s’écrie alors qu’il est troublé dans son corps et dans son âme : « On ne se souvient point de toi dans la mort ; dans le shéol, qui te célébrera ? » (Ps. 6 : 5).
            L’âme dans une grande détresse se trouve dans un état tel qu’elle ne peut plus célébrer l’Éternel. Dans la « vallée de l’ombre de la mort », la prospérité ne peut rien contre l’angoisse de la mort, peut-être proche ; la détresse est trop profonde, l’âme est trop affligée et occupée de ses souffrances pour faire monter la louange vers Dieu et annoncer sa vérité. Seul l’Homme parfait sur cette terre a pu en tout temps louer Dieu et faire connaître sa vérité (voir Matt. 11 : 25 ; Ps. 40 : 10).
            Le désir du croyant est d’être sorti de la détresse et de retrouver la vie – il ne le peut pas par lui-même. Une telle délivrance produira dans son cœur des actions de grâces et de louange envers Dieu qui sauve ; seul celui qui a la vie peut louer Celui qui la lui a donnée. « Que mon âme vive, et elle te louera » (Ps. 119 : 175), elle fera monter vers Lui les chants de triomphe de la délivrance. « Le vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd’hui », pouvait s’exclamer Ézéchias (És. 38 : 19) lorsqu’il a appris que Dieu le guérirait de sa maladie qui était « à la mort » (És. 38 : 1).


« Écoute, ô Éternel ! et use de grâce envers moi ; Éternel, sois-moi en aide » (v. 10).

            L’âme éprouvée ressent un profond besoin de la grâce de Dieu qui délivre, du secours et de l’aide de l’Éternel. C’est en Lui qu’est la force pour faire remonter l’âme de la « fosse ». Personne d’autre que l’Éternel ne peut et ne veut manifester une telle grâce qui sauve ; Il est sa seule ressource.
            Quelle grâce, que celle de Dieu, quelles « immenses richesses » elle contient (Éph. 2 : 7) ! Elle nous sauve (Éph. 2 : 5, 8) et nous rend agréables devant Dieu en Christ (Éph. 1 : 6) ; elle « repose » sur nous en surabondance (2 Cor. 9 : 14), elle nous fortifie dans le chemin de la foi (2 Tim. 2 : 1) et nous instruit pour notre conduite dans ce monde (Tite 2 : 12) ; elle affermit le cœur (Héb. 13 : 9) et devrait nous suffire en toutes choses (2 Cor. 12 : 9) ; elle est l’espérance « qui nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ » (1 Pier. 1 : 13).
            David fait alors monter sa prière vers l’Éternel, il implore sa grâce et son aide : « Use de grâce ! ». Cette instante demande se trouve très souvent dans les psaumes ; c’est le cri d’un cœur qui ressent le besoin urgent de l’intervention de son Dieu en sa faveur. Les croyants de l’Ancien Testament, tels Moïse, Néhémie, Jonas ou Joël, savaient que Dieu est « un Dieu miséricordieux et qui fait grâce ». David ne l’affirme pas moins de trois fois dans les psaumes (Ps. 86 : 15, 103 : 8 ; 145 : 8) et, dans la détresse, il fait appel à cette grâce dont il a fait l’expérience tout au long de sa vie et qui lui est nécessaire en toutes circonstances :
                    - Au Psaume 27, où il connaît là aussi la détresse de son âme, il recherche la face de son Dieu (v. 8-9) et s’écrie : « Éternel ! écoute ; de ma voix, je crie à toi : use de grâce envers moi, et réponds-moi » (v. 7).
                    - Au Psaume 51, alors que sa terrible faute est devant lui (voir l’en-tête), il implore les compassions de son Dieu : « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! selon ta bonté » (v. 1).
                    - Au Psaume 56, quand ses ennemis le font prisonnier (voir en-tête et 1 Sam. 21 : 10-15) ; au Psaume 57, quand il fuit devant Saül (voir en-tête et 1 Sam. 24 : 1-8), David recherche la grâce de Dieu pour être protégé et délivré…


« Tu as changé mon deuil en allégresse, tu as détaché mon sac, et tu m’as ceint de joie » (v. 11).

            Ce n’est jamais en vain qu’on fait appel à la grâce de Dieu. Il se plaît à déployer sa faveur envers ceux l’implorent et Il répond au moment qu’Il a choisi : « Au temps favorable, je t’ai répondu, et au jour du salut je t’ai secouru » (És. 49 : 8). Quand nous venons par la prière au trône de la grâce, nous recevons miséricorde et nous trouvons grâce de la part de notre Dieu, « pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4 : 16). La réponse peut être immédiate (Néh. 2 : 5-6), elle peut arriver au bout de trois semaines (Dan. 10 : 12-13) ou de vingt ans (Gen. 25 : 20-21, 26b). Mais Il répond, ne serait-ce qu’en remplissant de sa merveilleuse paix le cœur de celui qui vient à Lui par la prière et la supplication ; c’est la « paix de Dieu » qui a la faculté de garder et protéger le cœur et les pensées du croyant « dans le Christ Jésus » (Phil. 4 : 6-7). N’est-ce pas déjà une merveilleuse réponse divine ?
            Mais alors un changement complet s’effectue : Dieu Lui-même intervient et transforme la situation de David : « Tu as changé…, tu as détaché, tu m’as ceint… ».
            Le deuil de David est devenu allégresse, une danse joyeuse (voir note e), comme au jour où il avait fait monter l’arche de l’Éternel à Jérusalem (2 Sam. 6 : 12-15). L’humiliation et le deuil sont comme « détachés » de David en même temps que son « sac » (vêtement de tissu grossier porté en temps de deuil et de misère - voir 1 Rois 21 : 27 ; Est. 4 : 1, 3 ; Jon. 3 : 5). La tristesse qui remplissait son cœur disparaît, pour faire place à une joie pleine et entière, « complète » (voir Jean 15 : 11 ; 16 : 24 ; 1 Jean 1 : 4). C’est une joie que seul Dieu peut donner et faire connaître au croyant, car elle est « dans le Seigneur » (Phil. 3 : 1).
            Les « reins ceints » nous parlent de puissance et de force (Ps. 18 : 32). Ainsi la joie dont Dieu ceint le psalmiste le remplit de force, comme autrefois le faible résidu revenu de la captivité de Babylone, qui pouvait entendre cette parole d’encouragement : « La joie de l’Éternel est votre force » (Néh. 8 : 10).


« Afin que mon âme te loue par des cantiques et ne se taise pas. Éternel, mon Dieu ! je te célébrerai à toujours » (v. 12).

            Le but de l’épreuve a été atteint, la réponse au cri de détresse a été donnée, l’âme a été pleinement délivrée. Une telle manifestation de grâce de la part de Dieu ne peut que conduire le racheté à la louange. Celle-ci s’exprime par des cantiques montant vers Dieu d’un cœur rempli de reconnaissance et de joie, et elle ne peut s’arrêter. « Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai, et tu me glorifieras » disait l’Éternel par Asaph (Ps. 50 : 15).
            Par ses souffrances et sa mort sur la croix, notre Seigneur Jésus Christ a pleinement glorifié Dieu, qui L’a alors ressuscité, glorifié et fait asseoir à sa droite dans le ciel. Ayant été délié des douleurs de la mort par Dieu (Act. 2 : 24), notre Seigneur peut entonner la louange, et Il le fait « au milieu de l’assemblée » (Héb. 2 : 12). Au bénéfice d’une œuvre pleinement accomplie par un Sauveur parfait, et dans la conscience de la grande délivrance dont ils ont été les objets, les croyants peuvent, avec des cœurs remplis de joie, de reconnaissance et d’adoration, suivre leur bien-aimé Sauveur dans la louange.
            Nos cantiques à la gloire de Dieu s’élèvent depuis la terre, mais ils ne font que commencer ici-bas. Ils se prolongeront « à toujours » dans le ciel. Ils deviendront alors un cantique « nouveau », sans aucune fausse note et éternellement renouvelé, montant du cœur de tous les rachetés entourant le Seigneur Jésus.

               Que le chant de louange à la gloire du Père
               S’élève de nos cœurs, de son amour remplis !
               Déjà l’hymne éternel, commencé sur la terre,
               Exalte, glorifie, et le Père et le Fils !

 

Ph. F. - oct. 2021