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Trois serviteurs fidèles

Des hommes ayant pourtant les mêmes penchants naturels que nous


Élihu, un messager de l’Éternel
Élie, un homme de foi et de prière
Paul, apôtre et esclave de Jésus Christ
 

            La Parole de Dieu nous présente trois hommes qui ont pu être utilisés par Dieu pour « servir à ses desseins » (Act. 13 : 36), chacun en sa génération. Ils ont en commun le fait d’avoir réalisé qu’ils étaient des hommes sujets à la faiblesse et à la défaillance. Ils ont été gardés dans l’humilité durant leur service, réalisant que si Dieu leur avait confié une mission importante, ils n’étaient toutefois que des hommes comme les autres. En cela nous reconnaissons ce qui nous caractérise nous-mêmes : des défaillances, des faiblesses et du découragement. Le Seigneur nous accorde la grâce d’être des instruments à son service, mais nous ne pouvons Le servir d’une manière efficace et utile qu’avec les forces et les ressources qu’Il nous donne. C’est ainsi que « Dieu sera glorifié par Jésus Christ » (1 Pier. 4 : 11).
            Tant que nous sommes sur la terre, nous avons le privilège de servir un Maître qui est « le Seigneur Christ » (Col. 3 : 24). Puissions-nous le faire humblement, en disant : « Nous sommes des esclaves inutiles ; ce que nous étions obligés de faire, nous l’avons fait » (Luc 17 : 10). Mais Lui nous dira alors, et c’est son appréciation qui seule compte : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en ce qui est peu… entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25 : 21).


Élihu, un messager de l’Éternel

            « Voici, je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d’argile, moi aussi » (Job 33 : 6).

                        Besoin de consolation

            Comment consoler celui qui est dans l’épreuve ? L’épreuve de Job était particulièrement lourde et difficile à supporter. Trois de ses amis viennent jusqu’à lui dans le but de « le plaindre et le consoler » (Job 2 : 11). Ils ont pleuré avec celui qui pleurait (Rom. 12 : 15) et ont sympathisé avec lui dans sa douleur (Job 2 : 12-13). Mais, lorsqu’ils ouvrent la bouche, ils échouent complètement, malgré leurs bonnes intentions. Nous apprenons qu’ils n’ont été pour Job que des « consolateurs fâcheux » (16 : 2). Ils n’avaient discerné ni la pensée et le but de Dieu quant à Job, ni l’état intérieur de leur ami. La propre expérience (Éliphaz), la tradition (Bildad), l’esprit légal (Tsophar), ne peuvent amener quelqu’un à la connaissance de Dieu, qui a permis l’épreuve pour purifier et instruire celui qu’Il aime. Par leurs raisonnements, ils n’ont ni convaincu Job, ni répondu à ses questions.
            Le premier et vrai Consolateur, c’est Dieu. Il se présentait déjà autrefois comme le consolateur de son peuple : « C’est moi, c’est moi qui vous console ! » (És. 51 : 12) ; Il est aujourd’hui pour les siens « le Dieu de toute consolation » (2 Cor. 1 : 3-4). Nous connaissons aussi le Seigneur Jésus comme Celui qui console ses bien-aimés depuis le ciel. Lui-même nous a parlé du Saint Esprit comme étant « l’autre Consolateur », que le Père nous a donné pour être avec nous sur la terre (Jean 14 : 16-17). Nous avons donc toutes ressources dans les Personnes divines pour les consolations et les encouragements dont nous avons besoin sur la terre, que ce soit quant à nous-même ou relativement aux circonstances que nous traversons.
            Il peut être accordé également à l’un ou à l’autre, qui a éprouvé pour lui-même les consolations de Dieu, d’être rendu « capable de consoler ceux qui sont dans quelque affliction que ce soit » (2 Cor. 1. 4 ; voir 1 Thes. 5. 14). « Un frère est né pour la détresse », nous dit le livre des Proverbes (17 : 17).
            Si Job avait besoin de consolation dans son affliction, il avait surtout besoin d’apprendre à connaître Dieu et à se connaître lui-même. Mais comment apprendra-t-il cette leçon ? Le moment est arrivé où les amis de Job ont épuisé tous leurs arguments, et où Job lui-même cessera de leur répondre et devra dire : « les paroles de Job sont finies » (31 : 40). Aucun réconfort ne lui a été apporté, aucune explication concernant son épreuve ne lui a été donnée ; son désespoir et sa souffrance sont toujours là.

                        Les paroles d’Élihu

            Dieu intervient alors par un autre homme. Le livre de Job ne nous présente pas la marche de cet homme de Dieu et nous ne savons pas quelles ont pu être ses faiblesses. Quant à cela, nous savons bien que « nous faillissons tous à bien des égards » (Jac. 3 : 1). Mais ce sont les paroles qu’Élihu va prononcer qui nous montrent ce qu’il était : « Si quelqu’un ne faillit pas en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir aussi tout le corps en bride » (Jac. 3 : 2). Ainsi, les six chapitres qui relatent les paroles d’Élihu et son discours vont nous montrer la valeur de cet homme qui va parler, non pas de son propre fonds et selon ses propres pensées, mais de la part de Dieu et pour Dieu (36 : 2), pour le bénéfice de Job. Il sera ce véritable ami « plus attaché qu’un frère » (Prov. 18 : 24), qui va parler au cœur et à la conscience de Job pour le conduire vers Dieu. Les paroles d’Élihu vont préparer Job à écouter ce que Dieu Lui-même enseignera à son serviteur, ce qui amènera l’achèvement du travail de Dieu lorsque Job s’écriera enfin : « Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu : c’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (42 : 5-6).

                        Les qualités d’Élihu

            Élihu apparaît subitement sur la scène (32 : 2). Le nom de son père (Barakeël) signifie « béni de Dieu », et lui-même a un nom qui signifie : « Il est mon Dieu ». Il est donc caractérisé par la connaissance de ce que Dieu est pour lui en bonté. Sommes-nous toujours conscients des bénédictions et des bontés de notre Dieu envers nous ? Jusqu’à ce moment, il était resté en arrière et n’était jamais intervenu dans les discussions de Job avec ses trois amis, qu’il avait suivies avec attention (v. 11-12). Il est disponible pour intervenir au moment « opportun » (Héb. 4 : 16), au moment déterminé par Dieu.
            Dans ses paroles d’introduction (32 : 2 à 33 : 7) nous discernons quelque peu quelles étaient les qualités spirituelles de cet homme de Dieu.
            Tout d’abord sa colère brûle contre Job « parce qu’il se justifiait lui-même plutôt que Dieu », et contre les trois amis, « parce qu’ils ne trouvaient pas de réponse et condamnaient Job » (32 : 2-3, 5) - nous avons là le résumé des chapitres 3 à 31 de ce livre. Tous ces discours des amis de Job, toutes les réponses de celui-ci, n’ont généré aucun bien pour Job et n’ont produit aucune gloire pour Dieu. Alors Élihu est saisi d’une sainte indignation et d’une colère selon Dieu, car Job se retranche dans sa propre justice et reste loin de Dieu, et ses amis n’ont pas su parler de Dieu « comme il convient » (42 : 7-8). Le Seigneur Jésus Lui-même a regardé les pharisiens avec colère, à cause de l’endurcissement de leur cœur (Marc 3 : 5).
            Élihu a fait preuve de patience. Il a laissé parler les plus anciens et leur a laissé le temps de s’exprimer et d’argumenter. Mais maintenant, il va communiquer ce qu’il a reçu de Dieu. Il est ici un type du Seigneur Jésus qui pouvait dire : « Car moi, je n’ai pas parlé de par moi-même ; mais celui qui m’a envoyé - le Père - m’a commandé lui-même ce que je devais dire et comment j’avais à parler ; et je sais que son commandement est la vie éternelle. Donc, ce que moi je dis, je le dis comme le Père me l’a dit » (Jean 12 : 49-50).
            Élihu va parler avec la connaissance de la pensée de Dieu. Il va s’exprimer avec l’intelligence que donne le Saint Esprit (32 : 8), qui lui permet de discerner le véritable état et les besoins de Job (voir 1 Cor. 2 : 15 : « Celui qui est spirituel discerne tout »). Au temps des patriarches, le Saint Esprit n’était pas connu comme une Personne divine, qui est aujourd’hui dans le croyant qui l’a reçu suite à la glorification du Seigneur Jésus ressuscité (Jean 7 : 39 ; Éph. 1 : 13b) ; cependant, nous trouvons dans l’Ancien Testament plusieurs hommes fidèles qui ont été « remplis de l’esprit de Dieu », « remplis de l’esprit de sagesse » (Ex. 28 : 3 ; 31 : 3 ; Deut. 34 : 9 ; 1 Sam. 16 : 13 ; 2 Chr. 20 : 14…). David a pu écrire : « L’Esprit de l’Éternel a parlé en moi, et sa parole a été sur ma langue » (2 Sam. 23 : 2) Ainsi, les paroles d’Élihu vont conduire et préparer Job à recevoir les paroles mêmes de Dieu par lesquelles le travail nécessaire dans l’âme du patriarche sera pleinement effectué.
            Élihu va s’exprimer avec un cœur droit et des lèvres pures (33 : 3). Il va « parler la vérité à son prochain » (Éph. 4 : 25), lui montrant quel est son état réel devant Dieu. Mais il va joindre la grâce à la vérité, plaçant devant Job les ressources de Dieu. Il doit reprendre Job, car les caractères de la vérité sont la fermeté et la sévérité : « Je ne ferai pas acception de personnes, et je ne flatterai aucun homme » (32 : 21). Cependant, il ne l’accable pas comme l’avaient fait ses trois amis (19 : 2).
            Devant Job, Élihu prend une place d’humilité et non de supériorité. « Laver les pieds » de notre frère (voir Jean 13 : 14-15), ce n’est pas se placer au-dessus de lui pour lui donner une leçon. Élihu confesse que, comme Job, il est « fait d’argile » ; il est un homme avec tous les penchants naturels de l’être humain. Cette place humble prise devant Dieu est ce qui va lui permettre de s’effacer lui-même pour présenter à Job la parole de Dieu dans toute son efficacité.
            Dès ses premières paroles, Élihu revêtira le caractère de la grâce : « Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas » (33 : 7). Pour que la conscience et le cœur soient atteints, il doit y avoir un juste équilibre entre la vérité et la grâce. Cet équilibre a été trouvé en perfection dans la Personne du Fils de Dieu manifesté en chair, dans les rencontres qu’Il a faites dans son chemin et dans toutes ses paroles : « La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1 : 17).
            Les paroles d’Élihu seront des paroles de sagesse. Il dira à Job : « Je t’enseignerai la sagesse » (33 : 33). Il ne s’agit pas d’une sagesse humaine, comme celle dont les amis de Job auraient pu se vanter s’ils avaient convaincu Job par leurs arguments (32 : 13a), mais c’est là une sagesse enseignée de Dieu pour communiquer des paroles « enseignées de l’Esprit » (1 Cor. 2 : 13). C’est une sagesse qui provient de l’intelligence – à laquelle elle est très souvent liée dans l’Écriture (voir par exemple : Prov. 4 : 7 ; Ex. 35 : 31 ; Éph. 1 : 8 ; Col. 1 : 9) - c’est-à-dire la faculté de discerner les pensées de Dieu. Telles étaient, d’une manière parfaite, les paroles du Seigneur Jésus qui est « la sagesse de Dieu », qui « nous a été fait sagesse de la part de Dieu » (1 Cor. 1 : 24, 30). Le psalmiste pouvait dire : « La bouche du juste profère la sagesse, et sa langue parle la droiture » (Ps. 37 : 30). Cette parole peut s’appliquer à Élihu, mais combien plus au Seigneur Jésus en qui était « l’Esprit de l’Éternel, … l’esprit de sagesse et d’intelligence » (És. 11 : 2) !
            Élihu revêt encore le caractère de prophète. Il communique au moment convenable la pensée de Dieu en rapport avec l’état et les besoins de Job. Le prophète « parle aux hommes pour l’édification et l’exhortation et la consolation » (1 Cor. 14 : 3) et c’est tout ce dont Job avait besoin. Élihu va ainsi atteindre la conscience de Job et amener son âme dans la présence de Dieu de plusieurs manières :
                  - en lui présentant la grâce de Dieu (33 : 24) ;
                  - en lui montrant que s’il s’estimait « plus juste que Dieu » ! (35 : 2), c’est Dieu qui est « le juste par excellence », le « Tout-juste » (34 : 17b) ;
                  - en lui enseignant que Dieu parle à l’homme pour le ramener à Lui et le délivrer (36 : 9-12, 15-16) ;
                  - en plaçant devant lui la puissance et la grandeur de Dieu (36 : 22, 26), plus grand que les puissances de la nature, qui lui obéissent alors que l’homme ne peut les contrôler ;
                  - en lui parlant des « œuvres merveilleuses de Dieu » par lesquelles Il se fait connaître pour que l’homme le craigne (37 : 14, 24).
            Élihu est le représentant de Dieu, il est cet « arbitre », ce médiateur que Job demandait entre Dieu et lui (9 : 33 ; 16 : 21). En cela, il nous fait penser au grand Médiateur entre Dieu et les hommes, « l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Tim. 2 : 5-6).

                        Un service accompli dans l’humilité

            Élihu accomplit son service, il dit ce qu’il a à dire de la part de l’Éternel, puis il se tait et se retire. Il laisse la place à un bien plus grand que lui, et c’est alors l’Éternel Lui-même qui va répondre à Job et l’amener à se juger lui-même, à confesser sa nature de pécheur et à se repentir (42 : 2-6). Le serviteur a accompli fidèlement et humblement son service dont il laisse l’appréciation au Maître.


Élie, un homme de foi et de prière

            « Élie était un homme ayant les mêmes penchants que nous : il pria avec instance pour qu’il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois ; il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie » (Jac. 5 : 17-18).

                        Les caractères de la prière

            Il faut arriver à l’épître de Jacques, à la fin du Nouveau Testament, pour qu’Élie nous y soit présenté comme exemple d’un homme de prière. Jacques nous rappelle deux prières de cet homme de Dieu, espacées l’une de l’autre de trois ans et demi (1 Rois 17 : 1 ; 18 : 42-44). Les caractères des prières d’Élie sont l’instance, la ferveur dans sa supplication, la recherche de la gloire de Dieu et le bien du peuple, la patience, la persévérance, la foi. Cependant, comme Jacques le précise, il était un homme « ayant les mêmes penchants que nous ». N’est-ce pas encourageant pour notre vie de prière ?

                        Élie, le champion de l’Éternel

            Nous lisons dans le premier livre des rois, au chapitre 18, quelle foi extraordinaire Élie manifeste, seul devant les 450 prophètes de Baal et les 400 prophètes des ashères ! À la montagne du Carmel rien ne fera fléchir son inébranlable confiance en Dieu. Il est seul fidèle à l’Éternel et revendique son statut de prophète de l’Éternel, le seul vrai Dieu (1 Rois 18 : 22), face aux 850 faux prophètes et à un peuple incapable de se décider entre Baal et l’Éternel (18 : 21) ! Il laisse la priorité aux faux prophètes pour invoquer leur dieu ; il leur donne tout le temps qui leur semble nécessaire pour obtenir une réponse de Baal. Mais, bien sûr, tous leurs efforts sont vains. Alors Élie se lève et bâtit un autel de 12 pierres « selon de nombre des tribus de Jacob » (v. 31). Par la foi, il discerne l’unité du peuple de Dieu malgré la triste division des 12 tribus. Puis il fait verser de l’eau, par trois fois, sur le sacrifice, et l’eau remplit le fossé autour de l’autel. Toute cette eau répandue sur le sacrifice nous montre encore la foi du prophète, car il y a là comme une difficulté supplémentaire pour que le sacrifice puisse être consumé par le feu ; mais elle évoque aussi pour nous les eaux du jugement, ces « cataractes de Dieu » qui sont passées sur notre Sauveur lorsqu’Il s’offrait en sacrifice sur la croix – « toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 7).

                        Élie recherche la gloire de l’Éternel

            Puis Élie crie à l’Éternel, non pas afin que Son prophète soit glorifié et admiré par les hommes, mais afin que le peuple sache qu’il y a un seul Dieu, et que ce Dieu est « l’Éternel, Dieu d’Abraham, et d’Isaac, et d’Israël », qu’Il est « Dieu en Israël ». Élie fait appel au Dieu devant lequel il se tient (1 Rois 17 : 1) et il s’attend à sa réponse. Voilà la foi ! « J’ai crié à mon Dieu : de son temple, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles » (Ps. 18 : 6). Le psalmiste peut dire au sujet de ceux qui se sont confiés en l’Éternel : « Ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés ; ils se sont confiés en toi, et ils n’ont pas été confus » (Ps. 22 : 5).
            Qu’est-ce qu’Élie présentait devant l’Éternel, par ce sacrifice ? C’était un holocauste, qui plaçait devant Dieu toutes les perfections de Celui qui « par l’Esprit éternel s’est offert lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9 : 14), dans toutes les perfections et la pureté de sa sainte Personne, dans toute l’énergie et le plein dévouement de son amour pour Dieu. C’était « un holocauste, un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 1 : 9, 13, 17).
            Alors l’Éternel répond immédiatement et d’une manière merveilleuse à la foi de son serviteur et pour la gloire de Son nom : l’holocauste est consumé par le feu de l’Éternel, ainsi que le bois, les pierres et la poussière, devant les yeux de tout le peuple. « L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! », s’écrient-ils d’une seule voix. L’homme de Dieu, dans toute son énergie pour la cause de son Dieu, fait mettre à mort les 45O prophètes de Baal. C’est une victoire totale pour le seul vrai Dieu.

                        Élie en prière

            Puis Élie assure à Achab que la pluie, dont le pays est privé depuis trois ans et demi, est sur le point d’arriver. À peine Achab parti, le prophète monte au sommet du Carmel et se tourne à nouveau vers son Dieu. La foi qu’il a manifestée devant tous se montre encore maintenant, alors qu’il est seul devant son Dieu. Il n’y a pourtant aucun signe avant-coureur de pluie, aucun nuage au ciel, mais la foi victorieuse d’Élie est toujours en action. En réponse à sa prière instante et persévérante (7 fois), voilà qu’apparaît à l’horizon un petit nuage, « comme la main d’un homme » (v. 44). Il n’en faut pas plus à Élie pour comprendre que sa prière a été exaucée et, alors qu’il n’y a que ce petit nuage au loin, c’est avec une pleine assurance qu’il avertit Achab de ne pas tarder d’atteler son char avant d’être rejoint par la pluie.

                        Défaillance d’Élie

            Nous admirons la foi d’Élie, de cet homme dont le nom proclamait que l’Éternel était son Dieu et dont la position montrait qu’il vivait dans sa communion. C’était là le secret de sa force. Nous considérons sa persévérance et sa confiance remarquables dans la prière. Mais il nous suffit de lire le chapitre suivant pour comprendre ce que Jacques, poussé par l’Esprit Saint, écrira beaucoup plus tard : « Élie était un homme ayant les mêmes penchants (ou : passions) que nous » (Jac. 5 : 17) – les mêmes sentiments, le même état affectif. Celui qui s’est tenu seul devant Achab et le peuple, devant les 850 faux prophètes, est maintenant saisi de peur devant les menaces de la méchante Jézabel. Hélas, comme cela nous arrive bien souvent – et surtout après avoir, peut-être, remporté une victoire sur l’ennemi de nos âmes avec l’aide et le soutien de Dieu –, Élie détourne ses yeux de son Dieu pour les porter sur celle qui le menace. Il ne marche plus par la foi car il regarde aux choses visibles, matérielles : « Et voyant cela, il se leva, et s’en alla pour sa vie » (19 : 1). Il a perdu la communion avec son Dieu. Hélas, comme il nous arrive facilement d’oublier les réponses de Dieu à nos prières, ce que le Seigneur a fait pour nous ! Les circonstances présentes, une nouvelle épreuve, prennent toute la place devant nous, nous effrayent et nous empêchent de voir Celui qui est notre secours, le Tout-puissant. Nous sommes submergés par nos « passions », et lorsque le Seigneur vient vers nous pour nous secourir, lorsqu’Il passe près de nous, nous ne Le reconnaissons pas car nous sommes aveuglés par les difficultés (voir Marc 6 : 47-50).

                        La force et la bonté sont à Dieu

            La part bénie du croyant c’est d’avoir la faculté de marcher par la foi, et non par la vue. Il ne regarde pas aux circonstances, aux apparences, à « ce qui se voit » (2 Cor. 4 : 18), mais il regarde à son Seigneur et, par la foi, il voit ce qui est invisible à la vue humaine ; il a l’assurance des choses espérées et la conviction de réalités qu'on ne voit pas (Héb. 11 : 1). Lorsque l’ennemi, qui s’est présenté comme le « lion rugissant », est défait, il revient comme le « serpent rusé » (1 Pier. 5 : 8 ; 2 Cor. 11 : 3). Un proverbe nous dit : « Si tu perds courage au jour de la détresse, ta force est mince » (Prov. 24 : 10). Si nous regardons à nos propres forces, nous serons immanquablement vaincus par Satan, par les tentations et les craintes qu’il place devant nous. Nous devons puiser notre force à l’extérieur de nous-même, la trouver dans notre divin Boaz - « celui en qui est la force » (voir Ruth 2 : 1). Notre Dieu veut nous donner d’être « fortifiés en puissance par son Esprit quant à l’homme intérieur » (Éph. 3 : 16), c’est-à-dire dans notre nouvelle nature de croyant. Nous sommes exhortés à nous fortifier « dans le Seigneur et dans la puissance de sa force », « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (Éph. 6 : 10 ; 2 Tim. 2 : 1). Alors nous ne défaillirons pas et nous serons « plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rom. 8 : 37) dans les circonstances difficiles de la vie.
            Ce qui est arrivé au grand prophète de l’Éternel doit nous enseigner, car cela lui est arrivé « comme type de ce qui nous concerne » et a été écrit dans la Parole de Dieu « pour nous servir d’avertissement » (1 Cor. 10 : 6, 11).


Paul, apôtre et esclave de Jésus Christ

            « Nous sommes, nous aussi, des humains, ayant les mêmes penchants que vous » (Act. 14 : 15).

                        Paul encensé puis lapidé

            L’apôtre Paul, passant à Lystre, guérit un homme infirme dans lequel il discerne la foi pour être guéri (Act. 14 : 8-10). Voyant ainsi s’opérer un tel miracle, les foules élèvent Barnabas et Paul à la hauteur de leurs dieux. On amène des taureaux pour leur sacrifier et des couronnes pour les exalter. C’est alors que les deux serviteurs de Dieu s’élancent dans la foule et s’écrient : « Pourquoi faites-vous cela ?... Nous sommes, nous aussi, des humains, ayant les mêmes penchants (sentiments, mobiles, passions) que vous » (v. 15). Cependant, s’ils étaient des hommes et non des dieux, ils appartenaient à Christ et n’étaient plus dominés par les convoitises, comme « les nations qui ne connaissent pas Dieu » (1 Thes. 4 : 5). Ils n’étaient plus esclaves des penchants de la chair car « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » et ainsi ils vivaient et marchaient par l’Esprit (Gal. 5 : 24-25).
            Profondément attristés et humiliés (v. 14 - comp. Jos. 7 : 6 ; Esd. 9 : 3) par le comportement de ces foules païennes, ils les exhortent à se tourner de leurs idoles vers le Dieu vivant et vrai, le Créateur de tout. Mais la foule, enthousiasmée, a toujours l’intention de les traiter comme des dieux et de leur offrir un sacrifice (v. 18). Des Juifs venant des villes alentour font rapidement changer d’avis la foule. Alors Paul, l’instant d’avant honoré comme un dieu, est lapidé et jeté hors de la ville, considéré comme mort ! - Nous pensons à cette foule qui, après avoir acclamé son Roi, a crié, si peu de temps après : « Crucifie, crucifie-le ! » (Luc 23 : 21).

                        Humilité du grand apôtre

            Paul et Barnabbas ne désirent pas se mettre en avant, ils ne veulent pas être élevés au-dessus des autres hommes, ils ne recherchent pas « la gloire des hommes ». Ils veulent disparaître afin que Christ soit placé devant les hommes – leur pensée est celle qui animait Jean le Baptiseur : « il faut que lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3 : 30).
            Paul avait reçu dans son cœur la lumière de « la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ », un trésor inestimable. Mais il réalise avec humilité qu’il n’est qu’un « vase de terre » dans lequel il n’y a aucune puissance humaine, toute la puissance venant de Dieu (2 Cor. 4 : 6-7).
            S’il était pleinement conscient de la puissance de l’Esprit par lequel il présentait la Parole de Dieu, s’il pouvait affirmer avoir « la pensée de Christ » (1 Cor. 2 : 16), toutefois il ne s’en glorifiait pas. Il ne s’estimait pas plus grand que les autres apôtres (1 Cor. 15 : 9), il ne se plaçait pas devant les autres croyants dans une position de supériorité quant à l’éloquence et à la sagesse, mais se présentait devant eux dans la faiblesse de sa propre personne et de ses paroles (1 Cor. 2 : 1-5).
            Il leur dira encore qu’il n’est qu’un serviteur qui annonçait l’évangile, qui « plantait » la Parole de Dieu, n’étant rien lui-même, mais leur présentant Dieu comme Celui qui fait tout : « L’un plante, l’autre arrose, mais tout est de Dieu… » (1 Cor. 3 : 5-7).
            Le grand apôtre des nations réalise pleinement qu’il n’est qu’un homme comme les autres. Il est beau de comparer deux de ses déclarations dans les épîtres : aux Corinthiens, il confesse : « Je ne suis rien », et aux Colossiens, il affirme : « Christ est tout » (2 Cor. 12 : 11 ; Col 3 : 11). Puissions-nous faire nôtres de telles affirmations qui donnent toute la place au Seigneur dans notre vie, notre marche et notre service !
            Paul s’appelait autrefois Saul. Il portait le nom du premier roi d’Israël, il était issu de la même tribu. Le roi Saül était un homme grand et imposant, d’une apparence extérieure impressionnante (1 Sam. 9 : 2). Et, selon la chair, l’apôtre aurait pu s’enorgueillir de porter un tel nom. Mais il avait bien saisi que « Dieu ne regarde pas à l’apparence extérieure… mais au cœur » (voir 1 Samuel 16 : 7). Son cœur était engagé pour Christ ; ainsi, ce qu’il était lui-même, tout ce dont il aurait pu se glorifier devant les hommes, n’avait plus d’importance à ses yeux (Phil. 3 : 5-8). Son nouveau nom (Paul signifie « petit ») proclamait humblement sa petitesse devant la grandeur infinie du Dieu qui avait usé d’une immense grâce envers lui et l’avait « établi dans le service », « désigné serviteur et témoin » pour Lui envers les nations (1 Tim. 1 : 12-17 ; Act. 26 : 16-18). C’est la place qu’il était heureux de prendre devant Dieu et il aimera se présenter non pas comme « l’apôtre des nations » - ce qu’il était (Rom. 11 : 13) – mais comme « esclave de Jésus Christ » (Rom. 1 : 1 ; Phil. 1 : 1 ; Tite 1 : 1). Quelle humilité chez cet homme choisi par Dieu ! Dans une vision, le Seigneur avait dit à Ananias : « Cet homme est un instrument que je me suis choisi, pour porter mon nom devant les nations, les rois et les fils d’Israël » (Act. 9 : 15). Et ce serviteur de Dieu demeure dans le sentiment qu’il n’est qu’un homme ayant les mêmes penchants que les autres !

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            Ces trois hommes « ayant les mêmes penchants que nous », ayant leurs faiblesses et leurs défaillances, sont néanmoins de remarquables exemples que la Parole de Dieu place devant nous. Dans les passages que nous avons brièvement considérés, nous voyons en chacun de ces hommes de Dieu les plus belles qualités chrétiennes et nous pouvons nous encourager les uns les autres à imiter leurs vertus. Les traits marquants de ces trois hommes de Dieu se retrouvent en perfection dans la Personne du Seigneur Jésus et ainsi nos yeux sont dirigés sur Lui, notre parfait modèle. Si Paul pouvait encourager les croyants à l’imiter, toutefois il était lui-même imitateur d’un modèle plus grand et parfait : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11 : 1).
            Élihu, Élie et Paul ne viennent pas obscurcir à nos yeux Celui qui est le « le chef de la foi et celui qui l’accomplit pleinement » (Héb. 12 : 2), le grand modèle du chrétien, le Seigneur Jésus. Lui n’était pas « un homme ayant les mêmes penchants que nous », Il était le Fils de Dieu manifesté en chair, devenu homme. L’Écriture nous dit qu’Il a dû s’anéantir et s’abaisser Lui-même (Phil. 2 : 7-8). Il a dû être, « à tous égards… rendu semblable à ses frères » afin d’entrer en grâce dans leurs circonstances. Il « a souffert lui-même, étant tenté », « en toutes choses de façon semblable à nous, à part le péché » ; aussi est-Il « à même de secourir ceux qui sont tentés » (Héb. 2 : 17-18). Il a suivi un chemin d’obéissance et de souffrance, ce qui l’a rendu parfaitement apte à compatir à nos faiblesses (Héb. 4 : 15).
            Élihu a montré à Job le Dieu Juste, le Dieu Puissant, qui se fait connaître par son œuvre glorieuse en création. Élie a placé devant le peuple le seul vrai Dieu, le Dieu de Son peuple Israël, dont la justice a été satisfaite par le sacrifice de Christ et le jugement qu’Il a subi. Paul a présenté aux foules le Dieu Créateur, le Dieu vivant, qui a rendu témoignage de Lui-même par les bienfaits de la nature. Mais Jésus Christ nous a parlé du Dieu sauveur, « qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim. 2 : 4). Il nous a révélé le cœur du Père et nous a ouvert l’accès du ciel par son sacrifice.
            Dieu a parlé par le moyen d’Élihu, de Paul, et de bien d’autres encore, mais Il a parlé « dans le Fils » - ou : en Fils (Héb. 1 : 2). Qui mieux que le Fils de Dieu pouvait nous parler de Dieu et nous Le faire connaître ? – « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1 : 18). Il a parlé aux hommes en sachant ce qu’il y avait au fond de leur cœur et connaissant leurs pensées les plus intimes. Il leur a montré ce qu’ils étaient, des pécheurs perdus dignes de mort, mais aussi Il leur a révélé l’amour de Dieu pour eux, qui voulait leur donner la vie éternelle.
            Élie a offert un holocauste à l’Éternel afin de ramener le peuple à Dieu. Mais Christ s’est offert Lui-même comme offrande et sacrifice à Dieu, Il s’est « offert lui-même à Dieu sans tache », par l’Esprit éternel (Héb. 9 : 14). Il a été un sacrifice agréable à Dieu, un parfum de bonne odeur, et par son œuvre à la croix Il a glorifié Dieu et est devenu le Sauveur de tous ceux qui croient en Lui.
            Il y a eu du découragement chez Élie, chez Paul ; il y a eu des faiblesses et des manquements chez ces grands hommes de Dieu, car ils étaient des hommes ayant les mêmes sentiments, les mêmes mobiles que nous qui faillissons souvent. Mais il n’y a jamais eu aucun faux pas dans la marche du Seigneur Jésus sur la terre, aucune défaillance, aucun découragement, même dans les moments les plus difficiles, dans l’opposition et la contradiction des hommes contre Lui-même, le rejet, la haine dont Il a été l’objet. L’apôtre Pierre nous montre la parfaite conduite de l’homme Christ Jésus dans son chemin sur la terre : « Christ… qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas l’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 22-23). Il était venu pour faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé, pour accomplir l’œuvre que Dieu lui avait donnée à faire, pour Le glorifier et pour sauver les hommes par son sacrifice. Rien n’a pu le détourner de ce qui était devant Lui et Il est allé jusqu’à la croix sans un murmure, sans jamais défaillir, demeurant parfait dans ses paroles, dans ses actes, dans sa marche. Dans sa vie comme dans sa mort, Il est incomparable !
            Si l’épître aux Hébreux nous encourage à considérer et imiter la foi de ceux qui ont marché fidèlement devant Dieu tout en étant des hommes comme nous, elle nous exhorte à courir la course chrétienne en « ayant les yeux fixés sur Jésus » (Héb. 12 : 2). Que ce soit la part de chacun de nous, marchant humblement chaque jour appuyé sur son bras puissant. Si nous réalisons que nous ne sommes que des hommes faibles, qui ne peuvent pas faire confiance à la chair qui est en nous, nous regarderons plus souvent à Lui. Le prophète nous montre ce que notre Dieu attend de ceux qui Lui appartiennent : « Qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu ? » (Mic. 6 : 8). Puissions-nous prendre cette injonction à cœur, dans la conscience de ce que nous sommes en nous-mêmes mais aussi de ce que Dieu est pour nous dans notre vie, notre marche, notre service.


Ph. F – juillet 2021