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Onésime, l'esclave fugitif
 
Lire l'épître à Philémon


L'épître à Philémon, l'un des écrits adressés à des individus
Une épître destinée à un frère qui recevait l'assemblée dans sa maison
Onésime, l'esclave en fuite
La conversion d'Onésime
L'intercession de Paul en faveur d'Onésime 

  
 
L'épître à Philémon, l'un des écrits adressés à des individus
 
            Dans le Nouveau Testament plusieurs écrits sont adressés à des individus. L'évangile selon Luc est dédié au « très excellent Théophile » (Luc 1 : 1). Le but de ce récit est que son correspondant connaisse la certitude des choses dont il avait été instruit. Luc raconte, avec beaucoup de détails, l'histoire merveilleuse du Seigneur Jésus. Il s'agit dans cet évangile d'une succession de choses déjà arrivées. C'est ainsi que nous lisons : « Or il arriva, en ces jours-là, qu'un décret fut rendu de la part de César Auguste... » (2 : 1) ; « et il arriva que, comme tout le peuple était baptisé... » (3 : 21) ; « et il arriva qu'en les bénissant... » (24 : 51). On pourrait ainsi multiplier les exemples. La naissance du Seigneur Jésus nous est rapportée, comment il n'eut pas de berceau mais fut simplement emmailloté et couché dans une crèche (2 : 7). Pendant l'accomplissement de son ministère, Jésus n'eut pas non plus de « lieu où reposer sa tête » (Matt. 8 : 20). Pour mourir le fils de l'homme n'eut pas un lit ; il a expiré entre le ciel et la terre sur une croix. Quel amour !
 
            Le livre des Actes des Apôtres a été aussi écrit par Luc, le médecin bien-aimé. Comme le précédent, ce livre est adressé à Théophile. Mais ici nous comprenons que le « très excellent Théophile », après avoir lu tout ce que le Seigneur Jésus « commença de faire et d'enseigner », n'a plus voulu qu'on lui donnât encore son titre de « très excellent ». Il avait par conséquent bien compris l'enseignement contenu dans le premier traité. Aussi Luc l'appelle-t-il « Théophile » tout simplement.
 
            Les épîtres à Timothée sont également adressées à un personne. Timothée allait être laissé seul. Paul allait quitter cette terre. La deuxième épître constitue une lettre d'adieu excessivement touchante. Timothée était jeune, timide. Il avait une santé plutôt précaire. Les encouragements que l'apôtre prodigue à son enfant dans la foi sont des plus précieux. Paul rappelle que Dieu « ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d'amour, et de conseil » (2 Tim. 1 : 7). Ces trois choses, la puissance, l'amour et le conseil (ou le sobre bon sens) nous font penser aux vêtements du souverain sacrificateur, si minutieusement décrits dans le livre de l'Exode. A l'amour correspond le pectoral. Au conseil répondent les urim et les thummin. A la puissance se rattachent les épaulières.
 
            L'épître à Tite est écrite aussi par l'apôtre Paul. Elle a pour but l'encouragement de Tite, et présente des exhortations relatives à l'ordre dans l'assemblée et au maintien de la saine doctrine.
 
            La deuxième épître de Jean est écrite à une femme, « la dame élue ». Mais ici il est toutefois ajouté « et à ses enfants ». Qui était cette femme ? Peut-être l'une de ces femmes « de premier rang » dont il est parlé ailleurs (Act. 17 : 4). De toute manière, cette dame élue était une personne hospitalière. Pour cette raison elle devait être mise en garde. Dans la première épître de Jean, nous voyons qu'il y a « plusieurs antichrists » (1 Jean 2 : 18). Aussi, avant d'ouvrir sa porte et de recevoir quelqu'un chez elle, la dame élue devait exiger la présentation d'un passeport parfaitement en règle. « Apportes-tu la doctrine de Christ » ? S'il en est ainsi le visiteur peut entrer. Sinon, la porte doit être résolument fermée. N'oublions pas que dans une maison, une visite peut faire beaucoup de bien, mais aussi beaucoup de mal. La maison du chrétien est un endroit privilégié et béni où Satan désire ardemment obtenir une place. Cher lecteur, ne vaut-il pas la peine de penser à cela ?
 
            La troisième épître de Jean est adressée à Gaïus. Peut-être celui-ci était-il malade ? Aussi l'apôtre lui dit-il : « Bien-aimé, je souhaite qu'à tous égard, tu prospères et que tu sois en bonne santé, comme ton âme prospère » (3 Jean v. 2).
 
 
 
Une épître destinée à un frère qui recevait l'assemblée dans sa maison
 
            L'épître de Paul à Philémon est individuelle, dans ce sens que les exhortations qu'elle renferme sont adressées à un individu. Dieu s'est occupé dans les différents écrits que nous venons d'examiner de ce que l'on pourrait appeler la classe élevée de la société, les grands de la terre. Avec l'épître à Philémon, Dieu ne va s'occuper d'un « très excellent », d'une « dame élue », mais d'un pauvre esclave fugitif, d'un esclave en rupture de ban. Le soleil qui fait mûrir la moisson, caresse aussi de ses rayons bienfaisants l'humble fleurette dissimulée derrière le brin d'herbe. Car pour Dieu il n'y a pas de différence. Le même Seigneur est riche envers tous ceux qui l'invoquent.
 
            Paul était un prisonnier de Jésus Christ. Il s'adresse à Philémon qu'il appelle : « le bien-aimé et notre compagnon d'oeuvre » (v. 1). Philémon habitait Colosses. C'était un homme remarquable. L'apôtre l'appelle un bien-aimé. Ah ! Comme il faisait bon vivre dans sa compagnie, sous son influence. Il était compagnon d'oeuvre avec Paul et le frère Timothée et c'est plein de signification quand nous pensons au labeur du grand apôtre des Gentils.
 
            Philémon ne se trouvait pas placé sous un joug mal assorti, comme tant de personnes, hélas. La soeur Apphie était la compagne de Philémon ; c'est une bonne chose d'avoir une même pensée et un même sentiment pour faire ensemble le voyage de la vie.
            Il est ensuite question d'Archippe, un compagnon d'armes de l'apôtre. Dans cette très courte lettre, il est question de compagnons d'oeuvres (v. 1, 24), de compagnon d'armes (v. 2), et de compagnon de captivité (v. 23). Archippe était assurément un frère qui combattait le bon combat. Tous les combats ne sont pas le « bon combat ». L'Ecriture parle des « armes de la justice de la main droite et de la main gauche » ( 2 Cor. 6 : 7). « Nous ne combattons pas selon la chair, car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles » (2 Cor. 10 : 3-4). L'apôtre Paul lui-même a pu dire : « j'ai combattu le bon combat » (2 Tim. 4 : 7). Archippe ne s'embarrassait pas « dans les affaires de la vie, afin qu'il plaise à celui qui l'a enrôlé pour la guerre » (2 Tim. 2 : 4).
 
            Enfin la lettre est destinée « à l'assemblée qui se réunit dans sa maison » (v. 2). L'assemblée dont il est parlé est celle de la ville de Colosses. Nous lisons en effet dans l'épître adressée par Paul aux Colossiens : « Onésime, le fidèle et bien-aimé frère, qui est des vôtres » (Col. 4 : 9). C'était un immense privilège pour Philémon de recevoir l'assemblée dans sa maison. A quoi bon posséder une maison si on ne la met pas à la disposition du Seigneur et de ceux qu'Il envoie ? Quelqu'un dira peut-être « je suis très limité dans l'exercice de l'hospitalité ». Mais, la question est celle-ci : aimons-nous recevoir les frères ? Philémon avait ouvert sa maison à l'assemblée ; à la fin de la lettre, Paul lui demande de lui préparer un logement v. 22). C'est ainsi, que de temps en temps, on voyait des chrétiens se diriger vers cette demeure. Le premier jour de la semaine, on entendait probablement chanter « des hymnes, des cantiques spirituels » (Col. 3 : 16). Ces gens chantaient de leur coeur à Dieu dans un esprit de grâce. Il y avait la fraction du pain, car si l'assemblée se réunit pour rendre culte à Dieu, elle se réunit aussi « pour rompre le pain » (Act. 20 : 7). C'est ainsi que les croyants se souviennent du Seigneur Jésus dans ses souffrances et dans sa mort. Il y avait aussi la prière ; la prière « avec des actions de grâces » (Phil. 4 : 6). Ah ! quelle maison que celle de Philémon ! Oui, quel privilège que de se trouver placé sous une influence si heureuse et si bénie.
 
            Aussi l'apôtre Paul adresse à Philémon, à la soeur Apphie, à Archippe et à l'assemblée la salutation et du Père et du Fils : « Grâce et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (v. 3). L'apôtre dit ensuite : « Je rends grâces à mon Dieu, faisant toujours mention de toi dans mes prières, apprenant l'amour et la foi que tu as envers le Seigneur Jésus et pour tous les saints » (v. 4-5) ; Paul priait pour Philémon non pas de loin en loin, mais avec l'assiduité que seul donne l'amour. Sommes-nous constants dans nos prières ? Pouvons-nous dire que nous faisons dans nos prières, toujours mention des bien-aimés du Seigneur ? Cela nous rappelle l'exhortation de l'épître aux Ephésiens : « Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l'Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints » (Eph. 6 : 18). Ce qui réjouissait le coeur de Paul c'était l'amour et la foi que Philémon avait « envers le Seigneur Jésus et pour tous les saints ». Quels sont donc les saints ? Ecoutez ce que dit un disciple, nommé Ananias, au Seigneur, au sujet de Saul de Tarse : « Seigneur, j'ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a fait à tes saints » (Act. 9 : 13). Les croyants sont des « chrétiens », ou des « enfants de Dieu ». Mais souvenons-nous que Dieu appelle « les saints » ceux qui ont placé leur confiance dans le Sauveur. Mais pourquoi ceux qui sont à Christ sont-ils des « frères saints » ? Parce que « celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un » (Héb. 2 : 11).
 
            Philémon aimait donc Christ et il aimait les frères. D'ailleurs les deux choses vont toujours ensemble. Aimer Christ c'est toujours aimer les frères. L'amour fraternel est inséparable du premier amour. De plus, l'amour pour le prochain ne faisait nullement défaut chez Philémon. Nous avons vu que Paul l'appelle son compagnon d'oeuvre. Comme tel, Philémon aimait les pécheurs. Il avait pour eux un intérêt vrai, profond, réel.
 
            Aussi au verset 7, l'apôtre parle d'une « grande joie » et d'une « grande consolation ». Le fait que « les entrailles des saints » étaient « rafraîchies » nous fait penser à toute la bénédiction que Philémon apportait à l'assemblée. Peut-être exerçait-il un ministère particulièrement béni ? De toute manière les affections des saints étaient réveillées pour le Seigneur. Les « entrailles » sont mentionnées  trois fois dans cette courte lettre (v. 7, 12, 20). Or, nous savons, que dans la Parole de Dieu, les entrailles nous parlent d'amour : les « entrailles de miséricorde de notre Dieu » (Luc 1 : 78). L'apôtre Paul exhorte les Colossiens à se revêtir « comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d'entrailles de miséricorde, de bonté... » (Col. 3 : 12). Cette épître à Philémon porte un cachet particulier d'amour ; elle respire les affections les plus tendres et les plus délicates. Que le Seigneur nous accorde d'être, comme autrefois Philémon, en bénédiction pour ceux avec lesquels nous partageons l'opprobre de Christ.
 
 
 
Onésime, l'esclave en fuite
 
            Dans la maison de Philémon, se trouvait un homme qui n'était pas heureux. C'était un esclave. Son nom était Onésime (ce mot signifie « utile » ou « profitable »). Onésime aurait dû être cela pour son maître. Nous allons voir qu'il n'en a pas été du tout ainsi. Quelle joie cela aurait dû être pour Onésime d'appartenir à Philémon. Le « compagnon d'oeuvres » de l'apôtre  traitait sans doute ses esclaves avec bonté. C'est d'une manière digne du Seigneur que ce maître devait agir à l'égard de ceux de sa maison, selon l'enseignement de Dieu à aimer notre prochain. Si Philémon avait des droits incontestables sur Onésime, il le traitait, non pas comme les païens traitaient leurs esclaves, mais avec douceur, ayant renoncé aux menaces, comme un homme qui sait que « leur maître » et le sien, « est dans les cieux, et qu'il n'y a pas d'acception de personnes auprès de Lui » (Eph. 6 : 9).
            Avons-vous parfois pensé que Dieu a des droits sur nous ? Des droits, en premier lieu comme Créateur. C'est Dieu qui nous a créés. De plus, Il est le Conservateur de tous les hommes (1Tim. 4 : 10). Nous sommes chaque jour les objets de la fidèle bonté de Dieu. Vous recevez tout de Sa main. Peut-être que vous ne le réalisez pas et que vous ne lui rendez pas grâces pour la nourriture, ni pour le vêtement, mais cela ne change rien à la chose. Vous n'avez rien apporté en venant dans ce monde et vous recevez tout journellement de Sa bonté. Aussi, ami lecteur, si vous n'aviez pas encore reconnu les droits que Dieu a sur vous, n'attendez pas pour le faire.
 
            Onésime reconnaissait-il qu'il avait affaire à un bon maître ? Appréciait-il sa douceur ? Jouissait-il de sa bienveillance, de son équité ? Non, Onésime était sans doute  malheureux dans la maison de Philémon : ce que son coeur aimait ne s'y trouvait pas. Le monde n'aime pas la piété ; comment vivre toujours dans la compagnie de gens qui réalisent la crainte de Dieu ? Dans la maison de Philémon, au lieu d'exprimer des paroles folles ou des plaisanteries, on chantait des cantiques, on priait, on louait Dieu.
            Il y avait probablement un jour de la semaine où l'esclave Onésime se trouvait particulièrement malheureux chez son maître : c'était le dimanche, le premier jour de la semaine, la journée dominicale. Les possesseurs d'esclaves qui étaient païens ne tenaient aucun compte du jour du Seigneur. Jamais ils n'accordaient un jour de repos à leurs serviteurs. Dans la maison de Philémon où l'assemblée des Colossiens se réunissait, le dimanche était le jour de la célébration de la Cène. C'était le souvenir du Seigneur, le rappel des immenses bénédictions que Sa mort apporte aux croyants, l'annonce à la face du monde du crime des hommes et de la défaite de Satan, la proclamation du prochain retour du Sauveur glorifié. A tout cela, le coeur d'Onésime, qui ne connaissait pas le Seigneur Jésus, restait insensible
            Aussi cet esclave de Philémon n'eut plus qu'une pensée : fuir loin, bien loin de cette maison et de ces gens dont la piété réelle et vivante était pour lui un fardeau absolument insupportable. Alors quelqu'un est-il venu chez Philémon et a-t-il parlé de Rome avec Onésime ?. Rome était une ville grandiose. C'est la ville aux sept collines. La cité aux monuments imposants, magnifiques. Tout concourait à Rome aux plaisirs des yeux. Il y avait aussi les jeux du cirque, les combats de gladiateurs. Tout cela a produit sur l'esprit de l'esclave un effet prodigieux. Et un jour Onésime est parti. Comme lui, beaucoup de jeunes gens ont porté leurs pas vers la grande ville à la recherche de vains plaisirs et de liberté, mais sans parvenir à y cacher leur misère morale.
            Ainsi aussi les hommes, tous les hommes se sont éloignés de Dieu, de Celui qui a de justes droits sur chacun de nous et qui a toujours usé envers nous d'une merveilleuse bonté. Adam, le premier, a quitté cette position heureuse dans laquelle Dieu l'avait placé. Caïn, son fils, a inauguré ce que dans le langage de l'Ecriture on appelle « le monde ». Adam a préféré aux beautés de l'innocence, la convoitise des yeux, celle de la chair et l'orgueil de la vie. Puis toute l'immense famille humaine a marché sur les traces de son chef. De sorte que déjà par nature, nous nous sommes éloignés de Dieu. A moins que la grâce de Dieu ne nous rencontre, nous sommes destinés à périr misérablement dans le pays éloigné.
 
            Pour parvenir à Rome, il fallait des ressources. Le seul désir de se trouver au sein des joies coupables de cette cité infâme ne suffisait pas. Comment aller sans argent dans cette ville si lointaine ? Onésime s'est-il peut-être emparé de ce qui appartenait à son maître ?  Est-il devenu voleur ? Quand on aime le mal, on se trouve placé sur une pente étrangement glissante. Combien sont devenus voleurs pour satisfaire leurs passions du jeu, l'amour des cartes, du champ de courses ou le goût de la boisson ! Onésime pensait qu'il se trouverait tellement plus à l'aise, tellement plus libre à Rome que dans la maison de Philémon, que, pour mettre à exécution son projet, il n'a peut-être pas hésité à s'emparer du bien de celui qui pourtant avait toujours été pour lui un maître juste et bon.
            Que de personnes partent aussi dans le monde emportant avec eux des trésors qui ne leur appartiennent en aucune manière ; la vie, la santé, la jeunesse, sont autant de biens que l'homme s'en va gaspiller, disperser, dilapider dans le sombre pays du péché.
 
            Pensons à la douleur réelle de Philémon le soir du jour mémorable où la disparition d'Onésime a été constatée. Quelle peine pour un maître si équitable. Certainement Philémon n'a pas été insensible à cette perte. Dieu a-t-Il été insensible au fait que les hommes se sont éloignés de Lui ? « Cieux, soyez étonnés de ceci, frissonnez, et soyez extrêmement confondus, dit l'Eternel. Car mon peuple a fait deux maux ; ils m'ont abandonné, moi, la source des eaux vives... ». Est-ce là le langage de quelqu'un qui est insensible ou indifférent ? Dieu s'intéresse profondément à chaque homme. Il a mesuré toute la distance qui le séparait, désormais de sa créature et Il a donné Son Fils unique. Il en a beaucoup coûté à Dieu de nous donner son Fils, mais, c'est parce qu'Il nous aimait !
 
            Philémon a prié pour ce fugitif. Parents chrétiens, prenons courage ; ne cessons pas de prier pour nos déserteurs. « La fervente supplication du juste peut beaucoup » (Jac. 5 : 16). Prions pour ceux qui ont délaissé les réunions et sont partis dans le monde. Dans l'immense foule qui composait la population de la capitale romaine, Dieu voyait Onésime et Il entendait les prières des siens qui, de Colosses, montaient vers Lui, en faveur du coupable.
 
 
 
La conversion d'Onésime
 
            Onésime a rencontré Paul. Nous ignorons les circonstances qui ont amené cette rencontre. Paul était un prisonnier de Jésus Christ. Nous voyons, à la fin du livre des Actes, comment Paul « demeura deux ans entiers dans un logement qu'il avait loué pour lui, et il recevait tous ceux qui venaient vers lui ». Il demeurait gardé par un soldat. C'est à ce moment-là que l'apôtre écrivait l'épître aux Philippiens et plus tard celle aux Colossiens. Dans la première il parle fréquemment de ses liens (1 : 7-13, 14, 17). Dans l'épître aux Colossiens Paul écrira parlant du mystère du Christ : « ... mystère pour lequel aussi je suis lié » (Col. 4 : 3) et encore : « Souvenez-vous de mes liens » (4 : 18). Paul était un « vieillard ». Quelle scène touchante que celle de la rencontre à Rome d'Onésime le fugitif et de Paul le prisonnier de Jésus Christ. Paul a pu dire écrivant aux Corinthiens : « car l'amour du Christ nous étreint... nous sommes donc ambassadeurs pour Christ... nous supplions pour Christ : soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5 : 14, 20). Onésime est maintenant en présence de cet ambassadeur de Christ. Au chapitre 11 de la deuxième épître aux Corinthiens nous voyons que l'apôtre Paul a souvent été en prison : « dans les prisons surabondamment » écrit-il. Dans la prison de Philippes, « sur le minuit, Paul et Silas, en priant, chantaient les louanges de Dieu ». Ces deux serviteurs de l'Evangile étaient dans la prison intérieure « leurs pieds fixés sûrement dans le bois » (Act. 16 : 24-25). Mais le Seigneur était le sujet des louanges de Paul et de son compagnon, comme aussi l'objet de leurs conversations. Paul a su parler de son Sauveur en termes touchants, au malheureux Onésime. Il est là celui qui a pu dire, s'adressant aux Galates : « ... vous devant les yeux de qui Jésus Christ a été dépeint, crucifié » (Gal. 3 : 1). Paul a montré au pécheur le Seigneur mourant sur la croix, la tête couronnée d'épines et, par-dessus tout, rencontrant la colère de Dieu à l'égard du péché.
 
            L'esclave Onésime écoute et reçoit. Bientôt il entre dans la voie des aveux. Il confesse ses fautes. Alors Paul lui montre que Christ a pris notre place sous les ardeurs du courroux divin. C'est l'heure de la conversion du fugitif. Heure bénie entre toutes. Heure du salut qui met le ciel en joie (Luc 15 : 7). Et cette joie du ciel, Onésime pouvait en contempler le reflet sur les traits de l'apôtre, le prisonnier de Rome, le vieillard en captivité.
 
            Onésime doit retourner chez Philémon à Colosses. Le chemin est clairement tracé : maintenant, il doit revenir chez ce maître qu'il a méconnu et affligé si douloureusement, alors qu'il ne lui avait fait que du bien.

            Cette courte histoire d'un esclave coupable illustre la grâce dont le croyant en Jésus est à présent l'heureux objet. Onésime ira à Colosses mais il paraîtra là avec un titre nouveau : « je te prie pour mon enfant que j'ai engendré dans les liens » (v. 10). Onésime emportera avec lui une lettre. On pourrait l'appeler « une lettre de recommandation ». Elle lui assurera, à son retour, une cordiale et heureuse réception. Paul appelle le nouveau converti « mon enfant ». Ne devons-nous pas accueillir les enfants de ceux que nous aimons exactement comme nous recevrions les parents eux-mêmes ? Ce que l'on fait en effet à un enfant, c'est comme si on le faisait aussi à ses parents. Philémon recevra Onésime comme il recevrait le grand apôtre des Gentils lui-même. Lorsque Philémon, lisant et relisant la lettre apportée par Onésime, arrivera à cette expression : « que j'ai engendré dans les liens », ne verra-t-il pas là-bas, loin, bien loin, à Rome, le détenu, le prisonnier de l'Evangile ?
            Quand le pécheur arrive devant Dieu, après avoir passé à la croix du Calvaire, il a une lettre de recommandation écrite par le Seigneur Jésus lui-même. Alors, le coeur de Dieu se trouve placé en face de la croix où son Fils a tellement souffert pour le coupable. Et Dieu doit à Christ de recevoir le pécheur repentant.
 
 
 
L'intercession de Paul en faveur d'Onésime
 
            « Onésime, qui t'a été autrefois inutile, mais qui maintenant est utile à toi et à moi, lequel je t'ai renvoyé, - lui, mes propres entrailles » (v. 11-12). Onésime veut dire « utile ». L'esclave dont nous parlons n'avait pas été cela pour son maître. De la même manière le péché nous avait rendus inutiles : « ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles » (Rom. 3 : 12). Remarquons ces deux petits mots : « autrefois » et « maintenant ». N'est-ce pas merveilleux de pouvoir être utile et à Christ et à Dieu ? Un esclave de Satan devient par grâce un esclave de Jésus Christ ; un émissaire de Satan devient un messager de Dieu. L'homme est ainsi renvoyé vers Dieu pour Le servir, L'adorer, Le glorifier, Lui rendre témoignage. Onésime de retour chez Philémon a été utile comme nous le voyons dans l'épître de Paul aux Colossiens. « Le fidèle et bien-aimé frère qui est des vôtres » (Col. 4 : 9) : c'est ainsi que s'exprime l'apôtre. Onésime a pu dire à Colosses tout ce que le Seigneur avait fait pour son âme. Il a marché dans l'amour et a été manifesté comme étant fidèle.
 
            « Moi, j'aurais voulu le retenir auprès de moi, afin qu'il me servit pour toi dans les liens de l'évangile ; mais je n'ai rien voulu faire sans ton avis afin que le bien que tu fais ne fût pas l'effet de la contrainte, mais qu'il fût volontaire » (v. 13-14). Ici, nous remarquerons, que c'est une chose agréable à Dieu de recevoir le pécheur qui est passé par la croix du Calvaire. N'est-il pas dit : « Voici, c'est maintenant le temps agréable ? (2 Cor. 6 : 2).  Pour Dieu c'est une chose agréable que de bénir un pécheur. Le père, dans la parabole du chapitre 15 de Luc ne courut-il pas à la rencontre du fils prodigue ? Oui, le bien que Dieu fait est volontaire et non pas l'effet de la contrainte. « C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés... ».
 
            « Car c'est peut-être pour cette raison qu'il a été séparé de toi pour un temps, afin que tu le possèdes pour toujours » (v. 15). Ah ! Satan, dans le jardin d'Eden a ravi l'homme à Dieu. Il a voulu priver le Créateur de Sa créature. De nos jours Satan ravit les enfants quand ils parviennent à l'adolescence. Il les entraîne dans l'incrédulité et les plaisirs mondains. Mais la conversion rend à Dieu ces malheureux captifs de Satan. L'oeuvre de Christ les rend au Père pour toujours et : « personne ne peut les ravir  de la main du bon Berger » (Jean 10 : 28). Ici nous trouvons à nouveau un contraste frappant : « pour un temps » est mis en opposition avec « pour toujours ».
 
            « ... Non plus comme un esclave, mais au-dessus d'un esclave, comme un frère bien-aimé, spécialement de moi, et combien plus de toi, soit dans la chair, soit dans le Seigneur » (v. 16). Si l'homme est tombé dans le péché, maintenant sauvé par grâce il est « revêtu des vêtements du salut » ; il est « couvert de la robe de la justice » (Es. 61 : 10). Onésime était parti comme un esclave. Sa réception dans la maison de Philémon sera celle d'un frère. L'homme est sauvé et il est introduit devant Dieu avec un titre nouveau ; c'est un enfant de Dieu. Il est héritier de Dieu et cohéritier de Christ.
 
            « Si donc tu me tiens pour associé à toi, reçois-le comme moi-même » (v. 17). Dieu le Père et notre Sauveur Jésus Christ ont toujours été « un » dans cette oeuvre du salut des pécheurs perdus. Cette unité du Père et du Fils dans la poursuite de leurs desseins de grâce à l'égard de l'homme déchu est évoquée dans un cantique : « un avec Lui dans sa puissance – un avec Lui dans son amour ». « C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir », a pu déclarer Christ en entrant dans le monde. Il a dit : « Ma viande est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé » (Jean 4 : 34). Le pécheur lavé dans le sang de l'Agneau est reçu par Dieu comme Christ Lui-même.
             Pensons à la manière dont Philémon aurait reçu Paul : sans aucun doute il l'aurait fait d'une manière digne de Christ. Comment Dieu a-t-il reçu le Sauveur après le triomphe de la croix ? Le ciel s'entrouvre pour nous montrer l'entrée du glorieux Vainqueur. Christ a été « salué par Dieu souverain sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec » (Héb. 5 : 10). Onésime l'ingrat, le fugitif, l'indélicat, l'esclave sans conscience et sans coeur doit être traité comme l'aurait été Paul lui-même. Ecoutons la prière du Seigneur : « Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi... » (Jean 17 : 24). Christ n'a pas désiré moins que cela pour les siens. Nous serons avec le Seigneur dans la lumière de la Maison du Père. Le Père et le Fils sont pleinement d'accord pour nous donner une telle part.
 
            « Mais, s'il t'a fait quelque tort ou s'il te doit quelque chose, mets-le moi en compte » (v. 18). L'esclave avait fait un tort évident à Philémon. Qui règlera le dommage ? Qui répondra pour le fugitif insolvable ? Onésime a tout dépensé à Rome. Maintenant il est totalement incapable d'indemniser son maître pour le préjudice réel qu'il lui a causé. Paul s'engage à payer pour Onésime qu'il a engendré dans les liens. Ici encore nous avons l'évangile. Le grand prisonnier de l'amour c'est Jésus. Contemplons-le les mains liées, les mains percées. Il a porté nos péchés en son corps sur le bois (1 Pier. 2 : 24). Dieu a fait venir sur Lui les iniquités de nous tous. Christ a payé la dette que nous avions contractée envers Dieu par nos transgressions et notre impiété. Comme Onésime nous étions insolvables. Comme le fils prodigue nous avions tout dépensé dans le pays éloigné. Nous étions incapables de verser le plus modique acompte. A combien plus forte raison nous ne pouvions pas solder notre compte. Christ a été sur la croix notre divin répondant et voilà pourquoi Il a été abandonné de Dieu. Pendant les trois heures de ténèbres mon compte était examiné à la lumière scrutatrice de la justice et de la sainteté de Dieu. Rien n'a été omis, rien n'a été amoindri. Ce que je devais à Dieu a été entièrement réglé. Les comptes établis par des hommes portent parfois cette mention : « sauf erreur ou omission ». Mais devant Dieu il n'y a rien qui soit oublié ; pour nous croyants, il n'y a rien non plus qui ne soit entièrement payé. Aussi, éternellement, nous adorerons Celui qui a été notre garant dans cette sombre journée du Mont Calvaire.
 
            « Moi Paul, je l'ai écrit de ma propre main ; moi, je payerai, pour ne pas te dire que tu te dois toi-même aussi à moi » (v. 19). Paul n'a pas dicté cette lettre à son secrétaire, en se contentant de la signer. Il l'a écrite de sa propre main comme l'épître aux Galates. L'affaire était importante. Onésime devait être bien reçu à Colosses. Qu'a dû penser Philémon quand il a découvert  l'écriture de l'apôtre lui-même ? Qu'a-t-il pensé lorsqu'il a lu ces mots : « moi je payerai » ? C'est vrai, dit Paul, c'est un coupable, mais je prends toutes ses dettes entièrement à ma charge. Philémon ne devait pas oublier qu'il se devait lui-même à Paul. Sans doute Philémon fut-il converti par le moyen de l'apôtre et c'est ainsi qu'il se devait à lui. Sur le Calvaire, le Seigneur Jésus a réglé la question de nos péchés. Mais il a aussi revendiqué la gloire de Dieu. L'oeuvre de la croix a pleinement glorifié Dieu qui est lumière, justice et sainteté. Dieu doit tout à Christ. Il était juste que Jésus fût élevé au-dessus de tout nom qui se nomme. Le Seigneur a dit : « le Fils de l'homme est glorifié et Dieu est glorifié en Lui. Si Dieu est glorifié en Lui, Dieu aussi le glorifiera en Lui-même » (Jean 13 : 31-32).
 
            « Ayant de la confiance dans ton obéissance, je t'ai écrit, sachant que tu feras même plus que je ne dis » (v. 21). Onésime trouvera un bon accueil, une cordiale réception auprès de Philémon. L'apôtre Paul savait en outre que le maître offensé ferait plus que cela pour son esclave. Onésime sera affranchi. Il sera reçu comme serait reçu Paul lui-même. Philémon ne parlera pas du préjudice qui lui a été fait, il ne fera pas même mention de la dette. L'esclave sera reçu à la table du Seigneur. Il servira l'assemblée. Quelle grâce ! N'est-ce pas assez d'avoir le pardon de ses péchés, la dette acquittée ? Nous aurions pensé que c'était assez de ne pas être jeté en enfer. Dieu en a jugé autrement. Il a voulu nous ouvrir le ciel. Jésus est au ciel : là où Il est nous serons aussi. Et puis il y aura d'heureuses surprises : les couronnes, les récompenses. Il est écrit : « il recevra une récompense », et encore « ma récompense est avec moi » (1 Cor. 3 : 14 ; Apoc. 22 : 12).
 
            « Mais en même temps, prépare-moi aussi un logement, car j'espère que, par vos prières, je vous serai donné » (v. 22). Onésime allait prendre le chemin de Colosses, porteur de cette lettre qui exprime le désir de Paul prisonnier de revenir dans cette assemblée. Onésime espérait sans doute revoir bientôt le prisonnier rencontré à Rome et qui l'avait conduit au Seigneur. Il n'avait vu l'apôtre que dans son logement,  gardé continuellement à vue par des soldats romains. Il attendait maintenant un changement complet de lieu et de circonstances pour celui qui l'avait engendré dans les liens. Ah ! Quel contraste entre le logis préparé par les soins du pieux Philémon et le logement qu'il avait loué pour lui (Act. 28 : 30) dans cette Rome de toutes les infamies.
            C'est ainsi que nous attendons le Seigneur. Jésus revient pour chercher les siens. Il vient sur la nuée et le désir ardent du coeur de ses bien-aimés est qu'Il ne tarde pas. Alors nous verrons, revêtu de majesté, Celui qui fut outragé et maltraité par ce monde. Nous verrons, chers amis croyants, le Sauveur ressuscité et glorifié. Maintenant l'Esprit et l'Epouse disent : viens. Et nous avons la certitude que « Celui qui vient viendra, et Il ne tardera pas » (Héb. 10 : 37).
 
            « Epaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, Marc, Aristarque. Démas et Luc mes compagnons d'oeuvre, te saluent. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit » (v. 23-25). L'énumération de ces noms constitue ce que l'on pourrait appeler un petit échantillon du Livre de vie.
             Si notre nom figure dans ce livre, nous sommes bienheureux. Le Seigneur a dit : « Réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Luc 10 : 20). Mais si notre nom ne s'y trouve pas écrit, nous serons éternellement perdus !
 
 
                                   Pécheurs perdus qui, dans votre misère,
                                   Vers un Dieu saint n'osez lever les yeux,
                                   Venez à Christ : Il révèle le Père,
                                   Le Dieu d'amour qui l'envoya des cieux.
 
 
                                                                                                          M. Capelle