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LA DEUXIÈME ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS (7)


LES ÉPREUVES ET LE DÉPOUILLEMENT DU SERVITEUR (suite)
            CHAPITRE 7
                    Les exercices de Paul à l’égard des Corinthiens (v. 2-7)
                    L’amour se réjouit avec la vérité
 

LES ÉPREUVES ET LE DÉPOUILLEMENT DU SERVITEUR (suite)

                        CHAPITRE 7

                                    Les exercices de Paul à l’égard des Corinthiens (v. 2-7)

                                                Introduction (v. 1)

            Après la parenthèse sur la séparation du mal (6 : 14 à 7 : 1), l’apôtre Paul reprend le fil de ses pensées. Il ne s’agira plus ici des principes du service, mais de l’état de cœur du serviteur. C’est ainsi que seront aussi décrits les exercices de cœur et de conscience de croyants qui ont été, un moment, en mauvais état.
            En effet, il va être question d’amour, de repentance, de tristesse, d’obéissance, de consolation, de joie, de gloire. Plus que jamais, Paul parlera à cœur ouvert.
            Après le chemin de la sainteté, il va montrer le chemin « bien plus excellent » de l’amour selon Dieu, celui qui « se réjouit avec la vérité » (1 Cor. 12 : 31 ;13 : 6). Il veut panser toutes les blessures provoquées par sa première lettre. Il va leur montrer combien est vrai ce proverbe : « Les blessures faites par un ami sont fidèles » (Prov. 27 : 6).

                                                Amour dans la vérité (v. 2-4)

            Paul attache de l’importance à l’opinion des Corinthiens à son sujet. Il craint que leur cœur se détourne de lui malgré leur repentance. Il éprouve le besoin de se justifier, comme si sa bonne conduite n’était pas évidente à tous.
            Il est triste qu’il soit encore obligé de s’exprimer ainsi. Il y avait toujours des accusations sous-jacentes de la part de certains d’entre eux. Quelle affligeante ingratitude : oser accuser l’apôtre d’être intéressé par les biens matériels, comme cela sera évoqué plus loin (11 : 7-10 ; 12 : 13-15) ! Paul avait peur qu’ils soient plus ou moins influencés par ces mauvais éléments qui cherchaient, en quelque sorte, à « dérober » leur cœur comme Absalom autrefois (2 Sam. 15 : 6). Pourtant il ne veut pas les condamner (v. 3). Il a plus de joie à les louer qu’à les réprimander. Mais il pressent ce qui arrive souvent : les cœurs de ceux qui sont tombés, puis ont été relevés, sont lents à se réchauffer, même vis-à-vis de leur bienfaiteur. Il faut du temps pour que la gêne disparaisse. C’est ce qui peut se produire quand on est très redevable à quelqu’un.
            Non, l’amour de l’apôtre n’avait pas faibli. Ni la mort, ni la vie ne pouvaient le séparer des Corinthiens (v. 3). Cela nous rappelle l’élan de cœur d’une Ruth pour Naomi : « Où tu iras, j’irai, et où tu demeureras, je demeurerai… Là où tu mourras, je mourrai » (Ruth 1 : 16-17). Telle est la force de l’amour de Dieu. Paul maintenant ne ménage pas ses louanges sincères (v. 4). Il n’y a ni flatterie ni réticence. Son cœur déborde. Il parle avec chaleur et emphase. Il reviendra plus loin sur sa consolation et sa gloire à leur sujet.

                                                Exercices d’un cœur qui aime (v. 5-6)

            L’apôtre reprend maintenant le cours de son récit historique, interrompu au verset 13 du chapitre 2.
            Cette longue parenthèse (2 : 14 à 7 : 4) avait été nécessaire pour montrer à quel haut niveau doit se tenir un serviteur de Christ (ch. 3 et 4). Et s’il a persévéré dans son service malgré la pire adversité, c’est par le soutien de l’espérance de la gloire et par l’approbation de Dieu (ch. 5). De telles épreuves ne sont pas acceptées par les mauvais ouvriers. L’approbation des Corinthiens aussi lui était chère. Mais leur sanctification pratique était indispensable pour maintenir une relation heureuse avec Paul et avec le Seigneur (ch. 6).
            L’apôtre exprime maintenant avec force le passage de la tristesse à la joie, comme ce fut le cas du père du fils prodigue (Luc 15 : 32) : joie de la conversion, joie du rétablissement.
            Paul avait été dans l’attente de Tite en Macédoine et donc dans l’anxiété. Cette attente lui avait paru bien longue. Pourtant il jouissait alors de l’affection, de la générosité et du bon état des Macédoniens.
            Il en rendra le témoignage au chapitre suivant. Sa grande crainte concernait le refroidissement du cœur de ses chers Corinthiens et leur détachement de lui-même. L’être tout entier de l’apôtre est concerné : pas de repos dans son esprit (2 : 13), pas de repos dans sa chair (7 : 5).
            Enfin, Tite arrive. Quel soulagement, les nouvelles sont bonnes ! Il a fait l’expérience de ce proverbe : « L’attente différée rend le cœur malade, mais le désir qui arrive est un arbre de vie » (Prov. 13 : 12). En effet, le retard de Tite aurait pu signifier des difficultés à Corinthe. Maintenant les craintes « au-dedans » sont terminées ou tout au moins atténuées. Les combats « au-dehors » continueront jusqu’à la fin de sa carrière. Il ne faut pas oublier que lors de son précédent voyage, il avait connu la persécution : la prison à Philippes et l’hostilité à Thessalonique l’avaient obligé à fuir (Act. 16 et 17).

                                                Consolation (v. 7)

            Alors apparaissent successivement l’amour des Corinthiens pour l’apôtre (v. 7), leur repentance (v. 8-10), leur obéissance (v. 11, 15).
            Tout était sujet de consolation pour le cœur de l’apôtre. Déjà la simple venue de Tite, avant même qu’il ne parle, avait été un premier motif de consolation (v. 6). Six fois les mots « consolation » ou « consolé » reviendront sous la plume de l’apôtre. Mais ici cette consolation a une deuxième source : c’est la consolation de Tite lui-même.
            Et son compte rendu ajoutera un troisième motif d’être consolé. Quelle heureuse communion dans le service entre Tite et Paul : consolation et joie communes !
            Les Corinthiens avaient manifesté une affection ardente pour Paul et un grand désir de le revoir. C’était la preuve du travail de guérison dans leur âme. Il y avait eu aussi leurs larmes. Combien, quelquefois, les larmes versées sont précieuses à notre Seigneur ! David avait pu dire : « Mets mes larmes dans tes vaisseaux ; ne sont-elles pas dans ton livre ? » (Ps. 56 : 8). Les larmes des Corinthiens démontraient leur amour et leur regret d’avoir causé tant de peine.
            Que cette ardeur, cette profondeur, et cette sincérité des sentiments de Paul à propos de l’assemblée nous servent d’exemple. Prions pour être gardés de l’indifférence et de la sécheresse de cœur. L’Assemblée, objet de l’amour de Christ, doit aussi remplir nos cœurs.

                                    L’amour se réjouit avec la vérité

                                                Blessures de l’amour (v. 8)

            La lettre dont il est question ici est fort probablement la première épître aux Corinthiens. Paul regrette-t-il cette épître ? Oui et non.
                    – D’une part, il leur avait écrit avec son autorité d’apôtre ; il les avait repris avec vigueur, cela avait été nécessaire et il n’y avait pas de regret à avoir.
                    – Mais d’autre part, son cœur humain regrettait cette lettre. Ce n’est jamais par plaisir qu’on attriste ceux qu’on aime. Pour notre Père céleste, il n’en est pas autrement : « S’il afflige, il a aussi compassion… car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3 : 32-33). Combien, au contraire, l’apôtre aurait préféré leur éviter cette tristesse. Il montre de la sollicitude, de la douceur mais sans faiblesse.

            L’amour de Paul s’accompagne de vérité, de sagesse, de clairvoyance, de convenance, d’opportunité. Il nous donne un exemple de paroles dites à propos, « ces pommes d’or incrustées d’argent » (Prov. 25 : 11). Le résultat, c’est que les Corinthiens sont « gagnés », leur cœur et leur conscience sont atteints. Et en définitive, il ne regrette pas sa première lettre.

                                                Tristesse salutaire (v. 9-10)

            Maintenant tout est passé. La tristesse de l’apôtre et celle des Corinthiens ont fait place à une joie commune. L’assemblée avait manifesté tristesse et repentance. Il n’est pas inutile d’insister sur ce fait que l’assemblée tout entière avait à se repentir de l’indifférence collective à l’égard du péché d’un seul. Rappelons-nous le péché d’Acan en Israël après la victoire sur Jéricho. Un seul homme avait péché, et pourtant l’Eternel dit : « Israël a péché… ils ont pris de l’anathème » (Jos. 7 : 11).
            Par ailleurs, le péché commis à Corinthe ne faisait que démontrer avec éclat le mauvais état réel de toute l’assemblée : ils étaient charnels, inconscients du mal, orgueilleux à cause des dons, spécialement de ceux qui les mettaient en avant. Ils cherchaient les manifestations extérieures. Ils se posaient beaucoup de questions sur des sujets divers. Un mal n’éclate pas dans une assemblée en bon état, ou alors il est immédiatement reconnu et éliminé. Le solennel exemple d’Ananias et de Sapphira montre comment le péché est immédiatement manifesté quand l’assemblée marche dans la crainte du Seigneur (Act. 5 : 1-11).
            Les Corinthiens s’étaient donc jugés sans complaisance et s’étaient humiliés. Dès lors, les autres questions perdaient de leur urgence.
            Par trois fois, la tristesse des Corinthiens est appelée « selon Dieu ». Elle fait partie d’un enchaînement nécessaire. Il est plus facile de perdre la communion que de la retrouver. Il a dû y avoir successivement : confession, tristesse selon Dieu, humiliation, repentance, purification et relèvement.
            La repentance est appelée « salutaire ou, à salut » (v. 10). L’assemblée était passée par toutes ces phases après la réception de la première lettre. Le salut, ici, n’est certes pas le salut initial acquis à la conversion, mais la délivrance d’un mauvais état dans la vie spirituelle. Dieu avait agi en eux. A Lui soit toujours toute la gloire !
            Quel contraste entre la tristesse selon Dieu et celle du monde ! Partout nous voyons la détresse qui touche toutes les classes de la société. Que de maladies du corps, du cœur et de l’âme ! Les hommes « hurlent sur leur lit » sans crier à Dieu (Osée 7 : 14). Oui, on peut parler d’une anticipation morale de la mort. « La tristesse du monde produit la mort ». La multiplication des suicides, particulièrement chez les jeunes, n’est-elle pas la démonstration de cette triste vérité ?

                                                Heureux effets (v. 11)

            Voici maintenant le « fruit paisible de la justice » produit par ceux qui sont exercés par la discipline (Héb. 12 : 11). Les fruits, en effet, conviennent à la repentance. Ce sont ces fruits qui manquaient chez les pharisiens hypocrites qui venaient au baptême de Jean (Luc 3 : 7-8). Une repentance purement verbale, sans net changement de comportement, serait illusoire et prouverait l’échec de la discipline.
            Paul va cueillir avec joie tous ces fruits. Ses espérances sont comblées. Leur tristesse « selon Dieu » avait conduit à la repentance (v. 9), puis au salut (v. 10) ; maintenant elle porte ses fruits (v. 11).
            Nous avons, dans ce seul verset, une série de sept effets de leur relèvement : empressement, excuses, indignation, crainte, ardent désir, zèle, punition.
            Le premier montre l’attitude générale : l’empressement, la diligence. Les excuses, les regrets sont produits dans le cœur devant Dieu, lorsqu’on cesse de se justifier et de s’excuser soi-même. Puis l’indignation remplace leur indifférence à l’égard du méchant. Leur inconscience a fait place à une profonde crainte du Dieu saint. Avec l’énergie du Saint Esprit, leur ardent désir s’était accompagné de zèle pour se purifier du péché. Enfin, la punition (ou la vengeance) manifestait une sainte jalousie pour le Seigneur et pour sa gloire qui avait été ternie par le péché introduit dans sa maison.
            Oui, une fois réveillés, les Corinthiens avaient fait preuve de pureté et de droiture de cœur.

                                                Attitude de l’apôtre (v. 12)

            En fait, leur zèle était une réponse à celui de l’apôtre pour eux. N’est-ce pas là une heureuse dynamique de l’amour ?
            « Le zèle de ta maison m’a dévoré », avait-il été écrit par David (Ps. 69 : 9). Et quand cette parole a été appliquée au Seigneur, Il était en train de purifier le temple, la maison du Père (Jean 2 : 13-17). Ici, comme tout au long de l’épître, l’apôtre réaffirme son dévouement pour le bien des Corinthiens.
            Il précise clairement le but essentiel de sa première épître. Ce n’était pas pour le plaisir de parler de l’offenseur, ni de l’offensé, qu’il leur avait écrit, mais pour les assurer de son zèle pour eux.

                                                Sa consolation (v. 13)

            Paul revient ici sur ce qu’il avait déjà exprimé, c’est-à-dire sur sa consolation et sa joie (v. 6-7). Elles sont toutes deux agrandies par la consolation et la joie de Tite. On a pu dire que plus une joie est partagée, plus la part de chacun est grande.

                                                Sa confiance (v. 14-16)

            Paul avait choisi de faire confiance aux Corinthiens : il ne l’avait pas caché à Tite au moment où celui-ci partait vers eux. C’est encore une preuve de l’amour qui, loin d’imputer le mal, croit tout et espère tout (1 Cor. 13 : 6-7). Et la suite a montré combien il avait eu raison. Ils se sont montrés dignes de sa confiance. Tite, le premier, l’a constaté et s’en est réjoui (v. 15).
            L’obéissance des Corinthiens, celle de tous, a eu pour effet de réveiller chez Tite de nouvelles affections pour eux. C’est souvent le cas : l’amour réveille l’amour. Et l’amour selon Dieu n’est jamais excessif.
            Paul avait déjà écrit aux Thessaloniciens : « Que le Seigneur vous fasse croître et abonder en amour les uns envers les autres et envers tous » (1 Thes. 3 : 12). La manière dont les Corinthiens reçoivent Tite, avec « crainte et tremblement », montre le changement qui s’est opéré en eux.
            Pourtant, ce serviteur n’avait ni l’âge ni l’autorité de l’apôtre. La crainte et le tremblement montrent la défiance de soi-même (1 Cor. 2 : 3 ; Eph. 6 : 5 ; Phil. 2 : 12).
            Paul, dans tout ce passage, montre qu’il fait confiance au témoignage de Tite. Il est heureux de le dire aux Corinthiens pour assurer ceux qui ont obéi qu’ils n’ont rien à craindre de lui. Paul ose espérer qu’il n’y aura pas de rechute. Il n’a aucune suspicion malveillante comme on en a trop souvent à l’égard de ceux qui sont tombés. En fait, s’il y a rechute, n’est-ce pas la conséquence d’une repentance trop superficielle ?
            En terminant (v. 16), l’apôtre semble vouloir dire aux Corinthiens : J’ai eu confiance en vous. Je n’ai pas été confus. Je continuerai à l’avenir à vous faire confiance, et ce sera ma joie de le faire.


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 6)

A suivre