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Venu pour servir
 
 Celui qui sert 
 L'appel du Maître 
 Le privilège de servir 
 La dépendance 
 La joie en Lui 
 Le repos auprès de Lui 
 La persévérance 
 Le dévouement 
 La souffrance 
 Des ouvriers pour la moisson 
 Serviteur à toujours 



 «  Le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs  »  (Matt. 20 : 20-28).
 
 
 
Celui qui sert :     
 
 « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 : 27).
 
            Avons-nous souvent considéré la grandeur de Celui qui prononçait de telles paroles, « la nuit où Il fut livré » (1 Cor. 11 : 23) ? Pour la dernière fois avant la croix, Il conversait avec ses disciples ; eux désiraient savoir « lequel d'entre eux serait estimé le plus grand » (Luc 22 : 24), alors que « je suis », l'Eternel de l'Ancien Testament était là au milieu d'eux ! Grâce infinie du Fils de Dieu qui s'est abaissé jusqu'à venir au milieu de nous, homme entre les hommes, mais abaissement plus profond encore d'être venu, non pas pour juger (Jean 3 : 17), non pas pour régner (Jean 18 : 36), non pas pour être servi comme Il l'aurait tant mérité, mais d'être venu « pour servir ». Pourquoi servir ? La première page des ordonnances de la loi nous en donne le secret : « J'aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre… et il… servira à toujours » (Ex. 21 : 5-6).
 
            Le divin Serviteur, après avoir parfaitement accompli « l'oeuvre que le Père lui avait donnée à faire » (Jean 17 : 4), est retourné dans la gloire. Mais Il nous a « laissé un modèle afin que nous suivions ses traces » (1 Pier. 2 : 21). Deutéronome 15 : 16-17 nous parle d'un autre serviteur, d'une autre servante : « Il t'aime toi et ta maison… et il sera ton serviteur pour toujours ». Avons-nous compris ce que la Parole de Dieu veut nous enseigner ? Seul le Seigneur Jésus pouvait dire : « J'aime ma femme et mes enfants ». Lui seul pouvait se livrer lui-même pour son épouse. Mais nous, ses rachetés, avons le privilège dans notre petite mesure, d'être aussi serviteurs et servantes par amour pour Lui et pour ceux qui forment sa maison. Si nos coeurs prennent l'habitude de Le considérer souvent, parfait Serviteur, ils seront aussi remplis du désir de suivre les traces qu'Il nous a ainsi laissées.
 
            Regardant vers l'avenir, bien des siècles avant la venue de Jésus sur la terre, Esaïe pouvait dire : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix » (Es. 52 : 7). Par l'esprit prophétique, il voyait d'avance les pieds divins qui allaient parcourir sans se lasser les sentiers de la terre, « allant de lieu en lieu faisant du bien » (Act. 10 : 38), « marchant aujourd'hui et demain et le jour suivant » (Luc 13 : 33), jusqu'à ce que le travail fût accompli. Pieds merveilleux devant lesquels se jetaient des âmes angoissées, se prosternait un coeur reconnaissant (Luc 17 : 16), s'asseyait une femme attentive (Luc 10 : 39). Pieds que des hommes iniques ont percés, en les clouant à la Croix, mais devant lesquels, au jour de sa gloire, se prosterneront les nations et les peuples. Combien ils sont beaux !
 
            Mais les pieds qui se sont fatigués pour apporter le salut aux âmes chargées, ne sont plus sur la terre. Aussi quand, conduit par l'Esprit de Dieu, l'apôtre Paul cite Esaïe 52, il dit : « Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent de bonnes choses » (Rom. 10 : 15). Depuis le jour où, sur la montagne de Galilée, Jésus disait aux siens : « Allez… faites disciples toutes les nations » (Matt. 28 : 19), des pieds innombrables, suivant les traces merveilleuses du Sauveur, sont allés auprès et au loin annoncer la paix, apporter l'Evangile de la grâce de Dieu.
            Chrétiens, connaissons-nous ce privilège ? Ayant considéré la beauté des pieds du Seigneur Jésus, avons-nous appris, aussi dans ce domaine, à suivre les empreintes qu'ils nous ont laissées ?
 
            « Trafiquez jusqu'à ce que je vienne » (Luc 19 : 13), dit le Maître aux serviteurs. Au jour des récompenses, l'un vient avec cinq talents, un autre avec deux, le troisième n'a rien à apporter. Quel est donc le motif de sa condamnation comme serviteur ? D'avoir mal travaillé ? D'avoir commis des fautes ou des erreurs ? Non, simplement… de n'avoir rien fait !
 
 
 
L'appel du Maître :
 
« Il appelle ceux qu'Il voulait ; et ils vinrent à lui » (Marc 3 : 13).
           
            Sur une montagne, loin de la plaine et de ses foules, Jésus avait rassemblé ses disciples. Toute la nuit il avait prié Dieu, et au matin, « Il en établit douze pour être avec Lui et pour les envoyer prêcher et guérir » (Marc 3 : 14). Il n'est pas de vrai service sans un appel défini du Seigneur. Malheur à ceux dont Dieu doit dire : « Je n'ai pas envoyé ces prophètes, et ils ont couru ; je ne leur ai pas parlé et ils ont prophétisé » (Jér. 23 : 21). Mais malheur aussi à celui qui entend l'appel et n'y répond pas (Ex. 4 : 12-14 ; Jér. 1 : 6-8).
            « Il appelle ceux qu'Il voulait ». C'est Lui qui discerne les coeurs, qui sait ce qui convient à chacun des siens ; c'est Lui seul qui a le droit d'appeler et d'envoyer. C'est Lui aussi qui forme les serviteurs pour la tâche qu'il a en vue pour eux. Il incombe cependant au serviteur de « s'asseoir » avant de bâtir la tour ! (Luc 14 : 28).
 
            Quel était donc le premier objet de cet appel des douze, au matin, sur la montagne de Galilée ? « Pour être avec Lui » : avant le service, avant l'activité, il faut de toute nécessité « être avec Lui ». Impossible de donner ce que l'on n'a pas reçu ; impossible de « sortir » avant d'être « entré ». Quand le Seigneur appelle un serviteur, Il le garde souvent longtemps « avec Lui », avant de l'envoyer au dehors. Maladie, isolement, circonstances diverses, sont des moyens dans sa main pour former l'instrument qu'il va employer dans sa vigne. Moïse au désert de Madian, Paul en Arabie, Joseph en prison, David auprès de son troupeau, tous les grands serviteurs du Seigneur ont été ainsi d'abord formés dans l'ombre et le silence.
 
            Puis, au moment choisi par le Maître, vient le travail, la porte s'ouvre et Il envoie. Comment envoie-t-il ? « Il se mit à les envoyer deux à deux » (Marc 6 : 7). Enseignement pratique important, tout particulièrement pour les jeunes. « Deux valent mieux qu'un ; car ils ont un bon salaire de leur travail. Car s'ils tombent, l'un relèvera son compagnon » (Eccl. 4 : 9-10). Sans doute des serviteurs doués du Seigneur sont-ils appelés à s'en aller seuls ; Ezéchiel, Jérémie, le serviteur d'Abraham nous en sont des exemples. Mais ce dernier cas en particulier nous montre que même ceux-là dans un sens ne sont pas seuls : « L'Eternel… lui-même enverra son ange devant toi » (Gen. 24 : 7). Serviteur invisible qui précédait l'envoyé d'Abraham dans le service délicat qu'il avait à accomplir pour son maître, quel exemple il nous donne du fait que Dieu envoie toujours ses serviteurs deux à deux. L'un visible, l'autre invisible. L'un pour parler, l'autre pour agir dans le secret du coeur. L'un pour inviter, l'autre pour conduire.
 
            Deux à deux les disciples s'en sont allés. C'était leur première expérience. L'activité que le Maître leur avait confiée a rempli leurs jours. Vont-ils rester longtemps au loin ? « Et les apôtres se rassemblent auprès de Jésus, et ils lui racontèrent tout : et tout ce qu'ils avaient fait, et tout ce qu'ils avaient enseigné » (Marc 6 : 30). Combien il importe, après un temps de service, de revenir aux pieds du Maître, pour passer en revue devant Lui tout ce qui vient de nous occuper : « ils lui racontèrent tout ». Précieux moments. En lui disant tout, en repassant à sa lumière chaque chose, combien tout prend sa vraie mesure. Les obstacles ne sont rien pour Lui ; les déceptions et les peines sont calmées par le sentiment de son approbation ; et surtout le serviteur apprend à « penser de manière à avoir de saines pensées » (Rom. 12 : 3). Il désire alors  que ce qui a été de l'homme dans son service soit effacé et pardonné par la grâce et que seul reste ce qui était vraiment de Lui.
            Sans doute  les serviteurs pourront aussi « raconter toutes les choses que Dieu a faites avec eux » (Act. 15 : 4), mais d'abord ils en parleront au Maître. Après avoir, dans le secret, projeté sa lumière sur tout ce que « Dieu aura fait par leur moyen » (v. 12), ils en parleront selon lui à leurs frères ; ceux-ci  seront conduits ainsi à collaborer à l'oeuvre par la prière et par tous les moyens à leur disposition.
 
 
 
Le privilège de servir :
 
 
« Je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses sandales » (Marc 1 : 7).
 
            Non, « pas digne » ! Pas même du plus petit service, du plus humble, du plus caché. Tout service pour le Seigneur Jésus est une grâce spéciale qu'Il nous accorde, le privilège d'être dans sa main des instruments pour son oeuvre.
            Si nous pensons à « notre » oeuvre, nous nous élèverons, ou alors nous serons découragés. Si nous regardons à nous-mêmes, nous nous croirons incapables de servir, oubliant la puissance de Christ en nous. Peut-être, au contraire, nous croirons-nous tout à fait capables d'accomplir un service, ayant de nous « une pensée au-dessus de celle qu'il convient d'avoir » (Rom. 12 : 3) ; nous irons au-devant de chutes amères.
            Ce n'est pas tant l'instrument qui fait la valeur de la musique, c'est l'artiste qui l'utilise.
 
            Si nous entreprenons un service quelconque dans une autre pensée que celle de la grâce, tôt ou tard nous serons découragés. Il y a trop de désillusions, de peines, d'obstacles, d'opposition extérieure et d'incapacité en nous-mêmes.
 
            Mais « ayant ce service, comme étant des objets de miséricorde, nous ne nous lassons point » (2 Cor. 4 : 1). Dans le sentiment de la grâce qui nous donne le privilège de servir, nous pouvons aller de l'avant « abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que notre travail n'est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15 : 58).
 
 
 
 
La dépendance :
 
 
« Va sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza ; il est désert » (Act. 8 : 26).
 
            Dispersés par la persécution, les disciples, selon l'enseignement du Seigneur (Matt. 10 : 23), allaient çà et là, annonçant la Parole. Philippe, conduit par Dieu, avait trouvé un terrain tout préparé dans une ville de Samarie. Les âmes étaient attentives ; plusieurs se tournaient vers le Sauveur, « et il y eut une grande joie dans cette ville-là » (Act. 8 : 8).
            Combien ces jeunes convertis devaient désirer garder au milieu d'eux celui qui avait été le moyen d'une telle bénédiction. Philippe lui-même ne pouvait que souhaiter rester avec eux le plus longtemps possible, avec la perspective de voir encore bien des âmes venir au salut.
 
            Et au milieu de cette belle activité et de tous ces encouragements, vient l'étrange message : « Lève-toi et va ». Quoi, partir ? Abandonner ce champ si rempli de promesses ? Et où aller ? Sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, un chemin qui est désert.
            Jonas avait refusé d'obéir à la direction divine, trouvant dans un sentier de propre volonté le malheur et la honte (Jon. 1). Mais Philippe, « lui, se levant, s'en alla » (v. 27). Il quittait le lieu des « portes ouvertes » pour un « chemin désert ». Il s'en allait tout seul vers l'inconnu ; attitude incompréhensible, dirons-nous ; mais en réalité quelle attitude bénie que celle du serviteur dépendant, qui écoute la voix du Maître et se laisse conduire par Lui !
 
            Parti sans délai, Philippe arrive au chemin de Gaza, à l'instant même où passait le char de l'eunuque. Un peu d'hésitation au départ, et tout son voyage était compromis. Un peu de précipitation, et il devançait le moment de Dieu qui préparait le coeur de l'Ethiopien à recevoir Jésus.
            Comme il suivait de près les traces du divin Serviteur ! Jean 11 nous montre le Seigneur demeurant « encore deux jours au lieu où Il était », après avoir été informé de la grave maladie de celui qu'Il aimait. Il y avait un moment choisi par Dieu pour son arrivée à Béthanie. Soumis, Il attend. Mais combien sa gloire brillera d'un éclat plus vif dans la résurrection de Lazare que dans la simple guérison d'un malade.
 
            Nous avons besoin d'apprendre cette vraie dépendance. Il ne suffit pas d'avoir le désir de servir le Seigneur. Encore faut-il que Lui-même nous indique le lieu et le temps. Si pas à pas nous recherchons sa pensée, nous éviterons bien des écueils ; ainsi seulement nous pourrons porter du fruit à sa gloire.
 
 
 
 
La joie en Lui :
 
« Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Luc 10 : 20)
 
            Pleins de joie, les soixante-dix reviennent à Jésus. Ils ont vu du fruit de leur travail ; même les démons leur sont assujettis. Joie bien compréhensible en effet de voir délivrés ceux que le diable avait asservis à sa puissance. Jésus lui-même leur en avait donné le pouvoir. Et pourtant vient de la bouche du Maître l'étrange réponse : « ne vous réjouissez pas… ». Comment donc ne pas se réjouir de ces beaux résultats ? Ne pas savourer la satisfaction d'avoir pu accomplir ces miracles en son nom ? Non, dit le Seigneur, ce n'est pas ce que vous avez pu faire pour moi qui doit être le motif de votre joie, mais bien plutôt ce que moi j'ai fait pour vous : « réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux ».
            Plus tard, l'apôtre dira : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Phil. 4 : 4). Sans doute y a-t-il une joie qui accompagne le service pour le Seigneur, surtout lorsqu'il nous est donné de voir des âmes se tourner vers Lui, ou les siens croître dans les choses d'en haut, mais seul Lui-même, son oeuvre et sa personne, sont les motifs d'une joie inaltérable, profonde, toujours présente.
 
 
 
Le repos auprès de Lui :
 
 
« Venez à l'écart vous-mêmes dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Marc 6 : 31).
 
            « Longtemps avant le jour », le divin Serviteur s'était levé, et seul Il était allé prier dans un lieu désert (Marc 1 : 35). Que de fois sans doute au cours des années de son ministère fit-Il de même.
            C'est un tel Modèle que pouvaient suivre ses disciples. Après un temps de service, il était bon de venir à l'écart, près de Lui, se « reposer un peu ». Rien ne dessèche l'âme comme une activité incessante. « L'eau que je lui donnerai sera en lui une fontaine » (Jean 4 : 14) ; mais combien il est nécessaire de toujours revenir à l'écart pour boire de cette eau vive, afin que la fontaine soit alimentée. « Si les nuées sont pleines, elles verseront la pluie sur la terre » (Eccl. 11 : 3).
            Après la pêche miraculeuse, type d'un service béni, Jésus dit aux siens : « Venez, dînez » (Jean 21 : 12).
            Le livre de Ruth nous enseigne à servir humblement, dans le champ de notre Boaz, « jusqu'au soir », « jusqu'à ce que la moisson fût achevée » (2 : 17, 21). Mais il nous montre le prix de venir « à ses pieds jusqu'au matin » (3 : 14). Et quel en est le résultat ? Une journée de service dans le champ produit un épha d'orge (2 : 17), mais une nuit à ses pieds apporte à Ruth le don de six mesures (3 : 15). Combien il importait pour cette fidèle servante d'avoir eu l'un et l'autre.
 
            C'est ainsi que, nourris à l'écart, nous pourrons de nouveau nous « lever » pour servir, non pas avec nos propres forces, mais « comme par la force que Dieu fournit » (1 Pier. 4 : 11), en attendant le repos éternel.
 
 
 
La persévérance :
 
 
« Il les enseignait encore, comme Il en avait l'habitude » (Marc 10 : 1).
 
            Jour après jour, mois après mois, année après année, le divin Sauveur avait apporté la Parole divine aux foules qui l'écoutaient.
            Le « figuier » ne donnait pas de fruit. Il allait être coupé ! Mais, dit-Il encore : « Laisse-le encore cette année… peut-être portera-t-il du fruit » (Luc 13 : 8).
            Il « entra encore dans la synagogue » (Marc 3 : 1). « Il se mit encore à enseigner près de la mer (4 : 1). « Ils viennent encore à Jérusalem » (Marc 11 : 27). Sans se lasser, jusqu'au bout, Il accomplit l'oeuvre du Père. Et pourtant ne savait-il pas que des grains tomberaient le long du chemin, dans la rocaille ou les épines, sans fruit pour Dieu ? Il le savait, mais il semait quand même.
 
            Depuis lors, Il a quitté ce monde de péché, mais il a envoyé des semeurs pour continuer le travail de sa grâce (Héb. 2 : 3). A travers les siècles, ils ont répandu le bon grain de l'Evangile dans les coeurs. Beaucoup ne l'ont pas reçu. Mais est-ce une raison pour se décourager ? Pouvons-nous savoir où les grains vont tomber ? « Le matin, sème ta semence, et le soir, ne laisse pas reposer ta main, car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela, ou si tous les deux seront également bons » (Eccl. 11 : 6). Le soir du jour de la grâce est venu, « la nuit vient en laquelle personne ne peut travailler » (Jean 9 : 4). C'est le moment ou jamais de répandre la semence de vie !
 
            Le semeur prend garde à ne pas répandre des grains dans les endroits où ils ne lèveraient pas. Ils seraient perdus, à moins qu'il n'ait au préalable enlevé les pierres et les ronces. Mais dans le domaine spirituel, par quel moyen est-il possible d'enlever les épines, de briser les pierres, sinon par cette même Parole de Dieu ? C'est elle seule qui tournant les regards vers les choses célestes fera oublier « les soucis du siècle » et « la tromperie des richesses ». C'est elle seule qui, comme un marteau, « brise le roc » (Jér. 23 : 29). Ainsi donc, « ne nous lassons pas… car au temps propre, nous moissonnerons, si nous ne défaillons pas » (Gal. 6 : 9). Rappelons-nous aussi que ce n'est pas seulement la quantité de semence qui importe, mais surtout la qualité, afin qu'il y ait vraiment du fruit pour Dieu, « l'un trente, l'un soixante, et l'autre cent » (Matt. 13 : 8, 23).
 
            La parabole du grand souper (Luc 14) nous parle d'un serviteur envoyé par le Maître à ses conviés. Devant leur refus, l'esclave doit retourner inviter « dans les rues et dans les ruelles » et quand il y a « encore de la place », de nouveau il s'en va « dans les chemins et le long des haies », contraindre les gens d'entrer. Tableau bien frappant de l'oeuvre persévérante de Dieu dans le temps de la grâce, par l'opération du Saint Esprit. En effet celui-ci seul peut « contraindre » ; et Il continuera son oeuvre jusqu'à ce que la maison soit remplie.
            Dans Matthieu 22, nous voyons plusieurs esclaves. Eux aussi doivent aller et aller encore avec l'invitation du Roi. Exemple de tous les serviteurs que le Seigneur envoie pour convier aux noces, mais dont le travail persévérant serait pourtant vain, sans l'activité du serviteur de Luc 14 qui, opérant dans les coeurs, les contraint de répondre à l'invitation de la grâce.
 
 
 
Le dévouement :
 
 
« Ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur » (2 Cor. 8 : 5).
 
 
            Au bord du lac, des pêcheurs raccommodaient leurs filets, travail coutumier de riverains habitués à vivre de leur pêche, avec leur père et quelques serviteurs. Non loin de là, des amis pêchaient. Ce n'était pas la première fois qu'ils voyaient l'homme qui marchait le long de la berge. Peu de jours avant, Il était monté dans la barque de leurs compagnons et une prise miraculeuse de poissons s'était produite (Luc 5). Précédemment aussi, ils l'avaient rencontré au bord d'un fleuve, et avaient passé toute une journée avec lui (Jean 1). Mais pourquoi ce jour-là leurs coeurs battaient-ils plus vite qu'à l'ordinaire, remplis de ce sentiment étrange qui marque les grandes décisions de la vie ? Le connaissant encore peu, ils s'étaient pourtant déjà attachés à Lui ; Le voir ce matin-là sur la rive, mettait en eux le désir confus et profond de connaître de plus près Celui qui commençait à prendre une telle place dans leur existence. Et soudain, au-dessus de l'eau, dans la lumière de ce jour mémorable retentit la voix qui disait : « Venez après moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d'hommes » (Marc 1 : 17). Leurs amis aussitôt se lèvent et Le suivent. Va-t-il penser à eux aussi ? « Passant un peu plus avant… aussitôt Il les appela » ; avec quel élan ils laissèrent leur père, leurs serviteurs, leur barque, et « s'en allèrent après Lui » (v. 19-20).
            Comme plus tard les Macédoniens, « ils s'étaient donnés eux-mêmes au Seigneur » (2 Cor. 8 : 5).
 
            Expérience profonde, intime, inoubliable, base et origine indispensables de tout vrai service. « Présentez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 12 : 1). Consécration, dévouement, abandon, non une fois pour toutes, mais chaque jour renouvelés. Renoncement à soi-même pour que la vie de Jésus soit manifestée. Abandon de beaucoup de choses qui seraient des entraves dans la marche et le service. Abandon non pas par obligation, mais par amour pour « mon Seigneur, à cause duquel j'ai fait la perte de toutes » (Phil. 3 : 8).
            Sacrifices difficiles et douloureux parfois. David dit : « Je n'offrirai pas à l'Eternel mon Dieu des holocaustes qui ne coûtent rien » (2 Sam. 24 : 24). Mais les renoncements les plus pénibles apportent ensuite à l'âme des bénédictions inoubliables, qui donnent à la vie chrétienne une richesse insoupçonnée.
 
            Amis croyants, avons-nous fait quelque peu l'expérience de ce chemin-là ? Le Seigneur ne reste jamais notre débiteur ; Il rend au centuple (Marc 10 : 30) ; mais c'est à nous d'abord de renoncer, de quitter, de laisser. Non pour acquérir un mérite, car Lui seul nous a donné la vie : « Livrez-vous vous-mêmes à Dieu comme d'entre les morts étant faits vivants » (Rom. 6 : 13). Mais pour lui montrer notre amour et notre reconnaissance, en étant disposés à Le suivre là, où, quand et comment Il le désirera.
 
            Dans ce sentier-là nous n'attendrons pas la reconnaissance de ceux qui sont les objets du service. Nous ne serons pas déçus de ne pas la rencontrer ; « si même, vous aimant beaucoup plus, je devais être moins aimé », disait Paul aux Corinthiens (2 Cor. 12 : 15).
            Nous profiterons avec reconnaissance des conseils et de la sagesse de ceux qui ont déjà beaucoup travaillé au service du Maître. Et si des difficultés se rencontrent, nous chercherons à apprendre ce que le Seigneur veut nous enseigner par elles, nous « recommandant comme serviteurs de Dieu par une grande renommée » (2 Cor. 6 : 4-8). En effet ce qui importe avant tout, c'est d'avoir l'approbation du Seigneur (Gal. 1 : 10), aux yeux de qui tout est découvert (Héb. 4 : 13).
 
 
 
 La souffrance :
 
 
« Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie.
 Il va en pleurant portant la semence qu'Il répand ; Il revient avec chant de joie, portant ses gerbes » (Ps. 126 : 5-6).
 
            Une fois de plus tournons nos regards vers le parfait Serviteur dont nous parle le verset ci-dessus. « Le christianisme a été semé dans les larmes du Fils de Dieu », a dit quelqu'un. En effet, dans les récits des Evangiles, que d'occasions au cours desquelles ses larmes ont dû couler (Ps. 102 : 9) : devant l'opposition, la contradiction, la haine, l'incompréhension de ses disciples, la dureté des coeurs, les reproches de tout genre, le rejet de sa grâce. « Moi j'ai dit : J'ai travaillé en vain, j'ai consumé ma force pour le néant et en vain » (Es. 49 : 4).
 
            Est-il donc étrange que « ceux qui sèment » rencontrent aussi des larmes sur leur route ? Faut-il s'étonner si le chemin du service n'est pas toujours facile et heureux, plein d'encouragements et de promesses. Avant de « bâtir la tour », « calculons la dépense » (Luc 14 : 28). « Asseyons-nous » devant le Seigneur ; considérons le prix qu'il faut mettre pour « être son disciple ». S'engager à la légère, mettre la main à la charrue pour regarder ensuite « en arrière », nous expose à la risée des hommes (Luc 14 : 29) et constitue un déshonneur pour son nom (Luc 9 : 62). Il importe de bien peser les choses devant sa face, d'accepter d'avance de mettre au compte « larmes » ce que tôt ou tard nous rencontrerons dans les sillons du champ.
            Un tel « calcul » ne doit pourtant pas nous arrêter et nous amener à dire : cela n'en vaut pas la peine. « Les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées » (Ps. 16 : 4), mais ceux qui auront semé avec larmes « moissonneront avec chant de joie ». Lui a enduré les souffrances « à cause de la joie qui était devant Lui » (Héb. 12 : 2), et dans sa grâce infinie, non seulement Il nous donne le privilège de partager quelque peu ses larmes, la « communion de ses souffrances » (Phil. 3 : 10), mais il veut nous associer au « chant de joie » qui marquera le jour de la moisson. La plus haute récompense du service n'est-elle pas : « entre dans la joie de ton Maître » (Matt. 25 : 21).
 
            Les semailles, les larmes, le chant de joie, nous les partageons avec Lui. Mais il est une chose, nous le savons bien, qui est pour Lui seul : ce sont les gerbes (Ps. 126 : 6). Le verset 5 n'en fait pas mention, car quel serviteur, si fidèle soit-il, pourrait parler de ses gerbes ? Non, elles sont siennes : « il revient… portant ses gerbes ». Elles sont le « fruit du travail de son âme » (Es. 53 : 11) ; il les a acquises par le sang précieux de sa croix ; elles sont le résultat de l'oeuvre accomplie par lui seul, et son amour divin en sera éternellement satisfait.
 
 
 
Des ouvriers pour la moisson :
 
 
« Suppliez donc le Seigneur de la moisson, en sorte qu'il pousse des ouvriers dans sa moisson » (Luc 10 : 2).
 
 
            Comprenons-nous maintenant pourquoi l'Ecriture dit que le Seigneur « pousse des ouvriers », et pas seulement qu'Il les « envoie » ? Aujourd'hui, comme alors, « la moisson est grande ». Les foules sont lasses et dispersées « comme des brebis qui n'ont pas de berger » (Matt. 9 : 36). Les haines, les conflits d'idéologie, l'égoïsme séparent les peuples ; les jugements terribles approchent rapidement. Les hommes ont oublié Dieu. « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? », dit la voix du Seigneur  (Es. 6 : 8). Mais peu répondent : « Me voici, envoie-moi ! ».
            Faut-il nécessairement quitter son travail, sa profession, sa famille pour être ouvrier dans la moisson du Seigneur ? Peut-être y serons-nous conduits, s'Il le place sur notre coeur, mais, en général, c'est là où nous sommes, dans notre milieu, dans notre ville, dans notre pays qu'il importe de semer et de moissonner. Prêtons l'oreille, à travers les pages inspirées, à la voix de Jésus, ému de compassion, disant : « Il y a peu d'ouvriers, suppliez donc le Seigneur ». Oui, sachons supplier, car pour « pousser » un ouvrier dans la moisson, il faut souvent un grand travail d'âme, une oeuvre de Dieu qui enlève les obstacles intérieurs et extérieurs jusqu'à ce que la décision du coeur soit prise pour « suivre l'Agneau où qu'il aille » (Apoc. 14 : 4).
 
 
 
Serviteur à toujours :
 
 
« Nous sommes des esclaves inutiles » (Luc 17 : 10).
« Il se ceindra et les fera mettre à table, et s'avançant, Il les servira » (Luc 12 : 37)
 
            Fatigué d'une longue journée de travail, labourant le champ, ou paissant le troupeau, l'esclave est rentré au logis de son maître. Il a faim, il voudrait bien s'asseoir et se reposer un peu.
            Le maître va-t-il lui dire : « Avance-toi tout de suite et mets-toi à table » ? Non, car l'esclave fidèle doit premièrement préparer et servir le souper de son maître, avant de penser à boire et manger à son tour.
            Le maître va-t-il remercier spécialement l'esclave de son obligeance ? « Je ne le pense pas », dit le Seigneur. Quoi de plus normal qu'un esclave accomplisse tout son service, ce qu'il est « obligé de faire » ; aucun mérite ne s'y rattache. « Ainsi vous aussi, quand vous aurez fait toutes les choses qui vous ont été commandées, dites : Nous sommes des esclaves inutiles ; ce que nous étions obligés de faire, nous l'avons fait » (Luc 17 : 10).
 
            Telle doit être notre pensée à l'égard du service que le Seigneur a pu nous confier : nous sommes des « esclaves inutiles », qui souvent, hélas, n'avons même pas fait « tout ce qui nous avait été commandé ».
            Mais si, dans notre pensée, et dans celle d'un maître terrestre, il est normal qu'un esclave qui a travaillé tout le jour prépare et serve encore le repas du soir, ô mystère insondable de la grâce, il n'en est pas ainsi du Seigneur Jésus. Quand la journée du service sera achevée, quand le Maître viendra et qu'il trouvera ses esclaves veillant, que fera-t-il ? « En vérité, je vous dis qu'il se ceindra et les fera mettre à table, et s'avançant, Il les servira » (Luc 12 : 37). Ce n'est pas pour rien qu'autrefois son « oreille fut percée » (Ex. 21 : 6) ; ce n'était pas pour un temps seulement qu'il voulait être serviteur. Aujourd'hui encore, du haut de sa gloire, Il accomplit pour les siens le service de l'Intercesseur (Rom. 8 : 34) et de l'Avocat (1 Jean 2 : 1). Enfin, dans le jour bienheureux où nous entrerons dans la maison du Père, là encore il sera Serviteur, « serviteur à toujours ».
           
 
                                                                                              D'après G. André