bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LE DEUXIEME LIVRE DE SAMUEL (15-18)


 CHAPITRE 15
            La conjuration d'Absalom et la fuite de David
CHAPITRE 16
            Hostilité et complot contre David
CHAPITRE 17
            Le dévouement pour David
CHAPITRE 18
            La mort d'Absalom

 

LA CHUTE DE DAVID ET SES CONSEQUENCES (ch. 11-20) - suite

La conspiration d'Absalom (ch. 15-18)

                        CHAPITRE 15

                                   La conjuration d'Absalom et la fuite de David

            Tous les traits de caractère d’Absalom apparaissent : il est orgueilleux, ambitieux, trompeur, flatteur, séducteur et démagogue. Au contraire, David manifeste humilité et parfaite soumission dans la douleur. De son cœur brisé s’échappera un cantique de foi et d’espérance comme en témoignent certaines expressions du psaume 3 écrit dans cette circonstance. Sa dignité morale brille au milieu de sa honte et de son abaissement. Quel exemple pour nous, si la discipline nous atteint !

                                                Dispositions préliminaires (v. 1-6)

            Si Absalom s’était rendu compte de la gravité de son péché, et s’il avait été sensible à la bonté de David, il serait resté dans l’ombre. Mais la soif du pouvoir le conduit à une odieuse conspiration contre son propre père. Il commence à se constituer un cortège de prestige qui le précédera en tous lieux (v. 1). Puis il se présente comme un juge impartial et honnête tout dévoué au bonheur de son peuple et capable, mieux que le roi, de résoudre toutes les difficultés. Il use de flatterie et se montre familier avec tous. Or cette apparente bonté et cette condescendance n’avaient comme seul but que de dérober les cœurs des hommes d’Israël.

                                                La conjuration (v. 7-12)

            Pour mieux tromper son père, Absalom donne les apparences de la crainte de Dieu, et revêt son infamie d’une couleur religieuse. Au bout de quatre ans, il se souvient qu’il est redevable à l’Eternel de la délivrance qu’il lui aurait demandée, et veut s’acquitter d’un vœu. (La période de quarante ans mentionnée au verset 7 découle probablement d'une erreur de copiste. Elle est difficile à imaginer, car le règne de David n'a pas excédé cette durée, même en comptant les sept ans à Hébron).
            Satan peut nous faire revêtir ainsi les vêtements de la piété. David aurait dû s’en émouvoir. Mais, hélas, il manque ici de discernement, comme auparavant (13 : 25) et se laisse abuser, disant même à son fils indigne : « Va en paix ». Le choix de Hébron par Absalom n’était pas innocent. Son père y avait été oint roi par les hommes de Juda. Là, il lui ravirait le trône. Il envoie des émissaires dans les douze tribus, et deux cents invités, ignorant tout de la conspiration, se joignent à lui. Ils seront pris de court devant le fait accompli.
            Enfin, la complicité d’Akhitophel, qui habitait Guilo près d’Hébron et dont la sagesse faisait autorité, était un atout de plus au succès. On peut expliquer cette trahison d’Akhitophel si l’on considère qu’il était le père d’Eliam (23 : 34). S’il s’agit du même Eliam, il était donc le grand-père de Bath-Shéba (11 : 3). La trahison d’Akhitophel sous-entend peut-être qu’il avait de l’amertume dans son âme depuis le péché de David avec Bath-Shéba, la conduite de David à ce moment-là ayant détruit la maison de sa petite-fille ?
            Comme le peuple est influençable et versatile ! Le même peuple ne demandera-t-il pas la mort de son Messie, quelques jours seulement après l’avoir accueilli à Jérusalem avec joie ? (Marc 11 : 9-11).

                                                La fuite de David (v. 13-14)

            David ne semble pas avoir discerné que le cœur du peuple avait basculé vers Absalom. Lorsqu’il le réalise, il décide aussitôt de fuir et d’éviter le combat. Pourtant, son armée, puissante et bien entraînée, aurait pu briser sans peine la rébellion de son fils. Pourquoi une telle attitude ? Etait-ce la peur ou la défiance des siens ? Non, David voit nettement l’épée de Dieu annoncée par Nathan. Sous la puissante main de Dieu, il se soumet à la verge de sa discipline (Mich. 6 : 9).
            En quittant Jérusalem, il voulait aussi épargner un combat à la ville, dans laquelle était encore l’arche de l’Éternel. Mais quelle douleur pour lui de laisser la sainte montagne de Sion où Dieu l’avait établi ! David se révèle alors homme de foi et d’espérance. Soumis à la discipline qui l’atteint, il n’est pas découragé. Il est confiant et certain que Dieu l’aime et le soutient. Malgré les pensées défaitistes de ceux qui l’entourent, il est sans crainte et sait que Dieu répondra à son cri (Ps. 3 : 2, 4-7).

                                                Les fidèles (v. 15-18)

            Les secrets des cœurs se manifestent alors. Certainement, les beaux traits de caractère de David se reflètent dans ses serviteurs. Quel baume de consolation pour le roi que leur belle réponse : « selon tout ce que choisira le roi, notre seigneur, voici tes serviteurs » (v. 15). Ils témoignent d’une soumission complète et d’une entière disponibilité envers leur maître.
            Dans sa fuite, David est suivi par toute sa maison et ses serviteurs, puis par tout le peuple, un peuple de franche volonté (v. 16-17). Certaines circonstances supposent un choix et la neutralité n’est plus possible : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » dira le Seigneur plus tard (Matt. 12 : 30).
            Sous certains aspects, David est ici un type de Christ, rejeté par son peuple ici-bas mais honoré et servi par quelques cœurs qui quittent tout pour le suivre. Toutefois, si la souffrance de David était une conséquence de ses fautes, celle de Christ était le résultat de sa justice et de sa fidélité.
            Les Kéréthiens et les Péléthiens, mentionnés en compagnie du roi, étaient les serviteurs et les émissaires du royaume. Les 600 hommes (v. 18) sont probablement les fidèles compagnons de David déjà nommés (1 Sam. 27 : 2 ; 30 : 9). Ils sont appelés Guitthiens car ils l’avaient suivi en Philistie à Gath.

                                                Itthaï parmi les fidèles (v. 19-23)

            Itthaï était véritablement originaire de Gath, d’après les paroles que David lui adresse. Etranger et en exil au milieu d’Israël, il se révèle un ami véritable du roi : « L’ami aime en tout temps, et un frère est né pour la détresse » (Prov. 17 : 17). Avec ses frères, il s’attache au roi pourchassé, et sa loyauté ne se démentira pas. Il quitte son foyer pour partager avec lui les peines, les combats, l’opprobre et même la mort (v. 21). Les paroles de dissuasion de David, accompagnées de ses bénédictions, ne font que mettre en relief la fermeté de sa détermination. Pour Itthaï, la vie ne se concevait pas sans David. Quel réconfort pour David que la conduite de cet étranger !
             C’est ainsi que tout le peuple, mêlant ses larmes à celles du roi, traverse le Cédron (v. 23), laissant Jérusalem derrière lui ; et devant lui, par de-là le mont des Oliviers, s’ouvrent les sauvages étendues désertiques qui descendent abruptement jusqu’au Jourdain.

            Dans ces circonstances, David fait preuve tantôt de la sagesse d’en haut, tantôt de la sagesse humaine, manifestant ainsi un manque de perspicacité spirituelle. Il sent la main de Dieu sur lui, et ne conteste pas sa justice. Soumis à son gouvernement, il compte en même temps sur sa miséricorde. Pourtant il n’écoute pas toujours la voix de l’Eternel. S’il est un modèle, il l’est imparfaitement. C’est son intégrité et sa droiture que nous devons imiter.
            Dans sa confession et son humiliation, par l’abandon de toute confiance en lui-même et par son recours à la grâce souveraine de Dieu, David est un type du résidu d’Israël quand celui-ci reconnaîtra son péché d’avoir crucifié le Seigneur de gloire.

                                                L’arche (v. 24-29)

            Sous la conduite de Tsadok le sacrificateur, les Lévites portent l’arche auprès de David. Abiathar, l’autre sacrificateur, semble avoir hésité à rejoindre le roi. Etait-ce déjà l’indice de son futur abandon, quand il choisira de suivre Adonija plutôt que Salomon ? (1 Rois 1 : 7). Les sacrificateurs étaient au milieu du peuple les dépositaires de la pensée de Dieu (Mal. 2 : 7). Pour eux, l’arche et le roi, l’oint de l’Éternel, devaient être ensemble. Mais David comprend que l’arche avait commencé à entrer dans son repos et que le temps de ses pérégrinations était terminé. Certainement, il se juge indigne d’être accompagné par l’arche alors qu’il est en fuite. Elle doit rester avec le peuple tant que celui-ci est encore reconnu comme le peuple de Dieu. Peut-être David gardait-il le souvenir de la folie des anciens d’Israël qui, au temps d’Eli (1 Sam. 4 : 3), en prenant l’arche avec eux, avaient pensé forcer l’Eternel à leur donner la victoire. David est totalement soumis à la volonté de son Dieu : « qu’il fasse de moi ce qui est bon à ses yeux » (v. 26). Il persiste dans sa confiance en Dieu et refuse de céder au désespoir, tout en sentant tout le poids du jugement qui l’atteint. Une incertitude subsistait néanmoins dans le cœur du roi, lorsqu’il dit : « Si je trouve grâce aux yeux de l’Eternel » (v. 25). Au contraire, pour nous, chrétiens, le « si » fait place maintenant à une certitude. Notre privilège est de pouvoir dire avec l’apôtre : « Nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par qui aussi nous avons trouvé accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes » (Rom. 5 : 1-2).
            David renvoie donc l’arche à Jérusalem, par la main des deux sacrificateurs Tsadok et Abiathar (v. 25, 29). Mais voilà que tout à coup apparaît la sagesse naturelle de David qui engage à son propre service les sacrificateurs et leurs fils pour qu’ils le tiennent au courant de l’évolution de la conjuration d’Absalom. Ne suffisait-il pas de laisser Dieu seul agir, sans intervention humaine ?

                                                Hushaï (v. 30-37)

            David gravit la montée des Oliviers avec toutes les marques du deuil et de l’humiliation : la tête couverte ou plus exactement voilée - on retrouve ailleurs cette pratique (Est. 6 : 12 ; Jér. 14 : 3) - et les pieds nus, signe d’une peine exceptionnelle.
            Une détresse de plus s’abat sur David : la trahison d’Akhitophel, son ami, son confident (Ps. 41 : 9 ; 55 : 12-14). Il connaissait son discernement et son efficacité, maintenant mis au service d’Absalom. Douleur, honte et danger s’abattent ainsi sur son âme. Son recours est alors à l’unique mais suffisante ressource qui lui reste : la prière. Il est de toute beauté de voir ce mouvement habituel du cœur de David vers Dieu dans les moments d’extrême détresse.
            Comment ne pas penser au Fils de Dieu, notre Seigneur qui, dix siècles plus tard, sera aussi trahi par le baiser de celui qu’il appelle encore : « ami » (Matt. 26 : 50) ? En ces mêmes lieux, au jardin de Gethsémané, sur les pentes du mont des Oliviers, il offrira à Dieu, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications (Héb. 5 : 7).
            David demande que le conseil d’Akhitophel soit rendu vain. Il sait que la sagesse de Dieu surpasse infiniment celle de ce traître. Encore prosterné devant Dieu, David reçoit l’exaucement de sa prière, en la personne d’Hushaï, cet ami fidèle. Il comprend que Dieu le lui envoie pour annuler le conseil d’Akhitophel ; il lui demande donc de retourner à Jérusalem. Hushaï accepte sans discussion ce rôle ingrat et périlleux qu’il n’avait pas choisi, et il mènera à bien sa mission (17 : 14). Nous, non plus, n’avons pas à choisir la place où le Seigneur nous envoie. N’a-t-il pas dit à ses disciples : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (Matt. 10 : 16) ? Il est parfois des lieux que nous n’aurions pas désirés, où nous avons à déjouer les ruses de Satan. Mais lutter contre les ennemis de Christ (symbolisés par Akhitophel) pour faire triompher son Nom est toujours une chose solennelle.
            Hushaï retourne donc à Jérusalem, dans le lieu où sont l’arche et la sacrificature. Il devait observer Absalom et rendre compte de tout à David par le relais des sacrificateurs et de leurs fils. David pensait peut-être qu’une conspiration en justifiait une autre.
            Absalom, lui aussi, entre à Jérusalem, la ville royale, pour mener à terme son dessein de renverser le royaume de son père (v. 37). Mais là, un noyau de fidèles reste attaché au vrai roi. Autour de l’arche, les sacrificateurs et tous les Lévites continuent leur service, et les deux fils des sacrificateurs, Akhimaats et Jonathan, sont prêts à remplir une fonction difficile mais utile.

                                                Aspect prophétique du récit

            La fuite de David, chassé de Jérusalem, est une image de celle du résidu juif de la fin, qui devra souffrir des conséquences du crime du peuple, la crucifixion du Seigneur de gloire. C’est la portée prophétique du deuxième livre des Psaumes, et particulièrement du psaume 51, déjà mentionné à l’occasion du péché de David.
            Mais, de même que David dans son intégrité et par sa confession a été restauré, le résidu, après s’être lamenté avec sincérité et droiture devant Dieu, se tournera enfin vers son Roi et son Sauveur (Zach. 12 : 10).
            Alors le chant de David sera aussi celui du peuple : « De l’Eternel est le salut. Ta bénédiction est sur ton peuple » (Ps. 3 : 8).


                        CHAPITRE 16

                                    Hostilité et complot contre David

            C’est certainement dans les circonstances difficiles que se manifestent les intentions des hommes et l’état de leur cœur. Il est beau de voir les sacrificateurs apporter l’arche à David, tandis que de fidèles amis comme Itthaï et Hushaï sont bien décidés à suivre le roi dans son exil.

                                                Tsiba (v. 1-4)

            Mais voici maintenant Tsiba, le serviteur de Mephibosheth, qui se présente devant David. Il n’arrive pas les mains vides : deux ânes chargés de nourriture, et qui pourront servir de monture pour le roi. En fait, il offrait à David les biens de son maître ; et quel était le vrai mobile de son cœur ? Certainement son intérêt personnel plus que son affection pour le roi. Combien le cœur de l’homme est trompeur par-dessus tout (Jér. 17 : 9) !
            Tsiba prête à son maître, Mephibosheth, des paroles à la fois mensongères et bien peu vraisemblables. Comment un boiteux aurait-il pu avoir des velléités de concurrencer la popularité du bel Absalom et prétendre au royaume ? Et de quels moyens disposait-il pour cela ? David reçoit Tsiba favorablement, accorde un plein crédit à ses paroles et porte sur-le-champ un jugement définitif sur Mephibosheth, sans même l’entendre. Cette décision hâtive et impulsive de David était injuste. Selon la grâce de Dieu, il avait donné à Mephibosheth des faveurs inestimables. Et maintenant, par ce jugement précipité, il lui reprend tout pour en combler Tsiba, un serviteur infidèle.
            La conduite de Tsiba n’était pas droite. Mephiboseth dira :« il a calomnié ton serviteur » (19 : 27). Aussi n’est-il pas surprenant de le retrouver ensuite en compagnie de Shimhi, qui manifestera tellement de méchanceté à l’égard de David (19 : 16-17). David n’a pas recherché la pensée divine dans cette affaire, et devra réviser son jugement plus tard (v. 29).
            Retenons de ce triste incident que nous ne devons jamais nous presser de croire le mal, surtout prononcé par un seul témoin, et en dehors des intéressés. Que de douleur et de réputations perdues à cause d’une calomnie acceptée sans preuve et propagée sans retenue ! Soyons en garde contre ce danger, et rappelons-nous que Dieu amènera toutes choses dans la lumière.

                                                Shimhi (v. 5-14)

            Le roi David poursuit sa triste marche et arrive à Bakhurim, non loin du mont des Oliviers. Mais là, une nouvelle épreuve l’attend. Des paroles profondément injustes, accompagnées de gestes de haine violente, lui sont adressées par Shimhi, un Benjaminite, c’est-à-dire un homme de la tribu de Saül.
            Ses accusations ne pouvaient pas être plus opposées à la vérité (v. 7-8). Par deux fois, David n’avait-il pas épargné Saül ? N’avait-il pas pleuré sur la mort de celui qu’il considérait encore comme l’oint de l’Eternel ? N’avait-il pas vengé la mort de son fils Ish-Bosheth, et usé d’une bonté de Dieu envers son petit-fils Mephibosheth ?
            Pour justifier ses malédictions, Shimhi prête à l’Eternel des intentions qui lui étaient manifestement étrangères. L’homme n’est jamais autorisé à mettre dans la bouche de Dieu d’autres paroles que celles que nous donne l’Ecriture. Dans sa méchanceté et sa lâcheté, Shimhi se déchaîne sans risque contre le roi humilié, et se réjouit de son malheur.
            En face de ce débordement, David n’ouvre pas la bouche pour se justifier, mais il comprend que la main de Dieu en châtiment était derrière les circonstances : « L’Eternel lui a dit : Maudis David ! ». En même temps, David connaît la grâce : « Peut-être l’Eternel regardera mon affliction » (v. 12).
            Son neveu Abishaï ne lui vient pas en aide. Etranger aux profonds exercices de cœur de David, il propose de répondre à l’injure par la violence : pour lui, Shimhi n’était qu’un chien mort qu’il fallait abattre. Aux jours du Seigneur, les intentions de Jacques et de Jean désirant faire descendre le feu du ciel (Luc 9 : 54) seront bien opposées aux pensées de grâce de leur Maître, Lui qui dira un peu plus tard à Pierre : « Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18 : 11).
            Le dévouement apparent d’Abishaï à la cause du roi, augmente encore l’épreuve de David. Mais cela ne faisait que mettre en évidence la fermeté de sa soumission à l’Eternel. De même le feu sur l’offrande de gâteau, type de Christ dans son humanité, fait exhaler l’odeur de l’encens. Il reconnaît que ce Benjaminite injuste et grossier était envoyé par Dieu : moi, David, j’ai versé le sang innocent, non pas celui de Saül, comme le pense Shimhi, mais celui d’Urie le Héthien ; et j’avais fait cela pour couvrir mon propre péché. Ainsi, David se tient dans la pleine lumière de Dieu. Dans le sentiment de son indignité et de sa culpabilité, il goûte l’amour divin qui couvre tout et qui voyait son affliction (v. 12). La discipline acceptée produit déjà en lui le fruit paisible de la justice (Héb. 12 : 11). Humilié sous la puissante main de Dieu, il sera élevé quand le temps sera venu (1 Pier. 5 : 6).
            David fait penser ici au résidu abaissé et affligé de Juda et d’Israël qui reconnaîtra, avant le règne millénaire, combien était juste la rétribution de Dieu à l’égard de ceux qui avaient dit de leur Messie : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Matt. 27 : 25).
            Un moment de répit est accordé à David et au peuple qui l’entoure. Dans leur fatigue physique et morale, ils avaient bien besoin de repos. Ils le trouvent près du Jourdain (v. 14 ; 17 : 22). Mais David par sa douceur, sa soumission, son absence de rancœur et sa foi en Dieu avait déjà gagné moralement une bataille.

                                                Hushaï et Absalom (v. 15-19)

            Absalom, entré à Jérusalem sans rencontrer d’opposition, s’étonne d’y trouver Hushaï, reconnu comme l’ami de David. Celui-ci fait preuve dans ses paroles d’une finesse qui justifie la confiance que David avait placée en lui. Mais son langage ambigu prouve combien il répugnait à jouer ce rôle de déserteur qui lui était imparti. Comme David lui-même antérieurement (1 Sam. 28 : 2), ses paroles pouvaient donner lieu à plusieurs interprétations : « Je serai à celui qu’ont choisi l’Eternel et ce peuple et tous les hommes d’Israël » (v. 18). Or on savait bien que ni l’Eternel, ni tous les hommes d’Israël, n’avaient choisi Absalom. La suite de ses paroles est aussi à double sens : Hushaï servirait le fils comme le père quand les jours de celui-ci seraient révolus ; dans l’intervalle, il restait au service du père.
            Pour Absalom, porté par son succès rapide et son immense vanité, L le règne de David était fini. Aussi, traître lui-même, il croit sans réserve à la trahison d’Hushaï.

                                                Le premier conseil d’Akhitophel (v. 20-23)

            Absalom ne tarde pas à recourir à la sagesse de son nouvel ami Akhitophel. Le conseil de celui-ci témoigne d’un esprit de vengeance et d’une triste immoralité. Une telle action de la part d’Absalom ne pouvait qu’aggraver la rupture entre le père et le fils de manière à la rendre irrémédiable. De plus, cet acte avait une portée politique pour confirmer l’accession au pouvoir. C’est le sens que Salomon donnera plus tard à la requête d’Adonija de posséder Abishag, la Sunamite ; cela équivalait pour Adonija à demander le royaume (1 Rois 2 : 21-22).
            La mise en application de ce conseil d’Akhitophel se fait sans honte, en public, devant tout Israël. Mais dans quel état était donc le peuple de Dieu pour supporter une iniquité aussi grossière ! Le péché de David ne pouvait justifier le péché de son fils.
            Mais Absalom, très probablement à son insu, accomplissait ainsi le jugement de Dieu exprimé par Nathan, le prophète (12 : 11-12). Cette humiliation pour David a lieu sur le toit de la maison du roi, là même où il se tenait lorsqu’il avait succombé à la convoitise (11 : 2).
            La roue du gouvernement de Dieu poursuit ainsi sa course : Absalom est élevé au comble de la prospérité ; Akhitophel, au faîte de la notoriété, distribue ses conseils qu’on assimile à la parole de Dieu (v. 23). Dans l’intervalle, David demeure au comble de l’abaissement. Quelle situation désastreuse, lorsque le mal est appelé bien (Es. 5 : 20) ! Mais Dieu n’abandonne jamais les siens, comme la suite du récit le prouve.


                        CHAPITRE 17

                                    Le dévouement pour David

                                                Le second conseil d'Akhitophel (v. 1-4)

            Dirigé par l’Esprit de Dieu, Hushaï avait été retenu d’annuler le premier conseil d’Akhitophel, par lequel Dieu exerçait sa discipline envers David. Le second conseil, au contraire, devait être annulé pour permettre à la grâce de Dieu de s’exercer envers David.
            Pourtant, le plan élaboré par Akhitophel et présenté à Absalom était certainement fort judicieux : atteindre rapidement David et le peuple qui était avec lui, avant qu’ils n’aient pu franchir le Jourdain et se réorganiser. Akhitophel lui-même conduirait douze mille hommes pour frapper un seul homme : le roi. La victoire était pratiquement assurée, et toute la gloire en reviendrait à Akhitophel.
            Ce dessein de frapper le roi, l’oint de l’Eternel, ne fait-il pas penser à une autre scène, lorsque s’est accomplie la prophétie de Zacharie à l’égard de notre Sauveur : « Frappe le berger et le troupeau sera dispersé » (Zach. 13 : 7 ; Marc 14 : 27) ? Peu importait le sort des disciples, c’était Jésus seul qu’il fallait saisir.
            Absalom est vite conquis par ce conseil, fruit de la sagesse humaine. S’il avait prévalu, il aurait été fatal à David et à son peuple. Mais David avait prié auparavant : « Eternel ! je te prie, rends vain le conseil d’Akhitophel » (15 : 31). Dieu allait répondre et retourner la situation pour démontrer que « toute décision est de par l’Éternel » (Prov. 16 : 33).

                                                Le conseil d’Hushaï (v. 5-14)

            Pourquoi Absalom éprouve-t-il le besoin de consulter Hushaï alors que la parole d’Akhitophel lui avait paru bonne, ainsi qu’aux anciens d’Israël ? La main divine apparaît pour maîtriser désormais les événements (v. 14).
            Consulté, Hushaï développe plusieurs arguments pour annuler le plan proposé par Akhitophel. Il souligne la bravoure désespérée de David et de ses hommes vaillants. Une déroute partielle devant eux aurait un effet désastreux pour le moral des hommes, même des plus courageux.
            Jouant sur la vanité et l’orgueil d’Absalom, Hushaï lui propose plutôt de mobiliser tout Israël. A la tête de cette armée, Absalom remporterait une victoire facile dont toute la gloire lui reviendrait personnellement. Absalom et tous les hommes d’Israël reconnaissent unanimement la supériorité du conseil d’Hushaï. Mais la parole précise clairement qu’il s’agissait en fait d’un décret de l’Eternel d’annuler le « bon conseil » d’Akhitophel pour faire venir le mal sur Absalom.

                                                David est averti des projets d’Absalom (v. 15-22)

            Le conseil d’Hushaï permettait à David de continuer sa fuite pendant le temps nécessaire à Absalom pour rassembler toutes les tribus d’Israël. Mais David devait être prévenu. Une véritable chaîne de solidarité s’établit. Le courage, l’énergie et l’abnégation de chacun sont mis en évidence, et aucun maillon de la chaîne n’est défaillant.
            Hushaï, à Jérusalem, était en première ligne. Il transmet l’information aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar ; puis, par une servante, elle passe à leurs deux fils Jonathan et Akhimaats, qui courent porter la nouvelle à David. Ces deux hommes se tenaient au sud-ouest de Jérusalem à En-Roguel (Jos. 15 : 7 ; 1 Rois 1 : 9) pour pouvoir s’échapper plus facilement.
            Renseigné par un jeune garçon, l’ennemi essaie toutefois d’anéantir le projet des amis de David (v. 18). Mais Dieu avait préparé un couple ami à Bakhurim, précisément la ville de Shimhi. Grâce à la présence d’esprit de l’épouse, les deux messagers sont cachés efficacement et parviennent, non sans risque, à atteindre David.
            Ce récit montre comment chacun est intervenu selon la volonté de Dieu, au moment convenable. C’est une belle illustration de ce que doit être le service de tous les croyants unis ensemble en un seul corps. Que chacun de nous sache entendre l’exhortation adressée à Archippe : « Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses » (Col. 4 : 17) !
            En définitive, David passe le Jourdain (v. 22), et se trouve ainsi à l’abri de ses ennemis. Le stratagème organisé par lui-même et avec ses amis avait parfaitement fonctionné. Pourtant le bras de l’Eternel seul, étendu en sa faveur, n’aurait-il pas pu agir directement et d’une manière plus glorieuse sans faire usage de moyens humains ?

                                                La triste fin d’Akhitophel (v 23)

            Entre temps, Akhitophel, plus clairvoyant que tous, était convaincu que seul son projet pouvait réussir contre David. Les années qu’il avait passées avec David comme conseiller du roi (1 Chr. 27 : 33) sont maintenant oubliées, et il reste seul, avec le souvenir de sa trahison, délaissé et humilié. Sa cause perdue, il est saisi d’un chagrin à la mort, d’une peine sans le secours de Dieu. Il ne connaît pas la repentance à salut et la tristesse selon Dieu ; c’est, au contraire, la tristesse selon le monde qui opère la mort (2 Cor. 7 : 10). Alors, il s’ôte la vie. Mais pense-t-il ainsi échapper au juste jugement de Dieu ? Il devance plutôt son entrée dans le monde invisible. Quelle chose terrible !

                                                David à Mahanaïm (v. 24-29)

            Voilà maintenant David à Mahanaïm, en plein pays de Galaad, au-delà du Jourdain : un lieu rassurant, dont le nom signifie : « deux camps » ou « deux armées ». David se souvenait peut-être que quelques siècles plus tôt, Jacob y avait rencontré l’armée de Dieu pour l’accueillir et l’aider (Gen. 32 : 1-2).
            Si David n’est pas secouru par des anges, Dieu lui envoie néanmoins trois hommes, trois étrangers au cœur parfait à son égard et dont les mains sont chargées d’une libéralité princière : Shobi, Makir et Barzillaï. Animé du même zèle désintéressé, chacun démontre un amour vrai pour la personne du roi rejeté.
            Shobi, fils du roi Nakhash, était de Rabba, la ville royale des fils d’Ammon (12 : 26). Il ne partageait pas les sentiments de son frère aîné Hanun qui avait outragé les consolateurs envoyés par David à l’occasion de la mort de leur père (10. 2). Au contraire, discernant les compassions qui remplissaient le cœur du roi d’Israël, il désire maintenant lui être en aide au jour de sa souffrance.
            Makir avait recueilli Mephibosheth à Lodebar pour le soustraire à une vengeance possible de la part du nouveau roi. Mais il avait été témoin de la bonté selon Dieu de David pour le petit-fils de Saül.
            Enfin, Barzillaï, le Galaadite, digne vieillard comblé de richesses, s’était souvenu peut-être des paroles de gratitude et des promesses de David envers les hommes de Jabès de Galaad qui avaient pris soin du corps de Saül (2 : 5).
            David, par sa mansuétude et sa grandeur d’âme avait, sans l’avoir cherché, gagné le cœur de ces trois hommes. Aussi viennent-ils spontanément déposer aux pieds de David les biens destinés à soulager un peuple fatigué. Ils savent ainsi honorer le roi au temps de son abaissement, avant qu’il retrouve son trône et son pouvoir.


                        CHAPITRE 18

                                    La mort d'Absalom

                                                Avant le combat (v. 1-5)

            Sensible aux marques d’amour de ceux qui l’accompagnent, David reprend courage et organise son armée. L’avance qu’il avait acquise grâce au conseil d’Hushaï lui permet d’en augmenter l’importance : de quelques centaines (15 : 18), elle passe à plusieurs milliers (18 : 1). Divisée en trois corps, elle est placée sous la direction des deux fils de Tséruïa et d’Itthaï le Guitthien, qui avait manifesté son attachement à David, et auquel celui-ci accorde maintenant toute sa confiance. Ainsi, le Seigneur peut confier un service à ceux qui s’attachent par amour à sa personne.
            Dans un cas antérieur, David était resté à Jérusalem, alors qu’il aurait dû prendre la tête de son armée (11 : 1). Maintenant, il veut monter personnellement au combat (v. 2). La réponse du peuple exprime un bel élan de cœur envers leur roi : « tu es comme dix mille d’entre nous » (v. 3). Cette même sollicitude se confirmera plus tard (21 :17). Avant la bataille, David pense à son fils Absalom. Certes, il avait montré envers lui une faiblesse coupable et ne l’avait pas discipliné. Mais quelle tendresse est contenue dans cette seule recommandation aux trois chefs de l’armée : « Usez-moi de douceur envers le jeune homme, Absalom » ! (v. 5). A l’image de son Dieu, lent à la colère et grand en bonté, David est encore prêt à pardonner. Quel tableau de la profondeur de l’amour de Dieu pour le pécheur coupable !

                                                Le combat et la fin d’Absalom (v. 6-18)

            Malgré son nom, la forêt d’Ephraïm où a lieu la bataille, était située à l’est du Jourdain qui n’avait été franchi à nouveau ni par l’une ni par l’autre des deux armées de David et d’Absalom. L’armée de David est victorieuse, malgré son effectif certainement bien inférieur à celui d’Absalom. Il ne pouvait en être autrement car l’Eternel était avec David, et il était contre Absalom. Mais quel carnage, qui coûte inutilement la vie à vingt mille hommes ! Dieu manifeste sa réprobation contre ce combat fratricide, en permettant que la forêt soit plus meurtrière que le combat lui-même.
            Puis vient la triste fin d’Absalom. La mule qu’il montait (symbole de sa propre folie) continue son chemin et laisse son cavalier suspendu entre ciel et terre, incapable de se libérer tout seul. Son opulente chevelure, objet de sa vanité, devient l’instrument de sa perte.
            Un homme le découvre et se garde de porter la main sur lui, conformément au désir du roi, connu de tous. Mais Joab reste insensible à cette leçon de droiture et d’obéissance. Peu lui importait la douleur de David. Dominé par ses passions, ayant été humilié par Absalom, il devient une fois de plus meurtrier pour donner libre cours à sa haine.
            La mort violente du fils révolté met fin à la conjuration contre le roi (v. 17). Absalom n’aura même pas les honneurs funèbres ; une grande fosse recouverte d’un monceau de pierres reçoit sa dépouille. Bien des années auparavant, il avait pourtant bâti un monument dans la vallée du roi « pour rappeler la mémoire de mon nom » (v. 18) - on a pensé que la vallée du roi ou de Shavé (Gen.14 : 17) serait celle du Cédron à l’est de Jérusalem. Hélas, l'insoumission et l'orgueil d'Absalom l’auront conduit bien loin de cette vallée, perdu à jamais dans la forêt d’Ephraïm.

                                                La mort d’Absalom annoncée à David (v. 19-32)

            Deux messagers se présentent pour porter la nouvelle au roi David, Akhimaats et le Cushite. Mais, derrière la scène, Joab, le meurtrier d’Absalom, tente de contrôler l’action à son gré. Dans l’intervalle, c’est l’attente anxieuse du roi sur l’issue des combats ; enfin, l’explosion de douleur du père qui apprend la mort de son fils. Akhimaats, fils de Tsadok, avait déjà servi David pour lui apprendre
            les complots d’Absalom contre lui (17 : 21). Il avait risqué sa vie pour le roi. Aussi David appréciait-il ce serviteur fidèle, et dira de lui : « C’est un homme de bien » (v. 27). Il voudrait maintenant être le premier à annoncer au roi l’issue de la bataille, et admet difficilement que le message soit porté par un étranger. Connaissant bien David, peut-être voulait-il aussi adoucir le coup que la mort d’Absalom porterait au cœur de son père.
            Joab, habile stratège, cherche à l’en dissuader, et désigne un étranger, le Cushite, esclave éthiopien, pour courir vers David. Le Cushite se prosterne devant Joab (v. 21), et ne se prosternera pas devant David. En revanche Akhimaats ne se prosterne pas devant Joab mais seulement devant le roi (v. 28), son seul maître vénéré.
            Devant l’insistance d’Akhimaats, Joab accepte que les deux messagers soient envoyés vers David. Le Cushite court par le chemin normal, par les défilés des montagnes, tandis qu’Akhimaats prend le chemin de la plaine du Jourdain, plus praticable (v. 23). Il arrivera le premier auprès de David.
            La sentinelle en poste sur le toit de la porte scrutait l’horizon pour le roi qui attendait avec impatience les nouvelles. Il était assis « entre les deux portes » (v. 24), entre la porte extérieure vers la campagne et la porte intérieure vers la ville. La sentinelle reconnaît Akhimaats à sa manière de courir : sans distraction, il se dirigeait vers son but. Auprès de David, il ne mentionne que la victoire, et ne révèle pas la mort d’Absalom ; c’était la convenance de l’amour.
            Un autre coureur apparaît bientôt, lui aussi seul. C’était le Cushite : sans paroles déplacées, mais sans beaucoup de ménagement, il annonce à David la triste nouvelle de la mort de son fils.

                                                Un grand deuil pour David (v. 33)

            David est écrasé par la douleur et son cœur est brisé. A la mort de l’enfant de Bath-Shéba, il avait pu dire de lui : « Moi, je vais vers lui » (12 : 23). Mais y avait-il un tel espoir pour Absalom qui venait de mourir dans son péché ? Si David venait de perdre ce fils qu’il aimait profondément, Absalom était mort sous le jugement divin. Seuls les parents peuvent comprendre dans une mesure l’amertume de ce cri de douleur : « Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! ».
            David aurait donné sa vie à la place d’Absalom : « Fussé-je mort à ta place ! » Mais sa mort n’aurait eu aucun effet pour sauver son fils du jugement de Dieu (Ps 49 : 7).


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 8)