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LE DEUXIEME LIVRE DE SAMUEL (5-10)

 

CHAPITRE 5
            Israël, un peuple uni et victorieux
CHAPITRE 6
           L'arche de Dieu vient en Sion
CHAPITRE 7
            Les promesses de l'Eternel à David
CHAPITRE 8
            Le royaume affermi et en ordre
CHAPITRE 9
            Mephibosheth, la gloire de la grâce
CHAPITRE 10
            Conflits et victoires

 

DAVID, LE ROI SELON LE COEUR DE DIEU (ch. 1-10) – suite

David, roi sur Israël à Jérusalem (ch. 5-10)

                        CHAPITRE 5

                                    Israël, un peuple uni et victorieux

            Ce chapitre inaugure une nouvelle période de l’établissement du gouvernement de David. Son règne n’est cependant que le faible reflet de la gloire de notre Seigneur quand Il établira son propre royaume.
            David est le type de Christ pendant la période de son rejet et celle de son retour en gloire. David a été « roi de justice » - le premier caractère de Melchisédec - tandis que Salomon a été « roi de paix » - le second caractère de Melchisédec - (Héb. 7 : 2). Le Seigneur sera l’un et l’autre, en perfection.

                                                L’onction de David comme roi sur Israël (v. 1-5)

            Dieu s’est servi de la disparition d’Abner, puis de celle d’Ish-Bosheth, pour que toutes les tribus se tournent vers David. Personne n’ignorait le propos divin à son égard, mais les consciences n’avaient pas été réveillées, et les cœurs ne s’étaient pas encore dirigés vers David. Il ne suffit pas de connaître une vérité ; elle n’a aucune utilité, si elle n’a pas pénétré dans le cœur et si elle n’est pas mise en application. Les anciens de toutes les tribus prennent l’initiative de venir vers David à Hébron. Contrairement à Abner dont le mobile n’était pas pur, ils étaient fermes dans leur cœur. Ils se considéraient de la même pâte que David, constituant un même peuple, un même corps ensemble avec lui : « Nous sommes ton os et ta chair » (v. 1). Ils reconnaissent à la fois l’unité du peuple et la souveraineté de David sur lui. Les beaux caractères moraux de ces anciens d’Israël sont détaillés dans le livre des Chroniques (1 Chr. 12 : 23-40). Leur retour vers David était en fait un retour à l’Eternel.
            David leur répond et fait alliance avec eux, en prend même l’initiative, alors qu’il avait simplement accepté celle qui était proposée par Abner (3 : 12). La patience de David était maintenant récompensée. Son attente avait été longue, émaillée de souffrances, de défaillances, de victoires, mais aussi d’échecs. David avait été déjà oint :
                  - une première fois, par Samuel au milieu de ses frères, dans la maison de son père (1 Sam. 16 : 13),
                  - une deuxième fois, à Hébron, par les hommes de Juda, pour être roi sur la maison de Juda (2 : 4).

            Enfin ici, pour la troisième fois, encore à Hébron, il est oint par tout Israël pour être roi sur le peuple de Dieu (v. 3-4).
            David dévoile toute la noblesse de ses sentiments et, comme le prophète l’écrira plus tard : « L’homme noble se propose des choses nobles, et il se maintiendra par des choses nobles » (Es. 32 : 8), il conquiert tout le peuple par le cœur et non par la force. Plus encore, il répond pleinement à la pensée de Dieu.

                                                Sion, la ville de David (v. 6-9)

            Un changement important survient dans les voies de Dieu envers son peuple. A la sortie d’Egypte, la Loi avait été donnée à Israël en Horeb, à la montagne de Sinaï. Puis l’Eternel avait accompagné le peuple dans ses étapes du désert. Dans le pays, l’Ange de l’Eternel avait d’abord été à Guilgal ; puis la tente d’assignation (c'était le lieu de rencontre entre Dieu et son peuple) avait été dressée à Silo (Jos. 18 : 1), alors que l’arche était à Béthel (Jug. 20 : 26-27). Le temple de l’Eternel était encore à Silo au temps de Samuel (1 Sam. 1 : 3 ; 3 : 3, 21). Mais ces divers lieux étaient transitoires ; en effet, Dieu voulait établir son peuple sur la montagne de sa grâce, Sion, pour habiter au milieu de lui (Ex. 15 : 17). La portée morale de ce passage de Sinaï (la montagne de la Loi) à Sion (la montagne de la grâce royale) est présentée aux croyants hébreux pour encourager leur foi (Héb. 12 : 18-24).
            Jérusalem et Sion étaient donc l’objet d’un choix divin pour être le sanctuaire de l’Eternel (Ps. 78 : 68-69) et son habitation (Ps. 132 : 13). David lui-même était impliqué dans ce dessein divin ; aussi Sion est-elle appelée la « ville de David ».
            Mais les Jébusiens occupaient Jérusalem ; ils n’en avaient pas été dépossédés lors de la conquête du pays (Jos. 15 : 63). Pourtant, ce repaire de l’ennemi devait être le centre du royaume de David.
            Les Jébusiens lancent à David un défi insolent : les infirmes suffiraient à repousser ses attaques, combien plus les hommes de guerre ! L’aveugle et le boiteux symbolisent les pécheurs qui sont sous l’emprise du péché ; c’est l’origine du dicton : « L’aveugle et le boiteux n’entreront pas dans la maison ». David rejette donc les infirmes et les repousse loin de sa présence. Au contraire, le Seigneur s’est approché d’eux pour les guérir (Matt. 21 : 14).
            En réalité, les Jébusiens se confiaient en leurs hautes murailles. Le site, tel qu'on peut l'observer encore de nos jours, permet d'imaginer la difficulté pour investir une citadelle qui dominait la longue et rude rampe depuis le fond du Cédron à l'est et le Gué-Hinnom au sud. Il est question aussi (v. 8) d'atteindre un canal pour prendre la forteresse. On a pensé qu'il pourrait s'agir d'une canalisation souterraine qui existe effectivement encore actuellement et qui permet, non sans difficulté, d'atteindre l'emplacement du fort. Cependant, il est peu probable que David ait envisagé une telle voie. Le mot hébreu peut se traduire aussi par « aqueduc » ou « cascade » (comp. Ps. 42 : 7) ; il évoque un dispositif en haut d'une construction pour l'écoulement de l'eau, comme une gargouille. On comprend mieux alors, que d'accéder à une telle structure signifiait avoir atteint le haut de la muraille. Leur protection était illusoire, et David prend la forteresse de Sion : c’est la ville de David (v. 7).
            La juste indignation de David contre ses ennemis le conduit à s’engager légèrement par serment à récompenser le vainqueur : le premier qui frapperait les Jébusiens serait chef et capitaine (v. 8 ; 1 Chr. 11 : 6). Joab met son courage naturel au service de son habileté coutumière pour ravir la récompense. C’est ainsi qu’il est confirmé dans sa fonction de chef de l’armée, malgré le meurtre d’Abner que David avait si vivement désapprouvé. Cet engagement inconsidéré entraînera de lourdes conséquences pendant toute la vie de David.

                                                La croissance de David (v. 10-12)

            L’Eternel, le Dieu des armées, était avec David (v. 10) ; celui-ci prospère, tout en restant humble et dépendant de Dieu (v. 12). Il reconnaît que tout lui venait de Dieu, sa couronne et son royaume (1 Cor. 4 : 7). Son élévation sur le trône était avant tout pour le peuple de Dieu.
            Hiram, roi de Tyr, envoie à David des matériaux et de la main-d’œuvre qualifiée pour construire sa maison. Il s’agissait de matériaux dignes d’une demeure royale : non pas du sycomore et des briques comme pour les constructions habituelles, mais du cèdre et des pierres de taille (Es. 9 : 10).

                                                La famille de David (v. 13-16)

            David avait déjà six épouses. Sans s’enquérir de la volonté de l’Eternel, il élargit encore son cercle de famille et prend « des concubines et des femmes de Jérusalem ». Elles sont mentionnées ici par anticipation, de même que ses onze fils. En effet, les quatre premiers enfants nommés seront ceux de Bath-Shéba, qui n’était pas encore sa femme (1 Chr. 3 : 5). Ces multiples alliances, en contradiction avec les prescriptions de la Loi (Deut. 17 : 17), seront lourdes de conséquences.

                                                Les victoires de David (v. 17-25)

            Les Philistins ne veulent pas voir David prospérer et s’attaquent à lui. Satan ne lutte-t-il pas contre les enfants de Dieu qui font preuve d’obéissance ? Mais cette attaque pousse de nouveau David à la dépendance et à l’obéissance. Il n’a pas confiance en lui-même, mais s’appuie sur Dieu, sa forteresse : « Eternel, mon rocher, et mon lieu fort, et celui qui me délivre… ma haute retraite ! » (Ps. 18 : 2).
            L’ennemi prenait du terrain, menaçant, au sud-ouest de Jérusalem dans la vallée des Rephaïm qui étaient des géants cananéens (Deut. 2 : 20 ; 3 : 11). Sans avoir recours à aucune stratégie militaire, David interroge simplement l’Eternel qui lui montre la conduite à tenir. David frappe alors l’ennemi, mais, dit-il : « l'Eternel a fait une brèche au milieu de mes ennemis devant moi » (v. 20). Les idoles des ennemis, totalement inefficaces, sont abandonnées sur le champ de bataille par les païens. David et ses hommes les emportent et les brûlent (1 Chr. 14 : 12). Mais l’ennemi revient (v. 22). Satan ne se tient pas pour battu. David ne se glorifie pas de sa victoire, et ne se confie pas en ses expériences antérieures. Les circonstances semblaient identiques. Mais la victoire devait être acquise d’une autre manière. David a donc la sagesse d’interroger à nouveau l’Eternel, qui veut lui montrer de manière encore plus claire que toute délivrance vient de lui seul. Avant d’engager toute action, il fallait attendre jusqu’à percevoir « sur le sommet des mûriers un bruit de gens qui marchent », c’est-à-dire l’intervention de l’armée même de l’Eternel. Alors seulement, David devait agir, et la victoire lui était assurée. Ce cas est unique dans l’histoire d’Israël.
            Nous pouvons être certains que la dépendance de Dieu et l’obéissance à sa volonté nous assurent la victoire. Dans toutes nos circonstances, recherchons la pensée du Seigneur !
            « Confie-toi de tout ton cœur à l’Eternel… ; dans toutes tes voies connais-le, et il dirigera tes sentiers » (Prov. 3 : 5-6).

 

                        CHAPITRE 6

                                    L'arche de Dieu vient en Sion

            Ce chapitre présente un double intérêt, à la fois moral et prophétique.
                  - Moralement, l’enseignement est complété par le récit correspondant du premier livre des Chroniques (1 Chr. 13 et 15). Un grand principe ressort de cette scène : un service accompli pour le Seigneur, même si le but est selon sa volonté, devient vain, s’il est accompli d’une façon qui ne convient pas, et en ayant recours à de mauvais moyens.
                  - Prophétiquement, on voit que la royauté de David est maintenant reconnue de tout le peuple. Son siège est désormais à Jérusalem. Mais tous les ennemis ne sont pas encore subjugués. Cela correspond à la venue en gloire du Seigneur après le jugement de l’Antichrist, mais dans l’attente du moment où tous ses ennemis seront mis pour le marchepied de ses pieds (Ps. 110 : 1 ; Héb. 10 : 13).

                                                Une bonne intention (v. 1-2)

            La jouissance des bénédictions divines ne fait pas oublier à David celui qui en était la source. Son cœur le porte vers l’arche, le témoignage le plus précieux de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
            Depuis la ruine du sacerdoce d’Eli et la victoire des Philistins (1 Sam. 4), l’arche n’était plus à Silo. Prise par les ennemis, elle avait été rendue à Israël à la suite des plaies que sa présence infligeait aux Philistins. Elle avait séjourné alors à Kiriath-Jéarim, aux soins d’Abinadab et de son fils Eléazar (1 Sam. 7 : 1). A part une seule brève allusion (1 Sam. 14 : 18), il n’en est plus question pendant tout le temps du rejet du roi David. La mention de l’arche est étonnante, car rien n’indique qu’elle ait quitté Kiriath-Jéarim. Peut-être s’agissait-il seulement de l’éphod (comme l’indique la version des Septante) ?
            Depuis plus de 70 ans, l’arche était donc à Kiriath-Jéarim, la « cité du bois », place bien humble et indigne pour celle « qui est appelée du nom de l’Eternel des armées, qui siège entre les chérubins ». La ville royale n’était-elle pas une place plus convenable pour elle ? Dans un psaume, vraisemblablement écrit par lui, David montre toute l’ardeur de son cœur pour l’arche : « Voici nous avons ouï parler d’elle à Ephrata, nous l’avons trouvée dans les champs de Jaar » (Ps. 132 : 6). Jaar est le nom poétique de la ville de Kiriath-Jéarim, située environ 12 kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. N’ayant guère plus de 30 ans, David ne l’avait jamais vue ailleurs. Son vœu s’accordait avec la pensée de l’Eternel de choisir Sion pour son habitation. Source de toutes les bénédictions, Dieu devait occuper la place centrale au milieu de son peuple. Mais David désirait aussi pour lui-même résider auprès de l’arche. Car que peut-il y avoir de plus glorieux que de se trouver dans la présence de l’Eternel ?
            Le repos de la grâce est vu dans cette association du trône même de Dieu, figuré par l’arche, avec celui de son Fils, représenté ici par le trône de David (Apoc. 22 : 1-3).

                                                Mauvais moyens au service d’une bonne intention (v. 3-5)

            30 000 hommes d’élite sont assemblés pour escorter l’arche que David voulait honorer, et tout est soigneusement préparé, même un chariot neuf. Pourtant David, dans cette affaire si importante, ne consulte pas l’Eternel. Il prend personnellement l’initiative de tout, sans s’enquérir des prescriptions claires de la Loi pour déplacer l’arche (Nom. 4 : 6-9). A la coupable ignorance du roi, s’ajoutait une grave négligence des sacrificateurs et des Lévites, qui auraient dû arrêter David dans son entreprise.
            Se servir d’un chariot neuf était une pensée profane, comme celle que les Philistins avaient eue autrefois (1 Sam. 6 : 7). Pourquoi l’arche possédait-elle un anneau à chaque angle si ce n’était pour la porter avec des barres (Ex. 25 : 12), plutôt que de la poser sur un chariot, ouvrage de main d’homme ?
            Deux hommes sont nécessaires ici pour conduire les bœufs (v. 3), alors que les vaches envoyées par les Philistins avaient trouvé elles-mêmes le chemin à suivre (1 Sam. 6 : 12). L’attention de David aurait dû être attirée par ce fait, en apparence de peu d’importance !
            Dans le domaine spirituel, que de cultes sont organisés à l’avance avec sincérité et application, mais sans la dépendance du Saint Esprit. Même si une certaine joie est éprouvée, les moyens sont humains et non spirituels.

                                                Un jugement sévère (v. 6-7)

            Une belle procession, de grandes festivités, des instruments de musique, tout semble bien commencer. Mais les dispositions humaines sont faillibles, et conduisent immanquablement au faux pas. Les bœufs trébuchent en chemin, et un homme, Uzza, intervient pour protéger l’arche et prévenir le risque de sa chute. Or, l’arche ne devait jamais être touchée par une main d’homme, même celle des sacrificateurs (Nom. 4 : 15). La mort immédiate d’Uzza rétribue sa désobéissance ; le jugement de la part de Dieu peut paraître bien sévère. Que l’homme ne se permette pas de juger les pensées de Dieu qui maintient les droits de sa majesté. Personne ne peut impunément porter atteinte à ce que représente l’arche, car « Dieu est un feu consumant » (Héb. 12 : 29). « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : la sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés » (Rom. 11 : 22).
            L’Eternel venait de faire une brèche au milieu des ennemis en faveur de son peuple (5 : 20). Maintenant, il est contraint d’en faire une autre, au milieu même de son peuple infidèle. Souvenons-nous aussi des soixante-dix morts à Beth-Shémesh (1 Sam. 6 : 19).
            Toutes nos intentions, même celles qui nous paraissent les plus anodines ou les meilleures, doivent être examinées à la lumière de la Parole. Une bonne intention ne peut excuser une ignorance coupable de la pensée de Dieu. Ayant, dans cette circonstance, méconnu ou négligé les instructions divines, David a dû apprendre avec douleur cette importante leçon.

                                                Un changement de méthode (v. 8-10)

            Brusquement, donc, la joie cesse. La contrariété de David est à la mesure de son enthousiasme initial. Rempli d’irritation et de peur, il prend conscience de ce qui sied à la présence de Dieu. Comme Job autrefois, il est découragé par la discipline (Héb. 12 : 5). La grâce de Dieu aurait-elle changé ? Gardons-nous de tels sentiments qui pourraient nous conduire à la révolte, une manifestation de la chair. Au contraire, cherchons à comprendre les raisons de la discipline, et le but que Dieu poursuit (Héb. 12 : 11).

                                                L’arche dans la maison d’Obed-Edom (v. 11-12)

            L’arche est détournée vers la maison d’Obed-Edom dont le nom signifie « serviteur d’Edom », c’est-à-dire esclave de la chair. Obed-Edom est appelé : « le Guitthien », car il était originaire de Gath, non de Philistie, mais de Gath-Rimmon dans le territoire de Dan. C’était une des villes attribuées aux Lévites (Jos. 19 : 45 ; 21 : 24). Mais, par pure grâce, il était Lévite, de la famille de Coré, de la classe des portiers (1 Chr. 26 : 4-5). Il était donc qualifié pour s’occuper de l’arche, et rien ne s’opposait à ce qu’il la reçoive dans sa maison. Immédiatement, Dieu le bénit abondamment. Ainsi, la présence du Seigneur, même réalisée par un petit nombre de croyants (deux ou trois), est toujours la source de la joie et de la bénédiction.
            Apprenant cette heureuse nouvelle, David retrouve sa confiance dans la grâce divine qu’il avait si souvent éprouvée. Les faits ne sont rapportés que succinctement ici. Les exercices de cœur et de conscience du roi sont révélés en détail dans le récit des Chroniques (ch. 13 et 15), qui place la victoire sur les Philistins et la brèche de Baal-Pératsim (ch. 14) après la brèche d’Uzza. Conscient de son erreur, David est à nouveau rétabli dans la jouissance de la grâce immuable de son Dieu et comprend qu’il doit faire monter l’arche à Jérusalem.

                                                L’ordre divin et la plénitude de joie (v. 13-15)

            Tout est changé désormais. L’expérience faite par David a porté ses fruits. Le chariot neuf et les bœufs, et tous les arrangements humains, sont remplacés par des Lévites, serviteurs désignés par l’Eternel pour porter l’arche sur leurs épaules (1 Chr. 15 : 15). Ce service des Lévites nous parle de la soumission volontaire des serviteurs à la gloire divine, comme aussi de la présentation au monde de cette gloire par des témoins fidèles. L’Assemblée est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3 : 15).
            David, par les sacrifices qu’il prescrit, place la louange au premier plan, ce qu’il a oublié la première fois. L’offrande présentée tous les six pas évoque pour nous le sacrifice de louange du premier jour de la semaine après la marche pendant les six jours précédents. Les trompettes d’argent se font maintenant entendre, pour rappeler en mémoire le peuple devant Dieu dans ce jour de joie (Nom. 10 : 9-10). Vêtu d’un éphod de lin, le vêtement sacerdotal par excellence, le roi bénit Israël. Il devient ainsi un type de Christ, souverain sacrificateur. En David, se trouvent réunis les deux caractères de Melchisédec. Ainsi, la royauté et la sacrificature sont associées, comme elles seront parfaitement unies en Christ dans l’avenir.
            David, dans la joie de son cœur, danse devant l’Eternel. Entraîné par le roi, tout le peuple loue Dieu, et des cris de joie accompagnent le son des trompettes. Répondre entièrement à la pensée de Dieu remplit toujours l’âme du croyant d’une profonde allégresse.

                                                L’arche en son lieu (v. 17-19)

            L’arche est placée sous une tente. Ce n’est pas encore le lieu permanent de son habitation, comme lorsque le temple sera édifié, sous le règne de Salomon. Alors l’arche et l’autel seront réunis.
            Dès maintenant David peut offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérités (ou de communion), base de toutes les bénédictions et de toutes les joies. Et le peuple est à la fois béni et rassasié.

                                                Mical, fille de Saül (v. 16, 20-23)

            Mical apparaît ici. Elle n’est pas appelée femme de David, mais fille de Saül, pour montrer qu’elle avait hérité des pensées charnelles de son père, et qu’elle était complètement étrangère à cette scène glorieuse.
            Dans l’élan de son cœur, David avait dansé devant l’Eternel, oubliant sa dignité personnelle. L’orgueil de Mical l’empêchait de participer à l’allégresse générale, et son cœur reste sec. Elle aurait préféré voir David dans ses vêtements royaux plutôt que dans ceux du service d’un culte auquel elle refuse de participer. Certes, voir danser un homme était chose rare, voire insolite. Habituellement, seules les femmes dansaient (Jug. 11 : 34 ; 1 Sam. 18 : 6). La gloire de Dieu lui importait peu, et la dignité de la réponse de David n’a sur elle aucun effet. Mical méprise l’oint de l’Eternel. Aussi, est-elle frappée de stérilité, et sa vie restera sans aucun fruit.
            Elle est une triste mais authentique image du monde qui ne peut comprendre les chrétiens qui ne sont souvent pour lui que des illuminés. Les chefs de ce siècle ne connaissent pas la sagesse mystérieuse de Dieu (1 Cor. 2 : 7-8). Ne soyons donc pas surpris par les mépris du monde et par ses critiques. Judas désapprouve le geste de Marie de Béthanie et entraîne les autres disciples à la critiquer. D’autres, à la Pentecôte, pensaient que les apôtres étaient « pleins de vin doux ». Festus dira plus tard à Paul : « Tu es fou » (Act. 26 : 24).
            Mais l’opprobre du monde ne doit pas troubler ceux qui rendent culte à Dieu par le Saint Esprit. Comme l’exprime le poète, ils savent que : « si le monde est contre toi, ses mépris sont ta gloire ».
            Gardons le souvenir de la beauté de David, roi et sacrificateur, qui rayonne d’une façon éclatante dans la deuxième partie de ce chapitre !

 

                        CHAPITRE 7

                                    Les promesses de l'Eternel à David

            Ce chapitre est à la base de toutes les promesses messianiques, reprises ensuite par les prophètes. La famille de David est vue comme la dépositaire irrévocable de la royauté. Une alliance éternelle est faite ; ce sont les « grâces assurées de David » (Es. 55 : 3).
            David est plus qu’un type ; il est réellement la souche de la famille d’où sera issu le Messie, « racine et postérité de David » (Apoc. 22 : 16).
            La pensée directrice de la scène est que tout vient de Dieu : Il a seul l’initiative de tout ; Il est la seule source de tout don.
            Ce chapitre pourrait se placer chronologiquement après le chapitre 21. En effet, la mention du repos de David de tous ses ennemis (v. 1, 9, 11), rattache ce chapitre 7 au thème du cantique de la délivrance (ch. 22 ; Ps. 18).

                                                Le plan de David (v. 1-3)

            Bien des années auparavant, David s’était réfugié dans l’inconfort de la caverne d’Adullam. Il habite maintenant une splendide demeure à Jérusalem. Il pense à l’arche et désire pour elle une demeure stable, digne de sa gloire, avec l’assurance qu’elle restera à Jérusalem.
            Cette pensée de David de bâtir une maison à l’Eternel était louable en elle-même, le témoignage d’un cœur droit et reconnaissant. Et l’Eternel le lui confirme : « Tu as bien fait de l’avoir eu à cœur » (2 Chr. 6 : 8). Mais après la leçon de la brèche d’Uzza, David sent le besoin de s’en ouvrir à Nathan, le prophète. Celui-ci, sans exercice personnel apparent, approuve la pensée du roi, qui n’était pas celle de Dieu. Même un prophète peut se tromper et ne doit pas se fier à ses seuls dons (1 Sam. 16 : 6-7). Sans négliger les conseils que nos frères peuvent nous donner, souvenons-nous que la parole de Dieu est notre seul guide.
            Si David ignorait le propos de Dieu, il était moins responsable que dans la scène précédente du transport de l’arche. David devait être en effet le type d’un Christ souffrant puis conquérant, mais non du prince de paix jouissant du royaume. C’est à Salomon que reviendrait le privilège de bâtir la maison de Dieu.

                                                Le plan de Dieu (v. 4-17)

            Mais les secrets de l’Eternel sont pour ceux qui le craignent. Sans tarder, Dieu instruit Nathan de sa pensée, pour qu’il la communique à David. Dieu rappelle au roi et au prophète qu’il n’avait pas encore exprimé sa volonté qu’une maison lui soit bâtie : « Ai-je dit un mot ? » (v. 7) dit-il : voilà le critère. Dieu est un Dieu qui donne ; on ne peut lui offrir que ce qui vient de Lui (1 Chr. 29 : 14). Et Il ne sera jamais le débiteur de personne (Act. 17 : 25). L’Eternel ne voulait pas se reposer tant que le travail de sa grâce n’était pas achevé (Jean 5 : 17). La pensée de Dieu était, en fait, de construire dès maintenant une maison pour David, c’est-à-dire fonder pour lui une dynastie royale permanente. La mention d’un « long avenir » (v. 19), et d’une « bénédiction pour toujours » (v. 29), dépasse de beaucoup la durée du règne de David, et même de celui de Salomon. Comment une descendance établie pour toujours pouvait-elle être celle d’un homme ? Mais un jour viendra où la promesse divine s’accomplira en Christ, le Fils de Dieu, le Fils de David : « Il sera appelé Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume » (Es. 9 : 7 ; Luc 1 : 32-33 ; 2 Tim. 2 : 8).
            Historiquement et matériellement, Salomon a bien bâti une maison à l’Eternel. Mais un plus grand que Salomon a dit « Je bâtirai mon assemblée », une « habitation de Dieu par l’Esprit » (Matt. 16 : 18 ; Eph. 2 : 22 ; 1 Pier. 2 : 5). La promesse divine avait donc une portée prophétique à double titre : l’Assemblée bâtie par le Seigneur depuis la Pentecôte, et sa gloire à venir à Sion pendant le millénium.
            La promesse faite à David : « Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils » (v. 14 ; Héb. 1 : 5) est sans aucun doute applicable au Seigneur. Mais la suite ne peut s’appliquer qu’à Salomon dont l’histoire sera, hélas, entachée de faillites comme celle de tout homme.

                                                La réponse de David à la grâce (v. 18-29)

            Dieu venait de révéler à David ses desseins envers lui, envers le peuple, et enfin envers Christ lui-même. En réponse, David entre dans la présence de Dieu et s’assied devant l’Eternel.
            L’attitude de David exprime le repos, le calme, la liberté, la communion, la joie et la reconnaissance. Tout ce que Dieu lui a dit est cru, accepté et apprécié. « Combien me sont précieuses tes pensées, ô Dieu ! combien en est grande la somme ! » (Ps. 139 : 17). Rempli de reconnaissance, et recueilli dans la contemplation et l’adoration, il se sent infiniment petit ; devant Dieu, il ne dit plus : « je », mais « ton serviteur ». S’oubliant lui-même, il ne pense plus à son projet de bâtir une maison pour l’arche ; il est tout entier absorbé par les pensées de Dieu. C’est un sommet moral dans la vie du roi David. .                 - v. 19 : Si le passé touchait David, le futur, pour lequel il ne formule aucun doute, lui était encore plus doux.
                  - v. 20-21 : Les expressions manquent à David. Il est confondu devant tant de bénédictions. Pour lui, tout a sa source dans le cœur de Dieu, et s’accomplit par sa Parole. Quel bel exemple pour nous, qui avons des révélations encore plus précieuses !
                  - v. 22-24 : Dans une exclamation spontanée, David exalte la grandeur de Dieu. Ses pensées se tournent ensuite vers le peuple dont le privilège inestimable est d’appartenir au seul vrai Dieu.
                  - v. 25-27 : La louange s’associe à la prière. Elle est fondée sur les promesses divines. L’expression : « fais comme tu as dit » montre que pour David la volonté de Dieu est parfaite en tout point. Voilà une prière agréable qui sera exaucée.
                  - v 28-29 : Jusqu’à la fin, cette prière témoigne de la foi de David et de son attachement aux promesses divines.

            Le mot « toujours » revient à sept reprises dans cette scène merveilleuse : deux fois dans la bouche de l’Eternel et cinq fois dans celle de David. En effet, elle ouvre les perspectives de l’éternité, là où tout est éternel :
                  – le royaume (v. 13, 16, 24) ;
                  – les paroles de Dieu (v. 25) ;
                  – la gloire de son nom (v. 26) ;
                  – la présence divine (v. 29) ;
                  – la bénédiction de Dieu (v. 29).

 

                        CHAPITRE 8

                                    Le royaume affermi et en ordre

            Le pouvoir de David s’étend maintenant sur les nations avoisinantes. C’est une pâle et éphémère image de ce que sera la venue du Fils de l’homme, le Roi de gloire, à l’introduction de son royaume universel.
            La scène décrite dans le chapitre précédent peut être considérée comme le point culminant de l’histoire de David. Sa vraie grandeur n’était pas de siéger sur son trône, mais d’être assis devant l’Eternel. Il habite dans le sanctuaire pour s’enquérir de lui et voir sa beauté, comme réponse à sa prière (Ps. 27 : 4).
            David comprend qu’il n’avait pas à choisir son service. Selon le désir de Dieu, il continuera à être un berger fidèle pour son peuple, et un combattant victorieux. Mais il ne sera pas un bâtisseur. Conduit là où Dieu le veut, il ne peut que prospérer et avoir du renom. Il brise alors tous ses ennemis et pille leurs biens. Personne ne pouvait lui résister car « l’Eternel sauvait David partout où il allait » (v. 6, 14). David est le type de l’homme vaillant qui ceint son épée et mène en avant son char, à cause de la vérité et de la débonnaireté et de la justice (Ps. 45 : 3-4).
            A l’image de David, combien de victoires ne remporterions-nous pas si nous étions en communion constante avec notre Seigneur, toujours prêts à accomplir sa volonté !

                                                Les Philistins et Moab (v. 1-2)

            La première conquête extérieure au pays d’Israël est celle de la Philistie. David s’empare de Metheg-Amma, la capitale ; il s’agit de Gath, la ville de Goliath (1 Chr. 18 : 1). Il frappe ainsi le centre vital des ennemis, qui représentait la force et le commandement.
            La deuxième conquête est celle de Moab. Cet ennemi orgueilleux et cruel, qui s’élève contre Dieu, et qui est sans pitié pour Israël, est abattu à son tour (Ps. 83 : 4-6 ; Es. 16 : 6-14). David n’agit pas de la même manière d’une nation à l’autre. Leur sévère jugement était justifié, mais David fait grâce au tiers des Moabites, qui deviennent ses serviteurs.

                                                Les Syriens (v. 3-8)

            En troisième lieu, les combats se portent vers la Syrie.
            L’Euphrate était la limite orientale du pays promis à Abraham (Gen. 15 : 18). Etait-ce le roi Hadadézer ou David qui avait la pensée « d’étendre sa main » ou de « rétablir sa domination » jusqu’à ce fleuve ? David se dirige vers le nord, et se heurte au royaume de Tsoba (ville du Liban), qui reçoit le secours des Syriens de Damas. Leur union est vaine, et les deux sont frappés pour devenir serviteurs de David.
            Lorsque le Prince des rois de la terre apparaîtra, toute coalition des nations sera inutile : « Les rois de la terre se lèvent, et les princes consultent ensemble contre l’Eternel et contre son Oint » (Ps. 2 : 2).
            La victoire de David est complète, car l’Eternel le sauvait partout où il allait (v. 14) ; par opposition, les faux dieux des ennemis montraient leur impuissance (5 : 21). Malgré leur valeur, les boucliers d’or n’avaient été d’aucune protection. Le roi d’Israël les consacre à l’Eternel, ainsi qu’une grande quantité d’airain.

                                                Victoires sur d’autres nations (v. 9-14)

            Alors que certains rois ou nations ont été forcés de se soumettre à David, d’autres le font volontairement. C’est le cas de Tohi, roi de Hamath, ville d’Assyrie. Ces peuples-ci illustrent la déclaration de David : « Les fils de l’étranger se sont soumis à moi en dissimulant ; dès qu’ils ont entendu de leurs oreilles, ils m’ont obéi » (22 : 45). Ils ont compris l’avertissement du psaume : « Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite, et que vous ne périssiez » (Ps. 2 : 12).
            Au contraire, les nations du sud du pays : Moab, Ammon, Amalek et Edom, elles, furent rendues tributaires de force. Les conflits avec Ammon et les Syriens sont détaillés plus loin (ch. 10).
            Edom, l’ennemi invétéré d’Israël, est mentionné ici (v. 13-14). Le récit des Chroniques (1 Chr. 18 : 12) montre que la victoire sur Edom a été remportée par Abishaï, frère de Joab ; mais c’est à David qu’en revint toute la gloire. Dans l’avenir, Edom est la seule nation qui sera détruite entièrement, sans aucun reste (Abd. 18), car Edom symbolise la nature adamique dans l’homme.
            Partout, David met des garnisons (v. 6, 14) pour concrétiser et assurer la pérennité de sa domination. Il ne conserve rien pour lui-même, mais fait don à l’Eternel de tout le butin pris aux ennemis (v. 8, 11-12). Ainsi est annoncée la gloire de Celui qui aura une part avec les grands et qui partagera le butin avec les forts (Es. 53 : 12).
            Toutes ces victoires sont l’occasion pour David de composer le Psaume 60. Une bannière est donnée au peuple d’Israël, en David lui- même, type de Christ, comme le précise le prophète : « Il y aura une racine d’Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples : les nations la rechercheront, et son repos sera gloire » (Es. 11 : 10). Cette prophétie annonce l’apparition de notre Seigneur en gloire et en salut avant le règne de paix. Toutes les tribus lui appartiendront et tous ses ennemis seront placés sous ses pieds (Ps. 60 : 6-9).

                                                L’ordre intérieur (v. 15-18)

            Le chapitre se termine par un résumé de l’ordre intérieur du royaume de David. Ce sera aussi la conclusion du récit historique du règne de David (20 : 23-26). David ne se révèle pas seulement comme un guerrier, mais aussi comme un berger et un bon administrateur de l’héritage de Dieu. Son sceptre royal est à la fois en jugement et en justice.
            Vis-à-vis des ennemis extérieurs, il tient un sceptre de fer pour mettre en pièces les nations rebelles comme un vase de potier (Ps. 2 : 9). Mais, en faveur du peuple de Dieu, son sceptre est un sceptre de droiture ; il aime la justice et il hait la méchanceté (Ps. 45 : 6-7). Ainsi, David fait droit et justice à tout son peuple. La justice et le jugement sont la base de son trône, à l’image de celui de Christ (Ps. 89 : 14).
            Les responsables des différentes charges dans le royaume sont nommés. C’était encore une période de transition et l’ordre selon la pensée de Dieu ne sera pleinement établi que sous la royauté de Salomon.
                  – Joab reste chef de l’armée jusqu’à la fin du règne de David, malgré ses crimes et l’influence désastreuse qu’il exercera sur le roi.
                  – Josaphat était le rédacteur des chroniques, l’historien, celui qui conserve la mémoire de l’histoire du peuple. Il semble avoir joué le rôle de conseiller du roi.
                  – Le sacerdoce est exercé conjointement par deux sacrificateurs : Tsadok et Akhimélec. Le premier, de la lignée d’Eléazar, sera fidèle à David jusqu’à la fin (1 Rois 1 : 38). Il exerçait son office auprès du tabernacle à Gabaon (1 Chr. 16 : 39). Par contre, Akhimélec, qui avait le même nom que son grand-père (1 Sam. 22 : 20), était de la lignée d’Ithamar. Il était probablement auprès de l’arche à Jérusalem. Sa famille était sous le coup de la triste condamnation prononcée par Samuel sur les fils d’Éli et sa descendance (1 Sam. 2 : 36) ; celle-ci sera effectivement chassée de la sacrificature (1 Rois 1 : 7 ; 2 : 26-27).
                  – Seraïa, le scribe, s’occupait du secrétariat.
                  – Benaïa, fils de Jehoïada, supervisait les Kéréthiens et les Péléthiens, formant le corps de garde du roi, peut-être ses conseillers intimes (1 Rois 1 : 38).
                  – Enfin, les fils de David, dont certains en étaient bien peu dignes, étaient les principaux officiers du roi.

            Le but de cette liste est de rendre compte de l’ordre dans le royaume et de la soumission au roi. Aussi, nulle faiblesse dans l’administration n’est relatée.
            Les richesses sont pour l’Eternel ; et le roi, entouré de ses fidèles compagnons, rend la justice à son peuple. Nos regards se tournent alors vers le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, que toutes les nations serviront et devant lequel les rois se prosterneront (Ps. 72 : 11 ; Es. 52 : 15).

 

                        CHAPITRE 9

                                    Mephibosheth, la gloire de la grâce

            Près de vingt ans se sont écoulés depuis la triste fin de Jonathan et de Saül. Mephibosheth n’avait que cinq ans (4 : 4) à la mort de son père Jonathan ; c’est maintenant un homme infirme (v. 13).
            Confondu par la grâce divine, David en mesurait quelque peu l’étendue pour lui-même (ch. 7). Il désire la manifester à d’autres, comme imitateur de Dieu, en usant d’une « bonté de Dieu ».
            Si le règne de David est un règne de justice (8 : 15), c’est aussi un règne de salut et de bonté. Cet aspect complète le tableau moral de son royaume, en accord avec la déclaration du psaume : « Il aura compassion du misérable et du pauvre, et il sauvera les âmes des pauvres » (Ps. 72 : 12-13).
            Prophétiquement, il s’agit encore de la période qui précède le règne de gloire et de paix du Messie, lorsqu’il reprendra ses relations avec le résidu de son peuple. Jonathan est un type de ce résidu, objet du gouvernement de Dieu, car il ne s’est pas séparé de la masse apostate (figurée par Saül). Mephibosheth est le symbole de ce même résidu, mais objet de la grâce divine.
            Le terme de « gouvernement » est souvent employé dans le sens de « discipline » ou de « punition ». Le gouvernement de Dieu implique une action divine pour le temps présent, en rapport avec la conduite de l’homme sur la terre. C’est la différence avec le jugement, qui est en relation avec l’état de l’âme ; la notion d’éternité est alors introduite.

                                                La grâce qui attire (v. 1-5)

            Le premier verset donne le thème de tout ce chapitre. Le cœur de David contenait une provision de grâce qui cherchait un objet pour se manifester. Trois fils de Saül étaient tombés dans la bataille et Ish-Bosheth avait été assassiné. Restait-il encore un descendant de la famille de Saül de cette maison effondrée, dont la ruine était grande ? Mephibosheth, fils de Jonathan, subsistait encore ; boiteux, il vivait caché. Par nature, il aurait pu être compté parmi les boiteux et les aveugles qui avaient mérité la haine de David (5 : 8).
            Le roi apprend de la bouche de Tsiba, ancien serviteur de Saül et gérant de ses biens, que Mephibosheth résidait à l’est du Jourdain, non loin de Mahanaïm à Lodebar, nom qui signifie « lieu sans pâturage ». Ce petit-fils de Saül, apparemment sans ressources, avait été recueilli par Makir, chez qui il se cachait. En revanche Tsiba avait bien prospéré : il avait 15 fils et 20 serviteurs (v. 10).
            Makir semble avoir été dans une situation aisée, à en juger par son intervention ultérieure, avec Barzillaï, en faveur de David (17 : 27). Avait-il pris le parti de la maison de Saül, pour cacher ainsi Mephibosheth ? La grâce merveilleuse de David gagnera son cœur et changera ses dispositions.
            Mephibosheth avait deux sérieuses raisons de craindre David : il appartenait à la famille de son ancien ennemi et il était boiteux de surcroît. Quelle émotion pour lui d’être appelé par le roi en personne ! De sa propre volonté, il ne serait jamais allé vers lui. Ainsi, l’homme qui se sait pécheur et qui ne connaît pas la grâce de Dieu ne peut que fuir la lumière divine. Le Seigneur a dit : « Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire » (Jean 6 : 44). Mais David a dans son cœur un propos de miséricorde, dans sa bouche une parole de grâce et dans sa main la puissance pour bénir.

                                                La grâce qui comble (v. 6-13)

            Amené devant David, Mephibosheth se prosterne sans rien dire. Le roi rompt le silence et l’appelle par son nom : « Mephibosheth ». Puis il ajoute : « Ne crains point », la parole même que prononcera plus tard le Seigneur pour rassurer son disciple Pierre (Luc 5 : 10). Quelle valeur ont ces mots dans la bouche de celui qui détient tout le pouvoir ! Non seulement, Mephibosheth n’allait pas mourir, mais il allait être pardonné, accepté, nourri, béni, honoré et introduit pour toujours dans la communion avec le roi comme un de ses fils (v. 11). David n’avait donc pas oublié le serment qu’il avait fait à Jonathan (1 Sam. 20 : 17).
            En entendant de telles paroles, si inattendues, Mephibosheth se prosterne à nouveau. Le cœur de David, à la ressemblance du cœur de Dieu, n’aurait pu se satisfaire de manifester une grâce moins complète, moins durable et moins glorieuse.

                                                La grâce pure (v. 7-13)

            Tout est assuré dans cette grâce : « certainement » (v. 7) ; rien n’est éphémère : « continuellement » (v. 7, 10) ; elle est permanente : « toujours » (v. 13). Le bas état de l’homme, objet de cette grâce, met en relief cette « bonté de Dieu », et fait apprécier son immense valeur. Mephibosheth confesse qu’il ne vaut pas plus qu’un chien mort. Tout mérite personnel et tout droit à la bénédiction sont abandonnés. Il se savait haïssable, comme tout homme dans ses péchés. David n’a pas cherché à secourir un homme noble ou estimable. La miséricorde ne s’exerce qu’en faveur de personnes misérables. Voilà la manière de Dieu. Un chien mort ! David lui-même s’était estimé tel devant Saül (1 Sam. 24 : 15) ; aussi, pouvait-il comprendre la force de cette allusion. Mephibosheth avait donc affaire à un sauveur qui s’était lui-même abaissé. Nous aussi, nous connaissons le suprême abaissement du Sauveur du monde obéissant jusqu’à la mort (Phil. 2 : 8).
            David ne rappelle pas le passé. Certes, Mephibosheth est toujours boiteux mais ses pieds seront cachés sous la table. Dieu ne reparlera jamais de notre ancien état (Ps. 103 : 12).
            Mephibosheth mangera à la table du roi. David répète sa promesse à trois reprises (v. 7, 10-11), et la met en application (v. 13). C’est ce qui a le plus de prix pour le cœur de Mephibosheth. Plus que les champs de Saül, plus que sa maison, ses terres, ses cultures et ses fruits, c’est la personne de David qui compte pour lui, comme il le montrera plus tard (19 : 30).
            La pensée de David avait été d’user de bonté à l’égard d’un descendant de Saül, son ennemi. Dieu répond à son attente, et lui permet en même temps d’exprimer toute sa grâce envers le fils de son plus tendre ami.
            David, dans cette scène touchante, est le type du Sauveur parfait en pardon et en sympathie. La conscience de notre indignité et la foi entière en la bonté surabondante de Dieu, permettent à sa grâce de se déployer « dans des vases de miséricorde qu’il a préparés d’avance pour la gloire » (Rom. 9 : 23).

 

                        CHAPITRE 10

                                    Conflits et victoires

            Ce chapitre continue le tableau prophétique du roi qui régnera en Sion, la montagne de la grâce. David vient de manifester toute sa bonté envers un descendant de Saül. La grâce royale doit maintenant franchir les limites du peuple d’Israël, pour être offerte à tous. Le salut doit aller jusqu’aux bouts de la terre, même en faveur de nations maudites comme les fils d’Ammon et les Moabites (Deut. 23 : 3-5). « Faire miséricorde à tous », tel est le propos de Dieu (Rom. 11 : 32). Si certains refusent et méprisent cette grâce, leur juste jugement n’en sera que plus sévère. Historiquement, le récit poursuit les relations d’Israël avec ses ennemis, les fils d’Ammon et la Syrie. Leur assujettissement momentané (8 : 12) est suivi par d’autres conflits relatés maintenant (v. 6-19), dont l’issue sera rapportée plus loin (12 : 26-31).

                                                Consolation offerte à Hanun, le roi des Ammonites (v. 1-2)

            Nakhash, roi des Ammonites, vient de mourir. La Parole a déjà montré son hostilité cruelle à l’encontre des habitants de Jabès de Galaad, de la tribu de Gad. Il aurait accepté de s’allier avec eux, s’il crevait l’œil droit à tous, jetant ainsi l’opprobre sur tout Israël (1 Sam. 11 : 1-2).
            Mais David n’oublie pas que Nakhash avait usé de bonté envers lui dans une circonstance antérieure. Certainement, Dieu enregistre tout ce qui est fait pour les siens. Aussi, malgré tout le mal que les fils d’Ammon avaient fait à Israël, David se devait de manifester son esprit de grâce envers Hanun, à l’occasion de la mort de son père.
            David ne lui envoie ni présents, ni richesses, mais des consolateurs, ce qui était beaucoup plus précieux. Sa démarche ne manifeste aucune flatterie, et ne cache pas de motifs détournés, contrairement à l’accusation qui lui sera faite. David désirait simplement réconforter le cœur de Hanun, et lui témoigner de la sympathie. Aujourd’hui encore, la grâce du Seigneur, le divin David, est offerte à tous.
            Mais pouvait-il y avoir des relations quelconques entre le peuple de Dieu et ses ennemis ? Déjà, au temps de son rejet, David avait cherché un refuge en Moab pour sa famille (1 Sam. 22 : 3). Le nom même de Nakhash, qui signifie « serpent », montre le danger subtil de telles relations. La suite du récit montre la pertinence de la déclaration du prophète : « Si l’on use de grâce envers le méchant, il n’apprend pas la justice » (Es. 26 : 10).

                                                L’erreur des Ammonites, le refus de la grâce (v. 3-5)

            Hanun, ce nouveau roi des Ammonites, n’est pas disposé à recevoir la grâce ; il est de plus mal conseillé par son entourage. Il se montre méfiant, il impute le mal, et ne comprend pas que David puisse oublier l’animosité de ses ennemis et lui envoyer des consolations.
            Non seulement Hanun refuse le témoignage de réconfort de David, mais il outrage et ridiculise ses messagers ; dans la honte, ceux-ci doivent attendre à Jéricho d’avoir recouvré leur dignité d’homme, avant de revenir à Jérusalem.
            Durant le temps de la patience de Dieu, la grâce est encore présentée à tous. Mais les ambassadeurs de Christ sont souvent l’objet de moqueries et de mépris de la part du monde.

                                                Le jugement des fils d’Ammon (v. 6-14)

            L’attitude des fils d’Ammon provoque l’indignation de David. Ils avaient, en quelque sorte, outragé l’Esprit de grâce (Héb. 10 : 29). Après avoir donné libre cours à ses mauvais instincts, leur roi a le pressentiment des graves conséquences de sa conduite. Sans chercher à apaiser la colère de David, il se prépare à s’opposer à lui par la violence, en prenant à sa solde les armées syriennes. Après avoir résisté à la grâce, il va donc maintenant résister au jugement.
            Ainsi, de tout temps, les nations s’agitent, les peuples méditent la vanité, les princes consultent ensemble (Ps. 2 : 2). Nous voyons de nos jours l’inimitié du monde contre Dieu venir à maturité. Mais bientôt s’exercera la vengeance contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ (2 Thes. 1 : 8-9). David avait-il besoin de repos, ou était-il déjà lassé des combats ? Son manque d’énergie manifeste probablement le commencement d’un déclin moral. Abandonnant personnellement la lutte, il confie à Joab le commandement de l’armée d’Israël. En bon stratège, Joab dresse un plan de bataille habile et efficace, qui ne faisait appel qu’à sa propre sagesse ; accessoirement, il ajoute cette requête : « Que l’Eternel fasse ce qui est bon à ses yeux » (v. 12). Telle est la devise du monde, teintée de superstition et de fatalisme : Aide-toi et le ciel t’aidera. La piété apparente de Joab ne dépassait guère cette devise ! Par contre, la foi qui compte sur Dieu peut dire : « Par toi, je courrai au travers d’une troupe, et, par mon Dieu, je franchirai une muraille » (Ps. 18 : 29).
            Joab repousse les ennemis, mais ne parvient pas à les détruire. La victoire est partielle, et les forces de l’adversaire restent intactes. Un exercice spirituel superficiel, sans engagement sérieux du cœur et de la conscience, ne peut jamais aboutir à un triomphe décisif sur Satan.

                                                Le jugement des Syriens (v. 15-19)

            Les Syriens se réorganisent. Avec le renfort d’autres puissances, ils montent à nouveau contre Israël. Mais cette fois-ci, David lui-même rassemble le peuple et part pour le combat. Son énergie et sa piété surpassent de loin celles de Joab. La confrontation a lieu à Hélam (Ville située à l'est du Jourdain, peut-être sur l'Euphrate). Maintenant, la victoire est complète, l’ennemi est battu et asservi à Israël, et le chef de l’armée est tué. Sept cents chars et quarante mille cavaliers sont détruits. Cette alliance historique des ennemis contre Israël annonce prophétiquement celle d’Hérode et de Ponce Pilate contre Christ (Act. 4 : 26-27). C’est aussi l’image par anticipation du combat final du Roi des rois et du Seigneur des seigneurs contre les rois de la terre assemblés pour le combat (Apoc. 19 : 17-21). Le récit met un terme aux hostilités avec les rois régnant à l’ouest de l’Euphrate et qui servaient Hadarézer. Il restait encore à détruire les fils d’Ammon. Leur jugement est imminent (11 : 1, 12 : 26-31). Mais auparavant, David va connaître la chute qui va transformer sa vie et celle de sa famille.


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 8)