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LE PREMIER LIVRE DE SAMUEL (22-26)

 

DAVID POURCHASSÉ (suite)

CHAPITRE 22
            David à Adullam
            Le massacre des sacrificateurs
CHAPITRE 23
            David à Kehila (v. 1-13)
            David au désert de Ziph (v. 14-23)
CHAPITRE 24
            David épargne Saül aux lieux forts d'En-Guédi (v. 1-23)
CHAPITRE 25
            La mort de Samuel (v. 1)
            David chez Nabal (v. 2-44)
CHAPITRE 26
            David épargne Saül chez les Ziphiens
 

CHAPITRE 22

                        David à Adullam

                                    La caverne d'Adullam (v. 1-2)

            Déjà, au chapitre 21, David n’était plus seul. Ici, le nombre de ceux qui l’entourent grandit. Les premiers à venir à lui sont les membres de sa propre famille. Quel baume de consolation pour lui ! Non seulement ses frères ne le jalousent ni ne le méprisent plus, mais ils sont disposés à partager son triste sort. Ils montrent ainsi qu’ils ont compris que :
                    – Saül était devenu un oppresseur définitivement privé de l’approbation de l’Eternel,
                    – David, malgré les apparences, était l’espoir du peuple d’Israël selon Dieu.
            De même, les premiers à croire à l’évangile furent les Juifs qui reconnurent dans le « méprisé du peuple » le Sauveur du monde.
            Ensuite, se groupe autour de David toute une troupe de personnes qu’on appellerait aujourd’hui des « exclus ». Tous sont dans le besoin. Ils arrivent les mains vides, avec leurs nombreux problèmes : dettes, amertume, détresse. Ils n’ont rien à attendre de la société et sont attirés par celui qui est lui-même dans le dénuement. Que de secrets confessés, de fardeaux déposés, d’injustices et de souffrances racontées à cet homme attentif et plein de sympathie ! Il peut consoler ses compagnons de sa propre consolation. En effet, dans les deux psaumes écrits dans la caverne (Ps. 142 et 57), David crie à son Dieu et reçoit l’assurance de la délivrance de la part de l’Eternel. Même dans de telles circonstances, il peut louer son Dieu (Ps. 57 : 1-2, 7-11 ; 142 : 1, 5-6).
            Quelle joie et quel réconfort pour David de voir la confiance de ces hommes à son égard ! Ses qualités morales se reflètent sur ceux qui partagent son sort. Et, au jour de sa gloire, ils seront avec lui. Parmi les hommes forts mentionnés à la fin de la vie du roi David, trois chefs étaient venus vers lui à la caverne d’Adullam (2 Sam. 23 : 13).
            Ils font tous partie de ces témoins de la foi qui furent « dans le besoin, affligés, maltraités (eux dont le monde n’était pas digne), errant dans les déserts et les montagnes, les cavernes et les grottes de la terre » (Héb. 11 : 38). Quels sont leurs moyens d’existence pendant ces longs jours d’errance ? Ni le pillage, ni aucun acte illégal. Le récit de la visite à Nabal donne peut-être une réponse (25 : 2-8) : les compagnons de David étaient tous des hommes armés veillant à la sécurité dans les campagnes et ayant ainsi droit à un salaire.
            Cette scène présente aussi, en type, l’attraction que Jésus, généralement rejeté et méprisé, exerce aujourd’hui sur des hommes et des femmes désenchantés, désabusés, qui ont épuisé les ressources du monde. Dieu permet parfois dans la vie des circonstances qui conduisent l’âme dans la détresse, l’amertume ou les dettes (soit littéralement, soit dans un sens moral) ; c’est alors l’occasion de se tourner vers Christ, qui apporte la seule vraie réponse à tous les besoins. Lorsque nous rencontrons de telles personnes, saisissons donc l’occasion pour leur présenter le Sauveur qui seul peut remettre la dette du péché et donner le repos de l’âme par la douceur de la grâce. Vraie pour la conversion, cette expérience l’est aussi pour les circonstances de la vie chrétienne. Sentir ses besoins moraux profonds ramène le croyant vers son Seigneur, sa seule ressource.

                                    David en Moab et en Juda (v. 3-5)

            Est-ce un manque de foi de la part de David de confier ses parents au roi de Moab ? Ceux-ci étaient peut-être trop âgés pour les épreuves auxquelles David serait exposé. Le choix de Moab comme refuge s'explique peut-être par l'ascendance de David : Ruth, son arrière grand-mère, était Moabite. Par contre, elle avait fait le chemin inverse de David ; elle avait quitté les champs de Moab pour aller s'abriter sous les ailes du Dieu d'Israël.
            Cet abri à Mitspé de Moab est censé être temporaire : le nuage de la séparation est éclairé par l’espérance de jours meilleurs (« jusqu’à ce que… »). David n’a pas honte de témoigner de sa foi devant ce roi païen. Le croyant sait que son avenir est dans la main de son Dieu.
            Cet exil préfigure des événements encore futurs pour Israël : « Que mes exilés séjournent avec toi, Moab ! Sois-leur une retraite de devant le destructeur » (Es. 16 : 3-5).
            Sur la directive du prophète Gad, David quitte le lieu fort. Il ne s'agit pas de la caverne d'Adullam qui, elle, est en Juda. Il obéit sans discuter ni hésiter et ne se laisse pas retenir en Moab. Dieu ne voulait pas qu’une terre au-delà du Jourdain lui serve de refuge. Plus tard, dans sa vieillesse, David rappellera cet ordre : « Confie-toi en l’Eternel, habite le pays » (Ps. 37 : 3, 25).
            Nous aussi, nous aurions tendance à chercher à échapper à l’épreuve. Nous sommes pourtant exhortés à l’estimer « comme une parfaite joie » (Jac. 1 : 2) quand elle est permise par le Seigneur,. car Dieu nous promet sa présence : « Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi » (Es. 43 : 2).


                        Le massacre des sacrificateurs

                                    La colère de Saül (v. 6-8)

            Comme David, Saül apparaît ici au centre d’un rassemblement, mais d’un caractère tout différent. Assis au milieu de ses serviteurs, il garde encore l’autorité officielle de roi (symbolisée par sa lance). Mais à quoi lui sert-elle, s’il a perdu son autorité morale ? Il s’adresse à des Benjaminites (ses frères selon la chair) et son discours le montre partial et injuste :
                    – partial, car il avait recruté ses serviteurs dans sa propre tribu ; il était pourtant oint sur tout Israël, mais il manifeste un esprit de parti tribal et non d’unité nationale ;
                    – injuste, car il accuse tout le monde de trahison, de rébellion, alors qu’il est, lui, le plus grand rebelle à l’Eternel ; il se sait réprouvé, mais au lieu de s’humilier sous la puissante main de Dieu, il montre orgueil, jalousie et haine ; personne n’est épargné par ses soupçons, pas même son propre fils.
            Veillons soigneusement contre ces deux tendances : favoriser nos proches (Jac. 2 : 1) et accuser les autres de nos propres fautes (Gen. 3 : 12-13).

                                    Doëg, le rapporteur (v. 9-11)

            Pas un Benjaminite ne répond à Saül. Ses serviteurs avaient déjà montré ou montreront un silence réprobateur (14 : 39) ou même une opposition positive (22 : 17).
            Mais Doëg, l’Edomite, est là. Il avait autorité sur tous les bergers de Saül. N’y avait-il pas assez de serviteurs en Israël pour que Saül engage un étranger ? Descendant d’Esaü, qui avait toujours manifesté haine et violence à l’égard de Jacob et de sa descendance, Doëg est le type de tous les mauvais bergers d’Israël et, de nos jours, de tous les mauvais conducteurs spirituels qui n’épargnent pas le troupeau (Act. 20 : 29). Voulant probablement s’acquérir des faveurs nouvelles, il révèle la scène dont il avait été témoin (ch. 21). Au psaume 52, David décrit l’état d’esprit de Doëg : malveillant (v. 1), menteur (v. 2) et médisant (v. 3) ; mais il entrevoit son jugement (v. 5) car Dieu donnera le dernier mot aux justes.

                                    L’extermination des sacrificateurs (v. 11-19)

            A l’ouïe de ce témoignage, la haine de Saül ne connaît plus de bornes. Toute la famille sacerdotale est convoquée d’urgence. Saül transforme injustement l’attitude défensive de David en une conspiration active (v. 8, 13). Et comme Jonathan, Akhimélec est aussi accusé de complicité. Sa réponse est calme, noble ; elle montre sa bonne foi. Il est d’abord conduit à faire l’éloge de David, comme Jonathan précédemment (19 : 4). Il a ensuite la délicatesse de taire le mensonge de David. Ce court plaidoyer ne peut atteindre la conscience de Saül qui ordonne le massacre. Le temps où le roi désirait être honoré devant le peuple (15 : 30) est révolu. Dans un endurcissement irréversible, il met le comble à son inconduite en n’hésitant pas à couper le dernier lien (la sacrificature) qui rattachait le peuple à son Dieu.
            L’attitude des serviteurs est courageuse : ils osent résister en face aux ordres du roi courroucé car ils sont conscients de la dignité des « sacrificateurs de l’Eternel » (v. 17). Ils illustrent à l’avance ce que Pierre dira aux chefs des Juifs : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Act. 5 : 29). Doëg, seul, accepte volontiers ce travail épouvantable, et met à mort toute la famille sacerdotale. Saül y ajoute la destruction de Nob, la ville des sacrificateurs, et de tous ses habitants. David, dans le psaume 52 déjà cité, annonce le jugement futur final d’Edom (Ps. 52 : 5), confirmé par le prophète Abdias (Abd. 15). Toutefois, les mains criminelles de Doëg et de Saül accomplissaient le jugement de Dieu sur la maison d’Eli, déjà annoncé par Samuel au début de son service (2 : 31-36 ; 3 : 12-14). Ainsi, Dieu exerce son juste gouvernement par les instruments qu’il choisit. Mais ceux-ci ne sont pas pour autant dégagés de leur responsabilité, et devront répondre de leurs crimes.

                                    Abiathar auprès de David (v. 20-23)

            Le diable fait toujours une œuvre qui le trompe. Il avait incité Saül à tuer tous les sacrificateurs ; mais le premier effet de ce massacre est de conduire auprès de David le seul rescapé de la sacrificature, Abiathar. Quel encouragement pour ce jeune sacrificateur que ses belles paroles d’accueil (v. 23) ! Il s’identifie à David dans le danger ; il le sera aussi dans une même protection et une même délivrance.
            De son côté, David est conscient qu’il est en partie à l’origine de ce drame (v. 22). S’il nous est souvent impossible de réparer toutes les conséquences de nos fautes, cherchons toutefois à le faire dans la mesure de nos possibilités.
            Si nous considérons maintenant David comme un type du Seigneur, nous voyons l'indissoluble lien de vie qui existe entre Lui et nous (v. 23). Et combien de fois avons-nous pu expérimenter que plus notre communion avec le Seigneur est profonde, plus nous éprouvons que nous sommes gardés !

 

CHAPITRE 23

                        David à Kehila (v. 1-13)

                                    La délivrance de Kehila (v. 1-5)

            Les habitants de Kehila (grande ville de Juda, située à environ 6 km au sud d'Adullam) sont occupés à moissonner et à battre le blé dans les aires, une occupation qui se faisait habituellement dans la joie. Mais ici, elle était précaire, car les ennemis, les pilleurs, étaient toujours là, à l’affût (v. 1b).
            Après l’attaque des Philistins, il est surprenant que ce soit David et non Saül qui soit mis au courant. Il semblerait que David joue déjà en partie le rôle de roi (v. 8, 20b), puisque Saül avait manqué à sa responsabilité. David, avec une compassion de berger pour son peuple, est prêt à voler au secours de ses frères. S’abstenir serait pour lui un péché (Jac. 4 : 17). Toutefois, sans précipitation, il a le souci de connaître la volonté de Dieu. A une telle dépendance et un tel dévouement, l’Eternel répond très clairement (v. 2).
            Mais les compagnons de David n’ont pas avec Dieu des relations aussi intimes. Voyant la force de l’ennemi (en « troupes rangées », v. 3), et sentant par contraste leur propre faiblesse, ils ont peur (Marc 10 : 32 ; Jean 11 : 8). Dans sa miséricorde, sans faire de reproche, Dieu confirme sa première parole. Malgré ces craintes, David, à la tête de ses hommes, remporte une victoire complète à l’insu même de Saül (v. 5). N’avons-nous pas tendance à trop regarder à notre faiblesse en oubliant que Celui qui nous conduit au combat est le vainqueur de Satan ?
            De nos jours, l’ennemi aussi voudrait piller notre « blé » (notre nourriture spirituelle, c’est-à-dire le Seigneur des Ecritures). Comme David, tout croyant peut être victorieux par sa foi et sa piété, dans la dépendance de Dieu. Il n’a pas besoin de s’appuyer sur les moyens des organisations religieuses (représentées par Saül et son attirail de guerre). Mais il est invité à sortir « hors du camp » vers Celui dont David est le type. Le Seigneur fut notre libérateur ; il est et restera toujours notre pain du ciel, notre divine nourriture.

                                    La trahison de Kehila (v. 6-13)

            Non seulement Saül est étranger à cette victoire, mais elle le laisse totalement indifférent. Au contraire, il serait prêt à détruire Kehila délivrée si cela pouvait faciliter le seul objectif qui l’obsède : éliminer David. Il le hait plus que les Philistins, les ennemis du peuple.
            N’y a-t-il pas là un avertissement pour nos cœurs naturels ? Ne sommes-nous pas souvent plus ou moins passifs quant à l’évangélisation ou à l’édification fraternelle et en revanche pleins d’énergie pour militer avec véhémence dans des conflits individuels concernant nos proches ou nous-mêmes ?
            Quelle folie dans la prétention de Saül à croire que Dieu avait livré David en sa main (v. 7), alors qu’il savait au contraire que l’Eternel l’avait lui-même rejeté et avait choisi le fils d’Isaï !
            En contraste, David, soumis et craignant Dieu, connaît les secrets de l’Eternel dont il se nomme lui-même le serviteur (v. 10-11). Il veut éviter à Kehila un carnage comme celui de Nob (22 : 19).
            Mais il doit se rendre douloureusement à l’évidence. Victime de la haine de Saül, il l’est maintenant de l’ingratitude et de la lâcheté des hommes de Kehila qui préfèrent livrer leur bienfaiteur plutôt que de risquer les représailles du roi. David illustre cette parabole de l’Ecclésiaste : « Un homme pauvre et sage délivra la ville par sa sagesse ; mais personne ne se souvint de cet homme pauvre » (Ecc. 9 : 15). Là encore, David est un type de notre Seigneur pour qui on n’a eu « aucune estime » (Es. 53 : 3) et à qui on a rendu le mal pour le bien (Ps. 109 : 5).
            Prenons garde à éliminer de nos cœurs cette ingratitude qui s’y trouve en germe, pour toujours rendre grâces à notre divin libérateur. David ne perd pas confiance en son Dieu ; peut-être est-ce à ce moment qu’il écrit le psaume 31 où il dit : « Tu ne m’as pas livré en la main de l’ennemi » (v. 8). En effet, Dieu conserve la haute main sur tout : David et ses hommes quittent la ville et Saül renonce à son projet.


                        David au désert de Ziph (v. 14-23)

                                    David et Jonathan (v. 14-18)

            La petite troupe de David se trouve maintenant dans le désert de Ziph (cette ville est située à 7 ou 8 km au sud d'Hébron, dans la direction d'En-Guédi, à la même latitude que cette oasis) (v. 14). Bien qu’augmentée de deux cents hommes (v. 13 ; 22 : 2), elle reste beaucoup plus légère et mobile que le peuple de guerre conduit par Saül ; aussi, échappe-t-elle sans cesse aux recherches du roi. En revanche, Jonathan retrouve aisément son ami. Quel rafraîchissement pour eux deux ! C’est leur dernière entrevue, mais ils ne le savent pas. Jonathan ajoute une clause à leur serment : que lui règne en second sur Israël après David. Il espère survivre à son père. David est fortifié par les paroles de foi et d'espérance de Jonathan (v. 16). Il en a bien besoin, entre la trahison de Kehila et les complots des Ziphiens. Cette scène dirige nos pensées vers Christ, l’homme de douleurs ici-bas. Au moment où il allait connaître haine, violence, trahison et reniement, il a connu la douceur du souper de Béthanie et du parfum répandu par l’amour d’une femme dont le geste intelligent répondait au désir de son cœur (Jean 12 : 1-8).
            Combien plus nous-mêmes avons besoin d’être encouragés. Voyons le but d’amour que Dieu poursuit en nous éprouvant et fixons les yeux sur celui qui, avant nous et plus que nous, a enduré l’épreuve (Héb. 12 : 2). Cette rencontre dans le bois aurait pu être décisive pour Jonathan. Il avait prouvé son amour pour David à plusieurs reprises (19 : 2, 4 ; 20 : 12-17, 34). Il restera pourtant dans la maison de son père Saül, sans toutefois rejoindre son armée. Là encore, Jonathan est l’image des croyants qui n’ont pas la force de rompre avec un système religieux condamné de Dieu, où le Seigneur n’a pas la place qui lui est due. Ils savent bien comment trouver le Seigneur (v. 16a) mais ils refusent de s’associer à son humiliation (v. 18b). Il est impossible pour les chrétiens d’avoir une part maintenant avec les autorités de ce monde-ci et une autre dans le monde à venir. Comme Jonathan, la gloire leur sera refusée, car le principe divin demeure : « Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » (2 Tim. 2 : 12).

                                    La trahison des Ziphiens (23 : 19-23)

            La trahison des Ziphiens a dû être pour David plus douloureuse que celle de Doëg, car ici il ne s’agit pas d’Edomites, mais de gens de son propre peuple et même de sa propre tribu. Quand les Ziphiens parlent à Saül, celui-ci se réjouit, comme se réjouiront plus tard les sacrificateurs aux paroles de Judas, le traître (Luc 22 : 5). Aveuglé par sa haine, sans pudeur morale ni dignité, le roi ose accompagner son complot d’un semblant de piété en prenant le nom de l’Eternel en vain (v. 21). Puis il calomnie son gendre, dont le caractère n’avait pourtant rien de rusé ou de ténébreux.
            Le psaume 54 exprime l’intensité des besoins de David à ce moment-là ; mais il contient malgré tout une louange. Même si nous sommes pressés de toute part, nous pouvons continuer à adorer.

                                    David au désert de Maon (23 : 24-28)

            Au moment où David et sa troupe vont être pris par Saül, Dieu intervient et les délivre du « piège des oiseleurs » (Ps. 124 : 7). Combien nombreux et variés sont les moyens que Dieu emploie ! Car tout est dans sa main.
                    – A deux reprises, David avait déjà évité la lance de Saül (18 : 11).
                    – Puis, assiégé dans sa maison, il s’était échappé grâce à Mical.
                    – Ensuite, Jonathan avait dissuadé son père d’exécuter son complot (19 : 5).
                    – Réfugié chez Samuel, David fut gardé, grâce à l’Esprit de l’Eternel qui saisit Saül.
                    – Il fut délivré de Kehila par la parole de Dieu.
                    – Enfin, ici, Dieu se sert des Philistins pour procurer une trêve (23 : 28).


CHAPITRE 24

                        David épargne Saül aux lieux forts d'En-Guédi (v. 1-23)

                                    David dans la caverne (24 : 1-8)

            David met à profit cette diversion pour s’enfuir dans la région d’En-Guédi. Dans les étapes de sa fuite, David ne perd pas sa confiance en son Dieu, mais il le recherche et compte sur sa délivrance, comme le montre le beau Psaume 63, écrit à ces moments-là.
            Le résultat de cette dernière rencontre des Philistins avec Saül n’est pas révélé. Quoi qu’il en soit, sa première préoccupation reste de faire mourir David (24 : 3). Il passe donc, sans transition, du combat contre les vrais ennemis d’Israël à celui contre le sauveur d’Israël. Ainsi une activité de piété apparente peut rapidement faire place à une attaque contre les intérêts de Christ.
            Dieu intervient providentiellement une fois de plus : il permet que parmi la multitude des cavernes de la région, Saül choisisse précisément pour s’y reposer celle où se trouvait David (v. 4). Il ne sait pas qu’il se met ainsi à la merci de celui qu’il poursuit.
            David aurait pu interpréter cette occasion comme permise par Dieu pour se venger de Saül, ainsi que ses compagnons le lui suggèrent (v. 5). Mais son attitude montre sa miséricorde et sa dépendance de son Dieu. De ces six cents hommes, il est le seul à connaître la pensée de Dieu, qui était et qui demeure encore grâce et miséricorde.
            Quel beau type du Seigneur et quel exemple pour nous ! A Jacques et Jean qui voulaient faire descendre le feu du ciel sur des Samaritains, le Seigneur répondra : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés » (Luc 9 : 54-55). Dans sa douceur parfaite, il dira plus tard à Pierre : « Remets l’épée dans le fourreau » (Jean 18 : 11). Le Seigneur est venu ici-bas pour sauver et non pour juger, même s’il doit le faire plus tard (Ps. 2 : 9-11 ; Jean 5 : 22). A l’image de notre Sauveur, ne nous faisons donc pas justice nous-mêmes. Nous ne devons pas, par des moyens humains, chercher à aider Dieu à accomplir son propos. Pendant le temps de la grâce, soyons miséricordieux et possédons nos âmes par notre patience (Luc 21 : 19).
            David s’approche tout près de Saül pour couper avec son épée le pan de son manteau. Mais, même pour cet acte qui ne semble pas très important, il est repris dans son cœur. Sa conscience ne lui reprochait rien, mais son geste ne manquait-il pas de respect ? N’avait-il pas porté atteinte à la dignité de l’oint de l’Eternel ? L’onction de Saül était plus importante pour lui que l’état de son cœur. Quel exemple pour ses hommes qui, reconnaissant l’autorité morale de leur chef, lui obéissent sans hésiter (v. 8) !

                                    David hors de la caverne (v. 9-16)

            Sortant après Saül de la caverne, David s’adresse à lui. Avec déférence et délicatesse, il accuse d’abord les mauvais conseillers du roi, puis il se justifie clairement et simplement (v. 10-12). Il fait appel à l’arbitrage divin. Comme Christ plus tard, il s’en remet « à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 23). Dans le proverbe cité (v. 14), Saül est bien obligé de se compter parmi les méchants. David affirme qu’il ne changera pas de conduite à son égard (v. 14). Enfin, il s’abaisse en se comparant à un chien mort, à une puce (v. 15 ; 2 Sam. 9 : 8 ; Matt. 15 : 27). Il conclut sur une note de foi et d’espérance (v. 16). Si Dieu est pour lui, qui sera contre lui ? (Rom. 8 : 31).

                                    La réponse de Saül (v. 17-23)

            La réaction de Saül présente toute l’apparence d’une vraie conversion : pleurs, confession, jugement de soi, reconnaissance de la justice de David, et même prophétie sur sa royauté future. Saül va jusqu’à appeler la bénédiction de Dieu sur David et à lui demander une faveur. Sa clairvoyance (v. 21) le rend d’autant plus responsable. Mais la chair peut-elle changer ? Saül restera tel qu’il est et se montrera même par la suite pire qu’avant. David a la sagesse de ne pas se fier à ces belles paroles et il remonte dans le lieu fort. Peut-être est-ce à ce moment qu’il écrit les psaumes 7 et 57 où, comme toujours, il exprime sa confiance et sa louange (Ps. 7 : 4 ; 57 : 3). Alors, Saül s’en retourne, sa violence apaisée pour un temps.
            Quant à nous, nous pouvons être reconnaissants si dans nos pays la persécution brutale nous est épargnée. Mais ne prenons pas nos aises dans un monde qui, malgré les apparences, reste ennemi de Jésus Christ. Moralement, la seule place de sécurité pour le chrétien est « le lieu fort ». Restons donc sur nos gardes, en attendant le jour où les armes de la foi ne seront plus nécessaires, le jour de la victoire finale sur le mal, celui du repos éternel.

 

CHAPITRE 25

                        La mort de Samuel (v. 1)

            La mort de Samuel marque le début de la dernière période de la triste vie de Saül. L’homme choisi par Dieu pour oindre le roi selon la chair (Saül) puis le roi selon la grâce (David), disparaît. Le peuple est unanime pour se lamenter. C’est bien souvent après leur mort qu’on se rend compte du privilège qu’on avait connu de vivre avec de tels hommes de Dieu.
            Un grand prophète se tait et avec lui un intercesseur que Jérémie mettra au même rang que Moïse (Jér. 15 : 1). Voilà le peuple livré à lui-même, comme un navire sans boussole ni gouvernail. On est certes toujours disposé à construire de beaux sépulcres ou à ériger des mémoriaux, mais se souviendra-t-on des avertissements qui ont été prodigués ?
 

                        David chez Nabal (v. 2-44)

            David est maintenant à Paran, un grand désert situé au sud du pays, près de la mer Rouge. Là, il va connaître des circonstances d’où Saül est absent, mais qui seront pour lui une expérience profitable.

                                    Nabal et Abigaïl (v. 2-4)

            Pour introduire la scène qui va suivre, l’Esprit commence par en décrire les acteurs. Nabal présente une triste personnalité (v. 3, 10-11). Il a un trait commun avec son ancêtre Caleb : l’énergie. Mais Caleb avait mis cette faculté au service de sa foi ; il avait livré ses « membres à Dieu comme instruments de justice », alors que Nabal les livrait « au péché comme instruments d’injustice » (Rom. 6 : 13). Cet exemple montre que la foi n’est pas héréditaire.
            Si Nabal signifie « fou, impie », Abigaïl signifie « joie de son père ». Elle était belle et intelligente, en complet contraste avec son mari. Dieu se servira de sa sagesse pour se glorifier en elle.
            Ce couple habitait à Maon dont la signification, « lieu de séjour », suggère la confiance dans les richesses de la terre. Les affaires, pour l’heure, le retenaient à Carmel, nom qui signifie « jardin fertile ». (Maon et Carmel faisaient partie d'un groupe de dix villes de Juda (Jos. 15 : 55). Ce Carmel n'est pas le même que le mont Carmel qui domine la Méditerranée au nord-ouest de la Samarie).
            Nabal présente des traits communs avec l’homme riche de la parabole du Seigneur (Luc 12 : 16-21). Disposant tous deux de grands biens dans lesquels ils se confient, ils sont occupés à faire bonne chère. Mais ils sont l’un et l’autre insensés et seront retirés sans délai de ce monde.
            Ce récit fait apparaître un double contraste : d’une part entre Nabal et sa femme, d’autre part entre Nabal et David. Abigaïl est une belle image de l’église au commencement de son histoire et Nabal un type de l’apostasie chrétienne qui s’empare de l’héritage de la foi tout en rejetant l’héritier, le Fils de David, Jésus Christ.
            L’occupation de Nabal était de tondre ses moutons. David, lui, était berger. Or il est remarquable que, dans les Ecritures, la tonte des moutons soit toujours en relation avec un grave péché moral. (Voir le cas de Juda dans Genèse 38 : 12 et d'Absalom dans 2 Sam. 13 : 23). Cet acte suggère symboliquement un mauvais usage du troupeau, qu’un berger infidèle détourne à son profit. Une bénédiction ne peut être donnée que s’il y a eu sacrifice. Beaucoup de personnes recherchent le secours des bénédictions divines sans réaliser qu’elles ne peuvent être accordées que comme résultat de la mort de Christ.

                                    La demande de David (v. 5-11)

            David a le sentiment d’avoir droit à une part de l’abondance de Nabal. Il saisit l’occasion des festivités liées à la tonte pour lui envoyer des messagers de paix. En effet, ses hommes armés avaient spontanément surveillé les troupeaux de Nabal (v. 15, 21). Aux dires du jeune homme de Nabal, ce travail n’était pas de tout repos, comme Jacob l’avait fait autrefois remarquer à Laban (Gen. 31 : 40). De telles habitudes de solidarité étaient courantes en Orient (Ex. 2 : 17). Aussi, l’humble requête de David était-elle naturelle. Il ne demandait à Nabal que de partager son superflu (v. 8), ne désirant de lui qu’un don librement consenti.
            Quelle belle occasion pour Nabal de lui manifester sa reconnaissance ! Et même quel privilège d’aider pendant son rejet celui qui régnera sur tout Israël ! Ainsi, s’il avait été « libéral, prompt à donner », il se serait amassé « comme trésor un bon fondement pour l’avenir » (1 Tim. 6 : 18-19). Hélas, son attitude est tout autre. Egoïste et méprisant, il ne reconnaît à David aucun droit. Au contraire, il prend le parti de Saül en l’accusant de n’être qu’un serviteur en fuite, infidèle à son roi. Pourtant Nabal ne pouvait ignorer les mérites de David, si souvent victorieux, ni le motif de sa fuite. Il ne se rend pas compte de la perte qu’il fait, ni du jugement qui l’attend.
            L’application est claire et solennelle : les hommes du monde (symbolisés par Nabal) se confient dans leurs richesses comme si leur vie était dans leurs biens (Luc 12 : 15). Ils ne savent pas qu’ils ont un protecteur invisible et providentiel, « donnant du ciel des saisons fertiles, remplissant leurs cœurs de nourriture et de joie » (Act. 14 : 17). En rejetant l’évangile (représenté par les dix messagers), ils rejettent Christ, la seule source des biens meilleurs et permanents (Héb. 10 : 34).

                                    Le désir de vengeance de David (v. 12-17)

            David n’aurait-il pas eu ici une nouvelle occasion de montrer sa magnanimité ? Même si sa réaction est humainement compréhensible, elle montre un changement complet d’état d’esprit chez lui. Se peut-il que le doux psalmiste d’Israël, jusque-là patient, débonnaire et respectueux de son ennemi, soit maintenant dominé par une colère passionnée et meurtrière ? Si Nabal était orgueilleux et insolent, il n’était toutefois pas agressif ; il était bien moins dangereux que Saül et il semblait d’autant plus facile de l’épargner.
            Il est significatif que cette réaction charnelle de David suive immédiatement la mort de Samuel. Maintenant que l’homme de Dieu n’est plus là, on oublie ses avertissements et la crainte de l’Eternel s’affaiblit.
            David cesse d’être le type du Seigneur abaissé et rejeté. L’heure de la vengeance n’a pas encore sonné. Aussi, David et ses hommes ont-ils eu grand tort de ceindre leur épée (v. 13). Dans un jour futur, Christ ceindra son épée contre ses ennemis (Ps. 45 : 3), mais aujourd’hui il use encore de grâce.
            Ainsi, les leçons du passé qui paraissent les mieux apprises (ch. 24) peuvent être vite oubliées. La chair du croyant n’est pas meilleure que celle de tout homme. Nous sommes bien souvent enclins à défendre jalousement nos droits au lieu de montrer patience et renoncement. Or « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jac. 1 : 20).

                                    Les préparatifs d’Abigaïl (v. 18-22)

            Comme l’avait compris le serviteur de Nabal (v. 14), Abigaïl seule pouvait dénouer la situation dans laquelle s’était mis son mari en refusant d’aider David. Sentant la vengeance de David imminente, elle se hâte (v. 18, 23).
            Elle ne doute pas de la grâce de David, mais craint d’arriver trop tard. De même, aujourd’hui, la grâce de Dieu est à la disposition de tous les hommes (Tite 2 : 11), mais elle ne durera pas toujours (Es. 55 : 6).
            Abigaïl vient avec une offrande de paix. En effet, « un présent calme une violente fureur » (Prov. 21 : 14).

                                    Le plaidoyer d’Abigaïl (v. 23-31)

            Abigaïl se présente devant David et fait un long plaidoyer. Par son attitude exemplaire, elle montre :
                   – de l’humilité, dans sa conduite (v. 23-24) et ses paroles (v. 24) ;
                   – de la clairvoyance, en jugeant objectivement l’état de son mari (v. 25) ;
                   – de la sagesse : sans chercher à se justifier, elle prend sur elle la culpabilité de Nabal (v. 24, 28) ;
                   – de la délicatesse en montrant à David le mal dans lequel il avait failli tomber et le regret qu’il aurait pu en éprouver (v. 26, 31) ;
                   – du discernement sur la position de David : elle le nomme treize fois son « seigneur » dans ce paragraphe, elle reconnaît la nature de ses combats (v. 28), elle a la certitude que la bénédiction de Dieu repose sur lui (v. 30) ; sa vie est « liée dans le faisceau des vivants », ou, selon une autre traduction, « gardée dans l’écrin de la vie », comme une pierre précieuse.
            Pour elle, Saül n’était qu’un homme (v. 29) qui cherchait la vie de l’oint de l’Eternel. Aussi assimile-t-elle les ennemis de David à une simple pierre qui serait jetée au loin, comme avec une fronde – allusion probable au combat contre Goliath.
            Enfin, sa dernière requête – « Souviens-toi de ta servante » (v. 31) – rappelle celle du brigand sur la croix : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume » (Luc 23 : 42). De même que la démarche d’Abigaïl a complètement annulé le comportement odieux de son mari, la confession du brigand a annulé les injures qu’il avait prononcées aux premières heures de la croix. La foi, chez Abigaïl comme chez le brigand, leur fait regarder vers l’avenir avec espérance. Mais, en fait, l’avenir dépassera leur espérance : l’une deviendra la femme du roi, l’autre sera le jour même en présence de son Sauveur dans le paradis.

                                    La réponse de David (v. 32-35)

            David reçoit la leçon comme de la part de Dieu. Il abandonne ses projets de vengeance et se replace entre les mains de l’Eternel. Il n’attendra pas longtemps pour comprendre à quel point il a bien fait.
            Dans sa réponse à Abigaïl, David reconnaît qu’elle a agi à la gloire de l’Eternel, de qui elle tenait sa sagesse. Il bénit donc d’abord Dieu, puis loue la sagesse de cette femme et enfin la bénit. Il lui promet la paix (v. 35), cette paix même que Nabal avait refusée (v. 6) mais dont Abigaïl avait besoin pour accepter sa triste condition de compagne de Nabal. C’est aussi un encouragement pour un nouveau converti : le Seigneur, qui l’a reçu en paix, ne change pas ses circonstances immédiatement, mais l’aide désormais à les supporter dans la paix qu’il donne à chacun des siens.

                                    L’intervention de Dieu (v. 36-39)

            Abigaïl a la sagesse d’attendre que l’ivresse de Nabal soit passée pour le mettre au courant (Osée 4 : 11). Le lendemain, le récit de sa femme le frappe d'une terreur comparable à celle de Belshatsar à la vue de l’écriture sur le mur (Dan. 5 : 6). Son cœur « devint comme une pierre » (v. 37).
            Puis, Dieu frappe à nouveau Nabal, mais à mort cette fois. David n’avait donc ni besoin ni le droit d’agir à la place de l’Eternel (v. 39).

                                    La récompense d’Abigaïl (v. 39-42)

            Lorsque son mari meurt, une femme est « déliée de la loi du mari » (Rom. 7 : 2). Abigaïl est donc libre et David s’empresse de la demander pour femme. Pour la troisième fois dans ce récit, Abigaïl se hâte (v. 42) ; par un acte de foi résolu, elle est prête à échanger son opulence passée pour la vie précaire de David. Dans une profonde humilité, elle consent aussi à s’abaisser jusqu’à laver les pieds des serviteurs de son seigneur (v. 41). Elle attribue ainsi à celui-ci une gloire d’autant plus grande.
            Comme Ruth, Abigaïl est devenue veuve après un jugement de Dieu et, comme elle, elle est ensuite unie à son bienfaiteur. David, lui, est doublement satisfait (v. 39) : il constate la justice immanente de Dieu et il prend pour épouse une femme dont il avait apprécié la sagesse et la beauté.
            Ce récit peut aussi revêtir une signification symbolique. Nabal représente Israël qui a eu la folie de méconnaître le Seigneur de gloire (1 Cor. 2 : 8). Il évoque aussi l’apostasie chrétienne de la fin et, plus généralement, tout homme qui méprise Jésus, le Fils de Dieu. Abigaïl symbolise tous ceux qui ont reconnu en Jésus Christ le futur dominateur universel et qui ont reçu le témoignage de la grâce (les dix messagers de David à Nabal, v. 5). Quant à sa position, l’Eglise est libérée du péché et du monde, comme Abigaïl l’est de Nabal. La présence ici-bas de l’Assemblée retarde le jugement qui est suspendu sur le monde. Elle est unie en Esprit à Christ, qui est encore rejeté ; elle partage aujourd’hui son opprobre, avant de participer à sa gloire future. Mais, dès maintenant, le cœur du Seigneur se réjouit en son Eglise, comme David le fit en Abigaïl (Ps. 45 : 11).
            Abigaïl est la troisième femme pieuse présentée dans ce livre, après Anne (femme de louange qui chante la gloire à venir) et la femme de Phinées (femme de deuil qui pleure la gloire perdue). Pour les maris chrétiens, elle peut aussi représenter la femme que le Seigneur leur a donnée et qui, par ses conseils pleins de sagesse, modère leur tempérament en les incitant à laisser Dieu agir.

                                    Les femmes de David (v. 43-44)

            Akhinoam, autre femme de David, fut la mère d’Amnon, le fils aîné de la famille (2 Sam. 3 : 2). Mical, fille de Saül, était la femme que David avait gagnée par son zèle et son courage. Elle lui avait été enlevée, pour être donnée à un autre, probablement pour marquer plus nettement la rupture de Saül avec son gendre.


CHAPITRE 26

                        David épargne Saül chez les Ziphiens

            Ce chapitre rapporte la dernière rencontre entre David et Saül. L’apaisement de ce dernier (24 : 17-23) aura été de courte durée et sa haine meurtrière contre David réapparaît bien vite.
            Il semble que la disparition de Samuel, dont l’autorité morale inspirait la crainte, favorisa plusieurs tristes événements : la colère de David contre Nabal (ch. 25), la récidive des Ziphiens et la réapparition de l’animosité de Saül (ch. 26) et enfin, la nouvelle défaillance de David qui retournera en Philistie (ch. 27).

                                    La foi en présence du danger (v. 1-4)

            Les Ziphiens récidivent : une fois de plus, ils avertissent Saül de la présence de David chez eux (23 : 19). Leur rapport, comme un souffle sur des braises, n’a pas de mal à ranimer chez Saül une haine qui couvait (encore). Ils prennent le parti d’un roi réprouvé contre l’homme de leur tribu que Dieu avait choisi.
            Notre monde christianisé n’est pas différent : officiellement, il reconnaît Christ, mais en pratique il est « ennemi de la croix de Christ » (Phil. 3 : 18). Plusieurs se satisfont d’une apparence de piété, mais leur cœur et leurs pensées, éloignés de Dieu, se concentrent sur les choses de la terre.
            Quant à nous, chrétiens, évitons soigneusement de ranimer des querelles en rapportant des faits – vrais ou faux – qui seront de nature à semer la discorde entre frères. C’est l’une des sept choses que l’Eternel hait (Prov. 6 : 19).
            Conscient des desseins de Dieu, Saül continue néanmoins, par ses efforts personnels, à poursuivre son but : conserver le royaume pour lui et pour sa descendance. Il se lance donc à la poursuite de David avec une forte troupe (13 : 2 ; 24 : 3 ; v. 2).

                                    Le courage de la foi (v. 5-12)

            Cette scène n’est pas sans ressemblance avec celle du chapitre 24. Cependant, dans le premier cas, David s’était trouvé involontairement en présence de Saül. Ici, au contraire, il prend l’initiative de s’exposer personnellement. Renseigné par ses espions (v. 4), il s’avance de nuit vers le camp de Saül. Comme autrefois un autre héros de la foi (Héb. 11 : 32), Gédéon, David est sans peur dans le camp ennemi. Est-ce un geste de témérité inconsciente ou bien un acte de foi ? Il semble qu’il ait voulu prouver une nouvelle fois à Saül ses intentions bienveillantes.
            Un seul homme accompagne David ; Abishaï, l’un des trois fils de Tseruia, sœur de David (1 Chr. 2 : 15-16), répond à l’appel de son chef. Christ cherche de notre part un engagement spontané à le suivre.
            Bien involontairement, Abishaï impose à David une épreuve supplémentaire. Animé d’une loyauté sincère, il l’incite à se venger. Les circonstances étaient favorables : le sommeil général, la lance disponible. Dieu permet ce sommeil providentiel afin de protéger les deux hommes et non pour faciliter la vengeance. Il se propose même de tuer Saül à la place de David si celui-ci répugne à le faire. Ne serait-ce pas une juste rétribution que Saül soit percé par sa propre lance avec laquelle il avait à plusieurs reprises essayé de frapper David, et même Jonathan ? La Parole semblait même pouvoir justifier une telle action, car il est écrit que Dieu fait tomber dans la fosse ceux qui l’ont creusée (Prov. 28 : 10). Mais David discerne le piège que lui tend Satan, et dont Abishaï s’était fait involontairement l’instrument. En tuant Saül, il aurait perdu l’honneur de celui qui fait grâce et se serait souillé du sang de l’oint de l’Eternel. Alors David reste ferme et se confie en Dieu. Plus droit encore qu’à En-Guédi, il ne fait rien qu’il puisse plus tard regretter un tant soit peu (24 : 6).
            Quelle puissante exhortation pour nous, si prompts à partir en guerre dès la première agression et si souvent attachés à défendre nos droits !
            Les deux hommes enlèvent à Saül sa lance (l’arme offensive) et sa cruche (la source de rafraîchissement) : matériellement et spirituellement, le roi est privé de ces deux ressources. Quiconque persévère dans un chemin de désobéissance perdra aussi la puissance et le réconfort de la parole de Dieu.

                                    Le témoignage de la foi (v. 13-20)

            David, prudent et sage, attend d’être loin pour interpeller Saül et Abner. Alors, il reproche à ce dernier sa défaillance à assurer la protection du roi (v. 14-16). On peut noter que David s’intéresse à la sécurité de Saül. Cette sollicitude est aussi celle du croyant spirituel pour les hommes du monde qui courent à la perdition ; elle est bien plus authentique que l’entraide uniquement matérielle des incrédules.
            Puis David interpelle la conscience de Saül (v. 18-20). Plus solennellement encore qu’au chapitre 24, il le met en garde contre la gravité de sa conduite. Le sens du verset 19 est peu clair. L’offrande est toujours le signe de l’approbation de Dieu (Gen. 4 : 4 ; Jug. 13 : 23). Combien grande est la responsabilité de ceux qui persécutent le peuple de Dieu, par les moqueries, les injures ou la violence. Si c’est la volonté de l’Eternel, David ne refuse pas de mourir (v. 20), mais il désire que la mort ne le sépare pas de son Dieu.
            Enfin, David constate que sa faible escorte est hors de proportion avec le déploiement de force de Saül. Ne pensons-nous pas à toute la troupe armée venue à Gethsémané chercher le Seigneur, lui qui n’était entouré que de quelques disciples ? (Matt. 27 : 27).

                                    La foi reconnue (v. 21-25)

            Les belles paroles de Saül ne trompent pas David. Le roi n’avait-il pas déjà confessé plusieurs fois son iniquité sans l’abandonner (15 : 24, 30 ; 19 : 6 ; 24 : 18) ? L'homme de foi ne peut plus faire confiance aux promesses humaines, mais il se confie en Dieu et ne veut dépendre que de lui. David peut rendre à Saül sa lance qui n’a aucun pouvoir contre lui : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8 : 31).
            « L’Eternel rendra à chacun sa justice (c'est-à-dire sa sincérité, sa droiture) et sa fidélité » (v. 23) : il s’agit d’un principe général et immuable ; Dieu seul peut peser les motifs du cœur et agir envers chacun selon ce qu’il discerne parfaitement (Gen. 18 : 25), même si la rétribution est parfois différée.
            La bénédiction de Saül a bien peu de valeur (v. 25) ; peu auparavant, il avait béni les traîtres de Ziph (23 : 21). Mais il est obligé de reconnaître la grandeur de son ennemi. Un jour viendra où même les êtres infernaux se prosterneront devant le Seigneur (Phil. 2 : 10-11).
            C’était la dernière rencontre de David et de Saül.
            David s’en va « son chemin », le chemin qui va le conduire finalement à la gloire.
            Saül, lui, retourne « en son lieu », vers un abîme effrayant.


D'après « Sondez les Ecritures » (vol. 7)

A suivre