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Etre dans le désert et chanter

 

Extrait d'une méditation sur le Psaume 63

            Il est surprenant d'entendre quelqu'un chanter dans un désert, un lieu ordinairement terrible et désolé. Or David était dans le désert de Juda, mais il y réalisait ce qu'expriment les paroles du cantique ci-dessous : son cœur était gardé de murmurer. Le Psaume 63 est avant tout un chant de louange et de joie, car David n'était pas seul dans ce désert : Dieu était avec lui.
            David a connu l'adversité. Il a eu contre lui le roi Saül, de nombreux ennemis et même sa propre famille. De tous côtés, il a été harcelé pendant toute sa vie ; plus tard il devra même fuir les siens, s'exiler. A présent il est là, dans le désert de Juda. Que va-t-il faire ? Va-t-il être déprimé, tout abandonner, renier son Dieu qui l'avait choisi pour le mettre au poste le plus élevé du pays en le désignant comme roi ? C'est l'inverse ! Au milieu des vents et des courants contraires, son cœur va entonner une des plus belles mélodies qui soit, dans laquelle il exprime sa confiance et sa joie en Dieu - oui, là dans le désert ! C'est dans le premier livre de Samuel que nous voyons David dans ce lieu désolé ; Saül le cherche et veut se saisir de lui, mais Dieu ne le permet pas. C'est comme s'il y avait une haie de protection autour de lui. « Dieu ne le livra pas en sa main » (1 Sam. 23 : 14).


« O Dieu ! Tu es mon Dieu » (v. 1a)

            Une paisible assurance remplissait le cœur de David : dans le désert il n'était pas seul en face de son ennemi, avec les difficultés de ravitaillement, les dangers de toute sorte et les bêtes sauvages qui hantent ces lieux. Dieu était là, il en avait conscience et il peut s'écrier : « Ô Dieu ! tu es mon Dieu ». Cette connaissance intime et personnelle de Dieu, David l'avait acquise peu à peu ; déjà quand il gardait les troupeaux de son père et voyait un lion ou un ours venir pour ravir un mouton du troupeau, il s'avançait pour délivrer la bête menacée. Instruit par ces expériences, David se voyait comme étant lui-même la brebis du céleste Berger et il a pu composer le Psaume 23. Certes les difficultés n'ont pas manqué, mais sa connaissance de Dieu a crû en même temps que les difficultés augmentaient. C'est parce que David, dès sa jeunesse, avait eu ces contacts avec Dieu, qu'au moment où l'adversaire se dresse devant lui il s'écrie : « Ô Dieu! tu es mon Dieu ». Dès le matin, à quoi va-t-il penser ? Va-t-il envoyer quelques messagers pour épier les manœuvres de ses ennemis et les déjouer ? Va-t-il se préoccuper du ravitaillement de la journée, en plein désert ? Regarder si, dans son entourage immédiat, il n'y a pas quelque espion comme il y en a déjà eu ? Non : « Je te cherche au point du jour ». Dès le matin il cherchait Dieu ; c'est la première de ses préoccupations. Est-ce aussi la nôtre ?


« Je te cherche au point du jour » (v. 1b)

            Chers amis, quelle est la première de nos pensées quand nous prenons conscience que pour nous un jour nouveau va commencer ? Comme David disons-nous : « Je te cherche au point du jour » ? Au sujet du Seigneur Jésus, quand Il était sur cette terre, nous lisons en Marc 1 : 35 : «Levé sur le matin, longtemps avant le jour, Il se rendit dans un lieu désert, et il priait là ».
            Au milieu du désert se pose la grave question des ressources en eau. Il y a bien des citernes, mais souvent « crevassées » (Jér. 2 : 13), des points d'eau alimentés seulement les jours d'orage ; on y trouve des puits, mais généralement si profonds ! Pourra-t-on, avec une corde et un seau, arriver à la nappe d'eau ? L'eau est pourtant indispensable. Elle l'est aussi pour David. « Mon âme a soif » … de quoi ? D'eau ? Non : « Mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi, dans une terre aride et altérée, sans eau ».


« Mon âme a soif de toi » (v. 1c)

            Le même David dira : « J'étends mes mains vers toi ; mon âme, comme une terre altérée, a soif de toi. Sélah » (Ps. 143 : 6). Le terme Sélah indique une pause, un temps d'arrêt, peut-être de recueillement, de méditation. Chers amis éprouvés - qui ne passe pas par des difficultés, des souffrances ? -, écoutez alors cette prière, ce cri qui s'élève vers Dieu, du sein de l'épreuve : Mon âme, comme une terre altérée, a soif de toi. « Ma chair languit après toi, dans une terre aride et altérée, sans eau». Remarquons-le, tout au long du psaume, c'est toujours je et toi. Tu es mon Dieu, je te cherche… mon âme… Toi… Il y a ce tête-à-tête, cette rencontre, ce dialogue constant, du matin au soir, depuis le moment où les yeux s'ouvrent, et tout au long du jour : Toi et moi.
            David regarde autour de lui ; à perte de vue c'est le désert, les sables, les rochers, tout est aride, et pourtant il peut dire : « Pour voir ta force et ta gloire, comme je t'ai contemplé dans le lieu saint » (v. 2a). Il existe dans ce monde bien des « mirages » trompeurs que Satan place devant nous pour nous induire en erreur, nous faire perdre notre temps dans des directions sans issue. Mais David, en pleine connaissance de cause, désire voir quelque chose au milieu de ce désert, de ses sables et de ses rochers, il désire admirer la force et la gloire de Dieu, comme il les a contemplées dans le lieu saint. David savait s'asseoir devant son Dieu, lui parler en public, en privé ; il avait avec lui de ces rencontres extraordinaires (voir. 2 Sam. 7 : 18).


« Je t'ai contemplé dans le lieu saint » (v. 2b)

            Chers frères et sœurs, nous nous tenons le premier jour de la semaine dans la présence du Seigneur - il est question de sa force et de sa gloire - et, durant la semaine nous nous souvenons de cette rencontre et nous sommes encouragés dans notre étape à travers le désert et au milieu de toutes les difficultés. Nous nous souvenons que, chaque jour de la semaine, le jour comme la nuit, Dieu est notre Dieu. Et pour autant que nous Le cherchons, que nous avons soif de Lui, que nous nous détournons des mirages de ce monde et regardons à Lui, que nous nous abreuvons de Lui comme à la source des eaux vives, nos cœurs sont remplis d'actions de grâces. Oui, la louange pourra s'exprimer par la puissance du Saint Esprit lorsque nous Le rencontrerons de nouveau le dimanche durant le culte.
            Peut-on rester insensible et muet devant Celui dont David - qui n'avait pas les lumières que nous avons - déclare, mille ans avant la venue du Seigneur : « comme je t'ai contemplé dans le lieu saint » ? Béni soit notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ de ce qu'Il a préparé ce rendez-vous hebdomadaire où nous nous trouvons autour de Lui pour le contempler dans le lieu saint. Nous y recevons force et courage pour l'étape suivante à travers le désert, éprouvant, comme le peuple d'Israël, que le Rocher nous suit et ce Rocher est le Christ (1 Cor. 10 : 4). « Je t'ai contemplé dans le lieu saint… mes lèvres te loueront ».


« Mes lèvres te loueront » (v. 3b)

            En Exode 33, Moïse demandait à voir la gloire de Dieu. Si Dieu s'était manifesté dans sa gloire, Moïse aurait été consumé, mais Dieu annonce : « Je ferai passer toute ma bonté devant ta face ». Mieux que Moïse nous avons l'occasion de contempler la bonté, l'amour de Dieu, du Seigneur Jésus. Quel réconfort pour nous dans le désert de ce monde ! Quelle oasis durant notre course ! Au lieu de se laisser aller à murmurer parce que ce désert n'a pas d'eau, qu'il y a des bêtes sauvages, des ennemis, au lieu d'essayer de mettre sa vie hors de danger, de quoi David est-il occupé ? « Mes lèvres te loueront ». Et le voilà qui chante au milieu du désert !
            Pensons à l'encouragement pour la poignée d'hommes qui étaient autour de lui, d'avoir au milieu d'eux un tel homme de foi qui pouvait chanter en plein désert. « Ainsi je te bénirai durant ma vie » (v. 4a). Ce n'est pas une communion passagère. Non, « durant ma vie, j'élèverai mes mains en ton nom » (v. 4b). On se souvient des mains de Moïse élevées sur la montagne, alors que, dans la plaine, Amalek s'avançait contre le peuple. Tant que ces mains de Moïse étaient élevées pour implorer le secours de Dieu, Israël avait le dessus (Ex. 17 : 11). Que Dieu veuille que nous ayons les mains levées au milieu de nos difficultés, de nos épreuves, sachant que Dieu est notre Dieu, qu'Il écoute et qu'Il répond, parce qu'Il est puissant et parce qu'Il est amour. Elevons aussi nos mains en faveur de tant de chrétiens en danger de tomber parce que, au lieu de regarder vers Dieu, ils regardent les difficultés (Deut. 25 : 18).


« Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse » (v. 5a)

            « J'élèverai mes mains en ton nom » (v. 4). Revenant à son état d'âme antérieur, David affirme : « Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse » ; et il est en plein désert ! La graisse, c'est ce qui, dans les sacrifices, appartenait à Dieu. Ainsi, au milieu du désert, David a une part commune avec Dieu. Il en est ainsi du chrétien qui apprécie avec le Père quelque chose de l'excellence de son Fils.
            Ah ! quand nous pensons que le Seigneur Jésus Christ est le Bien-aimé du Père, et aussi notre Bien-aimé, nous sommes « rassasiés de moelle et de graisse », parce que nous avons, vis-à-vis du Seigneur Jésus, la même appréciation que Dieu. Qu'il nous soit accordé de réaliser que nous sommes rassasiés de moelle et de graisse. Et si Satan cherche à nous effrayer en nous soufflant : Demain tu te trouveras en face de telle ou telle difficulté…, que nous puissions répondre : Peut-être, mais demain mon Dieu sera toujours mon Dieu !


« Ma bouche te louera avec des lèvres qui chantent de joie » (v. 5b)

            Mettant notre confiance en Lui, nous pouvons ajouter, avec ce magnifique verset : « Ma bouche te louera avec des lèvres qui chantent de joie ». Reportons-nous au chapitre 20 du deuxième livre des Chroniques. Alors que l'ennemi est prêt à attaquer Israël, le roi Josaphat donne le signal aux chantres ; et c'est au moment où l'on entonne le chant de triomphe et de louange que la déroute de l'ennemi commence ! Que Dieu nous accorde, à nous aussi, de savoir chanter au milieu de nos épreuves. N'est-ce pas l'exemple que nous donne le Maître Lui-même ? Dans le chapitre 26 de l'évangile de Matthieu, après l'institution de la cène et avant de se diriger vers la montagne des Oliviers avec ses disciples, Jésus chante une hymne avec eux. N'est-ce pas extrêmement émouvant, chers frères et sœurs, de penser que le Seigneur, sachant ce qui L'attendait durant les heures qui suivraient, a chanté devant ses disciples et avec eux ?
            Je crois que c'est un des plus heureux et plus puissants témoignages que peuvent rendre les enfants de Dieu dans ce monde, quand, au sein de l'épreuve, ils peuvent manifester, non seulement la confiance et la paix, mais aussi la joie, parce qu'ils ressentent la présence du Seigneur à leur côté. Lorsque Paul et Silas en priant chantaient les louanges de Dieu, et que les prisonniers les écoutaient, Dieu est intervenu pour les délivrer (Act. 16 : 25). Paul aurait pu penser aux murs, aux chaînes, aux soldats qui montaient la garde à côté de lui, au tribunal devant lequel il allait peut-être comparaître. Non, il pense à Dieu : « Ô Dieu ! tu es mon Dieu ». Il est en prison, blessé par les fers, et il chante !


« Tu as été mon secours » (v. 7a)

            Un serviteur de Dieu au cœur de l'Afrique a écrit que, lorsqu'il lui arrivait d'être réveillé au milieu de la nuit, il pensait que Dieu avait probablement quelque chose à lui dire à ce moment-là et, au lieu de s'énerver à chercher le sommeil, il prenait sa Bible et il y lisait, cherchant ce que son Père avait à lui dire. « Quand je me souviens de toi sur mon lit, je médite de toi durant les veilles de la nuit » (v. 6). Quelle communion : je, Toi. « Car tu as été mon secours, et à l'ombre de tes ailes je chanterai de joie » (v. 7). Très souvent dans les Psaumes il est question des ailes. Et nous pensons à cette parole du Seigneur : « Jérusalem, Jérusalem… que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! » (Luc 13 : 34). Y aurait-il quelqu'un que le Seigneur aurait voulu prendre sous ses ailes, près de son cœur, à l'abri, et qui n’aurait pas répondu ? - Non, je ne veux pas maintenant, une autre fois, plus tard, aurait-il dit répondu peut-être à une dernière invitation. Combien le cœur du Seigneur devait être brisé d'être obligé de dire : « Vous n'avez pas voulu ». Oh ! qu'Il ne dise pas cela d’aucun d'entre nos lecteurs !


« A l'ombre de tes ailes je chanterai de joie » (v. 7b)

            Dans la proximité du Seigneur, dans son intimité, on chante de joie, même quelquefois en pleurant. Paul écrit aux Philippiens une magnifique épître remplie de joie ; néanmoins, il mentionne plus d'un sujet de tristesse. « Soyez tous ensemble mes imitateurs » (Phil. 3 : 17), les imitateurs de celui qui chantait dans la prison ! L'apôtre voit que certains trouvaient leur nourriture dans la boue, la fange, et il en pleurait. Ce qui ne l'empêche pas d'écrire quelques lignes plus loin : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ». Si triste que cela soit, ceux qui font fi de la grâce de Dieu et crucifient pour eux-mêmes le Fils de Dieu, l'apôtre les abandonne à Dieu : Seigneur, use de grâce envers eux, tu vois leur endurcissement ; touche leurs cœurs, brise-les ; mais quant à moi, cela ne m'empêchera pas de me réjouir dans le Seigneur et d'encourager mes frères et sœurs à se réjouir en Lui.


« Mon âme s'attache à toi pour te suivre » (v. 8a)

            Ce verbe « s'attacher » est d'un très grand prix : le croyant fait, pour ainsi dire, corps avec son Dieu. « Ta droite me soutient » (v. 8b) : la main forte du Seigneur est là pour nous aider. Certes, des ennemis rôdent, qui cherchent notre vie ; mais le croyant ne s'y attarde pas, c'est l'affaire du Seigneur. Il s'en occupera à son heure. Le croyant a un but, un objet : être occupé du Seigneur. O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche le jour, la nuit ; je chante parce que tu es un Dieu fidèle.
            « Le roi se réjouira en Dieu » (v. 11a). En Romains 5, comme ici, nous avons toute une gradation dans les relations du croyant avec Dieu. Au début, nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu. Pourquoi ? Parce que nous avons été justifiés et, l’ayant été, nous avons la paix avec Dieu… ayant trouvé accès à cette faveur dans laquelle nous sommes ! Tout au long de ce psaume, David avait accès à cette faveur et il persévérait dans ces contacts, cette communion avec Dieu. Ce passage de l'épître aux Romains mentionne ensuite les difficultés extérieures, ce que l'on ressent dans le désert : « Non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience, et la patience l'expérience, et l'expérience l'espérance, et l'espérance ne rend point honteux, parce que l'amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné ». Et le couronnement de tout : « Et non seulement cela, mais aussi nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par qui nous avons maintenant reçu la réconciliation » (v. 11).
            Oui, nous nous glorifions en Dieu, et pas seulement dans ce qu'Il donne. Que sont les choses de la terre ? « Vanité des vanités, dit le Prédicateur… Tout est vanité (Ecc. 1 : 2). Le Seigneur seul demeure pour le temps et l'éternité. Qu'Il soit, dans le désert déjà, la source de nos joies et l'objet de nos affections !


                        Dans le désert où je poursuis ma route
                        
Vers le pays que je dois habiter,
                        
Que nul ennui, nul travail ne me coûte,
                        
Car c'est des cieux que je dois hériter.

                        O mon Rocher ! L'eau pure de ta grâce
                        
Coule vers moi pour me désaltérer ;
                        
De ton Esprit que la sainte efficace
                        
Garde mon cœur de jamais murmurer.

                        O mon Pays, terre de la promesse,
                        
Mon cœur ému de loin t'a salué !
                        
Dans les transports d'une sainte allégresse,
                        
O Dieu, ton Nom soit à jamais loué !


D'après P. Richaud - (« Messager évangélique » 1985 p. 179)