A propos de quelques termes ou passages bibliques
A propos du mot table
Forains et étrangers
Matthieu 28 : 1
Réconcilier, se réconcilier, réconciliation
Forains et étrangers
Matthieu 28 : 1
Réconcilier, se réconcilier, réconciliation
Le mot « ALLELUIA » est une expression, à l'impératif, qui signifie littéralement « Louez Jah » (abréviation de Jéhovah).
Il paraît pour le moins étonnant d'en inviter d'autres à la louange, car c'est nous qui adorons .
De plus, Jah (ou Jéhovah) n'est pas du tout le nom sous lequel nous connaissons et invoquons Dieu ; nous sommes désormais ses enfants : Il est notre Père.
Où trouvons-nous ce mot dans l'Ecriture ? Uniquement dans les 4ème et 5ème livres des Psaumes (24 fois, et encore sous la forme « Louez Jah » : voir les notes en bas de page dans la version Darby) et dans Apocalypse 19 (4 fois : aux versets 1, 3, 4, 6).
Un examen attentif du contexte montre bien que cette expression ne sera utilisée que dans des scènes futures ; elle ne saurait avoir de place durant le temps actuel de la grâce. D'ailleurs les Juifs eux-mêmes, autrefois sous la loi ou du temps du Seigneur, employaient l'expression typiquement hébraïque : « donner gloire à Dieu » (voir 1 Sam. 6 : 5 fin ; Jean 9 : 24 etc. …). Les anges eux-mêmes ne procèdent pas autrement (Luc 2 :14).
Ce mot ne se trouve pas dans les évangiles et pas davantage dans les épîtres : le fait mérite d'être souligné car, en particulier, aucune des quatorze doxologies (1) qui, par définition, sont des cantiques de louanges à la gloire de Dieu, ne se termine par « Alléluia », mais bien plutôt par « Amen ».
Si au cours d'un culte, un frère se servait de cette expression dans une prière, l'assemblée pourrait-elle dire « Amen » ? Serions-nous à l'aise ? Un frère plus spirituel n'en ferait-il pas la remarque à celui qui l'aurait employée ?
Alors, peut-on admettre dans un cantique ce que l'on ne concevrait pas dans une prière ? Car, au fond, la chose est la même, la formulation est identique. Ne peut-on pas dès lors exprimer tout simplement notre louange en chantant « Gloire à Dieu » (ou à Jésus, à l'Agneau, au Rédempteur …) ? C'est le cas d'ailleurs dans plusieurs cantiques (le 4, le 8, le 9, le 10, le 129, le 136 …).
Soyons droits : l'habitude aidant , nous utilisons cette expression qui sonne bien, qui est entraînante, sans nous rendre compte qu'elle n'est pas scripturaire, même si pour certains elle signifie tout simplement : « Gloire à Dieu ».
Gardons-nous de ces débordements, de ce tumulte, de cette excitation charnelle qui caractérisent certaines dénominations. Le culte doit se dérouler dans le calme, la gravité, la solennité qui conviennent, le silence parfois (Ps. 39 : 3). Nous sommes dans la présence de Dieu, ne l'oublions pas ! Pensons à l'attitude des prophètes d'Israël qui pouvaient dire, en vérité, comme Elie : « L'Eternel, le Dieu d'Israël, devant qui je me tiens » (1 Rois 17 : 1).
Il faut bien reconnaître qu'un cantique est une oeuvre humaine et de ce fait même entachée d'infirmités, de cette faiblesse qui sont la marque de notre condition terrestre, influencés que nous sommes par notre tempérament, notre spiritualité, notre connaissance des Ecritures …
Enfin il n'est pas inutile de souligner que précisément, la plupart des cantiques où figure « Alléluia » n'ont pas été écrits par nos « devanciers » qui, au contraire, ont toujours utilisé, quant à eux, l'expression scripturaire « Gloire à Dieu » ; de rares exceptions sont d'ailleurs parfaitement justifiées, comme par exemple au cantique 57 (de Charles-François Recordon) car la scène se passe effectivement dans le ciel, telle que nous la voyons décrite en Apocalypse 19.
C'est pourquoi il pourrait paraître souhaitable et même justifié de supprimer dans les cantiques, partout où elle se trouve, l'expression « Alléluia ».
(1) Rom. 11 : 36 ; 16 : 27 ; Gal. 1 : 5 ; Eph. 3 : 21 ; Phil. 4 : 20 ; 1 Tim. 1 : 17 ; 6 : 16 ; 2 Tim. 4 : 18 ; Héb. 13 : 21 ; 1 Pier. 4 : 11 ; 5 : 11 ; 2 Pier. 3 : 18 ; Jude v. 25 ; Apoc. 1 : 6.
H.F. avril 1986
Il est toujours très instructif de revenir au texte original car la langue grecque est très riche quant au vocabulaire ; aussi, en considérant comment les auteurs, conduits par l' Esprit, ont utilisé tel mot plutôt que tel autre, ayant le même sens en français, on peut y voir –si la chose était nécessaire- la confirmation de l'inspiration des Ecritures.
C'est ainsi qu'il est parfois délicat, à partir par exemple de notre « Concordance de la Bible » d'affirmer que tel mot se trouve plusieurs fois dans le Nouveau Testament, car ce sont peut-être des mots différents dans l'original, chacun ayant sa propre connotation dans le contexte où il est employé.
Il apparaît donc préférable de faire les recherches à partir d'une concordance grecque. Donc, dans ce cas particulier, à partir du mot « trapeza » qui signifie table. Il faut noter à cet égard qu'à l'origine table se disait « tetrapeza », littéralement ce qui a quatre pieds, mais dans le cours des temps, il a perdu par soustraction la première syllabe.
Ceci étant précisé, la concordance grecque ne fait apparaître « trapeza » que treize fois selon le classement ci-après :
1- Table pour le repas (9 fois)
- Matthieu 15 : 27 (et le passage similaire dans Marc 7 : 28)
- Luc 16 : 21 / Luc 22 : 21 / Luc 22 : 30 / Actes 6 : 2
- Actes 16 : 34 / Romains 11 : 9 / 1 Corinthiens 10 : 21 ( 2 fois)
2- Table de change (3 fois)
- Matthieu 21 : 12 et les passages similaires
- Marc 11 : 15 / Jean 2 : 15
3- Table des pains de propositions (1 fois)
- Hébreux 9 : 2
Par contre, les tables de l'alliance (Héb. 9 : 4) et les tables de chair du coeur
(2 Cor. 3 : 3), expressions classées à « table » respectivement aux paragraphes 1 et 4 de notre « Concordance de la Bible », correspondent au mot « plax » au singulier qui ne se trouve que dans ces deux passages ; on comprend qu'il ne s'agit pas ici d'une table à pieds servant pour les repas, ni de celle qu'utilisaient les changeurs.
Le dictionnaire grec-français de Bailly donne du mot « PLAX » les traductions suivantes : toute surface large et plate, d'où une plaine, la surface de la mer, le plateau d'une montagne, une pierre plate, une dalle, une tablette (pour poser quelque chose).
Par contre, signalons que le mot « tablette » (désignant l'objet pour écrire, réservé uniquement à cet usage) se dit « pinakidion » et ne se trouve qu'en Luc 1 : 63.
H.F. 14.05.96
Le mot traduit uniformément par « étranger » (version J.N.D.) et que l'on rencontre une vingtaine de fois dans le Nouveau Testament, ne dérive pas toujours du même mot dans la langue originale : chacun a un sens particulier avec bien souvent une connotation historique, géographique, voire politique, car le grec est une langue précise, claire et simple. Il suffit de comparer avec d'autres versions : Segond, Bible de Jérusalem pour les françaises, Bible anglaise – édition King James – ou la Bible espagnole pour n'en citer que quelques-unes, - pour se rendre compte des nuances apportées par chaque traducteur.
L'expression « forains et étrangers », que l'on rencontre trois fois dans le Nouveau Testament, est particulièrement instructive à cet égard.
Ephésiens 2 : 19 : xénos et paroïkos
Xénos est le terme général : un étranger, quelqu'un qui n'est pas du pays, un inconnu. D'ailleurs toutes les versions françaises et étrangères, traduisent ce mot par « étranger ». On peut souligner à cet égard que le mot anglais utilisé ici (stranger), signifie : étranger, inconnu, personne qui est d'une autre ville ou d'un autre pays, qui ne fait pas partie de la famille ou de la société au milieu de laquelle elle se trouve.
Paroïkos est un mot composé d'une part de la préposition « para » (auprès de , le long de, mais avec le sens de mouvement) et d'autre part du verbe aikéo (demeurer, habiter, résider), d'où le sens de vivre au milieu de ou parmi, résider dans un pays comme un étranger. C'est le verbe utilisé par Luc, pour rapporter les paroles de Cléopas (Luc 24 : 18).
En définitive, ce mot peut se traduire par étranger, domicilié dans une ville ou un pays, sans droits politiques. D'ailleurs, dans la version Segond, ce mot est rendu par « gens du dehors ». Quant à la version anglaise, elle utilise le mot « foreigner », littéralement étranger, ayant une autre nationalité, appartenant à un autre pays.
Les Septante, quant à eux, ont utilisé le verbe paroïko pour traduire le « séjourner » de Genèse 12 : 10 et « étranger » de Lévitique 22 : 10 (la note (e) au bas de la page de la version J.N.D. est particulièrement significative).
On peut donc dire que dans ce passage d'Ephésiens 2 les deux mots ont des sens assez voisins mais adaptés au contexte : en effet nous n'avions aucun droit de cité en Israël (v. 12), nous étions étrangers aux alliances, des gens « du dehors ». Nous sommes d'un autre pays : notre vraie patrie, c'est le ciel. Les termes mêmes utilisés par l'apôtre ne peuvent l'avoir été que sous la direction du Saint Esprit.
Hébreux 11 v 13 : xénos et parépidèmos
Le premier terme (xénos) est le même que le premier d'Ephésiens 2 : 19 (voir plus haut son interprétation).
Le second terme (parépidèmos), traduit par forain (version J.N.D.), est rendu par « gens du dehors » (version Segond) ou voyageurs, gens de passage, pèlerins selon les Bibles espagnoles (peregrinos) ou anglaises (pilgrims). Ce mot est composé lui aussi de la préposition « para » et du verbe épidéméo : résider dans un pays, une ville, en qualité d'étranger, d'où le sens de séjourner ou venir pendant quelque temps sur un territoire en qualité d'étranger ou de voyageur.
Dans l'original, on ne trouve le verbe qu'en Actes 17 : 21 (pour désigner ceux qui séjournaient à Athènes) et dans 1 Pierre 1 : 1 (l'apôtre s'adresse à des croyants juifs dispersés en Asie Mineure) ; le substantif n'est employé que dans 1 Pierre 2 : 11 (voir ci-dessous). Par contre les Septante ont utilisé ce terme pour rendre les paroles d'Abraham : « je suis étranger » (Gen. 23 : 4).
On rencontre donc dans ce passage deux idées distinctes : l'une relative au statut politique lié à une situation géographique donnée, l'autre évoquant une notion de temps et de mouvement, toutes choses bien en rapport avec le contexte d'Hébreux 11 qui nous parle de la marche de ces hommes de foi.
1 Pierre 2 v 11 : paroïkos et parépidèmos
Comme cela a été indiqué plus haut, paroïkos correspond au deuxième terme d'Ephésiens 2 et parépidèmos correspond au deuxième terme d'Hébreux 11.
La Bible de Jérusalem a traduit un de ces deux mots par « étrangers et voyageurs », comme d'ailleurs la version Segond qui ajoute toutefois « sur la terre » à voyageurs ; il en est de même des Bibles anglaises (strangers and pilgrims) et espagnole (extranjeros y peregrimos). Pour rendre très exactement le sens de ces deux mots dans le contexte, on pourrait peut-être les traduire par « résidents temporaires et voyageurs ».
A ce titre, ne nous laissons pas influencer par le monde qui nous entoure (nous ne sommes pas du monde : Jean 17 : 16), par le péché et les convoitises qui règnent sur la terre. Nous n'y sommes que de passage, car la sphère dans laquelle nous nous mouvons – ou dans laquelle, tout au moins, nous devrions nous mouvoir- n'est autre que le ciel, notre vraie patrie.
H. F
« Or, sur le tard, le jour du sabbat, au crépuscule du premier jour de la semaine »
On peut se demander pourquoi J.N.D. a utilisé le mot « crépuscule » qui, pour nous, signifie ce moment de la journée où il reste encore un peu de lumière après le coucher du soleil. Pourquoi pas le mot « aube » (version Segond) ou toute autre tournure, par exemple : « comme le premier jour de la semaine commençait à poindre » (Version Bible de Jérusalem) ?
Remarquons d'abord qu'en grec il existe quatre mots : deux pour rendre crépuscule du soir et deux autres pour concerner le crépuscule du matin, ce qui implique bien qu'on puisse l'utiliser pour désigner la lumière qui précède le lever du soleil. D'ailleurs LITTRE, dans son dictionnaire, admet expressément ce terme dans cette dernière acceptation.
En fait dans l'original grec, on ne trouve pas de substantif mais un verbe - le même qu'en Luc 23 : 54 - qui signifie « commencer à luire » (le premier [jour] de la semaine). Aussi la véritable explication se situe-t-elle dans la façon dont les Juifs décomptaient les jours et que JND, afin de serrer le texte au plus près, a essayé de rendre, la compréhension immédiate dut-elle en souffrir.
Les jours en effet, se décomptaient d'un soir à l'autre. Nous lisons en Lévitique 23 : 32 : « le neuvième [jour] du mois, au soir, d'un soir à l'autre soir, vous célébrerez votre sabbat » ; de même en Exode 12 : 18 : « le premier mois, le quatorzième jour du mois, au soir, vous mangerez des pains sans levain, jusqu'au vingt-et-unième jour du mois au soir ». En fait ce soir-là (crépuscule) était pour les Juifs le début du quinzième jour du mois
Voilà me semble-t-il ce qu'on peut avancer au sujet de ce crépuscule du premier jour de la semaine.
H.F. 26 mars 96
Ces mots (verbe et substantif) se rencontrent une dizaine de fois dans le Nouveau Testament.
Le verbe :
Le verbe de base (allasso ou allatto en attique) n'est jamais employé seul dans ces passages mais il est toujours précédé d'une préposition qui en précise le sens selon le contexte considéré (voir plus bas).
Ce verbe de base ne signifie pas réconcilier - aussi étrange que cela puisse paraître - mais donner ou prendre en échange, échanger pour soi, donner une chose en échange d'une autre.
Notons qu'en français, réconcilier, selon le Littré, c'est « rétablir l'amitié entre des personnes brouillées, la paix entre des ennemis, mettre d'accord » ; quant à la réconciliation, c'est toujours selon le Littré - le rétablissement de l'amitié entre personnes brouillées.
Il y a donc bien aussi en français cette notion d'échange, ou de changement de sentiments.
Le substantif :
Construit d'après le verbe allosso, il donne allaguè qui signifie soit changement, soit échange. Par contre, précédé de la préposition « dia » (diallaguè), il s'agit d'un changement de relations d'où la réconciliation. C'est un mot que l'on rencontre chez les classiques (Démosthène, Euripide etc…. ) mais jamais dans la koinè, la langue « commune » du Nouveau Testament, qui par contre se sert de la préposition kata, d'où katallaguè qui a pour sens échange, règlement d'où la pensée de la réconciliation (des pécheurs avec Dieu).
Les divers passages du Nouveau Testament peuvent donc êtres regroupés en quatre catégories d'après les prépositions précédant le verbe allasso :
1- préposition KATA (verbe et substantif) : elle se rencontre dans Romains 5 : 10(verbe), 11 (substantif) ; 11 : 15 (substantif) ; 1 Corinthiens 7 : 11 (verbe) ; 2 Corinthiens 5 : 18 (verbe et substantif.).
Cette préposition présente plusieurs sens en composition mais évoque ici l'idée de « tout à fait, entièrement, complètement ». C'est donc un changement complet de situation, une réconciliation parfaite.
2- Préposition DIA (verbe) ne se trouve qu'en Matthieu 5 : 24. En composition, cette préposition présente plusieurs sens, dont entre autres, comme ici : « de côté et d'autre, l'un avec l'autre ». Le verbe diallasso, changer (en particulier de sentiments) signifie donc ici réconcilier avec une notion de réciprocité.
3- Préposition APO (verbe) : Ephésiens 2 : 16 ; Colossiens 1 : 20-21 signifie un changement avec l'idée d'achèvement.
4- Préposition SUN (verbe) : Actes 7 : 26. Cette préposition se traduit généralement par « avec » mais en composition, elle évoque l'idée de rassemblement, de réunion de plusieurs personnes en un même lieu ou dans un même temps, de communauté d'action. Le verbe sunallasso, utilisé ici, signifie donc mettre en relation, unir une personne à une autre. D'où réconcilier mais il est utilisé à l'imparfait (imparfait de tentative ou d'effort en grec). D'ailleurs Segond a traduit ce passage par « Il les exhorta à la paix » et la Bible de Jérusalem par «Il voulut les mettre d'accord ».
H.F. 08.05.89
Selon le dictionnaire Larousse :
- le substantif « réprouvé » a le sens de damné et, au figuré, de rejeté par la société
- le verbe « réprouver » signifie condamner aux peines éternelles (en théologie) et, dans le langage courant, rejeter ce qui révolte, blâmer ou critiquer fortement.
Le substantif et l'adjectif, traduits uniformément par « réprouvé » dans la version Darby, correspondent au même mot « adokimos » lequel, selon la Concordance grecque, se retrouve sept fois dans le texte original :
- Romains 1 : 28 : « un esprit réprouvé » (cf. note « i »)
- 1 Corinthiens 9 : 27 : « … je ne sois moi-même réprouvé »
- 2 Corinthiens 13 : 5 : « que vous soyez des réprouvés »
- 2 Corinthiens 13 : 6 : « nous ne sommes pas des réprouvés »
- 2 Timothée 3 : 8 : « réprouvés quant à la foi »
- Tite 1 : 16 : « à l'égard de toute bonne oeuvre réprouvés »
- Hébreux 6 : 8 : « elle est réprouvée » (la terre).
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que ce mot commence par un « a » privatif qui lui confère une certaine connotation négative, comme c'est le cas en français : anhydre (qui ne contient pas d'eau), apode (qui n'a pas de pied), analgésie (perte de la sensibilité à la douleur) etc. On pourrait tout aussi bien le traduire par non approuvé ou désapprouvé.
Voici ce que l'on trouve pour « adokimos », en consultant :
- le Dictionnaire scolaire Bally : de mauvais aloi (concernant les monnaies) cité dans les Septante, réformé (chez le philosophe Aristote), vil, méprisé.
- le Dictionnaire grec-français du Nouveau Testament de Carrez (également auteur d'une grammaire grecque du Nouveau Testament) traduit : non mis à l'essai, qui n'a pas fait ses preuves, reconnu inapte, réprouvé, disqualifié.
Comme l'écrit Carrez dans son introduction à la traduction dite interlinéaire : « il est impossible de traduire un mot grec par le même mot en français » et « certains mots en grecs ont une telle richesse de sens que l'on peut parfois les rendre par une quinzaine de mots différents ; c'est le cas de « pistis » : foi, certitude, conviction, confiance etc.…
Par une approche différente, on peut aussi considérer comment d'autres versions ont traduit « adokimos ». La version allemande de Luther n'apporte pas grand chose puisque la plupart des mots utilisés signifient en français : incapables, inhabiles (à l'exception de (1) : perverti (sens, sentiment, esprit) et (2) : condamnable).
La version espagnole emploie réprouvés partout sauf dans (2) où l'on a : « éliminé », sans doute à cause de la raison dont il vient d'être question.
Quant à la version anglaise Scofield, elle traduit :
- (1) et (3) à (6) par « reprobote » (réprouvé)
- (7) par rejeté, mis au rebut.
Elle est très intéressante pour ce qui est de (2) : I myself should be a castaway, c'est-à-dire un naufragé (sur une île) ; il y a un renvoi en bas de page, à propos de ce dernier mot que l'on peut traduire ainsi qu'il suit :
« Grec, adokinos, désapprouvé. Dokinos, sans le a privatif, qui est traduit par approuvé en Romains 14 : 18 et 16 : 10 ; 1 Cor. 1 : 19 ; 2 Cor 10 : 18 ; 2 Tim. 2 : 15 et Jac. 1 : 12 (manifesté pour la traduction JND). Le préfixe donne simplement au mot un sens négatif, c'est-à-dire non approuvé ou désapprouvé. L'apôtre parle du service et non du salut. Il n'exprime pas la peur de perdre son salut mais seulement de perdre sa couronne ». A noter que dans ces cinq passages, JND a traduit par « approuvé ».
A titre d'information, les versions Segond (S), Thompson (TH) Bible de Jérusalem (B.J.) et l'interlinéaire (I) de Carrez sont mises ci-dessous en parallèle. Nous n'avons pas retenu la T.O.B. ni la Bible en français courant qui, par ailleurs, recèlent de graves erreurs ou contresens.
1- Romains 1 : 28 :
- sens réprouvé (S)
- mentalité réprouvée (TH)
- esprit sans jugement (B.J.)
- intelligence déréglée (I).
2- 1 Corinthiens 9 : 27 :
- désapprouvé (S)
- disqualifié (B.J. I et TH, mais cette dernière comporte une petite note : mot traduit ailleurs par réprouvé).
3- 2 Corinthiens 13 : 5 :
- désapprouvé (S)
- à moins peut-être que l'épreuve ne soit pour vous un échec (TH)
- à moins peut-être que l'épreuve ne tourne contre vous (B.J.)
- si vous n'êtes pas inexpérimentés (I)
4- 2 Corinthiens 13 : 6 :
- désapprouvé (S)
- l'épreuve n'est pas un échec pour nous (TH)
- elle (l'épreuve) ne tourne contre nous (B.J.)
- inexpérimentés (I)
5- 2 Timothée 3 : 8 :
- réprouvés en ce qui concerne la foi (S)
- leur foi ne résiste pas à l'épreuve (TH) - note en bas de page : litt : réprouvés concernant la foi
- sans garantie en matière de foi (B.J.)
- disqualifiés au sujet de la foi (I)
6- Tite 1 : 16 :
- incapable d'aucune bonne oeuvre (S)
- incapable d'aucune oeuvre bonne (TH)
- incapable d'aucun bien (B.J.)
- en vue de toute oeuvre belle, disqualifiés (I)
7- Hébreux 6 : 9 :
- elle est réprouvée (S, TH et B.J.)
- réprouvée (la terre) (I)
Toutes ces traductions montrent que, dans l'ensemble, JND est plus précis sauf peut-être pour (2) où « non approuvé » ou « désapprouvé » ont été plus clairs.
Les passages (4) et (6) auraient pu, quant à eux, être traduits comme Segond par :
- nous ne sommes pas désapprouvés
- incapables d'aucune bonne oeuvre.
H. F - Février 1998.
« Purifions nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d'esprit achevant la sainteté dans la crainte de Dieu ».
Remarquons d'abord qu'on trouve également ce même verbe grec EPITELEÔ à la voix active en Romains 15 : 28 (« après donc que j'aurais achevé cette oeuvre ») et en Philippiens 1 : 6 (« … celui qui a commencé en vous une bonne oeuvre, l'achèvera jusqu'au jour de Jésus Christ ») et à la voix moyenne en Galates 3 : 3 (« ayant commencé par l'Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? »). Sa traduction littérale est la suivante : mener au but, à bonne fin, poursuivre jusqu'au bout. Les versions Segond et Bible de Jérusalem traduisent ce verset respectivement par « achevant de nous sanctifier » et « achevant notre sanctification ».
Il faut encore préciser qu'il s'agit d'un verbe composé d'un préfixe (EPI) et du verbe TELEIOÔ signifiant lui-même exécuter, accomplir, réaliser qu'on trouve en Luc 2 : 43 (« accompli ») Actes 20 : 24 (« que j'achève »)… Le préfixe EPI – qui a beaucoup de sens –peut, dans le cas particulier, être traduit par les expressions : à la surface de, de façon à recourir, ce qui ajoute, semble-t-il, une connotation de plénitude, de quelque chose de parfait, d'accompli entièrement.
Alors, que signifie dans ce contexte le verbe « achever » ? Ce premier verset du chapitre 7 fait partie intégrale du paragraphe qui commence au verset 11 du chapitre 6 dans lequel sont présentées les exhortations à la sainteté.
La sainteté pratique a trois caractères : le premier est la sainteté quant à nos associations avec le monde ; le deuxième, la sainteté quant à nos associations religieuses ; le troisième, la sainteté individuelle. Si nous avons bien compris ces trois points, nous trouvons que la sainteté pratique pénètre, pour ainsi dire, toute notre vie chrétienne.
Le chapitre 19 du Lévitique (v. 19) nous la montre clairement :
- « Tu n'accoupleras pas parmi ton bétail, deux espèces différentes » : c'est l'association avec le monde dont il est parlé dans notre passage aux versets 14 et 15.
- « Tu ne sèmeras pas ton champ de deux espèces de semences » : c'est le type de l'association religieuse dont il est parlé au verset 16. Nous ne pouvons employer des semences diverses dans le champ de Dieu ; il faut que nous semions une semence unique.
- « Tu ne mettras pas sur toi un vêtement d'un tissu, mélangé de deux espèces de fil » : c'est le type de la sainteté individuelle dont il est parlé au chapitre 7 : 1
(H.R. Entretiens sur la seconde épître aux Corinthiens).
Alors tout s'éclaire : « achever la sainteté », c'est donc réaliser pleinement ces différentes saintetés et notamment la dernière, sans doute la plus difficile, car il s'agit de notre conduite individuelle, telle qu'elle se montre au dehors dans notre marche, mais aussi de la sainteté quant à l'état de nos propres coeurs . En définitive, « achever » c'est en fait poursuivre constamment, jusqu'au bout, ces séparations et nous sanctifier entièrement avec l'aide du Seigneur (1 Thes. 5 : 23), afin de répondre à l'exhortation de 1 Pier. 1 : 16 : « Soyez saints, car moi je suis saint ». Notons que H.R. ajoute que « la sainteté pratique comprend toute la vie chrétienne comme témoignage dans ce monde ».
H.F. 2 avril 1996
« Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ».
Le texte grec se traduit littéralement ainsi : « sera ayant été lié dans le ciel… sera ayant été délié dans le ciel ».
Il s'agit d'un participe passé parfait nominatif (c'est-à-dire sujet) pluriel neutre. La langue grecque étant très riche quant au vocabulaire et nuancée quant à l'expression, il faut revenir aux explications données par la grammaire grecque de Ragoir pour comprendre la signification de ce verset dont la traduction française habituelle ne rend pas la profondeur du sens grec.
La grammaire de Ragoir explique que les temps de l'impératif, du subjonctif… de l'infinitif et du participe n'expriment pas, par eux-mêmes, le moment mais seulement l'aspect de l'action (§ 277). Au § 266, elle précise que le temps exprime en grec deux notions :
1- le moment (passé, présent, futur) où l'action se situe ;
2- l'aspect selon lequel l'action se présente.
Le grec distingue trois aspects correspondant aux trois thèmes verbaux :
- le thème de l'aoriste s'emploie pour exprimer l'action pure et simple, sans aucune notion de durée ;
- le thème du présent s'emploie pour exprimer l'action en train de se dérouler ;
- le thème du parfait s'emploie pour exprimer l'état qui résulte de l'action achevée.
A la lueur de ces explications grammaticales, le texte s'éclaire d'un jour nouveau que le français n'arrive pas à rendre. Il faut donc comprendre que l'action achevée, ici « lier ou délier sur la terre », aura pour résultat un état : « lier ou délier dans le ciel », mais il est difficile voire impossible de rendre cette nuance en français.
Encore une preuve de l'inspiration des Saintes Ecritures par l'emploi judicieux du verbe (il y a plusieurs verbes pour exprimer l'action de lier, ici déa : serrer avec un lien, enchaîner) et du temps adéquat pour rendre la pensée divine.
H.F.