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MEDITATIONS SUR LE MINISTERE D'ELISEE (7)


Une femme au coeur pleinement satisfait  
La mort de l'enfant
La décision de la femme d'aller vers l'homme de Dieu
La résurrection de l'enfant 
     

 

« TOUT VA-T- IL BIEN ? »

            Comment des cœurs brisés peuvent trouver la consolation et la bénédiction à travers le chagrin

            « Et l'enfant grandit : et il arriva qu'un jour il sortit vers son père, vers les moissonneurs ; et il dit à son père : Ma tête ! ma tête ! Et le père dit au serviteur : Porte-le à sa mère. Et il l'emporta, et l'amena à sa mère ; et il resta sur ses genoux jusqu'à midi, et mourut. Et elle monta, et le coucha sur le lit de l'homme de Dieu ; et elle ferma la porte sur lui, et sortit. Et elle appela son mari, et dit : Envoie-moi, je te prie, un des jeunes hommes, et une des ânesses, et je courrai jusqu'à l'homme de Dieu ; et je reviendrai. Et il dit : Pourquoi vas-tu vers lui aujourd'hui ? Ce n'est ni nouvelle lune ni sabbat. Et elle dit : Tout va bien ...

            Et Elisée entra dans la maison, et voici, le jeune garçon était mort, couché sur son lit. Et il entra, et ferma la porte sur eux deux, et supplia l'Eternel. Et il monta, et se coucha sur l'enfant, et mit sa bouche sur sa bouche, et ses yeux sur ses yeux, et ses mains sur ses mains, et se courba sur lui ; et la chair de l'enfant se réchauffa. Et il se retirait et allait par la maison, tantôt ici, tantôt là ; et il montait, et se courbait sur lui. Et le jeune garçon éternua par sept fois, et le jeune garçon ouvrit ses yeux. Et Élisée appela Guéhazi, et lui dit : Appelle cette Sunamite. Et il l'appela, et elle vint vers lui. Et il dit : Prends ton fils. Et elle vint et tomba à ses pieds, et se prosterna en terre ; et elle prit son fils et sortit » (2 Rois 4 : 18-23, 32-37).                                                                                                                                                                           

            Les collines inondées de soleil et les sombres vallées ont leur place sur cette terre, aussi bien que les plaines fertiles et les déserts brûlés par le soleil. Et si Dieu a fait qu’il en soit ainsi, c'est parce qu'Il est le Dieu de la diversité, comme toutes ses œuvres le manifestent. Dans nos vies, il en va de même. Elles ne restent pas toujours au même niveau. Nous avons nos hauts et nos bas, nos rires et nos pleurs, nos sommets et nos vallées, et parfois nos pieds foulent de profondes et sombres gorges, d’où il semble impossible de jamais sortir.
            Certaines personnes ont une étrange vision de la vie, déformée et limitée. Elles voudraient restreindre les rires ou retenir les pleurs. Mais dans le premier cas c’est le légalisme qui se manifeste, et dans le deuxième c'est l’orgueil qui opère. Or le légalisme provient de la chair, et l’orgueil est du diable. Certains s’imaginent qu’il n’y a aucune joie dans la vie chrétienne, d’autres s’étonnent qu’il puisse s'y trouver du chagrin. La foi des premiers n’a jamais saisi le fait que Dieu nous donne toutes choses richement pour en jouir. Les autres ne comprennent pas qu’Il veille sur nous avec l’œil infatigable d’un Père, et qu’Il peut trouver parfois nécessaire de nous châtier et de nous réprimander. Il le fait de peur que, trouvant notre plaisir dans les biens terrestres, nous n'oubliions les choses profondes et éternelles, et que nous ne nous éloignions de Lui, le Donateur de tout vrai bien.
            Voyons comment ces deux principes nous sont dépeints à travers les expériences de la femme riche de Sunem.


Une femme au coeur pleinement satisfait        

             Riche, maîtresse de sa demeure, cette femme est également riche moralement, comme le démontre clairement le fait qu'elle refuse de demander le moindre honneur pour elle ou pour son mari. « J’habite au milieu de mon peuple », dit-elle (v. 13). Elle est une femme satisfaite, que pourrait donc faire pour elle le chef de l’armée ? Une personne satisfaite possède une grandeur morale, qui devrait être la part de tous les enfants de Dieu. L’idée commune est que celui qui est grand est celui qui a de grands biens, mais « quelqu'un a beau être dans l'abondance, sa vie ne dépend pas de ses biens » (Luc 12 : 15), et « la piété, avec le contentement, est un grand gain » (1 Tim. 6 : 6). L’homme pieux, c’est celui qui marche dans la crainte de Dieu, et qui a le Seigneur demeurant avec lui, comme cette femme a discerné en Elisée celui qui pouvait tout pour elle. Seul un tel homme est satisfait, et capable de refuser les honneurs et les récompenses  du monde, qui attirent tant de gens, sans jamais satisfaire personne.
             Elisée est le représentant d’un Dieu grand et généreux, qui récompensera même une coupe d’eau froide donnée à l’un de ses serviteurs (Matt. 10 : 42). Cette femme de Sunem a mis le plus grand soin à assurer le confort de l'homme de Dieu, et elle doit être récompensée. Aussi, la grande joie terrestre qui lui manque lui est-elle accordée. Au temps convenable, cette femme sans enfant embrasse un fils, comme un don de Dieu pour elle. Dieu désire-t-Il qu’elle jouisse de ce don ? Oui, assurément ! Chose étrange, certains s’imaginent que Dieu ne veut pas qu’ils se réjouissent des dons qu’Il leur fait ! Comme ils Le connaissent mal ! J’ai rencontré certains chrétiens persuadés que la volonté de Dieu est de les éprouver, de les brimer, et de leur ôter des choses bonnes, de crainte qu’ils n’en jouissent outre mesure. En conséquence, ils craignent de se remettre entièrement à Lui, et de lui remettre ce qui leur est précieux. Ces chrétiens ne sont pas des chrétiens heureux, ni de bons témoins pour Lui.
            Combien la manière dont la Bible parle de Dieu est éloignée de cette notion fausse. Nous y lisons qu’Il fait du bien et répand ses bénédictions sur nous, « rassasiant nos cœurs de nourriture et de joie » (Act. 14 : 17). Et, sans aucun doute, désire-t-Il que ses enfants jouissent de ces relations naturelles qu'Il a Lui-même instituées, si elles sont reçues avec reconnaissance et sanctifiées par la Parole de Dieu et par la prière (1 Tim. 4 : 4-5).
             La maison de cette femme sunamite est une maison heureuse, nous en sommes certains. Mais, au fur et à mesure que les années s'écoulent, cette femme est-elle devenue trop absorbée par son bonheur domestique et moins attentionnée pour l’homme de Dieu ? On hésite à l'affirmer, et cependant, au cours de ces années où elle veille au bon développement de son fils, aucune visite de l’homme de Dieu chez elle ne nous est rapportée, bien que sa chambre et son lit aient toujours été là. Une chose est certaine, c’est qu’elle a d'autres leçons à apprendre, et celles-ci nous sont rapportées pour notre avertissement. Elle a appris que l’homme de Dieu vaut mieux que ses richesses, et qu’il peut apporter, dans sa vie et dans sa maison, une bénédiction meilleure que tout ce qu'elle a jamais connu. Elle a appris que si elle fait ses délices de l'Eternel, Il lui donnera les demandes de son cœur (Ps. 37 : 4). Maintenant, elle doit apprendre que le représentant de Dieu est sa seule ressource dans son chagrin et que, par la grâce et la puissance de Dieu, il est plus grand que la mort. Elle doit marcher dans les jours sombres comme elle a marché dans les jours sereins, et découvrir que l’homme de Dieu est le même dans les deux cas. Le cœur qui a appris de telles leçons avec Christ a été enrichi d’une connaissance qui surpasse de loin toute joie terrestre. Il peut dire, comme Paul : « J'ai appris à être content dans les situations où je me trouve... Je suis enseigné aussi bien... à être dans l'abondance qu'à être dans les privations.  Je peux tout en celui qui me fortifie » (Phil. 4 : 11-13).


La mort de l'enfant

            Nous trouvons dans ce récit une illustration frappante du caractère transitoire des choses les plus précieuses de cette vie. L’enfant a grandi ; c’est le temps de la moisson ; il est midi quand il meurt sur les genoux de sa mère. Au moment où la promesse de cette jeune vie est la plus brillante, au temps fort de l’année où la terre livre sa richesse à la faucille, et au zénith du jour, le coup tombe. Et ni les bras, ni l'amour de la mère ne peuvent en protéger l'enfant. La mort le frappe, et ce-faisant, elle la frappe, elle, et brise son cœur.
            Le récit de l'anéantissement de toutes les espérances de cette femme remarquable, et le spectacle de cette mère assise solitaire, son fils mort dans les bras, nous fait ressentir vivement qu’il n’y a sous le soleil ni cercle ni sphère qui soit exempte de chagrin, et dans laquelle la mort ne puisse pénétrer. Si nous n’avons pas encore appris cette leçon et ce qu’elle nous enseigne, soit par une expérience amère, soit dans la communion avec Dieu, nous n’avons guère avancé dans la vie chrétienne, et nous n’avons pas compris la grandeur de notre Sauveur et la tendresse de son cœur. La mort est là. Savons-nous vers qui nous tourner lorsque nous en faisons l'expérience ? « La mort a passé à tous les hommes » (Rom. 5 : 12). Connaissons-nous le lieu où demeure la vie ? De ce que nous possédons, dans la sphère naturelle où nous vivons, nous ne pouvons rien conserver. Nos affections reposent-elles sur les choses d’en haut, là où Christ est assis et où la mort ne peut jamais pénétrer ?
             C’est une douloureuse leçon, mais qui doit être apprise : la mort est là ! Cette leçon doit être apprise, soit dans la communion avec Dieu, soit à travers une expérience similaire à celle que cette femme a traversée. Il est vrai pour tout homme que, quant à lui-même, l’homme extérieur dépérit (2 Cor. 4 : 16), et que les objets qu'il chérit le plus ardemment peuvent à tout moment lui être retirés. Il peut essayer de résister à l’Ennemi qui s’approche, mais la mort ne tient aucun compte de lui. Il peut rassembler tous ses trésors, les dilapider, les accumuler, il peut s’offrir lui-même à leur place : tout est inutile, tout est vain. La mort ne peut être ni terrassée ni soudoyée, et elle n’acceptera pas non plus de substitut. L’amour humain est impuissant, déconcerté, vaincu, lorsque la mort réclame son dû. Les oreilles qui n’entendent plus, les yeux définitivement clos, le cœur immobile et sans réaction, tout rend témoignage au fait que la rupture est complète. Que ferions-nous si cette expérience était la nôtre ?
             Considérons la manière dont cette femme admirable agit - car elle est aussi admirable dans son chagrin qu’elle l’a été dans la prospérité et dans la joie. Tout d’abord, elle couche son fils sur le lit du prophète. Quel fardeau que celui qu’elle porte dans cette chambre où le prophète a vécu et couché ! Nous la voyons y pénétrer, la tête courbée et les yeux pleins de larmes, meurtrie, bouleversée, égarée. Se courbe-t-elle dans ce lieu pour une humble prière ? Probablement, car elle en ressort, soumise et calme, ayant dans son cœur et sur les lèvres, une seule parole pour répondre à toutes les questions : « Tout va bien ».
            Elle sait que personne ne pourra comprendre son chagrin aussi bien que l’homme de Dieu, qui lui avait donné la joie qu’elle vient de perdre. Elle doit aller à lui et, si elle peut le ramener à cette chambre qui est la sienne, il y découvrira son chagrin. Ainsi, nombreux sont ceux dont les cœurs, autrefois remplis de la joie de la présence du Seigneur, sont maintenant oppressés par un grand chagrin. Ce chagrin peut être un éloignement du Seigneur, mais aussi quelque chose qui correspond au chagrin de cette mère en deuil. Quoi qu'il en soit, la mort en est la cause, mort morale, spirituelle ou réelle, et le cœur s'écrie : « Rends-moi la joie de ton salut » (Ps. 51 : 12).


La décision de la femme d'aller vers l'homme de Dieu

            Le chagrin de cette femme ne lui a pas ôté son esprit de décision, et il est vrai que, dans cette affaire, il n’y a vraiment pas de temps à perdre. Il en est ainsi, chaque fois qu'il s'agit de joie ou de bénédictions perdues, car le chagrin peut endurcir aussi bien qu’adoucir. En fait, si la présence et la sympathie du Seigneur ne sont pas connues, il endurcit à coup sûr. Et l’esprit absorbé par le chagrin devient étrangement sourd, insensible et centré sur lui-même. « Je me lèverai maintenant et je ferai le tour de la ville dans les rues et dans les places ; je chercherai celui qu'aime mon âme », dit l’épouse du Cantique des cantiques, qui s'était montrée  indifférente envers son fiancé et avait perdu la joie de sa compagnie (Cant. 3 : 2). « Je courrai jusqu’à l’homme de Dieu, et je reviendrai », telle est la ferme intention de cette femme. Et à son serviteur elle dit : « Marche ; ne m'arrête pas dans la course, à moins que je ne te le dise » (v 24).
             Ne croyez pas que je fasse une confusion entre deux choses différentes en confondant le chagrin d’un cœur affligé par la mort, et celui d’un cœur qui a connu autrefois la joie de la présence du Seigneur. Tel n'est pas le cas. Mais, si l’homme de Dieu ne se trouve pas dans la chambre préparée pour lui, et si Christ ne se trouve pas dans le cœur, la raison de cet état de choses importe peu. Ce qui importe, c’est de le chercher, de le rappeler sans délai. Voilà ce à quoi cette femme s’attache. Son mari ne semble pas faire preuve de beaucoup de profondeur spirituelle ou de discernement. Il ne peut pas comprendre de quelle utilité peut être l’homme de Dieu dans un jour autre que le sabbat, ou que la nouvelle lune. Il est comme tant de personnes dont la fastidieuse religion n’est qu’une question de formes et de cérémonies, l’affaire d’un jour par semaine, et qui n’ont aucunement conscience du besoin, que certains d’entre nous éprouvent si vivement, d’une relation journalière avec notre Seigneur vivant. Quoi qu’il en soit, cette femme de Sunem n’a ni le cœur ni le temps pour débattre de cela. Ses relations avec l’homme de Dieu ne sont pas formelles. Elle sent que personne d’autre que lui ne pourra comprendre son chagrin, et il faut qu’elle le répande à ses pieds le jour même. Cependant, sa hâte n’est pas le résultat de la panique ou de l’hystérie, comme sa noble réponse à son mari le démontre. Quelle confiance en Dieu et dans Son prophète elle manifeste, lorsqu’elle dit : « Tout va bien » !


La résurrection de l'enfant

            L’homme de Dieu voit « de loin » la femme de Sunem (v. 25). De même, soyons certains que le Seigneur connaît bien et voit de loin le premier mouvement vers Lui, de la part de n'importe lequel des siens, et quel qu'ait été son éloignement de Lui. La raison de la venue de cette femme vers Elisée a été cachée à celui-ci, mais rien n’est caché à notre Sauveur vivant. Béni soit son Nom ! Et, comme elle a refusé de parler de son chagrin avec son mari dont la sympathie fait défaut, elle refuse maintenant d’en parler avec Guéhazi. Sa réponse - « tout va bien » - montre à quel point elle réalise que ce n'est pas le serviteur, mais son maître seul, qui peut répondre à sa profonde détresse. Elle se prosterne à ses pieds, et c'est là qu'elle répand son chagrin. Rien ne peut la détourner de lui, même lorsqu'il semble que Guéhazi reçoive la mission de  ressusciter l’enfant. C'est l’homme de Dieu qu'il lui faut. « L’Eternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ! », dit-elle (v. 30). Sa présence est devenue l'unique nécessité de sa vie.
            Tel est clairement le chemin à suivre, aussi bien pour un croyant au cœur brisé que pour un croyant éloigné et en chute. Un simple serviteur, quel qu'il soit, ne peut pas suffire. Seul un contact personnel avec Christ, et sa compagnie, pourront opérer la restauration. Christ doit prendre, comme à nouveau, la place qui était autrefois la sienne dans le cœur. Il faut qu'Il s'occupe Lui-même du chagrin et du péché. Il est plus grand que l’un et que l’autre. Dans la puissance du Seigneur, Elisée ramène à la vie l’enfant mort, et le donne à sa mère. Et elle se prosterne à nouveau devant lui (v. 37), non plus cette fois dans son chagrin, mais dans une heureuse adoration envers le Dieu qu’Elisée sert.
            De nos jours, la manière d'agir du Seigneur n'est pas de ramener les morts à la vie. Ceux qui sont morts dans le Seigneur sont avec Lui, ce qui est, de beaucoup, meilleur (Phil. 1 : 23). Mais il peut, de la mort, faire surgir la vie pour nous, et il le fait. Il peut, de nos plus grands chagrins, tirer les plus grandes bénédictions pour nous, et il le fait. Mais c'est en s'approchant Lui-même de nous, et en remplissant nos cœurs vides, qu'Il le fait.

 

D'après J.T. Mawson

 

A suivre