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Les sept paroles de Jésus sur la croix (6)


La parole de victoire
          Une parole couronnant l'oeuvre expiatoire de Christ
          A la croix, Christ accomplit tout pour Dieu
          Le Seigneur remet son esprit
          « C'est fait » (Apoc. 21 : 6)
          L
e Sauveur associe les siens à son travail

 

La parole de victoire

            « Quand donc Jésus eut pris le vinaigre, il dit : C'est accompli. Puis, ayant baissé la tête, il remit son esprit » (Jean 19 : 30).

            Cette sixième parole de Jésus est empreinte de puissance ; elle exprime une certitude et souligne avec force un aboutissement. A la fin de ces six heures de la croix, à ce moment qui précède la mort de Jésus, quelque chose qui était annoncé mais ne pouvait être compris jusque-là, trouve son sens définitif. A travers cette parole, ce sont les Ecritures qui s'accomplissent, c'est-à-dire toutes les prophéties concernant la venue, le ministère, la mort de Jésus, mais également tout ce que Dieu avait dit au sujet des sacrifices, des rites prescrits par la Loi. Jésus a été l'Agneau de Dieu, offert en sacrifice. Il est devenu Celui qui rachète, le Rédempteur. Il a payé la dette que nous avions vis-à-vis de Dieu à cause de nos péchés : l'expression « c'est accompli » figurait à l'époque au bas d'une facture pour signifier qu'elle était entièrement payée. Il a été notre Substitut à la croix : « Il a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2 : 24). Il a été notre propitiation : Dieu nous est maintenant propice, favorable.


                        Une parole couronnant l'oeuvre expiatoire de Christ

            Le travail est en ce monde la loi universelle. Avant son ministère public et indépendamment de ce ministère divin, les mains du Seigneur de gloire, venu en grâce ici-bas, ont tenu l’outil. L’Ecriture nous montre en lui « le charpentier » (Marc 6 : 3) et le fils du charpentier (Matt. 13 : 55). Ce fait est touchant. Mais il ne concerne pas directement le « C’est accompli » de la croix. Cette sublime parole couronne l’oeuvre spirituelle du Christ et, par-dessus tout, son oeuvre expiatoire.
            Le travail, et la prière en vue du travail, ont rempli l’existence du Sauveur pendant son ministère ici-bas, Il disait : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant et moi aussi je travaille » (Jean 5 : 17). C’est ainsi que le Sauveur s’est rendu de lieu en lieu, versant ses bienfaits sur l’humanité souffrante et asservie, jusqu’au sacrifice suprême de la croix (voir Act. 10 : 36-43).
            Si le pénible travail est sur la terre loi universelle, c’est en raison du péché, de la désobéissance et de la chute de l’homme (voir Gen. 3 : 8-19 ; Rom. 5 : 12-21). L’humanité tout entière, par suite de l’entrée du péché dans le monde, est en proie au désordre, au mal, et à la douleur. Toute la création subit les conséquences amères du péché (voir Rom. 8 : 22). Les hommes ont sans cesse devant eux les séparations et les décrépitudes, les maladies et la mort.
            L’esprit de l’homme naturel se révolte volontiers contre le désordre, contre la souffrance, contre le mal, qui sévissent sur la terre et dont les conséquences s’étalent partout devant lui ; mais, à tant de faits incontestables et tous les jours sensibles, il ne trouve aucune explication plausible. Seule la doctrine des Ecritures, acceptée par les croyants, rend compte des désordres et des maux qui ravagent les individus, les sociétés, l’humanité, et toute la création. Seule la doctrine de la désobéissance flagrante, de la chute irrémédiable de l’homme, seule la doctrine du péché odieux et des fruits mauvais qu’il produit à tout instant, permet de comprendre ce qui se passe au sein de l’humanité et sur toute la surface de la terre. Cette constatation, qui entraîne pour les hommes la nécessité de l’expiation et de la rédemption, est pleine d’importance et de solennité.
            Pour comprendre la nécessité de l’expiation et de la rédemption, il faut avoir le clair sentiment de la sainteté et de la majesté de Dieu (voir Es. 6 : 3 ; Apoc. 4 : 8). Dieu hait le péché, car Il est saint (Héb. 12 : 10) et juste (Rom. 1 : 17) ; mais Il épargne les pécheurs, car Il est amour (1 Jean 4 : 8, 16).
            L’expiation et la rédemption ne pouvaient s’accomplir sans le sacrifice d’une victime pure et parfaite. C’est pourquoi Dieu s’est pourvu d’« un agneau sans défaut et sans tache », dans la personne du Fils de son amour, notre adorable Sauveur et Seigneur Jésus Christ (voir 1 Pier. 1 : 19). Dieu « n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous » (Rom. 8 : 32). « Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu en parfum de bonne odeur » (Eph. 5 : 2). Et « l’offrande du corps de Jésus Christ », victime sainte et infinie, a eu lieu « une fois pour toutes » (Héb. 10 : 10).
            Il importe de remarquer la vigueur avec laquelle le Seigneur lui-même a souligné le caractère impératif de ses souffrances (Matt. 16 : 21 ; Marc 8 : 31 ; Luc 9 : 22 ; 24 : 26). L’Ecriture insiste dans plusieurs autres passages sur la nécessité des souffrances du Christ (Luc 24 : 7 ; Act. 3 : 18 ; 1 Pier. 1 : 11).
            Pour souffrir et pour mourir, le Sauveur a dû naître de femme (Gal. 4 : 4), devenir homme et prendre la forme d’esclave (Phil. 2 : 7 ; Héb. 2 : 14, 17). A la fois Dieu et homme - en vertu d’un mystère dont le Père a réservé le secret à sa propre autorité, car, en ce sens-là, « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11 : 27 ; Luc 10 : 22) -, le Christ sur la croix a représenté en perfection Dieu devant l’homme et l’homme devant Dieu : Dieu dans l’exercice inéluctable des droits de sa sainteté et de sa justice, et, par-dessus tout, dans la manifestation éclatante de son amour (Jean 3 : 16 ; 12 : 28) ; l’homme par substitution, sous le poids de la colère divine contre le péché et contre les péchés (1 Pier. 3 : 18 ; 2 : 24 ; 2 Cor. 5 : 21). A la veille de sa passion, le Seigneur lui-même dit à ses disciples : « Je suis sorti d’auprès du Père et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde et je m’en vais au Père » (Jean 16 : 28). Cet admirable verset résume d’une manière frappante l’activité du Sauveur. Le Seigneur quitte la place qu’Il occupait de toute éternité comme Fils auprès du Père. Il vient dans ce monde pour révéler aux hommes la gloire et l’amour du Père et pour accomplir l’oeuvre immortelle de la croix. Il fait tout, sur la croix, pour la gloire de Dieu et pour le salut des hommes. Puis Il quitte ce monde où Il a séjourné comme envoyé du Père et comme étranger céleste. Il retourne auprès du Père, après le triomphe remporté sur la croix. Et, dans sa victoire, Il entraîne ses rachetés avec Lui, au-delà de la mort, dans les gloires de la résurrection, dans les splendeurs du sanctuaire, dans les félicités de la maison du Père. Tout est puissance dans l’oeuvre du Sauveur. Tout est amour dans l’histoire du Seigneur de gloire (Jean 3 : 35 ; 10 : 17-18 ; 13 : 1 ; 14 : 31 ; 15 : 13 ; 16 : 27).
 

                        A la croix, Christ accomplit tout pour Dieu

            Sur la croix, l’Homme saint et parfait, le « second homme venu du ciel » (1 Cor. 15 : 47), le « dernier Adam » (1 Cor. 15 : 45) revendique publiquement, à la face du monde, et restaure dans sa pureté intégrale la gloire de Dieu ternie par le péché du genre humain et par les péchés des hommes. Le péché du monde est ôté. Tous nos ennemis sont terrassés à jamais. Et nous qui croyons, nous sommes « rendus agréables dans le Bien-aimé », pour le temps et pour l’éternité (Eph. 1 : 6). La gloire de Dieu demeure établie à la croix du Christ, pour l’éternité.
            Et le Fils glorifie le Père, sur la croix, dans la révélation de son amour. L’amour souverain de Dieu, du Dieu saint et juste, qui ne peut supporter le mal, ni tenir les coupables pour innocents, brille en puissance sur la croix du Sauveur. Le Christ manifeste, dans la plénitude de son sacrifice accompli sur la croix, la tendresse et la majesté suprême du Dieu de grâce, dont Il est le Fils unique et bien-aimé.


                        Le Seigneur remet son esprit

            Le Sauveur a bu le vinaigre trempé qui devait Lui être présenté après sa cinquième parole (Jean 19 : 28-29). « Quand donc Jésus eut pris le vinaigre, il dit : C’est accompli. Puis, ayant baissé la tête, il remit son esprit » (Jean 19 : 30).
            Le quatrième Evangile indique avec précision le moment où le Sauveur crucifié a prononcé sa sixième parole. Notre Seigneur Jésus Christ dit, dans une paix majestueuse et sublime, la paix de la Divinité : « C’est accompli ». La sixième parole du Sauveur place en quelque sorte le sceau de son autorité sur l’oeuvre parfaite et immortelle qu’Il vient d’achever sur la croix. Et cette parole, concise et magnifique, retentit comme un cri de victoire à travers les âges, jusque dans l’éternité.
            « C’est accompli ». La grâce et la vérité ont resplendi d’une manière complète. L’oeuvre d’amour est terminée. Le péché est ôté pour toujours de devant Dieu ; il se trouve aboli. Tous ceux qui croient au Fils entre les mains duquel le Père a tout remis (Jean 3 : 35) sont soustraits aux conséquences terribles du péché et délivrés pour toujours du péché lui-même. La gloire de Dieu est relevée. La mort est vaincue. Une bénédiction éternelle est établie, dont les splendeurs infinies illumineront le règne de paix et embelliront les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Tout est accompli.
            Notre Seigneur Jésus Christ incline la tête, et, laissant Lui-même sa vie humaine, détache son esprit de son corps, de ce corps qui était ici-bas le temple de Dieu. Il remet son esprit, librement et magnifiquement, par un acte souverain, car Il est Dieu. Jamais le Sauveur n’apparaît plus grand qu’à ce moment-là, sur la croix. Gloire au Fils de l’homme ! Gloire au Fils unique du Père ! 

                  « C'est accompli ». L'oeuvre de grâce est faite.
                  De la victoire enfin monte le cri.
                  Celui qui meurt ayant baissé la tête
                  A triomphé. C'est accompli.

                  La coupe est bue. En paix il met sa vie.
                  Dieu trouve en lui son délice infini ;
                  Glorifié, dès lors il glorifie
                  L'Homme parfait. C'est accompli.

 

                        « C'est fait » (Apoc. 21 : 6)

            Le début du chapitre 21 de l’Apocalypse nous parle du nouveau ciel et de la nouvelle terre (voir 2 Pier. 3), de la nouvelle Jérusalem et de l’établissement de la sainte cité dans les temps éternels, de l’habitation de Dieu avec les hommes et du renouvellement de toutes choses. La réalisation des promesses et des paroles véridiques de Dieu apparaît désormais comme un fait accompli. Les mots : « elles sont réalisées » ou « c’est fait » (Apoc. 21 : 6) rappellent d’une façon frappante la sixième parole du Seigneur sur la croix. L'Ecriture montre de la sorte avec quelle plénitude le « C’est fait » définitif de la nouvelle création repose sur le « C’est accompli » de la croix.
            Le travail accompli est un caractère essentiel de la vie chrétienne comme il est un des traits distinctifs de la vie du Sauveur. L’Evangile selon Jean nous transmet, à ce sujet, les enseignements du Seigneur lui-même.
            Notre Seigneur Jésus Christ a dit : « Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui sur qui le Père, Dieu, a mis son sceau » (Jean 6 : 27).


                        Le Sauveur associe les siens à son travail

            Avant son supplice, le Seigneur donne aux siens les explications les plus claires : « Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne n’a un amour plus grand que celui-ci : que quelqu'un laisse sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande. Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ; pour que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c’est de vous aimez les uns les autres » (Jean 15 : 12-17).
            Le travail prescrit par le Seigneur est inspiré par l’exemple de son amour, s’opère avec l’intelligence de ses pensées, s’accomplit avec le secours de la prière. C’est en vue d’une telle activité que Dieu, dès l’époque apostolique, a suscité ses plus grands serviteurs, et qu’à la lumière de l’Ecriture, aujourd’hui encore, Il appelle chacun de nous dans sa mesure. Or, nous ne pouvons réaliser notre part de ce travail qu’en reflétant l’amour et les caractères du Seigneur, qui a déclaré : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 : 5).
            S’il faut « vivre dans le corps », disait l’apôtre Paul, « il en vaut bien la peine » (Phil. 1 : 22). Sur ce point, ainsi que sur tant d’autres, la parole de l’apôtre Paul est comme un écho de la voix du Seigneur. Malgré son zèle immense, l’apôtre Paul, durant ses longs travaux, n’a pu participer en aucune façon aux souffrances expiatoires du Sauveur. Le sacrifice expiatoire du Christ est un sacrifice unique et complet dans toutes ses parties. Mais, si le Seigneur a souffert d’abord et surtout pour sauver, Il a souffert aussi « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11 : 52). Et pour cela, l'apôtre a dû ajouter en quelque mesure à l’oeuvre du Sauveur ses propres souffrances, comme nous le voyons dans l’épître aux Colossiens, où il dit : « J'accomplis dans ma chair ce qui reste encore à souffrir des afflictions du Christ pour son corps qui est l’assemblée » (1 : 24).
            Toute l’activité de Paul tendait à remplir, coûte que coûte, la tâche que le Seigneur lui avait donnée et à garder intact l’ensemble des vérités merveilleuses dont le Christ est à la fois le centre et l’objet resplendissant. Aux anciens d’Ephèse, qu’il avait fait venir à Milet, Paul dit : « Je ne fais aucun cas de ma vie, ni ne la tiens pour précieuse à moi-même, pourvu que j’achève ma course et le service que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu » (Act. 20 : 24). Et dans sa dernière lettre, adressée à Timothée, l'apôtre s’exprime en ces termes : « Pour moi, je sers déjà de libation, et le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Tim. 4 : 6-7).
            Un pareil exemple donne un grand poids aux recommandations de l’apôtre à ses frères. Il écrit : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15 : 58). A Archippe, de Colosses, il fait dire individuellement : « Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses » (Col. 4 : 17).
            Le Sauveur ressuscité et glorifié, loin d’abandonner les siens à la peine, leur accorde, au contraire, sa protection, sa direction et son aide. La fin de l’évangile selon Marc nous montre le travail des disciples et « le Seigneur coopérant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l'accompagnaient » (16 : 20).
            Et le Seigneur ressuscité, en envoyant les siens dans son travail, leur a dit avant son ascension au ciel : « Voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l'achèvement du siècle » (Matt. 28 : 20).


D'après P. Regard