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MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (9)


L'éphod de Gédéon - Abimélec (Jug. 8 : 22 à 9 : 57)
            La flatterie des hommes d'Israël
            La fin de la vie de Gédéon
            Abimélec établi roi
            La parabole de Jotham

            Le jugement et la mort d'Abimélec
            Une leçon sur la conduite à tenir parmi le peuple de Dieu

 

L'éphod de Gédéon - Abimélec (Jug. 8 : 22 à 9 : 57)

                        La flatterie des hommes d'Israël

            Cette dernière partie de la vie de Gédéon est triste. « Les hommes d’Israël dirent à Gédéon : Domine sur nous, et toi et ton fils, et le fils de ton fils ; car tu nous as sauvés de la main de Madian. Et Gédéon leur dit : Je ne dominerai point sur vous, et mon fils ne dominera point sur vous ; l’Eternel dominera sur vous » (Jug. 8 : 22-23). Israël avait toujours tendance à vouloir un chef comme toutes les nations, pour les conduire à la bataille et régner sur eux en temps de paix. Ce désir sera finalement satisfait quand Saül sera établi sur eux. Ici, nous avons les prémices de ce désir dans le souhait de voir Gédéon régner, mais il connaissait trop l’autorité de Dieu pour l’usurper. Il est beau de le voir continuer à s’abaisser, comme il l’avait toujours fait.
            Si quelqu’un veut être roi, son royaume sera le monde. S’il veut diriger le peuple de Dieu, il prendra la place de Satan et non celle de Christ, et sera le représentant de Satan et non celui de Christ. Gédéon a certainement dû réaliser que le seul trône qu’il pourrait occuper était celui qui était laissé vacant par Zébakh et Tsalmunna, rois de Madian. Mais il ne voulait pas être un souverain mondain sur le peuple de Dieu. Dieu sera leur roi, déclare-t-il.
            Si Israël s’était toujours souvenu que Dieu était suffisant, et que lui seul devait être leur roi, combien de leçons amères auraient été épargnées ! Mais cela n'a pas été le cas ; ils voulaient que Gédéon, son fils et le fils de son fils, soient leurs chefs pour toujours. Par la foi, Gédéon refuse ; cependant, cette requête reviendra peu après, et le peuple obtiendra ce qu’il désirait.
            Mais Gédéon n’a pas su résister à l’épreuve suivante. Si l’une des choses les plus tentantes pour l’homme est le pouvoir, il y a une chose plus grande encore, c’est le privilège d'être en vue dans la proximité visible de Dieu. Gédéon demande l’or du butin pris à l’ennemi vaincu, et en fait un éphod sacerdotal, à l’instar d’Aaron qui avait fait le veau d’or avec l’or ramené d’Egypte.
            L’éphod serait témoin de sa place exclusive de proximité de Dieu. En reprenant son histoire, nous comprenons que le fait même que Dieu avait eu affaire avec lui si intimement, lui donnait un sentiment de proximité particulière avec Lui, une sorte de position sacerdotale. Il avait déjà son autel, Dieu lui avait déjà dit d’offrir un sacrifice, et il avait même apporté, dès le début, un sacrifice spécial que Dieu avait accepté. Ces indications ne le désignait-il pas comme sacrificateur pour le peuple ?
            Il pouvait se dire : Après tout, c’est l’apostasie le plus grand péché du peuple. Il a plus besoin d’un chef religieux que civil pour les maintenir en relation avec Dieu. - Ainsi, Gédéon pouvait se méprendre et penser qu’il faisait la volonté de Dieu, en liant plus étroitement le peuple à Dieu par son sacerdoce. C’était oublier que Dieu avait déjà un sacrificateur, et que, de la part du peuple, la tentation de faire de cet éphod d’or une idole, était plus grande que d’avoir un sacerdoce.
            Nous avons peut-être fait l’expérience d’avoir été brisés par Dieu qui nous a fait réaliser notre néant, tout en nous faisant jouir de sa proximité. Certains ont pu le remarquer et penser avec étonnement : ce doit être un homme exceptionnel pour avoir une telle intimité avec Dieu. Voilà le piège : penser avoir une place privilégiée, proche de Dieu, qui nous autoriserait à être un intermédiaire entre ceux que nous avons peut-être conduits victorieusement, et Dieu de qui ils dépendent directement. Ce serait refuser la royauté, mais accepter le sacerdoce.
            Dans la chrétienté, la montée de l’esprit clérical - la distinction entre clergé et laïcs parmi le peuple de Dieu - est plus une question de sacerdoce spirituel que d’autorité spirituelle. Prenons par exemple la Table du Seigneur, avec les signes du corps et du sang de Christ ; de nombreux chrétiens non instruits seraient horrifiés à la pensée qu’un laïc rompe le pain, estimant que c’est le service du pasteur, et qu’un homme non ordonné ne doit pas y toucher. Cette pensée sur le sacerdoce est celle de l'église catholique où seul le prêtre consacre l’hostie et la distribue au peuple.
            L’apparition et le développement du sacerdoce sont dus au fait que les gens sont prêts à reconnaître un conducteur spirituel qui se tient près de Dieu, pour éviter d’avoir besoin d’être aussi proches. C’est par ce piège que le caractère de l’Eglise, du culte et du ministère a changé.
            Tout Israël se prostitua après l’éphod (v. 27). Ainsi, lorsque des hommes sont reconnus avoir une grande foi, ou être spécialement utilisés par Dieu, le danger est grand d’en faire une classe sacerdotale dans la proximité de Dieu pour nous représenter. Souvenons-nous toujours que le ministère n’a rien à voir avec l’éphod, qu’un don spirituel quel qu’il soit n’a rien à voir avec une fonction sacerdotale, qui appartient soit à Christ, seul souverain Sacrificateur qui accomplit toujours son ministère devant Dieu pour nous, soit à tout homme en tant qu'adorateur, sans distinction. « Il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père » (Apoc. 1 : 6).


                        La fin de la vie de Gédéon

            Vers la fin du chapitre 8, il est dit que Madian a été entièrement vaincu : « Et Madian fut humilié devant les fils d’Israël ; et il ne leva plus sa tête. Et le pays fut en repos quarante ans, aux jours de Gédéon » (v. 28). C’était, à l’évidence, une œuvre de Dieu, de grande portée, même si l’énergie de la foi qui avait marqué ses débuts avait cessé. En effet, les nombreuses femmes de Gédéon et sa grande famille suggèrent non pas la vigueur spirituelle qui marque les hommes de foi, mais plutôt une vie de plaisir égoïste, source de nombreux maux qui porteront leurs fruits ultérieurement. Son fils Abimélec qu’il a eu de sa concubine, en est un exemple trop frappant pour nous permettre d’éluder cet enseignement.
            Nous arrivons à la fin de la vie de Gédéon. Il est important de constater que, bien qu’ayant refusé la royauté, en apparence, pour s’intéresser au sacerdoce, il va finir par soulever la question de la royauté. Il est important de noter les origines du mal. Par exemple, la doctrine des Nicolaïtes (Apoc. 2 : 16), qui signifie « conquête du peuple », est la conséquence de l’abandon du premier amour, qui marque la perte du sens de notre sacerdoce devant Dieu. Par ailleurs, le cléricalisme, cette domination sur le peuple, vient de ce que les saints ont perdu le sens de leur accès sans intermédiaire humain à la sainte présence de Dieu.
            Gédéon meurt, et sa mort est accompagnée du même refrain que précédemment : « Et quand Gédéon fut mort, il arriva que les fils d’Israël retournèrent et se prostituèrent après les Baals, et ils s’établirent Baal-Berith pour dieu. Et les fils d’Israël ne se souvinrent pas de l’Eternel, leur Dieu, qui les avait délivrés de la main de tous leurs ennemis tout à l’entour » (v. 33) S’éloigner de Dieu implique la répétition des tristes fruits qui en découlent : l'esclavage et la déchéance. Mais ici, il est insisté sur la situation intérieure, sans qu’il semble y avoir de servitude à un pouvoir extérieur.

 

                        Abimélec établi roi

            Le sacerdoce qui s’est établi n’est pas selon Dieu. La désobéissance porte ses fruits, et Abimélec, fils de Gédéon, se lève pour prendre la place de son père. Il ne la prend pas en tant que sacrificateur, mais en tant que roi, car le peuple s’étant tourné vers Baal ne semble plus désirer ce sacerdoce. Son nom même (mon père était roi) - qui lui a peut-être été donné par sa mère pour attester qu’il descend du grand homme d’Israël, et essayer de couvrir la honte de sa naissance - montre comment cet esprit subtil était à l’œuvre (même si cette expression avait été fondée). En effet, son père n’était pas roi ; il avait refusé ce titre qui revenait à Dieu seul. Malgré tout, Abimélec déclare que son père était roi, et de plus, il affirme avec témérité que son fils règnera aussi.
            Il use d’autorité sur le peuple de Dieu en asseyant son trône par la violence, car le règne de l’homme ne peut s’établir qu’ainsi. Il tue donc tous ses frères, les nombreux fils de Gédéon, sauf un qui s’était caché. Après avoir éliminé tous ses rivaux, il se rend à Sichem, la ville de sa mère, la ville selon la nature - il est très significatif que cette ville soit en Ephraïm, la tribu qui cherche toujours à dominer. Il persuade les hommes de Sichem de le soutenir et de le reconnaître comme roi. C’est alors que Jotham, son frère qui avait échappé à la tuerie, prononce une parabole très frappante qui résume toute la leçon de ce chapitre 9. Cette allégorie sur le gouvernement explique ce qui se passait, et montre le mal que fait le gouvernement humain dans la maison de Dieu.

 

                        La parabole de Jotham

            L’arbre est une image du gouvernement. Nebucadnetsar était un grand arbre, la tête de l’empire des nations (Dan. 4) ; la graine de moutarde devient un arbre dans la parabole (Luc 13 : 19).
            Les arbres de la forêt demandent un roi, et se tournent naturellement vers ceux qui portent du fruit. Vient d’abord l’olivier. Ils lui demandent : « Règne sur nous », et il répond : « Laisserais-je ma graisse, par laquelle on honore par moi Dieu et les hommes, et irais-je m’agiter pour les arbres ? » (v. 9). En d’autres termes l’olivier déclare que son travail est de porter du fruit, et non pas de régner. Le figuier et la vigne font la même réponse. L’application de cette parabole au gouvernement du peuple de Dieu est très simple. Qui va régner sur les saints ? Ils vont se tourner naturellement vers ceux qui portent du fruit dans leur vie, par exemple, vers l’un qui représente l’olivier dont l’huile suggère l’énergie, la lumière, la puissance et les fruits du Saint Esprit. Ils lui diront : Frère, dirigez-nous, soyez notre conducteur. - Il répondra : Ah, mes frères, je suis trop engagé dans les choses de Dieu, dans la communion bienheureuse du Saint Esprit, dans ce qui rafraîchit son peuple, dans ce qui glorifie Dieu (car Dieu est honoré et glorifié par les fruits de l’Esprit dans les siens) ; je suis trop occupé à porter du fruit pour être un conducteur ».
            Le figuier représente plus particulièrement la nourriture et la guérison apportées par le fruit porté pour Dieu par les siens. Le figuier produisant des fruits suaves, dit : Si je règne, je devrai cesser de porter du fruit, et je préfère de loin nourrir le peuple de Dieu, que le gouverner. - Si l’Esprit de Dieu accorde à un serviteur - pasteur ou docteur - de porter du fruit, qui nourrit, rafraîchit et guérit le peuple de Dieu, échangerait-il une telle place pour dominer sur le peuple ?
            La vigne nous rappelle peut-être plus particulièrement le ministère évangélique qui met l’accent sur le sang précieux de Christ, dont le vin est un type. L’évangéliste se plaît à présenter la croix de Christ et l’œuvre accomplie. Le peuple dit : Voilà celui qu’il faut pour gouverner, donnez-nous un bon évangéliste pour assumer la direction du rassemblement des saints. - L'évangéliste répondra : Dois-je laisser ce qui rafraîchit Dieu et l’homme, ce qui réjouit le cœur défaillant, ce qui apporte la paix à la conscience coupable et glorifie la grâce de Dieu ? Dois-je renoncer à mon ministère de l’évangile de Sa grâce pour le vain honneur de régner sur le peuple de Dieu ?
            Ainsi, on voit que ceux qui portent du fruit pour Dieu ne peuvent diriger le peuple. Qui doit prendre cette place ? Ah, la Parole nous dit que celui qui gouverne le mieux est celui qui sert. Celui qui est aux pieds des saints, à leur service, lui, est vraiment et pratiquement un conducteur. Ceux qui, comme l’olivier, le figuier et la vigne, apportent aux saints les fruits précieux de la grâce de Dieu, les conduisent, mais en les servant. Diriger, c’est servir. S’il n’a plus que la pensée de diriger, le serviteur cessera de porter du fruit ; et s’il cesse de porter du fruit, il n’y aura plus rien, comme ici.
            Une épine est alors élue pour régner sur les arbres, et la réponse de la ronce est très significative : « Si vraiment vous voulez m'oindre roi sur vous, venez, mettez votre confiance en mon ombre ; sinon, un feu sortira de l'épine, et dévorera les cèdres du Liban » (v. 15). C’est le règne ou la ruine. Une ronce est une plante sans fruit qui, au lieu de fournir énergie, sève et vigueur pour porter du fruit, s’est recroquevillée sur elle-même. Tout comme l’épine, c’est une malédiction de la terre, une branche avortée. Si elle s’était ouverte, elle aurait pu être une branche portant beaucoup de fruits, mais elle s’est renfermée et centrée sur elle-même. La ronce, ce buisson d’épines, figure d’un homme égoïste, égocentrique, va donc régner. Ce règne revêt cette caractéristique : Vous devez vous courber devant moi, ou être brûlés, qui que vous soyez.

            Cette parabole sonde nos cœurs et nous fait réaliser qu’il est facile de devenir de simples ronces, en cherchant une place à la tête et non aux pieds des saints. C’est celui qui sert ses frères comme Christ l’a fait qui conduit. «Qui est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22 : 27). Celui qui désire attirer le regard des saints sur lui, n’est qu’une ronce. Les gens à qui il faut regarder sont ceux qui ne prennent pas de place, mais cherchent à porter du fruit précieux pour Dieu et pour la bénédiction des saints ; soyons-y tout entier.
            Ne recherchons pas de place d'honneur. Ne soyons pas comme Abimélec, en désirant nous asseoir sur la chaise vide de quelque prédécesseur, ce que son père avait en fait refusé. Si le désir de succession se trouve dans nos cœurs ou si nous voulons à tout prix nous laisser diriger par des conducteurs, ce sera comme des ronces sans fruit pour Dieu qui envahiront les saints.
            Un vrai conducteur ne parle pas de lui-même, ni de sa dignité ou de son autorité ; il a le sentiment de sa faiblesse et se tient pour Dieu en toute circonstance, car c’est de cette faiblesse dont Dieu se sert. Prenons garde à cet enseignement. L’Eglise, l’ayant négligé, a été réduite en pièces. C’est la grande leçon du cléricalisme, qui est parvenu à ravir la paix du peuple de Dieu.
            Dès le début de l’histoire du peuple de Dieu, ceux qui ont apporté du trouble sont ceux qui se sont octroyés la place de conducteur du peuple, non pour servir, mais pour diriger. Ce sont eux qui ont apporté la détresse autour d’eux, du déshonneur sur Dieu, et la corruption qui a hélas terni l’histoire de l’Eglise dès le temps des apôtres.
            N’est-il pas frappant qu’Abimélec ait le nom des rois Philistins, ce titre transmis de père en fils ? Il en est de même pour le Pharaon. C’est la religion mondaine et charnelle qui se doit d’avoir un dirigeant nommé d’après son prédécesseur. Si la succession s’arrête, il n’y a plus de dirigeant, c’est pourquoi le chef des Philistins est appelé Abimélec  - mon père était roi, et je suis roi après lui.
            Pourquoi cet esprit se montre-t-il de temps à autre parmi les saints ? N’est-ce pas oublier que nous sommes tous sacrificateurs ? Ce faisant, nous établissons une distinction entre clergé et laïc qui peut aller jusqu’à ce que nous venons de voir.


                        Le jugement et la mort d'Abimélec

            Sans entrer dans les détails de la prophétie de Jotham, nous voyons qu’elle s’est accomplie à la lettre : un feu sort des hommes de Sichem, consume Abimélec, et réciproquement. Ceux de Sichem se tournent avec hésitation vers un rival d’Abimélec, et l’envoient à la rencontre d’Abimélec qui le met en fuite. Puis Abimélec vient combattre les hommes de Sichem qui se réfugient dans une tour. Alors, il apporte des branches d’arbres (qui rappellent ceux de la parabole de son frère Jotham), met le feu à la porte de la tour, et brûle ceux qui avaient pris le parti de son rival.
            Abimélec s’en va dans une autre ville, et veut aussi brûler ceux qui avaient trouvé refuge dans la tour. Mais une femme l’achève avec une pierre de meule, instrument de son humble tâche quotidienne, qu’elle lui jette dessus (v. 53). Il disparaît avec sa puissance, par la main d’une femme.
            Maintenant, voyons le contraste avec Jotham. Ne pouvant se mêler à toutes ces querelles, il fuit à Béer et demeure là (9 : 21). Béer est un « puits » ; il habite près du puits, tandis que le peuple de Dieu se querelle pour revendiquer l’autorité. Il boit de la fontaine de la parole de Dieu, d’où seule proviennent nourriture et rafraîchissement.
            Ainsi, tandis qu’évêques luttaient contre évêques et papes contre papes, pour savoir qui aurait la prééminence, les enfants de Dieu, heureux de se réfugier auprès de la Parole de Dieu, buvaient d’un courant de vie et d’amour infiniment supérieur à tous les Abimélec du monde. Comme « une branche qui porte du fruit près d’une fontaine ; ses rameaux poussent par-dessus la muraille » (Gen. 49 : 22), ces fruits ont profité à ceux qui en avaient besoin.


                        Une leçon sur la conduite à tenir parmi le peuple de Dieu 

            Nous avons parlé de l’homme qui veut diriger. S’il y a quelque chose d’odieux pour Dieu, c’est bien cet esprit-là. Mais alors n’y a-t-il donc ni gouvernement ni autorité dans la maison de Dieu ? Faut-il donc rejeter toute pensée d’autorité ? S’il y a affrontement de deux volontés humaines, autant être ouvertement sous l’autorité de l’homme. Mais si l’ordre et le gouvernement de la maison de Dieu sont exercés dans la puissance de l’Esprit Saint, selon sa Parole, malheur à ceux qui méprisent cette autorité.
            Nous devons veiller à ce qu’il n’y ait aucune intrusion humaine quant au gouvernement et à l’autorité, parce que ce serait remplacer l’autorité de Christ. En effet, si un homme prend la place de conducteur, supervisant le peuple de Dieu, il usurpe la place de Christ tout aussi réellement que Gédéon a usurpé la place du sacrificateur, ou Abimélec la place du conducteur.
            Christ est le conducteur de son peuple. Il le dirige par sa Parole et Son Esprit, selon la vérité. Nous montrons notre soumission à Christ, et à son gouvernement par la soumission à sa Parole ! Toute la vérité que la Parole nous dévoile est le commandement de notre Conducteur et Seigneur. Je dois obéir à cette Parole, quel que soit celui qui me l’apporte. Si quelqu’un me communique la volonté de Christ, Lui qui est Chef et Seigneur, rejetterais-je ce message parce que je méprise l’instrument employé ? Agir ainsi serait mépriser Christ. Non, le vrai gouvernement est celui de Christ, et Il gouverne par sa Parole qu’Il nous apporte au moyen de tout instrument qu’Il jugera propre à utiliser.
            Le Seigneur honore le vrai gouvernement dans sa maison, et Il l’honorera en utilisant ceux qui connaissent le mieux sa pensée, et qui sont le moins en contradiction avec l’ordre établi de Dieu.
            Sans aucun doute, l’autorité de Christ sera plus fréquemment représentée par le moyen de frères anciens, parce que c’est cohérent avec l’ordre selon Dieu. La nature même enseigne l’obéissance et le respect envers ceux qui sont plus âgés, et en particulier les parents. Et dans la famille de Dieu, il est bon que l’ordre de Dieu soit reconnu dans la mesure du possible.
            Cela implique, bien sûr, que les croyants aînés demeurent en communion avec Christ, et puissent être utilisés en tant que canaux pour Lui, pour transmettre ses messages à son peuple. S’Il les utilise pour conduire son peuple, ce n’est pas en raison de ce qu’ils sont en eux-mêmes, mais parce ce que cela est conforme à l’ordre qu’Il a établi, même dans la nature. Mais si, parmi le peuple de Dieu, des anciens ne demeurent pas en Christ, ne sont pas remplis de sa Parole et ne marchent pas dans la séparation du monde, il ne faut pas s’attendre à ce que le Seigneur les utilise. Que de fois doit-Il déroger à l’ordre établi et utiliser des jeunes au lieu de plus âgés, parce que ces derniers ne sont pas prêts !
            Cela devrait toucher notre conscience, car c’est un principe de la plus haute importance. A propos de l’ordre dans sa maison, pour être utilisés par le Seigneur afin d’apporter la vérité à son peuple, nous devons être en communion avec Lui. Alors, s’ensuivront nécessairement l’obéissance, le respect de l’autorité de Christ et de sa Parole, et le respect pour celui qui nous l’apporte, non pour ce qu’il est en lui-même, mais parce que nous reconnaîtrons qu’il veille sur nos âmes, comme ayant à rendre compte. Nous reconnaîtrons qu’il demeure en Christ, et nous communique non pas la volonté humaine, mais celle du Seigneur Jésus.

            C’est dans ce chapitre 9 des Juges que le gouvernement s’effondre. Ce sera pire avec Jephté, plus désastreux encore avec Samson, et il finira par disparaître à la fin du livre. Nous avons vu comment l’esprit de succession qui vient du sacerdoce arbitraire veut régner coûte que coûte et tout ruiner. C’est la volonté propre dans les choses de Dieu qui amène l’anarchie, les querelles et la confusion. Apprenons à nous soumettre au Seigneur, chef de son Eglise, Seigneur de nous tous. Si nous sommes près de Lui pour recevoir sa Parole, inclinons-nous devant celle-ci et reconnaissons l’autorité de Christ sur sa maison. Mais pour cela il faut que nous marchions avec Dieu ; s’il en est ainsi, le gouvernement sera selon Lui, les surveillants serviront librement ; ils seront à la hauteur de leur responsabilité, et Christ sera tout pour leur coeur et pour celui des croyants.

 

D'après S. Ridout