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MEDITATIONS SUR LE LIVRE DES JUGES (3)

 

Le déclin du peuple - De Guilgal à Bokim : relations avec Dieu changées (Jug. 2 – 3 : 4)
            De Guilgal à Bokim
            Le départ de Josué
            L'apostasie et l'idolâtrie du peuple
            L'esquisse d'une restauration

 

Le déclin du peuple - De Guilgal à Bokim : relations avec Dieu changées (Jug. 2 – 3 : 4)

            Le premier chapitre a donné un aperçu des circonstances extérieures et des défaillances du peuple lors de l’occupation du pays. Le déclin a été présenté par le récit d’une succession de combats dont les victoires deviennent de moins en moins complètes, jusqu’à ce que les conditions s’inversent, et que le peuple soit refoulé dans les montagnes par leurs ennemis.
            Les passages que nous considérons maintenant nous occupent des relations du peuple avec Dieu, et des conséquences de son éloignement. Etroitement liés au chapitre précédent, ces versets disent peu de choses au sujet des lots des fils d'Israël ; en revanche, la question de leur fidélité envers Dieu y tient une grande place.
            Ces quatre paragraphes ont une portée plutôt générale ; les circonstances qui y sont décrites couvrent de longues périodes. Ils présentent quatre vues d’ensemble du livre, révélant des principes que nous verrons par la suite. Nous allons trouver plusieurs caractéristiques importantes sur lesquelles nous nous arrêterons un peu longuement, avant de passer aux récits de la partie principale du livre.

 

                        De Guilgal à Bokim

                                    Guilgal

            Dans l'Ecriture, tout a un sens ; aussi chaque nom a-t-il certainement une signification. Guilgal est la ville caractéristique du livre de Josué. Après avoir traversé le Jourdain, et être entrés dans le pays, avant d’avoir conquis une seule ville, les Israélites campèrent à Guilgal (Jos. 4 : 19). Là, l’Eternel avait dit de se faire des couteaux tranchants pour se circoncire, car ils avaient été si longtemps dans le désert qu’ils avaient perdu le signe distinctif d’appartenance à Dieu. Le peuple devait être circoncis pour être prêt à combattre dans le pays.
            Le sens spirituel est très simple. Tout comme la mer Rouge, le Jourdain représente la mort et le jugement.
            La mer Rouge est en rapport avec la délivrance d’Egypte, le monde que nous avons quitté. La puissance et la domination du péché, représentées par le Pharaon et ses armées, sont anéanties à la mer Rouge ; un chemin est ouvert par la mort et le jugement, par la mort et la résurrection de Christ.
            Le Jourdain présente une pensée similaire. Il suggère la mort et la résurrection, mais en rapport avec l’entrée dans le pays promis et non pas avec la sortie d’Egypte. L’entrée dans notre héritage se fait par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus. Souvenons-nous bien que dans les deux cas le peuple est passé à sec ; il ne lui en a rien coûté de traverser la mer Rouge pour sortir du pays d’Egypte, pas plus que de passer le Jourdain pour entrer dans son héritage.
            Qu’avons-nous eu à payer ou à abandonner pour être délivrés de la colère de Dieu ? Qu’avons-nous eu à faire pour être libérés de la servitude du péché et de l’esclavage de Satan ? Rien, nous sommes passés à sec. La mer menaçait de nous engloutir ; aucune puissance humaine ne pouvait nous faire passer de l’autre côté ni nous délivrer de l’armée terrible du Pharaon. Nous y avons échappé en passant à travers la mer, marchant paisiblement dans son lit comme sur un chemin, sans aucun effort de notre part. C’est le chemin de Dieu.
            Insistons sur ce point, pour ceux qui sont perdus. Le chemin du salut que Dieu propose est le plus simple possible. Pas une seule bonne œuvre, ni aucun bon sentiment ne sont nécessaires. Tout a été parfaitement accompli par Christ. L’œuvre est achevée.
            Si vous êtes encore sous la colère et le jugement de Dieu, comme tous le sont à cause de leurs péchés, voici le remède de Dieu : le Seigneur Jésus-Christ est descendu du ciel pour chercher et sauver ce qui était perdu, et Lui, non par sa vie mais par sa mort, a ouvert le chemin du salut pour quiconque croit en Lui. A la croix de Christ, je vois le sang qui m’abrite du jugement, et qui m’ouvre un chemin pour être délivré de la puissance et de la servitude du péché.
            Regardez au salut que Dieu vous offre. Vous n’avez rien à faire pour l’obtenir, juste à vous reconnaître pécheur, coupable et perdu. La traversée de la mer Rouge n’est pas difficile. Beaucoup disent qu’ils n’en sont pas capables : ils ont peur de ne pas pouvoir continuer dans la vie chrétienne. Le problème n’est pas là, mais bien celui-ci : êtes-vous prêt à faire le pas et à accepter le Seigneur Jésus comme votre Sauveur ? Si vous l’acceptez, Il s’engage à tout faire pour vous. Non, ce n’est pas difficile d’être délivré de la puissance d’un mal plus grande que celle du Pharaon, puisque nous n’avons aucun effort à fournir.
            Certains chrétiens estiment ce chemin de la délivrance un peu trop facile, et disent parfois : c’est antinomique et dangereux. Qu’est-ce qui les entrave pour être délivrés de la puissance du péché ? Pourquoi ne peuvent-ils pas s’approprier Romains 8 : 2 : « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » ? Ah, puissent-ils dire à genoux : Père, je te rends grâce de ce que la loi de l’Esprit m’a affranchi de ce qui me tenait en esclavage. - Celui qui sait qu’il est un pécheur pardonné et délivré, peut affirmer que le chemin de la délivrance est facile. En revanche, le chemin du péché, lui, est un chemin dur ; la servitude de Romains 7 est un esclavage dur. Mais du moment qu’avec une foi vivante nous nous emparons de la Parole de Dieu, nous sommes affranchis.
            S’il est facile pour l’âme d’être libérée, il y aura néanmoins encore des exercices, et il faudra marcher tous les jours avec humilité, en se méfiant de la chair. Mais la ligne de démarcation est nette entre l’esclavage du péché, et la liberté dans laquelle Christ place son peuple. Cette ligne de démarcation est la mer Rouge, avec son passage à sec. Cela ne nous coûte rien. Il n’y a pas à attendre une deuxième bénédiction, à atteindre un certain niveau, ou à faire une expérience particulière. Beaucoup d’enfants de Dieu sont occupés d’expériences au lieu de la vérité. Il faut simplement marcher à travers les eaux qui se dressent, prêtes à nous engloutir. Quelle puissance en nous pourrait un instant résister à ces flots menaçants ? La main puissante qui les retient nous y a frayé le chemin facile de la liberté. Rappelons-le au peuple de Dieu : nous sommes libres, nous ne sommes plus dans la servitude du monde, ni sous l’esclavage du péché ou de Satan.
            Cela nous ramène à Guilgal ; ce n’est pas une digression, mais une nécessité pour jouir de la liberté. Nous y arrivons en traversant le Jourdain à sec ; et là, de quelque côté que nous nous tournions, nous découvrons que tout nous appartient. Mais qu’est-il dit ensuite ? « Fais-toi des couteaux tranchants » (Jos. 5 : 2). Nous en arrivons à quelque chose qui coûte, non par un effort humain ou légalement, mais qui coûte à l’orgueil et au moi. Le couteau de Dieu nous amène maintenant à la réalité pratique de ce que nous possédons spirituellement. Nous sommes entrés dans le pays, nous connaissons la délivrance, nous pouvons dire que nous sommes libres, mais pour marcher comme des vainqueurs et des hommes affranchis, la marque du monde doit être retranchée, et seule la croix de Christ peut le faire.
            Dans l’épître aux Galates, l’épître de la délivrance, comment Paul parle-t-il de la croix de Christ ? Au premier chapitre il écrit : « Christ... s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous retirer du présent siècle mauvais » (v. 4), et au dernier chapitre : « Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde » (v. 14). Dans le premier chapitre la délivrance est opérée pour nous, par Lui à la croix, et dans le dernier chapitre, elle s’applique pratiquement à nous dans la puissance du Saint-Esprit.
            Le peuple de Dieu doit toujours revenir à Guilgal. L’enfant de Dieu n’a aucune puissance à moins de réaliser et sa faiblesse, et la mort. La sentence de mort étant venue sur lui, il l’applique dans la simplicité de l’obéissance de la foi, de sorte qu’il n’a plus confiance en la chair. Pour lui, la croix de Christ n’est pas seulement un titre ou un signe de liberté, elle est maintenant une arme libératrice ; il est affranchi de la puissance du monde et de l’énergie de la chair. Connaissons-nous pratiquement la pleine délivrance de l’âme par la croix de Christ, emblème de la mort ? Souvenons-nous qu’en montant de Guilgal, le peuple avait pu affronter Jéricho sans trembler ni avoir peur, et que les murs de la ville tombaient devant eux. Ils revenaient à Guilgal pour reprendre des forces en réalisant leur faiblesse, avant d’aller en guerre contre les autres villes du pays, et affronter toutes les formes sous lesquelles l’ennemi se présentait. Ils montaient de Guilgal, remportaient un combat, et revenaient à Guilgal pour jouir des fruits de la victoire et être gardés dans l’attitude qui convenait pour remporter de nouveaux combats.
            Nous savons monter de Guilgal, mais savons-nous y revenir ? Une expérience a pu nous humilier jusque dans la poussière de la mort, mais y sommes-nous restés ? Nous nous sommes peut-être courbés devant Dieu jusque dans la poussière, et la croix s’étant appliquée pour juger entièrement notre moi ; Dieu a pu alors nous relever, et nous avons pu remporter une victoire dans la puissance de l’Esprit. Mais sommes-nous ensuite retournés à Guilgal, pour rester au lieu de notre humiliation, où la sentence de mort s’applique à tout ?
            Le livre des Juges mentionne que Dieu était à Guilgal et y demeurait – combien c’est significatif ! Il se tenait là pour rencontrer le peuple, s’il venait à Lui.
            Dieu demeure toujours à Guilgal, là où la mort de Christ s’applique à nous. Si nous voulons vraiment avoir affaire avec Dieu, c’est à Guilgal qu’il faut aller. Ce n’est pas un terrain légal terrifiant. Qu’elle est douce, la croix de Christ que nous considérons particulièrement chaque premier jour de la semaine, elle donne la paix avec Dieu ! C’est l’emblème de notre salut éternel. Elle ne devrait pas plus nous effrayer pour notre marche que pour notre salut.
            Mais dans les Juges, le peuple n’est pas prêt à rencontrer Dieu à cet endroit. Aussi, dans sa grâce, l’Ange de l’Eternel monte-t-il de Guilgal, pour un lieu bien différent.

                                    Bokim

            « Et l’Ange de l’Eternel monta de Guilgal à Bokim » (2 : 1). Notez ce mot « monta ». Il marque une distance et une dénivellation certaine entre Guilgal et Bokim. Le lieu de l’humilité a été abandonné, pour un terrain élevé et une attitude hautaine. Collectivement ou individuellement, cette ascension est facile ! L’orgueil spirituel et la confiance en soi s’y trouvent.
            A Guilgal, il y a des couteaux, mais pas de larmes amères ! Là, Dieu ne fait aucun reproche. Quand un homme a été brisé par la croix, Dieu n’a pas besoin de le briser à nouveau ; il s’est humilié en présence de Dieu, et cela suffit. Lorsque j’ai jugé ma marche, et ma vie, Dieu n’a pas besoin de le faire pour moi. Aussi, Guilgal est-il un lieu de douce et sainte communion.
            Mais si Dieu quitte Guilgal pour nous rencontrer sur un autre terrain, ce sera pour nous faire sentir la misère liée à nos manquements et à notre éloignement de Lui ; ce sera pour nous rappeler qu’Il nous a fait sortir d’Egypte, et nous a introduits dans le pays, avec la promesse de toujours rester fidèle à son alliance établie avec son peuple.
            Dieu demande donc aux fils d'Israël pourquoi ils se sont éloignés de Lui et ont servi d’autres dieux, et Il précise qu’Il ne peut les bénir ni être avec eux tant qu’ils restent dans cette position. Il ne chassera pas les ennemis de leur territoire, et les laissera dans une misérable servitude toute leur vie, parce qu’ils ne L’ont pas rencontré à Guilgal qui est l’emblème de leur néant et de Sa suprématie en toutes choses.
            Il fallait s’attarder sur Guilgal car c’est ce qui nous amène au cœur de notre sujet. Le jugement de soi-même est la grande leçon que l’enfant de Dieu doit apprendre. C’est peut-être encore plus nécessaire collectivement, bien qu’il n’y ait pas de priorité dans ce tout qui est impératif. Les aspects individuels et collectifs sont étroitement liés.
            Pour n’avoir pas réalisé cela collectivement, l’Eglise n’a manifestement pas saisi ce que Dieu lui a donné. Elle s’est éloignée de Guilgal. Quelle que soit la dénomination parmi le peuple de Dieu, le jugement de soi et le brisement devant Dieu font souvent défaut ; c’est pour cela que les ennemis ne sont pas chassés complètement, comme pour les tribus d’Israël.
            Revenons, individuellement, à Guilgal, sinon au moins à Bokim, le lieu des pleurs, où Dieu déclare qu’Il ne peut continuer à bénir si nous désobéissons à sa sainte volonté. Dieu peut nous rencontrer à Bokim. Pensez à ce Bokim de Luc 7, où une pauvre âme qui n’a que ses péchés à apporter à Christ, les dépose en pleurs à ses pieds, dans la honte et la douleur. Le Fils de Dieu pouvait-Il répondre à ses besoins ? Bokim, c’est le lieu des larmes où une âme peut prendre sa vraie place devant Dieu, et trouver, là, ce qu’Il est pour elle. Si un pécheur réalise qu’il ne peut apporter à Christ que ses péchés, qu’il dépose son fardeau aux pieds du Seigneur Jésus, Il répondra à ses besoins. A Bokim, se trouve un sacrifice qui a ôté le péché pour toujours de devant la face de Dieu.
            Cette histoire se résume ainsi : le peuple s’est éloigné de Dieu, Dieu se distance alors d’eux à cause de leurs manquements, puis, exercés par cette situation, ils confessent leurs fautes dans la crainte de Dieu. Là, se trouve un sacrifice qui est le gage de la miséricorde de Dieu prête à répondre à ceux qui, dans l’humilité, se tournent vers Lui.
            Ce qui suit fait ressortir la vérité déjà vue au premier chapitre. Il n’y a rien de nouveau, la même histoire se répète, mais vue sous l’aspect de leurs rapports avec Dieu, plutôt qu’en rapport avec leur héritage. Nous avions vu qu’ils n’ont pas réussi à prendre possession de ce qui leur appartenait, ici nous voyons qu’ils n’arrivent pas à garder ce qui appartient à Dieu. Dans les choses spirituelles, si nous n’acquérons pas ce qui est nôtre et n’en jouissons pas, nous ne rendrons pas à Dieu ce qui Lui revient. La seconde partie de cette première division nous montre combien le peuple s’est éloigné de Dieu, et comment, par manque de foi et d’obéissance à sa volonté, il ne prend pas possession de ce qui lui appartenait. Nous pourrions dire en notre for intérieur : si je n’ai pas une vie spirituelle plus grande, je suis le seul responsable et le seul à être pénalisé. Non, c’est Dieu le grand perdant. Il attend des siens l’obéissance et l’adoration de cœurs reconnaissants, dans le service et dans le culte. La principale victime, c’est Dieu, et non pas nous. « Un homme frustrera-t-il Dieu ? » (Mal. 3 : 8).

 

                        Le départ de Josué

            « Et le peuple servit l’Eternel tous les jours de Josué, et tous les jours des anciens dont les jours se prolongèrent après Josué » (Jug. 2 : 7). Josué vivait dans la sainte présence de Dieu. Son âme étant entièrement consacrée à Dieu, il lui était facile de prendre possession de ce qui était à lui. Si Dieu s’empare de moi, je serai disposé à tout lui acquérir.
            Comme nous l’avons vu, Josué représente à la fois Christ notre chef dans la puissance de l’Esprit de Dieu, et l’homme de foi qui tient ferme pour Dieu, avec une foi vivante. De leur vivant, Josué et les anciens qui connaissaient et suivaient Dieu, maintenaient toute la nation. C’est une grâce quand Dieu dispose de telles personnes pour maintenir ses saints dans la dépendance. Mais Josué n’est plus, et n’a pas de successeur. Il représente l’esprit apostolique dans l’Eglise. De même, au début, Paul et les autres apôtres maintenaient les saints ensemble, aussi l’Eglise était-elle épargnée de défaillances manifestes. Mais les apôtres sont morts sans laisser de successeur. Dans tout mouvement, la deuxième génération est souvent un temps de faillite. Du temps de Josué et des anciens, Israël était fidèle et vivait, en apparence, dans la crainte de Dieu. Puis s’est levée une génération qui n’avait pas vu les œuvres de l’Eternel ; ils n’avaient pas reçu les vérités directement de Dieu, mais de la main des anciens ; ils les avaient apprises de manière intellectuelle plutôt que de cœur.
            Il est à craindre que la deuxième génération de tout mouvement possède la vérité dans la tête, et non dans le cœur ! De précieuses vérités, achetées pour quelques centimes peuvent être rangées sur nos étagères, mais une chose est de les payer de sa poche, et une autre de les payer de son âme ; les avoir dans la tête est une chose, mais il faut les avoir dans le cœur. Josué et les anciens, qui avaient une foi personnelle vivante, s’en étaient emparés, mais pour la génération suivante, c’était autre chose de les imiter. Quand l’Esprit de Dieu a sonné le cri de minuit - « Voici l’époux » - avec quelle puissance, il avait saisi les âmes et les avait menées à la rencontre de l’époux ! Que la gloire était près ! Que le Seigneur était cher ! Que le monde avait peu d’importance pour ces croyants ! Qu’en est-il aujourd’hui ?
            Pensons aux bénédictions que l’Esprit de Dieu a révélées : un Christ glorieux à la droite de Dieu, une Eglise céleste, et toutes les vérités qui en découlent. Il ne faut pas seulement en parler, mais les assimiler avec l’aide du Saint Esprit ; cela est capital. Les anciens ne sont plus ; la première génération de ce mouvement a disparu, et nous nous sommes levés à la place de nos pères. Posons-nous alors la question : ces vérités nous ont-elles simplement été léguées par des hommes fidèles, ou les avons-nous reçues de Dieu ? Avons-nous été seuls avec Dieu à Guilgal pour les acquérir ? En avons-nous fait une question personnelle avec Lui, ou les avons-nous apprises parce que tel frère les a gardées et enseignées ? Les conducteurs sont donnés de Dieu, nous pouvons l’en bénir, mais nous ne pouvons les imiter qu’en suivant un Christ vivant dans la présence et la puissance de l’Esprit Saint.
            Lot n’était pas un homme de foi, mais il pouvait suivre Abraham partout où il allait. Abraham, à qui le Dieu de gloire apparut quand il habitait en Mésopotamie, obéit à l’appel divin et quitta tout, sa maison, son pays, sa parenté. Pourquoi Lot est-il allé avec Abraham ? Parce qu’il avait les yeux sur lui. Abraham partit regardant à Dieu ; Lot, regardant à l’homme. Et nous, pourquoi sommes-nous séparés et professons-nous porter l’opprobre pour le nom de Christ ? Avons-nous répondu à l’appel divin ou à des proches qui nous sont chers ? Les enfants ont-ils simplement suivi les parents, les maris les épouses ou les épouses les maris ? Avons-nous seulement suivi ceux que nous avons aimés et honorés dans la chair ou avons-nous obéi à Christ ? Avons-nous écouté la direction de l’Esprit de Dieu, ou celle d’hommes de foi qui ne sont conducteurs que s’ils ont les yeux réellement fixés sur Christ ?
            Abraham va dans le pays et Lot l’accompagne. Au mauvais jour, éprouvé, Abraham descend en Egypte. Lot va avec lui, et c’est là que la chair s’empare de lui. Si nous suivons un croyant sans imiter sa foi, tout ira bien, en apparence, s’il marche avec Dieu, mais s’il descend en Egypte, nous y descendrons aussi. A leur retour, Abraham est restauré, mais il n’est pas dit que Dieu avait des relations avec Lot et que sa main était sur lui. En fait, nous ne voyons pas que Lot ait péché aussi gravement qu’Abraham en Egypte ; il ne faisait que le suivre ici et là. Mais le moment est venu où il a dû s’arrêter de le suivre, et choisir pour lui-même – tout comme chacun de nous. Où s’est alors porté le choix de Lot ? La chair l'a dirigé vers les plaines fertiles de Sodome qui sont sous le jugement de Dieu. Si notre foi n’est pas vivante et n’est qu’une tradition, elle sera testée tôt ou tard, et nous devrons répondre à la question : dans quel chemin marcher ? Celui de la facilité, qui plaît aux affections naturelles, ou le chemin solitaire de séparation pour Dieu, dans lequel Abraham a marché seul avec Dieu
            C’est l’enseignement de cette deuxième partie : le peuple sert Dieu aussi longtemps qu’un homme de foi le conduit, mais quand vient le moment de la mise à l’épreuve, il montre ce qui est dans son cœur, et s’écarte. Que Dieu nous accorde de nous en souvenir, et nous garde de considérer cet enseignement comme secondaire.
           Tout ce récit en porte le caractère, jusqu’à l’enterrement même de Josué : dans le livre de Josué, le lieu de son sépulcre est Thimnath-Sérakh (24 : 30), alors que dans le livre des Juges, c’est Thimnath-Hérès (v. 9). Quand il était question de l’héritage dans lequel il était entré par la foi, comme représentant le peuple de Dieu, c’est Thimnath-Sérakh : « une riche part », et assurément, telle est la part de Dieu. Et maintenant qu’il s’agit de la défaillance du peuple et de leur éloignement de Dieu, la tombe de Josué se trouve à Thimnath-Hérès : « une part d’argile ». L’abondance est changée en un petit lopin de terre ! Cela nous montre la différence entre une foi vivante et une profession formelle. Notre héritage est-il riche ou n’est-il qu’un petit lopin de terre ? Est-ce un champ fertile, ou de l’argile stérile qui ne donne ni fruit pour Dieu, ni nourriture pour notre âme ?

 

                        L'apostasie et l'idolâtrie du peuple

            Dès le paragraphe suivant, quand Josué est mort, le peuple s’écarte de Dieu. Non seulement les fils d’Israël ne saisissent pas ce qui leur appartient, mais ils commencent à servir Baal ; ils servent de faux dieux qu’ils se sont fait eux-mêmes, dieux des nations environnantes. Ils forment leurs pensées concernant Dieu d’après celles des peuples idolâtres !
            La fin de la première épître de Jean - que nous pourrions appeler l’épître du sanctuaire ou l’épître du sein du Seigneur - est frappante. Les derniers mots de cette lettre consacrée à placer devant nous Christ et Dieu qui est lumière et amour, sont : « Enfants, gardez-vous des idoles ». Dirions-nous à un homme qui a sa tête sur le sein du Seigneur, qui marche dans la lumière, comme Il est dans la lumière, qui connaît le Père et le Fils de se garder des idoles ? Si l’Esprit de Dieu donne une telle exhortation, c’est que le danger existe et que nous avons besoin d’en être gardés.
            Qu’est-ce qu’une idole ? Pour un homme, ce peut être le monde ou son travail ; pour une mère, ce peut être son enfant. Mais dans l’Ecriture, une idole est toujours associée à un aspect religieux, à ce qui sollicite la conscience - la consécration et l’obéissance entrent alors en jeu. Alors, qu’est-ce qu’une idole ? Dans le désert, quand Aaron fit le veau d’or, les fils d’Israël dirent : « C’est ici ton dieu, ô Israël ! qui t’a fait monter du pays d’Égypte », puis Aaron dit : « Demain, une fête à l’Éternel » (Ex. 32 : 4, 6). L’idole a été appelée Eternel ! Pauvre Aaron, il essayait de concilier la vérité qu’il tenait de Dieu avec l’idolâtrie qui était dans le cœur du peuple. C’était un mélange des deux qui faisait appel aux sentiments religieux du peuple. Ainsi, pour les chrétiens comme pour les païens, l’idolâtrie est ce qui fait appel au sens religieux.
            Y a-t-il de l’idolâtrie parmi le peuple de Dieu ? Des choses sont-elles mêlées à la vérité de Dieu ? Ici, il nous est dit que le peuple a servi les Baals, qui signifie seigneurs. Or la souveraineté de Dieu est un fait : l’humanité Lui appartient, Il est Dieu sur elle, mais sous combien de dieux et de seigneurs les hommes se sont-ils placés, ne conservant qu’une partie des éléments de la vérité divine ! Qu’est-ce donc que s’écarter de Dieu et servir les Baals ? C’est mettre de côté ne serait-ce qu’un seul attribut de Dieu et le remplacer par d’autres qui viennent de l’homme. Par exemple, adorer le Dieu Tout-puissant, comme la Bible le révèle, en mettant sa sainteté de côté, c’est adorer une idole. Adorer le Dieu de sagesse et de connaissance selon les Ecritures, en mettant son amour et sa justice de côté, c’est de l’idolâtrie. L’idolâtrie est plutôt l’apport d’éléments ténébreux dans la lumière, que l’immersion dans les ténèbres.
            Au Psaume 115 se trouve une description très instructive des « idoles des nations ». Elles ont des yeux mais ne voient pas, elles ont des oreilles mais n’entendent pas, des mains mais ne touchent pas, une bouche mais ne parlent pas. Extérieurement tout parle de sagesse, de puissance et d’intelligence mais sans qu’il y ait la réalité. Servir des idoles, c’est donc avoir le cœur et la conscience sous la puissance de ce qui n’est pas la réalité divinement révélée. Le dieu n’est pas Celui de l’Écriture, révélé par le Saint Esprit ; les pensées de l’homme y sont ajoutées, et il devient un Baal ou une idole.
            Quel Dieu ce monde adore-t-il, et quelle conception de Dieu les hommes ont-ils ? Est-il présenté dans tous ses attributs ? Est-ce le Dieu vivant – Lakaï-roï, « le Vivant qui se révèle » - qu’Agar fut amenée à rencontrer face à face ? Ah, si la notion de la déité est fondée sur les pensées humaines au lieu de la révélation divine, alors ce dieu là n’est qu’une idole.
            Pour quelle raison le premier chapitre de l’épître aux Romains donne-t-il une description si terrible de la dépravation de l’homme ? C’est une corruption inconcevable, sauf pour ceux qui connaissent le cœur de l’homme. Elle est mentionnée dans une épître écrite à des gens qui connaissent Dieu, pour les avertir que s’ils perdent cette connaissance, s’ils altèrent la conception qu’ils ont de Dieu et s’écartent de lui, ils se corrompront certainement. Il est dit que Dieu les a livrés à un esprit réprouvé parce qu’ils ont perverti leurs pensées à son égard, et n’ont pas eu de sens moral pour garder sa connaissance. C’est la raison pour laquelle s’épanouissent tous les vices du paganisme.
            En compagnie d’Ezéchiel, regardons, par le trou dans le mur, les cabinets d’images du temple de l’idole (Ezé. 8 : 7-13). Quelles horreurs inimaginables dépeintes là - le mal sous ses formes les plus viles ! Comment ce peuple a-t-il pu imaginer un tel culte religieux ? Le scénario est toujours le même : ils se détournent de Dieu tel qu’Il s’est révélé en Christ, se font un dieu selon leur propre imagination puis donnent libre cours aux convoitises de leurs cœurs. C’est pour cela qu’il y a tant de corruption au nom de la religion. Cela devrait nous faire trembler de penser que si nous nous écartons de l’obéissance envers Dieu, et commençons à servir un dieu selon notre propre imagination, Dieu nous livrera aux désirs de nos propres cœurs corrompus.

 

                        L'esquisse d'une restauration

            Dieu intervient en miséricorde et suscite des juges pour délivrer Israël (Jug. 2 : 16). Le peuple s’est éloigné de Lui et a établi, comme idoles, les dieux des nations à l’entour. Dieu les livre alors à l’ennemi qui vient comme un fleuve et prend possession du pays. Puis, sous ce gouvernement terrible, le peuple demande grâce, et Dieu, dans sa miséricorde, accorde des juges pour les délivrer de la main de ceux qui les pillaient. C’est ainsi que les juges ont été suscités : après le déclin, la servitude, puis un appel au secours, et Dieu octroie un libérateur qui les restaure temporairement, mais ce n’est, hélas que pour retomber ensuite dans le même mal.
            Cet enseignement se répètera dans les chapitres suivants. Nous ne nous y attarderons pas plus maintenant, mais c’est une pensée solennelle. Dieu ne donnera pas un autre Josué, il ne restaure pas ce qui a été détruit. Il suscite un juge dans un but précis, et lorsque celui-ci meurt après avoir fait son devoir, le cœur du peuple tombe à nouveau dans le mal, ayant besoin d’une autre restauration par le moyen d’un autre juge. Mais les choses s’affaiblissent toujours plus, jusqu’à en arriver à une obscurité presque totale.
            La fin du second chapitre et le début du troisième montrent le résultat de cette légèreté envers Dieu. Il n’y a plus de réelle conquête. Les délivrances ne sont que partielles, et l’ennemi est laissé au milieu du peuple, comme des épines, étant à la fois le témoin du fruit de leur propre incrédulité et le moyen d’une nouvelle mise à l’épreuve.
            L’état de la chrétienté actuelle témoigne contre l’Eglise qui s’est beaucoup éloignée de son état d’origine ! La présence du mal moral et doctrinal en son sein, due à la puissance spirituelle de méchanceté - celle de Satan - témoigne que nous ne nous sommes pas maintenus dans la grâce qui nous a été manifestée.
            Cependant, la présence même de ce mal dans l’Eglise professante est un test pour l’obéissance et la foi. N'est-ce pas là une pensée encourageante pour la foi ? Ne soyons pas accablés par l’état de chose qui nous environne. C’est dans l’obscurité que la foi brille le plus, et le livre des Juges donne plusieurs exemples d’une foi qui brille en contraste avec ce qui l’entoure. Puissions-nous apprendre à ne pas être découragés par la ruine autour de nous, mais à être exercés comme il convient. Puissions-nous voir qu’en laissant le mal subsister, Dieu se propose de nous aider à le conquérir, et non à le laisser nous engloutir. Que la liste des ennemis spirituels, donnée dans les quatre premiers versets du chapitre 3, puisse nous stimuler, et non pas nous effrayer ! Ayons cette foi vivante de Caleb, une foi qui ne vieillit ni ne faiblit jamais ! Et surtout, soyons humbles, haïssant tout esprit hautain, et n’ayons pas confiance en la chair.
            Revenons à Guilgal, là où nous pouvons rencontrer Dieu tel qu’Il est. Que le Seigneur nous y conduise et nous y maintienne !


D'après S. Ridout