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LE  TEMOIGNAGE  DE  DIEU  (1)
 

           En disant « le témoignage de Dieu », nous entendons que c'est Dieu lui-même qui témoigne : malheur à qui mettrait en avant son propre témoignage quand Dieu donne le sien. Un témoignage est rendu pour établir la vérité là où elle est ignorée ou contestée : nul besoin de témoigner, auprès de ceux qui voient, que le soleil brille, mais un aveugle-né n'en a l'idée que par ce que des voyants lui rapportent. Un témoignage est fait pour être reçu : qui le récuse accuse de mensonge celui qui le rend : malheur à qui fait Dieu menteur ! Le témoignage de Dieu est donné au sein d'un monde éloigné de Lui par le péché ; il montre les ressources divines, il est un effet de la grâce, mais il impose à l'homme de le recevoir : l'homme est responsable selon la vérité que Dieu le sait à même de connaître.
            De fait, Dieu a placé devant l'homme un double témoignage : celui de ses œuvres et celui de sa Parole. Ils sont présentés dans le Psaume 19, et on les retrouve rapprochés, entre autres passages, dans l'épître aux Romains (1 : 18-32 ;  2 ; 10 : 18).

 

LE TEMOIGNAGE DE DIEU DANS LES TEMPS DE L'IGNORANCE

             Le double témoignage

                   Les œuvres de Dieu en création. En premier lieu, Dieu s'est toujours fait connaître à l'intelligence par ses œuvres visibles. « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'étendue annonce l'ouvrage de ses mains » (Ps. 19 : 1). La création proclame et glorifie son auteur. « Il n'y a pas de paroles », et pourtant un langage est discernable, une voix des choses, et l'homme est appelé à admirer et à se laisser enseigner (Ps. 8).

            Que doit-il en effet reconnaître d'après ce témoignage de la création ?
                  - d'abord la puissance éternelle et la divinité d'un Créateur, au nom magnifique, à la majesté de qui il doit donner gloire, et qu'il doit craindre (Rom. 1 : 20-21 ; Ps. 8 : 1) ;
                  - en regard, la petitesse de l'homme (id. 3-4), mais aussi son mystère (v. 5) ; Dieu s'occupe de cet être, fait de peu inférieur aux anges et placé pour dominer sur les œuvres de Ses mains ; il doit donc se montrer digne de Lui ;
                  - la bonté de Dieu, qui est la providence de ses créatures, spécialement de l'homme (Ps. 104 : 10-14 ; Act. 14 : 17) ; il faut donc se confier en Lui.

            Mais en même temps, que de faits troublants, et combien sont impénétrables à l'homme les voies de cette providence ! La création subsiste par les bienfaits divins, et elle gémit sous mille calamités, la souffrance est partout. « L'homme ne peut comprendre, du commencement à la fin, l'œuvre que Dieu a faite » (Ecc. 3 : 11 ; voir 9 : 2). Tout est gâté dans une œuvre initialement admirable et qui, dans sa dégradation, conserve tant de marques de la puissance et de la bonté du Créateur.
            L'énigme est finalement celle du bien et du mal. Ces témoignages concrets sont propres à agir sur la conscience, qui est la connaissance intérieure du bien et du mal. Si déformée qu'elle soit elle-même, elle impose à son possesseur qu'il est une créature tombée, et tombée de d'autant plus haut qu'elle avait été si richement douée, son âme ayant été faite vivante par le souffle de Dieu, son intelligence et sa sensibilité décelant la « race de Dieu » (Act. 17 : 29). L'homme a une conscience depuis lors et parce qu'il est pécheur d’origine; il naît tel et sa conscience parle à mesure qu'il grandit. Tout à la fois il éprouve le besoin de trouver Dieu et il refuse de venir à Lui, car il a peur; il se cache comme Adam, et Satan excite cette peur. La création lui parle de Dieu, mais elle ne donne à sa conscience ni certitude ni apaisement.

                    La Parole de Dieu. Voir les œuvres de Dieu ne suffit donc pas, Le craindre n'est qu'un commencement : il faut écouter Dieu, le croire. Car Il a parlé, avec bonté, avec grâce, mais également comme le Dieu saint et juste. Partout où se fait entendre Sa parole, l'homme est tenu de répondre par la foi. « C'est par elle que les anciens ont reçu un témoignage » (Héb. 11 : 2). La foi « croit que Dieu est, et qu'il récompense ceux qui le recherchent » (v. 6), mais toujours elle « vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10 : 17). Voir sans croire a été de tous les temps, mais la foi n'a pas besoin de voir : « bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20 : 29). Il n'est pas moins vrai que le témoignage des choses créées et celui de la Parole de Dieu se complètent. « Un vrai adorateur de Dieu l'honore à la fois dans ses œuvres et dans sa Parole » (J. G. Bellett). Il est beau de voir comment l'apôtre Paul, en Romains 10 : 18, va jusqu'à identifier le langage des cieux visibles et celui de l'Evangile de Dieu. Il fait du soleil l'emblème de celui-ci. Et n'est-il pas l'emblème et le héraut du Seigneur lui-même, la Parole faite chair, substance de cet Evangile ? Tel le soleil vivifiant la terre, Il est la lumière qui ne fait qu'un avec la vie et qui, « venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1 : 9).

                    Satan et le double témoignage de Dieu. Contre ces deux témoignages, Satan s'est toujours élevé, obscurcissant l'esprit des hommes et faussant ou faisant taire leur conscience.
            Il a contrefait les œuvres de Dieu. Non qu'il puisse créer, il n'est qu'une créature, et le « doigt de Dieu » est là pour l'arrêter (Ex. 8 : 16-19). Mais il a su, en utilisant des forces « naturelles » déviées par son pouvoir à son profit, s'assujettir les hommes détournés de Dieu. La sorcellerie, la divination, la magie (toute supercherie mise à part), sont attestées par l'Ecriture ; le point culminant des opérations sataniques sera atteint quand « sera révélé l'Inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue – l'Inique dont la venue est selon l'opération de Satan, avec toute sorte de puissance, des signes et des prodiges de mensonge, et avec toute sorte de tromperies d’injustice pour ceux qui périssent » (2 Thes. 2 : 8-10).
            D'autre part, Satan emploie les œuvres de Dieu pour abuser l'homme en satisfaisant les besoins religieux qui sont inhérents à celui-ci. Les païens ont déifié les astres, les phénomènes de la nature, ils les ont adorés au lieu de glorifier leur Créateur, aussi bien qu'ils ont imaginé des dieux personnifiant les passions des hommes.
            Il a, enfin, amené l'homme à se glorifier de ses œuvres propres, loin de rendre grâces à Dieu d'où procède son intelligence et d'employer cette intelligence à Le servir dans l'obéissance ! Satan lui a fait croire qu'il devenait Dieu par son génie, qualifié de créateur : Tu peux tout, même atteindre les astres ! Des statues grossières de bois ou de métal aux peintures et aux sculptures les plus achevées et aux produits immatériels les plus raffinés de l'art, de la mystique ou de l'occultisme, c'est toujours Satan qui se cache derrière d'innombrables idoles.
            Le même Ennemi s'est emparé de la Parole de Dieu pour tromper l'homme. Il la déforme, ou il la contredit, ou il persuade l'homme qu'elle se contredit. C'est toujours le « Quoi ? Dieu a dit ? », insidieux ou agressif, auquel ni Eve ni Adam ni leur descendance n'ont su résister en retenant la Parole dans son intégrité. La frelater, la falsifier, pour qu'on la nie, tel est, aujourd'hui plus que jamais, le travail trop souvent couronné de succès du faux ange de lumière. Menteur et meurtrier dès le commencement, il travaille sans relâche pour que les hommes fassent Dieu menteur.

 

            Les temps de l'ignorance

                   A la chute. Dieu avait parlé à l'homme innocent, et celui-ci a écouté Satan au lieu de garder la parole de Dieu. Le résultat est qu'il s'est caché en entendant la voix de l'Eternel Dieu dans le jardin. Dieu parle alors à l'homme devenu pécheur, met à nu son état, prononce la sentence de jugement qu'impliquait la défense enfreinte, mais il donne une parole d'espérance et de salut en la « semence de la femme », un Rédempteur qui souffrira, mais qui brisera la tête du serpent. Depuis lors, cette parole s'est enrichie par révélation d'une époque à l'autre.
            Tandis que la création continuait de proclamer la gloire de Dieu, la Parole, vérifiée toujours plus hélas quant aux conséquences du péché, promettait aussi toujours plus distinctement que serait tenue la promesse d'un Sauveur, vers lequel elle tournait les regards de la foi. 

                  Avant le déluge. Comme Adam et Eve, leurs fils avaient à garder la déclaration divine. Caïn en eut connaissance comme Abel, mais sans la croire, alors que Dieu a rendu témoignage aux dons de foi de son frère. La descendance de Caïn a pu la connaître comme Seth et sa descendance : mais d'un côté on a invoqué l'Eternel, de l'autre on a multiplié la « méchanceté » au point que le déluge est venu mettre fin à un « monde d'impies ».

                   Sans loi. Le petit groupe humain préservé à travers le déluge grâce à la foi de Noé, recommence l'histoire sous des cieux d'où les eaux du jugement ne sont plus à craindre (l'arc-en-ciel en témoigne) et avec une Parole accrue des termes de l'alliance faite avec Noé, fondée sur un sacrifice. Mais au lieu de marcher à cette lumière les descendants de Noé, « parce que, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu » (Rom. 1 : 21). Ils se sont glorifiés dans les œuvres de leurs mains, et ils ont méprisé la Parole de Dieu qui avait créé l'homme et l'avait béni afin qu'il « remplisse la terre », bénédiction et injonction renouvelées après le déluge (Gen. 1 : 28 ; 9 : 1 ; 11 : 4). Dispersés en jugement après Babel, ils se créent autant de religions qu'ils ont de langues, chacune avec ses dieux, ses rites, ses superstitions. Leur conscience insensibilisée par l'idolâtrie (Rom. 1 : 23), ils sombrent dans les pires dépravations morales, Dieu les livre à leurs convoitises, et ce sont des passions infâmes (id. 25), avec toutes les imaginations nées de l'esprit réprouvé auquel il les a livrés. Une sagesse humaine poussée très loin s'associe sans difficulté à l'idolâtrie, comme cela s'est vu tant en Extrême-Orient qu'en Orient, en Grèce et ailleurs, mais c’est une sagesse ignorante de Dieu. Elle a pu s'incorporer des bribes de la révélation divine, reçues par tradition orale ou par écrit, et peut-être des rayons du foyer de lumière d'Israël ont-ils pénétré plus loin que nous ne supposerions, comme l'exemple de la reine de Sheba le montre. L'Ecriture, à propos d'un Nemrod, d'un Abimélec, d'un Balaam, comme d'un Jethro ou d'une Rahab, sans parler de Job et de ses amis, atteste que ce monde « destitué d'intelligence » et de sens moral s'est pourtant toujours ressenti d'avoir « connu Dieu ». Mais les plus grands génies du paganisme n'ont guère qu'entrevu les problèmes décisifs, et les philosophes les plus renommés ont laissé plus de brumes que de clartés.
            Dieu pourtant ne se laisse pas sans témoignage (Act. 14 : 17). Outre celui toujours intact de la création, et de ces lambeaux de la révélation surnageant dans le naufrage général, Dieu a le moyen de parler dans le secret aux âmes des humains,  « une fois, deux fois… » (Job 33 : 14-16), et cela dans tous les temps. Le fait-il chez les païens d'aujourd'hui, sans parler des masses déchristianisées ? Peut-on penser à une action de la grâce de Dieu dans les individus, au sein de ténèbres épaisses où l'Evangile n'a pas encore pénétré, s'agit-il même de peuples qui, ayant connu Dieu jadis ont été punis dans leur descendance et frappés d'égarement ? Laissons le juge de toute la terre faire ce qui est juste (Gen. 18 : 25). Lui seul sait de quelle façon il aura parlé à une âme, pour son salut éternel qu'elle aura ou refusé, ou reçu en reconnaissant son état de perdition. Bien entendu Dieu agit toujours sur la base de l'œuvre accomplie à la croix ; mais il y aura de toute tribu, et langue, et peuple, et nation, devant le trône de l'Agneau immolé. 

                  Promesses et loi.  Mais d'autre part Dieu a exprimé directement sa volonté, oralement et par écrit, à un peuple au milieu duquel « de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l'Esprit saint » (2 Pier. 1 : 21).
            Il avait parlé à Abraham, le tirant de l'idolâtrie, lui donnant des révélations nouvelles et lui faisant des promesses sans condition, confirmées ensuite aux autres patriarches qui se sont succédés.
            Il tire au temps voulu son peuple d'Egypte, lui donne une loi écrite, dont ce peuple est responsable. Il est présent au milieu de lui par l'arche appelée de façon significative « arche du témoignage », le lieu où il s'entretenait avec Moïse. Tout le long du voyage, puis en Canaan, elle parlait des droits de l'Eternel (la loi logée à l'intérieur de l'arche constituait le « témoignage » même), de la sainteté redoutable de sa présence. Mais elle parlait aussi de ses promesses en grâce, donnant au fidèle confiance et crainte, avec l'assurance que tous les types de l'action souveraine de Dieu en grâce auraient un jour leur réalité. La loi exprime la volonté à laquelle l'homme doit se soumettre pour être béni (Ps. 78 : 5).
            C'est cette « loi », ces « témoignages », ces « ordonnances », ce « commandement », ces « jugements », que célèbre le Psaume 19 (v. 7-11). Le fidèle y trouve perfection, sûreté, pureté, droiture, vérité, justice ; il en proclame l'inestimable prix, y puise joie et réconfort. Et pourtant, la loi n'apportait pas le salut ; elle met en évidence le péché sans en affranchir le pécheur, elle agit sur la conscience (v. 12-13) pour que l'âme se juge devant Dieu, et demande qu'Il la sonde, lui ne pouvant le faire à fond. Mais le croyant de ce psaume s'arrête moins aux exigences de la loi et aux conditions mises par elle à la bénédiction, qu'au bonheur d'avoir la Parole d'un Dieu vivant, qui s'est révélé. Ce Dieu s'occupe d'un peuple qu'Il aime ; Il le discipline, Il le délivrera : l'Eternel est l'espérance d'Israël à travers toutes ses tribulations. C'est ce que le Psaume 119 développe magnifiquement, et que l'Homme parfait, Jésus, a réalisé. Le cœur de l'adorateur vrai, sous la loi, pouvait jouir de Dieu, non sans doute comme nous qui Le connaissons comme Père, mais parce que sa conscience atteinte se reposait sur Lui qui pouvait le garder, Quelqu'un à qui l'on peut s'attendre. Le fidèle en parle comme de son Rocher et de son Rédempteur, bien que la rédemption fût encore à venir. Le salut luira un jour, mais l'âme est déjà « restaurée » (ou: ramenée ; c'est le même mot qui est traduit par « retourner » au Ps. 51 : 13, « convertir » en Es. 6 : 10). Elle regarde non vers elle-même, mais vers le Sauveur que Dieu donnera.
            Dieu rend ainsi témoignage, au milieu d'une masse incrédule, par de tels hommes pieux pour lesquels Il est source d'espérance, de paix et de joie. Il y en a toujours eu, quoique placés dans des relations différentes. Ainsi la famille de Seth avant le déluge, Abraham et la sienne, puis les croyants suscités en Israël, tout le long de son histoire. Histoire bien triste, enregistrée dans la Parole écrite comme la réaction de l'homme naturel devant la loi de Dieu : l'humanité a été testée en ce peuple mis à part pour un témoignage collectif. Il y a outrageusement manqué, au point que le nom de Dieu a été blasphémé parmi les nations à cause d'eux (Rom. 2 : 24). En réalité, quelles que soient les dispensations, tout témoignage confié à des hommes a failli ; mais jamais le témoignage de Dieu n'a cessé d'être présenté non seulement par la création mais par la Parole crue et vécue par des témoins, chacun avec sa foi personnelle, et groupés selon les voies de Dieu en un résidu plus ou moins important, plus ou moins compact, plus ou moins apparent. Il n'en a pas manqué même dans les temps de pire ruine, tels un Elie, un Jérémie. Si quelques noms seulement figurent dans la liste d'honneur du chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, tous, connus de Dieu, sont englobés dans la « grande nuée de témoins » qui « ont reçu un témoignage par le moyen de la foi », bien que « sans avoir reçu ce qui était promis ». Confiants dans le Dieu des promesses, ils témoignaient que leurs regards tournés vers l'avenir y voyaient croître la lumière jusqu'à la pleine révélation de Dieu, c'est-à-dire CHRIST.



                                             A. Gibert – « Messager évangélique » 1976 p. 85-94