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LA  DISCIPLINE  DE  JOB (2)


La détresse de Job et les paroles d'Eliphaz
Les réponses de Job à ses amis et ses questions à Dieu
Job devant Dieu comme le Juge, dont il reconnaît la sagesse et la puissance
Nouvelle attaque contre Job avec les paroles accablantes de Tsophar
 

La détresse de Job et les paroles d’Eliphaz

            Enfin Job ouvre la bouche, mais quelle douleur, quelle amertume ! Puis il termine par ces paroles : « J’ai eu une crainte, et elle est venue sur moi, et ce que j’appréhendais m’est arrivé. Je n’étais pas en sécurité, et je n’étais pas tranquille ni en repos, et le trouble est venu » (Job 3 : 25-26).

            Il se peut qu'il en ait été ainsi de vous, lecteur. Le vrai croyant ne redoute rien tant que le péché ; et cependant ce qu'il craignait le plus, le péché, oui, le péché, encore le péché et toujours le péché, il le voit en lui; et pourtant il le craint, il le hait, il avait parfois combattu à outrance pour s'en débarrasser entièrement et quelquefois il avait espéré en avoir fini avec lui, et puis de nouveau il le sent, le voit revenir, se relever, et se retrouve toujours le même. Cela ne semble-t-il pas devoir ôter toute espèce de paix ? Nul repos, nul calme, mais au contraire le trouble qui arrive, comme dans le cas de Job. Jusqu'à ce que la leçon de Job soit apprise, je sais qu'il en est ainsi de tout enfant de Dieu. Oui, et l'amertume de votre angoisse sera précisément en proportion avec votre amour pour Dieu et avec votre haine pour le péché. N'avez-vous pas, depuis votre conversion, éprouvé du dégoût pour le péché ? N'a-t-il pas pesé lourdement sur votre âme, à tel point que, semblable à Job, qui désirait n'être jamais né, vous avez presque désiré n'avoir jamais été converti, ou du moins douté de l'être ! Hélas ! vous avez peut-être été bien plus de sept jours avec quelqu'un de vos intimes amis, avant de pouvoir ouvrir votre cœur. Vous ne vous attendiez guère à vous trouver si méchant.

            Maintenant voilà Satan qui renouvelle l'attaque au moyen de l'ami Eliphaz. Des flèches empoisonnées partent de ses lèvres, dans le chapitre 4 : 3-8 : « Voici, tu en as enseigné beaucoup… Mais maintenant le malheur est venu sur toi, et tu es irrité… » (4 : 3-5). C'est une chose terrible quand Satan parvient ainsi à fixer les pensées d'un pauvre croyant sur lui-même. « Quoi ! dit-il, est-ce bien toi ? toi qui as fait une si haute profession ? toi qui instruis les autres ? - toi à qui l'on s'attend ? Quel opprobre tu vas jeter sur le nom de Christ, si le monde vient à connaître tout ce que tu es. Ton péché est effrayant, précisément en raison de la profession que tu fais ». Oui, et quelquefois il persuaderait volontiers à l'âme tremblante, que son péché est tellement aggravé à cause de sa profession ouverte, qu'il ne peut plus être pardonné ; et alors si cela ne suffit pas, le voilà, prompt comme la pensée, lançant le dard qu'il jeta à Job : « Selon ce que j'ai vu, ceux qui labourent l'iniquité et qui sèment la misère, la moissonnent. Ils périssent par le souffle de Dieu » (4 : 8-9). Voilà le moyen utilisé par Satan. C'est sa première insinuation que Job est un hypocrite. C'est cette même flèche que nous le verrons envoyer, encore et encore, à mesure que nous avancerons dans le livre.
            Que le croyant se tienne en garde contre les armes de Satan ; il pourra par exemple vous suggérer ceci : « Oui, tout cela est très vrai pour ceux qui font partie du peuple de Dieu ; certainement ils ont la rédemption par le sang de Christ ; je ne te dis pas de douter de cela. Mais ne m'est-il pas permis de poser cette question : Si tu étais un enfant de Dieu, serais-tu aussi méchant ? N'es-tu pas un hypocrite ? Qu'en penses-tu ? ». Ah ! voici un terrain sur lequel, si le chrétien s'y laisse entraîner, il reçoit un terrible soufflet. Sans doute il est très vrai que ceux qui sèment l'iniquité la moissonnent, et cela sera toujours vrai : Ils périssent par le souffle de Dieu. Mais cela était mal appliqué contre Job, de même que dans le cas de Pierre, bien qu'il ait renié son Seigneur. Mais cela aurait pu être justement appliqué à Judas. Il avait semé l'iniquité. Il cherchait une occasion de livrer son Maître. Il n'en était pas ainsi de Pierre, bien que, en présence de la tentation, il se soit trouvé complètement sans force. Voilà justement la différence entre un croyant et un hypocrite. Le péché n'est pas l'objet du croyant, il ne cherche pas des occasions de trahir Christ, quoique, hélas ! comme Pierre, en présence de la tentation, il puisse se trouver dépourvu de toute force.

 

Les réponses de Job à ses amis et ses questions à Dieu

            C'est cette fausse application de la vérité, dont Satan s’est servi dans les discours des amis de Job. Le chapitre 6 nous fait voir quelle secousse terrible cela causa au malheureux Job. « Oh ! si mon chagrin était bien pesé, et si on mettait toute ma calamité dans la balance ! Car maintenant elle pèserait plus que le sable des mers ; c’est pourquoi mes paroles sont outrées ; car les flèches du Tout-puissant sont en moi, leur venin boit mon esprit ; les frayeurs de Dieu se rangent en bataille contre moi » (6 : 1-4). Job se trompait grandement : ces flèches étaient les flèches de Satan. Dieu n'était pas contre Job. Si seulement il avait su qu’au contraire, Dieu était pour lui !
            Combien grande est la détresse de l'âme lorsque Satan insinue ainsi que Dieu est contre le croyant, combien il parvient alors à grossir chaque épreuve, chaque affliction ! « A présent, dit-il, est-ce que cela ne montre pas clairement que tu es un hypocrite et que Dieu est contre toi ? Maintenant, Il va te traiter comme tes péchés le méritent ». Oui, et combien le cœur incrédule est vite prêt à dire : « Il faut bien que cela soit ainsi. Personne, assurément, n'a eu des sentiments de désespoir pareils à ceux que j'éprouve. Les frayeurs de Dieu se rangent en bataille contre moi. Je croyais être un si bon chrétien, mais maintenant je vois que mes péchés méritent la condamnation la plus sévère. Hélas ! l'angoisse de Job, quand il a été aux prises avec cette tentation, est devenue si profonde qu'il a demandé à Dieu de le détruire ! Soit qu'il dorme soit qu'il veille, il n'y a pour lui aucun soulagement. Il ne trouve personne qui comprenne son état, et ainsi il s'enfonce de plus en plus dans l'abîme de son amertume.
            Et quand un croyant passe par ces profondes eaux, combien peu sont-ils ceux qui comprennent bien son état ! Je n'en connais qu'un seul, dont je vais parler plus loin.

            Au chapitre 8, voici maintenant l'ami Bildad, qui vient frapper sur le coin à son tour pour l'enfoncer un peu plus avant. « Le papyrus s’élève-t-il où il n’y a pas de marais ? Le roseau croît-il sans eau ? Encore dans sa verdeur, sans qu’on l’ait arraché, avant toute herbe il sèche. Tels sont les sentiers de tous ceux qui oublient Dieu ; et l’attente de l’impie périra » (8 : 11-13). Tout cela est vrai des auditeurs, semblables aux lieux rocailleux ; mais cela n'était pas vrai de Job, et cela n'est pas vrai non plus de celui qui se confie sincèrement en Christ ! L'eau qui est en lui est une source qui jaillit en vie éternelle. « L'attente de l'impie périra », mais la plus faible des brebis de Jésus ne périra jamais. Si l'on va regarder à sa propre verdure - je veux dire à celle qu'on « s'imaginait » avoir, à la bonté dont on se vantait -, oh ! alors, cela en effet se fane, et ainsi Satan a l'avantage. Il peut y avoir beaucoup de fraîcheur d'âme au moment de la conversion - comme dans l'herbe des marais ; mais gardez-vous de vous y fier ! Bien souvent la réaction est en proportion de l'exubérance de la joie, au moment où l’on découvre le vrai caractère de la chair. Alors les dards enflammés arrivent en masse, tels que celui-ci : « Je me suis fait illusion à moi-même. Je n'éprouve plus ce que j'éprouvais autrefois. Peut-être n'ai-je pas de racine en Christ. Or « l'attente de l'impie périra ». Oh ! alors quelle obscurité dans l'âme - quelle perplexité ! L'œil a cessé de regarder à Christ. Le cœur en est venu à écouter Satan. Même la toute première question, celle de la justification, redevient indécise ! Prenez garde aux coups de Bildad.

 

Job devant Dieu comme le Juge, dont il reconnaît la sagesse et la puissance

            Le chapitre 9 nous découvre l'état du cœur de Job. Il dit : « En vérité, je sais qu’il en est ainsi. Mais comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ? » (9 : 1-2). Il se présente devant Dieu comme juge, et grande est sa perplexité. Sur mille sujets il ne saurait lui répondre sur un seul. « Je suis épouvanté de tous mes tourments ; je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent » (9 : 28). Pauvre Job ! il ne sait plus maintenant de quel côté se tourner. Et n'est-ce pas le cas de tout croyant du moment qu'il se présente devant Dieu comme juge ? Comment peut-il - comment pouvez-vous être juste devant Dieu ? Ne suffit-il pas d'un seul péché entre mille autres pour vous condamner entièrement ? Cependant, c'est l'effort désespéré de Job et celui de tout cœur d'homme, de vouloir être « juste » devant Dieu. « Si je me justifiais, ma bouche me condamnerait » (v. 20). Comment ! Est-ce que Dieu sait que vous êtes innocent ? C'est bien tout à fait le contraire. Mais lors de votre conversion, vous espériez le devenir. En a-t-il été ainsi ? Pouvez-vous regarder la face de Dieu comme celle d'un juge et dire que vous avez été « innocent » depuis votre conversion ? Impossible. Dans ce cas la pensée de vous tenir devant Dieu comme juge, ne vous effraie-t-elle pas ? Certainement Job sentait qu'il était entièrement impossible de se tenir devant Dieu, sous son caractère de Juge, et d'être trouvé juste - de là le sentiment profond de la nécessité d'un médiateur, ou arbitre. « Car il (Dieu) n'est pas homme, comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous allions ensemble en jugement. Il n’y a pas entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux. Qu'il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne me trouble pas » (v. 33-34).

            La pensée de Dieu, en tant que Juge, remplit Job de confusion. Elle en vient à être pour lui ce qu'il exprime par ces paroles : « Tu me fais la chasse comme un lion » (10 : 16). Il y a aussi contrition et humiliation devant Dieu. Mais tout n'est encore qu'obscurité et véritable ombre de mort. Quelle pouvait être la cause de tout cela ? Et quelle est, ajouterai-je, la raison pour laquelle tant de chers enfants de Dieu peuvent se trouver dans la même obscurité et la même incertitude ? Parcourons ensemble le livre, et nous parviendrons à trouver cette cause.

 

Nouvelle attaque contre Job  avec les paroles accablantes de Tsophar

            Au chapitre 11, c'est Tsophar, ami de Job, qui prend la parole. Il expose la majesté de Dieu, mais c'est seulement pour écraser Job. Il voit que Job a tort de chercher à être pur à ses propres yeux ; et dans son zèle il dit : « Qu’il plût à Dieu de parler et d’ouvrir ses lèvres contre toi » (v. 5). Mais pour lui, il ne sait pas ou ne peut pas montrer à Job comment il peut être pécheur, et néanmoins justifié. Il peut bien dire que si Job n'était pas pécheur, ce serait fort heureux pour lui. Mais c'est là tout ce que Tsophar ou de simples lumières humaines peuvent faire. C'est là la « religion de l'homme ». Il faut que je fasse en sorte de n'être pas pécheur, alors je serai heureux, et Dieu ne sera pas contre moi. Vains efforts encore, vous le comprenez, n'est-ce pas ? Vous êtes pécheur. Comment donc pouvez-vous subsister devant un Juge saint ? Voilà la difficulté.
            Job répond de nouveau. Lui aussi peut très bien discourir sur la majesté de Dieu dans toutes ses voies ; mais cela ne saurait répondre à la question : Comment un homme pécheur peut-il être juste devant Dieu ? Un homme peut être capable de parler fort bien sur l’astronomie ou sur la géologie…, il peut être instruit dans toute la science de ce monde, et néanmoins n'être pas capable de dire comment le pécheur est justifié devant Dieu. La terrible pensée que Dieu est contre lui est toujours là pour angoisser Job. Quoi de plus accablant que cette affreuse pensée ? A qui pouvez-vous aller si Dieu est contre vous ? Le soleil peut briller, mais, hélas ! ce n'est pas pour vous. Vous pouvez essayer de fuir le péché, mais Satan vous poursuit et vous le présente d'autant plus fortement. Job a dit à Dieu : « Que ta terreur ne me trouble pas » (13 : 21) ; c'est là ce qui donne occasion à Eliphaz de renouveler l'attaque.

 

D’après Ch. Stanley - « Messager évangélique » 1861 p. 276-283

 

A suivre