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L’AGNEAU DE DIEU (2)

 

L'holocauste continuel

                        «Ce sera l'holocauste continuel en vos générations…» (Ex. 29 : 42)

            Dans les passages que nous avons considérés en Genèse 22 et Exode 12, Dieu a placé devant nous en figure les perfections de son Agneau, de Jésus. Ceux que nous désirons évoquer maintenant nous montrent comment son parfait sacrifice est toujours devant Lui, dans toute sa valeur, toute sa « bonne odeur ». Ils nous disent aussi que c'est à nous maintenant de placer devant Dieu les perfections de Jésus et le souvenir de son oeuvre.
            L'ordonnance de l'holocauste continuel nous est présentée dans l'Exode, dans le Lévitique et dans les Nombres sous trois aspects différents.

                        Dans l'Exode (29 : 38-46)

            Il est bien remarquable que ce ne soit pas aux sacrificateurs que l'Eternel demande ici de présenter cette offrande, mais à Moïse. Ceci nous aidera sans doute à saisir la portée de ce passage.
            Moïse venait de recevoir toutes les instructions divines relatives à la consécration d'Aaron et de ses fils. Tout ce qui était nécessaire pour qu'ils puissent s'approcher de Dieu avait été exposé en détail, et nous comprenons bien que l'Eternel parle maintenant de l'autel d'or, sur lequel Aaron fera fumer l'encens (ch. 30). Mais avant cela, il faut que Dieu rappelle le fondement éternel sur lequel les siens peuvent s'approcher de Lui, ou plutôt, le fondement sur lequel Il peut les recevoir, et se déclarer Lui-même leur Dieu. Nous ne pouvons réellement nous approcher de Dieu et Lui présenter un culte agréable que si Lui-même d'abord nous a approchés de Lui, nous a reçus, nous a donné la pleine certitude qu'Il est notre Dieu. Et tout cela repose sur l'oeuvre de Christ.
            Au matin, la bonne odeur de l'holocauste monte vers Dieu. Avant toute activité de la part de l'homme, avant qu'il nous soit demandé quoi que ce soit, la bonne odeur de l'holocauste, la perfection du sacrifice de Christ s'élève, et satisfait son amour. C'est sur ce fondement que toute sa faveur se déploie envers nous, pour nous accueillir, nous ouvrir son coeur, recevoir la louange qu'Il a placée dans nos coeurs. Mais en pensant à ces choses, nous ne pouvons oublier qu'avant que l'holocauste soit offert, il avait fallu que l'autel soit purifié, sanctifié, par un sacrifice pour le péché; nous ne pouvons oublier que ce qui a rendu nécessaire le sacrifice du Fils de Dieu, c'est notre péché, et que, pour que nous puissions ainsi nous approcher de Dieu notre Père, il a fallu que Jésus, portant nos péchés en son corps sur le bois, traverse les souffrances infinies de l'expiation, l'abandon de Dieu.
            Au matin, quelles choses merveilleuses sont ainsi placées devant nous ! Puis, tout le jour, « l'homme sort à son ouvrage et à son travail, jusqu'au soir » (Ps. 104 : 23). Que de faiblesse, que de manquements dans toute cette activité ! Bien souvent, on peut se demander ce qui est pour Dieu, ce qui pourrait Lui être présenté. Mais à la fin de la journée, ce n'est pas le fruit du travail de l'homme qui Lui est apporté, mais encore, toujours aussi pur et excellent, le parfum de l'holocauste. Certes, «Dieu n'est pas injuste pour oublier votre oeuvre et l'amour que vous avez montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore » (Héb. 6 : 10). Mais c'est encore l'oeuvre de sa grâce en nous, alors qu'en même temps, notre faiblesse mérite tant d'exhortations, de répréhensions (Héb. 12 : 5 ; 13 : 22). Quel repos alors de contempler ce qui est parfait - Christ, son amour, son œuvre !
            Rien ne pourra altérer la valeur de ce sacrifice. Elle est évoquée dans ce qui l'accompagne, l'offrande de gâteau et la libation. L'offrande de gâteau, « un dixième de fleur de farine pétrie avec un quart de hin d'huile broyée », nous parle de l'humanité parfaite de Christ, cette humanité qu'Il a revêtue en entrant dans ce monde, conçu de l'Esprit Saint comme Il l'a été. Tout en Lui, toute sa vie ici-bas, fut sainteté et pureté, manifestant ainsi qu'Il pouvait s'offrir Lui-même en sacrifice agréable à Dieu. La libation, d'un quart de hin de vin, nous dit la joie que Dieu a trouvée dans ce sacrifice où tout était pour Lui ; car si le vin « réjouit Dieu et les hommes » (Jug. 9 : 13), la libation, tout entière répandue devant Dieu sans que l'homme y ait part, ne nous montre-t-elle pas qu'il y a une joie qui Lui est réservée, quelque chose qui est pour Lui seul, et que Lui seul peut apprécier, dans le sacrifice de son Bien-aimé ?
            Pleinement satisfait, quoi qu'il en soit des faiblesses et des manquements de son peuple, Dieu peut se rencontrer avec lui ; une relation est établie : Dieu nous parle, non pas en jugement, mais pour nous faire connaître ses pensées et, nous pouvons le dire, pour nous ouvrir son coeur. Car, pour parler à Israël sous la Loi, l'Eternel s'adressait à un médiateur, mais comme Père, maintenant, Il nous introduit dans sa propre présence.
            L'Eternel peut aussi sanctifier la tente d'assignation et l'autel, ainsi qu'Aaron et ses fils. Sa gloire est manifestée non pas pour nous consumer, mais pour mettre à part pour Lui la tente, l'autel et les sacrificateurs. N'est-ce pas en vertu du sacrifice de Christ que nous sommes mis à part pour être ces adorateurs que le Père a cherchés ?
            Enfin, Il peut habiter au milieu de son peuple, s'appeler Lui-même « leur Dieu ». Pour rassembler les enfants de Dieu dispersés, il a fallu la mort de Christ (Jean 11 : 52) ; quelle joie pour Dieu que d'habiter au milieu de ceux qui ont été rassemblés sur un tel fondement !

                        L'holocauste continuel dans le Lévitique (6 : 1-6)

            Le chapitre 6 du Lévitique nous présente l'holocauste continuel tout autrement que le chapitre 29 de l'Exode. Il s'agit maintenant des instructions, données à Aaron et à ses fils, qui constituent « la loi de l'holocauste ». La « loi des sacrifices » (ch. 6 et 7 du Lévitique) a pour objet d'une manière générale d'indiquer ce qui est pour l'Eternel, et ce qui est la part des sacrificateurs. C'est de cette part que nous nous nourrissons, entrant en communion avec Dieu, nous appropriant quelque chose de la personne de Christ et de son sacrifice, en sorte que notre vie même soit formée par ce que nous avons ainsi appris de Lui.
            L'holocauste, lui, est tout entier pour Dieu, qui seul en apprécie la valeur. Il est frappant, à cet égard, que la loi de l'holocauste ne fasse pas allusion aux différentes offrandes présentées au chapitre premier, qui évoquent l'estimation plus ou moins grande de la personne de Christ dans le coeur de l'adorateur - mais qu'elle mentionne uniquement cette offrande continuelle qui est, par excellence, l'holocauste : « C'est l'holocauste » (Lév. 6 : 2). Toute la nuit, il brûle sur le foyer de l'autel. Dans le temps où Christ est caché à ce monde qui L'a rejeté, et qui est maintenant dans les ténèbres, Dieu trouve ses délices dans le souvenir constant de la valeur de son sacrifice. En vérité, quel contraste entre l'appréciation du monde et l'appréciation de Dieu !
            Si le sacrificateur n'a aucune part pour lui dans l'holocauste (excepté la peau), ce qui le concerne n'en est pas moins bien remarquable et important : il veille à ce que le parfum de l'holocauste puisse toujours monter devant Dieu. Pour cela, son service est double : il lui faut d'une part enlever la cendre de l'offrande que le feu a consumée, d'autre part veiller à ce que le feu ne s'éteigne pas. En ôtant la cendre du sacrifice, il est en mesure de constater combien réellement la victime tout entière a été offerte à Dieu. Il peut aussi renouveler cette offrande, arranger à nouveau l'holocauste et, pour ainsi dire, être une fois de plus le témoin de ses perfections pour les présenter à Dieu. En veillant à ce que le feu ne s'éteigne pas, il rend, en figure, témoignage au fait que le sacrifice a été présenté et accepté une fois pour toutes, à la gloire de Dieu et selon ses conseils éternels. Ce feu est celui qui est sorti de devant l'Eternel et a consumé l'holocauste et les graisses (Lév. 9 : 24). L'Eternel n'avait-Il pas alors manifesté qu'Il était pleinement satisfait par le sacrifice offert, sacrifice qui assurerait la bénédiction du peuple ?
            Si ce n'est qu'en figure, à travers des types dont il ne saisissait sans doute guère la portée, que le sacrificateur autrefois maintenait constamment ces choses devant Dieu, combien nous, qui connaissons Jésus, devrions-nous à plus forte raison y attacher du prix ! Peut-il y avoir pour nous quelque chose de plus élevé que l'adoration ? Le privilège nous est accordé de rappeler devant notre Dieu et Père la perfection du sacrifice de Christ, du don absolu de Lui-même, la perfection de sa Personne - cette perfection que nous ne pouvons sonder, mais que nous pouvons Lui présenter en disant, mieux que le psalmiste : «Vois, ô Dieu ! et regarde la face de ton Oint» (Ps. 84 : 9). « Voici, bénissez l'Eternel, vous, tous les serviteurs de l'Eternel, qui vous tenez durant les nuits dans la maison de l'Eternel ! Elevez vos mains dans le lieu saint, et bénissez l'Eternel ! » (Ps. 134 : 1-2).
            Puissions-nous réaliser la grandeur de notre service, dans le culte que nous avons, dès ici-bas, à rendre à notre Dieu et Père. N’oublions pas - comme le sacrificateur qui devait, à tous égards, agir d'une manière digne de la sainteté de l'holocauste (v. 3-4) - que ce sont là des choses très saintes et très précieuses pour Dieu !

                        L'holocauste continuel dans les Nombres (28 : 1-8)

            L'ordonnance relative à l'holocauste continuel avait d'abord été donnée à Moïse, le médiateur, alors qu'il s'agissait de rappeler le fondement sur lequel l'Eternel pouvait prendre plaisir à demeurer au milieu de son peuple et pouvait accepter les sacrificateurs (Ex. 29). La parole, ensuite, avait été adressée aux sacrificateurs, appelés à veiller à ce que la bonne odeur du sacrifice monte continuellement devant l'Eternel (Lév. 6). Au chapitre 28 des Nombres, le commandement donné est pour les fils d'Israël, pour le peuple tout entier. La traversée du désert s'achève, Moïse va être retiré (27 : 12-23) ; il doit encore placer, de la part de l'Eternel, ces paroles devant le peuple : « Vous prendrez garde à me présenter, au temps fixé, mon offrande, mon pain, pour mes sacrifices par feu, qui me sont une odeur agréable » (28 : 2). Introduit par la fidélité de Dieu dans le pays promis, le peuple était en danger d'oublier l'Eternel, d'être satisfait de ses bénédictions, de se vanter de les avoir acquises par sa puissance et par la force de sa main, et de s'égarer après d'autres dieux (Deut. 28 : 11-20). N'est-ce pas là la vanterie de Laodicée ? Non seulement « je suis riche », mais encore « je me suis enrichi » et enfin, « je n'ai besoin de rien », alors que le Seigneur se tient à la porte, et frappe. Or, en ordonnant les fêtes que nous trouvons dans les chapitres 28 et 29 des Nombres, l'Eternel voulait placer devant son peuple le témoignage de tout ce qu'Il avait fait pour lui « dans son amour et dans sa miséricorde » (Es. 63 : 9). Il voulait lui rappeler aussi les droits de son amour, qui attendait des siens son offrande, son pain et son sacrifice.
            Les fêtes, dans ces chapitres, ne placent pas devant nous, comme en Lévitique 23, le déroulement des desseins de Dieu envers son peuple, mais illustrent plutôt le travail de sa grâce en sa faveur. Les premières : la Pâque, les pains sans levain et le jour des premiers fruits - c'est-à-dire la Pentecôte - évoquent respectivement l'oeuvre de la rédemption, notre marche dans ce monde comme un peuple racheté, et enfin, une plénitude de bénédiction collective. Ces fêtes ont trouvé leur accomplissement, « car notre Pâque, Christ, a été sacrifiée » de sorte que nous sommes appelés à « célébrer la fête » (1 Cor. 5 : 7-8), et le jour de la Pentecôte s'est accompli (Act. 2 : 1). Mais Israël a refusé cette grâce divine qui s'est répandue envers les nations. Les trois fêtes qui suivent retracent alors le chemin de la bénédiction future d'Israël. La fête des trompettes nous parle du jour où le peuple sera rappelé en mémoire devant l'Eternel, son Dieu (voir Nom. 10 : 9) ; le jour des expiations, de leur profonde humiliation, quand ils réaliseront les souffrances que leur Messie a endurées pour leurs péchés ; la fête des tabernacles, de la plénitude de la bénédiction millénaire du peuple terrestre. A toutes ces fêtes, à toutes ces étapes du travail de la grâce, est associé le souvenir du sacrifice du Seigneur, dans ses caractères variés : tout le déploiement de la grâce de Dieu est le fruit de cette oeuvre parfaite.
            Mais avant de nous parler des manifestations variées de son amour pour son peuple, par ces fêtes qui se succèdent dans l'année, Dieu nous présente trois pensées dans ce chapitre 28 des Nombres :
                    - la satisfaction qu'Il a Lui-même trouvée dans le sacrifice de Christ, qui est toujours devant Lui - c'est l'holocauste continuel offert chaque jour, matin et soir ;
                    - le repos qu'Il goûte maintenant en vertu de ce sacrifice, et dans lequel Il veut introduire les siens - c'est le sabbat, à la fin de chaque semaine ;
                    - sa grâce et sa bonté brillant sur son peuple, renouvelées tout au long de son histoire, dans les périodes heureuses comme dans celles qui ne sont marquées par aucune fête - c'est l'holocauste offert au commencement de chaque mois tout au long de l'année (les mois du calendrier religieux commencent à la nouvelle lune, moment où l'on voit à nouveau le soleil briller sur la lune). Le sacrifice pour le péché s'ajoute à l’holocauste (Nom. 28 : 15), et combien nous comprenons sa nécessité !

            Ce que nous désirons souligner, c'est que, dans la suite de ces chapitres 28 et 29, après le détail des sacrifices qui devaient être offerts pour chaque fête, il est toujours précisé (une quinzaine de fois) : « outre l'holocauste continuel », « outre l'holocauste continuel et sa libation ». Le fondement de toute bénédiction, pour nous aujourd'hui, pour Israël demain, et avec Israël pour toute la terre, demeure la satisfaction inexprimable, inaltérable, que Dieu trouve dans l'offrande de son Bien-aimé en parfum de bonne odeur. Puissions-nous nous en souvenir, en particulier lorsque nous repassons dans nos cœurs le chemin merveilleux de la grâce de Dieu pour nous ; et nous rappeler que c'est là la chose la plus excellente que nous puissions, dans notre adoration, Lui présenter en retour !
            Nous n'entrerons pas dans ce que la Parole nous dit de l'holocauste continuel au cours de l'histoire du peuple. Il a été offert sous le règne de David après que l'arche a été ramenée à Jérusalem et que le culte, la louange à l'Eternel, a été institué (1 Chr. 16 : 40 ; voir 1 Chr. 23 : 30-31). Sa restauration a été la première pensée du résidu remonté de Babylone (Esdr. 3 : 3) ; touchante leçon pour nous, qui nous rappelle que tout réveil s'opère dans le sentiment de ce qui, en dépit de notre faiblesse et de nos manquements, est dû à Dieu.
            Un jour, l'holocauste sera à nouveau rétabli par un résidu fidèle. Il lui sera ôté au moment où commencera « la détresse de Jacob » (Dan. 8 : 11-13 ; 11 : 31 ; 12 : 11) - suprême tentative de l'homme pour effacer toute mémoire du nom de Christ - jusqu'à ce qu'enfin il soit rétabli dans le temple millénaire (Ezé. 46 : 13-15). Il ne sera plus offert le soir alors, mais chaque matin. Un matin sans nuages se sera levé sur le peuple bien-aimé (2 Sam. 23 : 4) et son soleil ne se couchera plus, car l'Eternel sera sa lumière à toujours (Es. 60 : 20). Quel contraste avec le temps actuel qu'évoque le Lévitique où, comme nous l'avons remarqué, l'accent était mis sur l'offrande du soir. Nous-mêmes, nous pouvons anticiper le moment où, dans la sainte cité, il n'y aura plus de nuit (Apoc. 21 : 25). Que Dieu nous donne d'apprécier à sa juste valeur la grâce accordée à ceux qui, « durant les nuits », se souviennent de son Nom !

 

P-Er. F - « Messager évangélique » 1991 p. 187-196

 

A suivre