Naaman (1)
Lire : 2 Rois 5
Un homme grand et considéré, mais lépreux
Une fillette israélite ayant une grande foi
La lettre pour Naaman et l'incrédulité du roi d'Israël
Le rang, la considération et la richesse sont des choses que les hommes apprécient et recherchent. Cependant, elles ne peuvent accomplir que très peu de choses. Nous avons tendance à imaginer tout ce que nous pourrions faire avec de l'argent, ou à supposer que des circonstances faciles sont forcément agréables. Mais notre bonheur et notre malheur dépendent de causes que les circonstances extérieures n’affectent guère, ou même pas du tout.
Naaman avait été élevé au plus haut rang en Syrie ; il était « un grand homme devant son seigneur… considéré » (v. 1), faisant partie de ceux auxquels les gens du peuple vouent leur admiration. Il possédait tout ce qui peut, à leurs yeux, procurer le bonheur : rang, gloire, richesse et influence. Cependant, dans tout cela, il y avait une épine, une goutte de poison qui rendait infiniment amère la coupe de ses privilèges. La Parole de Dieu ajoute : « mais lépreux ». Il était atteint de cette maladie terrible, sans espoir de guérison, et elle lui gâchait tout le reste.
Hélas ! ce petit mot mais semble poursuivre l'homme pendant toute sa vie, comme l'ombre de la mort. Naaman était riche, honoré, heureux, mais Dieu avait fait peser sa main sur lui. Il est donc tout à fait insensé de vivre dans un état d'indépendance illusoire, en oubliant Dieu. Si nous reconnaissons Dieu comme notre Père, si nous sommes convaincus que tout est ordonné par Lui, avec amour et pour notre bien, si nous Lui faisons confiance et si nous nous attachons à Lui, nous ne craindrons pas les mais.
Nous voyons ensuite comment Dieu, dans sa grâce souveraine, amène Naaman à Lui, et lui donne la guérison, d'une manière qui pouvait pourtant lui paraître étrange et compliquée. Certainement, les voies de Dieu sont grâce et vérité !
L'Eternel avait délivré la Syrie par Naaman ; nous sommes surpris par cette déclaration, car nous savons par l'Ecriture que l'Eternel a établi Israël comme son peuple particulier. Dieu le regarde avec un intérêt spécial et une grande attention. Il fait contribuer tous les événements à ce qu'Il voulait accomplir par son alliance avec Israël. Mais Il est aussi Seigneur sur tout, et « il agit selon son bon plaisir dans l'armée des cieux et parmi les habitants de la terre » (Dan. 4 : 35).
C'est un privilège inexprimable d'être une créature du grand Dieu des cieux. Il ouvre sa main, soutient et nourrit toutes ses créatures :
- Nous marchons sur la terre, respirons l'air, mangeons le pain et buvons l'eau que fournit notre souverain Créateur.
- Nous portons en nous son image, si défigurée soit-elle par le péché ; nous entretenons dans nos âmes des pensées d'immortalité, peut-être vagues et estompées, et nous sommes tous, que nous le sachions ou non, les objets de sa providence continuelle - l'Eternel avait délivré la Syrie !
Nous savons qu'entre Dieu et l'homme qui n'est pas né de nouveau, il existe un nuage épais de culpabilité, qui le sépare et l'éloigne de Dieu. Mais la nature et la providence divine peuvent faire office de conducteurs pour nous amener à Christ. De Lui nous apprenons que Dieu ne veut pas nous laisser périr, mais que les pécheurs ont été pourvus d'un refuge. Il a ouvert une voie afin de pouvoir être juste, et en même temps de pouvoir justifier aussi le pécheur, tout au moins « celui qui est de la foi en Jésus » (Rom. 3 : 26). Dieu soit béni de ce que nous ne sommes pas laissés dans le doute à ce sujet, ou à la merci de simples spéculations. De manière claire et sans équivoque, Dieu nous invite tous, et chacun en particulier, à avoir part à sa grâce promise en Jésus Christ.
Malgré la corruption spirituelle générale en Israël, on peut penser qu'il y avait encore de nombreux foyers pieux, et cette petite fille captive devait venir de l'un d'eux. Elle avait certainement souvent entendu parler des actes de Dieu en faveur de ses ancêtres. Elle avait dû aussi écouter attentivement et avec enthousiasme ce qu'on racontait au sujet du prophète qui était à Samarie.
Quel terrible chagrin avait dû étreindre les cœurs dans la famille de cette petite fille lorsque, après le raid des Syriens, les Israélites, ressortis de leurs cachettes, l'avaient cherchée en vain. Etait-elle morte, ou pire que cela, avait-elle été emmenée loin, dans ce pays sans Dieu, pays de honte et d'esclavage ? Et pourquoi Dieu avait-il permis que cette enfant pieuse leur soit enlevée ? Mais pendant que ceux qui l'aimaient la pleuraient, l'Eternel l'avait placée là où elle pourrait le servir efficacement et être, mieux que personne, en témoignage pour Lui. Certainement, personne d'autre n'aurait pu accomplir cette œuvre !
Que de fois, hélas, des questions semblables montent de nos cœurs et sont sur nos lèvres ! Ne posez pas de questions, croyez seulement. Le Seigneur avait besoin de cette petite fille israélite, et peut-être a-t-Il besoin de votre enfant, bien que vous ne sachiez pas pour quel service ? Il est bien difficile, dans de telles circonstances, de croire simplement, de détourner les yeux de toutes les apparences, pour les fixer en haut, sur Dieu par Jésus Christ.
Cette petite captive avait reçu l'enseignement que l’Eternel avait donné à Israël ; il avait mûri en elle et lui avait donné une réelle piété - dans sa simplicité. Elle était si convaincue que le prophète de Dieu pouvait tout accomplir qu'un jour elle s'écrie de tout son cœur : « Oh, si mon seigneur était devant le prophète qui est à Samarie ! alors il le délivrerait de sa lèpre » (v. 3). Ce serait une grande erreur que de s'attendre à ce que les enfants expriment leur foi de la même manière que des personnes plus âgées, ou de les juger selon nos critères d’adultes. Leur foi se manifeste beaucoup plus en actes qu'en paroles, et ces actes témoignent qu'ils ont été en contact avec Jésus et en ont reçu de la bénédiction.
Ainsi, ce n'est pas en rapport avec une doctrine que se fait le développement des enfants ; c’est à une Personne qu'ils s'attachent, et cette Personne, c'est Jésus. Si un enfant est venu à Jésus et a réellement appris ce qu'Il est - son grand amour, sa puissance pour pardonner, pour aider et pour sauver -, ses affections et ses pensées vont dorénavant s'attacher à sa Personne.
Quelles que soient les circonstances, même contraires, qu'un enfant traverse, Jésus apparaîtra toujours dans son esprit comme une réalité vivante et puissante, comme le Refuge toujours proche, en tout temps et pour tous les besoins. Et il se sentira en sécurité. Nous devons donc enseigner Jésus à nos enfants - mais plutôt, dans un sens, nous devons tous devenir comme des enfants puisque, pour nous aussi, la piété doit avoir pour centre la personne bénie de Jésus.
La petite servante israélite nous donne un bon exemple à suivre lorsque nous sommes loin de notre foyer, de nos amis, et de toute influence chrétienne. Entourée d'idolâtres, ayant peu de connaissance, n'ayant pas accès à l'Ecriture, cette petite fille a rendu témoignage par sa conduite exemplaire. Il devrait en être ainsi de nous aussi : notre foi devrait se voir avant que nous témoignions par des paroles ! Puis, quand l'occasion se présente, la petite servante n'hésite pas à témoigner pour Dieu, même dans le palais de Naaman. Ses paroles sont si sérieuses, si claires et persuasives, qu'elle réussit à convaincre sa maîtresse. Si nous sommes guidés par le Dieu vivant, nous serons capables, nous aussi, de parler avec sagesse et conviction.
La lettre pour Naaman et l'incrédulité du roi d'Israël
Il a été probablement moins facile d'obtenir le consentement de Naaman. Ses convictions païennes devaient s'opposer à l'idée de se tourner vers le Dieu d'Israël car, pour lui, un peuple vaincu signifiait aussi une religion nationale inférieure et un Dieu moins puissant. Cette conviction au sujet d'une religion d'Etat, sans considération de vérité et d'erreur, de ce qui est juste ou faux, caractérise le paganisme.
Dans la lettre du roi de Syrie, apparaît un élément de vanité qui trouve son parallèle parmi nous aujourd'hui. Les gens ont l'air de parler, d'agir et de penser comme s'ils étaient capables de tout commander. L'orgueil naturel de l'homme s'irrite à la pensée de son impuissance et de son besoin de Dieu. Combien l'homme doit apprendre ou désapprendre avant d'être prêt à recevoir les bienfaits divins !
Le lépreux, Naaman, était un guerrier fier, au cœur dur. Il gardait le souvenir des grandes victoires qu'il avait remportées et qui avaient placé son pays au plus haut sommet de la puissance et de la gloire. Quelle humiliation amère pour lui d'avoir à faire le voyage vers Israël, ce pays insignifiant, et d'aller jusqu'au Jourdain, pour obtenir la guérison de cette terrible maladie ! Un état d'esprit semblable se trouve souvent chez ceux qui recherchent le salut. Le souvenir de réussites passées, l'humiliation de devoir se reconnaître pécheur, et la honte mal contenue, tout cela tend à retenir l'âme loin de la source du salut offert. Elle ne cède enfin que sous la pression de l'urgence ressentie.
Joram, le roi d'Israël, déchire ses vêtements en signe de désespoir devant la demande qui lui est faite. Quel spectacle honteux ! S'il avait vraiment la conviction qu'il y a un Dieu en Israël qui a le pouvoir de faire mourir et de faire vivre, pourquoi déchirerait-il ses vêtements ? De même, quelle tristesse de voir un chrétien qui désespère, et montre par là qu'il n'a pas confiance dans le Seigneur. C'est Satan qui s'emploie à nous faire perdre notre confiance en Dieu, en nous amenant à regarder à nos propres capacités plutôt qu'à Celui qui peut tout.
Les réponses de Dieu dépassent souvent notre foi et nos attentes, mais pour ceux qui sont incrédules ou qui doutent, Il ne fera rien d'autre que de confondre leur manque de confiance et de les rendre honteux. Il n'y a rien qui déshonore Dieu autant que l'incrédulité. « Celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève ; qu'un tel homme ne pense pas recevoir quoi que ce soit du Seigneur : il est double dans ses pensées, inconstant dans toutes ses actions » (Jac. 1 : 6-8).
D'après A. Edersheim
A suivre