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EMU DE COMPASSION


Lire : Matt. 9 : 35-38

Cet article a été écrit il y a approximativement 80 ans, mais son message est encore particulièrement approprié pour nous aujourd'hui.

Un puissant réveil au début du 19ème siècle
Un siècle plus tard...
De quelle manière pouvons-nous suivre notre Seigneur et Maître ?


Un puissant réveil au début du 19ème siècle

            Il y a maintenant environ 100 ans que le Seigneur a commencé à travailler d’une manière puissante par son Esprit en Angleterre, et depuis, cette œuvre de Dieu s'est étendue pratiquement sur la terre entière.
            C’est particulièrement dans la ville de Plymouth, où le travail a commencé, que les choses se produisirent merveilleusement. On a dit qu’il n’y avait pas de maison dans cette ville où il n’y ait pas quelqu’un qui se rassemble avec ceux qui étaient appelés les « frères ». Le théâtre avait dû être fermé et était resté ainsi pendant trois ans, parce qu’il y avait un désir ardent de vivre dans la séparation du monde. Des efforts étaient faits avec puissance pour encourager le bien-être spirituel des hommes. Le propriétaire du théâtre lui-même ne fut pas rendu amer par la grande perte extérieure qu’il avait à supporter, mais il fut converti et se réunit ensuite avec les « frères » à la table du Seigneur.
            De grandes salles de réunion furent construites dans lesquelles non seulement la Parole de Dieu était considérée, mais aussi l’évangile était proclamé à de grandes foules.
            Aujourd’hui, les choses sont tout à fait différentes dans cette ville. Ce n’est pas notre intention d’examiner comment cela est arrivé ou comment il pourrait être remédié à cette condition. Ce que nous aimerions faire, c’est nous adresser à tous ceux qui se rassemblent aujourd’hui comme ces croyants le faisaient ; nous voudrions attirer leur attention sur l’attitude qui en ce temps-là était commune au milieu d’eux et qui avait un si puissant effet, une attitude exprimée de façon si appropriée par les trois mots : « ému de compassion ».
            La condition de l’église d’Angleterre semblait presque désespérée en ces jours-là. Ses conducteurs travaillaient contre cette œuvre divine et ne s’intéressaient pas à leur peuple. Mais une telle situation donnait exactement à nos frères l’occasion d’essayer de tout leur cœur de s’occuper de beaucoup de ceux, qui même inconsciemment, désiraient ardemment être conduits et nourris. Ils se confiaient dans le Seigneur et leur faiblesse personnelle, qu’ils réalisaient bien, n’était pas une entrave. Le véritable amour fraternel régnait au milieu d’eux. Personne ne pensait à être le chef, mais plutôt l’un regardait l’autre comme lui étant supérieur (Phil. 2 : 3). L’amour dans le service était la solution, même jusque dans les choses les plus petites. Ils travaillaient coude à coude parmi les croyants et les incroyants.
            Dans la lettre adressée à Philadelphie (amour des frères), en Apocalypse 3 : 7-13, le Seigneur déclare qu'elle a «  peu de force », mais Il mentionne aussi la grande fidélité qui la caractérise : nous lisons que la parole du Seigneur était gardée et que son Nom n’avait pas été renié. A cause de ces deux raisons (faiblesse et fidélité), le Seigneur se présente à cette assemblée comme « le Saint, le Véritable », comme Celui qui a mis devant eux une porte ouverte que personne ne pouvait fermer.
            On peut bien dire que les frères mentionnés ci-dessus étaient inspirés par l’esprit de Philadelphie. Entièrement conscients de leur faiblesse, ils sentaient leur responsabilité de tenir ferme le nom du Seigneur et la Parole. Ils trouvèrent la puissance pour faire cela dans Celui qui est le Saint, le Véritable. Comme ils se sont séparés de tous ceux qui enseignaient des choses fausses et des incrédules, et qu’aussi ils se sont gardés séparés de l’esprit du monde - le monde chrétien, aussi, qui a une forme de piété mais qui renie sa puissance -, leur Seigneur et Maître pouvait les préparer et les employer pour toute bonne œuvre (2 Tim. 2 : 16 à 3 : 5). Christ était l’objet de leurs cœurs. Ils témoignaient de Lui devant les pécheurs aussi bien que devant les enfants de Dieu. Et ce qu’ils mettaient devant les cœurs de tous était de devenir de vrais imitateurs de Jésus en toutes choses. Abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur et convaincus que leur travail n’était pas vain (1 Cor. 15 : 58), ils proclamaient l’évangile partout et cherchaient à faire pénétrer la vérité en parlant et en écrivant. Leurs coeurs étaient étreints par la pensée que « cela est bon et agréable devant notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim. 2 : 3-4). C’était un désir ardent de partager avec d’autres ce que le Seigneur leur avait donné. Ceux qui étaient plus avancés et ceux qui étaient riches rendaient disponibles pour l’œuvre du Seigneur, soit la connaissance soit les possessions. « Connaissant combien le Seigneur doit être craint », ils persuadaient les hommes de fuir la colère qui vient ; émus de compassion et étreints par l’amour de Christ, ils proclamaient qu’Il est mort pour tous, « afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5 : 11-16).


Un siècle plus tard...

            Hélas ! au fil des ans l’amour s’est refroidi. Ce qui a une fois été révélé si glorieusement sous la conduite puissante du Saint Esprit est devenu avec le temps une forme pour beaucoup. Et ainsi aujourd’hui nous ne pleurons pas seulement à cause de la ruine de l’Eglise, mais aussi à cause de l’affaiblissement d’un témoignage que Dieu dans sa providence et sa direction divine avait accordé à l’Assemblée (l’Eglise) dans les derniers jours.
            Qu’est-ce qui devrait être fait maintenant ? Avant tout, il est vital de reconnaître que par notre infidélité il a tant été perdu. Une repentance profonde et une vraie humiliation sont de mise. Mais ensuite nous devrions implorer Dieu avec persistance pour avoir la bonne attitude de cœur envers les personnes, pour être véritablement « émus de compassion ».
            Les frères qui au commencement dans une simplicité d’enfant s’étaient séparés pour être un témoignage à la parole et au nom du Seigneur, ont quelque peu changé leurs vues. Ainsi, beaucoup ont pensé qu’ils étaient simplement appelés à rendre témoignage à certaines vérités que le Seigneur leur avait confiées, tandis que, par exemple, prêcher l’évangile avait été laissé à d’autres chrétiens.
            Que ce sentiment ne soit pas juste est certainement clair pour la plupart d’entre nous. Une mission spéciale avait été confiée à l’apôtre Paul comme administrateur de Dieu, pour proclamer la vérité au sujet de l’Assemblée. Mais n’était-il pas aussi un ministre infatigable de l’évangile ? (voir Col. 1 : 23-25). Il se considérait lui-même débiteur et envers les Juifs et envers les Gentils et les dirigeait inlassablement vers Christ. Et à son enfant Timothée, qu’il avait exhorté à garder le bon dépôt, la vérité qui lui avait été confiée, il dit peu de temps avant son départ : « Fais l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim. 4 : 5 ; Phil. 1 : 27).
            Et que lisons-nous au sujet du Seigneur Jésus lui-même ? Les conducteurs du peuple d’Israël l’ont rejeté au commencement de son ministère, et par conséquent il n’y avait plus d’espoir pour la nation juive. Alors Jésus allait dans les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du royaume, et guérissant toute maladie et toute langueur. Il voyait les grandes multitudes dans leur misère et leurs besoins, combien ils étaient fatigués, affamés et dispersés comme des brebis qui n’ont pas de berger. Et, ému de compassion, Il ne s’épargnait aucun effort. Partout où ils désiraient l’entendre, dans les marchés ou dans les édifices publics consacrés à l’adoration, Il enseignait. A de grandes multitudes aussi bien qu’à des individus, Il annonçait les bonnes nouvelles, dans les rues et dans les maisons. Oui, Il encourageait même ses disciples – bien que ce fut Lui-même qui envoyait les ouvriers – à prier le Seigneur de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson, parce qu’il y en avait si peu. Bien que tous ses efforts parmi les conducteurs aient été sans résultats, son travail parmi les multitudes n’a pas été vain et ne sera pas vain. Quel motif pour Lui de continuer ce difficile travail ! Regardez son exemple, un exemple pour tous, un exemple pour chaque individu !
            Bien que les jours soient mauvais, bien que la confusion dans le domaine spirituel augmente, cette parole reste vraie : « J’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer » (Apoc. 3 : 8) et il y a encore de l’espoir. La puissance des premiers jours du christianisme, bien entendu, n’est plus là. Mais Christ, qui est « le Même, hier, et aujourd’hui, et éternellement » (Héb. 13: 8), reste. Si tout doit périr, Il demeure (Héb. 1 : 11-12). Aujourd’hui encore Il est le Saint et le Véritable, qui ouvre et personne ne fermera. Puissions-nous sentir notre grande faiblesse ! Si nous étions seulement fidèles et poussés dans notre chemin par l’amour fraternel ! Le Seigneur Jésus était ému de compassion quand Il voyait les nombreux faibles, malades et misérables en Israël (Matt. 14 : 14 ; 20 : 34). Il était ému de compassion quand une grande multitude était avec Lui pendant trois jours et n’avait rien à manger (Matt. 15 : 32). Mais par-dessus tout, Il était ému de compassion quand Il voyait la condition désespérément triste dans laquelle Israël se trouvait spirituellement. Alors Il pleurait (Luc 19 : 41).


De quelle manière pouvons-nous suivre notre Seigneur et Maître ?

            Pour commencer, non en ce que nous ayons seulement un regard pour la grande moisson, mais quand nous voyons qu’il y a si peu d’ouvriers pour rentrer la moisson, que nous tirions les conclusions justes de notre observation. La diligence est nécessaire quand les champs sont mûrs. Au moment de la moisson les gens se lèvent très tôt. Ensuite, ils travaillent tout le long du jour et sont reconnaissants pour toute aide qui leur est apportée. Maintenant, comme aux jours de notre Seigneur, aujourd’hui aussi les champs sont blancs pour la moisson. Pendant des années le labourage et les semailles ont été faits. Mais où sont les gens aujourd’hui qui sont prêts pour rentrer la moisson ? Beaucoup d’ouvriers ont été enlevés. Hélas ! combien peu de nos jours nous ressentons notre responsabilité vis-à-vis de la moisson ! Susciter et envoyer des ouvriers, nous ne pouvons pas, bien sûr, le faire. Mais nous pouvons prier, nous pouvons supplier pour qu’il y en ait davantage, pour de nouveaux ouvriers. Nous pouvons de façon urgente et persistante crier au Seigneur de la moisson pour qu’Il libère et envoie les bonnes personnes dans sa « moisson » (Matt. 9 :  38).
            Nous pouvons aussi suivre notre Seigneur en nous plaçant nous-mêmes pleinement et complètement à sa disposition quand Il nous dit : Allez ! Pourquoi n’y a-t-il pas plus de jeunes gens qui se mettent à l’œuvre dans son service ? Le Sauveur n’a-t-il pas dit : « Allez dans le monde entier, et prêchez l’évangile à toute la création » Le Seigneur peut employer des hommes plus âgés et des âgés, mais Il demande aussi la force des jeunes. Il désire que quelques-uns de ceux-ci consacrent leur longue vie tout entière à sa personne et à son service.
            Mais où sont ceux qui répondront à l’appel du Seigneur en disant : « Me voici, envoie-moi » (Es. 6 : 8) ? Hélas, que de raisons s’élèvent contre une réponse joyeuse et résolue ! De quoi vivrons-nous ? Mais cette parole : « L’ouvrier est digne de son salaire » (Luc 10 : 7 ; 1 Tim. 5 : 18) est encore valable aujourd’hui. Le Seigneur pourvoira. D’où vient cette sagesse dont nous avons besoin dans nos relations avec les personnes parmi lesquelles nous vivons comme au milieu des loups ? Mais aujourd’hui aussi il en est encore ainsi. Nous ne sommes pas ceux qui parlent, mais c’est plutôt l’Esprit du Père qui demeure en nous. Et nous n’avons pas besoin de craindre ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l’âme. Il n’y a que Celui qui doit être craint qui peut détruire et l’âme et le corps en enfer (Matt. 10 : 1-32). Demandons-nous si le Seigneur n’a pas un appel pour nous ! Et s'il devient clair pour nous que le Seigneur nous appelle - peut-être après avoir parlé avec un frère ou deux dignes de confiance -, ne consultons pas plus longtemps « la chair et le sang » (Gal. 1 : 16), mais plutôt dans la foi sacrifions tout pour servir Celui qui a tout sacrifié, même sa propre vie, pour nous ! Le Seigneur répondra à une telle prière simple. Il ne laissera pas celui qui, étant dans l'incertitude, demande avec simplicité, même si maintenant, et ensuite peut-être, Il doit dire : Attends !
            Finalement, nous pouvons suivre notre Seigneur en ce que, qui que nous soyons, nous pouvons rendre témoignage à ceux qui nous entourent de ce que nous possédons et tendre une main en salut à ceux qui ne feront que la prendre. Comment faisons-nous cela ? Parlons-nous à nos voisins de Jésus ? Rendons-nous témoignage de Lui dans nos bureaux, ou nos magasins ou nos lieux de travail ? Est-ce que les gens autour de nous remarquent quelque chose du fait que nous sommes chrétiens ? Nous rappelons-nous toujours que nous pouvons distribuer des traités, des évangiles ou des Bibles ? N’oublions pas que le malheur des incrédules ne consiste pas seulement dans le fait qu’ils périront. Dans cette vie aussi la bonne direction et le vrai bonheur leur font défaut, car ils n’ont pas de berger. Le Seigneur aimerait être leur guide et leur tout, Celui qui conduit son troupeau vers de verts pâturages et des eaux paisibles, qui restaure leurs âmes, dont le bâton et la houlette les consolent en tout temps, et qui conduit les siens dans des sentiers de justice (Ps. 23). Ne brûlons-nous pas du désir d’amener les autres en relation avec ce bon Berger ? Et de plus, parlons-nous toujours avec d’autres croyants, avec qui Dieu nous met en relation, des grandes vérités qui nous sont devenues précieuses ? Certainement nous faisons bien de parler avec des chrétiens qui ne marchent pas dans le même sentier que nous au sujet de ce que nous avons en commun. Mais est-ce que cela signifie que nous serons silencieux avec d’autres au sujet de ce que nous possédons comme vérité glorieuse ?
            Certainement nous devons nous garder de batailles de mots et de discussions, et veiller à ne pas soulever le même sujet maintes et maintes fois. Mais nous devrions témoigner avec amour des choses glorieuses que nous avons trouvées nous-mêmes dans l’Ecriture. Hélas ! tant de croyants ne connaissent rien de ce qui par la grâce de Dieu nous a depuis longtemps rafraîchis. Dans les premiers temps avec prière et beaucoup de zèle, les frères répandaient de la littérature parmi ceux d’autres confessions, de la littérature qui parlait de la manière dont nous nous réunissons, de l’espérance que nous avons, ou de la Bible elle-même. Autrefois les commentaires sur la Parole étaient lus avec amour et bénédiction et étaient chaudement recommandés aux autres. Et aujourd’hui ?
            Puissions-nous nous-mêmes retourner à ce qui est bon et indispensable. Puissions-nous avec les reins ceints, nous tenir « fermes et inébranlables » pour autant que la vérité est concernée, « abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur » - un témoignage vivant aux croyants et aux incrédules - « sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur ».
            J’aimerais encore attirer l’attention sur un danger qui existe pour tous ceux qui aimeraient servir le Seigneur en quelque manière, c’est le danger d’agir avec un esprit légal. Dans de tels cas notre témoignage fera plus de tort que de bien. Non, nous devons rencontrer les gens avec le cœur de Christ, absorbé par la misère du moment. Si nous considérons les grandes foules avec une telle attitude de cœur, nous le ferons avec les bons sentiments. « Emus de compassion », nous persévérerons alors dans la prière et dans une activité inlassable.
            Si nous sommes conscients de la bénédiction qui est notre part, et si nous avons un cœur pour ceux à qui manque tout cela, alors l’amour sera la force qui nous fera agir. Alors nous appellerons les autres : « Venez et voyez ! » (Jean 1 : 46). Alors nous conduirons les gens par la main aux fontaines de la bénédiction. Alors nous ne serons ni sévères ni peu clairvoyants ni fatigués, mais plutôt tristes que les autres ne connaissent pas le bonheur dont nous jouissons. Nous ferons ce que nous pouvons dans leurs meilleurs intérêts.
            Nous gardons souvent les yeux fermés. Quand j’étais un jeune garçon, mon père me disait souvent : « Nous devons traverser la vie avec les yeux ouverts ! ». J’ai eu à penser fréquemment à cette phrase. Voir les choses autour de nous, la misère et les besoins, la grande moisson et le manque d’ouvriers nous conduit vers Dieu et vers son peuple.

            « Voyant les foules, il (Jésus) fut ému de compassion pour elles ».


J.N. Voorhoeve