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PIERRE ET SON MAÎTRE (6)


LES CLEFS DU ROYAUME (Matt. 16 : 18-19)
          Les Juifs (Act. 2 : 38-39)
          Les Samaritains (Act. 8 : 4-8, 14-17)
          Les nations (Act. 10)
LE MOMENT DE DEPOSER MA TENTE (2 Pier. 1 : 14)
CROISSEZ

 

LES CLEFS DU ROYAUME (Matt. 16 : 18-19)
                 
            Après la déclaration de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », Jésus ajoute : « Moi aussi, je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée ». Des interprétations catégoriques, aux conséquences graves, ont été données de cette expression « sur ce roc ». Qu’est-ce que Jésus a voulu vraiment dire ?
            Remarquons tout d’abord l’emploi de deux mots différents pour « Pierre » (une pierre) et pour « ce roc » (mot employé dans divers passages comme Matt. 27 : 51-52 ; Rom. 3 : 33, etc.).
            Pour les uns, Pierre en tête, le « roc » de fondement de l’Eglise, c’est Jésus lui-même, Christ, le Fils du Dieu vivant. 1 Pierre 2 le montre assez clairement : C’est Jésus Christ qui est « la maîtresse pierre d’angle », non pas l’apôtre lui-même.
            Pour d’autres, « ce roc » se réfère à la déclaration de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Le sens reste le même que dans la première interprétation, tout en satisfaisant peut-être un peu mieux la grammaire.
            Pour d’autres enfin, le roc serait Pierre lui-même, qui deviendrait ainsi le chef de l’église naissante, transmettant cette autorité à ses successeurs, jusqu’à nos jours. Pourtant rien, dans la manière de se comporter de l’apôtre, ni dans ses écrits, ne permet une telle interprétation.
            Ce n’est pas à dire que Pierre n’ait reçu une mission spéciale, telle que le Seigneur la déclare au verset 19 : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ». A quoi servent des clefs, sinon à ouvrir une porte fermée ? C’est bien ce que Pierre a fait, ouvrant au nom du Seigneur, la porte de la grâce et de la réception du Saint Esprit, aux Juifs d’abord, puis aux Samaritains, et enfin aux nations. Il n’y a rien, dans cette expression, de ce « pouvoir des clefs » que s’arrogent certains hommes, comme un droit de juridiction dans l’organisation ecclésiastique, et tout ce qui en découle.
            Enfin, l’expression de « lier et délier », employée par le Seigneur vis-à-vis de Pierre (Matt. 16 : 19), et vis-à-vis de l’assemblée (Matt. 18 : 18), peut être rapprochée de l’affirmation de Jésus ressuscité aux disciples, en Jean 20 : 23 : « A quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus ». Toutefois, dans la première expression, il semble y avoir plutôt une autorité gouvernementale déléguée, exercée par Pierre, par exemple, dans le cas d’Ananias et de Saphira (Act. 5), ou par l’assemblée en 1 Corinthiens 5, lorsqu’il s’agit d’excommunier le méchant. La deuxième expression, celle de Jean 20, est liée à ce qui précède : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Le Père avait envoyé le Fils, non pour juger le monde, mais pour le sauver ; les disciples sont envoyés pour que, par la prédication de l’évangile, des âmes soient sauvées. A tous ceux auxquels ils présenteront l’évangile, ils pourront déclarer avec certitude que, s’ils reçoivent le Seigneur Jésus et croient en Lui, leurs péchés seront remis : en revanche, à ceux qui refusent, et qui rejettent le Fils de Dieu, ils pourront déclarer avec la même certitude que leurs péchés sont retenus (voir par exemple Act. 16 : 31 et par contraste Héb. 10 : 29, ou  Act. 8 : 20, 23).
            Au moment de les quitter, avant son ascension, le Seigneur avait dit aux disciples rassemblés : « Vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout de la terre » (Act. 1 : 8). Tous les disciples étaient donc appelés à être témoins du Seigneur, de ce qu’il leur avait enseigné, de la grâce apportée par l’évangile. Mais un seul avait reçu « les clefs du royaume » : quel usage en a-t-il fait ?  


                        Les Juifs (Act. 2 : 36, 38-39)

            Comme nous l’avons vu, Pierre, dans son premier discours, avait déclaré clairement aux Juifs : « Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié ». Vous avez fait périr par la main d’hommes iniques, vous avez cloué à une croix, celui que Dieu vous avait envoyé. Dieu l’a ressuscité et lui a donné la gloire.
            Les auditeurs de l’apôtre pouvaient bien s’écrier avec une profonde inquiétude : « Frères, que devons-nous, faire ? ». Ils se trouvaient devant une porte fermée par leur propre faute. Ils avaient rejeté le Messie, et avaient ainsi perdu tout espoir de salut. On comprend qu’ils eurent « le cœur transpercé ».
            Mais Pierre, remplissant la mission que le Seigneur lui avait confiée, leur ouvre la porte de la grâce et du don du Saint Esprit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour le pardon de ses péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Trois mille personnes reçoivent sa parole, et sont ajoutées à l’assemblée ; des milliers d’autres ont suivi. La porte de la grâce était ouverte pour les Juifs ; ceux qui étaient sauvés devenaient à leur tour des témoins pour leurs frères.


                        Les Samaritains (Act. 8 : 4-8, 14-17)

            L’origine des Samaritains nous est donnée en 2 Rois 17. Après avoir emmené en captivité les dix tribus d’Israël, qui occupaient surtout le nord de la Palestine, le roi d’Assyrie introduit à leur place des peuplades de la Mésopotamie, qui ignoraient tout de l’Eternel. Ces hommes servaient leurs idoles et s’attiraient ainsi le jugement de Dieu. Un sacrificateur d’Israël revient dans le pays, et leur enseigne comment ils devaient craindre l’Eternel. Le résultat n’en fut qu’un mélange : « Ces nations-là craignaient l’Eternel et servaient leurs images ». Tels étaient les ancêtres des Samaritains.
            Jusqu’à l’époque où Jésus vit sur la terre, « les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains » (Jean 4 : 9). Quand Il envoie les douze pour annoncer l’évangile, Il leur dit : « N’entrez dans aucune ville de Samaritains ».
            Ainsi, malgré ce qui s’était passé à Sichar, ce peuple particulier se trouvait, quant à la grâce et à la réception du Saint Esprit, devant une porte fermée.
            En Actes 8, Philippe, le diacre, étant descendu dans une ville de Samarie, leur prêche le Christ. Il remplit la mission de témoin que Jésus avait confiée à tous ses disciples. Mais, si bien des personnes reçoivent sa parole, s’il y a une grande joie dans cette ville-là, ceux qui avaient été baptisés pour le nom du Seigneur Jésus n’ont pas alors reçu l’Esprit Saint. Il faut la venue de Pierre et de Jean pour que ce soit le cas.
            Pierre ouvre ainsi la porte du royaume aux Samaritains.


                        Les nations (Act. 10)

            La distance qui séparait les Juifs des nations était encore plus marquée que la séparation d’avec les Samaritains. Pierre le déclare positivement en Actes 10 : 28 : « Vous le savez, vous, c’est une chose illicite pour un Juif de se lier avec un étranger, ou d’aller chez lui ». Lorsque Pierre remonte à Jérusalem, après avoir été chez Corneille, « ceux de la circoncision lui faisaient des reproches : Tu es entré chez des hommes incirconcis, et tu as mangé avec eux ! » (Act. 11 : 2-3). En Matthieu 10 : 5, le Seigneur avait dit expressément aux douze de ne pas aller sur le chemin des nations.
            La porte était donc encore fermée pour ceux qui n’étaient pas Juifs.
            Dieu opère d’une façon particulière dans le cœur et la conscience de Pierre, par la vision du vase descendant du ciel (Act. 10 : 8-16), et lui enseigne à n’appeler aucun homme impur ou immonde.
            Aussi, lorsque le centurion romain fait venir l’apôtre dans sa maison, celui-ci, conduit par l’Esprit, y va-t-il sans hésiter. Il leur annonce l’évangile, et conclut son discours par ces mots : « Par son nom, quiconque croit en lui reçoit le pardon des péchés » (v. 43). La grâce n’était plus pour les Juifs seulement, mais pour « quiconque » croirait en Jésus.
            Comme Pierre parle encore, l’Esprit Saint tombe sur tous ceux qui entendent la Parole. Les fidèles circoncis s’en étonnent, mais ils ne peuvent que constater ce que Dieu a fait, et accepter, en faveur de ces gens des nations, le baptême pour Christ.
            Ceux de Jérusalem reprochent à Pierre d’avoir été chez Corneille ; mais lorsqu’il leur a exposé les choses par ordre, ils ne peuvent que conclure : « Dieu a donc donné aux nations aussi la repentance qui mène à la vie ! » (Act. 11 : 18).
            La porte était ouverte maintenant, aussi pour les nations. Par bien d’autres instruments, Dieu va continuer son œuvre de grâce pour appeler à Lui des multitudes. En effet, dès Actes 11 : 20 l’évangile est annoncé aux Grecs ; bien des âmes se tournent vers le Seigneur ; l’assemblée d’Antioche est formée parmi les nations.
            L’apôtre a ainsi rempli la mission que le Seigneur lui avait confiée ; il a accompli son service spécifique. Les Actes relatent encore son emprisonnement, puis sa délivrance (ch. 12) ; son intervention à la rencontre à Jérusalem (ch. 15), où il souligne que la grâce est autant pour les nations que pour les Juifs. Puis son ministère s’estompe. D’aucune façon, une autorité spéciale n’est maintenue à son endroit ; dans ses épîtres, d’aucune manière il ne la revendique. Parlant des anciens, il se bornera à dire : « Moi qui suis ancien avec eux (1 Pier. 5 : 1).

 

LE MOMENT DE DEPOSER MA TENTE (2 Pier. 1 : 14)

            Annonçant d’avance « de quelle mort Pierre glorifierait Dieu », le Seigneur Jésus lui avait dit : « Quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne veux pas » (Jean 21 : 18-19).
            Les années avaient passé ; le moment de Dieu n’était pas encore venu. Même en Actes 12, lorsqu’Hérode avait voulu le faire périr par l’épée, comme Jacques, les plans du roi avaient été déjoués.
            Mais lorsqu’il écrit sa dernière épître, l’apôtre est âgé. Le Seigneur lui a montré que « le moment de déposer sa tente » s’approche rapidement. Il ne parle ni de martyre, ni de crucifixion ; rien de dramatique ; mais, dit-il, « tant que je suis dans cette tente », j’estime qu’il est juste de vous réveiller, de rappeler à votre mémoire les choses que vous savez déjà. Puis, pensant à son départ, il ajoute : « Je m’appliquerai à ce qu’après mon départ vous puissiez encore en tout temps vous souvenir de tout cela » (2 Pier. 1 : 13-15).
            Il n’institue ni une autre autorité, ni un successeur. Ses écrits, et les autres écrits inspirés, vont en tout temps rappeler aux croyants les choses qui leur avaient été enseignées.
            Paul avait agi de même avec les anciens d’Ephèse, lorsqu’il leur faisait ses adieux. Il n’institue ni successeur, ni autorité, mais leur dit : « Je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés » (Act. 20 : 32).
            Comme nous l’avons déjà relevé, la Parole de Dieu n’a voulu relater la mort d’aucun des apôtres, sauf, incidemment, celle de Jacques : rien de spectaculaire, aucun objet de vénération. La Croix reste au centre, et seule la mort du Seigneur Jésus doit être « annoncée », toutes les fois que l’on rompt le pain et que l’on boit la coupe.
            Le livre des Actes n’a aucune conclusion. Les derniers versets placent devant nous Paul dans son logement, où il recevait tous ceux qui venaient vers lui, prêchant le royaume de Dieu et enseignant « tout ce qui concerne  le Seigneur Jésus Christ » (28 : 30-31). Aucun homme n’aurait terminé ainsi un livre pareil. Mais l’histoire du travail divin pour la diffusion de l’évangile, de l’opération de l’Esprit de Dieu pour sauver et rassembler les âmes, n’est pas achevée ; elle se continue à travers les siècles, jusqu’à la venue du Seigneur. Pas de coupure, pas de césure, pas de conclusion ; une porte ouverte, des bras éternels étendus pour recevoir tous ceux qui sont fatigués et chargés, et leur faire trouver auprès de Jésus « le repos » (Matt. 11 : 28).

 

CROISSEZ

              A la fin de sa seconde épître, l’apôtre Pierre va nous donner son dernier message, ses dernières paroles. Tout au long des pages qu’il a écrites, il a exhorté les croyants, de diverses manières, à une sainte conduite, à la vigilance, à la prière, à la sobriété, à la fermeté. Quelle va être sa dernière exhortation ?
            « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pier. 3 : 18a). Ne restez pas de petits enfants en Christ ; avancez vers l’état d’hommes faits.
            Mais comment ? Comment cette croissance s’opérera-t-elle ? En quoi faut-il croître ? – Dans la grâce ! Cette grâce que l’apôtre lui-même avait éprouvée au bord du lac de Génésareth, dans la cour du souverain sacrificateur alors qu’il était tombé si bas, au bord du même lac lorsque le Seigneur l’avait restauré, et tout du long de sa carrière, – il souhaitait par-dessus tout qu’elle affermisse toujours plus les bien-aimés auxquels il écrivait.
            Il y avait autre chose encore : « Croissez… dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ». Il l’avait connu ce Sauveur, ce Seigneur ; il l’avait suivi ; il l’avait aimé. Que pouvait-il désirer de plus pour ces croyants auxquels il s’adressait tout au soir de la vie, sinon que la Personne de Jésus devienne toujours plus précieuse à leur cœur, toujours plus grande à leurs yeux ?

            « A lui la gloire, et maintenant et jusqu’au jour d’éternité ! » (2 Pier. 3 : 18b).


G. André