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LE LIVRE DE L’APOCALYPSE  (12-13)


CHAPITRE  12
CHAPITRE  13


CHAPITRE  12

            Dans les chapitres 6 à 11, nous avons assisté aux événements qui surviendront sur toute la terre lorsque l’Agneau brisera les sceaux du livre des jugements (les sept sceaux et les sept trompettes). Cette partie s’achève sur la célébration de l’entrée de Christ dans son règne et la mention des jugements et des récompenses qui auront lieu à l’issue de ce règne sans autre précision. Les jugements qui interviendront sur les nations rebelles à la fin du règne de mille ans, ainsi que l’arrivée du « temps pour les morts d’être jugés », événements décrits en Apocalypse 20 : 7-15, sont évoqués au verset 18 du chapitre 11. Au verset 19, s’ouvre jusqu’au chapitre 15 un tableau des principaux acteurs de la scène finale, celle qui précède immédiatement l’introduction du royaume.


La femme, son fils et le dragon

                        • L’arche de l’alliance apparaît dans le ciel (11 : 19)

            Jusqu’ici, Israël n’a été mentionné qu’au début du chapitre 7 pour indiquer clairement qu’un nombre défini de personnes de toutes les tribus d’Israël est scellé et conservé. Maintenant s’ouvre une nouvelle série de prophéties qui concernent plus spécialement Israël. « Le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert » et « l’arche de son alliance » y apparaît accompagnée de signes de jugement.
            L’arche, type de Christ, était le siège de la présence de l’Eternel au milieu de son peuple depuis la sortie d’Egypte jusqu’à la destruction de Jérusalem et du temple par l’armée de Nebucadnetsar. Quand un petit nombre d’Israélites est revenu à Jérusalem sous le règne de Cyrus (Esd. 1 : 2), le temple a été rebâti, mais l’arche n’y a jamais été replacée et ne le sera jamais (Jér. 3 : 16). C’est un des exemples de l’Ecriture qui montre que Dieu ne rétablit jamais dans son état initial ce qu’il avait donné et que les hommes ont détruit ou dont ils ont dû être privés à cause de leur désobéissance. Maintenant l’arche de l’alliance apparaît dans le ciel, car Dieu est fidèle à ses promesses et Il reprend le cours de ses desseins à l’égard de son peuple. Seulement, avant d’introduire la bénédiction promise, Il doit exercer de grands jugements, tant sur le peuple lui-même pour l’épurer et l’affiner (Mal. 3 : 3), que sur les nations qui l’oppriment, en vue d’établir le règne millénaire de Christ. Alors Christ accomplira personnellement toutes les promesses de l’alliance faites avec Abraham (Gen. 17 : 7) et David (2 Sam. 23 : 5).


                        • La femme revêtue du soleil (12 : 1-2)

            Le grand signe dans le ciel nous présente symboliquement l’accomplissement global du grand dessein de Dieu sur la terre. La femme « revêtue du soleil » représente le peuple juif. En lui, Dieu accomplit ses plans sur la terre d’une façon éclatante. La femme est revêtue du soleil, car la gloire de Dieu est pleinement manifestée par Christ (le soleil) en Israël pour toute la terre (2 Sam. 23 : 4 ; Mal. 4 : 2). La femme a la lune sous ses pieds : la loi et les ordonnances qui devaient dominer sur Israël dans le passé n’étaient qu’un reflet de sa lumière ; elles n’auront plus qu’une place subordonnée. Les douze étoiles représentent la perfection de l’autorité administrative qui s’exerce par le moyen d’hommes qui dépendent de Christ, le chef de tout.
            La femme est en grand travail pour enfanter. Les voies de Dieu s’accomplissent au travers d’Israël (la femme), mais au prix de grands bouleversements et de grandes souffrances.
            D’autres passages comparent également le dessein de Dieu à une gestation mystérieuse dont le terme s’accomplit dans les douleurs d’un enfantement (Es. 66 : 7-9 ; Mich. 5 : 3).


                        • Le dragon roux (v. 3-4)

            Un autre signe apparaît dans le ciel. Mais en contraste avec le « grand signe » qui précède, c’est l’activité de Satan qui est dévoilée. Le dragon roux est « celui qui est appelé diable et Satan » (v. 9). Cette forme montre sa puissance terrifiante. Il a sept têtes couronnées de sept diadèmes : c’est le symbole de la puissance complète du mal. Il est le chef de ce monde qu’il paraît gouverner entièrement, bien que les agents directs de sa puissance, les dix cornes, forment un ensemble incomplet (contraste avec douze, le nombre administratif parfait) qui trahit la fragilité des instruments humains (comparer avec les orteils, en partie de fer et en partie d’argile, de la statue en Daniel 2 : 42).
            Un tiers des étoiles (les puissances administratives de l’empire romain : voir ch. 8) lui sont plus directement associées et le suivent docilement. Cela paraît focaliser cette prophétie sur la période où l’empire romain domine. C’était le cas au moment où Christ est né sur la terre ; ce sera le cas encore pendant la grande tribulation. Il jette ces puissances sur la terre pour qu’elles y poursuivent son but : dévorer l’enfant mâle que la femme va enfanter. Satan est l’ennemi acharné de Christ. Depuis la désobéissance d’Adam, Satan sait que « la descendance de la femme » doit lui briser la tête (Gen. 3 : 15). Alors il cherche toujours à faire disparaître la lignée qui doit lui donner naissance avant de s’attaquer directement à Celui que désigne cette expression : Christ lui-même.
En voici des exemples :
                    – Le peuple d’Israël, en Egypte (par le Pharaon), puis dans le désert (par Balak).
                    – David (par Goliath, Saül et Absalom).
                    – La descendance royale dont le Christ devait être issu (par Athalie : 2 Chr. 22 : 10).
                    – Le peuple juif (par Haman dans le livre d’Esther).
                    – Christ (par Hérode : Matt. 2. 16, par les Juifs : Matt. 27. 1 et par Pilate : Matt. 27. 26).


                        • L’enfant mâle (v. 5)

            Le fils mâle enfanté par la femme, c’est Christ, annoncé par Esaïe à Israël : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule » (Es. 9 : 6). C’est sa venue dans le monde et son élévation au ciel qui sont annoncées ici (1 Tim. 3 : 16). Le grand fait, c’est qu’Il est venu (Eph. 2 : 17 ; Héb. 9 : 11). La promesse faite aux pères s’est accomplie et le dessein de Satan a été déjoué. Sa vie et sa croix ne sont pas mentionnées, mais leurs résultats sont vus dans l’expression : « son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône ».
            Cet enfant enlevé, ce n’est pas seulement Christ personnellement, mais « le Christ », un corps complet, Lui étant la tête, ne faisant qu’un avec l’Eglise qui est son corps (Eph. 1 : 23 ; 1 Cor. 12 : 12). Le verbe « enlever » s’applique toujours à des hommes : Enoch (Héb. 11 : 5); Elie (2 Rois 2 : 10), tandis qu’au sujet de Christ seul il est toujours dit « élevé » (Marc 16 : 19 ; Luc 24 : 51 ; Act. 1 : 9, 11 ; 1 Tim. 3 : 16). Les saints sont associés à Lui pour être enlevés, comme ils le sont aussi pour faire paître toutes les nations avec une verge de fer (v. 5 ; 2 : 26-27).
            On remarquera que, dans le langage prophétique, une phrase ou une expression très concise peut parfois englober toute une période sans donner d’information sur celle-ci. La phrase : « et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône » recouvre ici toute la période de l’Eglise qui va depuis l’élévation de Christ jusqu’à l’enlèvement des saints. Comme la prophétie de Jean concerne le déroulement des plans de Dieu envers Israël, elle ne prend pas en compte cette période qui est aussi le temps où les relations de Dieu avec son peuple Israël sont provisoirement suspendues.


                        • La femme s’enfuit dans le désert (v. 6)

            La période de l’Eglise qui s’écoule entre l’élévation de Christ et l’enlèvement des saints est passée sous silence puisque ces deux événements sont réunis dans l’enlèvement de l’enfant (v. 5). Pendant tout ce temps, les relations de Dieu avec son peuple sont interrompues. Ensuite, l’histoire d’Israël (la femme) reprend au moment où « le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert » (11 :19). Privé du Messie dont la domination terrestre est différée, le résidu juif a sa place préparée dans le désert où il sera nourri et préservé pendant les 1260 jours de la grande tribulation, qui se terminera par l’apparition glorieuse de Christ, le Roi d’Israël.


                        • Le combat dans le ciel (v. 7-8)

            Nous sommes loin de comprendre l’importance et l’enjeu des combats que se livrent entre elles les puissances spirituelles. La Parole lève quelquefois le voile sur ce domaine, notamment en Daniel 10. 13-21, ici, et en Jude v. 9. Dans ces trois passages, l’archange Michel est désigné comme le chef des anges qui combattent, en faveur d’Israël, contre la puissance spirituelle de méchanceté : Satan lui-même et ses anges. Ceux-ci cherchent par tous les moyens à s’opposer aux desseins de Dieu. Sur la terre, Satan n’emploie pas toujours la force ; il réussit à entraîner les hommes par la séduction ; dans le ciel il ne peut pas séduire, il n’a que sa force, mais c’est un ennemi vaincu. Il n’est pas dit qu’il soit vaincu par Michel et ses anges, mais « il ne fut pas le plus fort ». Son grand vainqueur, c’est Christ qui l’a vaincu jusque dans sa forteresse en entrant dans la mort, « afin que, par la mort, il rende impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort » (Héb. 2 : 14).
            Plusieurs seront peut-être surpris que la Bible parle de Satan agissant au ciel, à cause de l’imagerie populaire qui le représente comme le maître de l’enfer. Or l’Ecriture nous montre que Satan a accès au ciel, et qu’il se promène partout sur la terre (Job 1 : 7 ; Eph. 6 : 12). Satan doit être précipité sur la terre pour peu de temps (v. 9-12) avant d’être « lié dans l’abîme » pour mille ans, puis délié (20 : 2) et enfin jeté dans « l’étang de feu et de soufre » (l’enfer). Satan n’est pas actuellement en enfer, où d’ailleurs, personne ne se trouve encore. Quand il y sera jeté, après les mille ans, ce sera, non pour y dominer, mais pour être tourmenté éternellement (20 : 10).


                        • Satan précipité sur la terre (v. 9-12)

            Le combat dans le ciel a pour conséquence que Satan et ses anges n’y ont plus leur place. Ils sont alors précipités sur la terre. C’est le signe que le dénouement des voies de Dieu envers la terre approche. Une grande voix dans le ciel le proclame : « Maintenant est venu le salut, et la puissance, et le royaume de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ » (v. 10). Une activité permanente de Satan est alors révélée : « l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit ». Satan, « le serpent ancien », a été l’instigateur du péché au commencement. Il pousse les hommes à pécher tout en essayant de bannir de leur conscience la notion de péché ; mais il accuse les saints jour et nuit devant Dieu. Deux autres exemples de cette activité d’accusateur sont révélés : contre Job (Job 1 : 9-12) et contre Joshua (Zach. 3 : 1). L’activité de Satan est l’opposé de celle de Christ qui est notre « avocat auprès du Père » (1 Jean 2 : 1), « qui aussi intercède pour nous » à la droite de Dieu (Rom. 8 : 34 ; Héb. 7 : 25). Puissions-nous être aussi des intercesseurs plutôt que des accusateurs !
            L’expression « nos frères » désigne ceux qui ont souffert pour le témoignage de Jésus, pendant tout le temps d’épreuve décrit dans les chapitres 6 à 11. Ils ont vaincu Satan, non de leur propre force, mais « à cause du sang de l’Agneau », car ils sont au bénéfice de l’œuvre de Christ à la croix et « à cause de la parole de leur témoignage », parce qu’ils ont fidèlement rendu témoignage par la Parole, même au prix de leur propre vie.
            Dès que Satan et ses anges ont été précipités du ciel sur la terre, la joie est proclamée dans le ciel pour tous ceux qui y habitent. Mais le malheur est prononcé sur la terre et la mer à cause de la fureur de Satan qui va agir avec violence, mais pour peu de temps. La terre et la mer sont ici, comme dans la suite, la figure de deux parties des nations : la terre représente la partie stable, organisée ; la mer, la partie désorganisée, agitée, voire anarchique.


                        • La femme persécutée par le dragon (v. 13-17)

            Ne pouvant s’en prendre directement à Christ qui l’a vaincu et qui est monté au ciel, Satan persécute la femme (le résidu juif) qui s’enfuit au désert, au lieu préparé pour sa préservation pendant la grande tribulation (comp. v. 6 et 14). Le serpent, identifié avec le dragon (comp. v. 15 et 16), essaie en vain d’engloutir le peuple juif en envoyant contre lui les hordes de la puissante armée de l’Assyrien (le fleuve, le fléau qui inonde) (Es. 28 : 15 ; Dan. 11 : 40). Mais en vain, car cette armée est détruite sans avoir combattu, comme engloutie par la terre qui s’ouvre avant qu’elle puisse atteindre sa proie. Irrité par cet échec, le dragon se tourne alors contre le résidu juif qui rend un puissant témoignage lors des persécutions de la grande tribulation. Il est l’objet d’une haine particulière de Satan et de ses agents.

 

CHAPITRE  13

Les deux Bêtes

                        • La Bête qui monte de la mer

            Actuellement tout paraît déjà sombrer dans le désordre et l’agitation confuse. Le monde prend l’aspect d’une mer agitée qu’aucune action humaine, fût-elle réalisée en accord avec les grandes puissances, ne pourra calmer. Les hommes haut placés ne durent pas. Leurs faiblesses sont publiées partout et beaucoup sombrent dans le mépris ou dans l’oubli. Mais sur la scène qui s’ouvre, voici qu’un personnage extraordinaire surgit (Est. 3 : 1). Doué d’une puissance et d’une séduction sataniques, il s’impose rapidement comme le chef politique incontesté, auquel tous se soumettent et rendent hommage (v. 3, 8) à l’exception de ceux dont le nom a été écrit, avant la fondation du monde, dans le livre de vie de l’Agneau.

                    - Son aspect : la Bête  a dix cornes et sept têtes comme le dragon qui lui donne sa puissance et son trône. Mais, à la différence du dragon, ce sont les cornes (et non les têtes) qui sont couronnées. Ce qui retient ici l’attention, ce n’est pas la puissance intrinsèque de mal dans son caractère complet, instigateur de toute opposition à Dieu, mais le déploiement de cette puissance dans ses agents sur la terre : des rois qui lui sont assujettis. Sur les têtes sont écrits des noms de blasphèmes : l’opposition à Dieu est maintenant ouvertement déclarée (comp. v. 6).
        La Bête, dans l’Ecriture, représente un être doué de force brutale et sans intelligence (2 Pier. 2 : 12 ; Jude 10),  sans relation vitale avec Dieu (Ps. 49 : 20).

                    - Ses caractères : la Bête est semblable à un léopard, signe de la rapidité de son apparition et de son action ; ses pieds sont ceux d’un ours, signe de sa brutalité, et sa bouche est comme celle d’un lion, signe d’avidité et de puissance impériale.

                    - La plaie mortelle guérie : l’événement qui provoque l’admiration de toute la terre et pousse les hommes à rendre hommage au dragon parce qu’il a donné le pouvoir à la Bête est la guérison miraculeuse de la plaie mortelle dont l’une des têtes de la Bête avait été frappée. Cette mention donne une indication importante pour identifier la Bête en rapprochant le verset 5 de Daniel 7. 25. Le quatrième et dernier des empires des nations décrits en Daniel 7, qui se sont succédé depuis Nebucadnetsar, c’est l’empire romain. Son dernier chef doit être « une petite corne » qui blasphémera contre Dieu et exercera un pouvoir absolu pendant « un temps, des temps et une moitié de temps » (trois ans et demi) jusqu’à ce que la domination lui soit ôtée et que le royaume soit donné aux saints. Or cet empire a disparu depuis longtemps et n’a pas été remplacé par un autre exerçant une emprise comparable. Comme pour la Bête, « une de ses têtes » a été « comme frappée à mort », mais il doit se reconstituer lorsque « sa plaie mortelle » sera guérie pour agir. Cela apparaîtra au monde entier comme une sorte de résurrection qui suscitera l’admiration universelle. Un grand pouvoir lui sera donné pendant quarante-deux mois (trois ans et demi).
            Nous trouverons au chapitre 17 la confirmation que cette Bête à sept têtes représente le futur chef de l’empire romain qui doit réapparaître après avoir existé puis disparu (17 : 11). On notera la répétition des expressions : « le dragon lui avait donné » (v. 4), « il lui fut donné » (v. 5, 7). Le dragon, Satan, lui donne bien son pouvoir, mais Dieu lui fixe ses limites (quarante-deux mois) et lui permet de vaincre les saints pour un temps. Les historiens pensent que l’apparition puis la disparition, souvent brutale, des pouvoirs politiques sont causées par les hommes et leurs circonstances.
            Dieu nous montre dans sa Parole, notamment ici et dans les livres de Job et de Daniel, combien grandes sont l’activité et la puissance de Satan, mais qu’il ne peut dépasser les limites qui lui sont fixées. Rien ne peut s’opposer à l’accomplissement final des desseins de Dieu (Es. 46 : 9-11).

                    – L’action de la Bête pendant la grande tribulation : la durée de trois ans et demi correspond à la demi-semaine de Daniel (Dan. 9 : 27) ; c’est le temps pendant lequel les deux témoins prophétiseront (11 : 2-3), celui de la « grande tribulation » (Matt. 24 : 21 : 24). La Bête fait de grands exploits.
                        ¤ Elle affirme sa puissance avec une impudence sans précédent en blasphémant contre Dieu personnellement (son nom), contre son habitation dans le ciel (l’Eglise) et contre ceux qui y habitent (tous les saints célestes). Ces événements auront lieu après l’enlèvement des croyants au ciel.

                       ¤ Elle fait la guerre aux saints (ceux qui gardent les commandements de Dieu sur la terre) et triomphe d’eux. Ce n’est pas parce qu’elle est plus puissante que Celui qui veille sur eux ; il est dit : « il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre » (v. 7). La sagesse divine qui dispose souverainement des circonstances, permet à la Bête de persécuter les saints.

                       ¤ Elle exerce le pouvoir sur « toute tribu, peuple, langue et nation », un pouvoir terrifiant qui pèse lourdement sur ceux qui pourtant l’admirent et lui rendent hommage sans pouvoir lui résister (v. 4). On remarquera que, si son pouvoir s’exerce sur ces entités politiques, l’Agneau a acheté par son sang « de toute tribu, et langue, et peuple, et nation » des individus sauvés par grâce qui sont faits sacrificateurs pour Dieu (5 : 9).

                    – Un avertissement est alors adressé à quelqu’un « qui a des oreilles » (v. 9-10), à toute personne susceptible de prêter attention à la parole prophétique : la puissance appartient alors extérieurement au mal et ce n’est pas le temps de s’y opposer. Ceux qui exercent la violence trouveront leur fin. Pour les saints, sur la terre, c’est le temps de la patience et de la foi jusqu’à ce que Dieu intervienne.


                        • La Bête qui monte de la terre

            La première Bête est un chef politique qui a surgi de la mer des peuples en état d’agitation et de confusion. Elle a suscité l’admiration générale de tous et exerce sa domination sur toutes les nations. Un nouveau chef - « une autre bête » - surgit alors au sein de ce nouvel ordre organisé (la terre) ; il affirme progressivement sa puissance, en association étroite avec la première Bête. Ce sera sans doute un Israélite, car le pays d’Israël est aussi fréquemment désigné par « la terre ». De plus, cette seconde bête est appelée plus loin le « faux prophète » (19 : 20). Cette appellation est en relation avec Israël, et non avec les nations : « Or il y a eu également de faux prophètes parmi le peuple (Israël), comme il y aura aussi parmi vous de faux docteurs… » (2 Pier. 2 : 1).

                    – Son aspect : un seul trait est signalé, elle a deux cornes comme un agneau. En contraste avec la fière apparence de la première Bête, la seconde paraît humble, mais c’est pour mieux séduire. Tout le monde craint et admire la première ; la seconde séduit tous ceux qui habitent sur la terre. Elle se présentera, dans une période d’extrême perplexité, comme le sauveur du monde. C’est le premier des traits qui permettent d’identifier ce personnage avec l’Antichrist (1 Jean 4 : 3), « l’homme de péché », « l’inique » (2 Thes. 2 : 3, 8). Bien que le terme consacré par l’usage en français soit Antéchrist, nous préférons employer l’orthographe Antichrist, comme le font plusieurs traductions. Le mot original signifie en effet : « contre Christ », alors que le terme Antéchrist peut laisser supposer que ce personnage le précéderait.

                    – Son discours : elle ressemble à un agneau, mais elle parle comme un dragon. Elle cherche à imiter certains caractères de Christ, l’Agneau de Dieu, mais ses paroles montrent son origine et sa nature. Jésus a dit de lui-même : « Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu » (Jean 3 : 34). Et il a averti de la venue de l’Antichrist en disant : « Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez » (Jean 5 : 43). Et encore, au sujet du diable : « Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur » (Jean 8 : 44). La séduction et la tromperie caractérisent toutes ses actions. Si elle ne paraît pas rechercher le pouvoir pour elle-même, elle déploie une activité prodigieuse pour affermir la domination de la première Bête dont « la plaie mortelle a été guérie ». Cette seconde Bête exploite ce « miracle » pour inciter, voire contraindre tous les hommes à se prosterner devant la première Bête, en les persuadant que celle-ci a « repris vie ». Elle exerce en fait tout le pouvoir de celle-ci dans la période qui suivra cette « résurrection ».

                    – Ses actions : elle fait elle-même de grands miracles par lesquels elle cherche à convaincre les hommes qu’elle dispose de la puissance divine ; en particulier, comme autrefois Elie, elle fait descendre sur la terre le feu du ciel. A ses actions - les miracles de mensonge - on peut reconnaître, dans cette Bête qui monte de la terre, « l’Inique dont la venue est selon l’opération de Satan, avec toute sorte de puissance, des signes et des prodiges de mensonge, et avec toute sorte de tromperies d’injustice » (2 Thes. 2 : 8-10). Elle pousse les hommes à faire une image de la première Bête et elle donne la respiration et l’usage de la parole à cette image ; donner la respiration ou l’usage de la parole, n’est pas donner la vie, ce qui demeure une prérogative divine - cela pourrait être le résultat d’une supercherie technique, concevable aujourd’hui, mais paraît plutôt attribué à la puissance diabolique dont dispose la Bête.
        Elle persécute jusqu’à la mort ceux qui ne veulent pas adorer cette image. Elle leur impose de porter sur la main droite ou sur le front la marque de la Bête, marque sans laquelle personne ne peut acheter ou vendre. Cela aurait pu paraître irréalisable il y a quelques dizaines d’années, or il est déjà techniquement possible que cela puisse être rapidement imposé. N’a-t-on pas vu, au cours de la seconde guerre mondiale, un pouvoir politique obliger les Juifs à porter une marque distinctive ?  Nous avons un autre exemple dans l’Apocalypse : au chapitre 11, les peuples de toute la terre doivent voir les corps des deux témoins mis à mort par la Bête, exposés publiquement à Jérusalem, et assister à leur résurrection. Ce qui paraissait autrefois impossible est maintenant banal.
      Déjà tout se prépare pour qu’aient lieu ces événements. Et pour nous chrétiens, c’est aussi un avertissement ; car avant que tout cela n’arrive, le Seigneur va venir pour prendre les siens auprès de lui (1 Thes. 4 : 16).

                    - Le nombre de la Bête : 666, mentionné au verset 18, est peut-être l’indication prophétique la plus connue, celle qui a suscité le plus de spéculations pour essayer de reconnaître le personnage ainsi annoncé. On a cherché à l’identifier successivement et à tort, à la plupart des grands tyrans du passé. Gardons-nous des spéculations !
        Simplement à titre d’exemple, indiquons que le nombre attribué au mot Lateinos - Latin, qui peut désigner la Bête comme chef de l’Empire Romain - par le mode de calcul grec donne 666. La somme des valeurs des chiffres romains I, V, X, L, C, D est aussi égale à 666, mais cela n’a rien de convaincant.
        Nous devons penser que l’intelligence nécessaire sera donnée au moment utile aux fidèles de ce temps-là. Cependant nous pouvons discerner une signification morale dans la triple répétition du chiffre 6. Elle paraît évoquer l’effort de Satan pour susciter et faire prévaloir un « surhomme » contre Christ, sans jamais parvenir à ses fins.
      Le chiffre 7 est dans l’Ecriture fréquemment le symbole de la plénitude divine; alors que 5 (comme 10) évoque les limites humaines (cinq doigts, cinq orteils). Or, un fils du géant Goliath avait « six doigts aux mains et six orteils aux pieds, en tout vingt-quatre » (2 Sam. 21 : 20).

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 15)


A suivre