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Mon cœur est frappé

 
            « Mon cœur est frappé, et est desséché comme l’herbe ; car j’ai oublié de manger mon pain » (Ps. 102 : 4)

            Nous avons, dans les onze premiers versets de ce psaume, comme aussi au verset 23 et dans la première moitié du 24, l’expression saisissante des plaintes d’un homme accablé d’une profonde douleur. On voit que cette douleur ne provient pas d’un sentiment de péché. C’est la détresse provenant de l’abandon, de la solitude morale, sans personne qui sympathise. Celui qui l’éprouve, dans son humiliation profonde, se voit poursuivi par la haine implacable de ses ennemis, qui prennent occasion de son abaissement pour l’outrager. C’est l’angoisse de quelqu’un qui rencontre devant lui la colère et l’indignation de Dieu (bien qu’il ne soit pas question de péché). C’est la douleur d’un homme qui, ayant été « élevé haut », a été « jeté en bas » (v. 10), réduit au plus profond abaissement, retranché au milieu de sa carrière : « Ne m’enlève pas à la moitié de mes jours » (v. 24a).
            Or, à qui seul ce passage peut-il s’appliquer, si ce n’est à Jésus, au Christ, au Seigneur envisagé comme Homme ? Il était venu au milieu des siens pour être leur Messie, le Roi, et Il est rejeté et méprisé. Il anticipe ici, dans ce Psaume, les souffrances et la mort, ainsi qu’Il a pu dire en Jean 12 : 27-28 : « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom ». C’est Lui qui a été dans la détresse et l’abandon quand, durant les jours de sa chair, il offrit, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort (Héb. 5 : 7). Ce Psaume est l’expression divine des pensées et des sentiments de Christ. En disant : « Ne me cache pas ta face » (Ps. 102 : 2), Il voyait d’avance le douloureux moment où Il s’écrierait : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matt. 27 : 46). Près de la mort, son cœur était frappé par la douleur : nul rafraîchissement ne Lui était offert ; Il était comme l’herbe desséchée par un brûlant soleil, de sorte qu’Il en oubliait les besoins de son corps. Tel Il était à Gethsémané dans la solitude, emmenant avec Lui ses amis, mais ne trouvant auprès d’eux aucun soulagement. Il veillait, Il était dans l’angoisse du combat, et eux dormaient. Et bientôt ses ennemis s’approchent avec leurs outrages, en attendant l’indignation et la colère et la dernière humiliation, l’abaissement de la mort sur la croix : « élevé haut » (Il était le Messie), et « jeté en bas ». Ce n’est qu’à Christ que tout cela peut s’appliquer.
 Un autre trait, qui le montre d’une manière touchante, nous est fourni par la seconde partie du Psaume (v. 12-22). Dans sa détresse, sa douleur, son abandon, nous voyons Christ s’adressant à Dieu, s’attendant à Lui, et trouvant sa consolation dans la fermeté immuable des promesses de Dieu pour son peuple. Qu’Il soit abandonné, retranché, rejeté, Lui le Messie, l’Eternel n’en sera pas moins glorifié dans le rétablissement de son peuple et de Sion à la face des nations. N’est-ce pas là la même pensée qu’en Jean 12 : 27-28 ?
            Mais la troisième partie du Psaume nous montre d’une manière tout à fait évidente qu’il s’agit de Christ : « Tes années sont de génération en génération » (v. 24b). C’est la réponse glorieuse et admirable que Dieu a faite Lui-même et que l’épître aux Hébreux (1 : 10-12) cite comme s’appliquant au Fils, à Celui qui s’est abaissé et est devenu un homme pour souffrir et mourir. Il est lui-même le Créateur des cieux et de la terre ; Il est toujours le même, éternel, permanent, subsistant quand les cieux et la terre disparaîtront. Lui Christ, le rejeté, le méprisé, est l’Eternel, le Créateur. Contraste merveilleux et d’une beauté divine ! Le comble de l’humiliation et de l’abaissement, d’une part, comme homme, et, de l’autre, sa grandeur comme Dieu immuable !


W. J. Lowe – article paru dans un ancien périodique d'évangélisation : « le Salut de Dieu »