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LE  SECRET  DE  LA  VICTOIRE (6)


LA  RELIGION DE LA CHAIR – Les Philistins


            « Et les fils d'Israël firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel ; et l'Eternel les livra en la main des Philistins pendant quarante ans. Et il y avait un homme de Tsorha, de la famille des Danites, et son nom était Manoah ; et sa femme était stérile et n'enfantait pas. Et l'Ange de l'Eternel apparut à la femme, et lui dit : Voici, tu es stérile et tu n'enfantes pas ; mais tu concevras, et tu enfanteras un fils. Et maintenant, prends garde, je te prie, et ne bois ni vin ni boisson forte, et ne mange rien d'impur ; car voici, tu concevras, et tu enfanteras un fils ; et le rasoir ne passera pas sur sa tête, car le jeune garçon sera nazaréen de Dieu dès le ventre de sa mère ; et ce sera lui qui commencera à sauver Israël de la main des Philistins » (Jug. 13 : 1-5).
 

                        Comment vaincre la religion de la chair

            Ces Philistins, qui ont maintenu Israël en pareil esclavage, et les ont réduits à un tel état de misère et de pauvreté, qui sont-ils et de quoi nous parlent-ils ?
            Ils sont venus d’Egypte (Gen. 10 :13-14), l’ont bien laissée derrière eux, et sont entrés dans le pays que Dieu a promis à son peuple ; mais ils n’y ont pas pénétré par le chemin indiqué par Dieu. Empruntant un raccourci facile, ils ont évité la Mer Rouge et le Jourdain, qui préfigurent la délivrance et la bénédiction que la mort et la résurrection de Christ apportent - ces deux épisodes n’ayant aucune place dans leur histoire. Ils se trouvent bien dans le pays du peuple de Dieu, mais ils n’ont pas emprunté le chemin ordonné par Dieu pour y pénétrer (Ex. 13 : 17). Ils n’ont réellement aucun droit à ce pays, car Dieu l’a destiné à Israël (Deut. 32 : 8-9).
            Ils représentent le christianisme associé au monde, la religion mise au goût des hommes incroyants. Ils correspondent à la religion charnelle ou à ce que l’on pourrait appeler le christianisme séculier - une religion dite chrétienne que l’on a rendue acceptable pour la chair et le monde. Le Ritualisme* et le Modernisme sont quelques-uns des Philistins de notre siècle. Des superstitions et des philosophies païennes ont envahi le domaine de la foi, et ont rendu la maison de Dieu comparable à une grande maison contenant des vases mélangés (2 Tim. 2). Et ils oppriment cruellement les véritables enfants de Dieu. Ils s’approchent de Dieu des lèvres, mais ne veulent rien savoir des exercices de cœur et de la vie spirituelle qui ont marqué les réveils des jours passés. Ils prétendent être des enfants de Dieu, mais ils n’ont aucun titre à entrer dans cette relation, parce qu’ils n’ont pas reçu le Fils unique et bien-aimé de Dieu, par la foi, et ne sont jamais nés de nouveau (Jean 1 : 12-13). Ils ont l’apparence de la piété, mais ils en ont renié la puissance (2 Tim. 3 : 5).

            *Le ritualisme est un courant théologique du XIXème siècle défendu par la Haute Eglise Anglicane désirant retrouver auprès des fidèles une vocation perdue et les attirant par des cérémonies ostentatoires. Le modernisme est une  crise religieuse qui a marqué la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle qui avait pour but de « combler » le retard pris par l’Eglise dans le domaine doctrinal pour les ajuster aux exigences des sciences profanes.
            Ces mouvements sont toujours à l'œuvre aujourd’hui et constituent toujours un réel danger. Le ritualisme, est toujours présent dans le protestantisme : il s'agit de « raviver » la piété par le recours aux rites et aux formes somptueuses et attirantes, se rapprochant ainsi du catholicisme ; ces formes extérieures mettent en cause le culte en esprit et en vérité. Quant au modernisme, issu du rationalisme allemand de la fin du XIXe siècle, il reste un système d’incrédulité dont l’énoncé élève la raison et l’expérience humaines au-dessus de la norme donnée par la Bible.


                        Un trait remarquable

            Il y a un trait caractéristique dans l’histoire de ces Philistins, c’est leur ardeur à se procurer, puis à détruire les possessions les plus précieuses du peuple de Dieu. Je passe sur le fait qu’Abraham et Isaac avaient tous deux été en danger de se faire voler leurs femmes par les Philistins (Gen. 20 : 26), car ces incidents sont survenus à cause de leur manque de courage et de foi en Dieu ; mais le chapitre 21 (v 25, 32) nous apprend que les Philistins se sont emparé violemment de l’un des puits d’Abraham, et le chapitre 26, qu’ils ont empli de terre les puits d’eau que le patriarche avait creusés. C’était un acte délibéré de malveillance par jalousie envers Isaac.
            Plus tard, alors qu’Isaac avait creusé d’autres puits, ils les ont revendiqués et se sont battus pour cela. Ces puits étaient essentiels pour la vie des patriarches et de leurs maisons. Jean 4 et 7 nous autorisent à y voir une image du Saint Esprit qui nous a été donné, et qui est indispensable à la vie du peuple de Dieu aujourd’hui. Mais quelle place y a-t-il pour le Saint Esprit, dans la religion de la chair de nos jours ?
            Là où les superstitions du courant ritualiste, les critiques blasphématoires et les doutes scientifiques (des modernismes et des libéraux) prévalent, l’Esprit est attristé et éteint. Les puits sont remplis de terre ! L’Esprit n’a pas davantage de place dans un formalisme mort, qui, tout en se vantant de l’orthodoxie de son credo, n’a ni foi ni ferveur ni vie. Tous sont étrangers au christianisme véritable.
            Les Philistins se sont aussi emparé de l’arche de l’alliance (1 Sam. 5 : 2) et ont habité dans le pays de la promesse comme s’il était à eux. Dans Joël 3 : 5, Dieu leur dit : « Vous avez pris mon or et mon argent et vous avez apporté dans vos temples mes choses précieuses ».
            De nos jours, des hommes qui ne sont pas entrés dans le royaume de Dieu par la nouvelle naissance, y sont acceptés aujourd’hui comme conducteurs et docteurs. Ils ont pris les choses bonnes et précieuses appartenant à notre très sainte foi, et les ont attachées à l’homme tel qu’il est dans sa nature déchue. Ils ont entièrement mis de côté la nécessité de la nouvelle naissance, de la rédemption, et d’une nouvelle création dans le Christ Jésus.


                        Les cinq princes des Philistins

            Les Philistins étaient gouvernés par cinq princes (voir Jos. 13 : 3 ; Jug. 3 : 3). La religion charnelle qu’ils représentent est aussi gouvernée par cinq seigneurs soit les cinq sens. Ses adeptes sont gouvernés par ce qui est naturel, et tout ce qui est en dehors du domaine des sens est plus ou moins nié. Ils ne tiennent aucun compte de ce que dit l’Ecriture : « L’homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car pour lui elles sont folie ; et il ne peut pas les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement » (1 Cor. 2 : 14).
            L’homme naturel est tout ce dont ils se préoccupent, parce qu’ils n’en connaissent pas d’autre. Et en rejetant tout ce qui est miraculeux dans la Parole, ils nient et ridiculisent précisément l’incarnation (la conception miraculeuse) du Seigneur Jésus, sa divinité, la valeur expiatoire de Son sacrifice, et Sa résurrection ; et ils prétendent expliquer Ses miracles de manière rationnelle. Ils rejettent et passent sous silence tout ce qui serait de nature à offenser un monde qui a crucifié le Seigneur de gloire, de même que tout ce qui dépasse la compréhension et la perception de l’homme naturel. Ils renient le fait solennel que l’homme est une créature déchue en attente du jugement.
             Alors que ce peuple ne possédait qu’une étroite bande du pays de Canaan, il est remarquable que celui-ci ait tiré son nom d’eux. En effet, la « Palestine » signifie « le pays des Philistins ». Mais ce nom lui est seulement donné dans l’Ecriture lorsque son jugement est annoncé (Ex. 15 : 14 ; Es. 14 : 29, 31 ; Joël 3 : 4). C’est en Genèse 21 que les Philistins apparaissent pour la première fois, alors qu’ils ravissent violemment à Abraham un puits d’eau. Les Philistins étaient les ennemis les plus persistants d’Israël, tout au long de son histoire dans le pays. Il est davantage question des Philistins dans l’Ancien Testament que de toute autre nation, à part Israël. La dernière mention qui en est faite dans l’Ecriture est celle-ci : « Je détruirai l’orgueil des Philistins » (Zach. 9 : 6). Quant à l’état de choses qui constitue, de nos jours, l’antitype des Philistins, le Seigneur dit : « Je vais te vomir de ma bouche » (Apoc. 3 : 16). Dans l’assemblée à Laodicée, nous en trouvons la vraie manifestation.
            Le rationalisme et le ritualisme - et maintenant les « Philistins » de notre siècle - font appel à l’homme naturel, qui aime ce qui flatte son esprit, et touche les sentiments. Mais l’une et l’autre de ces choses obscurcissent Christ. Plus d’un disciple au cœur droit, embarrassé, et ne voyant aucune porte de délivrance, en est réduit à pleurer comme Marie devant le sépulcre vide, en disant : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis » (Jean 20 : 13). Que reste-t-il à faire ?
            De vrais chrétiens nés de nouveau risquent-ils vraiment d’être affectés et influencés par ce qui ne vient évidemment pas de Dieu ? Absolument ! Les chrétiens s’enthousiasment facilement pour des efforts sincères ou des enseignements qui professent avoir en vue l’amélioration de l’homme, alors que le pivot de celles-ci, et le levier qui les fait agir ne sont pas de Dieu mais des hommes. Il est aussi très facile de prendre des sentiments naturels pour un vrai sentiment spirituel. Et nous avons tous la tendance à nous appuyer sur notre propre intelligence (Prov. 3 : 5), plutôt que sur la sagesse de l’Esprit de Dieu. Il nous faut bien reconnaitre la vérité solennelle selon laquelle « L’homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu… et il ne peut pas les connaître » (1 Cor. 2 : 14).
            L’évangile n’est pas selon l’homme, il n’émane pas de l’homme, bien que rien d’autre, dans le ciel ou sur la terre, ne puisse lui apporter la bénédiction. C’est seulement dans l’évangile de la grâce de Dieu, que le pardon des péchés est offert aux hommes. L’évangile est divin, dans son caractère et dans sa source. Seul l’Esprit de Dieu nous en révèle la splendeur, et seuls ceux qui ont reçu l’Esprit peuvent les apprécier.
            De tous les ennemis du peuple, les Philistins ont été les plus ancestraux et ceux qui les ont asservi durant la plus longue période. Et, à mesure qu’Israël s’est affaibli dans sa foi, leur pouvoir est devenu croissant. Ils n’ont jamais été définitivement vaincus, jusqu’à ce que la suprématie de David – figure de Christ remportant la victoire par sa  résurrection – soit un fait établi dans le pays.
 

                        La délivrance d’Israël

            Nous trouvons dès le début de notre récit un trait bien remarquable, en relation avec la délivrance du joug de ces peuples. C’est que, dans cette occasion, les Israélites ne font pas monter de cri pour être délivrés, comme ils l’avaient fait par le passé. Ils semblent avoir accepté le joug et s’être satisfaits de leur sort. Ceci est devenu bien évident, lorsque Samson commence à les délivrer, car ils le réprimandent, disant : « Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous? Et que nous as-tu fait ? » (Jug. 15 : 11). Ils ont si peu de sympathie pour ses efforts, qu’ils le lient avec des cordes et le livrent à ses ennemis.
            Nous avons là une triste illustration de ce qui se passe aujourd’hui. L’Eglise s’est courbée sous la domination de ces Philistins modernes. Et beaucoup de ceux qui font réellement partie du vrai peuple de Dieu paraissent, hélas, s’accommoder de cette situation. Nous pouvons être certains qu’il n’en est pas ainsi de ceux qui ont vraiment à cœur Sa gloire.
            Quel réconfort, pourtant, de constater que, si Israël est indifférent à sa propre condition, l’Eternel ne l’est pas. Et Il prépare la délivrance, à Sa manière. L’Ange de l’Eternel apparaît à la femme de Manoah, de la tribu de Dan. On ne l’aurait pas choisi. Même son nom n’est pas donné. Elle est stérile, ce qui constitue un opprobre parmi le peuple d’Israël et un sujet de mépris aux yeux des jeunes filles. Mais cette femme méprisée (son nom n’est pas mentionné) issue de la plus petite des tribus d’Israël, est le vase choisi par Dieu pour accomplir à travers lui Sa propre volonté. Ainsi voyons-nous confirmée cette grande vérité que Ses voies ne sont pas celles des hommes (voir Es. 55 : 8). « Je suis riche, je me suis enrichi, je n’ai besoin de rien » (Apoc. 3 : 17), ainsi se vante le christianisme séculier, tout en marchant à la lueur incertaine de ses lumières blafardes. « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde… et Dieu a choisi… celles qui sont méprisées et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont - afin que personne ne se glorifie devant Dieu » (1 Cor. 1 : 27-29).
            « Voici, tu es stérile et tu n’enfantes pas. Mais tu concevras, et tu enfanteras un fils » (Jug. 13 : 3), tel est le message de Dieu que la femme reçoit avec une foi simple et inconditionnelle. Sa faiblesse et son opprobre sont manifestes pour mieux nous faire voir la délivrance qui doit venir de Dieu, et non de l’homme. De la faiblesse, de la stérilité et de la mort, Dieu va produire la force et la victoire.
            Mais si cette femme est marquée, aux yeux des hommes, par la faiblesse et l’opprobre, elle possède une foi parfaite et inconditionnelle dans les intentions de grâce de Dieu envers elle. Et cette foi doit avoir été, à Ses yeux, une chose précieuse et agréable. De plus, elle est la femme de Manoah, dont le nom signifie « repos ». La confiance en Dieu et le repos du cœur sont comme unis. Ils sont indissolublement liés l’un à l’autre et ne peuvent pas être séparés.
            Le fait que la confiance en Dieu produise le repos du cœur a été illustré de façon frappante dans l’Apôtre Paul. De son temps, on trouvait la forme de la piété dépourvue de sa puissance (voir 2 Tim. 3 : 5) ; et des faux docteurs causaient de grands dégâts parmi ceux pour lesquels il avait travaillé avec tant de zèle. Pourtant il n’était pas troublé ni confus, car il savait qui il avait cru (2 Tim. 1 : 12). Il avait mis sa confiance dans le véritable David, Jésus ressuscité d’entre les morts. C’est pourquoi, tout en présentant le fait que beaucoup abandonneraient  la vérité, il était parfaitement paisible malgré tout.
            Il écrit à son enfant Timothée : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, de la descendance de David, selon mon évangile » (2 : 8).
            D’après la seconde épître à Timothée, si nous comparons sa confiance à ses sujets potentiels de soucis, nous constatons quelles ressources et quelle force il puisait en Jésus-Christ :
                   - « Tu le sais, tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi (1 : 15). « Mais je n’ai pas de honte, car je sais qui j’ai cru » (1 : 12).
                   - « Leur parole rongera comme une gangrène… Ils se sont écartés de la vérité… et renverse la foi de certains » (2 : 17-18). « Toutefois le solidement fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui » (2 : 19).
                   - « Quant aux hommes méchants et aux imposteurs, ils iront de mal en pis, séduisant et étant séduits » (3 : 13). « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises… Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (3 : 14, 16).
                   - « Dans ma première défense, personne n’a été à mes côtés » (4 : 16). « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié » (4 : 17).


                        Une qualité essentielle

            Le caractère particulier qui devait distinguer celui qui était appelé à renverser la puissance des Philistins, c’était le nazaréat. Au moins deux fois, dans son annonce à la femme de Manoah, l’ange affirme : l’enfant sera nazaréen pour Dieu (Jug. 13 : 5, 13). Le nazaréen devait être séparé de certaines choses. Mais ce qui était bien plus important, c’était pour qui il devait être séparé. Il devait être « pour l’Eternel », un vase consacré au service de Dieu.
            Il devait s’abstenir du fruit de la vigne, se tenir à l’écart de ce qui pouvait souiller, et sa chevelure ne devait pas être coupée. Ces trois choses sont également mises en évidence, dans la deuxième épître de Paul à Timothée :
                   - (I) Le fruit de la vigne représente, sans aucun doute, les joies de la vie naturelle. Et le nazaréen d’aujourd’hui prendra garde à l’exhortation : « Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ. Personne, servant comme soldat, ne s'embarrasse dans les affaires de la vie, afin de plaire à celui qui l'a enrôlé » (2 : 3-4).
                   - (2) La séparation de la souillure est hautement nécessaire, et l’homme de Dieu est instruit à ce sujet : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur. …Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre. …Mais fuis les convoitises de la jeunesse (2 : 19-22).
                   - (3) La chevelure non coupée est un signe évident de dépendance – d’une faiblesse étroitement liée à la force. La longue chevelure est la gloire de la femme. C’est la marque de sa dépendance envers l’homme, comme un vase plus faible. Telle est la position dans laquelle Dieu l’a placée, et sa vraie gloire, c’est de garder fidèlement la position dans laquelle elle a été placée. Mais quant à  l’homme il est dit : « Car l'homme, étant l'image et la gloire de Dieu… La nature même ne vous enseigne-t-elle pas que, si un homme a une longue chevelure, c'est un déshonneur pour lui ? » (1 Cor. 11 : 7-15). La position de l’homme était une position d’autorité. Il était placé à la tête de cette création. D’autres devaient dépendre de lui, mais lui devait s’appuyer uniquement sur Dieu. Hélas, dans la chute, il a cherché à être indépendant de Dieu. De là tout le chagrin, la souffrance, et la mort qui en ont découlé.
            Des cheveux de femme sont l’une des caractéristiques de ces terribles scorpions qui tourmenteront les hommes, pendant la période des jugements dont il est question en Apocalypse 9 : 7-8. Ils sont décrits comme ayant sur la tête des couronnes semblables à de l’or ; leurs faces sont comme des faces d’homme, et leurs cheveux, comme des cheveux de femme. Leur apparence première est grande et imposante. Ils semblent être puissants et indépendants, mais derrière tout ceci, il est évident qu’ils tiennent leur force d’ailleurs : ils dépendent d’Apollyon, le Destructeur (v. 11). Le visage du vrai nazaréen devait être celui d’un homme. Il devait être courageux, et inébranlable devant l’ennemi ; mais néanmoins, il devait porter des cheveux longs, comme ceux d’une femme, car toute sa force lui venait de sa dépendance de Dieu. Cet élément devait le caractériser avant tout, même si cela représentait pour lui un opprobre aux yeux des autres. Et, s’il perdait cela, il devenait aussi faible que les autres hommes.

            L’apôtre Paul était un vrai nazaréen, lorsqu’il écrivait : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. …car lorsque je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12 : 9-10). Il avait appris que l’entière dépendance est liée à la vraie puissance, car le Seigneur lui avait dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (12 : 9). Voici certainement pour nous l’enseignement spirituel des cheveux non coupés du nazaréen.
            On trouve clairement l’expression de cette faiblesse, étroitement dépendante de la force du Seigneur, dans ces passages : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2 : 1). « Le Seigneur m’a délivré de toutes (mes persécutions) » (3 : 11).  « Le Seigneur s’est tenu près de moi » (4 : 17).

 

                        Le Seigneur Jésus, notre parfait exemple

            Le Seigneur Jésus a été le vrai Nazaréen, entièrement consacré à Dieu. Il ne s’est jamais laissé arrêter, dans Son service volontaire, par le confort et les joies qui appartiennent à cette vie. Quand Il est venu dans ce monde, Il n’a pas eu un logis mais une étable, il n’a pas eu un berceau mais une crèche. Les renards avaient leurs tanières, et les oiseaux du ciel leur nid, mais Lui n’a eu ni foyer, ni lieu de repos sur la terre. Il a toujours refusé de se laisser influencer par ceux qui auraient voulu choisir pour Lui un chemin plus facile et, à leurs yeux, plus naturel.
            Il a marché sans tache et sans souillure à travers ce monde. Il a été assailli sans relâche par de rudes tentations, mais Il n’a jamais été pris au piège. Les choses impures qui attiraient les autres hommes n’avaient pour Lui aucun charme. Il était toujours et entièrement séparé des pécheurs, et parfaitement consacré à la volonté de Dieu.
            Enfin, Il a toujours été l’Homme absolument dépendant. Il pouvait dire : « Il me réveille chaque matin. Il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne » (Es. 50 : 4). Dans tout ce qu’Il a fait et dit, Il était enseigné par son Père, dont Il était venu accomplir la volonté, jour après jour. Cette volonté a été accomplie, ni plus, ni moins. Sa viande était de faire la volonté de son Père, son seul motif de le glorifier. Et, tout au long de sa vie terrestre, Il a été complètement et à tous égards dépendant de Dieu, de sorte qu’Il pouvait dire : « C’est à toi que je fus remis dès la matrice » (Ps. 22 : 10). Il y a en Lui une grâce suffisante pour nous rendre capables de marcher sur Ses traces ; et c’est ainsi que nous connaîtrons la vie de victoire qui accompagne le nazaréat.

 

                        Le nazaréat, force de Samson

            Tant que Samson  a respecté son vœu, il a été un instrument adapté pour la puissance de Dieu. Et dans la fraîcheur première de son nazaréat, il est quelque peu une image de Christ et de Son œuvre.
            N’oublions pas que Samson était venu au monde dans le but express de renverser les Philistins, et de libérer ainsi le peuple de Dieu. Et étant donnée sa  mission, il n’est pas surprenant qu’un jeune lion, image de la puissance de Satan, rugisse contre lui.
            Mais le lion n’était pas un adversaire à la mesure de Samson, et celui-ci l’a déchiré comme on déchirerait un chevreau. De la même manière, toutes les puissances des ténèbres se sont réunies contre le Seigneur Jésus Christ, parce qu’Il était venu pour mettre à nu toute fausseté, et pour établir toute la vérité. Mais par la mort Il a remporté la victoire. En mourant, Il a foulé aux pieds l’Ennemi. Et, de même que la carcasse du lion de Samson contenait de la nourriture et de la douceur, la vie de Jésus nous fournit la vie, la nourriture de l’âme et la vraie joie du cœur. Ce terrible conflit et la grande victoire qui s’ensuivit, nous font voir la fidélité et la réalité de l’amour divin. Nous devons toutes nos bénédictions à ce triomphe.

                               Le miel était dans sa main (v. 9)

            La main qui a frappé le lion s’est emparée du miel. Et ce fruit remarquable de sa victoire, Samson l’a partagé avec ses parents, alors qu’ils marchaient en sa compagnie.
            Dans la signification de ces choses, nous devrions trouver une source abondante de joie pour nous. La main puissante qui a frappé le pouvoir de la mort détient toute bénédiction. Et notre Seigneur Jésus Christ trouve son plaisir à nous dispenser ces bénédictions qu’Il détient de manière si sûre.
            Certains, dans la vanité de leurs pensées, voudraient nous faire croire que le salut, et en vérité toute bénédiction, ont été confiés à l’Eglise pour nous, et qu’en dehors d’elle, nous ne pouvons ni connaître ni réaliser ces choses. Comme ce serait triste, s’il en était vraiment ainsi ! En effet l’Eglise responsable, en tant que dépositaire du témoignage ici-bas, a complètement manqué, pour avoir donné la main au monde qui a rejeté le Seigneur. Mais Christ ne peut jamais faire défaut. Il s’est élevé victorieusement au-dessus de toute la ruine et la dévastation que le péché et la mort ont causées. En Lui, toutes les promesses de Dieu sont « oui et amen ». Et, si nous restons étroitement attachés à Lui, nos cœurs seront nourris et réjouis par les fruits pleins de douceur de sa mort.
            Les Philistins qui sont venus à la noce, et qui étaient attachés seulement extérieurement à Samson, n’ont pas goûté le miel tiré de la carcasse du lion. Pour eux, toute cette affaire n’était rien de plus qu’une énigme. Ces Philistins représentent des personnes à qui nous avons déjà fait allusion : ce sont ceux qui font profession de foi sans réalité intérieure, qui ont accepté l’apparence du Christianisme sans la puissance. A de telles personnes, la vérité de Dieu n’apparaît que comme des doctrines à discuter et des énigmes à résoudre. En effet : « l’homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car pour lui elles sont folie ; et il ne peut pas les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement » (1 Cor. 2 : 14). Elles ne trouvent rien qui les interpelle dans la mort de Christ, et ne peuvent pas concevoir une bénédiction provenant de la mort. Elles ne voient pas comment la nourriture peut venir de celui qui mange, ou la douceur de celui qui est fort. « Christ crucifié » est « pour les Juifs occasion de chute, pour les nations folie » (1 Cor. 1 : 23).
            Mais ce qui constitue une parfaite énigme pour les hommes non régénérés, qu’ils soient religieux ou sages, sont, pour nous qui sommes sauvés, la puissance et la sagesse de Dieu. Celui qui mange - la mort - a été amené à nous fournir de la nourriture, et du « fort » est sorti la douceur. En effet l’amour triomphant et immuable de Dieu a resplendi dans toute sa gloire à travers la mort de Jésus. La sagesse et la puissance de Dieu se sont montrées là dans toute leur grandeur. Et ceux qui contemplent ces choses sont sauvés et rassasiés dans leurs âmes. On ne saurait trop insister là-dessus : c’est seulement dans la mesure où nous vivrons dans la réalité de ces vérités, que nous serons vainqueurs des « Philistins ». Il y a toujours le danger, même pour ceux qui sont réellement convertis, de s’occuper seulement de doctrine. Nous devons être au fait de la bonne doctrine, et nous attacher à garder un modèle des saines paroles; mais nous devons savoir ce qu’il y a derrière les mots, et quelles sont les réalités que les doctrines expriment. Beaucoup perdent leur temps en cherchant à élucider des questions épineuses et en discutant de dogmes. En faisant ainsi, ils se privent du miel si doux dont on peut jouir dans la compagnie du Seigneur. Résoudre des énigmes est un travail desséchant et sans profit ; le désir du Seigneur pour nous, c’est que nous puissions nous nourrir abondamment du miel.


                        L’intention des Philistins

            L’événement important qui suit, dans la vie de Samson, c’est la tentative des Philistins de le faire prisonnier. Ils s’aperçoivent que Samson ne veut faire aucun compromis avec eux. Il se montre leur ennemi, ouvertement et de façon déterminée. Alors, « les Philistins montèrent, et campèrent en Juda, et se répandirent en Lékhi. Et les hommes de Juda dirent: Pourquoi êtes-vous montés contre nous ? Et ils dirent : Nous sommes montés pour lier Samson » (Jug. 15 : 9-10). Leur but, c’était de lier le nazaréen, et de l’avoir ainsi à leur merci. Satan travaille aujourd’hui d’une manière comparable. Et la contrefaçon actuelle, sans vie, du vrai christianisme, ne montre que trop clairement combien il a réussi.
            Il est consternant de voir que les hommes de Juda se liguent avec les Philistins dans cette entreprise. Ils n’éprouvent pas le moindre désir d’être libérés de leur joug. Ils considèrent Samson comme un perturbateur, menaçant leur tranquillité, et le réprimandent, disant : « Ne sais-tu pas que les Philistins dominent sur nous ? Et que nous as-tu fait ? » (Jug. 15 : 11). Mais ceci n’est-il pas aussi la tendance du jour ? Si un homme élève sa voix en avertissement contre les mauvaises doctrines ou les pratiques mondaines qui abondent, on le considère comme un perturbateur, auquel il faut fermer la bouche, qu’il faut lier et refréner. On lui expliquera qu’il ne faut pas pousser les choses à l’extrême, et que la modération est ce qu’il faut rechercher avant tout. Mais, en jugeant selon cette norme, on en vient à justifier la tiédeur, et à condamner ce qui est brûlant, comme étant chaud à l’extrême. Mais que dit le Seigneur ? « Je connais tes œuvres, je sais que tu n’es ni froid ni bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche » (Apoc. 3 : 15-16).
            Chrétiens, nous avons besoin de nous réveiller pour vivre justement. Nous avons besoin d’être secoués de notre torpeur, et remplis d’un fervent dévouement à Christ, qui consumera tout nouveau lien avec lequel une profession sans vie indifférente voudrait nous lier ; afin que, sans entrave, nous puissions combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints (voir Jude 3) et ainsi, demeurer fidèles à notre Seigneur.


                        Le lieu de la puissance

            Mais Samson habitait au sommet du rocher d’Etam. Il est vrai qu’il a permis à ses frères de le lier pour un temps ; mais quand l’Esprit de l’Eternel est venu sur lui, les liens qui le retenaient ont péri au feu comme du lin. Et, avec la mâchoire d’un âne, il a frappé mille hommes. Le sommet du rocher est, à l’évidence, l’endroit où l’on peut obtenir la victoire. Il représente la stabilité et la force, ce qui est immuable et qui résiste à toutes les tempêtes. Notre Seigneur est devenu un Rocher pour nous. Il a posé un fondement large et profond, qu’aucun assaut ou aucune tempête ne peut ébranler. Celui qui bâtit là-dessus est en sécurité pour toujours. Le rocher, c’est Lui-même. Toutes les pensées et les intentions de Dieu sont solidement établies en Lui, comme Celui qui est ressuscité d’entre les morts – qui a aboli la mort et fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile (2 Tim. 1 : 10).
            Si nous voulons être victorieux, il nous faut rester étroitement attachés à Lui sous ce précieux caractère de rocher ; c’est ainsi que nous serons protégés du découragement et de la défaite. De plus, c’est seulement en éprouvant la réalité de Sa puissance et de Sa grâce, que nous serons préservés de ce qui n’est qu’une contrefaçon vide de sens. Et, sachant qui nous avons cru, nous aurons la confiance que le fondement de Dieu demeure solide, en dépit de toutes les tentatives pour le renverser. Alors nous serons capables, dans l’humilité, d’instruire ceux qui ont été pris à ce piège qu’est la religion du diable sans réalité : peut-être qu’ils reconnaîtront la vérité (voir 2 Tim. 2 : 25-26).
            On a souvent remarqué que le moment de la victoire est celui où la faiblesse est la plus grande, et Samson en a fait l’expérience. Complètement assoiffé, il a invoqué l’Eternel, disant : « Tu as donné par la main de ton serviteur cette grande délivrance, et maintenant je mourrais de soif, et je tomberais entre les mains des incirconcis ! » (Jug. 15 : 18). Ce qu’il craignait, c’était de tomber entre les mains des incirconcis, d’être à leur merci. Les Philistins sont toujours désignés ainsi. La circoncision, qui parle du dépouillement et de la mise de côté de la chair, n’a pas de place chez eux. Et, de ce fait, il est juste que le Nazaréen redoute de tomber sous leur pouvoir. Puisse-t-il y avoir davantage une telle crainte aujourd’hui ! Cela nous ferait ressembler davantage à Samson, dans sa dépendance envers Dieu.


                        Comment maintenir une vie de victoire

            Dieu avait une ressource pour son serviteur affaibli, mais dépendant : c’était le puits d’eau. « Et Dieu fendit le rocher creux qui était à Lékhi, et il en sortit de l'eau ; et il but, et son esprit revint, et il vécut : c'est pourquoi le nom de cette source fut appelé En-Hakkoré (qui signifie : « source de celui qui crie ») » (Jug. 15 : 19). Ce n’est pas la première fois que l’on trouve dans l’Ecriture l’eau et le rocher ensemble. Les deux nous sont nécessaires, puisque c’est par l’eau, qui nous fournit la vie dans la puissance de l’Esprit, que la vie du nazaréen est maintenue dans sa fraîcheur et sa vigueur.
            « En la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là, et il cria : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, comme l'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive couleront de son ventre. (Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l'Esprit n'était pas encore venu, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.) » (Jean 7 : 37-39).
            Voilà la ressource pour maintenir et entretenir la vie du nazaréen. En effet c’est par l’Esprit de Dieu que l’âme est gardée en contact avec les choses qui concernent Christ. La vie nouvelle est ainsi maintenue dans sa fraîcheur et sa vigueur, et le nazaréen est renouvelé jour après jour. Ce même Esprit lui donne la puissance d’aider les autres.
            Samson a jugé Israël vingt ans. Malgré la présence des Philistins, il a maintenu les droits de Dieu durant toute cette période.
            Désirons-nous combattre fermement pour la vérité, nous tenir debout pour Christ, en gardant sa Parole et en ne reniant pas son Nom ? Alors trois choses nous sont absolument nécessaires :
                   - Le nazaréat : la consécration au Seigneur
                    - Le rocher : la connaissance de la parfaite stabilité de tous les propos de Dieu en Christ  ressuscité d’entre les morts.
                   - Le puits d’eau : la dépendance de l’Esprit de Dieu pour rafraîchir l’âme, et communiquer la puissance pour servir.
 

                        La perte du nazaréat

            Après avoir considéré les victoires de Samson, nous passons maintenant à sa terrible défaite. Cette histoire triste et honteuse ne nous est pas cachée, car Dieu ne veut pas seulement nous enseigner comment marcher sur un chemin de victoire. Il veut aussi montrer clairement, pour nous avertir, quelles sont les terribles conséquences du fait de se détourner de Lui ; cela, afin que nous ne nous fiions pas à nous-mêmes.

                               « Et Samson alla à Gaza » (16 : 1).

            C’est là que s’est trouvé le point de départ de cette pente descendante. Il est vrai que Samson est sorti vivant de Gaza, bien que les habitants aient été déterminés à le tuer. A ce moment, il n’a pas encore abandonné son nazaréat, et il se montre plus fort que les Philistins, ce qui est le sens de « Gaza » (« place forte »). Il prend la porte et les poteaux avec la barre, et les emporte sur le sommet de la colline qui est devant Hébron.
            Mais la confiance en lui-même semble le caractériser, et il doit avoir oublié que sa force réside dans la dépendance de Dieu. Il n’a pas fait son profit de l’avertissement que son escapade de Gaza aurait dû constituer pour lui. En effet, il arrive, après ceci, qu’il aime une femme dans la vallée (ou près du ruisseau) de Sorek, dont le nom est Délila (Jug. 16 : 4).
            Sorek signifie « le vin » ou « vigne ». Et il est profondément triste de voir le nazaréen victorieux, qui a habité sur le rocher et a bu du puits qui s’y trouvait, descendre pour boire du ruisseau qui coule à travers la vallée des vignes. En qualité de  nazaréen il a refusé le fruit de la vigne et, au commencement de sa vie, il a frappé un lion dans les vignobles. Là, il a vaincu le fort. Maintenant, dans la vallée du vin, il devient victime de Délila, dont le nom signifie « faiblesse ».

            Les étapes de cette descente :
                   Il aime une femme dans la vallée de Sorek (v 4).
                   Il lui déclare tout ce qui est dans son cœur (v 17).
                   Elle l’endort sur ses genoux (v 19).
                   Les sept tresses de sa tête sont coupées (v 19).
                   L’Eternel se retire d’avec lui (v 20).
                   Les Philistins le saisissent (v 21).
                   Ils lui crèvent les yeux, le lient avec des chaînes d’airain, et il tourne la meule dans la maison des prisonniers (v 21).

            Voilà le profond avilissement auquel le conduit son abandon de Dieu. Celui dont le nom signifie « comme le soleil » est vu, tournant la meule pour les ennemis de l’Eternel, dans la cécité et les ténèbres de son nazaréat perdu.
            Une seule prison est mentionnée dans l’Ecriture avant celle-ci. Joseph y a été jeté pour avoir tenu ferme dans sa consécration à Dieu et sa détermination à ne pas pécher contre Lui. Cette consécration a impliqué beaucoup de souffrance, mais c’était le chemin de la victoire. Nous avons là un contraste attristant : la prison de Joseph signifie la victoire, celle de Samson représente une défaite complète. Sa propre convoitise débridée et ses propres désirs passionnés parviennent à faire ce qu’une armée de Philistins et toutes leurs forces n’ont pu obtenir. Celui qui a délivré ses frères de la main des Philistins est lié par ces derniers. Le nazaréen de Dieu est devenu l’esclave du diable. Celui qui a emporté les portes de Gaza, les franchit maintenant comme un prisonnier, et celui qui a fait trembler et mis en fuite ses ennemis, les fait rire maintenant au festival de leur dieu. Si les exploits de Samson nous ont encouragés et enseignés sur ce qu’une personne dans la dépendance de Dieu peut accomplir, nous sommes maintenant mis en garde contre la confiance en soi, en voyant combien un homme fort peut tomber bas.
            Si nous voulons échapper à une telle défaite, nous devons savoir où réside notre force. Il nous faut connaître le secret de « Hen-Hakkor » – « la source de celui qui crie » – à savoir la dépendance de Dieu et le jugement de soi-même.
            Souvenons-nous que ce n’est pas la force des Philistins qui a la victoire sur Samson. Ce sont leurs séductions qui le conduisent loin du chemin de la consécration à Dieu. Ce n’est pas la crainte de leur colère qui triomphe de lui. Il se laisse enjôler et prendre au piège par les sourires de Délila, par la soi-disant amitié des Philistins. C’est ainsi que le désir du diable est de séduire tous ceux qui sont fidèles au Seigneur ; il cherche à les prendre au piège par ce qui ne vient  pas de Dieu. Voilà ce que Paul redoutait pour le peuple de Dieu, quand il écrivait : « Car je suis jaloux à votre égard d'une jalousie de Dieu : oui, je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste. Mais je crains qu'en quelque manière, comme le serpent séduisit Eve par sa ruse, ainsi vos pensées ne soient corrompues et détournées de la simplicité à l'égard de Christ » (2 Cor. 11 : 2-4). Et ce danger est plus grand que jamais dans les derniers jours où nous vivons.
            Oui, il est possible que le nazaréen tombe. Il peut arriver qu’après avoir vécu une vie de consécration entière au Seigneur, on se retrouve enchaîné par les chaînes d’airain d’une religion formelle et sans vie. Il peut même arriver que l’on retrouve certains « tournant la meule », en image, aux moulins d’un monde sans fruit et rejetant Dieu. Certains de ceux qui étaient connus autrefois pour leur vraie séparation de cœur, loin de l’amitié du monde, sont maintenant trouvés associés à lui - liés à ceux qui méprisent la Croix de Christ et en renient la puissance - impliqués dans des projets et une politique dans lesquels Dieu n’a aucune place. Ils rebâtissent ce qu’ils avaient détruit et ils servent ce contre quoi ils s’étaient élevés. Et ils se dépensent sans se poser de question pour la cause  qu’ils servent. « Adultères, ne savez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu ? Ainsi, quiconque voudra être ami du monde se constitue ennemi de Dieu » (Jac. 4 : 4). Voilà des paroles percutantes pour de telles personnes, et dont nous ne saurions atténuer la force. Elles s’adressent à nous, avec tout leur pouvoir tranchant. Notre responsabilité, c’est d’en tenir compte !
            La conséquence de cet adultère spirituel, de ce déclin aboutissant à un compromis avec le monde, c’est la perte du discernement et de la puissance spirituels. « Ses nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait ; leur corps était plus vermeil que des rubis, leur taille un saphir.
Leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues ; leur peau s’attache à leurs os, elle est sèche comme du bois » (Lam. 4 : 7-8).

 

                        Un rétablissement spectaculaire

            Mais exactement comme un enfant apprend le caractère du feu en se brûlant, et refuse de le toucher dorénavant, le peuple de Dieu apprend souvent des leçons d’une grande valeur à travers ses chutes. Et c’est ainsi que Dieu triomphe, et que le bien est tiré du mal.
            Il en a été ainsi dans le cas de Samson. Dans sa captivité il réalise quelle traîtrise dissimulait l’amitié de Délila, et se tourne vers le Seigneur. « Ses cheveux commencèrent à pousser » (Jug. 16 : 22). Il porte un jugement sur ce qui l’a aveuglé et rendu faible, et reprend à leur égard une attitude dénuée de tout compromis. Le résultat, c’est qu’il remporte une victoire plus éclatante que tout ce qui aurait été possible dans ses jours les plus brillants. Sa victoire lui a coûté la vie, mais elle n’en est pas moins magnifique et bien réelle !
             C’est un grand réconfort de se souvenir que le Seigneur ne change pas et qu’Il est toujours prêt à pardonner et à rétablir.

                             Mais si quelquefois un nuage
                             Vient me dérober Ta beauté
                             Ami divin, après l’orage
                             Comme avant brille Ta clarté.

            La grâce du Seigneur s’élève au-dessus de tous les péchés de Son peuple. Son amour inaltérable brûle pour eux dans toute sa vivacité, et ne peut s’affaiblir. Il est le Même, hier, aujourd’hui et éternellement.
            Si nous nous sommes laissés prendre au piège de la conformité au monde, si nous avons été incités à quitter les lieux élevés d’une consécration entière au Seigneur, et d’une dépendance entière de Lui,  pour nous abaisser à nous amuser avec ce monde, et si nous avons ressenti l’amertume d’un tel chemin, voilà ce qui peut nous encourager. Celui qui n’a pas été sourd à la prière de Samson prêtera l’oreille à notre cri, et Il nous donnera la délivrance et nous accordera la victoire.
            Mais il nous faut juger le « moi » en nous, qui s’est laissé prendre au piège du monde, tout autant que le monde qui nous a pris au piège. Telle est certainement la leçon que la mort de Samson nous apprend.
            Porter un jugement sur le monde et se juger soi-même, cela implique de se détourner entièrement de l’un et de l’autre, pour se tourner vers le Seigneur seul. C’est le sentier que Paul a suivi. Il a eu à reprendre Pierre, qui avait quitté la place du Nazaréen pour « tourner la meule au moulin » d’une religion légale et charnelle (Gal. 2 : 11-14). Mais quant à lui, il dit : « Qu'il ne m'arrive pas de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6 : 14).
            C’est là que le monde religieux, et le « Paul » qui aurait pu être pris au piège par lui, ont trouvé leur fin. La croix de Christ a mis en évidence le vrai caractère de l’un et de l’autre, tandis que la grandeur de l’amour révélé à la croix a fait de Paul un nazaréen pour toujours. Et, par là même, un homme triomphant et joyeux. Car aussi longtemps qu’il maintient son nazaréat, le nazaréen est invincible. Ce chemin est ouvert à tous. Il peut impliquer la persécution et le rejet par le monde, car ceux qui prennent ce chemin seront à coup sûr qualifiés avec mépris de « bigots » et « étroits ». Ils peuvent même avoir à porter les marques du Seigneur Jésus dans leur corps (Gal. 6 : 17). Mais le triomphe final, la couronne de justice et l’approbation du Seigneur les attend à l’issue du combat. Le Seigneur a dit : « Celui qui vaincra, je lui donnerai de s'asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j'ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux assemblées » (Apoc. 3 : 21-22).

 

D’après J. T. Mawson


A suivre