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VOICI  L’HOMME  (18)

 

 

Voilà l’Agneau de Dieu (Matt. 27 : 45-47 ; Marc 15 : 33-35 ; Luc 23 : 44-45 ; Jean 1 : 29)

            Nous avons, le cœur étreint, suivi « l’homme de douleurs » sur ce chemin où, jusqu’ici, Il a souffert de la part des hommes. Voici que s’ouvre maintenant un nouveau chapitre dans l’histoire de la croix. Il commence par ces mots : « Mais, depuis la sixième heure » (Matt. 27 : 45). Dès lors, l’homme passe entièrement à l’arrière-plan : c’est de la main même de Dieu que le Seigneur Jésus devait recevoir les coups que sa justice Lui infligeait, afin d’être « la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2 : 2). Avec Jean le baptiseur, nous pouvons nous écrier : « Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1 : 29).
            « Mais, depuis la sixième heure, il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure » (Matt. 27 : 45). « Le soleil fut obscurci » (Luc 23 : 45). Pourquoi donc le ciel se couvrait-il de ténèbres et le soleil était-il obscurci en plein midi ? Ce fait était la conséquence et non la cause des ténèbres, qui avaient un caractère supranaturel. On ne saurait invoquer une éclipse : en effet, une éclipse de soleil n’est possible qu’à la nouvelle lune ; or la pâque, célébrée le 14ème jour du mois de nisan, tombait à l’époque de la pleine lune, car les mois du calendrier juif commençaient à la nouvelle lune.
            Il fallait qu’un voile enveloppât les êtres et les choses visibles, pour laisser les trois dernières heures de la croix se dérouler entre Dieu seul et la sainte Victime. La création ne devait pas contempler les souffrances indicibles de son Créateur. A l’heure où Dieu le mettait « dans des lieux ténébreux » (Ps. 88 : 6), il convenait que l’univers fût plongé dans une obscurité profonde. Il nous sied, à nous aussi, d’observer, à l’égard d’une telle scène, une sainte réserve. Même quand nous serons au ciel, nous ne pourrons sonder le mystère de ce qui s’est passé alors dans l’âme de notre cher Sauveur.
            Il importe de relever aussi que le Saint Esprit ne nous révèle que peu de chose au sujet des trois heures de ténèbres. En effet, comment aurions-nous pu saisir quelque chose de ce que l’Écriture, parlant de Christ, appelle « le travail de son âme » ? Comment pourrions-nous comprendre ce que signifiait pour lui le fait de « livrer son âme en sacrifice pour le péché », de « livrer son âme à la mort », d’être « retranché de la terre des vivants », d’être « mis dans la poussière de la mort » (Es. 53 : 8, 10-12 ; Ps. 22 : 15) ? Qui pourra jamais sonder la détresse infinie de ces trois heures d’inexorable obscurité, où notre Sauveur demeura dans une totale solitude et subit les ardeurs du jugement de Dieu ?

                        Oh ! comme ils ont pesé sur toi,
                        Seul, dans cette heure sombre,
                        L’abandon, l’angoisse et l’effroi
                        De nos péchés sans nombre !

             Jésus ne laisse échapper aucune plainte ; pas un gémissement ; ses lèvres restent closes. « Il n’a pas ouvert sa bouche » (Es. 53 : 7). Ce n’est qu’à la neuvième heure qu’Il pousse un cri, un cri déchirant qui nous révèle quelque chose de l’indicible souffrance de son âme. « Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte » (Matt. 27 : 46). Il avait enduré sans une plainte les coups, le fouet, les crachats, les injures, les douleurs de la croix, adressant même des paroles de grâce à son disciple, à sa mère, au brigand. Mais maintenant, plongé dans un abîme de souffrance morale, abandonné de Dieu, Il ne peut contenir l’angoisse de son âme. « N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s’il est une douleur comme ma douleur... » (Lam. 1 : 12). Ces paroles peuvent Lui être appliquées dans leur sens le plus profond, à Lui que Dieu affligeait « au jour de l’ardeur de sa colère ».
            Cette quatrième parole du Crucifié est essentiellement différente des six autres. « Eli, Eli, lama sabachthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matt. 27 : 46). L’avons-nous jamais entendu s’adresser en ces termes à son Père ? « Je te loue, ô Père », s’écrie-t-il lorsque le reniement de son peuple fournit à Dieu l’occasion de déployer sa grâce en faveur des « petits enfants » (Matt. 11 : 25). Dans sa prière de Jean 17, Il le nomme « Père ; Père saint ; Père juste » (v. 1, 11, 25). En Gethsémané, alors qu’Il recevait la coupe des souffrances de la main du Père, nous L’entendons encore Lui donner le nom si tendre de « Abba, Père » (Marc 14 : 36) ; « mon Père » (Matt. 26 : 39, 42). Rien ne troublait la douceur de la communion dont Il jouissait avec lui. Enfin, lors du crucifiement, Il pouvait dire encore : « Père, pardonne-leur... » (Luc 23 : 34). Tout cela prouve que l’expiation des péchés n’a point eu lieu avant les trois heures ténébreuses, comme l’affirment quelques-uns. Ceux qui pensent ainsi n’ont pas saisi ce qu’est le péché aux yeux de Dieu et diminuent, peut-être inconsciemment, la valeur unique des souffrances expiatoires du Sauveur.
            « Vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une forte voix : ... Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matt. 27 : 46). Qu’Il eût été « délaissé des hommes » (Es. 53 : 3), qu’Il eût parcouru son chemin ici-bas dans une solitude croissante jusqu’à ce que tous aient été « scandalisés en lui » et L’aient laissé seul, n’est point pour nous surprendre, si profonde que soit notre compassion. C’était la conséquence de sa fidélité et de son obéissance à son Père dans un monde souillé et ennemi de Dieu. Mais maintenant, c’était Dieu qui L’abandonnait, Lui qui n’avait pas « connu le péché » (2 Cor. 5 : 21) et qui n’avait pas « commis de péché » (1 Pier. 2 : 22).
            Combien peu nous entrons dans ce que fut pour Dieu l’abandon de son Fils ! Il dut détourner sa face de Celui qui était le parfait holocauste et était « venu pour faire sa volonté » et l’avait pleinement accomplie (Héb. 10 : 9 ; Ps. 40 : 8). Au sujet du père et du fils, n’avait-il pas été dit, bien longtemps auparavant, lors du sacrifice d’Isaac : « Et ils allaient les deux ensemble » (Gen. 22 : 6, 8) ? Certes, quand Abraham prit son fils, « son unique, celui qu’il aimait », pour l’offrir en sacrifice à Morija, Dieu intervint pour « qu’il n’étendît pas sa main sur l’enfant et ne lui fît rien ». Au Calvaire, Dieu n’intervint pas ; aucun ange n’apparut pour délivrer le Seigneur ou, seulement même, le fortifier, comme « dans l’angoisse du combat » à Gethsémané (Gen. 22 : 11-12 ; Luc 22 : 43). Mystère insondable ! à la croix, Dieu dut détourner sa face de Lui. « Il plut à l’Eternel de le meurtrir. Il l’a soumis à la souffrance » (Es. 53 : 10).
            Ce qui rendait si douloureux, pour le Seigneur Jésus, « le travail de son âme » et l’amenait à dire : « Mon œil se consume d’affliction » (Ps. 88 : 9), c’était le fait que son Dieu L’avait abandonné. « Tu m’as mis dans une fosse profonde, dans des lieux ténébreux, dans des abîmes. Ta fureur s’est appesantie sur moi, et tu m’as accablé de toutes tes vagues ». C’étaient « ses terreurs » qui Le troublaient, de sorte qu’Il « ne savait où Il en était ». Les ardeurs de Sa colère avaient passé sur Lui (Ps. 88 : 6-7, 15-16). « Beaucoup de taureaux » et des « puissants de Basan » L’environnaient ; Il subissait les tortures physiques et le traitement odieux que Lui infligeait « l’assemblée de méchants » qui l’entourait (Ps. 22 : 12-18). Il ressentait au plus profond de son être le poids infini de ces souffrances. Pourtant, qu’étaient-elles, comparées à la détresse de ces heures suprêmes ? « Et toi, Eternel ! ne te tiens pas loin ; ma Force ! hâte-toi de me secourir » (Ps. 22 : 19).
            Les pères avaient « crié vers Dieu ; ils s’étaient confiés en Lui », et ils n’avaient « pas été confus » ; mais son cri douloureux ne reçut aucune réponse. Au soir de sa vie, David déclarait : « Je n’ai pas vu le juste abandonné » (Ps. 37 : 25). Mais le Seigneur, Lui, dut s’écrier : « Ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n’y a personne qui secoure » (Ps. 22 : 11). Dieu se tient « loin de son salut, des paroles de son rugissement » (v. 1). Quelle scène poignante ! Le seul juste qui ait jamais existé fut abandonné de Dieu, et cela au plus fort de la détresse.

                         Tu fus seul sur la croix, buvant la coupe amère,
                        Sans qu’un cœur vînt répondre à ton cri douloureux !

             Par la bouche du Psalmiste, le Seigneur Jésus élève sa voix à plusieurs reprises pour demander à Dieu pourquoi Il devait traverser un tel abandon. « Pourquoi m’as-tu abandonné ?... Pourquoi, ô Eternel ! te tiens-tu loin, te caches-tu aux temps de la détresse ?... Je dirai à Dieu, mon rocher : Pourquoi m’as-tu oublié ?... Car toi, ô Dieu ! tu es ma force ; pourquoi m’as-tu rejeté ?... Eternel ! pourquoi as-tu rejeté mon âme, et me caches-tu ta face ? » (Ps. 22 : 1 ; 10 : 1 ; 42 : 9 ; 43 : 2 ; 88 : 14).
            Ne connaissait-Il donc pas la cause de cet abandon ? Ce n’était point le motif de sa question, car Il savait « tout ce qui devait lui arriver » (Jean 18 : 4). Nous, ses rachetés, nous connaissons la réponse à ce pourquoi si émouvant, puisque la Parole nous éclaire à ce sujet. Son peuple terrestre, qui après avoir entendu cette question, osa l’accabler de nouveaux sarcasmes, entendra la réponse de la bouche du résidu pieux : « Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs... Il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités. Le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris » (Es. 53 : 4).
            Nombreux sont ceux qui, au cours des âges, ont trouvé le salut de leur âme par la foi à ces déclarations de la Parole. C’est à la croix, en effet, que les justes exigences de Dieu ont été satisfaites. « En effet, ce qui était impossible à la Loi, du fait que la chair la rendait sans force », Dieu l’a accompli en « condamnant le péché dans la chair » dans la personne de son propre Fils (Rom. 8 : 3). Dieu soit loué ! « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3 : 13). Voilà ce qui fut accompli durant les dernières heures de la croix, où le « Dieu Sauveur » entra en jugement contre son Fils unique, notre Substitut.
            Si le Seigneur avait souffert auparavant de la part des hommes, Il souffrait maintenant de la part d’un Dieu juste et saint. S’Il avait souffert jusqu’alors pour la justice, maintenant c’était à cause de nos péchés et de notre culpabilité. Durant les trois heures sombres de la croix, Il fut en effet le parfait sacrifice pour le péché et pour le délit, « une chose très sainte » pour Dieu, un sacrifice pour le péché dont le sang fut porté jusque dans le lieu très saint et est placé dorénavant devant Dieu à jamais (Lév. 6 : 18 ; 7 : 1 ; 16 : 15 ; Héb. 13 : 11-12). C’est alors que Dieu L’a chargé de nos péchés, Lui « qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude » (1 Pier. 2 : 22, 24 ; Héb. 9 : 28). C’est alors que « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5 : 21). Dans son amour insondable, Il a accepté, lui, le Saint et le Juste, d’être fait péché à notre place et de se charger de nos iniquités. Amour « fort comme la mort... ; ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de Jah. Beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre l’amour, et des fleuves ne le submergent pas » (Cant. 8 : 6-7). Aussi proclamons-nous avec raison : « A celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang - et il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père -, à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1 : 5-6).
            Il est descendu dans l’abîme où le péché avait plongé l’homme, Il s’est placé sous le jugement qui devait être notre part éternelle. Il a subi, à notre place, la mort, « salaire du péché ». C’est à la croix que nous discernons ce qu’est le péché aux yeux de Dieu. Mais le Seigneur, qui était parfaitement pur, l’a éprouvé d’une manière combien plus grande encore : « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42 : 7 ; Jon. 2 : 4) ! De même qu’Il avait été saisi d’effroi lorsque le Père lui présenta la coupe de souffrance et de malédiction, son âme fut « rassasiée de maux » (Ps. 88 : 3) au moment où Il dut la boire.
            Considérant cette œuvre glorieuse de la rédemption par laquelle Dieu a été pleinement glorifié, nous pouvons bien redire : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1 : 29).

 

D’après  von Kietzell Fritz  – « Messager Evangélique » (1970 p. 147-154)

 

A suivre