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VOICI  L’HOMME  (16)


La conversion du brigand (Luc 23 : 39-43)

            « Les brigands aussi qui avaient été crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière » (Matt. 27 : 44). Assurément, on n’a jamais assisté à une scène pareille : des condamnés à mort injurient sans motif un autre supplicié. Ni l’horreur de leur propre situation, ni les souffrances qu’ils enduraient, ni les reproches de leur conscience, ni l’ignominie du châtiment qui leur était infligé ne les empêchaient d’insulter leur innocent compagnon d’infortune.

            « L’un des malfaiteurs qui étaient crucifiés l’injuriait en disant : N’es-tu pas le Christ, toi ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi. Mais l’autre lui répondit et le reprit... » (Luc 23 : 39-43). Tandis que l’un des deux malfaiteurs manifeste toujours plus ouvertement son hostilité envers Jésus, en ajoutant des blasphèmes aux insultes, un changement inattendu s’est produit chez l’autre. Il reprend son compagnon, ne veut plus rien avoir « en commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres » (Eph. 5 : 11) et agit « comme un enfant de lumière » (Eph. 5 : 8). Qu’est-ce qui avait amené cette conversion ? On n’en peut donner qu’une seule explication : Dieu avait opéré en secret dans son cœur, afin d’arracher, à la dernière minute, un pécheur à la perdition éternelle. Luc seul nous rapporte ce fait, qui révèle à la fois l’abîme de méchanceté dans lequel l’homme est plongé et le déploiement admirable de la grâce divine.

            Cette œuvre s’est accomplie en dehors de toute intervention humaine. Certes, il nous appartient d’appeler l’attention des hommes qui nous entourent sur leur état de péché, sur le jugement terrible qui les attend et sur le salut qui leur est offert en Christ. Mais si Dieu n’opère pas, nos efforts demeurent vains. L’œuvre du salut en faveur des pécheurs et le travail qui s’accomplit dans leur cœur sont, tous les deux, l’œuvre de Dieu seul.

            « Mais l’autre lui répondit et le reprit : Tu ne crains pas Dieu, toi ? Car tu es sous le même jugement » (Luc 23 : 40). Ces paroles mettent en lumière le premier fruit de ce travail secret de Dieu dans le cœur du brigand : la crainte de Dieu. Lui qui, peu d’instants auparavant, injuriait le Seigneur Jésus, reprend maintenant son compagnon qui, en face de la mort, ne craint pas le Dieu saint, le Juge éternel devant qui ils vont bientôt paraître l’un et l’autre. La crainte de Dieu, qui « est le commencement de la connaissance » (Prov. 1 : 7), avait pénétré dans son cœur.

            Elle amène le brigand repenti dans la lumière divine et produit deux fruits qui ne font jamais défaut lorsqu’elle est profonde et sincère : il se condamne lui-même et justifie Dieu. Son compagnon estime, au contraire, avoir le droit d’être sauvé et intime au Seigneur l’ordre de le faire : « N’es-tu pas le Christ, toi ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi... ». Mais l’autre lui répondit et le reprit : « Tu ne crains pas Dieu, toi ? Car tu es sous le même jugement. Pour nous, nous y sommes justement, car nous recevons ce que méritent les actes que nous avons commis ; mais celui-ci n’a rien fait qui ne doive pas se faire » (Luc 23 : 39-41).

            Au lieu de reconnaître sa culpabilité, le propre juste accuse Dieu, les hommes et les circonstances. Or, la question de notre culpabilité doit être réglée entre Dieu et nous-mêmes. Lorsque au jour du jugement, les morts paraîtront devant le grand trône blanc, ils seront jugés « chacun selon ses œuvres » (Apoc. 20 : 13). Certes, le premier brigand « reprit » son compagnon et, ce faisant, il le mettait en garde. « Tu es... », lui dit-il. Mais il porte jugement sur lui-même en déclarant : « Pour nous, nous y sommes justement, car nous recevons ce que méritent les actes que nous avons commis ». Il ne cherche aucune excuse pour apaiser sa conscience, et son cœur est simple. Il condamne sa vie, reconnaît qu’il mérite la mort et manifeste ainsi tous les signes d’une sincère repentance.

            « Je connais mes transgressions, s’écrie David, et mon péché est continuellement devant moi. Contre toi, contre toi seul, j’ai péché... afin que tu sois justifié quand tu parles, trouvé pur quand tu juges » (Ps. 51 : 3-4). Lorsque Dieu produit dans un homme le sentiment de sa culpabilité, celui-ci se garde bien d’accuser Dieu. Le brigand le justifie, en déclarant : « Car nous recevons ce que méritent les actes que nous avons commis ; mais celui-ci n’a rien fait qui ne doive pas se faire ». Il s’était vu lui-même dans la lumière de Dieu, mais cette lumière l’avait aussi éclairé quant à la parfaite innocence de Jésus.

            « Mais celui-ci ». Par ces quelques mots, le brigand reconnaît la distance qui le séparait de Lui, même si l’œil naturel ne pouvait la discerner alors. Non seulement il proclame l’entière innocence de Jésus, mais il déclare : « Celui-ci n’a rien fait qui ne doive pas se faire ». Cette constatation allait bien au-delà des témoignages rendus à l’innocence de Jésus par Judas, Pilate et tous les autres. Il fut réservé au brigand repenti de rendre témoignage à l’entière perfection morale de Christ. 

            La grâce divine fait de plus en plus la lumière dans l’âme de cet homme. Bien que la gloire du Crucifié fût voilée sous son abaissement profond, il reconnaît sa seigneurie. Bien que Jésus portât, en guise de diadème, une couronne d’épines, le brigand proclame ses prérogatives royales. Bien qu’il ne fût pas possible à un crucifié d’échapper à la mort, il saisit par la foi que le Seigneur Jésus viendrait un jour « dans son royaume ». Combien peu de temps il avait fallu à l’Esprit de Dieu pour lui révéler toutes ces merveilles !

            Il s’adresse maintenant directement à Jésus, sachant que Lui seul pouvait le secourir. « Il disait à Jésus : Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume ». Il désirait être sauvé, certes, mais pas seulement pour cette vie. Enseigné de Dieu, il avait compris qu’il ne pouvait trouver le salut qu’auprès du Sauveur. Il ne lui demande pas d’adoucir ses souffrances, ni de mettre un terme à sa situation angoissante. Il ne souhaite qu’une chose : être désormais là où serait le Seigneur. « Souviens-toi de moi », puisse cette simple requête, expression d’une foi confiante, monter du cœur de plusieurs pécheurs vers le Sauveur, pendant qu’il en est encore temps ! Comme le brigand, ils recevront une réponse divine comblant leur attente.

            « En vérité, je te dis ». C’est par cette déclaration solennelle que Jésus introduit le message qu’il adresse à cet homme. « En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23 : 43) :
                        - « Avec moi ! » C’était justement ce que le pauvre brigand avait, du fond de sa misère, demandé au Seigneur.
                        - « Aujourd’hui ». Son souhait serait exaucé le jour même et non pas dans un avenir plus ou moins lointain.
                        - « Ton royaume ». Il avait exprimé le désir de prendre part au royaume du Messie d’Israël : c’est dans le paradis, le lieu de la félicité des bienheureux, qu’il va être introduit, le paradis de Dieu dont l’œuvre de la croix devait lui ouvrir l’accès. En effet, cette œuvre de grâce introduisait quelque chose d’entièrement nouveau : elle apportait à tous ceux qui croiraient, non point la gloire du royaume, mais une part infiniment plus glorieuse avec Jésus, dans la joie et la félicité éternelles.

            S’il en avait été autrement et que le Seigneur eût exigé du brigand une œuvre quelconque, ce pauvre homme aurait dû abandonner tout espoir. Cette scène illustre admirablement ce qu’est la justification sur le principe de la foi, en vertu de la souveraine et parfaite grâce de Dieu. « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». En vérité, cette réponse dépassait « infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons » (Eph. 3 : 20) ; c’était la réponse « de l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance » (v. 19).

            Ainsi le pauvre supplicié trouva, à la onzième heure de sa triste existence, « une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce » (2 Thes. 2 : 16) en Celui dont le sang allait être versé pour expier ses péchés. Le Seigneur Jésus, Lui aussi, goûta une précieuse consolation par ce premier fruit de ses souffrances expiatoires. Déjà sur la croix Il a vu du fruit du travail de son âme et en en a été satisfait (Es. 53 : 11). Il n’entra pas seul au paradis ; et nous aussi, nous verrons un jour, parmi la multitude innombrable des rachetés, le brigand sauvé sur la croix.

            Mais il y avait une troisième croix à Golgotha. Combien différent fut le sort du second brigand ! N’ayant « pas trouvé lieu à la repentance » (Héb. 12 : 17), il est maintenant dans les tourments et aura sa part éternelle dans l’étang de feu et de soufre. Il s’est « séduit lui-même dans son âme » et il a « négligé un si grand salut » (Jér. 42 : 20 ; Héb. 2 : 3). « Aujourd’hui » fut pour le premier brigand celui de la félicité céleste et, pour le second, celui de la perdition éternelle. Proclamons donc en toute occasion : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 4 : 7).

 

D’après  von Kietzell Fritz  – « Messager Evangélique » (1970 p. 99-104)

 

A suivre