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ETUDE SUR L’EPITRE AUX HEBREUX (1)

CHAPITRE PREMIER  
                   Jésus Christ, Fils de Dieu (ch. 1 à 2 : 4)
                   Plus excellent que les anges (ch. 1 : 4 à 2 : 14)
            CHAPITRE 2
                   Jésus Christ, Fils de Dieu (ch. 1 à 2 : 4) – suite
                                       

 

La première partie de l’épître aux Hébreux est essentiellement doctrinale ; elle comprend les neuf premiers chapitres, et le dixième (jusqu’au verset 18).
            Ce que l’apôtre veut démontrer dans son Epître, c’est, comme on l’a vu, l’infinie supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne. Dans ce but, il énonce, dès les premiers versets (1-3), la suprême dignité de la Personne divine - le Fils - qui, par son œuvre, en a posé le fondement. Elle sera établie dans les versets et les chapitres suivants.

 

CHAPITRE PREMIER

            Jésus Christ, Fils de Dieu (ch. 1 à 2 : 4)

« Après avoir autrefois, à bien des reprises et de bien des manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là, Dieu nous a parlé dans le Fils » (v. 1). Ce nom de Fils opposé à celui de prophètes, ce nom qui apparaît dès le début de l’épître, ce seul nom déjà dit tout. Jésus est le Fils unique de Dieu, et par conséquent l’Héritier de toutes choses. Il est le resplendissement éternel de la gloire du Père et la vivante empreinte de sa Personne. Il a créé les mondes ; il les conserve, les soutient et les gouverne par la parole de sa puissance, expression de sa volonté souveraine toujours réalisée.
            Tel est, d’éternité en éternité, le Fils de Dieu. La gloire de sa Personne adorable se reflète toute entière dans la dispensation qu’Il a inaugurée et sur son œuvre de Médiateur. Nous voyons dans cette épître la perfection de son ministère sacerdotal : « Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il (Jésus) s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux » (v. 3). Il y a dans cette parole une allusion manifeste au service du souverain sacrificateur de la Loi, dans la grande journée des propitiations (Lév. 16) ; après avoir immolé dans le parvis les victimes de ce jour solennel, il en portait le sang dans le lieu très saint, image du ciel, et le répandait devant Dieu sur le propitiatoire, image de son trône. Mais entre lui et le souverain sacrificateur de notre confession, quelle distance ! Il n’était qu’un homme, Jésus est le Fils de Dieu ; il n’expiait en ce grand jour que les fautes du peuple (Lév. 16 ; Héb. 9 : 7), c’est-à-dire les fautes cérémonielles et celles de la vie de tous les jours commises par Israël, et les expiait par le moyen du sang des veaux et des boucs, Jésus, lui, a expié les péchés de tous les croyants, et Il l’a fait par le sacrifice de Lui-même ; enfin, toujours debout dans le lieu très saint, emblème du ciel, Aaron n’y restait que le temps strictement nécessaire pour offrir à Dieu le sang des propitiations, alors que Jésus est maintenant assis sur le trône de la Majesté divine dans le ciel même où Il est entré et où Il demeure, après nous avoir obtenu par sa mort une rédemption éternelle » (9 : 12). Cette vérité, simplement indiquée au verset 3, est ensuite développée tout au long de l’épître. La lettre de Paul aux Hébreux n’est donc qu’un long et saisissant parallèle entre les deux alliances et spécialement entre les deux sacerdoces, parallèle tantôt seulement suggéré, tantôt franchement établi, et toujours destiné à faire ressortir en tous points l’infinie supériorité de la nouvelle dispensation sur l’ancienne.
            Telle est la gloire du « Médiateur d’une nouvelle alliance » (9 : 15), du Verbe éternel fait chair, résumée en trois versets dont la partie doctrinale de l’épître (ch. 1 à 10) n’est, pour ainsi dire, que l’épanchement. L’application de cette vérité fondamentale y revient, comme on l’a vu, jusqu’à trois fois :
                        1° La gloire de Jésus Christ, qui inaugure la nouvelle alliance, est infiniment supérieure à celle des anges par le ministère desquels la Loi a été reçue et l’ancienne ainsi introduite ;
                        2° La gloire de Jésus Christ, apôtre de la dispensation évangélique, est infiniment supérieure à celle de Moïse, serviteur de la dispensation lévitique (chap. 3 et 4).
                        3° Enfin, la gloire de Jésus Christ, souverain sacrificateur de la nouvelle dispensation, est infiniment supérieure à celle du souverain sacrificateur de l’ancienne (chap. 5 à 10). Qu’ainsi devant le Fils de Dieu, introduisant la nouvelle alliance, législateur et souverain sacrificateur, devant la splendeur de sa Personne adorable, et la perfection de son œuvre de médiateur, s’efface et disparaisse tout ce que les Hébreux ont appris à vénérer le plus, dès leur enfance, soit dans leur histoire, soit dans leurs institutions nationales ! Que tous les noms dont le prestige pourrait les rattacher encore à une forme religieuse qui a fait son temps pâlissent devant celui de Jésus ! Que toute leur gloire s’évanouisse à jamais devant celle du Messie, comme la pâle lueur des étoiles s’évanouit devant l’éclat du soleil à son lever.

                        « Dieu a parlé autrefois »

Il a parlé « autrefois, à bien des reprises et de bien des manières ». Il l’a fait par les inspirations directes, par des visions, des songes, par le moyen des Urim et des Thummim. Il a rarement parlé sans figures ou sans un certain degré d’obscurité. L’objet de ses révélations est invariablement le même de la Genèse à l’Apocalypse : Christ et le salut qui est en Lui et par Lui.
            Il a parlé « aux pères », aux ancêtres des Hébreux, « par les prophètes », de Moïse à Malachie. Leur parole est la parole de Dieu lui-même, car « toute Ecriture est inspirée de Dieu » (2 Tim. 3 : 16-17).
            C’est « à la fin de ces jours-là » qu’Il nous a parlé « dans le Fils ». C’étaient les jours des dernières communications divines et surnaturelles, les jours évangéliques, ce que l’apôtre appelle ailleurs « l’accomplissement du temps », ou encore aussi « l’achèvement des siècles » (Gal. 4 : 4 ; Héb. 9 : 26).
            Il nous parlé « dans le Fils », par le Fils - par son moyen ou dans sa Personne (Jean 1 : 14-18). Après les serviteurs est venu le Fils (Luc 20 : 13), la Parole de Dieu, qui a mis en lumière « la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1 : 10), complété et amené à la perfection les révélations divines. Après Lui, il n’y en a plus à attendre. « La parole que Christ a apportée est la dernière clôture et la parfaite conclusion de tout ce qu’il nous faut savoir à salut : c’est dans ce sens que les apôtres prennent les derniers temps et les derniers jours » (Calvin).

                         « Héritier de tout » et Créateur de l’univers

Le Fils est « héritier de tout », Seigneur et Dominateur universel. Il l’est comme Créateur (v. 2 ; Col. 1 : 16) et comme Fils (Jean 3 : 35). Il l’est aussi comme Médiateur : c’est la récompense de son abaissement volontaire et de son sacrifice expiatoire (Matt. 28 : 18 ; Eph. 1 : 20-22).
            « Dieu avait dès le commencement constitué l’homme héritier de tous ses biens ; mais le premier homme par le péché s’est privé, lui et toute sa postérité, de la bénédiction de Dieu. Quand Jésus Christ, qui est héritier universel, nous reçoit dans sa communion, alors nous jouissons de droit des biens de Dieu. Nous sommes dépourvus de tous biens, déboutés de la possession légitime du ciel et de la terre, si nous ne communiquons pas avec Lui » (Calvin).
            L’Eglise, unie par la foi à l’Héritier universel, devient ainsi son Epouse bien-aimée et sa cohéritière (Rom. 8 : 17). Quel avenir et quelle gloire pour elle ! Mais en même temps, quelle responsabilité !
            Par le moyen du Fils, Dieu « a fait les mondes ». Selon le sens du terme original, cette expression désigne le système tout entier de l’univers, « ce qui se voit » (11 : 3). Dieu a créé le monde par Jésus Christ (Jean 1 : 3 ; Col. 1 : 15-17 - par exemple).

                        Le « resplendissement » de la gloire de Dieu et « l’empreinte de ce qu’il est »

Il est probablement fait allusion ici à l’imposante manifestation de la présence divine en Israël, à la nuée lumineuse, appelée « la gloire de l’Eternel » (Ex. 40 : 34-35 ; Lév. 9 : 23 ; 16 : 2 ; Nom. 14 : 10 …). C’est la Schekinah des auteurs juifs. Jésus Christ est la vérité, le corps, la substance de ce magnifique emblème (2 Cor. 4 : 6). « La gloire du Père nous est invisible jusqu’à ce qu’elle reluise en Christ » (Calvin). Divinité réelle et suprême de Jésus Christ ! L’Etre infini ne peut se révéler, se refléter tout entier, que dans une nature elle aussi infinie.
            Il est « l’empreinte » de ce que Dieu est, de sa substance, ou de sa Personne ; l’Etre infini ne peut « s’imprimer » tout entier que dans une nature infinie. Il y a entre le Père et le Fils la même ressemblance qu’entre un sceau et l’empreinte qu’il laisse dans la cire. Le Fils est la parfaite image du Père (Jean 14 : 9 ; Col. 1 : 15) ; mais nous ne Le verrons tel qu’Il est qu’au jour où Il apparaîtra dans sa gloire (Jean 17 : 24).
            « Par le premier mot (le resplendissement de sa gloire), nous sommes avertis solennellement qu’il n’y a point de lumière hors de Christ, mais uniquement des ténèbres ; par le second (l’empreinte de sa Personne), Dieu est vraiment et entièrement connu en Christ » (Calvin).

            « Il soutient tout par la parole de sa puissance » et Il « a fait par lui-même la purification des péchés »

C’est Lui qui a tout créé, et c’est aussi par Lui que tout subsiste (Col. 1 : 16-17) ; sans Lui le monde entier sombrerait aussitôt dans le néant.
            Après avoir fait par Lui-même tout à la fois comme sacrificateur et comme victime, la purification de nos péchés - après les avoir ôtés, les avoir expiés par le sacrifice de sa propre Personne (2 Pier. 1 : 9) -, Il s’est assis à la droite de la Majesté. Gloire suprême conférée à Jésus Christ comme Fils et comme Médiateur (Ps. 110 : 1 ; Héb. 8 : 1 ; Eph. 1 : 20-22 ; 4 : 10 ; Phil. 2 : 9-10 ; 1 Pier. 3 : 22). Il s’est assis « dans les hauts lieux », les lieux de la manifestation visible de la présence glorieuse de Dieu, l’antitype du lieu très saint où Il avait son trône sur la terre (Ex. 25 : 22), bien que les cieux, et même les cieux des cieux, ne puissent le contenir (2 Chr. 6 : 18).

 

            Plus excellent que les anges (ch. 1 : 4 à 2 : 14)

Jésus Christ et les anges ont entre eux un point commun : leur ministère au milieu du peuple de Dieu. Les anges ont joué un rôle dans la promulgation de la Loi et l’inauguration de l’ancienne alliance. C’est sans doute l’Eternel qui a donné la Loi sur le mont Horeb (Ex. 20 : 1 ; Act. 7 : 53) ; mais, pour la donner, Il a employé le « ministère des anges ». Les anges ont donc en quelque sorte inauguré l’ancienne dispensation. Jésus Christ est Celui qui inaugure la nouvelle (2 : 3). C’est à ce point de vue uniquement que l’apôtre compare, et qu’il peut comparer, Jésus Christ et les anges.
            Les Juifs vantaient l’excellence de leur Loi comme ayant été donnée par le ministère des anges ; Paul, au contraire, relève la suprême grandeur de l’Evangile comme ayant été premièrement annoncé par le Seigneur en personne. Il ne veut pas dire assurément que la Loi et l’Evangile aient deux auteurs différents, puisque c’est le même Dieu qui les a donnés l’un et l’autre ; il compare simplement entre eux les moyens respectifs de leur publication. C’est ainsi qu’il met à leur place les Intelligences célestes, auxquelles plusieurs vouaient un culte idolâtre (Col. 2 : 18) et qu’ils n’exaltaient si fort que pour mieux rabaisser le divin Auteur du christianisme.
            Malgré son incompréhensible abaissement, et dans cette nature même qui a été si profondément humiliée, Jésus est et demeure infiniment au-dessus des anges, non seulement comme Fils de Dieu, mais aussi comme Fils de l’homme et Messie actuellement élevé à la droite de Dieu le Père. Il est, à la vérité, appelé dans l’Ancien Testament « l’Ange de l’alliance » (Mal. 3 : 1) ; mais auquel des anges l’Ecriture attribue-t-elle ce qu’elle attribue à Jésus Christ ? Il possède, en effet, un nom bien plus excellent que le leur, celui de Fils, et il le possède dans un sens particulier, absolument exclusif, incommunicable à tout autre ; il est le Fils unique de Dieu, l’Ange qui est Jéhovah (Gen. 22 : 15 ; Jug. 2 : 1…). Il est le suprême Créateur de toutes choses ; les anges sont l’ouvrage de ses mains, et ils l’adorent. Simples messagers des volontés de Dieu, ils accomplissent, avec un saint empressement, ses jugements sur le monde et les desseins de sa miséricorde envers ses rachetés, les héritiers du salut.
            Fils et anges ! Il y a donc entre ces noms toute la distance qui sépare le Roi de ses sujets, le Seigneur de ses messagers, le Créateur des êtres qu’Il a formés. Un instant au-dessus de Jésus Christ quand son amour ineffable Le fit descendre jusqu’à nous pour nous élever jusqu’à lui, les anges, quel que soit leur rang dans la création, Lui sont maintenant soumis (1 Pier. 3 : 22) ; tous, jusqu’aux degrés les plus élevés de leur hiérarchie céleste, ce ne sont que des serviteurs, tellement inférieurs au Fils, qu’ils ne sont, en quelque sorte, que les serviteurs de ses serviteurs et de ses rachetés.

Voilà ce que l’apôtre établit (ch. 1) à l’aide de six paroles empruntées à l’Ancien Testament et dont les Juifs reconnaissaient universellement le caractère messianique (Ps. 2 ; 97 ; 102 et 110 ; 1 Chr. 17 : 13). Il cite aussi le Psaume 104. Il tire ensuite (2 : 1-4) la conséquence qui en ressort avec une incontestable évidence : Attachons-nous, dit-il, plus fortement à ce que nous avons entendu, et craignons de négliger ce « si grand salut » (v. 3) que le Fils unique nous a annoncé le premier et que ses témoins ont proclamé après Lui. Dieu a confirmé sa parole par des signes et des prodiges, par divers miracles et par des distributions de l’Esprit Saint (v. 4). Si la transgression de la Loi publiée par le ministère des anges a été punie si sévèrement, de quels châtiments ne seraient pas frappés ceux qui négligeraient la bonne nouvelle du salut (v. 2-3), prêchée d’abord par le Prince des anges en personne, puis répétée et développée ensuite par ses envoyés, et scellée de Dieu lui-même !
            Il fallait dire ces choses aux Hébreux environnés comme ils l’étaient de tant de pièges et de tant de périls ; mais, autant qu’eux peut-être, n’avons-nous pas besoin nous-mêmes de les entendre répéter aujourd’hui ?

                        « Il est devenu d’autant plus excellent que les anges qu’il a hérité d’un nom plus excellent qu’eux »

Par son exaltation à la droite du Père, le Fils est devenu plus excellent que les anges. Ce verset montre l’infinie supériorité de Christ sur les anges, non seulement comme Créateur de toutes choses, mais encore comme Fils ressuscité. Il possède un nom plus excellent qu’eux !                     

                        « Engendré » comme Fils

« Auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré… » (v. 5a ; Ps. 2 : 7). Le mot « aujourd’hui » désigne fréquemment, dans l’Ecriture, un jour solaire, et toujours un espace de temps limité (Ps. 95 : 7 ; Héb. 4 : 7). Dieu a dit de fait à Jésus : « Tu es mon Fils… » quand Il L’a réintroduit dans le monde comme homme par sa résurrection et son ascension glorieuse (Act. 13 : 32-34). Il Lui a remis alors l’empire universel dont parle aussi le Psaume 2 ; Jésus le possède de droit depuis sa résurrection. Il le possédera de fait au jour où Dieu, par une glorieuse épiphanie, Le manifestera à la terre entière comme le Fils de sa dilection (1 Tim. 6 : 14-15), et L’introduira dans sa Royauté messianique (Ps. 2 ; 96...).
            « Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils » (v. 5b ; 2 Sam. 7 : 14). Cette promesse a deux sens, un premier relatif à Salomon comme type du Messie, et un second relatif au Messie lui-même, en qui elle devrait trouver son grand et final accomplissement ; elle ne sera totalement confirmée que lorsque le Fils de David s’assiéra sur le trône qui sera édifié pour Lui (Ps. 89 : 4).

                        L’Héritier glorieux auquel les anges rendent hommage

« Et encore, quand il introduit le Premier-né dans le monde habité… » (v. 6a). Le Premier-né est Celui qui est le Seigneur et le Dominateur universel du monde comme Créateur, comme Fils et comme Médiateur (Col. 1 : 16-17), le Chef et le Modèle de la nouvelle création (Rom. 8 : 29) et le Premier-né d’entre les morts (Apoc. 1 : 5). Dieu l’avait introduit comme homme dans le monde, par sa naissance miraculeuse, ensuite par sa résurrection. Il l’y introduira de nouveau par sa prochaine et glorieuse apparition, et Il amènera avec Lui tous ceux qui « se sont endormis par Jésus » (1 Thes. 4 : 14).
            « Il dit : Et que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui » (v. 6b ; Ps. 97 : 7). C’est le sens du passage dans la version grecque des Septante que Paul suit habituellement. Alors les Elohim ou Anges formeront le cortège du Seigneur et l’adoreront selon le Psaume cité. Ils l’adoreront, non seulement comme leur Créateur (Col. 1 : 16), mais aussi comme le Roi-Messie, le Premier-né de la tombe, élevé au-dessus de tous les rangs de leur sublime hiérarchie (Phil. 2 : 9-11 ; 1 Pier. 3 : 22). Paul adopte ici le mot des Septante, anges, et le sanctionne en d’adoptant. Il en sera de même, avons-nous déjà dit, toutes les fois qu’il les citera ; il leur imprimera toujours, dans ce qu’il en citera et dans la manière dont il le fera, le cachet irrécusable de son autorité apostolique. Toute la force de sa démonstration dépend ici du sens que le passage a dans les Septante ; il a donc écrit en grec.
            « Pour les anges, il déclare : Il fait ses anges des esprits, et ses serviteurs une flamme de feu » (v. 7 ; Ps. 104 : 4), toujours d’après les Septante. Dieu fait de ses anges tantôt les organes des délivrances et des bénédictions qu’Il accorde à ses enfants, tantôt les exécuteurs de sa vengeance contre ses ennemis (Ex. 12 : 23, 29 ; 2. Sam. 24 : 15-17 ; Es. 37 : 36 ; Act. 12 : 23...).

                        La domination du Fils, régnant en justice

Les versets 6 et 7 du Psaume 45 sont cités : « Ton trône, ô Dieu, est aux siècles des siècles… » (v. 8a). Ce nom – Elohim - n’est jamais attribué dans l’Ecriture à un être individuel autre que Dieu. Sa domination comme Roi-Messie ne sera remplacée par aucune autre ; elle subsistera jusqu’au jour où Dieu - Père, Fils et Saint Esprit - sera tout en tous (1 Cor. 15 : 24-29). Mais Jésus régnera éternellement comme Dieu en unité avec le Père et le Saint Esprit.
            « C’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne » (v. 8b). Jésus est le roi de justice, le vrai Melchisédec. Ce sera le bonheur universel de la création sous le règne futur du vrai Salomon (Ps. 72).
            « Tu as aimé la justice et haï l’iniquité » (v. 9a). C’est la raison pour laquelle Il est digne de recevoir le royaume. Quelle parfaite sainteté de cœur brille dans la vie de Christ ! Quelle obéissance parfaite à la volonté de Dieu !
            « C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (v. 9b). La mention de l’huile de joie est une allusion à l’huile sainte qu’on répandait sur les rois et les souverains sacrificateurs d’Israël quand on les mettait à part pour leur charge ; c’était l’image de cet Esprit qui devait être répandu sur le Messie exalté, de la gloire et des rassasiements de joie qu’Il possède actuellement à la droite du Père après toutes ses humiliations et toutes ses souffrances (Act. 2 : 28, 33 ; Phil. 2 : 7-11 ; Ps. 14 ; 21 : 3-7). C’est aussi l’image de la gloire et des joies de sa royauté future, ou royauté messianique, selon le Psaume 45 qui ne sera pleinement réalisé qu’alors. Ses « compagnons » sont les hommes et surtout les anges qui ont été employés pour un temps à un ministère pareil au sien. Ils ne sont pas, certes, ses semblables dans un sens d’égalité naturelle ou originelle, puisqu’ils sont ses créatures (Col. 1 : 16), ni quant au pouvoir qui Lui a été donné à sa résurrection, puisqu’ils Lui sont assujettis (1 Pierre 3 : 22) ; ils le sont uniquement quant à l’office qu’Il est venu accomplir ici-bas ; ils ont été revêtus de puissance et d’autorité comme ministres de Dieu au moment de l’inauguration de l’ancienne alliance et dans les affaires d’Israël. Leur joie, ainsi que leur gloire, pâliront devant les siennes.        

                        Le Dieu créateur, immuable

Pour démontrer toujours mieux la suprême grandeur du Fils, l’auteur cite également le Psaume 102 : « Toi, dans les commencements, Seigneur, tu as fondé la terre, et les cieux sont les œuvres de tes mains» (v. 10). Le Psaume 102, entièrement messianique, est un sublime dialogue dont la réelle humanité du Christ peut seule donner la clef. Dans la première partie du psaume (v.1-24), l’affligé répand devant Dieu son âme angoissée ; il s’alarme, il soupire, il supplie ; il s’écrie, enfin, dans l’excès de sa détresse : « Il a abrégé mes jours… Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! ». Alors il obtient de Dieu cette réponse : « Tu as jadis fondé la terre » que cite ici l’auteur de l’épître. Quelle réponse sublime à son cri de douleur (Héb. 5 : 7) ! Divinité suprême de Jésus Christ, vrai Dieu comme Il est vrai homme ! Il possède le nom incommunicable, les perfections et les œuvres de Jéhova.
            « Eux, ils périront, mais toi, tu demeures ; ils vieilliront tous comme un habit, tu les plieras comme un vêtement, et ils seront changés… » (v. 11-12a). Ce mot, comme les précédents, suppose, sinon l’annihilation de la substance des cieux et de la terre, du moins la dissolution de leur forme actuelle (2 Pier. 3). Au chapitre 12, il est dit qu’ils seront ébranlés (v. 27).
            « Mais toi, tu es le Même, et tes années ne cesseront pas » (v. 12b). L’immutabilité de Jésus est mise en contraste avec la mutabilité de tout ce qui existe (13 : 8).

                        Le triomphe sur ses ennemis

« Et auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite… (v. 13 ; Ps. 110 : 1). Dieu l’a dit quand Il L’a ressuscité d’entre les morts et L’a fait asseoir sur son trône au-dessus des anges comme Fils unique et héritier de toutes choses et comme Souverain Sacrificateur de son peuple (Eph. 1 : 20-23). « Jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds », jusqu’à ce que je les aie complètement soumis à ta domination ; il s’agit peut-être d’une allusion à une coutume des conquérants orientaux : ils marchaient sur le cou de leurs ennemis vaincus (Jos. 10 : 24).
            « Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut ? » (v. 14). Leur office est celui de serviteurs ou de ministres de Dieu (Ps. 103 : 21), toujours prêts à exécuter ses ordres. Ils servent en faveur de ceux qui doivent hériter du salut, de ce sabbat qui sera consommé en perfection au jour de Christ (9 : 28). « Héritiers du salut », tel est donc le titre de ceux qui croient - titre infiniment plus précieux que les titres les plus enviés du monde ! Les innombrables légions d’anges élus les environnent, les soutiennent, les assistent par des moyens qu’il ne nous est pas donné de connaître en détail : cependant un ange prend soin d’Elie au désert ; un autre protège Daniel dans la fosse aux lions ; un autre, Gabriel, apparaît à Zacharie, puis à Marie. C’est encore un ange qui délivre Pierre de sa prison ; c’est un ange qui rassure Paul ballotté sur les vagues d’une mer en furie. Satan, notre ennemi, est très puissant, très rusé, très méchant ; mais les anges campent autour de nous et nous protègent ; ils nous couvrent de leurs ailes dans toutes les circonstances de notre vie, dans la maladie, dans le péril, en voyage, pendant le sommeil ; ils ne s’éloignent pas un seul instant de nous. Et à l’heure suprême, ils transporteront notre âme dans la maison du Père. Chrétiens pauvres et affligés, vous que le monde dédaigne, et que vos frères eux-mêmes oublient trop souvent, vos anges qui regardent continuellement la face de Dieu, vos amis célestes, se tiennent près de vous dans votre humble demeure, et s’il vous était donné de voir ce que vit jadis le serviteur d’Elisée, vous reconnaîtriez que ceux qui sont pour vous, sont beaucoup plus nombreux que ceux qui sont contre vous. Les anges vous servent, et leur Prince, l’Ange-Jehovah, vous garde ; que manque-t-il à votre consolation ? (Gen. 19 : 15-16 ; 1 Rois 19 : 5 ; 2 Rois 6 : 16 ; Dan. 6 : 22 ; Luc 1 : 19, 26 ; Act. 12 : 7-10 ; 27 : 23 ; Luc 16 : 22…). Voilà tout ce que l’Ecriture nous dit au sujet des anges ; elle ne va pas au-delà ; elle ne parle pas d’anges spécialement affectés au service ou à la garde des individus ; surtout elle condamne formellement le culte des anges (Col. 2 : 18) ; le chrétien qui s‘inclinerait devant l’un deux et lui rendrait un culte quelconque, ressemblerait à un fils et héritier d’un roi qui s’inclinerait devant l’un des serviteurs de la famille royale et lui rendrait hommage. Les anges ne sont pas autre chose. Toutefois ils formeront, dans la prochaine dispensation, une seule et même assemblée avec les rachetés (Héb. 12 : 22-23). « Ce n’est pas un petit gage de l’amour de Dieu pour nous, dit Calvin, de savoir que les armées célestes s’emploient sans cesse pour nous… Mais c’est seulement aux « élus » qu’Il fait ce bien ; si donc nous voulons que les anges soient nôtres, il faut que nous soyons membres de Christ… Nous n’avons aucune communication avec eux sans la réconciliation faite par Jésus Christ, selon la vision de l’échelle de Jacob » (Gen. 28 : 12).

 

CHAPITRE 2

            Jésus Christ, Fils de Dieu (ch. 1 à 2 : 4) – suite

                        Un si grand salut (ch. 2 : 1-4)

« C’est pourquoi nous devons porter une plus grande attention à ce que nous avons entendu, de peur que nous n’allions à la dérive » (v. 1), comme une liqueur précieuse s’écoule goutte à goutte d’un vase fêlé, emblème de notre cœur - si léger et oublieux par nature. Aller à la dérive, c’est dévier du trajet suivi normalement, comme un vaisseau emporté par un fleuve rapide, et manquant le port au moment d’y entrer ; le port, c’est le salut (1 : 14 ; 2 : 3) ; on le manque par une coupable négligence et par l’abandon de la foi.
            « Car si la parole annoncée par le moyen des anges a été ferme …» (v. 2). La supériorité de l’Evangile sur la Loi se révèle ici à un triple égard : la dignité suprême de la Personne adorable qui l’a proclamé la première ; la grandeur du salut qui en est l’objet, salut éternel tacitement opposé aux délivrances temporelles de l’économie précédente ; enfin, les éclatants et innombrables témoignages qui ont accompagné sa venue. La pensée de la supériorité de la nouvelle dispensation sur l’ancienne revient à chaque instant et sous toutes les formes dans l’épître aux Hébreux.
            Dans la redoutable et sublime scène de Sinaï, il y a eu deux sortes d’intermédiaires, les anges et Moïse, entre la Majesté invisible du Souverain Législateur et les tribus d’Israël rangées en bon ordre autour de la sainte montagne (voir Deut. 33 : 2 ; Ps. 68 : 17 ; Act. 7 : 53 ; Gal. 3 : 19). Il est dit que c’est l’Eternel qui a donné la Loi sur le mont Sinaï ; mais il est dit aussi qu’il l’a donnée par le ministère des anges. Dans leur nombre, il en est un plus éminent que les autres, investi d’une plus grande autorité qui parle alors au nom de l’Eternel et comme étant sa voix (Act. 7 : 38). Il faut se rappeler que plusieurs événements faisant intervenir Dieu directement dans certains passages de l’Ecriture, sont attribués ailleurs au ministère des anges ! Voici deux exemples : la destruction de Sodome et de Gomorrhe (Gen. 19 : 24, à comparer avec le verset 13) ; la rédemption hors de l’Egypte (Ex. 13 : 16 ; 20 : 2, à comparer avec Nom. 20 : 16).
            La parole dont il est ici question ne peut avoir été prononcée immédiatement par Dieu le Père, car il est écrit que personne n’a jamais entendu sa voix (Jean 5 : 37), ni par le Fils de Dieu, car alors on ne comprendrait pas le développement de l’apôtre, dont la force repose en entier sur la supposition qu’elle a été prononcée par les anges.
            La parole « a été ferme… toute transgression et désobéissance a reçu une juste   rétribution ». La transgression consiste à franchir volontairement les limites que la Loi pose en faisant ce qu’elle interdit. La désobéissance est le refus obstiné de faire ce qu’elle prescrit. La « juste rétribution » reçue par celui qui avait méprisé la loi de Moïse est rappelée au chapitre 10 (v. 28) et un exemple est donné en Nombres 15 : 30-36.
            « Comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut, qui a commencé d’être annoncé par le Seigneur et nous a été confirmé par ceux qui l’avaient entendu… » (v. 3). Ce « si grand salut » est la délivrance de la peine et de l’esclavage du péché, et l’éternelle jouissance de toutes les bénédictions que Jésus Christ nous a acquises (2 Thes. 1 : 8-10 ; Eph. 1 : 3). Il a commencé d’être enseigné par le Seigneur, dans son ministère personnel et il a été confirmé par ceux qui l’avaient entendu : Paul s’identifie ici avec les Hébreux et l’Eglise entière, comme il le fait souvent ailleurs (v. 1 ; 3 : 6 ; 10 : 25 ; 1 Cor. 10 : 8 ; 1 Thes. 4 : 15, 17...).
            « ...Dieu y ajoutant son témoignage par des signes et des prodiges, par divers miracles et par des distributions de l’Esprit Saint, selon sa propre volonté » (v. 4). Dieu a rendu témoignage (Marc 16 : 20 ; Act. 5 : 32) par des signes, des prodiges, des miracles (Act. 14 : 3...) et Il l’a fait selon sa volonté ; en 1 Cor. 12, il est parlé de « la manifestation de l’Esprit en vue de ce qui est utile » (v. 7), « le seul et même Esprit… distribuant à chacun … comme il lui plaît » (v. 11).

 

D’après E. Guers

A suivre