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LES NOURRITURES DU CROYANT (7)

 

6 – Manger sa chair… boire son sang (Jean 6)

Nous retrouvons dans ce chapitre de l'évangile de Jean les sujets de la manne et de la Pâque dont le Seigneur va tirer des enseignements de la plus grande valeur. Les scènes de la multiplication des pains et de la traversée de la mer orageuse (v. 1-21) donnent lieu à un développement de vérités qui soulignent hautement la gloire personnelle du Seigneur. Nous voyons dans les versets 22 à 26 toute la peine que s'est donnée la foule pour retrouver le Seigneur qui avait traversé la mer de Tibériade. Ce qui la poussait n'était que la satisfaction de besoins d'un moment auxquels le Seigneur avait richement répondu la veille : déployant son extraordinaire puissance à partir des cinq pains et des deux poissons d'un petit garçon, Il les avait rassasiés, distribuant la nourriture autant qu'ils en voulaient (v. 11).

                        « Travaillez… pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle »

En réponse à la question de la foule étonnée, désirant savoir comment Il se trouvait de nouveau à Capernaüm (v. 25), le Seigneur ne les tire nullement d'embarras mais attire plutôt leur attention sur ce qui était de loin plus important : la nécessité et la recherche d'un objet autrement grand que la viande périssable. Au lieu de travailler pour la satisfaction de besoins corporels qui se renouvellent sans cesse (v. 27), le Seigneur propose la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. Rien ici-bas de comparable à la part qu'Il offrait à tous : une vie nouvelle, divine dans sa source, céleste dans sa nature, éternelle dans sa durée.
            Le Père l'avait scellé, Lui, le Fils de l'Homme, dans ce but. Cette déclaration du Seigneur nous ramène aux bords du Jourdain, lorsqu'Il se penchait sur les eaux de la mort. Le distinguant de la foule, le Père vers qui montait le parfum de ses perfections, avait scellé son Bien-aimé en proclamant hautement le bon plaisir qu'Il trouvait en lui. Les cieux lui sont ouverts, le Saint Esprit descend sur lui. Il est oint de l'Esprit Saint et de puissance (Luc 3 : 21 ; Act. 10 : 38). De même que le Bon Berger était entré pour son service par la porte que Lui ouvrait le portier, le Fils de l'Homme avait été scellé par le Père (v. 27) comme la seule source de vie éternelle.

                        « Moi (Jésus) je suis le pain de vie »

Les Juifs, dans une vanité incrédule, accordaient plus de valeur au don de la manne, pour rabaisser d'autant le miracle du Seigneur, mais aucune comparaison ne pouvait être soutenue avec le véritable pain que le Père leur donnait. Dans son amour, le Père leur donnait l'objet le plus précieux de son cœur : le Fils lui-même, descendu du ciel pour donner la vie. Dans cette scène de mort où Il est descendu, Il domine entièrement la mort, fait luire la vie et affirme les trésors de sa divinité. Trois fois l'affirmation sera répétée : « Moi, je suis le pain de vie » (v. 35, 48, 51).
            La première chose à faire, et la seule nécessaire pour recevoir cette vie éternelle, c'est de croire en Lui, l'envoyé du Père (v. 29, 38-39, 44, 57). Deux autres expressions remarquables : « descendu du ciel » et « la vie éternelle », répétées 7 fois dans ce chapitre caractérisent l'admirable tableau de ce chapitre 6. Ni l'exemple de Jésus ni ses enseignements moraux ne peuvent donner cette vie; elle est uniquement communiquée par un Christ crucifié. Il est dans sa mort la seule source de vie, que nous recevons par la foi. C'est, selon l'expression répétée de ce chapitre, «sa chair et son sang», c'est-à-dire sa vie donnée pour nous, qui nous unissent à Lui en vie éternelle au-delà de la mort et du jugement qu'Il a traversés pour nous en délivrer.
            Comme Fils de l'homme, titre qu'il prend lorsqu'Il est rejeté comme Messie (Luc 9 : 20-21), Il donnait la vie à quiconque venait à Lui, à tous ceux que le Père Lui donnait. A ce sujet, notons la déclaration du Seigneur relative à l'action du Père dans l'âme du pécheur qui vient à Lui. Ce résultat n'est nullement lié à un mouvement quelconque de la volonté de l'homme qui se tournerait vers le Seigneur. L'état de l'homme loin de Dieu est tel que toute œuvre de grâce opérée dans le cœur découle du bon plaisir du Père envers nous, et repose en même temps sur l'amour du Fils qui ne repousse personne (voir aussi Rom. 2 : 4).
            Plus loin, le Seigneur élargissant, sur la base de sa mort, la sphère de cette vie offerte au-delà d'Israël, jusqu'au monde, ne parle plus de croire en Lui - comme Fils de l'homme sur la terre - mais emploie le terme manger la chair du Fils de l'homme, ce qui implique évidemment sa mort. Elle est le fondement de l'expiation nécessaire au salut de l'homme coupable et perdu (v. 53). Ayant la vie en lui-même, Il pouvait aux jours de sa chair, communiquer la vie à d'autres. Cependant, c'était par anticipation de son œuvre expiatoire dont le résultat serait la vie pour ceux qui entendraient sa voix et croiraient sa Parole. Pour les Juifs, hélas! Il était seulement le fils de Joseph (v. 42).
            Enfin, c'est également comme Fils de l'homme qu'Il monte où Il était auparavant (v. 62). Par sa résurrection d'entre les morts, Il a introduit dans la gloire l'humanité sans tache qu'Il avait revêtue en « descendant du ciel ». Aussi, comme sa mort met fin judiciairement à l'homme en Adam chassé du paradis, sa résurrection devient le commencement de l'état de l'homme nouveau présenté en justice devant Dieu selon le conseil qu'Il avait formé et qui a trouvé son accomplissement dans le dernier Adam.

                        Deux sens du terme « manger » que le Seigneur emploie à propos de sa mort

Ayant rappelé sommairement quelques traits de l'inépuisable richesse de ce chapitre, il ne sera pas sans intérêt d'ajouter quelques mots sur les deux sens du terme manger - il s'agit plus précisément de deux formes grammaticales différentes du même verbe, introduisant une nuance que notre langue française ne permet pas de rendre exactement :
                        - En premier lieu, nous trouvons d'abord manger sa chair pour avoir la vie ; il s'agit là d'une action unique, pure et simple, accomplie une fois pour toutes, ainsi qu'il fallait manger l'agneau, la nuit de la Pâque.
                        - Ensuite, pour entretenir et développer la vie ainsi reçue, il convient de la nourrir, de manger dans le sens d'une action continue qui s'approprie les vertus de cette mort par laquelle nous avons reçu la vie.

                        Manger avec le sens d'une action unique, non répétée

«  C'est là le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure pas » (v. 50).

Jusqu'au verset 48, comme nous l'avons vu, le Seigneur s'est présenté comme le pain de vie, c'est-à-dire un Christ vivant au milieu d'eux et auquel les auditeurs devaient venir pour le « contempler et croire en Lui » (v. 40). Ici, à partir du verset 50, le Seigneur introduit la pensée de sa mort dans l'acte de «manger» ce pain descendu du ciel. En ayant part à sa mort, nous échappons au pouvoir de la mort sur nous. Elle perd pour le croyant le pouvoir qu'elle conserve sur l'homme pécheur. Comme racheté, je suis passé de la mort à la vie. Je suis soustrait au domaine et à la condition où la mort exerce ses droits, étant vivifié avec un Christ ressuscité. Je le suis déjà maintenant quant à mon âme. Et quant à notre corps, nous avons la ferme assurance de sa résurrection future si nous avons à quitter la scène présente avant le retour du Seigneur, ou, si nous sommes toujours présents à ce moment-là, nos corps seront transformés, changés, et nous porterons alors l'image du céleste. Nous attendons l'adoption, la délivrance (ou la rédemption) de nos corps (Rom. 8 : 23).

Cet acte de manger, dans ce sens, ne se répète pas.

 «  Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement » (v. 51).

La vie n'existe qu'en Christ. Il est la vie éternelle (1 Jean 5 :20). Non seulement la mort a perdu son pouvoir sur nous, mais nous avons part, par la foi, à la vie que le Seigneur a reprise en résurrection. La mort ne domine plus sur Lui. Cette vie est désormais la nôtre. Etendant son application au-delà des limites d'Israël, le Seigneur embrasse le monde entier comme sphère à laquelle Il offre cette vie. Ici aussi l'acte de manger n'a nullement à se répéter, la possession de la vie éternelle étant acquise pour toujours et une fois pour toutes. Qui pourrait nous ravir de la main du Père ou de la main du Fils ? Ses brebis jouissent d'une sécurité parfaite : elles ne périront jamais ! Personne ne peut porter une quelconque atteinte à la vie nouvelle du croyant, reçue par la foi. Cette vie porte un cachet d'éternité !

«  Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes » (v. 53).

Admirons comment le Seigneur poursuit son enseignement sans en éluder la difficulté pour les Juifs qui ne peuvent comprendre — et au contraire repoussent — l'idée que quelqu'un puisse donner sa chair à manger (v. 52).

C'est uniquement par sa mort que nous trouvons la vie. Ni l'exemple laissé par le Seigneur, ni la morale de ses enseignements ne peuvent communiquer la vie éternelle à une âme. Ce qui est chair en nous est chair et ne peut être changé, si même une tenue extérieure peut frapper par sa qualité. « Quand tu te laverais avec du nitre et que tu employerais beaucoup de potasse», rien ne serait changé, s'écrie le prophète Jérémie (2 : 22). Si le Seigneur est évidemment le modèle parfait de toutes les qualités incomparables qui ont brillé en Lui d'un si vif éclat, il n'en demeure pas moins que sa mort est la seule fontaine où nous puisons la vie nouvelle, don de l'amour du Père!
            Quant au côté pratique des fruits portés par le croyant, c'est évidemment cette nouvelle vie qui est reproduite dans la marche. Que cette reproduction, hélas, soit entachée et souvent défigurée dans notre vie, il n'en demeure pas moins que la plante doit exister avant qu'on puisse en attendre des fruits. Dans la vie du Modèle parfait, tout, la floraison comme les fruits, a été lumière et perfection.
            Avoir la vie en soi-même nécessite donc la foi personnelle, l'engagement de l'âme qui saisit la vertu de la mort de Christ pour avoir la vie. Nous avons la rédemption en Lui et par la foi en son sang (Rom. 3 : 25).

 «… Non pas comme le pain qu’ont mangé les pères, puis ils sont morts » (v. 58)

Il est aisé de saisir qu'il s'agit ici des fils d'Israël qui ont mangé journellement la manne et qui sont morts ensuite (voir v. 49). Pour les pères, ils avaient mangé la manne un grand nombre de fois pour l'entretien d'une vie qui, après tout, se terminait par la mort. Au contraire le pain de Dieu descendu du ciel donnait la vie au monde (v. 51).
            Ainsi donc, entre cette vie périssable et la vie que donne le pain descendu du ciel, le contraste ne peut être plus absolu.

                        Manger dans le sens d'une action qui se poursuit, ou d’une suite d’actes

 « Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (v. 54).

Si la possession de la vie éternelle est acquise entièrement et définitivement par la foi, le Seigneur découvre ici le caractère de celui qui la possède. En effet, le croyant est considéré ici comme nourrissant cette vie reçue. Il se nourrit d'un Christ qui est mort, qui a mis fin non seulement aux péchés mais à la chair, au vieil homme, au corps du péché, afin que nous ne servions plus le péché. Un trait particulièrement distinctif de celui qui a cette vie éternelle est donc qu'il «mange la chair et boit le sang de Christ». «Portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, aussi, soit manifestée dans notre corps» (2 Cor. 4 : 10).
            Outre cela, le Seigneur ajoute la résurrection, le salut final pour celui qui a part à sa mort. Dans l'épître aux Romains (voir 8 : 11), la présence en nous de l'Esprit de Dieu, sceau et puissance de la vie nouvelle est donnée également par l'apôtre comme un motif à la résurrection du corps. Ce vase si faible qui a été le temple du Saint Esprit participera à la résurrection glorieuse. Le Seigneur en est les prémices « car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d'archange et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront en premier lieu » (1 Thes. 4 : 16).

 « Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (v. 56).

Par ce passage le Seigneur nous amène à la pensée de la communion réalisée avec celui qui se nourrit de Lui dans sa mort. Fondement de la rédemption, sa mort est en même temps la fin du vieil homme. Nous sommes délivrés de sa tyrannie sur nous, en recevant par la foi - et en nous y tenant pratiquement - que nous sommes morts avec Christ (Rom. 6 : 6). C'est la condition pour demeurer en Lui et Lui en nous, c'est-à-dire avoir part à tout ce qui est à Lui, jouir avec Lui de toutes les vertus de sa mort, pour manifester au-dehors, Lui en nous, ce que nous avons en Lui. « Cette nourriture que la foi s'approprie, nous fortifie de jour en jour, elle nous attache à Christ et nous soustrait à l'influence du monde qui perd ainsi sa puissance sur nous… et nous jugeons de toutes choses selon que nous apprécions Jésus notre nourriture » (J.N.Darby).

Dans le chapitre 15, le Seigneur nous presse de demeurer en lui, et lui en nous. Comme le sarment ne peut porter du fruit par lui-même, à moins qu'il ne demeure dans le cep, de même il n'y a pas de communion avec Lui en dehors de sa mort dans son application pratique: «Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire!».

 « Comme... moi, je vis à cause du Père, de même celui qui se nourrira de moi, celui-là aussi vivra à cause de moi » (v. 57).

Le Seigneur poursuit son enseignement sur les conséquences pratiques qui découlent de «manger sa chair». Il met ici en évidence que l'âme nourrie pratiquement de lui ne retiendra comme motif intérieur de sa vie que l'obéissance à sa volonté. Cette volonté qui se substitue à la nôtre, on apprend à la connaître dans sa communion: cette communion nous rend capables de «dépouiller le vieil homme», qui ne peut abandonner sa propre volonté, et de vivre «à cause» (ou : en raison) de Lui.

Il est le modèle, en tous points parfaits, dont nous pouvons suivre la trace, même si c'est de très loin. Il vivait sur la terre de cette vie d'entière obéissance à la volonté du Père. Il vivait «à cause» (ou: en raison) du Père. Sa nourriture était de faire la volonté de Celui qui l'avait envoyé. «Je fais toujours ce qui lui est agréable » (8 : 29). Nous ne pouvons qu'à peine toucher là les bords d'une «tenture» incomparablement belle! Et comme nous sentons que nous suivons l'arche de fort loin!

 « Voilà le pain qui est descendu du ciel… celui qui se nourrit de ce pain vivra éternellement » (v. 58).

Le Seigneur résume tout ce qu'Il vient d'enseigner. La sphère de cette vie éternelle n'est certes pas la terre où l'on meurt, mais le ciel où nous serons éternellement auprès de Lui, avec Lui dans la maison du Père. Nous le verrons de nos yeux au centre de la gloire du ciel, l'Homme glorifié, le pain vivant qui, un jour à Bethléem de Judée, est descendu du ciel par amour pour nous. Maintenant caché au ciel, auprès du Père, Il est la manne cachée, la part de Dieu. Bientôt, dans les splendeurs du sanctuaire, en Le voyant couronné de gloire et d'honneur, nous contemplerons Celui qui a pu dire « dans les jours de sa chair » : « C'est là le pain qui descend du ciel », l'Homme qui, étant en forme de Dieu, s'est abaissé jusqu'à la mort de la croix ».

 

                        O Jésus, pain de Vie
                                    Que je goûte ici-bas,
                                    Ta vertu fortifie
                                    Mon âme à chaque pas.

           

D’après P. Ft – « Messager Evangélique » (1977 p. 101-107 ; 134-137)

 

A suivre