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LE LIVRE DES JUGES  (11-12)


CHAPITRE 11
                  Jephté   
CHAPITRE 12
                  Jephté et Ephraïm : v. 1-7
                  Ibtsan : v. 8-10
                  Elon : v. 11-12
                  Abdon : v. 13-15

 

CHAPITRE 11

Israël ne s’est, en fait, jamais complètement relevé de l’égarement de Gédéon à la fin de sa vie, suivi de la désastreuse intervention d’Abimélec.
            Le peuple se trouve maintenant très affaibli moralement lorsqu’apparaît Jephté, le huitième juge. Néanmoins, Dieu se sert de celui-ci pour opérer le quatrième réveil parmi son peuple.

 

Jephté

L’origine de Jephté est plus triste encore que celle d’Abimélec (comp. 8. 31 et 11. 1). Le début de sa vie s’engage mal : « des hommes légers » se ramassent autour de lui (v. 3) ; de la même façon, Abimélec avait auparavant loué avec l’argent des idoles « des hommes légers et téméraires » (9 : 4). Heureusement, la comparaison s’arrête ici, et Jephté, envoyé par Dieu, montre plusieurs traits touchants de Christ. L’Esprit de l’Eternel est sur Jephté (v. 29), comme il avait revêtu Gédéon (6 : 34). Ceci n’est jamais dit d’Abimélec. Au contraire, un mauvais esprit est envoyé par Dieu entre lui et les hommes de Sichem (9 : 23). Abimélec, homme impie, s’était révélé un chasseur, tandis que Jephté montrera qu’il est un berger, malgré ses faiblesses. Symboliquement, un chasseur trouve son plaisir à blesser et à tuer. Au contraire, un berger soigne et rassemble les âmes autour de Christ.

            • Jephté chassé par ses frères : v. 1-3

Avant d’être le libérateur, Jephté est chassé par ses frères. C’est en lui qu’apparaît le premier et le plus beau caractère de Christ comme Homme. Joseph, le fils aimé de son père, avait été rejeté dans sa personne avant d’être le soutien de la vie de ses frères (Gen. 37 : 4 ; 41 : 45 ; 45 : 5). Moïse avait été rejeté dans sa mission, avant de revenir « comme chef et comme libérateur » (Act. 7 : 27, 35).
            A son tour, Jephté connaît le même sort. Ses frères invoquent sa naissance pour le chasser (v. 2). Le monde saisit tous les prétextes pour refuser les messagers de Dieu. Ainsi, le Seigneur de gloire sera rejeté comme Nazaréen, et finalement mis à mort parce qu’il était Fils de Dieu (Jean 19 : 7).
            Jephté ne résiste pas, abandonne ses droits et s’enfuit (v. 3). Son refuge, Tob, semble être dans le pays des fils d’Ammon (2 Sam. 10 : 6), précisément les ennemis qui opprimaient Israël à ce moment-là. David, plus tard, commettra la même erreur : chercher refuge au milieu des ennemis du peuple (1 Sam. 21 : 10-15 ; 27 : 1-4).

            • Jephté rappelé par Galaad : v. 4-11

Mais lorsque les fils d’Ammon font la guerre à Israël, les anciens de Galaad reviennent chercher Jephté pour le prendre comme chef et capitaine. Ceux mêmes qui l’avaient haï et chassé sont maintenant dans la détresse (v. 7). Jephté consent à revenir avec eux pour combattre les ennemis, mais refuse d’être leur chef avant la victoire.
            Il en sera de même au temps du relèvement du peuple d’Israël, après l’enlèvement de l’église. Ceux qui avaient rejeté leur Messie se tourneront vers lui dans un esprit de supplication (Zach. 12 : 10). Alors Christ sera reconnu comme chef de son peuple par le triomphe sur ses ennemis.
            La position de Jephté (devant l’Eternel à Mitspa) à la tête du peuple est dès lors conforme à la signification de son nom : « Il ouvrira, il libérera ».

            • Le message de Jephté aux fils d’Ammon : v. 12-27

Avant d’engager la guerre, Jephté tente une issue paisible, mais sans compromission, avec les fils d’Ammon. Il envoie à leur roi un message plein de noblesse.
            Il n’était pas exact qu’Israël avait pris le pays des fils d’Ammon à la sortie d’Egypte (v. 13). Au contraire, la rétrospective historique donnée par Jephté montre à l’évidence qu’Israël n’avait lésé ni Edom, ni Moab, ni les fils d’Ammon (des nations proches du peuple de Dieu par leur origine). En revanche, Dieu avait dépossédé les Amoréens, selon un jugement décrété depuis longtemps (Gen. 15 : 16), pour donner leur pays en héritage à Israël. Même Balak, roi de Moab, dans son désir insensé de maudire Israël, n’avait pas mis en cause des possessions qui lui étaient reconnues depuis trois cents ans (v. 25, 26).
            La leçon morale pour nous de ce conflit entre Jephté (associé à Israël) et le roi des fils d’Ammon est importante. Les Amoréens sont la figure de nos ennemis spirituels dans les lieux célestes (Eph. 6 : 12). C’est contre eux que se mène le vrai combat pour maintenir la possession de l’héritage (v. 24). Au contraire, les trois autres nations (Edom, Moab et les fils d’Ammon) présentent le danger des mélanges religieux issus de la chair. Ces nations prétendaient avoir un droit sur Israël et son héritage, parce que le peuple s’était lié avec elles pour partager leur idolâtrie ! Sans chercher à les reconnaître comme ennemis ou comme amis, il faut s’éloigner d’eux (Rom. 16 : 17). En définitive, gardons la Parole de Dieu, et tenons-nous séparés du monde religieux, pour jouir en paix de notre héritage en Christ.

            • La victoire sur les fils d’Ammon : v. 28-33

Lorsque le conflit est décidé par les ennemis, il faut faire face. Mais si notre état moral est bon (le travail de repentance avait été opéré au chapitre 10), Dieu sera avec nous : « L’Esprit de l’Eternel fut sur Jephté » (v. 29). La délivrance est totale et les fils d’Ammon sont humiliés. La situation est complètement renversée en faveur du peuple d’Israël par rapport au début de cette période (10 : 7-9). Un réveil peut ainsi produire des effets remarquables, même dans un temps de ruine.

            • La fille de Jephté : v. 34-40

Comme Moïse autrefois, Jephté « parle légèrement de ses lèvres » (Ps. 106 : 33). Il prend un engagement irréfléchi vis-à-vis de Dieu, offrant de payer la victoire sur les ennemis par une offrande (v. 30-31). Nous sommes au bénéfice de la grâce, et Dieu ne nous demande pas de contrepartie à ses délivrances, sauf la reconnaissance de nos cœurs. La Parole nous met en garde contre le danger des vœux et des promesses exprimés à la légère (Prov. 6 : 1-5 ; 20 : 25).
            Au retour du combat, Jephté est lié par son vœu : « Quand tu voueras un vœu à l’Eternel, ton Dieu, tu ne tarderas pas à l’acquitter » (Deut. 23 : 21 ; Eccl. 5 : 4).
            « Sa fille… seule, unique » (v. 34) doit alors répondre au téméraire engagement de son père. La foi qui avait manqué au père brille maintenant dans sa fille ; elle se soumet, tout en ayant le cœur brisé : elle ne serait jamais mère en Israël d’une postérité qui la placerait dans la généalogie du Messie. Elle pleure deux mois sa virginité avec ses compagnes, avant que Jephté accomplisse le vœu à son égard (v. 38-39). Certains commentateurs ont pensé que Jephté avait offert à l’Eternel un sacrifice de substitution à la place de sa fille, tout en lui imposant une virginité perpétuelle.
            Quelques traits de cette scène rappellent le sacrifice d’Isaac par Abraham (Héb. 11 : 17-19), et plus encore, celui de notre Sauveur, le vrai Isaac. Mais, en même temps, que de différences ! Christ est « le Fils unique qui est dans le sein du Père » (Jean 1 : 18), son « unique fils bien-aimé » (Marc 12 : 6). Connaissant la volonté de son Père de toute éternité, il lui dit, en entrant dans le monde : « Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10 : 7, 9). Alors, il est « livré selon le dessein arrêté et la préconnaissance de Dieu » (Act. 2 : 23).
            Dans notre mesure, nous sommes exhortés par l’apôtre, à l’image de la fille de Jephté, à présenter nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu (Rom. 12 : 1).

 

CHAPITRE 12

Il est difficile de bien commencer, de bien poursuivre et de bien achever sa course !
            Gédéon avait fait beaucoup de bien à Israël. Après la victoire contre les ennemis, il avait su éviter le conflit avec Ephraïm par une parole douce (8 : 2-3), comme Phinées, à l’occasion de l’autel de Hed (Jos. 22 : 31, 33) - le nom de cet autel n’est pas donné dans la Parole, mais sa signification : en effet, « Hed » en hébreu veut dire « témoin » (Jos. 22 : 34). Pourtant, la fin de la vie de Gédéon a été ternie par la présence d’un éphod dans sa maison, un piège pour lui et pour le peuple qui est retombé dans l’idolâtrie (8 : 27, 33).
            Ici, Jephté assombrit le terme de son service, mais pour d’autres causes. Il échappe, lui, au danger de l’idolâtrie, qu’il combat au travers des ennemis (11 : 24). Mais il cède devant l’attrait du pouvoir, entraîné par son caractère impétueux : le sacrifice inutile de sa fille est suivi par la guerre civile parmi le peuple. La Parole nous entretient maintenant de cette triste circonstance.

 

Jephté et Ephraïm : v. 1-7

Dans les luttes entre frères, tous sont coupables, et il n’y a ni vainqueur, ni vaincu. Jephté manque de grâce et d’humilité, mais l’état d’Ephraïm était très affligeant.

            • La situation d’Éphraïm : v. 1

Le déclin de cette tribu est saisissant :
                        – Au début du livre, Ephraïm ne dépossède pas les Cananéens, mais habite avec ses ennemis (1 : 29). C’est le début du déclin !
                        – Pourtant, à l’appel de Débora et de Barak, la tribu (mentionnée même la première) est capable d’un bel élan de consécration (5 : 14).
                        – Cette ferveur s’est éteinte rapidement ; au temps de Gédéon, Ephraïm ne monte pas spontanément au combat, et répond à contrecœur à l’appel du juge (7 : 24). Leur tiédeur (les grappillages d’Ephraïm) n’est dépassée que par leur arrogance et leur mauvais état d’esprit (8 : 1).
                        – Aux jours de Jephté, Ephraïm ne participe plus du tout à la lutte contre les fils d’Ammon. Alors, les contestations avec leurs frères se transforment en menaces de mort contre le juge (v. 1).
                        – Plus tard, Asaph dira de cette tribu : « Les fils d’Ephraïm, armés et tirant de l’arc, ont tourné le dos le jour du combat » (Ps. 78 : 9).
                        – L’exemple d’Ephraïm est repris par le prophète Osée pour l’étendre au cas des dix tribus, de sorte que l’avertissement soit reçu par chacun de nous : « Votre piété est comme la nuée du matin et comme la rosée qui s’en va de bonne heure » (Os. 6 : 4). Les relations de l’âme avec Dieu n’ont plus de racines profondes.
                        – « Ephraïm s’est mêlé avec les peuples ; Ephraïm est un gâteau qu’on n’a pas retourné. Des étrangers ont consumé sa force, et il ne le sait pas » (Os. 7 : 8-9). C’est précisément ce qu’il avait fait avec les Cananéens (il s’était mêlé avec les peuples). En l’absence d’une réelle conversion (un gâteau retourné), la force spirituelle est ôtée, sans que l’âme en ait conscience.
                        – « Ephraïm a été frappé : leur racine a séché, ils ne produiront pas de fruit » (Os. 9 : 16). C’est l’inverse de l’homme qui se confie en l’Eternel (Jér. 17 : 8).
                        – « Ephraïm se repaît de vent » (Os. 12 : 2). Tout n’est qu’apparence, sans vie ni réalité.

On comprend bien ainsi que toutes les conditions s’étaient accumulées pour qu’Ephraïm commence la lutte contre ses frères.

            • La réponse de Jephté : v. 2, 3

« Une réponse douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère » (Prov. 15 : 1).

Gédéon avait mis en pratique la première partie du proverbe pour son bien. Jephté, au contraire, tombe dans le piège dénoncé par la seconde, pour son malheur et celui du peuple d’Israël. Auparavant, Jephté avait défendu la cause du peuple « de l’Eternel, le Dieu d’Israël » (11 : 23) en face des fils d’Ammon. Maintenant, Israël est devenu le propre peuple de Jephté : « moi, et mon peuple » (v. 2).
            Alors, le juge entreprend de se défendre lui-même devant ses propres frères.

            • La guerre entre frères : v. 4-6

Ephraïm avait accusé Galaad de n’être que des réfugiés, « des fugitifs », au milieu des tribus de Joseph (v. 4). L’orgueil blessé de Jephté lui fait prendre les armes pour commencer le conflit.
            La bataille se porte aux gués du Jourdain. Auparavant, ils avaient été enlevés aux Moabites (avec l’aide d’Ephraïm) pour protéger le pays contre l’invasion des ennemis (3 : 28). Plus tard, la contribution d’Ephraïm au combat contre Madian avait été de contrôler le passage des eaux, pour couper la retraite de l’ennemi (7 : 24).
            Quelle aberration de voir maintenant Jephté et Galaad enlever les gués du Jourdain à leurs propres frères, et faire mourir là quarante-deux mille d’entre eux. Pourtant, aucun principe fondamental n’était en jeu dans cette lutte mortelle : un simple défaut de langage décide qui devait mourir ! A quelle extrémité Satan peut-il conduire des frères aveuglés par le sentiment de leur propre importance !
            L’apôtre Paul nous met en garde contre ce terrible danger de l’orgueil et des susceptibilités charnelles dans nos relations fraternelles : « Si vous vous mordez et vous dévorez l’un l’autre, prenez garde que vous ne soyez détruits l’un par l’autre » (Gal. 5 : 15). Que le Seigneur nous garde plutôt dans un esprit de grâce et de support mutuel dans l’amour !

            • La fin de Jephté : v. 7

Le service de ce juge a été court, six ans seulement. Tout en retenant la leçon d’humilité que nous donne la triste affaire de Shiboleth, nous ne devons pas oublier le bien que Jephté a fait au peuple de Dieu.
            La courte description du service des trois juges suivants montre que Dieu n’oublie jamais son peuple, malgré les fautes graves des instruments employés à sa délivrance. Il ne s’agit pas d’engager de nouveaux combats, mais de jouir des fruits paisibles des victoires déjà acquises, pendant vingt-cinq ans de repos. Auparavant, il s’agissait de « surmonter » la puissance des ennemis. Maintenant, il faut « tenir ferme » devant eux (Eph. 6 : 13).

 

Ibtsan : v. 8-10

Ibtsan était de Bethléem, la maison du pain. C’est là qu’il a vécu, jusqu’à sa mort. Sachons l’imiter, en restant auprès des sources de la nourriture de nos âmes, Christ et sa Parole. L’exemple d’Elimélec, lui aussi de Bethléem de Juda (Ruth 1 : 2), montre le danger de quitter ce lieu de la vraie bénédiction pour le mirage des plaines de Moab.
            Ibtsan (v. 9) partage avec Jaïr (10 : 4) le privilège d’une nombreuse famille, un signe de la faveur de Dieu en Israël (Ps. 127 : 3). Peut-être ne retrouve-t-on plus la même énergie de foi en Ibtsan qui avait fait « se lever » Jaïr autrefois ?

 

Elon : v. 11-12

Elon était de la tribu de Zabulon dont on se rappelle le dévouement et l’abnégation (5 : 14, 18). Aucun détail n’est donné sur lui, sauf le lieu de sa sépulture, Ajalon, qui signifie « endroit des cerfs ». Le cerf et la biche étaient des animaux purs (Deut. 12 : 15), symbole dans la Parole de l’âme qui crie à Dieu (Ps. 42 : 1), de légèreté et de grâce morales (Es. 35 : 6 ; Prov. 5 : 19).
            Que notre vie chrétienne soit empreinte de tels caractères !

 

Abdon : v. 13-15

Ce juge, onzième et avant-dernier, appartenait à la tribu d’Ephraïm. Moins de vingt ans séparaient le massacre des gués du Jourdain du début de son service (sous réserve qu’il y ait eu continuité entre les périodes de service des différents juges). L’unité extérieure du peuple n’avait donc pas été profondément altérée, contrairement à l’affaire de Guibha de Benjamin (21 : 3). Le lieu d’origine et de sépulture d’Abdon, Pirathon, dans la montagne d’Ephraïm, signifie « élévation ». Sous ces trois derniers juges, les fils d’Israël ont goûté le repos. Ont-ils profité de ce temps de tranquillité pour refaire leurs forces avant de nouveaux combats ? C’est ce que nous devrions faire spirituellement.
            La suite de l’histoire montre qu’Israël ne l’a pas fait.

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)