bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LE LIVRE DES JUGES  (10)


CHAPITRE 10

            Thola et Jaïr : 10 : 1-5 
                         L’état du peuple                                  
 

Thola et Jaïr : 10 : 1-5

Le règne d’Abimélec n’a duré que trois ans (9 : 22), mais ses conséquences ont été profondes et durables. Après lui, deux autres juges se lèvent ; par leur moyen, Dieu accorde à son peuple environ un demi-siècle de tranquillité. Ainsi s’achève la période du troisième réveil d’Israël.

                        • Thola : v. 1-2

Le nom et l’origine de ce juge sont instructifs :
                        – Le nom de Thola signifie « vermisseau », pour souligner son humble position. C’est la place que le Seigneur de gloire a acceptée sur la croix (Ps. 22 : 6).
                        – Il était fils de Pua (« bouche »),
                        – petit-fils de Dodo (« celui qui aime »),
                        – homme d’Issacar (« il y a un salaire »), nommé ainsi par sa mère Léa (Gen. 30 : 18). Toutefois, la tribu d’Issacar s’est distinguée entre autres par son indolence et la recherche du confort dans le monde (Gen. 49 : 14-15).
                        – Habitant de Shamir (« épine »). Le chemin de notre Sauveur ici-bas a commencé au désert caractérisé par ses plantes épineuses pour s’achever à la croix, après avoir été présenté au monde avec une couronne d’épines (Jean 19 : 2).

                        • Dans la montagne d’Ephraïm qui signifie « double fertilité ».

 Thola présente ainsi plusieurs traits moraux qui nous parlent du Seigneur Jésus : Christ, la bouche de Dieu, Fils de celui qui est amour, est venu avec son salaire (Es. 62 : 11). Thola est le seul juge dont il soit dit qu’il « se leva pour sauver Israël » (v. 1), autre belle image de notre Sauveur (Héb. 7 : 14, 25).
            Trois juges sont appelés « sauveur » (Othniel, Ehud et Thola). Les deux premiers sont suscités par Dieu pour ce service. Thola, lui, se lève. Les temps de ruine n’empêchent donc pas l’énergie de la foi de se manifester ; elle n’en est que plus nécessaire.
            Thola meurt dans le lieu de sa naissance (v. 2). Il est probable que son service s’est surtout exercé dans le territoire d’Ephraïm.

                        • Jaïr : v. 3-5

Jaïr venait de Galaad, au-delà du Jourdain. Son nom signifie « il éclaire » ; il rappelle la prophétie de Siméon parlant du Seigneur Jésus : « lumière pour la révélation des nations, et gloire de ton peuple Israël » (Luc 2 : 32). Jaïr brille personnellement par ses richesses, sa nombreuse famille (trente fils), sa prospérité (les montures de ses fils, preuve de dignité, selon 5 : 10), et enfin ses villes. Son pays d’origine, Galaad (qui signifie « rocailleux »), était devenu fertile (Nom. 32 : 1), rempli de pâturages attrayants pour les troupeaux : un piège pour les deux tribus et demie.
            N’oublions pas, toutefois, que s’y trouve le baume pour guérir les blessures de « la fille de mon peuple » (Jér. 8 : 22). Toute la vie et le service de Jaïr (il s’était levé pour juger Israël) se sont déroulés en Galaad. Il est enterré à Kamon (qui signifie « des pas abondants »). Son exemple et sa mémoire demeurent, rappelés par le nom même des villes de ses fils (les bourgs de Jaïr). C’est ainsi que : « La mémoire du juste est en bénédiction » (Prov. 10 : 7).
            Au temps de ces deux juges, Thola et Jaïr, Israël a connu paix et tranquillité.

 

L’état du peuple

« Et les fils d’Israël firent de nouveau ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel » (v. 6).

Entre les troisième et quatrième réveils du peuple, le Saint Esprit nous arrête sur les causes profondes de la misère d’Israël : l’abandon de l’Eternel pour servir les faux dieux et leurs idoles. La leçon morale est de toute importance pour nous.

                        • L’ampleur de l’idolâtrie

C’est la seule fois dans tout le livre des Juges que l’idolâtrie est présentée dans toute son ampleur ; sept faux dieux sont mentionnés (v. 6) :
                        – Les Baals. Le nom de Baal signifie maître, possesseur. C’était une divinité masculine, représentant le soleil et sa puissance créatrice.
            Dans l’empire romain païen, la fête des Saturnales (celle des semailles), célébrait la course ascendante du soleil à partir du solstice d’hiver. Elle a été transposée à tort dans la chrétienté pour donner la fête de Noël, en souvenir de la naissance du Sauveur.
                        – Les Ashtoreths. Astarté (représentant la lune) était la divinité féminine des Phéniciens, Philistins et Sidoniens.
                        – Les dieux de Syrie (ou Aram). Rimmon (2 Rois 5 : 18)  était l’idole des rois et des nobles en Syrie. Thammuz (probablement l’idole du soleil couchant), était un autre dieu de la Syrie, adoré en plein cœur de Jérusalem, à la porte même du temple, au temps d’Ezéchiel (Ezé. 8 : 14).
                        – Les dieux de Sidon. Les Phéniciens adoraient aussi Astarté (1 Rois 11 : 5), d’où est issue l’Aphrodite des Grecs, symbole de l’inconduite ; l’infidélité religieuse s’y associe immanquablement tôt ou tard.
                        – Les dieux de Moab : Kemosh (11 : 24) était un dieu de Moab et des fils d’Ammon.
                        – Les dieux des fils d’Ammon. Moloc (ou Milcom -1 Rois 11 : 5), image du feu, était la principale divinité ammonite. Contrairement aux instructions formelles de la loi (Lév. 18 : 21), des sacrifices humains étaient offerts à cette idole monstrueuse (2 Rois 23 : 10).
                        – Les dieux des Philistins. Dagon était leur idole nationale (16 : 23 ; 1 Sam. 5 : 2).
            Gaza et Asdod étaient les principaux lieux d’adoration.

                        • Les nations idolâtres

Tous ces faux dieux étaient ceux des nations entourant la terre d’Israël ou habitant au milieu du peuple, par suite de sa négligence. Chacune d’elles représente l’image d’un danger spécial pour les chrétiens :
                        – L’Egypte est le monde de la nature (d’où Israël avait été délivré).
                        – Moab et les fils d’Ammon (descendants de Lot) sont un type des ennemis du croyant ; en particulier la vieille nature, la chair qui est en lui.
                        – Amalek (descendant d’Edom ou Esaü, l’ennemi implacable de son frère Jacob) est un autre symbole des ennemis - entre autres de la chair active, avec ses convoitises.
                        – Babylone, dans la plaine de Shinhar, est le siège de l’idolâtrie religieuse.
                         – Sodome, emportée par la corruption morale, est caractérisée par l’iniquité : « orgueil, abondance de pain et insouciant repos » (Ezé. 16 : 49).
                        – Tyr et Sidon (la Phénicie) sont l’image de la gloire factice du monde, de l’emprise des affaires et du négoce.
                        – L’Ethiopie est l’emblème de la misère morale.
                        – L’Assyrie est le dernier ennemi public de Dieu et de son peuple.
                        – Les Philistins sont un dernier symbole des ennemis intérieurs : la chair dans le croyant et les professants au milieu de la chrétienté. Leur activité s’est surtout fait sentir à partir de Jephté, pour culminer au temps de Samson (15 : 11) et de Samuel, lorsque l’arche est prise (1 Sam. 4 : 10-11).
            David (image d’un plus grand que lui, Christ) délivrera Israël de leur emprise.

                        • L’enseignement moral pour les chrétiens

Israël aurait été gardé du piège de l’idolâtrie, s’il s’était attaché à l’Eternel (Deut. 6 : 5), pour obéir à ses commandements ; et en particulier, s’abstenir de toute alliance avec les nations (Deut. 7 : 1-6) !
            Il aurait dû en être de même pour l’Assemblée sur la terre. Dans la fraîcheur du début, les croyants étaient pour Christ comme « un cœur et une âme » (Act. 4 : 32), complètement séparés du monde (Act. 5 : 13). Les épîtres aux sept assemblées (Apoc. 2 : 4, 13, 15)  montrent que l’abandon du premier amour pour Christ (Ephèse) a entraîné l’amour du monde (Pergame), et ouvert la porte aux fausses doctrines. On a vu apparaître les œuvres et la doctrine des Nicolaïtes qui ont introduit le cléricalisme et le relâchement des mœurs dans l’assemblée (Thyatire).
            Le gnosticisme, idéologie qui portait atteinte aux gloires de Christ, a produit de véritables ravages, en propageant des enseignements de démons (1 Tim. 4 : 1-3), associés au culte des anges et à la corruption.
            L’arianisme niait la divinité de Christ ; il était cautionné par le monde politique qui protégeait une église, devenue globalement infidèle. Les fidèles témoins de Christ, comme Antipas et Athanase, étaient réduits au silence.
            L’histoire générale de la chrétienté après la Réforme (annoncée prophétiquement par les lettres à Sardes, Philadelphie et Laodicée) a été aussi triste ; beaucoup de chrétiens se sont éloignés de Christ pour chercher la protection du monde.
            Cette succession d’infidélités (présentée en figure dans le livre des Juges) culminera pour l’église professante, à la fin de son histoire sur la terre. Lorsque Christ aura retiré les siens du monde à sa venue, la Babylone de la fin sera « devenue la demeure de démons, et le repaire de tout esprit impur » (Apoc. 18 : 2).
            Rappelons-nous que derrière toute idolâtrie, effective ou spirituelle, se cachent Satan et les démons (1 Cor. 10 : 20). Pour échapper à ces dangers mortels, nous avons à tenir ferme le chef, Christ. C’est précisément l’exhortation rappelée aux Colossiens (Col. 2 : 8, 18-19), qui avaient été si bouleversés par les gnostiques. Elle est aussi actuelle pour nous qu’il y a deux mille ans.

                        • Le jugement de l’Eternel sur Israël : v. 7-9

L’Eternel vend Israël à ses ennemis. C’est un jugement déclaré plus tard par le prophète : « Ephraïm s’est attaché aux idoles ; laisse-le faire » (Os. 4 : 17).
            Les Philistins et les fils d’Ammon écrasent d’abord tous les fils d’Israël à l’Orient du Jourdain en Galaad pendant dix-huit ans (v. 8). L’ennemi, dans sa lâcheté, attaque en priorité ceux qui sont les plus vulnérables, ceux qui ont perdu leur force au contact du monde. Notre sauvegarde est de « se conserver pur du monde » (Jac. 1 : 27). Tout Israël est dans une grande détresse (v. 9), lorsque les ennemis passent le Jourdain pour apporter la guerre au milieu même du pays.

La repentance du peuple et la promesse d’une délivrance : v. 10-18

Voilà le moment le plus triste, mais aussi le plus touchant de l’histoire du peuple. A la mesure même de l’infidélité et de la misère d’Israël, le travail de la grâce de Dieu s’approfondit dans la conscience. Le premier trait de ce travail est la confession (v. 10). Ils avaient péché contre Dieu, en l’abandonnant pour les idoles.
            L’Eternel répond (v. 11-14) en leur rappelant les délivrances antérieures, répétant les mêmes paroles qu’à Bokim (2 : 1-3).
            Dans une sincère repentance, le peuple reconnaît la justice de Dieu dans le châtiment qui l’atteignait (v. 15) ; mais, en même temps, il abandonne le mal qui en était la cause (v. 16).
            Comment Dieu pouvait-il demeurer insensible devant une telle détresse ? « Son âme fut en peine de la misère d’Israël » (v. 16). Merveilleuse confirmation de la parole du prophète : « S’il afflige, il a aussi compassion selon la grandeur de ses bontés » (Lam. 3 : 31-33).
            Rétabli dans sa conscience, Israël ne réalise pas encore ses vraies relations avec Dieu, comme son peuple. Galaad, le premier touché par l’oppression des ennemis (v. 8), cherche un appui humain contre ceux-ci, disposé à se nommer un chef en oubliant la souveraineté divine. Jephté, le Galaadite, répondra à l’attente des princes (11 : 9-11). On est loin de l’appel de Gédéon, lors du précédent réveil. Pourtant la scène se passe à Mitspa, précisément là où le peuple retrouvera plus tard avec Samuel la faveur de Dieu (1 Sam. 7 : 5-6). Malgré sa faiblesse, Israël est à nouveau délivré.

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)