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REVENEZ A MOI (5)

Histoire de Jérémie le prophète et des derniers rois de Juda

ECRIS MES PAROLES
            LE ROULEAU MUTILE
            LE SERVITEUR QUI DEMANDAIT POURQUOI
            JEHOJAKIN
            LUGUBRE CORTEGE
            LES PANIERS DE FIGUES
           

 

ECRIS MES PAROLES

Pashkhur ne désirait pas que la voix de Jérémie le trouble de nouveau. Il interdit au prophète de pénétrer dans le temple et de prendre la parole en public. Aussi l'homme de Dieu devait-il rester chez lui. Sortir dans les rues pour prophétiser avait été chose plus difficile.
            Mais Dieu confia une nouvelle tâche à Son serviteur : écrire un livre. Ecris mes paroles, dit l'Eternel, peut-être que mon peuple, cette fois-ci, y sera attentif.
            Baruc remplit la fonction de secrétaire (Jér. 36 : 4). Quoiqu'il soit prince, il considère comme un honneur de partager la disgrâce de son ami. Voici comment le livre a été composé : Dieu inspirait Jérémie qui se mettait à dicter, tandis que Baruc écrivait avec de l'encre. Le livre achevé ne présentait pas l'aspect d'un livre actuel. Il ressemblait plutôt à une gravure chinoise, enroulée autour d'un bâton.
            Jérémie a dit à Baruc : « Je ne puis entrer dans la maison de l'Eternel ; mais toi, tu y entreras, et tu liras dans le rouleau que tu as écrit » (v. 5-6).
            Jérusalem s'alarmait. L'imminence de l'attaque chaldéenne était un sujet d'inquiétude continuelle. Le peuple se souvint alors du Dieu dont il s'était détourné depuis si longtemps, et consentit à consacrer un jour entier au jeûne et à la prière pour être délivré (v. 9).
            Saisissant l'occasion que lui donnait le jour du grand jeûne, tout le peuple de Juda étant assemblé dans le parvis, Baruc vint pour faire lecture du livre. Mais il se rendit compte qu'une foule si considérable ne pourrait l'entendre. Au-dessus de la porte du temple se trouvaient deux pièces : l'une réservée au roi, l'autre à son scribe, Guémaria, le fils de Shaphan. Baruc reçut de lui l'autorisation de monter dans sa chambre pour proclamer, aux oreilles de tout le peuple, les paroles contenues dans le livre. L'endroit était idéal pour un orateur qui pouvait, de cette tribune improvisée, dominer la foule.
            A portée de voix, se trouvait Michée, le jeune fils de Guémaria (v. 11). Il avait dû entendre Jérémie délivrer un message semblable à celui que lisait Baruc ; mais ce jour-là, les mots le frappèrent comme jamais auparavant. Ils lui paraissaient si lourds de sens, si actuels. Nebucadnetsar allait fouler le sol du pays d’Israël. Personne n'en avertirait-il le roi ? Il fallait à tout prix qu'il fût mis au courant. Peut-être ignorait-il que Dieu avait annoncé, d'une façon formelle, que le roi des Chaldéens conquerrait le pays, le ravagerait et emmènerait captifs tous les habitants à Babylone pour soixante-dix ans (Jér. 25 : 11). Une chose était certaine : Jéhojakim devait être renseigné. Guémaria était l'homme à remplir une telle mission.
            Ebranlé, le petit fils de Shaphan se fraya un chemin à travers la foule. Il monta à la chambre du scribe, dans le palais du roi. Tous les princes y étaient réunis.
            Porteur d'un message qui résonnait encore à son oreille, Michée le délivra avec exactitude. Ses auditeurs furent intéressés, puis profondément émus. Nous désirons que ce livre soit lu devant nous, dirent-ils. Aussitôt, un envoyé fut dépêché à la chambre de Gémaria. Il interrompit Baruc. Prends le livre avec toi, dit-il, et viens (Jér. 36 : 14).
            Tout étonné, Baruc prit le rouleau dans sa main et suivi son guide. « Assieds-toi », A son arrivée, tous le princes s’écrièrent : « Assieds-toi, et lis-le à nos oreilles » (v. 15).
            Baruc obéit et, tandis qu'il parlait, ils se regardaient l'un l'autre, tout effrayés. La lecture terminée, ils dirent d'un commun accord : « Certainement nous rapporterons au roi toutes ces paroles » (v. 16).
            Assailli de questions, Baruc raconta comment Jérémie, retiré chez lui, s'était trouvé en présence de son Maître. Dans cette sainte intimité, le prophète avait appris ce qu'il devait écrire. Jadis, dans des circonstances semblables, il avait été chargé de son message prophétique. Et ceci est vrai dans tous les temps. Souvent, l’œuvre de Dieu prospère quand Ses ouvriers sont entravés. Méditez ce fait ; il signifie plus qu'il n'y paraît au premier abord.
            Que penses-tu de cela, Jérémie ? dit Baruc de retour chez son ami. Le roi Jéhojakim connaîtra le contenu de ton livre, car lecture lui en sera faite. Cachons-nous pour sauver nos vies.
            Nous ignorons l'endroit où ils se réfugièrent. Dieu lui-même les cacha.

 

LE ROULEAU MUTILE

Le roi Jéhojakim était assis au coin du feu dans la Maison Rouge (Jér. 36 : 22). Vous vous souvenez qu'enfant il désolait Josias par ses colères et son égoïsme. Les années n'avaient pas amélioré son caractère. Les princes connaissaient bien leur maître. Aussi avaient-ils conseillé à Jérémie de se cacher avant que le livre soit montré au roi. En outre, ils placèrent en lieu sûr le précieux volume avant de se rendre chez Jéhojakim, qui, fait surprenant, se montra abordable. Ils purent lui parler librement du livre dicté par le prophète. Le monarque exprima, comme les princes, le désir d'en prendre connaissance lui-même. Jehudi fut envoyé chercher le rouleau, puis il en fit lecture au roi.
            Le visage de Jéhojakim perdit son expression de bonne humeur avant que la première colonne soit achevée. Quand Jehudi eut lu trois ou quatre pages, le roi laissa éclater sa colère. Arrachant le parchemin des mains de Jehudi, il le transperça (v. 23).
            Trois des hommes assis autour du feu implorèrent leur maître de ne pas brûler le rouleau (v. 25). Jehojakim fit la sourde oreille. Il ne fut satisfait qu'au moment où l'écrit fut entièrement consumé. Puis, dans un accès de rage, il commanda de mettre à mort Baruc et Jérémie qui, dans leur audace, avaient osé prédire la conquête de Juda par Babylone.
            Mais ni son pouvoir, ni sa fureur ne pouvaient détruire le livre ou en exterminer les auteurs.
            Dieu avait caché son prophète et Il lui ordonna de dicter à nouveau, dans sa retraite, les colonnes disparues (v. 28). Baruc reprit la plume et récrivit en secret toutes les paroles du livre que Jéhojakim, roi de Juda, avait brûlé au feu. Dieu prit soin de ce rouleau, plus long que le premier. Jéhojakim ne réussit pas à le détruire, mais des hommes en grand nombre ont essayé de suivre son exemple. Ils ont essayé, mais en vain, car Dieu Lui-même a conservé Sa Parole dont pas une lettre, pas une syllabe, ne passeront jamais.
            Aucun châtiment immédiat n'atteignit le roi pour son iniquité. Il resta assis au coin du feu, comme si rien ne s'était passé ; ils ne craignirent pas, ni lui, ni ses serviteurs. Il manifesta probablement une indifférence tout aussi complète quand Jérémie lui annonça que Dieu le punirait s'il ne se repentait pas.
            Le pot allait déborder, cependant Jéhojakim n’écoutait pas.

 

LE SERVITEUR QUI DEMANDAIT POURQUOI

Parmi les fidèles serviteurs de Dieu à cette époque, se trouvait Habakuk, le prophète (Hab. 1 : 1).
            Jérémie ne posait presque jamais de questions. Il exécutait simplement ce qui lui était commandé. Habakuk était tout différent ; il ne pouvait s'empêcher de demander pourquoi ? Il voyait les ouvriers de Jéhojakim retourner le soir chez eux sans avoir reçu leur salaire. Il voyait la loi du pays rester impuissante. Il voyait les gens misérables, écrasés par des impôts injustes. Son âme gémissait : pourquoi en est-il ainsi ? O Seigneur, « jusques à quand » (v. 2) ces choses dureront-elles ?
            Dieu qui exauce toujours les prières des siens, donna une réponse à son serviteur troublé, réponse qui le mit dans un embarras plus grand encore. Un fléau plus redoutable que la tyrannie de Jéhojakim allait fondre sur Jérusalem. Un ennemi formidable et terrible au visage sanguinaire, aux chevaux rapides ravagerait le pays et rassemblerait les captifs comme le sable de la mer. Eh bien ! Jérémie avait souvent annoncé l'arrivée d'un tel adversaire.
            Habakuk frémit en entendant parler de l'envahisseur. Il s'écria : « Pourquoi… gardes-tu le silence… ? » (v. 13).  Il comprenait fort bien que Jérusalem méritait un châtiment, mais pourquoi Dieu emploierait-il une nation païenne ? Il ne put sonder ce mystère. Assailli par le doute, il cessa de poser des questions et attendit une réponse divine. Il n'aurait pu faire mieux.
            Dieu s'adressa de nouveau à lui. Cette fois-ci, il lui révéla l'avenir dans une vision qui viendrait sûrement et ne serait pas différée (2 : 3). Bien que nous ne la connaissions pas, elle est d'une importance extrême, car Habakuk reçut l'ordre de se procurer une tablette d'argile et de graver en lettres bien lisibles ce qu'il avait vu. Peut-être les regards de ceux qui refusaient d'écouter Jérémie se porteraient-ils sur l'écrit du nouveau prophète ?
            Habakuk apprit encore ceci : ceux qui pèchent contre leur propre âme peuvent prospérer pour un temps, mais le malheur les attend.
            Il découvrit qu'il valait mieux faire silence devant Dieu, le laisser parler, que de poser sans cesse des questions. Et après avoir écouté, il composa un beau cantique sur la foi, dont les strophes ont souvent retenti au fond  du cœur des hommes qui ont appris, comme le prophète, à ne plus dire : « pourquoi » et « jusques à quand », mais à remettre entre les mains de leur Père les circonstances du monde et leurs préoccupations personnelles.
            Voici le cantique de la foi écrit par Habakuk (3 : 17-19) :
                        Le figuier ne fleurira pas,
                        Et il n'y aura point de produit dans les vignes ;
                        Le travail de l'olivier mentira
                        Et les campagnes ne produiront pas de nourriture ;
                        Les brebis manqueront dans le parc,
                        Et il n'y aura pas de bœufs dans les étables ;
                        Mais moi, je me réjouirai en l'Eternel,
                        Je m'égayerai dans le Dieu de mon salut.
                        L'Eternel, le Seigneur est ma force ;
                        Il rendra mes pieds pareils à ceux des biches,
                        Et Il me fera marcher sur mes lieux élevés.

Habakuk écrivit ce cantique dans un livre. Nous ne voyons pourtant pas dans l'Ecriture que le roi ou le peuple aient fait plus attention au message écrit d'Habakuk qu'aux prédications de Jérémie.
            Nebucadnetsar conquit Jérusalem, lia Jéhojakim avec des chaînes pour l'emmener à Babylone (2 Chr. 36 : 6). Mais le monarque prisonnier ne quitta pas son pays ; on ignore ce qu'il advint de lui. Son corps, selon la prophétie, devait être jeté hors des portes de la ville comme celui d'un âne (Jér. 22 : 19) ; il semble qu'il ait préféré s'ôter la vie plutôt que d'être déporté à Babylone.
            Et Jéhojakin, son fils, régna à sa place (2 Rois 24 : 8).

 

JEHOJAKIN

Le couronnement fut une pauvre cérémonie. Les acclamations « Vive Jéhojakin ! » manquaient d'enthousiasme. Sacrer roi un tel prince était presque risible.
            La situation s'aggravait de plus en plus. Les troupes chaldéennes, peut-être à la suite d'un acte de rébellion du jeune roi, enserraient étroitement la ville. Capituler s'imposait aux assiégés. Toutefois, voulant conserver son trône, Jéhojakin tint ferme trois mois et dix jours.
            Mais quand Nebucadnetsar en personne parut sous les murs de la ville, un cortège lamentable parcourut les rues de Jérusalem. « Jéhojakin, roi de Juda, sortit vers le roi de Babylone, lui et sa mère, et ses serviteurs, et ses chefs et ses eunuques » (2 Rois 24 : 12). C'était, après tout, l'action la meilleure qu'ait accomplie Jéhojakin pendant son règne si bref et si mauvais.

 

LUGUBRE CORTEGE

Entrer dans la paix avant ce jour néfaste fut vraiment une faveur accordée à Josias. Aussi Jérémie avait-il reçu l'ordre de ne pas pleurer Josias, mais plutôt Joakaz qui ne verrait plus son pays (Jér. 22 : 10). Josias, lui, reviendra. Un jour, il verra Jérusalem avec le Seigneur de gloire pour son juge, législateur et roi (Es. 33). Les chants, la joie et l'allégresse retentiront partout, tandis que le chagrin et le gémissement s'enfuiront (Es. 35).
            Dieu avait frappé à nouveau de sa verge (Es. 10). Jérémie n'était donc pas un faux prophète. Depuis longtemps, il avait prévu ce châtiment ; depuis longtemps, il en avait parlé. Et pourtant, lorsque, débout près du temple en cette triste journée, il regardait passer le long cortège des prisonniers quittant Jérusalem en route pour Babylone, les larmes l'aveuglaient.
            Les voici. Arrêtons-nous pour les observer. Le roi s'avance le premier, sombre et abattu, étroitement gardé par de cruels guerriers ; les princes marchent à côté de lui. Puis vient la reine Nehushta. Son orgueil, où est-il maintenant ? A quoi peut-elle bien songer ? Dieu seul le sait. Mais voici un jeune visage plein de gravité, marqué d'une ressemblance évidente avec la famille de la foi. C'est Ezéchiel, le sacrificateur, dont l'intérêt pour les choses de Dieu a dû le rendre cher au cœur du prophète solitaire ; Ezéchiel au merveilleux génie, à la foi simple, entraîné hors de cette ville pour laquelle il aurait donné sa vie ; quel spectacle pénible pour le grand serviteur de l'Eternel !
            Le jeune exilé ne fut-il pas chargé de nombreux messages qu'envoyait Jérémie à Daniel séjournant depuis huit ans à Babylone ? Daniel devenu homme important parmi les Chaldéens, exerçait une influence profonde sur Nebucadnetsar. Il pourrait adoucir la captivité de ses compatriotes ; tel était l'espoir d'Ezéchiel, espoir que devait aussi nourrir Jérémie.
            Puis, avec fracas, un chariot énorme, chargé d'objets sacrés, roula hors du parvis de la maison de l'Eternel. Tous les objets désirables de la maison de l'Eternel que Nebucadnetsar avait laissés lors de sa dernière invasion, furent pris pour orner son temple d'idoles.
            Il y avait dans ce long, long cortège de captifs, bien des personnes chères au cœur de Jérémie : Mardochée, Guémaria, Michée, Akhikam. Les amis du prophète marchaient côte à côte avec ses persécuteurs.
            Pashkhur passa, le pas lourd, les joues blêmes de peur. Il détourna la tête pour éviter le regard de Jérémie. Mais pourquoi ? L'homme de Dieu le considéra avec une compassion infinie.
            Ainsi le cortège disparut, tous ceux qui, dans la ville, étaient bons à quelque emploi, les charpentiers, les artisans, les forgerons, tous les soldats, dix mille captifs. Il ne demeura rien de reste que le peuple pauvre du pays.
            Les yeux voilés de larmes, le prophète regardait s'éloigner la gloire d'Israël.
            Six cents ans plus tard, Celui que certains Juifs croyaient être Jérémie revenu du tombeau, s'arrêta pour contempler cette même ville : « Jérusalem, Jérusalem... que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants... et vous ne l'avez pas voulu ! » (Luc 13 : 34).
            Jérémie s'était écrié, à la vue de la cité désolée : « N'est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s'il est une douleur comme ma douleur » (Lam. 1 : 12). Mon peuple est allé en captivité. Dieu désirait les rassembler autour de Lui. Ils ont préféré être dispersés. O Jérusalem, si tu avais connu les choses qui appartiennent à ta paix, jamais le chaudron n'aurait été renversé, jamais ce jour douloureux n'aurait lui.

 

LES PANIERS DE FIGUES

Après que Nebucadnetsar eut transporté les captifs à Babylone, Dieu conduisit Jérémie dans Sa maison désolée pour lui donner une leçon sur la consolation.
            Le prophète leva ses yeux, et voici deux paniers de figues, posés devant le temple de l'Eternel (Jér. 24 : 1). L'un des paniers avait de très bonnes figues, bien mûres, vous mettant l'eau à la bouche.
            « Que vois-tu, Jérémie ? » (v. 3). Des figues, dit l'homme de Dieu, de bonnes figues, de très bonnes figues ! 
            En prononçant ces mots, il avait déjà appris la première partie de sa leçon. Ce n'était pas très difficile, n'est-ce pas ? Aussi simple que les leçons de son enfance.
            Maintenant, que vois-tu ? demanda le Maître. Un panier de figues, répondit l'élève, de très mauvaises figues qu'on ne peut manger tant elles sont mauvaises.
            Puis, s'étant assis, il considéra les deux paniers tâchant d'en découvrir la signification.
            Dieu reprit la parole, car Il explique clairement la leçon qu'il veut donner à l'écolier attentif : Ces bonnes figues représentent le long cortège des captifs que j'ai envoyés hors de ce lieu... pour leur bien.
            Jérémie savait déjà que Josias avait été envoyé hors de ce lieu pour son bien. Homme de bonté, le roi était entré dans la paix. Quelle figue excellente Josias avait été durant sa brève existence ! Il en était de même de ces captifs. Dieu avait permis qu'ils soient emmenés pour leur bien. Il allait leur enseigner Ses voies dans une terre inconnue, leur donner une nouvelle occasion d'être les objets de Son amour. Au bout de soixante-dix ans d'épreuve à Babylone, Il les ramènerait dans ce pays.
            Jérémie fut réconforté. Si douloureuse que soit l'absence de ses amis, elle était pour eux source de bénédictions. Aussi le prophète était-il plus que satisfait, maintenant qu'il connaissait la signification du panier de bonnes figues. Dieu était avec les prisonniers chargés de chaînes. Il était à l’œuvre pour exécuter son dessein.
            Telle était la partie consolante de la leçon. Mais une autre partie, douloureuse celle-ci, lui succédait. Les figues pourries, bonnes à rien, représentaient Sédécias, ses princes et les gens restés dans le pays. Des afflictions les accableraient, des ennemis fondraient sur eux, la peste même les décimerait jusqu'à ce qu'il n'en reste pas un. Méchants et corrompus, ils devaient être chassés çà et là.
            Jérémie rentra chez lui, à la fois réconforté et attristé par la leçon qu'il avait apprise.
            Il s'assit et se mit à lire dans le livre que Baruc avait écrit, le passage où il est question des bonnes figues. Ses yeux tombèrent sur ces mots : « Ainsi dit l'Eternel, retiens ta voix de pleurer et tes yeux de verset des larmes ; car il y a un salaire pour ton travail (toute sa prédication méprisée), dit l'Eternel, et ils reviendront du pays de l'ennemi » (Jér. 31 : 16).
            Les captifs devaient dresser des signaux ou poteaux indicateurs pour marquer le chemin par où ils étaient venus (v. 21), si grande devait être leur certitude que leurs fils reviendraient au pays, pour y reconstruire la ville que Dieu avait aimée.
            Cette nuit-là, le sommeil de Jérémie fut doux (v. 26). Dieu avait fortifié son âme lassée et changé sa tristesse en joie (v. 25).

 

D’après Lettice Bell – « The boiling cauldron »

 

A suivre