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LE LIVRE DES JUGES  (6)

 

CHAPITRE 6

 

La victoire et le cantique de Debora et de Barak nous ont conduits au niveau moral le plus élevé du livre des Juges. Israël connaît quarante ans de repos, figure du repos millénaire de la terre. Une période de quarante ans est souvent le symbole d’un temps complet (d’épreuve par exemple).

 

L’appel de Gédéon

            • Israël opprimé par Madian ; le message d’un prophète (v. 1-10)

Mais, de nouveau, le peuple fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel, qui le livre entre les mains de Madian. La Parole de Dieu par le prophète se réalise pour Israël : « Ton iniquité te châtie, et tes rébellions te reprennent ; et connais, et vois, que c’est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l’Eternel, ton Dieu, et que ma crainte ne soit pas en toi, dit le Seigneur, l’Eternel des armées » (Jér. 2 : 19).
            Dans les circonstances antérieures, Israël avait été livré à des ennemis extérieurs (Aram et Moab), puis à ceux qui habitaient dans le pays même (Philistins et Cananéens). Maintenant, l’instrument du châtiment divin est Madian, peuple descendant d’Abraham, associé à Amalek et aux fils de l’Orient. Madian était le fils de Ketura, dernière femme d’Abraham (Gen. 25 : 2). Ses descendants, s’établissant dans le sud du pays, se sont vite opposés à Israël. Ils étaient de connivence avec Moab pour louer les services de Balaam pour maudire le peuple. Ce péché (le mal ecclésiastique pour une récompense), d’une extrême gravité, est dénoncé à travers toute l’Ecriture (Jude 11 ; Apoc. 2 : 14). Amalek est descendant d’Esaü, frère de Jacob (Gen. 36 : 12). C’est un autre ennemi implacable d’Israël.
            La misère matérielle d’Israël (figure de la misère morale qui peut nous atteindre) est extrême : l’esclavage, la défaite, la famine et le malheur. Sous le joug des Cananéens, Israël n’avait plus d’armes (5 : 8). Sous celui de Madian, il n’a maintenant plus de nourriture. Si nous abandonnons la Parole de Dieu (à la fois notre arme et la nourriture de nos âmes) nous sommes dépouillés et affamés devant l’Ennemi.
            Au sein de la détresse, Israël crie à l’Eternel, qui lui envoie un prophète (dont le nom n’est pas donné), pour réveiller son cœur et sa conscience avant de le délivrer (v. 8).
            Pour ramener le cœur du peuple vers Dieu, le message du prophète rappelle sept preuves des soins passés d’amour de Dieu envers Israël (v. 8-10) :
                      – 1. le salut,
                      – 2. la liberté,
                      – 3. la délivrance,
                      – 4. la protection,
                      – 5. la victoire sur les ennemis,
                      – 6. la possession de l’héritage,
                      – 7. la promesse de la présence divine, suprême ressource.

Alors, la Parole de Dieu atteint la conscience du peuple : « Vous n’avez pas écouté ma voix ». C’était déjà le reproche de l’Ange de l’Eternel à Bokim (2 : 2). Ne s’adresse-t-il pas aussi à nous aujourd’hui ?

            • L’appel de Gédéon : v. 11-17

Dans ce temps de ruine pour Israël, Dieu prépare maintenant dans le secret l’instrument de sa délivrance. Il descend en grâce au milieu de son peuple –« un ange de l’Eternel vint » - pour y rencontrer Gédéon et lui dire : « L’Eternel est avec toi, fort et vaillant homme » (v. 12).
            Gédéon, fils de Joas, habitait Ophra, village du territoire de la demi-tribu de Manassé situé dans le pays. Son millier était le plus pauvre en Manassé, et lui-même était le plus petit dans la maison de son père (v. 15). Néanmoins, il n’avait pas pris son parti de la ruine d’Israël sous la domination de Madian. Associé de cœur à Israël, et gardant le souvenir des délivrances passées, il se cachait pour battre son blé dans le  pressoir.
            La souffrance du cœur de Gédéon sous l’oppression des ennemis le portait à penser à Dieu et aux relations du peuple avec Dieu, plutôt qu’à lui-même. La foi, même faible, produit de tels exercices. La visite de l’ange de l’Eternel révèle ainsi l’état de son cœur.
            Dieu avait accompli pour Israël des merveilles ; le témoignage en avait été transmis à travers les générations. Comment le peuple de Dieu pouvait-il être maintenant tombé dans un tel état ? et pourquoi de telles choses lui étaient-elles arrivées ? Nous devons comprendre que l’état d’Israël aux jours de Gédéon est un fidèle reflet de celui de l’église aujourd’hui. Mais Gédéon reconnaît que c’est Dieu qui avait livré son peuple aux mains de Madian (v. 13). Au milieu des misères, conséquences des infidélités, la foi regarde vers Dieu. Là était la vraie force morale du faible instrument que Dieu préparait pour la délivrance du peuple : « Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël de la main de Madian. Ne t’ai-je pas envoyé ? » (v. 14).
            La visite et l’appel de l’ange de l’Eternel donnent maintenant un but et une mission au serviteur dont le cœur était étreint par tant de pensées. Mais le lien de l’âme avec Dieu précède tout service, pour constituer ensuite le ressort de l’activité extérieure. L’Eternel répond à la foi de Gédéon pour l’encourager : « Moi je serai avec toi ; et tu frapperas Madian comme un seul homme » (v. 16). Gédéon demande néanmoins confirmation par un signe. Il le fera plusieurs fois, dans le cours de son service. Sans être de l’incrédulité, ce n’était pas une preuve de confiance tranquille en Dieu. Acceptons encore de nous reconnaître en lui ! Sur le moment, Dieu ne lui répond pas.

            • Le présent de Gédéon et le sacrifice : v. 18-21

Humble et conscient de sa faiblesse, Gédéon devait encore apprendre qu’il ne pouvait rien offrir à Dieu de lui-même. Il voulait lui apporter un présent (v. 18). Dieu ne méprise pas sa sincérité, mais se sert de l’imperfection même de son offrande pour lui enseigner que tout vient de Dieu et que le seul sacrifice acceptable était celui de Christ.
            Gédéon apporte donc un chevreau cuit dans l’eau, avec le bouillon dans un pot, et des pains sans levain. Les bases étaient bonnes, mais l’offrande n’était pas préparée et présentée comme il convenait. Le sacrifice aurait dû être rôti au feu, et non pas cuit dans l’eau (Lév. 3 : 5) !
            L’Eternel ajoute alors ce qui manquait au sacrifice pour le rendre agréable pour lui : le feu, image du jugement, monte du rocher pour manifester les perfections de la victime et du sacrifice (v. 21). Pour Gédéon, c’est le dernier souvenir de la visite de l’ange, le vrai signe qui lui prouve que Dieu parlait avec lui (v. 17).
            Encore aujourd’hui, Christ et sa mort sont le seul signe donné aux hommes : c’est le signe de Jonas (Luc 11 : 29).
            Alors l’ange de l’Eternel s’en va.

            • Conclusion

Que de leçons nous sont ainsi données dans ce simple récit !
            D’un côté, se déploient les pensées de Dieu, pour le relèvement de son peuple infidèle, en lui envoyant un juge pour le délivrer :
                      – 1. Dieu seul appelle à un service,
                      – 2. Il se révèle à son serviteur,
                      – 3. Dieu s’associe à lui,
                      – 4. Il lui donne la force intérieure dans son âme,
                      – 5. Enfin, il l’envoie : « Va avec cette force que tu as ».

            De l’autre côté, les exercices de cœur de Gédéon :
                      – 1. Sa résistance aux sévices des ennemis,
                      – 2. Le souvenir des délivrances passées que Dieu avait opérées pour son peuple,
                      – 3. La conscience de la ruine d’Israël, avec lequel il s’identifie pleinement,
                      – 4. La profonde conviction de sa propre faiblesse. C’était là sa vraie force, comme l’apôtre Paul le réalisera plus tard (2 Cor. 12 : 10), une leçon que nous apprenons tout au long de la vie chrétienne.

 

Gédéon formé pour le service

Appelé par Dieu, Gédéon doit être formé par lui, avant d’être envoyé dans le service. Quelquefois, comme pour Moïse, cette préparation peut être longue (quarante ans dans le désert de Madian), proportionnée à la grandeur de l’œuvre. Pour Paul, ce sera un séjour de plusieurs années en Arabie.
            Gédéon à l’école de Dieu, tel est le thème de la fin du chapitre.

            • L’autel de l’adoration : v. 22-24

Après le départ de l’ange de l’Eternel, Gédéon réalise la solennité de la scène. Le feu monté du rocher pour consumer le sacrifice l’avait rempli de frayeur. Dieu revient en grâce vers lui pour le rassurer : « Paix te soit ; ne crains point, tu ne mourras pas » (v. 23). La première leçon que doit donc apprendre tout serviteur de Dieu, et même tout croyant, c’est que le jugement (figuré par le feu) qui est tombé sur Christ (présenté en figure dans l’offrande), assure la paix à ceux qui, par la foi, sont au bénéfice de son œuvre. « Le châtiment de notre paix a été sur lui », dit le prophète (Es. 53 : 5). C’est-à-dire, le châtiment qui nous apporte (ou qui nous donne) la paix.
            Dans la réalisation de cette paix, l’adoration s’exprime : Gédéon bâtit un autel. Ce n’est pas ici l’obéissance à une instruction divine, comme pour le deuxième autel (v. 26), mais l’expression spontanée des mouvements de son cœur. Le nom que Gédéon donne à ce premier autel : « Jéhovah-Shalom », c’est-à-dire « l’Eternel de paix », exprime tout naturellement ses sentiments d’adoration, lorsqu’il a reçu de Dieu la réponse à ses exercices de cœur.
            On retrouve ailleurs dans la Parole, cette même grâce de Christ qui apporte la paix. La femme pécheresse, dans l’évangile, possédait la foi en Christ, mais ne connaissait ni le pardon, ni la paix (Luc 7 : 48-50). Le Sauveur les lui donne au moment même. Les disciples, au soir du jour de sa résurrection, entendent de la bouche de leur Seigneur la salutation de paix que Dieu avait adressée à Gédéon (Jean 20 : 20-21).

            • L’autel du témoignage : v. 25-27

Gédéon était un adorateur devant le premier autel, celui du culte. Dieu l’appelle maintenant à devenir un témoin, en bâtissant un second autel, en témoignage devant la maison de son père, et devant le monde.
            Les instructions divines sont précises (v. 26) :
                      – 1. Placer l’autel sur une colline, pour être vu,
                      – 2. Prendre les idoles mêmes que Joas, père de Gédéon, conservait dans sa maison et entretenir avec elles le feu du sacrifice, pour présenter à l’Eternel la séparation des idoles,
                      – 3. Choisir, enfin le taureau du sacrifice dans le troupeau de son père pour ouvrir un chemin à la grâce qui le conduira vers Dieu.

Baal devait donc être banni du milieu d’Israël, avant que Dieu ne chasse Madian. Il n’y a aucune cohabitation possible entre Dieu et les idoles, au milieu du peuple (ou dans nos cœurs) ! L’apôtre Paul conclut cette même déclaration par un solennel appel à la sainteté (2 Cor. 6 : 14-18). De toute manière, comment Dieu pourrait-il supporter que Baal s’attribue la victoire sur les ennemis ? Avant de conduire le peuple à la victoire, Gédéon doit donc obéir aux instructions divines de détruire les idoles, en commençant par la maison de son père. Humainement parlant, c’était une chose éprouvante pour lui. Il nous est plus facile de parler de Christ dans des pays lointains, que dans nos familles ou autour de nous, là où nous sommes connus, et où le monde nous voit marcher. C’est pourtant là que doit commencer notre témoignage !
            « La fidélité au dedans précède la force au dehors ; le mal doit être ôté d’Israël avant que les ennemis soient chassés. L’obéissance, puis la force : voilà l’ordre de Dieu », a écrit un serviteur de Dieu.
            Gédéon, malgré les dangers (de la part de la maison de son père et des hommes de la ville), accomplit fidèlement sa mission, mais de nuit (v. 27). Il détruit l’autel de Baal et ses ashères (images de la divinité féminine des Cananéens), pour bâtir l’autel au vrai Dieu et y offrir un sacrifice.

            • La maison de Joas et les idoles : v. 28-32

La fidélité de Gédéon lui attire l’opposition des hommes de la ville (figure du monde pour nous). Le témoignage pour Christ ne sera jamais populaire, puisqu’il condamne le monde.
            Toutefois, Joas, père de Gédéon, prend maintenant parti pour Dieu et pour son fils, contre les idolâtres terrorisés par leur superstition. Que Baal se défende lui-même, s’il est dieu ! (v. 31). Elie, sur la montagne du Carmel, adressera le même défi à Baal et à ses quatre cents prophètes (1 Rois 18 : 27-29).
            La puissance de Dieu agit ainsi sur les esprits, et produit la foi dans les cœurs. Joas reçoit Dieu, en rejetant Baal. Auparavant, Gédéon avait détruit Baal, parce qu’il avait reçu et connu Dieu. Le nom de « Jerubbaal », c’est-à-dire « que Baal plaide », lui est donné en souvenir de la destruction des faux dieux en Israël.

            • L’Esprit de l’Eternel sur Gédéon : v. 33-35

Après cette préparation morale nécessaire, Gédéon commence son service. Les ennemis, Madian et Amalek, se sont rassemblés pour envahir le territoire d’Israël.
            Alors, l’Esprit de l’Eternel revêt Gédéon. Dieu confie sa puissance, au moment convenable, à celui qui a été obéissant.
            Gédéon sonne de la trompette (image pour nous de la Parole), pour rassembler Israël au combat. Les Abiézérites, ceux mêmes qui cherchaient sa vie, répondent maintenant à son appel. Quelle remarquable preuve de la puissance de l’Esprit de Dieu sur les esprits des hommes, lorsque le serviteur se tient dans le chemin de la fidélité !
            Manassé, Aser, Zabulon et Nephthali montent aussi à la rencontre de Gédéon. Celui-ci a donc exercé une heureuse influence sur sa propre tribu (Manassé), en dépit de son humble position au milieu d’elle (6 : 15).
            On retrouve ici encore l’entier dévouement de Zabulon et de Nephthali, déjà manifesté du temps de Débora (5 : 18). Quel bel exemple !
            Aser, enfin, qui s’était laissé prendre par le monde (5 : 17), s’est maintenant ressaisi pour se joindre aux armées d’Israël.

            • Le signe de la toison : v. 36-40

La foi de Gédéon était sincère, mais faible, et avait besoin d’être soutenue par un signe. Dieu répond encore à sa demande. Conscient de mettre à l’épreuve la patience de Dieu, Gédéon renouvelle pourtant sa requête (v. 39).
            La toison dans l’aire est une figure d’Israël (Deut. 18 : 4)  au milieu des nations, et la rosée, l’image des bénédictions célestes (Deut. 33 : 28 ; Ps. 133 : 3 ; Os. 14 : 5). La première nuit, la rosée est sur la toison (Israël seul est béni), et la sécheresse est sur toute la terre (les nations sont abandonnées à elles-mêmes). L’inverse se produit la nuit suivante : les nations entrent dans la bénédiction pendant le temps du rejet du peuple de Dieu. C’est le mystère de l’endurcissement partiel d’Israël pendant le temps présent (Rom. 11 : 25).
            Le double signe de la toison ne nous parle-t-il pas aussi de Christ, Agneau de Dieu, sortant d’une terre aride (l’aire), brebis muette devant ceux qui la tondent ? (Es. 53 : 2, 7). Ornement du ciel de toute éternité, il a été la joie du cœur du Père, en venant sur la terre, objet de toutes les faveurs célestes, au milieu d’un monde desséché. Mais, sur la croix, Christ a supporté toute la sécheresse du jugement divin, s’écriant : « J’ai soif » (Jean 19 : 28).
            Alors les eaux de la bénédiction coulent pour les élus, dans le ciel (Apoc. 22 : 1), et sur la terre (Ezé. 47 : 12 ; Apoc. 7 : 17). Que son nom soit éternellement béni !

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)