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LE LIVRE DES JUGES  (4)

 

CHAPITRE 4

 

Débora et Barak

L’histoire générale du peuple continue après la mention de la victoire de Shamgar sur les Philistins (3 : 31). Mais le réveil de Barak et Débora, relaté dans ce chapitre, est rattaché à celui d’Ehud et non à celui de Shamgar. L’état du peuple au temps de Shamgar sera décrit par Débora dans son cantique (5 : 6-8).

• Israël et ses ennemis (v. 1-3)

A nouveau, les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Eternel (v. 1).
            Dans les deux épisodes précédents, lors du premier réveil (Othniel et Ehud), le peuple avait été asservi à des ennemis extérieurs, en conséquence de ses fautes : Aram en Mésopotamie et Moab dans les plaines à l’Orient du Jourdain. En gardant ses frontières, Israël pouvait se protéger de leurs attaques.
            Maintenant, l’infidélité du peuple le place sous l’esclavage des Cananéens, ennemis qui habitent au milieu de lui, sur le territoire même de sa possession. La situation d’Israël est ainsi beaucoup plus critique. C’est pour nous le symbole d’un combat intérieur dans nos âmes.
            Les Cananéens habitaient autrefois dans le nord du pays, image spirituelle d’une région éloignée de la lumière du soleil. Jabin (dont le nom signifie « le sage ou l’intelligent ») était le titre officiel des rois de Canaan qui régnaient à Hatsor, la capitale de tous ces royaumes (Jos. 11 : 1, 10). Au temps de Josué, les Cananéens, et les nations coalisées avec eux, avaient été entièrement détruits aux eaux de Mérom (Jos. 11 : 1-15). Toutefois, Dieu avait maintenu des Cananéens au milieu d’Israël pour l’éprouver (3 : 1-4). Et le peuple avait gravement péché en s’associant à eux par mariage (3 : 5-6).
            Et maintenant, sous l’autorité orgueilleuse de Sisera, chef de l’armée, ces ennemis reconstituent leurs forces (neuf cents chars de fer) pour opprimer le peuple de Dieu. Israël avait-il conscience que la main de Dieu dirigeait ces ennemis ? Il est écrit en effet : « L’Eternel les vendit en la main de Jabin » (v. 2).

• Débora, femme de Lappidoth - La foi confiante (v. 4-5)

Dieu répond au cri de détresse de son peuple, en lui envoyant une femme, Débora, pour le délivrer (v. 3). La faiblesse du peuple était telle que la déclaration du prophète peut lui être appliquée : « J’ai cherché parmi eux un homme… mais je n’en ai point trouvé » (Ezé. 22 : 30).
            – Son nom et le nom de son mari : Débora signifie « abeille », symbole de l’activité dans la nature ; Lappidoth signifie « torche, flambeau ». A son image, nous devons être actifs pour présenter la lumière de Dieu dans le monde.
            – Son appel par Dieu et son service : prophétesse, elle était l’envoyée de Dieu vers le peuple ; juge, elle exerçait le gouvernement au milieu de lui. Au moins, l’ordre était-il maintenu dans une mesure.
            – Son habitation : entre Rama (un lieu élevé) et Béthel (la maison de Dieu), elle demeurait sous le palmier, signe de bénédiction (Ex. 15 : 27 ; Ps. 92 : 12). Il est important pour un serviteur du Seigneur de demeurer dans la communion de son Maître, avant d’exercer une activité publique.
            – L’énergie de sa foi et de son amour (5 : 7) : au temps convenable, elle se lève (dans l’énergie de la foi) comme une mère en Israël, par amour pour le peuple. C’est un bel exemple de « la foi opérante par l’amour » (Gal. 5 : 6).
            – Sa place d’humilité : malgré le caractère exceptionnel de son service, et les dangers qui en découlaient, on ne la voit jamais sortir de sa place de réserve et d’humilité. Elle conserve ainsi toujours la position que Dieu assigne à la femme dans la société, comme au milieu de son peuple.

• Barak, fils d’Abinoam - La foi hésitante (v. 6-9)

Le contraste entre Débora et Barak est humiliant et met bien en évidence le bas état d’Israël. Pourtant, c’est Barak, et non pas Débora, qui sera nommé plus tard par l’apôtre dans la nuée des témoins de la foi (Héb. 11 : 32). Barak, dont le nom signifie « foudre » n’a guère manifesté l’énergie qu’évoquait son nom. L’inquiétude et la crainte l’empêchent d’éprouver la puissance de Dieu. Ce danger est signalé pour les temps que nous vivons : « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance… » (2 Tim. 1 : 7).  Aussi, le même apôtre adresse à tous, particulièrement aux frères, le vibrant appel : « Veillez, tenez ferme dans la foi ; comportez-vous en hommes, fortifiez-vous » (1 Cor. 16 : 13).
            L’Eternel donne des instructions précises à Barak par Débora pour opérer la délivrance d’Israël (v. 6-7). Toutefois, Barak souhaitait n’être que l’aide d’une femme (v. 8), alors que, selon l’ordre de Dieu, la femme doit être l’aide de l’homme (Gen. 2 : 18). La foi de Barak n’était pas suffisante pour se passer de tout secours humain ; aussi, Débora est-elle contrainte de lui dire : « Ce ne sera pas à ton honneur » (v. 9).
            Néanmoins, l’un et l’autre montent ensemble à la guerre contre les ennemis du peuple.

• La guerre contre les Cananéens (v. 10-17)

Dix mille hommes de Zabulon et de Nephthali sont assemblés à Kédesh pour le combat. Débora accompagne Barak pour soutenir son courage (v. 10, 14), mais Barak est seul à la tête des armées d’Israël.
            Lorsque Barak a obéi aux instructions divines (v. 6-7), malgré ses réticences et ses hésitations, Dieu accomplit sa promesse et met lui-même en déroute Sisera et ses armées (v. 15). Comme notre vie chrétienne serait plus simple, si Christ, notre vie, était aussi notre seule force dans tous nos combats !

• La mort de Sisera (v. 18-23)

Sisera échappe seul, après la destruction de son armée et de ses chars (v. 15, 17). Il trouve refuge dans la tente de Jaël, femme de Héber, le Kénien. Habitant encore sur le territoire d’Israël, Héber s’était séparé de son propre peuple (v. 11), pour faire la paix avec les ennemis du peuple de Dieu (v. 17). Triste motif, opposé à l’exercice de la foi !
            L’infidélité d’Héber met d’autant plus en relief la foi de sa femme Jaël. Gardant sa place de maîtresse de maison, dans la tente (l’habitation des pèlerins au milieu du désert), elle est de tout son cœur avec le peuple de Dieu. Seule, malgré sa faiblesse - quelle différence avec Barak ! -, elle prend en sa main les instruments du foyer (un pieu et un marteau) pour exercer le jugement de Dieu sur l’ennemi de son peuple.
            Barak n’est qu’un témoin muet de la scène, lorsque tout est terminé. On comprend ainsi que, selon l’avertissement de Débora (v. 9), la bénédiction soit accordée à Jaël (5 : 24), plutôt qu’à Barak.
            La foi honore Dieu, mais Dieu lui-même se plaît à honorer la foi chez les siens (1 Sam. 2 : 30).                 

• Conclusion : v. 24

Dieu s’est donc servi de la fidélité de deux femmes, Débora et Jaël, pour réveiller la conscience de Barak et du peuple tout entier au sentiment de leur responsabilité.
            L’ennemi a d’abord été abattu par la puissance divine, sans être complètement détruit. Sorti de son état de torpeur morale, le peuple d’Israël engage désormais la guerre contre ses ennemis jusqu’à leur complète destruction.

 

D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 5)