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REVENEZ A MOI (2)

Histoire de Jérémie le prophète et des derniers rois de Juda

   LE JEUNE PROPHETE
               L'HISTOIRE DE CE QUI AURAIT PU ETRE
               LA CLAMEUR DE LA GUERRE
               LES OSSEMENTS DANS LE FEU
               LE LIVRE RETROUVE
               ATTENTIFS A L'ENSEIGNEMENT
 

LE JEUNE PROPHETE

Alors Jérémie n'eut plus de visions. Il avait appris sa leçon et devait mettre en pratique ce que Dieu lui avait enseigné. Nous ne savons pas ce qu'il éprouva le jour où, pour la première fois, il dut parler de la part de l'Eternel dans les rues d'Anathoth. Il est certain cependant qu'il le fit et que Dieu lui en donna la force.
            Peu après, l'Eternel s'adressa de nouveau à lui ; il devait quitter le village pour aller parler de Lui dans les rues de Jérusalem (Jér. 2 : 1). Combien cela dut paraître redoutable au jeune homme ! Quoi, même son père, le grand sacrificateur, pourrait venir l'écouter ! Mais Jérémie n'avait qu'à se souvenir du pot bouillant pour avoir hâte de délivrer son message d'avertissement.
            Pendant ce temps, Josias faisait de son mieux pour débarrasser le pays de toutes les idoles. Le peuple l'aidait dans ce travail. Mais son cœur n'était pas changé. « Juda la perfide, n'est pas revenue à moi de tout son cœur » (Jér. 3 : 10). Il feignait de l'avoir fait.
            S'il avait parlé de lui-même, Jérémie aurait pu être trompé par cette apparence et n'aurait pas dénoncé le mal avec exactitude ; mais Dieu, qui lit dans les cœurs, lui dictait chaque mot de ses prédications.
            Aux yeux de Dieu, la prétendue adoration du peuple ressemblait à l'action d'un médecin qui banderait simplement une plaie et affirmerait aussitôt : elle est guérie. Les idoles pouvaient avoir apparemment disparu, mais on continuait à croire en elles et à les vénérer en secret, hideuse blessure dans le cœur du peuple, plaie profonde qui entraînerait la mort si elle n'était pas guérie.
            « Ils ont pansé la plaie de la fille de mon peuple légèrement » (Jér. 6 : 14), dit l'Eternel à Jérémie. Va et dis-leur quel est le seul vrai remède.
            Quand Jérémie parlait, il avait toujours l'image du pot bouillant présente à l'esprit, mais l'amour de Dieu le remplissait et était le sujet constant de sa prédication. En effet, par amour, Dieu envoyait Jérémie à son peuple pour le supplier d'ôter toutes les idoles de son cœur, et de revenir à Lui, son véritable père.
            « Seulement, reconnais ton iniquité » (Jér. 3 : 13), implorait le prophète, ainsi Dieu ne t'enverra pas de châtiment, mais usera de grâce. A force de parler de repentir et de grâce, il était persuadé que l'amour de Dieu devait toucher ses auditeurs. Aussi contemplait-il en esprit une scène qu'il désirait ardemment voir de ses propres yeux.
 

L'HISTOIRE DE CE QUI AURAIT PU ETRE

Je vois, commença Jérémie, ses yeux regardant au loin, sa voix tremblante de joie, je vois les enfants d'Israël tous ensemble réunis sur une haute montagne. Les uns lèvent des yeux voilés de larmes vers le ciel, les autres se couvrent le visage, honteux et contrits. Hommes, femmes et enfants pleurent sur la montagne et les sanglots de leurs ardentes supplications remplissent la vallée. Je les entends, je saisis leurs paroles : « Pardonne-nous, nous avons suivi  notre propre chemin, mais maintenant, aie pitié de nous, nous t'en supplions ».
            Et dominant le bruit des cris d'amertume, la voix douce de l'Eternel se fait entendre, distincte : « Revenez, fils infidèles » (Jér. 3 : 14, 22a). Revenez à moi, je guérirai vos plaies, et vous m'appellerez à nouveau mon Père.
            Et je vois les hommes et les femmes se lever, les pleurs cessent, les enfants relèvent la tête en souriant ; tous, d'une voix humble, disent ensemble en s'inclinant : « Nous voici, nous venons à toi, car tu es l'Eternel, notre Dieu » (v. 22b). Personne d'autre que toi ne peut nous aider. Nous venons à toi.
            Maintenant des voix reconnaissantes et joyeuses retentissent, se faisant écho. « Certainement, c'est en l'Eternel, notre Dieu, qu'est le salut d’Israël » (v. 23). Tu es l'Eternel notre Dieu.
            Revenant de sa vision, Jérémie ne vit autour de lui que le peuple impassible. Que veux-tu de plus, Jérémie ? demandaient-ils, n'avons-nous pas détruit nos idoles et soutenu Josias dans ses réformes ?
            Mais Jérémie, sachant que ces changements étaient superficiels, les supplia à nouveau de revenir à l'Eternel, de tout leur cœur. Pour plaire à Josias, ils avaient agi comme un homme semant du blé parmi les épines, peine inutile, car dans ces conditions, aucune moisson n'était possible. « Ne semez pas au milieu des épines » (Jér. 4 : 3), mais dans terrain défriché, leur disait Jérémie, le cœur serré en voyant ce peuple si mal préparé à recevoir les messages de l'amour de Dieu.
            Etait-il possible de l'émouvoir ? La persuasion par la douceur ayant échoué, il allait lui parler en d'autres termes. Une expression d'épouvante se peignit sur son visage.
 

LA CLAMEUR DE LA GUERRE

« Sonnez de la trompette dans le pays » (Jér. 4 : 5). Donnez l'alarme de la guerre à Juda et à Jérusalem, crie Jérémie (comme hors de lui).
            L'ennemi approche. « Assemblez-vous, et entrons dans les villes fortes. Elevez l'étendard vers Sion » (Jér. 4 : 5-6).
            Un roi, aussi féroce qu'un lion, s'est mis en chemin (4 : 7). Il vient du nord pour ravager notre pays et emmener captifs tous les habitants. Il n'y a pas un instant à perdre. « Ses chars sont comme un tourbillon ; ses chevaux, plus rapides que les aigles. Malheur à nous ! Car nous sommes détruits » (4 : 13).

Le prophète est saisi par le désespoir. Devant lui, les visages restent toujours impassibles, tandis que, hanté par le souvenir du pot bouillant, Jérémie déclare : « Je ne puis me taire ; car, mon âme, tu entends le son de la trompette, la clameur de la guerre ! … Car mon peuple est fou » (4 : 19, 22). Qu'allez-vous faire ? Je suis dans la douleur.
            De nouveau, ils font la sourde oreille aux supplications du prophète et disent : « Nous n'y serons pas attentifs » (6 : 17). Ce que tu dis, nous ne le croyons pas. « Le mal ne viendra pas sur nous ; nous ne verrons ni l'épée ni la famine » (5 : 12).
            Bien souvent, Jérémie s'en retourna à la maison en proie au découragement.
            « Eternel... je parlerai avec toi » (12 : 1), dit-il un jour à son Maître. Je les ai avertis, mais ils n'ont pas peur et ne s'en inquiètent guère. « Ils ont rendu leurs faces plus dures qu'un roc, ils ont refusé de revenir » (5 : 3).


            LES OSSEMENTS DANS LE FEU

Tandis que Jérémie allait et venait dans les rues de Jérusalem, Josias achevait son voyage.
            L'autel de Béthel - où trois cents ans auparavant le prophète avait dit : « Voici un fils naîtra... son nom sera Josias » (1 Rois 13 : 2) - était toujours debout.
            Josias, vous vous en souvenez, devait brûler sur cet autel les ossements des sacrificateurs idolâtres de Jéroboam, qui avaient offert des sacrifices et de l'encens. Maintenant l'heure de l'accomplissement de cette prophétie avait enfin sonné.
            Le roi parcourait cette région quand, tout à coup, il découvre des sépulcres dans la montagne, sépulcres qui contiennent justement les ossements des sacrificateurs de Jéroboam (2 Rois 23 : 16).
            Déterrez ces ossements, dit le roi gravement. Les serviteurs les sortent des tombes et les placent sur l'autel. Quand les os sont consumés, l'autel lui-même est démoli et réduit en poussière.
           Ce jour-là, Josias et tous ses serviteurs furent certains de ceci : tout ce que Dieu dit s'accomplit, tôt ou tard.
            Pendant ce temps, on faisait à Jérusalem des préparatifs pour le retour du roi.
            Après une longue séparation, les enfants de Josias devaient se réjouir de le revoir. Eliakim, devenu plus tard Jéhoïakim, n'avait que cinq ans lorsque le roi était parti ; aussi maintenant, à onze ans, devait-il se sentir un grand garçon, tout fier de montrer combien de choses il avait apprises et à quel point il avait grandi.
            Une fois la dernière idole mise en pièces, les petits garçons purent revoir leur père. Cependant, Josias n'était pas revenu chez lui pour jouer avec ses enfants ; il voulait achever un grand travail à Jérusalem.
 

LE LIVRE RETROUVE

La maison de l'Eternel avait besoin de réparations. Il restait fort à faire avant que le culte pût être rétabli.
            Josias se rendait compte d'une chose : si l'on enlevait au peuple les idoles, il fallait donner un autre objet à ses affections. Seulement il lui était difficile d'accomplir le service du temple, comme l'Eternel l'avait commandé à Moïse. Moïse avait écrit les ordonnances, comme nous le savons, mais Josias n'avait jamais vu le Livre qui aurait pu le guider.
            Malgré tout, le jeune roi prit certaines mesures. Il fit appel aux charpentiers, aux constructeurs et aux maçons (2 Rois 22 : 6). Des plans furent élaborés pour restaurer la maison que Salomon avait construite.
            En ces jours, tout comme maintenant, le premier problème à considérer était le coût de l'entreprise. Comment recueillir les fonds nécessaires pour payer les ouvriers ? Une fois déjà, lorsque le roi Josias avait eu besoin d'argent pour réparer le temple, « Jéhoïada, le sacrificateur, prit un coffre et fit un trou dans son couvercle, et le mit à côté de l'autel (2 Rois 12 : 9), dans la cour de la maison de l'Eternel. Shaphan, le secrétaire de Josias, se souvenait sans doute de la bonne idée que Joas et JéhoÏada avaient eue. On retrouva le vieux coffre dans une des chambres du temple. On l'amena au jour couvert de poussière. Il reprit son ancienne place dans le parvis. Les Lévites furent placés de nouveau sur le seuil de la maison, pour recueillir les pièces d'argent.
            Ce fut un beau jour pour Josias, Hilkija, Shaphan, Akhikam et pour ceux des habitants de Jérusalem qui servaient l'Eternel. Car, il faut bien vous en souvenir, il se trouvait encore des fidèles qui n'aimaient pas les idoles, et restaient attachés à l'Eternel leur Dieu.
            Jour après jour, l'argent sonnait en tombant dans la boîte, et les serviteurs de Dieu étaient heureux à la pensée qu'elle se remplissait. Enfin, comme au temps de Joas, lorsqu'ils virent qu'il y avait beaucoup d'argent dans le coffre, le roi Josias dit à Shaphan : C’est le moment de l’ouvrir et de compter son contenu. Monte vers Hilkija, le grand sacrificateur, et dis-lui de t'accompagner. C'était une des fonctions du secrétaire du roi de relever le montant des dons recueillis.
            Ainsi Shaphan et deux autres intendants montèrent au temple retrouver Hilkija. Les Lévites ouvrirent le coffre qui, une fois le couvercle ôté, laissa voir son contenu. Ils se mirent à peser les pièces d'argent qui le remplissaient jusqu'au bord, tandis que Shaphan faisait un relevé des sommes trouvées.
            Mais « comme on sortait l'argent » (2 Chr. 34 : 14), Hilkija découvrit un paquet de feuilles de parchemin. Ses gestes brusques, ses paroles rapides montrèrent aux autres l'importance de sa découverte. On s'arrêta de compter et tous les regards se fixèrent sur le grand sacrificateur. Qu'est-ce ? demanda une voix. Mais Hilkija continua anxieusement l'examen de sa trouvaille, puis répondit enfin, d'une voix pleine d'émotion : « J'ai trouvé le Livre de la Loi » (v. 15).
            Il tendit le Livre à Shaphan pour qu'il constate lui-même que les Saintes Ecritures perdues étaient vraiment retrouvées. Shaphan se mit à lire sur-le-champ, mais s'arrêta bientôt en pensant au roi. Quelle heureuse nouvelle cette grande et surprenante découverte ne serait-elle pas pour lui ! Shaphan savait bien qu'aux yeux de Josias, aucun trésor au monde ne pouvait se comparer au Livre de Dieu, si longtemps perdu.
            A cette pensée, il s'élança vers le palais, non seulement avec le Livre sous le bras, mais avec la bonne nouvelle écrite sur son visage.
            Shaphan apporta le Livre et partit le premier, mais Hilkija n'entendait pas manquer cette scène de joie et se hâta de le suivre.
            Allant aussi vite que possible, ils arrivèrent au palais. Nous avons compté l'argent et l'avons remis aux préposés, dit Shaphan, et « Hilkija, le sacrificateur, m'a donné un Livre » (v. 18). Et Shaphan y lut aussitôt devant le roi.
 

ATTENTIFS A L'ENSEIGNEMENT

A la lecture des commandements de Dieu, le visage du roi devint de plus en plus triste. Les larmes lui vinrent aux yeux, il se mit à trembler. Arrête de lire, dit-il, nous n'avons pas obéi aux enseignements de ce Livre ; aussi « grande est la fureur de l'Eternel, qui s'est déversée sur nous » (2 Chr. 34 : 21).
            L'angoisse de Josias était si profonde qu'il déchira ses vêtements royaux. Allez vite, dit-il en pleurant, il n'y a pas de temps à perdre, demandez à l'Eternel ce qu'Il attend de nous. Nous Lui avons désobéi et Sa colère est sur nous.
            Ils partirent en hâte. Jérémie était sans doute absent ; aussi, sans perdre de temps, allèrent-ils à Jérusalem même, chez Hulda la prophétesse, à qui Dieu révélait sa volonté.
            Hulda leur donna la réponse de Dieu pour le roi : Tout ce qui avait été lu devant le roi était parfaitement vrai. Le châtiment venait sur le peuple parce qu'il avait abandonné le Dieu vivant, mais, quant au roi lui-même, avant le jugement, il serait recueilli en paix auprès de ses pères (v. 23-28).
            Pourquoi pareille faveur était-elle accordée à Josias ? Il croyait les Saintes Ecritures. Son cœur était sensible et s'était humilié (v. 27). Quand il entendit les paroles de Dieu contre Jérusalem et ses habitants, quand il connut les jugements qui allaient fondre sur eux, il ne prit pas la chose à la légère, comme d’autres qui se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles (2 Chr. 36 : 16).
            Josias fut réconforté par le message de Hulda. Dieu avait entendu ses instantes prières. Il lui avait pardonné tous ses péchés. Mais le cœur du roi était étreint en pensant à son peuple dont le cœur n'était pas réellement transformé ; et si ces hommes ne voulaient pas écouter la voix de Dieu, ils seraient forcés d'obéir à un maître cruel, qui, les ayant vaincus, les emmènerait captifs dans un pays idolâtre.
            Assemblons tous les habitants, dit-il, depuis le grand jusqu'au petit ; ils entendront de leurs propres oreilles la lecture du Livre retrouvé.
            La foule s'amassa, venant de tous les quartiers. Josias se mit à lire. Sa voix tremblait quand il arriva au passage mentionnant l'étranger qui viendra d'un pays éloigné. Mais les mots semblent n’avoir produit aucun effet sur la plupart des auditeurs.
            Le roi arriva au vingt-huitième chapitre du Deutéronome, à l'histoire de l'alliance que Dieu avait faite avec son peuple. On fait une alliance en disant à quelqu'un : Si tu fais ceci, je ferai cela.
            Si Israël obéissait à Dieu et l'aimait de tout son cœur, aucun malheur ne l'atteindrait ; mais s'il se laissait entraîner vers d'autres dieux, les calamités fondraient l'une après l'autre sur la nation. Et cette alliance n'était pas seulement valable pour les Juifs vivant du temps de Moïse, mais aussi pour celui qui n'était pas là à cette époque.
            Josias comprit tout de suite que Dieu avait aussi fait cette alliance avec le peuple rassemblé en ce moment-là. Renouvelons-la, s'écria-t-il, et de tout notre cœur, de toute notre âme, accomplissons les préceptes contenus dans le Livre (v. 31).
            Tout le peuple s'écria : Oui, nous le ferons. Et il entra dans l'alliance.
            Ils aimaient leur jeune roi si généreux et étaient prêts à dire « oui » à toutes ses propositions, quand il ne leur en coûtait pas trop. Chacun peut répondre « oui », c'est facile ; mais agir est autre chose ! Ainsi, bien qu'ils aient dit « oui », ils firent le contraire.
 

D’après Lettice Bell – « The boiling cauldron »

 

A suivre