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LA  FAMILLE  SELON  LE  PLAN  DE  DIEU  (15)

 

18.  Aquilas et Priscilla 

Les noms de ces époux croyants sont cités six fois dans le livre des Actes et dans les épîtres de Paul. Il est à remarquer que, chose très inhabituelle en ce temps-là, le nom de la femme est cité parfois en premier lieu. Le contexte fait comprendre pourquoi. Nous y reviendrons en examinant ces différents passages. Cela nous montre une fois de plus quelle place honorable la Bible donne à la femme et à son service dans la famille et dans l'assemblée.

La première fois qu'il est question d'eux, c'est en Actes 18. Quand Paul vint à Corinthe, lors de son deuxième voyage, il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, tout récemment venu d'Italie avec Priscilla sa femme, parce que Claude avait commandé que tous les Juifs sortent de Rome. Paul alla chez eux. Son métier étant de faire des tentes, comme eux, il demeura et travailla avec eux. On sait par les historiographes qu'une révolte avait provoqué cette expulsion des Juifs. Après qu'on les eut chassés de Rome et dispersés parmi les peuples, les hommes au pouvoir des différents pays n'ont pas cessé de trouver des occasions de persécuter les Juifs. L'antisémitisme est un phénomène très fréquemment rencontré  qui remonte à l’Antiquité.
            Aquilas et Priscilla avaient trouvé refuge dans la grande ville de Corinthe, colonie romaine aisée, pour commencer une nouvelle existence. Vraisemblablement, ils n'étaient pas encore chrétiens. Comme tout Juif pieux, ils fréquentaient la synagogue qui s'y trouvait, de même que dans la plupart des localités importantes.
            Bien que Paul ait été appelé comme apôtre des nations, il commençait toujours par visiter la synagogue juive pour y annoncer l'évangile. C'est probablement ainsi qu'il fit la connaissance de ce couple, et qu'ensuite il alla chez eux. Il y séjourna un an et demi et travailla lui-même avec eux pour subvenir à ses besoins. Plus tard, dans une épître, il appela Aquilas et Priscilla ses « compagnons d’œuvre » (Rom. 16 : 3) en rapport avec leur collaboration non dans le domaine professionnel bien sûr, mais dans celui de l'évangile.
            Ce ménage a certainement été richement récompensé de son hospitalité. Ils n'ont pas logé un ange à leur insu (Héb. 13 : 2), mais ils ont reçu sciemment un serviteur du Seigneur, ce qui leur a été en grande bénédiction. Non seulement ils se sont convertis et ont cru au Seigneur Jésus Christ, mais ils ont participé efficacement à la diffusion de l'évangile. De ce fait, ils s'attirèrent la haine des Juifs qui rejetèrent Paul et ses discours, et le traînèrent devant le tribunal du proconsul romain. Dans une vision de nuit, Paul fut encouragé par le Seigneur lui-même à ne pas se taire, mais à continuer à annoncer l'évangile. Comme les Juifs refusaient de l'écouter et blasphémaient, il se réunit avec les Juifs croyants et les Corinthiens convertis, dans la maison de Justus, manifestement une grande maison, à côté de la synagogue. C'est ainsi que, de ces deux groupes, s'est formée l'assemblée à Corinthe.
            Dix-huit mois plus tard, Paul quitta Corinthe et se rendit à Ephèse. Priscilla et Aquilas voyagèrent avec lui. De là, Paul continua son voyage, tandis que le couple resta à Ephèse. Là, ils fréquentèrent de nouveau la synagogue. La séparation entre le judaïsme et le christianisme s'est apparemment accomplie de façon progressive. A Ephèse, ils rencontrèrent un Juif portant un nom grec, Apollos, Alexandrin d'origine. En tant que prédicateur itinérant, il était probablement en voyage vers l'Achaïe, où se trouvait d'ailleurs Corinthe. Il était d'usage que des étrangers soient autorisés à parler dans la synagogue, à condition qu'ils soient Juifs. Parfois, ils y étaient même invités (Act. 13 : 15).
            Apollos saisit cette occasion pour parler dans la synagogue d'Ephèse à ceux qui s'y trouvaient. Sans aucun doute, Priscilla et Aquilas ont beaucoup apprécié ce qu'il disait. Il n'était pas seulement un orateur éloquent qui galvanisait son auditoire, mais aussi un docteur instruit dans les Ecritures. Cependant le couple regrettait qu'il manque quelque chose à ses discours. Ce n'était pas l'évangile complet prêché par Paul, et centré sur le Christ crucifié et ressuscité. Apollos n'avait entendu parler que de la prédication de Jean le Baptiseur et du baptême de la repentance dans l'attente du Christ qui baptiserait, Lui, de l'Esprit Saint. Quand Aquilas et Priscilla s'en aperçurent, ils ne se détournèrent pas de lui avec un esprit de critique, mais l'invitèrent dans leur maison pour avoir une conversation. Priscilla et Aquilas le reçurent et lui expliquèrent plus exactement la voie de Dieu (Act. 18 : 26). D'anciens manuscrits, découverts récemment, confirment l'ordre des noms « Priscilla et Aquilas » dans ce verset. L'expression « la voie » se trouve à maintes reprises dans le livre des Actes et c'est une autre façon de désigner « l'évangile ».
            Avec son mari, Priscilla était en mesure d'expliquer plus exactement la voie de Dieu à Apollos. Une bonne connaissance de la Bible est nécessaire à une femme chrétienne pour diriger sa marche et être le soutien de son mari, et si c'est une maman, elle pourra être en exemple à ses enfants et sera capable de les instruire dans la Parole.
            Nous avons déjà parlé dans les chapitres précédents des passages de l'Ecriture qui traitent du fait que la femme n'est pas autorisée à enseigner dans l'assemblée. Ce que fit Priscilla n'était pas en contradiction avec ce précepte, puisqu'il  s'agissait là d'une conversation à la maison. Et Apollos, si doué qu'il fût, était assez humble pour écouter avec reconnaissance ce dont lui faisait part ce couple d'artisans, simples mais ayant une plus grande connaissance que lui. Comme il se proposait d'aller en Achaïe, les frères l'y encouragèrent et lui donnèrent une « lettre de recommandation » pour les disciples. Aquilas et Priscilla s'en seront certainement beaucoup réjouis. C'est à Corinthe qu'ils s'étaient convertis. Apollos, lisons-nous, fut très utile aux croyants de cette ville : « il réfutait publiquement les Juifs avec une grande force, démontrant par les Ecritures que Jésus était le Christ » (Act. 18 : 28). Aquilas et Priscilla ont pris part à ce service et à la bénédiction qui en a découlé. Quel exemple encourageant pour tous les couples croyants !
            Pendant que ces événements se déroulaient à Corinthe, Paul revint à Ephèse, lors de son troisième voyage. C'est de là qu'il écrivit sa première épître aux Corinthiens. Il y transmit aussi les salutations des assemblées d'Asie qui s'étaient formées par son service, et en particulier les salutations d'Aquilas et de Priscilla avec l'assemblée qui se réunissait dans leur maison (1 Cor. 16 : 19).
            A Ephèse, quand Paul dut se séparer de la synagogue, exactement comme à Corinthe, on se réunit dans l'école de Tyrannus. Comme l'assemblée croissait, il semble que ce bâtiment ne fut plus assez grand ; alors on se réunit aussi dans les maisons. Aquilas et Priscilla mirent également leur maison à disposition pour ces rassemblements. Cela s'était passé de la même manière à Jérusalem comme en d'autres lieux. Cependant tous ces rassemblements « de maison » formaient un tout : l'assemblée à Ephèse. Nous voyons ici de nouveau l'hospitalité et l'affection fraternelle de ce ménage.
            Nous retrouvons leurs noms dans l'épître de Paul aux Romains : « Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons d’œuvre dans le Christ Jésus (qui, pour sauver ma vie, ont risqué leur propre tête ; et je ne suis pas seul à leur témoigner ma gratitude, mais aussi toutes les assemblées des nations), ainsi que l'assemblée qui se réunit dans leur maison » (Rom. 16 : 3-4). De toute évidence, la situation à Rome avait changé, si bien qu'ils pouvaient y habiter de nouveau.
            Paul n'était pas encore allé à Rome quand il écrivit cette épître, mais il savait qu'il y avait des croyants. Il espérait leur rendre visite, comme on le voit au début de l'épître. Il savait aussi que ce couple y avait continué son travail d’évangélisation et, comme à Ephèse, avait mis à disposition sa maison pour le rassemblement des croyants.
            Des années plus tard, Paul écrivit sa deuxième épître à Timothée qui travaillait à Ephèse en ce temps-là. Apparemment, Aquilas et Priscilla y avaient de nouveau déménagé. Car Paul demande à Timothée de les saluer ainsi que d'autres, de sa part. Aucun détail n'est donné à leur sujet dans cette épître, ils étaient sans doute suffisamment connus. De fait, on ne trouve aucun couple, dans le Nouveau Testament, dont il soit rapporté autant de bien que de ces deux personnes. Suivons leur exemple !
            Pour autant que nous le sachions, Aquilas et Priscilla n'ont pas eu d'enfants. Ils ont certainement surmonté cette déception de la bonne manière. Avec toute leur énergie et leur dévouement, ils se sont mis, eux-mêmes et tout ce qu'ils avaient, à la disposition du Seigneur et de son service. Les couples sans enfants ont cette possibilité encore aujourd'hui, et j'en connais plusieurs qui suivent cet exemple. Ainsi la tristesse est transformée en bénédiction pour eux-mêmes et pour d'autres.
            Il y a aussi des croyants qui ne se sont jamais mariés ou qui ont perdu leur conjoint. Ils sont seuls dans la vie et ressentent souvent douloureusement la solitude. Mais le Seigneur est puissant pour combler ce vide et rendre la vie riche et heureuse. Pensons à Paul, cet homme solitaire, et à toutes les joies de la vie auxquelles il a dû renoncer volontairement. Et pourtant, par là-même, combien plus a-t-il été en bénédiction à d'autres ! Pensons à Anne, la prophétesse, qui avait connu le bonheur du mariage pendant sept ans, et ensuite était restée veuve et solitaire. Elle n'était pas languissante et incapable d'agir à cause de son chagrin, mais elle servait Dieu nuit et jour, et lorsque à quatre-vingt-quatre ans elle put voir l'accomplissement de la promesse de Dieu dans le temple, elle loua Dieu et parla de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance (Luc 2 : 36-38). Pensons à Dorcas, qui était seule et dont la vie était remplie de bonnes œuvres et d'aumônes qu’elle faisait envers les veuves nécessiteuses (Act. 9 : 36-43). Pensons aux filles non mariées de Philippe, dont la vie était remplie par le service de la prophétie, qui consistait à parler à d'autres pour l'édification, l'exhortation, et la consolation (Act. 21 : 9 ; 1 Cor. 14 : 3).
            Le croyant n'a pas à se laisser abattre ni attrister par les déceptions de la vie. Dieu ouvre toujours de nouvelles voies et donne mille possibilités d'être actif pour d'autres.
            Tous, mariés ou non, avec ou sans enfants, nous nous sentons concernés par cette exhortation de l’apôtre Paul : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15 : 58).


D’après H. Wilts