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LA  FAMILLE  SELON  LE  PLAN  DE  DIEU  (4)

 

 

6. Isaac et sa famille  (Gen. 24 à 28)

En Genèse 24, nous apprenons d'abord qu'Abraham était vieux et avancé en âge. Il était préoccupé par le fait que son fils n'était pas marié. En ce temps-là, les parents portaient plus qu'aujourd'hui la responsabilité du mariage de leurs enfants, du moins dans ces pays. Les mœurs et les habitudes telles qu'elles sont décrites dans l'Ancien Testament ne nous permettent pas d'en tirer de règles ni d'ordonnances.
            L'influence des parents a été très inégale au cours des siècles, et aujourd'hui encore. En Inde, j’ai vu un père demander à son ami de chercher une femme qui conviendrait à son fils en âge de se marier. Lorsque celui-ci pensa avoir trouvé celle qu'il fallait, les parents de part et d'autre entrèrent en pourparlers. Après qu'ils se furent mis d'accord, les enfants purent prendre part aux délibérations, et le mariage fut conclu. Un mariage idéal ? Je ne le pense pas.
            En Amérique, un jeune homme quitta la maison paternelle pour prendre un travail au loin. Il fit la connaissance d'une jeune fille. Ils décidèrent de se marier, et ensuite seulement les parents en furent informés. Etait-ce l'idéal ? Je ne le pense pas non plus.
            J'imagine que les jeunes considèrent comme idéal le deuxième cas plutôt que le premier ; pourtant les mariages qui échouent sont beaucoup plus nombreux en Amérique qu'en Inde.
            Samson prit un chemin intermédiaire. Il trouva lui-même une jeune fille et demanda à ses parents de régler l'affaire selon la coutume locale. Mais il ne tint aucun compte de leur conseil, fondé pourtant sur la Parole de Dieu. Si seulement il les avait écoutés !
            Il me paraît bon qu'un jeune croyant réfléchisse avec ses parents lorsqu'il pense avoir trouvé la jeune fille qui lui est destinée. Une jeune fille devrait aussi demander conseil à ses parents avant de se décider.
            Quelles devraient être les considérations déterminantes ? Il est dommage que, même parmi les croyants, on estime quelquefois si haut les valeurs matérielles ! On se pose la question : Quelle fortune la jeune femme apporte-t-elle dans le mariage ? Quelle est la position du jeune homme ?
            Abraham ne connaissait pas ce genre de préoccupations. Ce qui était décisif pour lui, c'était que son fils ne devait pas se marier avec une femme cananéenne. Eliézer ne devait en aucun cas se prêter à cela. Abraham le lui fit confirmer par un serment.
            En 2 Corinthiens 6 : 14, il est dit aux croyants : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ». Il n'y est pas directement question du mariage. Cet avertissement est valable pour un domaine bien plus étendu. Les expressions qui suivent : « relation », « communion », « accord », « part avec... » en indiquent la signification. Mais d'emblée, il est évident à chacun que ces paroles sont aussi applicables à l'union dans le mariage.
            Abraham et son serviteur n'étaient pas conduits seulement par des pensées négatives. Cela apparaît dans la prière de ce dernier en Genèse 24 : 12-14. Quelles qualités positives il espérait trouver chez la jeune fille ! Elles devaient la rendre apte à être femme du fils de son seigneur ! L'exaucement de cette prière nous est décrit dans les versets suivants. Il est frappant de lire : « Et la jeune fille était très belle de visage, vierge, et nul ne l'avait connue » (v. 16). C'est encore un passage qui montre que les relations sexuelles ne doivent avoir lieu que dans le mariage. La Bible le souligne dans l'Ancien testament comme dans le Nouveau Testament. Si un jeune croyant attend de sa future épouse qu'elle se soit gardée pure, il doit évidemment lui aussi vivre de même. Voir à cet égard ce qui nous est dit de Joseph et de Marie en Matthieu 1 : 18-25.
            En Genèse 24 : 26 nous lisons que le serviteur remercia Dieu pour Sa direction dont il venait de faire l’expérience de façon si évidente. Ensuite, lorsqu’il en fit encore une fois le récit détaillé dans la maison de Bethuel, ils furent unanimement d'avis que tout était conduit par l'Eternel.
            Aujourd'hui, un jeune homme ne fait habituellement pas intervenir une personne intermédiaire. Lui-même est actif. Mais il est bon qu'il agisse dans l'esprit d'Eliézer. Je ne veux pas dire qu'il demande un signe ; cela peut être dangereux. Bien entendu, il est nécessaire que d'abord il soit sûr de ses sentiments. Mais c'est seulement dans la prière dépendante qu'il peut découvrir la direction du Seigneur. La jeune fille aussi doit avoir la même conviction avant de donner son consentement. Et combien il est merveilleux de pouvoir constater que tous les intéressés ont la conviction que le Seigneur les a ainsi conduits.
            Il nous paraît étrange que dans tout cela Isaac soit aussi passif. Mais il était actif d'une autre manière. Au verset 63, nous lisons : « Isaac était sorti dans les champs pour méditer, à l'approche du soir ». « Méditer » signifie : examiner avec prière, avoir un moment de recueillement. On ne sait si cette méditation du soir était une habitude pour Isaac ou si les circonstances particulières l'y avaient conduit. Nous pouvons bien en tirer pour nous une leçon importante : lorsque nous sommes contraints à une attente passive pour une décision qui nous concerne, la dépendance active qui recherche la direction du Seigneur est toujours le bon chemin.
            Il est extrêmement inquiétant de voir comment, parfois même de jeunes croyants, nouent superficiellement une relation et décident de se marier sans chercher la direction de Dieu. Est-il surprenant alors de voir augmenter le nombre de mariages qui échouent ?
            Dans le cas qui nous occupe, tous les intéressés purent remercier l'Eternel qui les avait dirigés comme ils l'avaient demandé. C'est ainsi qu'il faudrait toujours agir. Isaac et Rebecca devinrent donc mari et femme. Nous remarquons ici l'absence d'un temps de fiançailles et de proclamation du mariage, ce qui a lieu en temps normal. Avant les fiançailles, les deux jeunes gens devraient être sûrs de leurs sentiments d'amour réciproque et de la direction du Seigneur ! Et que faire si, pendant les fiançailles, le contraire se manifeste ? Faut-il alors se décider à se marier quand même parce que chacun a donné à l'autre son consentement et pense ne pas être autorisé à rompre cette promesse solennelle ? Il nous faut bien voir la différence entre des fiançailles et un mariage. Rompre des fiançailles, c'est retirer une promesse. Et ce n'est pas de peu d'importance, on ne devrait pas trop hâter les fiançailles. Mais,  dissoudre un mariage, c'est bien plus grave que retirer une promesse. C'est rompre une alliance conclue devant Dieu et les hommes, et valable, selon l'Ecriture, pour toute la vie. Seule la mort peut provoquer la séparation et mettre un terme à cette relation.
            Il n'est pas souhaitable, à mon avis, de maintenir des fiançailles tout en ayant la certitude que les conditions d'un mariage heureux pour une vie de mariage saine ne sont pas respectées. Mais, si cette « erreur » se révèle seulement pendant la vie commune, ce n'est en aucun cas un motif valable, selon la Bible, pour rompre le mariage. Dieu le défend expressément dans sa Parole.
            Aujourd'hui de plus en plus de jeunes perdent de vue le caractère officiel d'un mariage. Quand on a donné son consentement l'un à l'autre, on croit pouvoir se considérer comme mariés devant Dieu et se comporter ensemble en conséquence. On tient pour superflus l'inscription au registre de l'Etat Civil et l'acte de mariage dressé à ce moment-là. On prétend qu'une telle prescription n'apparaît pas dans la Bible. Le cérémonial du mariage a été certes très variable selon les époques et les pays, et l'est aujourd'hui encore ; mais le mariage a toujours et partout constitué un acte public, de sorte qu'il était connu et reconnu de tout le monde, avec toutes les conséquences que cela comporte. Si quelqu'un ne veut pas l'admettre, il s'abaisse au niveau de l'animal.
            Lorsqu'on lit Matthieu 1 : 18-25, on voit clairement quelle grande différence existait entre le mariage et les fiançailles pour Joseph et Marie.
            Combien de temps devraient durer les fiançailles ? On ne peut pas donner de réponse valable pour tous les cas. Je dirai seulement : assez longtemps pour bien apprendre à se connaître, pour se préparer au mariage et faire des projets. Mais pas trop longtemps pour ne pas s'exposer, à cause d'une trop longue retenue, au danger d'en arriver à tomber dans le péché.
            Isaac et Rebecca ne connurent pas ce temps de préparation. Rebecca avait beaucoup entendu parler d'Isaac ; elle avait ainsi appris à le connaître un peu par ce qui lui avait été rapporté. Lorsque le serviteur d’Abraham lui demanda : « Iras-tu avec cet homme », elle répondit : « J’irai » (v. 58). Nous apprenons que, selon la coutume locale, c'est voilée qu'elle épousa Isaac. Du côté d'Isaac, on ne peut donc pas parler d'un mariage d'amour. Cependant, au dernier verset de ce chapitre, il est dit : « elle fut sa femme, et il l'aima ». Quelle joie pour lui de découvrir la beauté physique et morale de sa femme ! Ce fut sans doute le même émerveillement éprouvé par Adam lorsqu'il reçut, de la main de Dieu, Eve pour femme. A beaucoup il est accordé, après de longues années, de repenser au début de leur mariage. Lorsqu'il est conclu, toutes les limitations sont levées et l'on peut se donner l'un à l'autre dans un abandon total.
            C'est aussi par cette « lune de miel », dont on parle parfois avec un brin de raillerie, qu'Isaac et Rebecca commencèrent leur vie commune. Comment continuèrent-ils ? En Genèse 26 : 8 nous lisons : « Et il arriva, comme son séjour dans ce lieu se prolongeait, qu'Abimélec, roi des Philistins, regarda par la fenêtre ; et il vit, et voici, Isaac se jouait avec Rebecca sa femme ». Pour eux, la lune de miel a donc duré longtemps. Les relations sexuelles en tant qu'expression de l'amour dans le mariage ne sont pas une chose dont les croyants doivent avoir honte ou qui doit leur donner mauvaise conscience. Non, le Créateur a fait en cela un grand don à ses créatures. Mais tout don est accordé pour en faire usage et non pour en abuser. Les relations intimes peuvent renforcer le lien d'amour, leur abus a souvent pour effet de le refroidir.
            En donnant ici l'exemple d'Isaac et de Rebecca, nous ne voulons pas approuver le fait qu'ils aient donné à Abimélec l'occasion de les observer. De nos jours, on fait de plus en plus étalage du sexe en public, sur les plages et en d'autres lieux, sans pudeur. Les jeunes font bien de s'en tenir éloignés. L'éveil de désirs qui ne peuvent pas encore être satisfaits ne peut que faire du tort.
            Dans bien des couples, la lune de miel ne dure malheureusement pas beaucoup d'années. Souvent, l'amour se refroidit après un certain temps. On ne trouve plus de satisfaction l'un dans l'autre et on n'a plus le même intérêt l'un pour l'autre. Les liens étant relâchés, le mariage devient alors une cohabitation, avec tous les dangers de cette situation. Pour prévenir cet état, vigilance et tendresse l'un pour l'autre sont nécessaires. Sur « l'autel familial », il faut que le feu de l'amour soit maintenu ardent.
            Un bon commencement ne garantit donc pas une bonne continuation ou une bonne fin. La suite de l'histoire d'Isaac et de Rebecca nous le confirme. L'image que l'Ecriture nous donne de cette famille n'est pas celle d'un foyer idéal. Des problèmes apparurent et ils ne furent pas abordés de la bonne manière. Aucune vie humaine n'est sans difficultés. Dans chaque famille surgissent des problèmes. Ils doivent et peuvent être résolus en regardant au Seigneur ensemble avec prière.
            Le foyer d'Isaac et de Rebecca resta longtemps sans enfant. Abraham et Sara avaient eu aussi cette grande déception. Nous voyons au chapitre 16 comment Sara proposa de résoudre ce problème. Ce n'était pas la solution voulue par Dieu et il en découla beaucoup de souffrance.
            Pour Isaac, le fait de ne pas avoir d'enfants devint un sujet de prière : « Et Isaac pria instamment l'Eternel au sujet de sa femme » (Gen. 25 : 21). Mais malheureusement, il semble avoir été seul à prier. On pourrait y voir le début d'un refroidissement entre ces deux époux qui avaient si bien commencé. Il est bon que mari et femme parlent de leurs problèmes l'un avec l'autre, et cherchent à les résoudre ensemble. Il est bon aussi qu'ils les apportent au Seigneur dans la prière commune, même s'il appartient au mari, en tant que chef, de les exprimer. C'est une expression d'unité, qui renforce bien plus les relations que si chacun ne prie que de son côté, ce qui est nécessaire aussi.
            Il semble qu'Isaac et Rebecca n'aient pas connu cette prière en commun. Ici, nous lisons simplement qu'Isaac pria. En Genèse 25 : 22 c'est Rebecca qui pria seule. N'auraient-ils pas du tout parlé ensemble de ces problèmes ni prié ensemble à ce sujet ? Apparemment non. Comme il aurait été bon pourtant qu'Isaac entende directement la parole de l'Eternel au sujet de l'avenir des jumeaux attendus !
            Les enfants peuvent être un élément qui resserre les liens du ménage. Mais on peut rencontrer le cas inverse, comme dans cette famille. Esaü fut le préféré du père, Jacob, celui de la mère. Ces différences d'affinités éloignèrent les parents l'un de l'autre, et introduisirent du même coup une distance entre leurs fils. Ce qui s'est passé là contient un sérieux avertissement pour tous les parents. Les motifs d'Isaac étaient très superficiels, comme le montre le verset 28. Il se laissait entièrement dominer par un désir charnel. Nous ne pouvons pas supposer qu'il ne connaissait pas la parole de Dieu que nous lisons au verset 23 du chapitre 25. Comment pouvait-il alors ne pas en tenir compte ? Et qu'est-ce qui attirait Rebecca vers Jacob ? Son tempérament tranquille, attaché à la maison ? Ou bien la connaissance de la promesse de Dieu qui reposait sur lui ? Nous ne le savons pas. Nous constatons que les différences de sentiments amenèrent une distance entre les parents. Cela les a conduits à s'isoler chacun de son côté et les enfants en ont subi le préjudice. Tirons-en les leçons pour nous, parents. Ce n'est pas d'un père ou d'une mère que les enfants ont besoin mais de leurs deux parents. Tous deux doivent aimer leurs enfants du même amour.         
            Le fossé qui séparait les frères continua de se creuser. Si ces garçons vivaient aujourd'hui, nous aurions peut-être donné la préférence à Esaü pour son caractère ouvert plutôt qu'à Jacob, ce calculateur rusé. Mais en Hébreux 12, Esaü est appelé « profane » parce qu’il vendit pour un mets son droit d'aînesse. S'il est dit en Malachie que Dieu a aimé Jacob et qu'il a haï Esaü, cela ne doit en aucun cas faire naître chez les parents la pensée que Dieu a destiné, à priori, un enfant à être perdu, et l'autre à être sauvé. Avant leur naissance, Dieu avait seulement dit que le plus grand serait asservi au plus petit. L'autre parole a été prononcée longtemps après leur mort. Les parents peuvent prier avec toute confiance pour tous leurs enfants. Les « Jacob », faciles en apparence, autant que les « Esaü », enfants à problèmes, ont besoin de notre amour et de notre intercession.
            Esaü méprisa son droit d'aînesse, alors que c'était tout ce que désirait Jacob. Et les années passèrent. Du point de vue matériel, tout allait bien pour eux, mais spirituellement, les choses ne s'arrangeaient pas. Malheureusement, c'est ce qui peut se produire de nos jours aussi. A quoi sert tout le confort quand les relations avec Dieu et les relations mutuelles ne sont pas bonnes ? Une nouvelle souffrance frappa la vie d'Isaac et de Rebecca, c'est le fait qu'Esaü se maria, de sa propre volonté et dans l'indépendance, avec des femmes étrangères. Ce fut pour eux « une amertume d'esprit ».
            Isaac devint aveugle. Il se sentait vieux et solitaire. Manifestement, il attendait sa fin prochaine et voulut, dans cette perspective, donner à Esaü une grande bénédiction. Il l'appela donc et le chargea de lui prendre du gibier à la chasse. Rebecca avait tendu l'oreille. Cela nous montre à quel point ses relations avec Isaac s'étaient dégradées. Il n'y avait plus d'échange, ni de confiance mutuelle.
            Rebecca montra qu'elle n'avait pas non plus confiance en Dieu. Elle agit de sa propre volonté et trompa son mari et son fils. C'est ainsi qu'elle parvint à ses fins. Jacob obtint la bénédiction. Mais combien toutes ces personnes vont souffrir des conséquences de leurs actes dictés par la volonté propre ! Isaac croyait être parvenu à la fin de sa vie et avait pris ses dispositions. Or il vécut encore cinquante ans : des années de solitude qu'il aurait pu passer tout autrement. Rebecca pensait pouvoir sauver la situation par son conseil habile. Elle espérait revoir son fils Jacob lorsque la colère d'Esaü se serait apaisée. Il en fut autrement. Elle ne le revit plus jamais.
            Quelles années difficiles pour Jacob aussi, lorsque lui, le trompeur, fut trompé par son oncle Laban ! Quant à Esaü, il avait pensé pouvoir rapidement se venger de son frère parce qu'il s'attendait à la mort proche de son père. Tous ces calculs ne se réalisèrent pas. Nous voyons la confirmation du principe que l'homme moissonne ce qu'il sème (Gal. 6 : 7), principe valable aussi pour les croyants.
            Nous ne savons pas combien de temps Rebecca vécut encore. Genèse 49 : 31 nous apprend seulement qu'elle fut enterrée dans la caverne de Macpéla. En Genèse 33 la réconciliation de Jacob et d'Esaü nous est racontée. Mais manifestement en cette circonstance encore il ne pouvait être question d'une véritable confiance. Ils habitèrent très éloignés l'un de l'autre. A la fin de Genèse 35, nous voyons qu'Isaac mourut à l'âge de cent quatre-vingts ans. Alors, comme pour Abraham dont il est dit qu'Isaac et Ismaël l'enterrèrent (Genèse 25 : 9), nous apprenons que les deux fils d'Isaac, Esaü et Jacob, enterrèrent ensemble leur père.
            Il peut arriver, hélas, même chez les croyants, que les parents et les différents membres de la famille perdent le contact les uns avec les autres. Finalement, on ne se rencontre plus, parfois, que pour des enterrements !
            Voilà pour Isaac et Rebecca la fin d'une vie commune qui avait si bien commencé : on pourrait la comparer à un train qui a déraillé et malheureusement n'est jamais revenu sur la voie. Peut-être certains lecteurs y reconnaissent-ils quelque chose de leur propre expérience. De nos jours de tels « déraillements » risquent de se produire de plus en plus souvent. Alors, j'aimerais dire ceci : Ne laissez pas le convoi continuer de cahoter sur les traverses, à côté des rails. Le mariage et la vie de famille sont de trop grands dons de Dieu, de trop grandes bénédictions pour que nous les gâchions. Très important aussi : Dieu est infiniment grand dans sa grâce. Il peut, et il veut restaurer ce que nous tenions pour impossible. Et il le fera si nous faisons appel à sa grâce, avec une sincère repentance et une confession mutuelle.
            J'aimerais encore attirer l'attention sur quelques paroles du Seigneur Jésus lui-même (Matt. 5 : 21-26 ; 18 : 15-17 ; Luc 12 : 13). Dans ses passages, le Seigneur parle d'un désaccord entre deux frères. Le mot « frères » peut être pris dans le sens littéral ou dans le sens d'une « parenté » spirituelle, ce qui n'enlève rien au principe. Dans les deux cas, des instructions claires sont données pour parvenir à la réconciliation.
            Ce sont des cas très différents. Dans le premier, le Seigneur parle à une personne qui est elle-même responsable des mauvaises relations. Il faut qu'elle laisse son don devant l'autel et aille d'abord se réconcilier avec son frère. Le coupable doit se rapprocher et confesser son péché : « Confessez… vos fautes l'un à l'autre » (Jac. 5 : 16). Pour l'autre personne s'applique cette parole : Pardonnez-vous « les uns aux autres, comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné » (Eph. 4 : 32). Lorsque la dispute est réglée, c'est avec une pleine liberté que la première personne peut aller offrir son don.
            Dans le deuxième cas, il s'agit de l'inverse. Ce n'est pas moi qui ai péché, mais c'est mon frère. Dans le cas de mauvaises relations, même si quelqu'un n'est pas en tort, il doit tout mettre en œuvre pour rétablir de bonnes relations. Il ne doit pas attendre de voir si l'autre vient à lui avec repentir mais doit prendre lui-même l'initiative, essayer de parler de cette affaire à son frère en vue de le gagner.
            Si cela ne réussit pas, il doit prendre une ou deux personnes avec lui. S'il le fait dans un bon esprit, il choisira des personnes que son frère sera susceptible d'écouter. Si cette démarche échoue, il demandera à l'assemblée d'intervenir. Il a fait alors tout ce qui est en son pouvoir, et il ne lui reste plus qu'à attendre. L'autre, s'il s'obstine, sera considéré comme un homme des nations et comme un publicain.
            Luc 12 : 13 nous parle de quelqu'un qui demande au Seigneur de l'aider dans une affaire d'héritage. A tort ou à raison, cet homme se sentait lésé par son frère. Le Seigneur refuse de prononcer un jugement, mais attire son attention sur la racine de son mauvais état : l'avarice. Et il donne ainsi un enseignement important à ceux qui sont autour de Lui.
            On dit parfois que l'argent est cause de tous les maux. Ce n'est pas exact. Avec de l'argent, on peut certes faire beaucoup de mal, mais on peut aussi faire beaucoup de bien. Hélas, les questions d'héritage sont encore de nos jours, même entre « frères », une cause de désaccord, voire de haine et de querelles. On va jusqu'à se tourner vers un juge du monde au lieu de suivre le chemin enseigné en Matthieu 18. Paul parle de ce sujet en 1 Corinthiens 6 : 1-9. Il explique aux Corinthiens que c'est une faute d'avoir des procès entre eux et, en plus, de défendre leurs droits devant des juges incrédules. « Pourquoi ne supportez-vous pas plutôt des injustices ? Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt causer du tort ? » (v. 7). Voilà un principe toujours applicable parmi les croyants d'aujourd'hui, aussi bien dans l'assemblée que dans les relations courantes entre les membres d'une famille. Il convient que ceux-ci vivent ensemble dans une harmonie divine.


D’après H. Wilts 

 

 

A suivre